Oeuvres posthume de A.
Rochat
Ministre du
Saint Évangile
LETTRE XLIV
1838.
Comme si Dieu avait voulu te dire: Voyons
si quand la mort sera là, tu te trouveras
aussi désireux de déloger
qu'auparavant
Mon cher frère,
L'Éternel garde les
simples » « La
délivrance de l'Éternel est
près de ceux qui le craignent. »
« Qui craint Dieu sort de
tout. » « La lumière est
semée pour le juste, et la joie pour ceux
qui sont droits de coeur. »
Voilà des passages qui, à
la gloire de Dieu, ont été accomplis
à votre égard ; et ce qu'il y a
de meilleur, c'est qu'il est promis que le sentier
du juste sera comme la lumière dont,
l'éclat va en augmentant
jusqu'à ce que le jour soit en sa
perfection.
Il y a quelque chose de bien singulier
dans le rapprochement de votre accident avec les
bénédictions que vous aviez
reçues peu auparavant. J'ai pensé que
Dieu avait voulu que cet accident arrivât
pour être comme la contre-épreuve des
sentiments que vous veniez d'éprouver, et
qu'Il avait voulu vous demander en quelque
sorte : Voyons si quand la mort sera
là, tu te trouveras aussi désireux de
déloger qu'auparavant.
Peut-être aussi était-ce un
moyen de vous humilier et de vous préserver
d'une espèce de haut-monté que notre
malheureuse nature joint quelquefois aux
véritables bénédictions que
nous accorde le Seigneur. Ce n'est pas que je vous
croie plus sujet à l'orgueil qu'un autre,
tant s'en faut ; mais c'est notre vice de
nature à tous.
Quand nous croyons avoir atteint un
échelon un peu élevé, il
arrive quelquefois que nous nous mettons à
chanter, comme un oiseau, sur cet échelon.
Jusque là tout est bien, car c'est une chose
bonne que de célébrer
l'Éternel dans la joie du coeur. Mais il
arrive quelquefois que. tout en chantant, on se
joue, en quelque sorte, sur l'échelon, ou
bien l'on regarde en bas avec une espèce de
complaisance ; puis bientôt le pied
glisse, la tête tourne, et on a bien vite
redescendu l'échelle.
C'est pourquoi, même au milieu des
bénédictions, il est bon que quelque
événement nous amène à
travailler à notre salut avec crainte et
tremblement.
Quant à moi, je ne puis pas vous
raconter des bénédictions comme les
vôtres, ni chanter comme l'oiseau qui est sur
le haut de l'échelle et qui est prêt
à s'envoler ; mais je puis, avec mille
actions de grâces, bénir Celui qui
n'éteint pas le lumignon qui fume, et dont,
chaque jour, la grâce me suffit, parce qu'il
accomplit sa force dans mon infirmité. Je
suis porté à croire que j'irai ainsi
jusqu'à la fin. Chacun à sa mesure
qui est adaptée à son
caractère particulier. Je pense qu'il m'est
bon d'être continuellement tenu dans
l'humiliation.
D'ailleurs je n'ai pas à me
plaindre. L'orgueil qui force Dieu à
m'humilier ne vient pas de Lui, mais de moi. Il me
traite mille fois mieux que je ne le
mérite ; Il ne me fait pas selon mes
péchés et ne me rend pas selon mes
iniquités. Les uns peuvent louer le Seigneur
de leur bonne santé, les autres peuvent le
louer de la vie qui leur est conservée par
miracle, au milieu d'une foule d'infirmités.
Chacun fait sa note dans le concert de louanges, et
je pense que de toutes ces notes,
différentes, résulte une harmonie
admirable devant le trône de grâce
où toutes ces louanges se
réunissent.
Que Dieu continue à mettre sa
bonne main sur votre membre souffrant pour le
guérir !
LETTRE XLV
1839.
Il y a encore tant de crasse
mêlée en nous avec l'or de la
foi
Mon frère,
Bien loin de souhaiter à la
façon des mondains, que vous puissiez vous
distraire de votre chagrin, je souhaite qu'en
sentant une abondante consolation, vous continuiiez
à sentir la plaie assez long-temps, pour
qu'elle produise son doux fruit de justice. Les
plaies faites par Celui qui aime sont
fidèles, et la meurtrissure de la plaie est
un nettoiement qui va jusqu'au fond de l'âme.
Il y a encore tant de crasse mêlée en
nous avec l'or de la foi, que le Seigneur est
obligé de remettre sa main sur nous, et de
refondre au net notre écume, afin que
l'épreuve de notre foi, plus
précieuse que l'or périssable et qui
toutefois est éprouvée par
le feu, nous tourne à
louange, à honneur et à gloire
lorsque Jésus-Christ paraîtra.
Nous ne sommes que trop portés
par notre légèreté naturelle
à oublier trop tôt les coups dont le
Seigneur nous frappe, et à perdre ainsi une
partie des salutaires enseignements qu'il veut nous
donner par leur moyen.
