Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE  (Jean 17.17)
Cela me suffit...
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Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE
(Jean 17.17)
Cela me suffit...



Oeuvres posthume de A. Rochat
Ministre du Saint Évangile

LETTRE LIII

Les divisions de coeur sont la source des divisions extérieures

Chers frères,
Tirez tout en lumière ; c'est le moyen d'arrêter l'erreur quand il y en a. L'erreur se propage presque toujours dans l'ombre. Elle gagne ordinairement les frères un par un, dans de petits entretiens, dans de petites réunions particulières. Mais en général, quand il y a encore de la vie et de la paix dans une Église, l'erreur ne tient pas devant la bénédiction particulière que le Seigneur a promise à ses Églises qui sont la colonne et l'appui de la vérité, et qui sont des chandeliers d'or, au milieu desquels Il se promène. Enfin, un conseil général que je vous donne, et sur lequel il me semble que personne ne peut élever la moindre objection, quelle que soit d'ailleurs l'opinion qu'il embrasse, c'est celui de ne pas vous séparer les uns des autres.

L'intention de Christ est évidente à cet égard. Il veut que ses enfants soient un, et d'une unité que le monde doit voir et qui doit le frapper (Jean XVII, 21-23, et Chap. XI, 52).
Il veut que les chrétiens se reçoivent les uns les autres, sans contestation et sans dispute (Rom. ch. XIV, et chap. XV).
Il veut que nous conservions l'unité de l'Esprit par le lien de la paix (Ephés. IV, 3).
Il veut qu'il n'y ait point de division dans le corps (1 Cor. XII, 25). Il met les divisions au nombre des oeuvres de la chair (1 Cor. III, 3 ; Gal. V, 20). Le mot grec qu'on a traduit par division dans ce dernier passage ; signifie une coupure en deux.

Quant à moi, je suis tellement persuadé qu'une division est une oeuvre de la chair, qui procède d'une mauvaise racine et qui engendre toutes sortes de maux, que je ne saurais trop demander à Dieu d'être préservé pour ma part de ce péché, et que je ne saurais trop m'affliger de ce que des enfants de Dieu le commettent si facilement.

Il n'est que trois cas où je devrais m'éloigner des enfants de Dieu, et où par conséquent je le ferais sans pécher.
C'est premièrement lorsqu'ils abandonneraient la saine doctrine du salut (2 Jean 9, 10 ; Tite III, 10 et 11).
Secondement, quand ils auraient des moeurs déréglées (Rom. XVI, 17 et 18 ; 1 Cor. V, 11).
Troisièmement, quand pour rester avec eux, il faudrait rester mélangé avec le monde (2 Cor. VI, 14-17).

À part ces trois cas, je croirais faire un grand péché en me séparant des enfants de Dieu de l'endroit où je demeure. Je croirais devoir plutôt supporter beaucoup de choses qui ne seraient pas selon mes vues, et si je me croyais plus éclairé qu'eux, je croirais devoir suivre les directions données Rom. XV, 1 ; 1 Cor. VIII, 1-3, 9 et 11, et Jacq. III, 13, 17 et 18.

En supportant, en éclairant, en priant, il faudra bien, si j'ai la vérité de mon côté, qu'elle triomphe. Or, en agissant ainsi, je la ferai triompher par les moyens que Dieu a voulus, sans faire de mal ni à moi, ni aux autres, et sans me préparer le triste regret d'avoir occasionné la division dans une partie du corps de Christ.

Tenez-vous, mes frères, dans un esprit d'humilité et de paix. L'orgueil est une grande source de division parmi les enfants de Dieu. Quand chacun aspire à être quelque chose ; quand chacun est disposé à croire que c'est lui qui a raison ; quand chacun présente son opinion avec un ton sec et tranchant, quand chacun cherche à se faire des partisans ; alors une Église est sur le bord de sa ruine ; car il est dit que « l'orgueil va devant la ruine, » et que « l'Éternel démolit la maison des orgueilleux. » - Prenez garde aussi qu'il n'y ait dans vos coeurs quelque racine d'amertume qui, bourgeonnant en haut, ne vous trouble, et que plusieurs n'en soient infectés. » Les divisions de coeur sont la source des divisions extérieures. Je défie bien Satan de séparer en deux corps, pour des opinions diverses, des enfants de Dieu étroitement unis par l'amour.

