Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE  (Jean 17.17)
Cela me suffit...
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Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE
(Jean 17.17)
Cela me suffit...



Oeuvres posthume de A. Rochat
Ministre du Saint Évangile

LETTRE LVII
Novembre 1842.

Les Églises fidèles doivent consentir à être réduites à un petit nombre, et à se contenter du petit résidu que le Seigneur s'est réservé.

Quant aux membres des Églises qui penchent vers l'erreur, il faut user de discernement comme il est dit dans Jude, et avoir pitié de ceux qu'on peut encore ramener avec du support et de la charité. Quant à ceux qui sont entièrement décidés, et qui ne restent quelquefois dans les Églises que pour en entraîner d'autres, il faut les reprendre fidèlement, leur faire sentir qu'ils n'ont pas une marche droite et qu'on n'est pas à l'aise avec eux ; il faut leur interdire la parole et exhorter les autres membres de l'Eglise à se tenir en garde contre eux.

Du reste, il faut s'affliger, mais non pas s'étonner ni se décourager, s'il est des membres des Églises qui tombent dans des erreurs. L'Esprit saint dit : Il faut même qu'il y ait des hérésies parmi vous, afin que ceux qui sont dignes d'être approuvés soient manifestés. Dans les temps où nous vivons, les Églises fidèles doivent consentir à être réduites à un petit nombre, et à se contenter du petit résidu que le Seigneur s'est réservé. Ces petits noyaux ne doivent nullement se laisser ébranler, sachant qu'ils ont la vérité dans leurs mains et qu'ils en sont les dépositaires. Ils doivent s'humilier de ce que leurs péchés ont forcé le Seigneur à ne leur laisser que quelques petits restes, comme il est dit dans Esaïe. Ils doivent demander instamment au Seigneur de les ranimer, et mettre la main à l'oeuvre incontinent.

Ceci m'amène à ce que vous dites que vous avez le bruit de vivre, mais que vous êtes morts. Si vous avez voulu parler de l'état intérieur de l'Eglise et non pas de l'état extérieur, et si votre remarque est vraie, ce serait une chose très-fâcheuse.

Le manque de vie est une des choses qui engagent le Seigneur à ôter le chandelier de sa place et qui amène la dissolution d'une Église ; car où est le corps mort, là aussi s'assemblent les aigles.

Le manque de vie donne prise aux erreurs et les engendre, comme la mort engendre les vers dans le corps humain. Quand les membres d'une Église sont heureux dans leurs relations avec le Seigneur, on ne leur persuade pas si facilement qu'une nouvelle doctrine va produire sur eux des effets admirables ; on ne leur fait pas si facilement envie de ces joies et de ces sanctifications triomphantes, dont chaque système fait parade, pour attirer à lui des partisans. Ils ont en Christ une joie et une sanctification humbles, mais sûres et éprouvées, qu'ils savent apprécier, et qu'ils ne sont pas tentés de changer contre les impressions fiévreuses que produit l'exaltation, fruit d'un nouveau système. Quand ils sont heureux dans leurs relations les uns avec les autres, on ne les sépare pas facilement les uns des autres. Mais quand la vie s'est refroidie dans une Église, et que les relations des âmes avec le Seigneur et entre elles ne suffisent pas pour les rendre heureuses ; alors elles sont facilement attirées vers tout ce qui leur présente un moyen de sortir du malaise où elles se trouvent.