Il y a une sainte tristesse qu'il est
bon de conserver, parce qu'elle renferme du
sérieux, de l'humiliation, du
détachement du monde ; parce qu'elle
jette dans le sein du Sauveur, et qu'elle est un
contre-poids à notre folie et à notre
légèreté naturelles. Cette
tristesse a même ses douceurs.
Si l'on sent la main de Dieu qui frappe,
on sent aussi la main de Dieu qui essuie les larmes
de nos yeux. Et d'ailleurs, la main qui frappe,
n'est-elle pas aussi celle d'un Père qui
nous châtie pour notre profit ? N'est-il
pas écrit sur la verge qui nous
châtie, ces mots si consolants :
« Mon enfant, ne méprise pas le
châtiment dut Seigneur, et ne perds point
courage lorsqu'il te reprend ; car le Seigneur
châtie celui qu'il aime, et Il frappe de ses
verges tous ceux qu'il reconnaît pour ses
enfants ? »
Oui, mon cher frère,
bénissons le Seigneur de ce qu'il nous
enseigne par le châtiment afin que nous ne
soyons pas condamnés avec le monde.
Bénissons-Le de ce que notre
légère affliction du temps
présent, qui ne fait que passer, produit en
nous le poids éternel d'une gloire
infiniment excellente. N'envions point la part du
méchant, et la prospérité qui
lui est quelquefois accordée en ce monde.
Notre bourgeoisie est dans les cieux, notre
trésor est là, notre lot est
là, et il faut que notre coeur y soit aussi.
C'est pourquoi le Seigneur qui est toutes choses
dans le ciel, et qui veut être toutes choses
déjà sur la terre dans le coeur des
siens, se fait souvent place, en nous ôtant
ce qui pouvait trop captiver nos affections. Il est
toujours là pour remplacer tout ce qu'il
nous ôte, et pour nous dire comme Elkana
à sa femme : « Ne te vaux-je
pas mieux que dix fils ? » - Oui,
quand nous considérons que l'épreuve
est une marque du tendre soin
que le Seigneur prend de nos âmes, et qu'Il
veut toujours nous donner beaucoup plus qu'Il ne
nous ôte, nous pouvons bien Lui dire :
« Il m'est bon d'avoir été
affligé, je reconnais que tu m'as
affligé dans ta
fidélité ! Oh ! que
bienheureux est l'homme ! ô
Éternel, que tu châties et que tu
instruis par ta Loi, afin de le mettre à
couvert au jour de l'adversité, tandis que
la fosse se creuse pour le
méchant. »
Je ne sais si vous aurez
éprouvé, par rapport à la
grande paix dans laquelle est morte votre compagne,
ce que j'éprouvai lorsque Dieu retira
à Lui, dans sa paix, mon enfant
âgé de sept ans.
Il me semblait que j'aimais beaucoup
mieux le Sauveur pour le salut de mon enfant que
pour le mien propre, et que j'en étais plus
réjoui. Souvent je sentais mon coeur
attendri, en pensant qu'Il avait reçu cette
chère enfant entre ses bras, et qu'Il avait
daigné avoir compassion de cette pauvre
âme. Si nous pensions que s'Il ne fût
venu en ce monde chercher ce qui est perdu, nous et
les autres nous nous enfoncerions tour à
tour dans un abîme de misères sans
fin, nous l'aimerions d'un amour brûlant et
sans borne, et nous dirions continuellement avec
l'apôtre : « Grâces
à Dieu pour son don ineffable » -
« Seigneur, augmente-nous la
foi. »
Que la paix du Seigneur vous soit
multipliée dans la foi et dans la
charité !
LETTRE XLVI
1839.
Quant à votre doctrine sur le
saint-Esprit...
Quant à votre doctrine sur le
saint-Esprit, permettez-moi de vous dire, en
passant, que si vous voulez seulement dire qu'un
chrétien ne doit pas demander le
saint-Esprit dans le même sens que celui qui
ne l'a pas reçu tout le monde est d'accord
avec vous, entendant bien que le chrétien,
en demandant le saint-Esprit, ne demande que la
conservation et l'augmentation de ses grâces,
dans le même sens que les apôtres
souhaitaient la grâce et la paix à
ceux qui les avaient déjà
(Ephés. 1, 2), et dans le même sens
que Paul disait à Timothée, de
rechercher la foi qu'il possédait
déjà (2 Tim. II, 22). Mais si vous
blâmez la demande même du saint-Esprit
par les enfants de Dieu, vous me paraissez
condamné formellement par Luc XI, 13.
LETTRE XLVII
Janvier 1840.
Peut-on en venir sur cette terre à
ne plus pécher ? Y a-t-il quelqu'un qui
en soit venu là ?
Je crois devoir répondre à votre
confiance en vous communiquant quelques nouvelles
vues qui me sont venues du
Seigneur, je l'espère, en
méditant sur le sujet qui vous
occupe.