Mes chers frères, je vous ai dit tout ce que le Seigneur m'a mis au coeur pour vous. Qu'Il daigne y poser sa bénédiction et tout ira bien. « Le temps est court, » ne l'employons pas à nous disputer et à nous diviser. Nous allons au-devant de Christ, ne nous disputons pas en chemin. Faisons plutôt « tous nos efforts pour qu'Il nous trouve sans tache, sans reproche, dans la paix. »

Ne soyons pas assez aveuglés pour ne pas voir l'ennemi qui cherche à nous diviser pour nous affaiblir. Il cherche à nous faire employer les uns contre les autres des forces que nous devrions rassembler contre lui, qui est notre ennemi commun. Puisque nous n'ignorons pas ses ruses, tenons-nous sur nos gardes, et prenons garde que si nous nous mordons les uns les autres, nous ne soyions détruits les uns par les autres.

Quoi qu'il en soit, mes frères, et quelques vues que vous adoptiez, aimez toujours le Seigneur Jésus ; aimez tous vos frères, et souvenez-vous quelquefois de moi, dans les prières que vous adresserez à notre Dieu et Père. Or, que le Dieu de paix vous donne la paix en toutes manières !

Votre frère en la foi.

LETTRE LIV
Février 1840.

Il est très-fâcheux de pécher, mais il est bien plus fâcheux encore de dénaturer l'idée du péché.

Pour l'acquit de ma conscience, je vais vous présenter encore quelques réflexions qui m'ont été suggérées par votre dernière lettre. Je dis pour l'acquit de ma conscience, car si je n'écoutais que mon inclination, j'en aurais déjà fini avec toutes ces discussions sur un sujet qu'on a mal à propos soulevé, et qui fait perdre, à discuter sur le point où l'on peut arriver, un temps qui serait mieux employé à faire quelques efforts pour être un peu moins éloigné de cette perfection où l'on dit qu'on peut parvenir.

D'après votre lettre, il paraît bien positivement que le frère .... croit que le vieil homme peut recevoir le coup de mort, aussi bien vingt ans avant la mort du corps, que dans ce moment-là. Il croit qu'il peut être rempli de Dieu.... rendu capable d'aimer Dieu de tout son coeur, etc., etc. Ce sont là vos propres expressions ; d'où chacun, il me semble, peut conclure qu'il admet qu'on peut en venir sur cette terre à être sans péché.
Mais comment concilier cela avec ce que vous dites plus bas, qu'il paraît admettre pleinement, que l'âme nettoyée ou purifiée du péché, doit avancer constamment puisqu'il doit y avoir augmentation dans l'amour et autres fruits de l'Esprit ? Comment le concilier avec ce que vous dites plus loin : Ils admettent qu'il y a des fautes cachées, des péchés d'ignorance, puis une souillure pour ainsi dire extérieure, que l'on contracte en marchant ici-bas, et c'est à celle-là qu'ils appliquent Jean XIII, 10 ?

Comprendra qui pourra, comment une âme chez laquelle le vieil homme est mort, peut encore avoir des fautes cachées et des péchés d'ignorance ; fautes et péchés bien réels, car d'après la Parole de Dieu, ils doivent être expiés et pardonnés (Lév. V, 15-19). Qu'est-ce encore que des souillures qui ne sont pour ainsi dire qu'extérieures ? Je ne connais de souillures extérieures, que les souillures légales, comme de toucher un mort ou de manger des viandes défendues. Mais maintenant, toutes ces souillures ne peuvent plus regarder le peuple saint, qui a appris que ce n'est pas, ce qui entre dans l'homme qui souille l'homme ; qu'il ne doit plus rien regarder comme impur et souillé, et que toutes choses sont nettes pour ceux qui sont nets.

Si par souillures extérieures, on entend les péchés d'infirmité que le chrétien commet chaque jour, je trouve très-fâcheux de donner le nom radouci de souillures extérieures à des péchés bien réels, qui certainement n'auraient pas lieu, si l'intérieur était entièrement pur. Car Christ, qui était saint, sans tache et séparé des pécheurs, n'a point contracté de souillures extérieures en marchant dans ce monde. Ce serait une impiété de le dire. Donc le chrétien qui en contracte, n'est pas encore saint comme Jésus était saint, et il n'est pas en ce monde tel qu'il y a été Lui-même.

