Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE  (Jean 17.17)
Cela me suffit...
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(Notre confession de foi: ici)
Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE
(Jean 17.17)
Cela me suffit...



Oeuvres posthume de A. Rochat
Ministre du Saint Évangile

LETTRE XXXV
7 août 1837.

Une plaie. avoir égard à l'apparence des personnes

Comme nous devons chercher toutes les fois que nous nous écrivons, à nous communiquer quelques pensées utiles, permettez-moi de vous signaler une plaie que j'ai vu être malheureusement assez générale parmi les enfants de Dieu. C'est celle d'avoir égard à l'apparence des personnes. Cette plaie se manifeste de bien des manières. Par exemple, on reprendra avec beaucoup moins de liberté et de franchise une personne d'un haut rang, qu'une personne de basse condition. On remarquera beaucoup plus les défauts des petits que ceux des grands.

Si l'on voit un frère ou une soeur de basse condition être encore lié avec des personnes de sa condition qui ne sont pas converties, et qu'il avait connues autrefois, on lui demandera quel plaisir et quel profit il peut trouver dans leur société ?
Mais si l'on voit une personne de haute condition, avoir encore des relations avec des personnes de sa classe qui ne sont pas converties, et soutenir avec elles un commerce de visites et d'entretiens passablement suivis ; on ne s'en scandalise pas.

On se scandalisera de la conversation mondaine d'une lessiveuse, enfant de Dieu, qui se laissera aller dans l'occasion à un peu de bavardage avec des personnes de sa classe, et on ne se scandalisera pas de conversations tout aussi vaines, malgré le vernis qui les recouvre, qui ont lieu entre personnes d'une classe supérieure.

Quand on a occasion d'aller dans une ville où il y a une Église, on visitera trois ou quatre personnes d'un certain rang, qui sont toujours celles qu'on nomme, parce que ce sont celles qui reçoivent habituellement. On fait des prévenances, des amitiés, des serrements de mains, des éloges même, à des personnes qui sont dune haute classe, et qui quelquefois ont la vie spirituelle la plus chétive ; tandis qu'on ne fait pas la moitié autant d'amitiés à des personnes de moins d'apparence, mais qui ont une vie spirituelle plus prononcée.
Ce sont là des péchés dans lesquels j'ai vu tomber beaucoup de chrétiens, même des enfants de Dieu très-bénis, et où il m'est arrivé de tomber moi-même. Ce sont des péchés que l'Esprit saint condamne formellement par la bouche de l'apôtre Jacques dans le chap. Il de son épître, et dans Jude 16. Ce sont des péchés qui peuvent jeter les pauvres dans de grands pièges en les portant à croire que le rang et la richesse sont de grands avantages, puisque même parmi les chrétiens on en fait tant de cas. Cela peut les rendre mécontents de leur sort, mécontents des frères qui les négligent, et les porter à être à leur tour rampants ou de mauvaise humeur avec ceux qui sont d'une haute condition.
Mais cela fait peut-être encore plus de mal à ceux-ci, qui croient ainsi avoir par leur rang une espèce de privilège au-dessus des autres, et qui s'endorment sur de grandes misères spirituelles, parce qu'ils sont visités et recherchés, même par des frères distingués, lesquels semblent les traiter comme s'ils trouvaient en eux une vie bien abondante.

Je puis dire que j'ai connu des personnes d'un certain rang, que tout le monde prévenait, et qu'on aurait regardées comme les membres les plus chétifs d'une Église, s'ils avaient été placés dans une basse condition.

Comment veut-on qu'un conducteur d'Église qui aurait à reprendre une personne dans ce cas-là et à la suivre de près, soit béni dans ce qu'il fait auprès d'elle, lorsque tout le monde à peu près vient gâter son oeuvre par trop de prévenances, ou par des flatteries envers cette personne à laquelle il cherche à faire du bien !

LETTRE XXXVI
1837.