Je ne me dissimule pas la position
difficile où l'on se place en combattant une
erreur du genre de celle qui se répand, et
qui a l'air d'être tout au profit de la
sainteté. Il semble qu'on se constitue
défenseur du péché, et qu'on
cherche à retenir des gens qui veulent aller
en avant. Aussi les partisans de ....
disaient : « Rochat, de Rolle,
défend la cause du
péché. »
Hé bien ! cela même il
faut encore le supporter en reconnaissant avec
humiliation qu'il n'est que trop vrai que dans le
fond du coeur, l'on soutient encore
secrètement la cause de certains
péchés, et que si l'on ne le
défend pas en doctrine, de fait on ne le
défend que trop souvent. Seulement, a-t-on
le témoignage qu'au dedans de nous, il y en
a un qui combat contre celui qui aussi en nous aime
le péché et prend sa défense.
De plus, je crois devoir dire que parmi
ceux qui reçoivent ces doctrines, il y en a
plusieurs qui y sont conduits, parce qu'ils ont
plus que d'autres, un grand désir de
sainteté. Pour ceux-là, l'erreur ne
sera jamais très-nuisible, à cause de
la droiture de leur coeur. Mais quand ces erreurs
tombent dans des âmes moins droites, alors,
réellement elles portent leurs funestes
effets, en leur faisant prendre les illusions de
leur imagination et une fausse
élévation, pour des progrès de
sanctification, ou bien en les amenant à ne
plus appeler mal tout ce qui est mal, et à
ne plus regarder comme péché ce qui
est péché.
Maintenant, j'en viens à attaquer
directement le sujet qui nous occupe.
Dans ce que j'ai à dire sur ce
sujet, je distinguerai la question de dogme et la
question de fait. La question de dogme,
c'est : Peut-on en venir sur cette terre
à ne plus pécher ? La question
de fait, c'est : Y a-t-il quelqu'un qui en
soit venu là ?
Quant à la question de dogme, je
pose en fait qu'elle n'est pas traitée
directement dans la Parole, c'est-à-dire que
la Parole n'a pas discuté cette
question : L'homme peut-il ou non, en venir
sur cette terre à ne plus
pécher ?
Je ne veux pas dire qu'il n'y ait pas
dans la Parole des passages dont on ne puisse plus
ou moins tirer des conclusions pour ou contre la
doctrine de l'impeccabilité ; mais je
dis que cette doctrine n'est pas établie ou
combattue d'une manière expresse dans la
Parole comme ou y trouve établie la doctrine
de la justification par la foi, ou celle de
l'élection, ou celle du jugement dernier, ou
celle de la divinité du Fils.
Voici tout ce que la Parole me semble
dire sur ce sujet :
1° Je crois que la Parole
exhorte à tendre à la perfection,
à croître, à abonder, à
avancer de plus en plus, sans poser aucune limite,
et sans dire : Voilà un point
au-delà duquel vous ne pouvez pas
aller.
2° Je crois, en second lieu, qu'il
y a aussi des promesses illimitées,
tellement, que l'on ne peut jamais s'arrêter
en disant ; Je n'ai pas de promesse pour aller
plus loin.
3° Je crois, enfin, que l'ensemble
de la Parole est tel, qu'il ne suppose pas que
jamais le chrétien soit arrivé
à un point où les exhortations
à avancer, ne puissent plus lui être
adressées, ni même à un point
où il puisse dire : Je n'ai plus besoin
de pardon, ni de repentance.
Il me semble que ces trois faits sont palpables
dans la Parole de Dieu, et que quiconque la lit
avec bonne foi, doit dire : C'est la
vérité.
Je ne serais pas embarrassé de
les soutenir par des multitudes de
passages.
De ce qui précède, je
conclus qu'il est téméraire de
vouloir aller plus loin que la Parole et
établir comme dogme ce qu'elle n'a point
établi, c'est que L'homme peut arriver
à ne plus pécher. Je crois que nous
ne devons résoudre cette question ni
affirmativement, ni négativement dans un
sens absolu. Si la Parole suppose toujours qu'il y
a à combattre le
péché, elle dit toujours :
Combattez-le à extinction et faites-le
mourir, sans ajouter : Mais sachez bien que vous
n'en viendrez pas à bout sur cette terre.
L'Esprit saint, qui est un Esprit de prudence, sait
bien que notre coeur est trop rusé et
désespérément méchant,
pour qu'il faille lui imposer de croire comme
doctrine, qu'il péchera toujours. Seulement,
comme l'Esprit saint est la vérité,
il parle en conséquence de la
vérité des faits, quant aux actes du
péché; mais il parle du
péché sous le rapport d'un fait qui
doit nous porter à gémir, à
soupirer après la délivrance et
à combattre jusqu'à la fin, et non
pas sous celui d'un dogme qui doit nous
tranquilliser, nous empêcher d'avancer
à quelque degré que nous soyions
parvenus, ou nous engager à faire pacte avec
quel péché que ce soit.