Je demande encore comment une âme nettoyée et purifiée du péché, doit avancer constamment, devant y avoir augmentation dans l'amour et autres fruits de l'Esprit ?
Il doit y avoir augmentation dans l'amour de quelqu'un qui a été rendu capable d'aimer Dieu de tout son coeur ! .... Vraiment, se comprend-on quand on dit des choses semblables ? Comment peut-on aimer plus que d'aimer de tout son coeur ? - On répond : L'âme s'élargit comme un vase qui s'étend et qui devient capable de renfermer plus de liqueur.

Mais où est-ce que la Parole de Dieu a dit quelque chose de semblable ? Quand donne-t-elle à entendre que l'âme s'étend et s'élargit ? Quant à moi, je vois qu'elle m'ordonne d'aimer Dieu de tout mon coeur, c'est-à-dire avec le coeur que j'ai, et non pas avec un autre coeur. Elle ne me parle de rien de plus, elle ne m'ordonne rien de plus. Oh ! pour l'amour du Seigneur, n'allons pas au-delà de ce qui est écrit, et restons simples !

Quant aux fruits de l'Esprit, qui augmentent chez une âme qui est sans péché, qui aime Dieu de tout son coeur, et chez laquelle le vieil homme est mort, c'est encore une chose qui ne m'est pas compréhensible. Les fruits de l'Esprit nous sont désignés dans Gal. V, 22, comme l'observation des commandements de Dieu. Or, il me semble évident que celui qui ne porte pas tous ces fruits de l'Esprit, et dans toute la plénitude de ses facultés, pèche, car il ne fait pas tout ce que Dieu demande de lui. Or, d'où vient le péché chez un fidèle en qui le vieil homme est mort ? Qu'est-ce qui l'empêche de porter tout de suite tous les fruits de l'Esprit, puisqu'il aime Dieu de tout son coeur ? L'amour de Dieu, c'est de garder ses commandements, dit l'Écriture. Or, il me semble que l'amour parfait dès qu'il est parfait, doit faire garder les commandements de Dieu parfaitement.

J'ai voulu voir si les mêmes contradictions se retrouveraient dans le système de .... exposé dans diverses correspondances. Il n'y est pas dit précisément que celui en qui le vieil homme est mort pèche encore, ce qui est déjà une contradiction de moins ; mais il y est dit positivement que chez lui la sanctification se développe, ce qui m'est difficile à comprendre d'après ce que j'ai dit plus haut ; car je voudrais qu'on m'expliquât ce qu'il y a de plus sanctifié qu'un homme qui aime Dieu de tout son coeur et son prochain comme lui-même.

Tout ceci me ramène à une réflexion que je faisais dans ma précédente lettre, c'est que j'ai peur que dans cette occasion, comme dans toutes celles où l'on soutient le système de l'impeccabilité, on ne le fasse, à son insu, en diminuant la gravité du péché (j'entends de celui qui reste encore dans l'enfant de Dieu), en lui donnant des noms radoucis, et en n'appelant plus péché, toute transgression de la Loi. Or, c'est là un très-grand mal, et qui peut amener des suites funestes pour beaucoup d'âmes.

Il est très-fâcheux de pécher, mais il est bien plus fâcheux encore de dénaturer l'idée du péché, parce qu'alors on en vient à pécher en disant : Je ne pêche pas.

Vous me direz sans doute que le frère.... et ceux qui reçoivent son système, parlent du péché avec autant et même plus d'horreur que je ne pourrais le faire, et paraissent vraiment en avoir horreur dans leur conduite. Je l'admets pleinement, aussi ce ne sont pas les personnes que j'attaque ici, c'est le système, et même je ne l'attaque que comme n'ayant qu'à l'insu de ceux qui le soutiennent, le vice que je viens de signaler.
C'est une des vieilles ruses de Satan et une des plus subtiles, d'introduire un système dangereux d'une manière couverte, et souvent à l'abri de noms justement vénérés, et par l'intermédiaire d'hommes dont les intentions sont pures.
Comment Dieu permet-il cela ? C'est ce que vraiment je ne puis expliquer, pas plus que bien d'autres choses qui sont trop profondes pour moi, dans ses voies envers les enfants des hommes. Comment Fénélon a-t-il été un appui du pape ?
Comment le pieux saint Bernard a-t-il écrit contre ses frères les Vaudois et les Albigeois, comme contre des hérétiques ?
Comment peut-il y avoir encore tant de docteurs éminents qui soutiennent le système du nationalisme ?