Il faut donc chercher comme souverain remède aux erreurs, ou préservatif contre elles, un renouvellement de vie. Or, vous savez, mon frère, que la vie ne se trouve qu'en Christ et dans l'union avec Lui. Pour revivre, il faut prier le Père de rendre notre union avec le Fils plus intime et plus vivante par le saint-Esprit. Il faut en même temps confesser au Seigneur sa langueur, Lui demander de la guérir, et surtout être persuadé que tels que nous sommes, Il nous reçoit encore pour ses enfants ; que tels que nous sommes, Il peut et Il veut encore nous bénir de toute bénédiction en Christ.
Pourquoi se décourager, puisqu'Il faisait des offres si miséricordieuses à l'Eglise de Laodicée, qui était tiède. et qui se croyait riche ? Il lui conseillait d'acheter de Lui des vêtements blancs, afin qu'elle soit vêtue, et de l'or éprouvé par le feu, afin qu'elle devînt riche. Oui y ce charitable Sauveur que nous avons si souvent laissé en dehors de nos pauvres coeurs, se tient à la porte et y frappe ; et Il demande seulement que nous Lui ouvriions, afin d'entrer chez nous et de soutenir avec nous les relations les plus étroites.

C'est à Lui qu'il faut ouvrir la porte ; c'est Lui qu'il faut laisser parler et dans notre coeur et dans nos assemblées. Lui, ne nous fera jamais de mal, ne nous enseignera jamais d'erreur, ne nous divisera jamais, ne nous donnera jamais de fausses joies et de fausses sanctifications, et n'abandonnera jamais l'ouvrage de ses mains. Tout ce que nous recevrons de Lui sera de l'or éprouvé par le feu. En Lui, nous aurons tout pleinement. En Lui, nous avons l'entière justification, car Il est l'Éternel notre justice ; il y a rédemption en abondance auprès de Lui. Quelque péché et quelque blasphème que les hommes aient commis, il peut leur être pardonné, et quand nous revenons à Lui, sales, pauvres et déguenillés comme l'enfant prodigue, ses bras sont ouverts pour nous recevoir, ses pieds sont là pour courir au devant de nous, et son coeur est là, toujours le même, toujours brûlant lors même que le nôtre s'est refroidi, toujours prêt à s'ouvrir à l'enfant qui revient, et à se réjouir de ce que celui qui était mort est ressuscité. Notre bon Père dit toujours de nous, ce qu'Il dit d'Ephraïm qui reconnaît avoir été châtié comme un taureau indompté : « Ephraïm ne m'a-t-il pas été un cher enfant que j'ai aimé ? Car toutes les fois que j'ai parlé de lui, je n'ai pas manqué de m'en souvenir avec tendresse : c'est pourquoi mes entrailles se sont émues à cause de lui, et j'aurai certainement pitié de lui, dit l'Éternel » (Jér. XXXI, 20).

En retournant à notre Père par Jésus-Christ, nous retrouverons non seulement un pardon plein, entier, et même joyeux ; mais encore la guérison de toutes nos plaies. Il est l'Éternel qui nous guérit. David dit, qu'Il guérit toutes nos infirmités.
Si nous Lui confessons nos péchés, Il est fidèle et juste pour nous les pardonner et pour nous purifier de toute iniquité. Christ est mort, non seulement pour nous acquérir le pardon, mais aussi l'affranchissement du péché. Il est dit, qu'Il est mort pour nous pardonner et nous purifier de toute iniquité. Il est dit que notre vieil homme a été crucifié avec Christ, afin que le corps du péché fût détruit, et que nous ne fussions plus asservis au péché ; car celui qui est mort est affranchi du péché.
C'est pourquoi nous sommes exhortés, dans ce même chap. VI de l'épître aux Romains, à combattre courageusement contre le péché, et à ne pas livrer nos membres pour servir d'instrument à l'iniquité ; car le péché n'aura pas la domination sur nous parce que nous ne sommes pas sous la Loi, mais sous la Grâce.