Je pense donc que pour prêcher
comme la Parole de Dieu le fait, il faut exciter le
fidèle à aller toujours en avant, ne
lui montrer aucun point de la sanctification
où il doive s'arrêter; lui faire
comprendre qu'il a des promesses pour
s'élancer jusqu'aux plus hautes
régions ; le presser par l'amour de Christ
et par tous les motifs évangéliques,
à tendre à la perfection.
Mais je pense aussi qu'il faut lui
répéter ces exhortations a toutes les
époques de sa vie, et à quel
degré de sanctification qu'il soit ou qu'il
croie être parvenu.
Remarquez à l'appui de ceci, que
l'apôtre Jean, après avoir
distingué les chrétiens en trois
classes, d'après leur degré
d'avancement spirituel, leur adresse à tous,
sans distinction et sous la même forme, la
même exhortation à ne pas aimer le
monde
(1 Jean II, 12-17).
Je crois que ce sont là les
véritables bornes dans lesquelles la
prédication doit se renfermer à cet
égard. Aller au delà, et
réduire en système la
peccabilité on l'impeccabilité du
croyant, c'est tout au moins, quant à la
forme, aller au delà de ce qui est
écrit, et gâter par son imprudence les
effets de la sage prudence du saint Esprit. Au
reste, j'ai dit et je dirai toujours pour
ne pas mettre des oreillers de
sécurité sous les coudes de celui qui
manque de vigilance, qu'il n'y a pas de hauteur de
sanctification à laquelle on ne doive
tendre. Mais avec tout cela, j'ai soin de
prêcher la sanctification de manière
à tenir toujours l'homme dans le sentiment
de son état de péché actuel,
à le tenir toujours humilié au pied
de la croix, ensorte qu'il puisse s'élever,
restant toujours abaissé, se sanctifier,
cherchant toujours le pardon comme la
première des grâces, et trouver
même dans les péchés dont il
s'humilie chaque jour et dont il reçoit le
pardon journalier, la source d'un amour toujours
croissant et toujours renouvelé, et par
là même la source de tout
accroissement en sanctification.
En le tenant ainsi dans le vrai, comme
le fait la Parole, c'est-à-dire dans une
humiliation renouvelée, au pied de la croix
du Sauveur, je le tiens en garde contre cet orgueil
qui peut empoisonner les sanctifications les plus
hautes en apparence, et faire de nous des Satans
« dont le coeur s'est élevé
à cause de leur beauté, et qui
perdent leur sagesse à cause de leur
éclat »
(Ezéch. XXVIII, 17).
Voilà quant à la question
de dogme ; maintenant traitons la question de
fait.
Ici l'Écriture me paraît
décisive, car elle dit qu' « il
n'y a point d'homme qui ne pèche »
(2 Chron. VI, 36) ; qu'
« il n'y a point de juste qui fasse le
bien et qui ne pèche point »
(Ecclés. VII, 20) ; que
« si nous disons que nous n'avons point
de péché, nous nous séduisons
nous-mêmes et que la vérité
n'est point en nous »
(1 Jean I, 8) ; que
« nous bronchons tous en plusieurs
choses »
(Jaq. III, 2).
Tous les saints dont elle raconte la
vie, se sont reconnus pécheurs
actuels ; aucun d'eux n'a dit de lui et
l'Écriture n'a dit d'aucun d'eux, qu'il
fût sans péché. Je sais qu'en
se prévalant de certains endroits où
Paul, pour justifier son ministère, rappelle
la droiture et la sincérité de sa
conduite, on a prétendu qu'il s'était
dit sans péché.
Mais autre chose est de pouvoir se
rendre témoignage de son
intégrité, comme David lui-même
le faisait au
Ps. XVIII, quoique dans d'autres
endroits il déplorât
fréquemment ses péchés ;
autre chose est de pouvoir dire avec
Jésus-Christ : « Qui de vous
me convaincra de
péché ? » C'est
là ce que ni Paul, ni aucun saint n'a jamais
dit.
Je passe sur le septième des
Romains pour ne pas contester avec ceux qui
prétendent que Paul dans cet endroit parlait
de lui étant sous la Loi. Mais un endroit
qui me paraît formel, c'est le passage de
l'épître aux Philippiens,
écrite trois ans avant sa mort, de cette
même épître dans laquelle il dit
qu'il « peut tout en Christ qui le
fortifie, » et dans laquelle en
même temps il déclare positivement
qu'il n'est « pas encore
accompli »
(ch. III, 12).
Je sais bien qu'on a cherché
à entendre ce passage, comme si Paul voulait
dire simplement qu'il n'est pas encore au bout de
la course, et qu'il faut qu'il continue à
courir pour atteindre le ciel, sans que cela
emporte qu'en courant il commît encore des
péchés ; mais j'avoue que ce
sens me paraît peu naturel, et que ces
mots : « Je ne suis pas encore
accompli, » me semblent supposer tout
naturellement qu'il lui manquait quelque chose, non
seulement quant à la durée de la
course, mais encore quant à la
manière dont il courait.