Expliquer toutes ces choses est pour moi l'impossible. Si je voulais les approfondir, ma tête s'y perdrait. Je crois être plus simple, et je suis plus sûr de ma route, en laissant là les personnes, m'abstenant de les juger, mais repoussant l'erreur partout où je la rencontre, et ne la recevant pas même de la main la plus aimable et la plus sainte en apparence. À la Loi et au témoignage. Que s'ils ne parlent point comme cette Parole, il n'y aura point de lumière du matin pour eux. »

Ayant observé tout ce qui se passe depuis le commencement du réveil, je n'ai pu voir autre chose que ceci, c'est que plusieurs fois depuis qu'il a eu lieu, des frères distingués par leur droiture et par leur désir de sanctification, sentant qu'en général les enfants de Dieu étaient fort en arrière de ce qu'ils devaient être, ont fait un mouvement sérieux pour pousser en avant, eux et les autres. L'ennemi a qui cela ne convenait pas, et qui a vu qu'à son gré, les choses iraient beaucoup trop bien pour le règne de Dieu si l'on avançait ainsi sans erreur, et si l'on croissait dans la vérité et dans la charité, a cherché quelque moyen d'entraver le mouvement de ces âmes généreuses.
Comme il a bien vu qu'il ne s'agissait plus de les amorcer par les convoitises charnelles, il s'est transformé en ange de lumière il leur a fait des systèmes qui, avec l'air d'être favorables à une haute sainteté, renfermaient en eux-mêmes un défaut de vérité, qui devait tôt ou tard, comme il le prévoyait bien, tourner au mal de ceux qui le recevraient.

Vu les contradictions que je crois voir dans le nouveau système, et la crainte que j'ai qu'on ait déjà dénaturé les idées du péché, je voudrais à l'avenir commencer toute discussion sur ce sujet par des définitions de mots, car faute de cela, on risque de ne pas s'entendre et de disputer de mots, ce dont l'Écriture dit, que cela ne sert de rien, et ne fait que pervertir les auditeurs. Je voudrais demander :

1° Comment définissez-vous le péché ?
2° Qu'entendez-vous par ne plus pécher ?
5° Dites-vous qu'on peut arriver sur cette terre à ne plus pécher ?
4° En quoi distinguez-vous l'état d'un homme qui ne pèche plus, de l'état d'un homme qui est arrivé à la perfection ?

Je pense que lorsqu'on se serait entendu sur ces définitions, on serait déjà bien avancé.

La réflexion que vous faites au sujet de la lecture des brochures dont vous me parlez et que je crois très-vraie, a un côté réjouissant, mais aussi un côté triste. Voici en quoi :
J'y retrouve cette même recherche de moyens nouveaux, qui semble depuis le réveil agiter certaines âmes, et qui les a jetées tantôt dans une erreur, tantôt dans une autre, parce qu'on les leur a présentées comme un moyen de sanctification.

Quand une âme a vraiment trouvé Christ, et qu'elle sait qu'Il est tout en tous, je ne conçois réellement pas ce qu'elle a à chercher de nouveau en fait de moyens de sanctification. Quand une fois j'ai Christ, qu'est-ce qu'un homme peut me donner de plus ? Tout ce qu'il peut faire pour moi, c'est d'être un moyen dans les mains de Dieu pour me le rendre plus vivant ; mais en fait de doctrine, il n'a rien de nouveau à m'apprendre.
Dira-t-on peut-être que Christ ne nous a pas été bien enseigné jusqu'à présent ? C'est là ce que disent ordinairement ceux qui apportent de nouvelles doctrines.
Mais en quoi, je vous prie, n'a-t-il pas été bien enseigné ? N'a-t-on pas cru et prêché qu'il nous était fait de la part de Dieu, sagesse, justice, sanctification et rédemption ?
A-t-on négligé de dire qu'Il nous avait acquis le don du saint-Esprit ou les grâces sanctifiantes, tout aussi bien que le pardon ?
Quant à moi, le Seigneur me rend témoignage que j'ai enseigné l'un aussi bien que l'autre.