Bon courage donc, cher frère, saisissons Christ et ses promesses avec les deux mains. Il est à nous avec tous ses biens, car Il est pour tous ceux qui ont faim et soif de la justice. Il est pour tous ceux qui veulent être guéris. Ne craignons pas que notre misère le repousse, car Il est le refuge du pauvre, du misérable, et de celui qui n'a personne qui l'aide ; et Il délivrera le misérable criant à Lui.
Ne craignons pas qu'il nous fasse de durs reproches sur notre tiédeur passée, car Il n'éteint point le lumignon qui fume, Il ne brise point le roseau froissé. Dieu donne la sagesse sans la reprocher, et s'Il fait des reproches, c'est pour ramener à Lui ceux qui s'égarent ; mais jamais pour éloigner de Lui ceux qui reviennent.
Réjouissons-nous donc de ce que notre Père céleste est le même, et notre Jésus le même que dans les premiers jours de notre conversion.
Il nous a aimés d'un amour éternel, c'est pourquoi Il n'a pas changé. Approchons-nous donc avec confiance du trône de la Grâce, afin d'obtenir miséricorde, et d'être aidés au temps convenable. Réchauffons nos coeurs au foyer de l'amour de Dieu pour nous. Sondons cet amour ; plongeons-nous dans cet amour, malgré toutes nos impuretés, comme Naaman dans les eaux du Jourdain. C'est là que nous perdons notre lèpre, que nous apprendrons à aimer Dieu, et à nous aimer les uns les autres. Alors, vivifiés par ce feu qui n'est pas un feu étranger, par ce feu que nous n'aurions jamais dû laisser éteindre, et qu'il ne faut rallumer qu'avec un charbon pris sur l'autel ; nous serons en état de recevoir avec amour, mais aussi avec fermeté, ceux qui nous apportent des erreurs et des divisions.
Nous pourrons leur dire : Frères, nous avons Christ, tout Christ, et rien que Christ. Selon que nous avons reçu le Seigneur Jésus, nous voulons marcher en Lui. Si vous voulez venir nous aider à nous humilier, à nous repentir, à nous réjouir, à nous sanctifier en Christ, soyez les bienvenus au milieu de nous. Mais si vous venez nous apporter des doctrines diverses et étrangères, si vous venez nous diviser et nous troubler, que le Seigneur vous juge. Quant à nous, nous devons prendre garde à vous, et nous tenir en garde contre vous, puisque vous venez faire au milieu de nous une oeuvre selon la chair.
Or, mon frère, que l'Éternel ait pitié de nous et nous bénisse, et qu'Il fasse luire sa face sur nous, afin que sa voie soit connue par toute la terre, et son salut parmi toutes les nations ! Dieu, notre Dieu nous bénira, et la terre rendra son fruit.

Après vous avoir écrit ceci, il me vient dans la pensée que l'on dit et que l'on écrit souvent des choses bonnes en elles-mêmes, mais qui produisent bien peu d'effet, parce que ceux auxquels on s'adresse se contentent de lire ou d'entendre, et qu'ils s'imaginent que quand ils ont approuvé les choses, en disant. C'est bien vrai, c'est tout ce qu'on demande d'eux.
Je désire qu'il n'en soit pas ainsi de vous et des frères qui vous entourent ; car l'habitude d'entendre sans profiter endort et endurcit le coeur.

Je remarque toujours plus que, pour les choses spirituelles, nous sommes d'une paresse inconcevable. On trouve plus aisé de se plaindre continuellement de sa langueur, et encore plus de celle des autres, et de répéter continuellement qu'il faudrait bien un réveil, que de faire la moindre chose pour amener ce réveil.
On a souvent le souhait du paresseux, qui tue, parce que ses mains ont refusé de travailler. C'est cette paresse spirituelle qui fait que l'on se jette tantôt vers un homme, tantôt vers un autre, comme si l'on voulait le charger de nous réveiller, et de faire ce que nous n'avons pas voulu faire nous-mêmes. Il serait temps d'ouvrir les yeux sur une erreur si commune et si funeste. Il serait temps de cesser ces plaintes qui ne mènent à rien, et qui ne font que décourager et soi-même et les autres. Il serait temps de réfléchir qu'on a en soi-même, dans l'Esprit de Dieu qui nous est donné, et hors de soi dans les promesses de Dieu en Christ, tout ce qui est nécessaire à la vie et à la piété. Il serait temps de ne pas toujours aller chercher dans les hommes ce que nous trouvons en Dieu. Il serait temps de comprendre qu'un homme ne peut pas nous faire parvenir d'un saut par son système, au bout de la carrière chrétienne, dans laquelle nous ne voulons pas nous donner la peine de marcher chaque jour avec soin en luttant contre les difficultés que nous y rencontrons. Il serait temps de considérer ce que dit l'apôtre, que nul n'est couronné, s'il n'a combattu selon les lois, et qu'il faut que le laboureur travaille premièrement, et qu'ensuite il recueille les fruits.
J'aime beaucoup mieux un chrétien qui chaque jour marche, combat et lutte contre les difficultés, quoique peut-être avec peine, que celui qui est toujours à se lamenter de la manière dont il marche, ou qui court après le premier venu, en ayant l'air de lui dire : Portez-moi.