Ce sens me paraît encore plus
naturel, quand je compare ce passage avec le
v. 6 du chap. 1er de la même
épître, où il dit aux
Philippiens, que Celui qui a
commencé en eux la bonne oeuvre, la
perfectionnera jusqu'au jour de
Jésus-Christ. Je ne pense pas que Paul
voulût se mettre en dehors de la ligne des
fidèles, et dire : Quant à eux,
ils ont besoin d'être perfectionnés
jusqu'au jour de Christ ; mais quant à
moi, c'est différent ; je le suis
déjà, et je n'ai besoin que de
continuer à marcher comme je l'ai fait
jusqu'à présent.
Je sais qu'on a voulu aussi se tirer
d'embarras au sujet de ce passage, en distinguant
entre impeccabilité et perfection, et disant
qu'on peut ne pas commettre de péché,
et pourtant n'être pas
parfait.
Quant à moi, je ne comprends rien
à une pareille distinction, et je ne
conçois pas ce qu'un homme qui aime Dieu de
tout son coeur, de toute son âme et de toutes
ses forces, et son prochain comme lui-même,
peut faire de plus ; si on le sait, qu'on me
le dise.
D'ailleurs, je ne vois nullement que
l'Écriture autorise cette distinction ;
je vois au contraire qu'elle appelle perfection,
l'accomplissement de toute la Loi de Dieu. Preuve
en soit le dernier verset du
chap. 5 de saint Matthieu, où
le Seigneur résume tous les préceptes
de la sainteté évangélique par
ces mots : « Soyez parfaits comme
notre Père qui est dans les cieux est
parfait. » Voyez encore
Matth. XIX, 21 ;
Jaq. I, 24 et 25, et
ch. III, 2, et
1 Jean IV, 17, 18 ;
Coloss. IV, 12.
À propos de ce dernier passage,
on a voulu le citer pour prouver que les Colossiens
étaient parvenus à la perfection,
parce qu'il est dit qu'Epaphras combat pour eux
dans ses prières, afin qu'ils restent
parfaits et accomplis dans toute la volonté
de Dieu.
On a raisonné en disant : On
ne peut rester parfait que quand on l'est
déjà ; donc les Colossiens
l'étaient. C'est très-bien
raisonné, si ce n'est qu'ainsi que cela
arrive dans tous les raisonnements semblables
où l'on prend les expressions dans un sens
trop absolu, on donne un coup de pied aux passages
qui se trouvent en regard de ceux sur lesquels on
raisonne.
Si les Colossiens sont réellement
parfaits, comment l'apôtre peut-il leur dire
dans le chapitre troisième :
« Faites mourir vos membres qui sont sur
la terre, la fornication, la souillure, etc.,
etc. »
(v. 5). « Renoncez à
toutes ces choses),
(v. 8).
« Revêtez-vous des entrailles de
miséricorde, de bonté,
etc. »
(v. 12). « Si l'un de vous
a quelque sujet de plainte contre l'autre, comme
Christ vous a pardonné, faites-en de
même »
(v. 15). Quand il y a encore à
faire mourir des convoitises charnelles quand il y
a encore des choses auxquelles il faut renoncer
quand il y en a d'autres dont il faut se
revêtir ; quand on
peut être dans le cas de
se donner réciproquement des sujets de
plainte et de s'accorder réciproquement des
pardons, est-on parfait et accompli dans toute la
volonté de Dieu ?
Je pense donc que jamais la Parole de
Dieu n'a dit de quelqu'un qu'il fût sans
péché ; et je crois que quand
les saints, nos frères en Christ, ont dit
des choses dont on croit pouvoir conclure qu'ils
étaient sans péché, on donne
à cette partie de leurs écrits un
sens beaucoup trop étendu, et qui contredit
les aveux qu'ils ont faits dans d'autres endroits.
Je crois que le vrai sens de tous ces
passages dont on abuse, est, détermine par
Hébr. XIII, 18, où
l'apôtre dit : « Priez pour
nous, car nous sommes assurés avoir une
bonne conscience, désirant de nous bien
conduire en toutes choses. » Être
sincère dans ce désir d'accomplir
toute la volonté de Dieu, être
intègre et droit, c'est aux yeux de Dieu
être sans reproche, être net, observer
tous ses commandements et, toutes ses ordonnances
d'une manière irrépréhensible.
Dans ce monde, il n'y a pas d'autre perfection que
celle-là. Heureux celui qui y est parvenu,
et qui peut dire avec l'apôtre qu'il
désire se bien conduire en toutes
choses !