 Avoir la foi pour travailler sans être soutenus par une société ou garder sa vocation

. . . . Je suis fort en doute, si un jeune homme qui n'a pas encore atteint l'âge de majorité, fait bien de quitter sa vocation, même momentanément, pour travailler à l'oeuvre du Seigneur, sans avoir obtenu le consentement de ses parents. Au moins suis-je bien sûr qu'il aurait tort de le faire, sans avoir essayé de l'obtenir. Les démarches respectueuses à faire dans ce but me semblent tenir à l'honneur dû à père et à mère, et au respect dû à la loi civile, laquelle impose certaines obligations aux mineurs envers ceux de qui ils dépendent.

Je vois avec plaisir que vous avez l'intention de reprendre votre vocation au printemps ; car je désapprouverais hautement que vous la quittassiez. J'ai vu par plusieurs exemples assez tristes, dans quelle fâcheuse position se sont jetés, même des enfants de Dieu sincères, qui s'étant trompés sur leur appel, ont quitté leur vocation pour devenir évangélistes, et se sont trouvés ensuite n'être ni évangéliste, ni artisans ; car ils se sont mis dans une position où vraiment on ne savait plus que faire d'eux, vu qu'ils ne voulaient plus reprendre leur première vocation, et que d'un autre côté, ils n'avaient point assez de foi pour travailler sans être soutenus par une société qui, de son côté, n'avait point assez de confiance en eux pour les entretenir comme évangélistes.

Il faut que celui qui prétend avoir une pleine certitude que c'est la volonté du Seigneur qu'il quitte sa vocation manuelle pour travailler au règne de Dieu, ait aussi assez de foi pour aller en avant sans être soutenu par les hommes qui ne sont pas obligés de croire à sa vocation d'évangéliste. Quand je vois Paul, dont la vocation n'était pas douteuse, continuer à faire des tentes, et dire que ses mains ont suffi pour nourrir et lui et ceux qui étaient avec lui ; je me demande quel droit ont, de nos jours, des jeunes gens dont la vocation est bien moins certaine que celle de Paul, à vouloir se faire entretenir par des sociétés, et à laisser de côté leur vocation manuelle.

Tout ce qui paraît zèle, n'est pas toujours pur zèle ; et l'idée de quitter une position pénible pour le corps et humble selon le monde, pour en prendre une moins fatigante et qui donne aux yeux des chrétiens un certain relief, peut souvent entrer dans l'esprit, à l'insu même de celui qui tombe dans le piège.
Je vous dis ces choses, mon cher frère, par précaution, et au cas que la malheureuse idée de quitter votre métier vînt un jour aborder votre esprit. Si cela arrivait, j'espère que Dieu vous ferait la grâce de la repousser comme une tentation.

Si vous voulez être béni pour les autres pendant votre temps de colportage, faites ensorte d'être vous-même béni dans votre âme. Quand on est dans l'onction du Seigneur, et qu'on a non-seulement les paroles de vie à la bouche, mais encore la vie des paroles dans le coeur, ce qu'on dit produit un tout autre effet que quand on parle seulement par l'intelligence ; alors l'air et le ton en disent plus que les paroles. Ceux à qui l'on parle sentent que quelqu'un parle avec nous, et quelques paroles sortant de la bouche avec cette démonstration d'esprit et de puissance, font plus d'effet que les plus longs discours.

En général, tenez-vous en garde contre la multitude des paroles qui n'est point exempte de péché. - Quelques paroles réfléchies, graves, assaisonnées de sel avec grâce et arrosées de prières, entrent mieux que des paroles entassées les unes sur les autres sans réflexion.
Gardez-vous aussi de l'esprit de discussion, car il ne faut point que le serviteur du Seigneur aime à contester. Lorsqu'une discussion se prolonge, il est rare que l'amour-propre ne soit pas mis en jeu, et que l'âme ne finisse pas par se sentir desséchée. Attachez-vous bien plus à poser la vérité qu'a à combattre l'erreur.
Demandez aussi à Dieu de rester toujours dans l'esprit de douceur, « enseignant avec douceur ceux qui sont d'un sentiment contraire, afin de voir si Dieu ne leur donnera point la repentance pour connaître la vérité » (2 Tim. II, 25). L'Éternel se trouve dans le son doux et subtil, mais aussitôt qu'on blesse la charité, qu'on est dur ou tranchant, son Esprit est contristé, les coeurs sont fermés, et il n'y a plus rien à attendre de bon.