Je termine ma longue lettre, sur laquelle j'implore la bénédiction du Seigneur, en vous disant quelques mots sur l'interprétation de 1 Cor. 9, dont vous m'avez parlé.

Si on lit avec attention tout ce morceau, on voit que l'Esprit saint emploie ici une comparaison qui Lui est familière et qui consiste à représenter la carrière chrétienne, comme un de ces espaces où les anciens, Grecs et Romains, célébraient les jeux à la course, dans lesquels le meilleur coureur obtenait un prix qui était posé devant lui au bout de la carrière.
L'apôtre dit, qu'il fait comme un bon coureur qui, au lieu de s'arrêter à regarder l'espace qu'il a déjà parcouru, ne s'occupe qu'à courir en avant pour saisir le but de sa course, savoir le prix qui est au bout de la carrière.
Cette interprétation toute naturelle et toute simple condamne non seulement ceux qui croient être parvenus à la perfection, mais encore ceux qui, par paresse ou par lâcheté, s'endorment sur ce qu'ils croient avoir déjà fait, et n'ont pas cette ardeur qui porte à aller toujours en avant, jusqu'à ce qu'on ait atteint le but.

Adieu, mon cher frère, il faut pourtant en finir. Que le Dieu de paix vous donne la paix en toute manière.

LETTRE LVIII
Avril 1842.

 Plus vous parlerez de Lui..., plus vous ferez valoir l'efficace de son sang dans vos prières...

Chers frères,
Vous me demandez des conseils et des directions. Je répondrai volontiers à votre désir selon mon pouvoir et selon la lumière que le Seigneur me donnera. Toutefois, ne vous fiez jamais trop aux hommes. Les plus éclairés peuvent se tromper. Cherchez avec confiance les directions de l'Esprit de Dieu, qui n'est pas amoindri, Le Chef de l'Eglise se promène toujours au milieu des chandeliers. Il est toujours le Conseiller, et son Esprit de vérité conduit toujours dans toute la vérité ceux qui le consultent avec un coeur humble et droit, qui ne se hâtent point, et qui prennent la Parole et toute la Parole pour lampe à leurs pieds et lumière à leurs sentiers. Allez jour par jour, comme le Seigneur vous mènera. Ne décidez rien qu'avec une pleine assurance de foi. Quand vous êtes dans le doute, abstenez-vous d'agir, ou si vous êtes forcés de le faire, faites provisoirement ce qui vous paraît être le plus selon l'Esprit de la Parole, étant prêts à agir autrement, si le Seigneur vous donne une lumière plus claire.

Tenez-vous attachés au Seigneur d'un coeur ferme. Qu'il soit votre but, votre centre, votre appui, votre vie. Ne le perdez jamais de vue quand vous parlez de misère ou de sainteté. La misère doit ramener à Lui. La sainteté doit venir de Lui. Plus vous parlerez de Lui et de son grand amour, plus vos coeurs seront nourris et réchauffés. Plus vous ferez valoir l'efficace de son sang dans vos prières, plus vous sentirez que vous priez avec joie et confiance et plus vous en recevrez de bénédictions. Demandez beaucoup, car Jésus a beaucoup promis. Demandez avec une confiance enfantine, car Dieu veut qu'on hérite le royaume des cieux comme des enfants.