En passant, je remarque sur ce passage
de l'apôtre, qu'il me semble annoncer
indirectement qu'il ne se croyait pas sans
péché, car quelqu'un qui aurait
été dans ce cas aurait dit, ce me
semble, non pas : « Je désire
me bien conduire en toutes choses, »
mais : Je me conduis bien en toutes choses. -
En relisant dans ce moment le passage du 3e ch. des
Philippiens avec les versets qui le
précèdent, je remarque que dans les
versets
10 et 11, l'apôtre parle
évidemment comme quelqu'un qui cherche
à connaître encore plus qu'il ne la
connaît, l'efficace de la résurrection
de Jésus-Christ, la communion de ses
souffrances, et la conformité à sa
mort ce qui suppose nécessairement des
progrès en sainteté, puisque cette
conformité à la mort de Christ et
l'efficace de sa résurrection, ne sont autre
chose que la sainteté
chrétienne. Voyez
Rom. VI, 4-6, et remarquez sur ces
derniers versets que l'apôtre met au futur,
c'est-à-dire comme une chose qui est encore
en partie à faire pour les croyants,
« la conformité à la
résurrection de Christ et la destruction du
corps du péché. »
Remarquez aussi dans le même but,
les versets
11-14. Remarquez, enfin, que dans ce
même chapitre, versets
18 et
22, les chrétiens sont dits
affranchis du péché, et que dans les
versets
11-13, et
19, ils sont exhortés a s'en
affranchir.
Nouvelle preuve entre mille autres,
qu'il faut combiner les passages de
l'Écriture les uns avec les autres, pour en
saisir le vrai sens, et ne pas prendre dans leur
sens absolu ceux qui sont restreints par d'autres.
L'affranchissement est commencé
dans le chrétien, et il
s'achèvera ; mais l'affranchissement
n'est que commencé et non pas
achevé ; voilà pourquoi le
chrétien est exhorté à
combattre pour s'affranchir. C'est là le mot
de l'énigme, et l'explication qui saute aux
yeux de tous ceux auxquels l'ennemi n'a pas
crevé l'oeil droit, comme le roi des
Hammonites voulait le faire aux habitants de
Jabès de Galaad, afin de mettre cela pour
opprobre sur tout Israël
(1 Sam. XI, 1, 2).
Considérons maintenant la
question de fait sous le rapport du temps
présent, c'est-à-dire en la posant
ainsi : Y a-t-il, ou n'y a-t-il pas
actuellement des personnes qui en soient venues au
point d'accomplir sans pécher toute la Loi
de Dieu ? Quant à moi, j'attends pour
la résoudre, que quelqu'un vienne et me
dise : « Je suis cet
homme-là. » Car on peut attribuer
l'impeccabilité à des personnes qui,
lorsqu'on les voit, se défendent d'avoir
cette prétention.
Si quelqu'un venait à moi et me
disait franchement : Je ne pèche plus,
je commencerais par lui demander s'il se fait de
justes idées du péché, et s'il
ne déguise point sous le nom
d'infirmité ou sous tel autre nom radouci,
ce qui est bien réellement
péché.
Si, après m'être bien
expliqué avec lui sur la
nature du péché, il me disait :
« J'aime Dieu de tout mon coeur et mon
prochain comme moi-même ; » je
lui demanderais si jamais et dans aucun instant de
la journée, aucun sentiment d'orgueil,
d'égoïsme, de sensualité, de
mondanité, de légèreté,
venant de son propre fond, n'aborde son âme,
ou s'il le repousse à l'instant.
Si dans sa nourriture, dans ses
vêtements, dans toutes ses dépenses,
il est dans les bornes les plus exactes de la
sobriété, de la modestie et du
détachement du monde.
Si dans ses paroles, dans toutes ses
relations avec le monde et avec les frères,
Il est exactement ce que Jésus-Christ serait
à sa place.
S'il est rongé du zèle de
la maison de Dieu, si l'opprobre ne lui est plus
rien, on s'il le brave constamment et dans tous les
degrés en méprisant l'ignominie.
Si en voyant les multitudes qui ne
connaissent pas Dieu et qui l'offensent, son coeur
est habituellement saisi de tristesse comme celui
de David, parce qu'on n'observe pas la Loi de Dieu.
S'il pleure avec Jérémie
jour et nuit sur ceux qui tombent blessés
à mort.
Si avec Paul, il a un continuel tourment
pour le salut de ses frères selon la chair.
Si en traversant les rues, et en
entendant les jurements, et voyant de tous
côtés régner la
mondanité, son coeur est navré et a
peine à supporter cette vue.
S'il se sent pressé comme le
Sauveur d'aller sur les rues, sur les places et en
tout lieu, enseigner, reprendre les pécheurs
et les supplier de se réconcilier avec
Dieu.
Après cela encore, je prierais ce
frère de demeurer huit jours avec moi, et
pendant ce temps, je voudrais non seulement le
suivre de près dans tous les détails
de sa vie, mais lui demander souvent pendant la
journée, au moment où il s'y
attendrait le moins, ce que de la
Fléchère demandait souvent à
ceux avec lesquels il vivait : Où sont
nos coeurs ?