Quoiqu'on n'ait pas prêché aux âmes qu'elles pouvaient, recevoir ici-bas une entière sanctification ou la mort du vieil homme, aussi bien vingt ans avant la mort du corps qu'au moment du délogement, ne leur a-t-on pas dit continuellement de tendre à la perfection, d'oublier les choses qui, sont derrière, et d'avancer vers celles qui sont devant ? Leur a-t-on jamais dit : « N'avancez pas trop, » ou bien : « Prenez garde, voilà un point au-delà duquel vous ne passerez jamais ? » De quoi donc se plaint-on on que veut-on chercher de nouveau ?

S'il est des âmes qui donnent à entendre qu'elles ont été retardées, parce qu'on ne leur a pas prêché l'entière sanctification à la manière dont on le fait à présent, je leur dirai tout ouvertement : Vous vous trompez singulièrement, et vous rejetez sur les autres ce qui est votre propre faute.
Qui a mis des bornes aux promesses de Dieu, de telle sorte que 'Vous puissiez dire : Je voudrais aller plus loin, mais on m'a dit qu'il n'y avait pas de promesse pour dépasser le point où je suis ? Si elles avaient envie d'avancer, qui les en empêchait ? Elles auraient grandement réjoui leurs conducteurs qui ne demandaient depuis long-temps que de voir des progrès.
Hélas, hélas ! on se plaint des autres quand on ne devrait se plaindre que de soi-même, et l'on cherche quelque nouveau moyen, tandis qu'on n'a pas fait suffisamment usage de celui qui a toujours été à notre portée. - Si l'on me dit que le frère ...... ou les ouvrages qui exposent son système, ont été seulement un moyen de rendre les promesses de Dieu plus vivantes à l'âme ; si notre frère lui-même disait : Je ne fais que recevoir avec plus de vie ce que j'ai toujours reçu ; alors je dirais : Le Seigneur en soit béni. Vous avez reçu ce que d'autres demandent depuis long-temps et n'ont pas encore reçu au même degré que vous. Mais dans ce cas, dites tout simplement que vous avez reçu un affermissement dans la Grâce, et ne vous annoncez pas comme apportant une doctrine nouvelle, et que vous n'aviez pas reçue jusqu'à présent.

Je termine ma lettre par une réflexion sur le désir de sanctification. Je crois qu'il y en a de trois sortes.

1° Le vrai désir de sanctification, qui vient d'amour pour Dieu et de dégoût du péché.
2° Un désir de sanctification orgueilleux. qui vient de ce qu'on est dépité d'être continuellement obligé de se désapprouver, et, comme le dit l'Écriture, de « se délester et de se déplaire en soi-même, » a cause de toutes les choses basses et odieuses qu'on y voit.
On voudrait trouver en soi quelque chose qui nous abaissât moins à nos propres yeux, quelque chose de plus noble, de plus grand, dont secrètement on s'approuverait tout en en rendant grâces a Dieu. Car remarquez que le Pharisien disait : « Je te rends grâces de ce que je ne suis pas comme le reste des hommes. »
3° IL y a un désir de sanctification que je pourrais appeler paresseux. On est fatigué de ses luttes continuelles avec le péché, des chutes, des relèvements. On voudrait en avoir fini une fois avec lui pour trouver du repos. On ne veut pas accepter le combat auquel Dieu nous a assujettis sur cette terre ; et l'idée d'être tout d'un coup délivrés du péché plaît singulièrement à notre paresse.

Je laisse à chacun à examiner jusqu'à quel point ces trois sortes de désirs de sanctification se mélangent dans son âme, et jusqu'à quel point l'une ou l'autre y domine. Quant à moi, j'ai fait à cet égard d'utiles et d'humiliantes expériences.
C'est un singulier raisonnement que celui que fait notre frère.... en disant que si la mort nous délivrait du péché, elle ne serait pas appelée notre dernier ennemi. On pourrait par le même raisonnement dire aussi que la mort ne nous met pas en possession du ciel, puisqu'elle est appelée notre ennemi.