Aimez tous vos frères, même ceux qui ont des vues différentes. Étudiez-vous à la charité, et en demandant au Seigneur de la mettre dans vos coeurs, évitez ce qui l'éteint, recherchez ce qui la nourrit. Soyez, autant que possible, les uns envers les autres empressés à vous rendre service, prévenez-vous par honneur. Rendez toujours à vos frères ce qui est juste. Quand vous vous rencontrez, ayez un accueil amical et qui réchauffe le coeur des autres au lieu de le contrister.

LETTRE LIX
Avril 1842.

Les luttes valent mieux que la mort 

Tout cela vient de plus haut ; il faut le voir comme venant du Seigneur, et s'humilier sous sa puissante main, afin qu'Il nous élève quand il en sera temps. Ce qui est exigé de chacun, c'est d'être trouvé fidèle. Quant aux événements, ils ne dépendent pas de nous. Ce qu'il y a peut-être de plus difficile dans une circonstance comme celle dont vous me parlez, c'est de ne pas tomber dans le découragement et de ne pas laisser germer dans son coeur des sentiments d'amertume. Dieu veuille avoir pitié de tous ceux qui vivent an milieu des divisions, car c'est une position difficile et peu profitable à l'âme !

Quant a vous, je bénis Dieu de ce que la petite semence semée au sommet des montagnes a prospéré. Je ne désire pas qu'elle mène du bruit comme les cèdres du Liban, ainsi que le dit la fin du passage, au moins dans un certain sens que vous comprenez ; car moins on fait de bruit et mieux c'est.

Je ne suis point étonné que vous ayez des luttes, c'est notre sort ici-bas : « Nul n'est couronné, s'il n'a combattu selon les lois, et ce n'est qu'à la fin de sa vie qu'on peut dire : J'ai combattu le bon combat.
Pendant qu'on vit, il faut dire : Je combats.

Il y a sans doute des luttes difficiles, surtout pour de certaines natures fortes et résistantes. Mais les luttes valent mieux que la mort ; et si vous veniez à tomber dans un état de tiédeur et, d'affadissement, vous regretteriez vos temps de luttes et de combats qui, après tout, sont un témoignage de vie ; car la mort ne lutte contre rien.
Au surplus, nous savons que nous sommes plus que vainqueurs par Celui qui nous a aimés, et qui a dit : « Vous aurez de l'angoisse au monde, mais ayez bon courage, j'ai vaincu le monde. »
Tout le secret, c'est de bien s'appuyer sur Lui ; et quand le diable nous attaque, de faire face à genoux et en lui montrant le sang de Christ : « Résistez-lui, » est-il dit, « en demeurant fermes en la foi. » Si nous lui résistons ainsi, il s'enfuira de nous, car il est écrit : « Ils ont vaincu par le sang de l'Agneau et par la Parole a laquelle ils rendaient témoignage. »

Deux choses nourrissent et fortifient les tentations. L'une, d'y appliquer trop sa pensée, de s'en occuper trop ; alors elles s'enflent par l'imagination, et quelquefois la tête tourne comme quand ou regarde au fond d'un abîme. L'autre, est de vouloir se combattre soi-même, ce qui ne fait qu'irriter le mal. Il vaut mieux recourir tout de suite au Seigneur qui peut arracher le fer de la plaie, et changer l'inclination du coeur : puis, tâcher de détourner la pensée de la tentation pour la porter sur Jésus.

LETTRE LX
1842.

Humiliation, et compassion pour les misères des autres, sont deux excellents fruits.