Un homme n'aurait pas perdu son temps, s'il avait seulement laissé à tous ceux avec lesquels il a parlé, l'impression d'une vraie douceur. Souvenez-vous que « le fruit de justice se sème en paix pour ceux qui s'adonnent à la paix. »

Tenez-vous aussi en garde contre l'orgueil. Ne répétez ni tout ce que vous dites, ni toutes les impressions que vous croyez avoir produites chez les autres. Hélas ! si l'on voulait parler de ce qu'on a dit mal a propos, aussi bien que de ce qu'on dit à propos ; aussi bien des moments de lâcheté, que des moments où l'ou a eu le courage de parler, on n'aurait pas des rapports bien brillants à faire aux sociétés par lesquelles on est employé. Quant aux impressions momentanées qu'on semble produire, elles sont souvent trompeuses.
Tous ceux qui versent des larmes ne sont pas convertis ; et quelquefois ce sont ceux qui ont l'air d'avoir à peine écouté ou qui ont contredit, qui reçoivent ensuite les impressions les plus durables. Je vous en prie, cher frère, faites votre oeuvre toujours le front dans la poussière ; faites-la entre Dieu et vous, comme si personne n'en savait rien : alors vous en recevrez de la récompense de votre Père qui est dans les cieux.

Que le Dieu qui habite avec les humbles pour les vivifier, soit avec vous.

Voire affectionné frère.

LETTRE XXXVII
1837.

Le tort de cacher sa maladie

Mon cher frère,
J'ai deux observations à vous faire au sujet de votre dernière lettre. Premièrement, quant à la maladie que le Seigneur vous a envoyée, il me semble que vous avez eu tort de la cacher. Je sais que, selon le monde, on a honte d'en être attaqué. Mais nous qui savons que tous les maux procèdent du commandement de l'Éternel, nous ne devons pas plus avoir honte de la galle que de la fièvre, puisqu'elles sont toutes deux envoyées par le Seigneur. Vous avez eu tort de cacher cette maladie, en second lieu, parce qu'en le faisant, vous pouviez exposer les personnes qui étaient en contact avec vous à la prendre, et que vous auriez commis un péché en la leur communiquant. Enfin, vous avez risqué votre santé en la faisant rentrer, car on a vu les suites les plus fâcheuses de ces humeurs ainsi rentrées ; et je vous conseille fortement de consulter un médecin sans tarder.

La seconde remarque que j'ai à vous faire, c'est sur le papier dont vous vous êtes servi pour m'écrire. C'est un papier lissé et doré sur tranche, et qui par conséquent doit coûter plus cher qu'un autre. Or, quelle bonne raison avez-vous devant le Seigneur, pour écrire sur ce papier plutôt que sur celui qui coûterait moins cher ? J'ai supposé que peut-être quelqu'un vous l'avait donné. Hé bien ! même dans ce cas-là, vous n'auriez pas dû vous en servir, parce que telle personne à laquelle vous écrirez pourrait se scandaliser de ce qu'un ouvrier écrit sur du papier doré sur tranche. Or, vous savez qu'il est écrit : « Soyez tels, que vous ne donniez scandale ni aux Juifs, ni aux Grecs, ni à l'Église de Dieu. »

O mon cher frère, vous qui êtes jeune et qui n'êtes pas endurci, gardez-vous de tout ce qui peut mettre votre âme dans un mauvais état. Souvenez-vous qu'il est écrit : « Bienheureux est l'homme qui se donne frayeur continuellement ; mais celui qui endurcit son coeur tombera dans la calamité. »
Gardez-vous des petites infidélités, et rendez votre conscience toujours plus scrupuleuse. Gardez-vous de vous reposer sur les répréhensions intérieures de l'Esprit, ou sur celles qui vous sont adressées par vos frères.
Gardez-vous de vous faire une habitude des exercices de la piété et de l'ouïe de la Parole, et de permettre que ces choses deviennent des formes qui ne mènent à aucune conséquence.
Gardez-vous d'être jamais dans le faux, soit vis-à-vis de Dieu, soit vis-à-vis des hommes, et d'avoir une piété de parade.
Gardez-vous de l'orgueil qui ferme le coeur à toute sensibilité.
Gardez-vous des interdits qui se tiennent à la porte du coeur pour en fermer l'accès à Celui qui voudrait y prendre place.