Le fait est que la mort est notre ennemi, en tant qu'elle est la dernière punition du péché, pour le fidèle, et en tant qu'elle détruit notre corps (Rom. VIII, 10). Mais par la Grâce de Dieu, ce dernier ennemi est pour nous l'occasion de la grande délivrance, et l'époque de notre entrée dans le ciel. Ensorte que nous pouvons nous écrier : « 0 mort ! où est ton aiguillon ? 0 sépulcre ! où est ta victoire ? » (1 Cor. XV, 55-57).
Je ne crois pas qu'il soit dit positivement dans l'Écriture que la mort nous délivre du péché, mais je crois que cela est dit indirectement dans plusieurs passages, comme par exemple dans les suivants : Rom. VI, 7 ; 2 Tim. IV, 18 ; 1 Jean III, 2 ; et je crois que c'est l'Esprit de toute la Parole qui nous excite au combat jusqu'à la fin.

Voilà, mon frère, les nouvelles réflexions que j'ai cru devoir vous présenter. Que le Seigneur bénisse tout ce qui est conforme à sa Parole !

LETTRE LV
Novembre 1841.

Jeter la faute sur Dieu, serait une impiété ; la jeter sur les circonstances, c'est presque la jeter sur Lui ; et la jeter sur les autres...

Mon cher ami,
J'ai appris, par ta mère, l'insuccès de ton examen d'hébreu. La chose ne m'a fait de peine que par celle qu'elle a pu te faire à toi-même, et j'ai été bien aise d'apprendre que tu avais reçu avec résignation cette dispensation de Dieu à ton égard. Quant à moi, je suis sûr que le Seigneur pourrait te dire ce qu'Il disait à l'apôtre Pierre dans une occasion. : « Tu ne sais pas ce que je te fais maintenant, tu le sauras ci-après. »
Je crois que le Seigneur a des desseins de miséricorde envers toi, puisqu'Il t'éprouve et t'humilie. C'est la voie qu'Il suit ordinairement envers ceux qu'Il reconnaît pour ses enfants. Probablement, Il ne veut pas que tu portes le caractère de ministre, avant que tu aies les dispositions qui y correspondent. Peut-être aussi veut-Il te donner sur ta vocation future une lumière que tu n'as pas encore, et qui peut-être donnera à ta carrière une tout autre direction. Quoi qu'il en soit, il est évident que, pour le moment, sa main t'arrête, et que cette main est une main d'amour et de miséricorde.
Quant à ton projet de persévérer encore une année, c'est à toi d'examiner s'il vient d'une sainte persévérance dans ce que tu crois être bien, ou d'une volonté propre trop forte, qui veut marcher en avant, malgré les obstacles que le Seigneur met devant toi. Je ne décide pas, seulement je t'exhorte à deux choses, l'une de ne pas forcer le travail, si tu sens que ta tête commence de nouveau à faiblir, ce qui pourrait avoir de fâcheux résultats ; l'autre de faire toutes choses nouvelles par l'Esprit du Seigneur, et surtout de te faire une société de personnes qui cherchent le Seigneur ou qui l'ont trouvé. Si c'est vraiment pour faire la volonté de Dieu que tu restes à.... on verra infailliblement l'effet de ce principe dans ta conduite, non pas moralement, car selon la morale humaine elle est en quelque sorte. irréprochable, mais religieusement parlant, car de ce côté tu sens toi-même que tu as beaucoup gagner.

J'aurais mieux aimé que tu ne disses pas que si tu n'avais pas réussi, ce n'était pas ta faute. Peut-être dans les derniers temps as-tu travaillé autant que tu l'as pu ; mais si dès le commencement, tu n'eusses pas perdu de temps, tu n'aurais pas été obligé de faire des efforts qui, sans regagner complètement le temps perdu, ont épuisé ta tête.