Mon cher frère,
Quant à vos expériences particulières, je suis bien d'accord avec vous sur le but de Dieu dans les combats par lesquels vous passez. Humiliation, et compassion pour les misères des autres, sont deux excellents fruits que les enfants de Dieu recueillent des tentations. J'ajouterai que ces combats nous mettent mieux à même de comprendre les expériences des autres et de les diriger. Newton dit avec raison, que si Dieu envoyait un ange sur cette terre pour prêcher l'Évangile, il serait probablement moins propre à cette mission qu'un pauvre pécheur comme nous, parce qu'il ne comprendrait pas nos misères et ne pourrait entrer dans les expériences de notre coeur.

Avec tout cela, je crois comme vous qu'il est à désirer qu'en passant par des combats nous y soyons vainqueurs, afin de pouvoir parler aux autres par expérience de la force que donne le Seigneur. Lorsqu'on est vaincu, on éprouve une espèce de honte en parlant aux autres des victoires de la foi.

Je suis d'ailleurs toujours plus persuadé que, lorsque nous voudrons la victoire, nous l'aurons, car le Seigneur l'a promise et Il est puissant. Il faut seulement pouvoir dire avec Jacob : « Je ne te laisserai point aller que tu ne m'aies béni. » C'est là le grand mot devant lequel se font toutes sortes de miracles. C'est un mot très-peu connu même de ceux qui ont l'air de demander beaucoup et avec instance. Celui à qui la puissance de ce mot a été révélée et à qui il a été donné de le dire avec vérité sera réellement le plus fort en luttant avec Dieu et avec les hommes. La puissance de Dieu est là, les promesses de Dieu sont là, mais ce qui est rarement là, c'est un plein désir des Grâces de Dieu. Dieu dit : « Ouvre ta bouche toute grande et je la remplirai de bien. » Méditez ce sujet, cher frère, j'ose vous dire qu'il sera une abondante mine de réflexions utiles à vous et aux autres, et qu'il vous fournira des exhortations qui iront droit à la conscience.

Que le Seigneur vous rende vivante cette parole : « Voici, je viens bientôt, tiens ferme ce que tu as, afin que personne ne te prenne ta couronne. »

LETTRE LXI
1842.

Pourquoi pleures-tu ? Ne te vaux-je pas mieux que dix frères, que dix amis, etc., etc. ?

Ma chère soeur,
Je puis bien dire que jusqu'à un certain degré, j'ai compati à ce que vous souffrez maintenant, et tout en pensant qu'il y a un mal chez vous, je n'ai pas oublié que tout mal est une souffrance, et que lors même que quelqu'un saigne d'un coup qu'il s'est donné par imprudence, encore lui doit-on de la compassion.

Toutefois, permettez-moi de vous dire que je suis joyeux dans un autre sens de ce que le Seigneur fait maintenant dans votre coeur une circoncision qui, toute douloureuse qu'elle soit, tournera à votre bien et à votre joie. Quand Jésus fait de ces opérations qui vont jusqu'à la division des jointures et des moelles, et qui font saigner le coeur, nous sommes tentés de lui dire ce que Séphora disait à Moïse : « tu m'es un époux de sang. » Mais notre Jésus qui est toujours en mémé temps plein de grâce et de vérité, laisse passer patiemment ces moments de dépit, et Il attend, pour que nous lui rendions justice, le moment où recueillant les doux fruits de l'épreuve, nous pourrons lui dire : « Je reconnais que tu m'as châtié ; dans ta fidélité. »

Quant aux affections, de sympathie et aux épanchements qu'on peut avoir avec quelqu'un qui nous comprend bien, il y a sans doute là quelque chose de fort doux, et Je ne puis pas dire précisément qu'il soit toujours condamnable de jouir de ce bonheur quand on le rencontre. Mais je crois pouvoir dire qu'il y a du mal à ne pas savoir s'en passer ou à le regretter trop quand on l'a perdu. Cela prouve que le Sauveur ne nous est pas assez précieux ; qu'Il n'est pas assez notre premier Ami, notre premier confident, la première joie de notre coeur. Cela prouve que nous n'avons pas assez de cet amour général pour tout ce qui est né de Dieu, qui est vraiment la charité, tandis que les sympathies ne sont bien souvent que la recherche d'une jouissance qui se rapporte tout premièrement à nous. Elkana disait à Anne qui pleurait de n'avoir pas d'enfant : « Pourquoi es-tu triste ? Pourquoi pleures-tu ? Pourquoi ne manges-tu pas ? Ne te vaux-je pas mieux que dix fils ?), (I Sam. 1, 8). Le Seigneur ne pourrait-Il pas nous dire de même : Ne te vaux-je pas mieux que dix frères, que dix amis, etc., etc. ?