Dans ce moment votre coeur est-il tout
entier à Dieu sans aucune distraction et
sans aucun relâche ? À chaque
instant pouvez-vous dire : Oui, je suis net
devant Dieu oui, je suis sans
péché.
Enfin, à un tel homme, je
dirais : Il m'est impossible de faire culte
avec vous, pas même en me contentant de lire
la simple Parole de Dieu et de prier par les
paroles qui y sont contenues ; car toutes les
pages des Écritures jusqu'à la
dernière, me paraissent supposer l'homme
n'étant pas parvenu au dernier degré
de la sainteté, puisque la Bible se termine
presque par ces paroles : « Que
celui qui est juste devienne encore plus juste, et
que celui qui est saint se sanctifie
encore. »
Comment pourrais-je lire en accord
d'esprit avec vous les passages suivants :
« Faites mourir vos membres qui sont sur
la terre »
(Coloss. III, 5) :
« Donnez-vous à Dieu : Que le
péché ne règne point dans vos
corps mortels pour lui obéir en ses
convoitises »
(Rom. VI, 11, 12) :
« Ayant de telles promesses,
nettoyons-nous de toute souillure de la chair et de
l'esprit, achevant notre sanctification dans la
crainte de Dieu »
(2 Cor. VII, 1) :
« Quiconque a cette espérance en
Lui, se purifie soi-même comme Lui aussi est
pur »
(I Jean III, 3).
En lisant tous les passages de cette
classe, si nombreux dans les Écritures, qui
conviennent si bien à mon état
spirituel, je serais forcé de dire :
Voilà qui ne va plus à mon
frère. Pour lui, il n'a plus de souillures
à nettoyer, plus de vieil homme à
mortifier, plus de sanctification à
achever : il n'a plus qu'à être
exhorté à se maintenir dans ce qu'il
a, et à en rendre grâces à
Dieu.
De même pour les prières.
En vain en chercherais-je dans les Écritures
de l'Ancien et du Nouveau-Testament, qui pussent
nous convenir à tous deux, et dans
lesquelles nous pussions être en communion
d'esprit ; car toutes renferment des
confessions de péché, qui
conviendraient à moi, mais non pas à
vous, mon frère. La prière même
que notre Seigneur a enseignée à ses
disciples ne pourrait pas nous accorder ; car
si elle fait demander la plus haute sanctification,
elle nous fait demander en même temps le
pardon de nos
péchés, et cela pour chaque jour,
puisqu'elle fait demander le pain quotidien pour
chaque jour.
Ce qui précède pourrait
avoir l'air d'une ironie, mais je le dis
très-sérieusement, et si
sérieusement, que dans le cas où une
Église, en majorité, se croirait
parvenue à ne plus pécher (et
pourquoi cela n'aurait-il pas lieu, s'il faut
croire qu'en effet l'on doit et l'on peut y
parvenir en ce monde ?) je refuserais
absolument d'y prêcher ou d'y
célébrer un culte quelconque. Comment
moi, pauvre pécheur actuel, pourrais-je
être en harmonie avec des gens qui ne
pèchent plus, et qu'aurais-je à leur
enseigner ?
Dites-moi, mon frère, vous
faites-vous l'idée du culte d'une
Église actuellement sans
péché ? Il me semble qu'il ne
devrait être composé que d'actions de
grâces, et peut-être d'exhortations
à veiller pour ne pas retomber. Ce serait
à peu près le culte des anges dans le
ciel. Mais sera-ce celui qu'on verra jamais sur
cette terre ? Je ne le pense pas ; et en
tout cas, ce n'est pas celui que je chercherais
pour satisfaire à mes besoins.
Jusqu'à présent, les
relations que j'ai soutenues avec les individus qui
se disaient sans péché, n'ont pas
été en faveur de leur système.
L'un d'eux, avec lequel quelques frères et
moi eûmes une discussion, se contentait de
nous présenter continuellement une longue
liste de passages sur l'affranchissement du
fidèle, et quand nous lui présentions
des passages dans un autre sens qui modifiaient les
premiers, il se contentait de nous dire :
« Attendez, je vais vous lire un
passage. » Puis il reprenait un des
passages de sa longue liste, sans tenir aucun
compte des nôtres, ou bien il nous
répondait : « Moi je vous dis
que Christ est en moi, et que Christ ne peut
pécher. » Quand nous lui parlions
de son vieil homme, il disait :
« Mon vieil homme est hors de
moi. »
Un autre homme avec lequel j'avais une
discussion de cette nature, me parut avoir du
péché, les idées les plus
fausses. Quand je le serrai de près sur
l'observation de toute la Loi de
Dieu, il me répondit : « Je
commets des offenses, mais pas des
péchés. » Et serré
encore de plus près, il me dit :
« Je pêche contre la loi de l'amour
et non pas contre la loi de
Moïse. »
Ces diverses expériences m'ont
confirmé dans la pensée que lorsqu'on
parle d'être sans péché, on ne
sait vraiment pas ce que l'on dit. L'homme est de
sa nature tellement aveuglé sur cette
matière, il est tellement
éloigné de la sainteté, qu'il
ne s'en fait pas même une juste idée,
et qu'il appelle saint, ce qui serait encore
très-souillé devant Celui aux yeux
duquel les cieux même ne sont pas purs.