Je puis dire que plus j'avance dans la vie, et plus je me sens porté à prononcer avec réserve cette parole : Ce n'est pas ma faute. Jeter la faute sur Dieu, serait une impiété ; la jeter sur les circonstances, c'est presque la jeter sur Lui ; et la jeter sur les autres, c'est presque toujours refuser de prendre sa part d'un fardeau qui nous appartient au moins en commun avec eux. Si le sort ne t'a pas été favorable, souviens-toi qu'il est écrit, qu' « on jette le sort au giron, et que tout ce qui en arrive est de par l'Éternel » (Prov. XVI, 33).

Je souhaite que tu prennes pour ta direction en toutes choses, ce passage : « Cherchez premièrement le royaume de Dieu et sa justice, et le reste vous sera donné par dessus. » Cherche avant tout la foi, la justice, la piété ; adonne-toi à la crainte de l'Éternel tout le jour ; mets-toi en règle avec ton Dieu, et alors sa lumière resplendira sur tes voies, son oeil te guidera, sa droite te soutiendra, et tout ira bien pour toi, car « qui craint Dieu, sort de tout. »

Adieu, mon cher ami, fortifie-toi au Seigneur et dans la puissance de sa force

Ton affectionné.

LETTRE LVI
23 mars 1842.

Un cours de religion est comme un cours de médecine

Ma chère enfant,
Ta lettre m'a fait plaisir. Le bonheur de mes enfants est le mien, surtout quand ils mettent leur bonheur dans des choses que je puis approuver. Je vois que le mal du pays ne t'a pas prise, et qu'il ne faudrait pas trop te presser pour te faire rester quelques mois de plus en pension. Je te dirai à l'oreille, et sans que personne en sache rien, que cela pourra peut-être s'arranger. Je pourrai probablement te laisser jusqu'à la fin de février ou de mars de l'année prochaine. Si je ne regardais qu'à moi, j'aimerais bien t'avoir plus tôt auprès de moi ; mais en toute chose, j'aime mieux chercher ton avantage et ton bonheur que ma jouissance.

J'ai vu avec plaisir, que tu regrettais ton cours de religion. Cela semble montrer que tu y prenais plaisir et qu'il te profitait. Je pense que tu pourrais le remplacer utilement par quelques conservations particulières avec Mr.... Un cours de religion est comme un cours de médecine, dont chacun est obligé de se faire l'application à lui-même, en allant souvent un peu à tâtons. Mais une conversation est comme une consultation de médecin, où l'on sonde le malade, et où l'on fait l'application du cours de médecine a son cas particulier. Lis-tu la Parole de Dieu tous les jours ? La lis-tu en suivant l'ordre des chapitres et sans rien sauter ? La lis-tu en y cherchant de la nourriture pour ton âme, et en demandant à Dieu de la vivifier par son saint-Esprit ? La lis-tu simplement par devoir, ou est-elle pour toi un besoin ?

Prends-tu l'habitude de te faire rendre compte de tes pensées, paroles et actions, en les comparant avec la Parole de Dieu ? Quand cet examen te condamne, as-tu la liberté d'aller porter tous tes péchés à Celui qui les a expiés, et as-tu l'assurance qu'Il te les pardonne, et qu'Il veut te donner la force de les délaisser ?

Je suis bien aise de toutes les bonnes choses que tu entends. Ce sont des moyens de grâce, mais pourtant ce n'est pas la Grâce. Combien de gens qui entendent, et dont il est dit : « En entendant vous n'entendez point ! » Il faut demander à Dieu ce coeur honnête et bon, qui est le seul dans lequel la Parole puisse germer. Puis aussi, il faut bien se souvenir que la vie de ceux qui nous entourent n'est pas la nôtre, et qu'une branche peut être sèche au milieu de la plus belle verdure. - Je souhaite que le vent du saint-Esprit souffle sur vous tous, et je le demande quelquefois au Seigneur. Ce qui vient du saint-Esprit dure, parce qu'il atteint le coeur où sont les sources de la vie. Tout le reste n'atteint que l'intelligence, l'imagination et la sensibilité religieuse. - Ne t'endors pas, ma chère enfant, car « la fin de toutes choses est proche ; le Seigneur est près : » « Le voici qui vient sur les nuées des cieux, et tout oeil le verra ! »

Adieu, que le Seigneur te garde corps et âme pour l'amour de son Fils.

Ton père affectionné.


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