Mais voilà, il faut que notre sensibilité naturelle soit tuée par des frelons (Deut. VII, 20). Et comme votre sexe a naturellement le coeur plus sensible, il doit s'attendre à souffrir davantage de ce côté-là, comme il doit s'attendre à avoir aussi beaucoup plus de jouissances dans la piété, quand sa sensibilité aura pris un meilleur cours, et qu'elle se portera sur le Seigneur et sur tout ce qui lui appartient. Après tout, la sensibilité est un beau don ; ce n'est pas elle qu'il faut tuer, mais c'est la fausse direction qu'elle prend et ses fausses exigences. À aimer Dieu et ses enfants et même tout l'univers, n'y a-t-il pas là assez d'aliments pour la sensibilité la plus dévorante ? - Apprenons de Jésus à aimer ainsi. Lui nous l'apprendra, car Il veut que « tel Il a été, tels nous soyions aussi dans ce monde. » En le contemplant, nous serons transformés à la même image, de gloire en gloire, comme par l'Esprit du Seigneur. Ne perdons pas notre temps à nous pleurer nous-mêmes. C'est là la tristesse selon le monde, qui donne la mort. Pleurons nos misères et celles de l'humanité. Il y a à cela beaucoup plus de profit et beaucoup de consolation.

J'espère me souvenir de vous quelquefois dans mes prières, et je le ferai avec joie, parce que je sais que vous êtes chère au Seigneur. Je me réjouis d'avance de tout ce qu'Il veut vous donner, et du résultat de la circoncision de coeur qu'Il vous fait subir à présent. Ces opérations sont douloureuses, et quelquefois lentes ; mais toujours elles réussissent, et toujours elles ont un succès qui porte à ne pas regretter la douleur. Notre légère affliction du temps présent qui ne fait que passer, produit en nous le poids éternel d'une gloire infiniment excellente.

Recevez, chère soeur, l'expression de mon affection fraternelle en Celui qui est tout en tous.

LETTRE LXII
1842.

Contraste entre la mise élégante et la misère du pauvre qui est pourtant notre chair et nos os.

Cher frère,
Je fais passer par vous, une petite valeur au frère ...... parce que je ne crois pas devoir donner aux membres d'une Église à l'insu du pasteur ou des diacres : cela pourrait, dans certains cas, les accoutumer à quêter, et à quêter mal à propos. Il est d'ailleurs bon que les diacres qui assistent un frère, sachent ce qu'il reçoit d'un autre côté.

Prenons garde que dans les Églises du Seigneur, il n'y ait des membres dont la mise élégante contraste avec la misère du pauvre qui est pourtant notre chair et nos os. Si l'on saisissait bien les intentions du Chef, on ne couvrirait pas un des membres avec des habits moelleux, tandis que l'autre membre souffrirait de la faim. Cher frère, insistons fortement sur ces choses. Si nous voulons que les Églises subsistent, il faut, avec l'aide du Seigneur, les purifier de toute espèce d'interdits.

Que le Seigneur vous donne de profiter de tous les moyens qu'Il met à notre portée, pour être fortifié dans la Grâce qui est en Jésus-Christ ! Souvenez-vous qu'il fut dit à Gédéon : « Va avec cette force que tu as. » La force que nous avons est suffisante pour faire à l'instant même ce que Dieu nous commande, parce que cette force nous est continuée et même multipliée à mesure que nous agissons.

Paix vous soit en Celui qui a fait la paix !


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