Et voilà ce qui m'amène
à signaler le grand danger de cette
doctrine, c'est que j'ai vu jusqu'à
présent qu'elle entraînait bien des
âmes à se faire de fausses
idées du péché, et à en
diminuer en quelque sorte l'étendue, en
donnant le nom d'infirmités, d'offenses ou
d'autres noms radoucis, a ce qu'il faudrait tout
simplement nommer péchés. Ainsi, l'on
en vient insensiblement à appeler le mal
bien. Au moins, c'est ce qui arrive aux âmes
faibles ou qui n'ont pas assez de droiture, pour
que le venin d'une doctrine s'arrête à
leur intelligence et ne pénètre pas
jusqu'à leur coeur.
Un autre danger de cette doctrine,
c'est, quoi qu'on en puisse dire, d'ouvrir une
porte à l'orgueil ; car on a beau
répéter : Nous attribuons tout
à la Grâce de Dieu et à
l'efficace du sang de Christ, nous ne cherchons que
là notre force et notre vie, etc., etc.
Dès qu'on ne se constitue plus devant Dieu,
pécheur actuel, ayant besoin de pardon
actuel, il est clair qu'alors on ne subsiste plus
par grâce que quant à la
sanctification, et non pas quant au pardon dont on
n'a plus besoin, et qu'on a ainsi un grand motif de
moins de s'humilier. Il est clair qu'alors on est
dans une position toute différente de celle
des autres fidèles, auxquels on peut dire
« Frappez-vous la poitrine comme le
péager, cela vous convient ; vous
n'avez pas reçu l'entière
sanctification. Quant à
moi, en attribuant tout à la Grâce de
Dieu, je n'en suis plus là : j'ai
passé le temps des gémissements sur
le péché actuel, et il n'y a plus
pour moi que triomphe et actions de
grâces. »
Si quelqu'un ne voit pas là une
porte ouverte à l'orgueil, je n'ai plus rien
à lui dire, l'expérience parlera.
Trop tard, peut-être, on verra que les
misères et les péchés que Dieu
nous laisse jusqu'à la fin, jouent un plus
grand rôle qu'on ne le croit, dans notre
sanctification : qu'ils contribuent plus qu'on
ne le croit au crucifiement de ce monstre
d'orgueil, qui est le plus grand de tous nos
péchés ; qu'ils contribuent plus
qu'on ne le croit, à nous inspirer le
dégoût du péché, et
à tuer ainsi le péché par
l'expérience du péché
même ; qu'ils contribuent, plus qu'on ne
le croit, à nous tenir collés
à Jésus, comme à notre tout,
et à nous faire apprécier le prix
immense de son sang qui purifie de tout
péché, et dont chaque jour nous
sentons un nouveau besoin.
Je ne développe pas ces
pensées. C'est un sujet vrai, profond, mais
délicat à traiter, de peur que
l'homme n'en abuse en disant :
« Péchons, afin que la Grâce
abonde, » ou : « Faisons
du mal pour qu'il en arrive du
bien. »
Si quelqu'un à tout ce que je
viens de dire, répondait : Vous ne
m'avez pas compris ; je ne dis pas que je ne
pêche plus, ni qu'on en puisse venir à
un état où l'on ne pêche plus
du tout ; je lui répondrais en deux
mots : Hé bien ! ce n'est pas
à vous que je me suis adressé, ce
n'est pas vous que j'ai réfuté. En
effet, à quelque hauteur de sanctification
qu'un homme dise être parvenu, ou à
quelque hauteur qu'il pousse les autres, je n'ai ni
à le démentir, ni à
l'arrêter, dès qu'il ne dit pas :
Je suis sans péché, ou bien :
L'on peut parvenir ici-bas à un tel
état, qu'on est certain d'être sans
péché.
Je crois qu'on doit aller de hauteur en
hauteur, sans jamais s'arrêter. Je crois que
quand une sanctification n'est pas faussée,
lorsqu'on a atteint un point de sainteté,
qui de loin paraissait la plus haute cime, on voit
toujours en arrière de celle-là une
cime encore plus élevée ;
ensorte que les saints les plus distingués
se croient toujours éloignés de la
perfection et déplorent ce qui leur reste de
péché, avec plus d'amertume que les
commençants ne déplorent leurs
péchés encore très-palpables.
À mesure que la lumière
croît, elle manifeste toujours davantage
l'odieux de tout ce qui est contraire à la
volonté du Seigneur. Quant aux moyens
d'avancer, on ne les invente pas, ils sont et
seront toujours les mêmes. S'attacher
à Jésus, veiller, prier et
méditer les Écritures. Qui fera cela
ira bien loin, et n'aura besoin d'aucun nouveau
système pour se porter en avant.
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