En un mot, souvenez-vous que la plus grande des calamités, c'est bien celle où mène l'endurcissement. Rien n'est plus déplorable que d'en être venu au point de ne pouvoir éprouver aucune impression profonde, ni de la Parole de Dieu, ni des événements, et d'être comme un paralytique qui sait qu'il devrait se remuer pour sortir d'un lieu où il est en danger, mais dont les membres ont perdu toute faculté de se mouvoir. On arrive là par des degrés insensibles, et par des choses qui, au commencement, paraissaient petites et peu propres à effrayer ; mais, comme le dit l'Écriture : « Celui qui est infidèle dans les petites choses, est aussi infidèle dans les grandes. »

Adieu, mon cher frère, que Dieu nous donne de continuer à prier les ans pour les autres, sans nous lasser; car il est écrit : « Il faut toujours prier et ne se relâcher point. »
Que la paix soit avec vous,

Votre affectionné frère.

LETTRE XXXVIII
Mars 1837.
(Fragment d'une lettre à un Juif converti.)

Confesser votre foi à vos parents

Monsieur et cher frère,
Votre lettre était faite pour m'intéresser vivement, et j'y aurais répondu plutôt, si je n'en eusse été empêché par mes occupations, ma mauvaise santé et le désir de consulter un frère, ministre du saint Évangile, qui demeure à quelque distance d'ici, et qui est un chrétien particulièrement droit et expérimenté. J'ai aussi parlé de votre cas à quelques-uns des amis du Seigneur, qui m'entourent, et qui usera de discrétion.

Bien des prières sont montées, et monteront encore en votre faveur au trône de Grâce, pour que vous ayez le courage de suivre le conseil que nous vous donnons, s'il est selon la vérité, comme nous le pensons.
Nous sommes tous d'accord pour vous conseiller de confesser votre foi à vos parents. Le malaise que vous éprouvez dans votre conscience, est déjà une preuve que l'Esprit de Dieu ne vous rend pas témoignage que vous faites bien en cachant à vos parents ce qui s'est passé en vous. Comme vous le dites vous-mêmes, dans votre lettre, « en leur faisant supposer votre fidélité constante aux croyances de vos pères, vous vous rendez coupable de fraude et d'hypocrisie. »

Votre correspondance avec eux, à moins qu'elle ne touche en quoi que ce soit au sujet de la religion, doit sur ce point-là vous amener nécessairement à des détours et à des réticences qui doivent mettre votre coeur mal à l'aise, et que le Seigneur ne peut approuver.

Il y a d'ailleurs une autre considération à vous présenter, c'est que la confession de votre changement, faite à vos parents, peut être l'unique occasion de faire connaître à ces âmes immortelles la doctrine de l'Évangile, comme une doctrine de vie et de salut.
Peut-être ne s'est-elle présentée à eux jusqu'à ce moment, que comme un système opposé à celui qu'ils ont reçu dès l'enfance, et qui heurte tous leurs préjugés.
Peut-être n'ont-ils, jamais compris qu'une âme qui est poursuivie par les menaces et les terreurs de la Loi, a besoin de chercher quelque part un refuge, et qu'elle trouve en Jésus, non pas un système, mais le pardon, la paix et la joie.

Cher frère, que de reproches vous auriez à vous faire, quand vos parents seraient retirés de ce monde, si vous leur aviez tû la seule chose qui pouvait sauver leur âme ! Job disait dans son affliction : « Ma consolation, c'est que je n'ai point tû les paroles du Saint. » David disait : « J'annoncerai ton nom à mes frères, et je te louerai au milieu de l'assemblée. » Jésus-Christ disait à ceux qu'Il avait guéris. « Va, retourne vers les tiens, et raconte-leur les grandes choses que le Seigneur a faites pour toi. »

Dans l'Évangile selon saint Jean, chap. 1er, depuis le v 40 au 49, nous voyons que ceux qui ont trouvé Jésus, l'annoncent à leurs parents et à leurs amis, dès qu'ils les rencontrent. Nous voyons dans ces versets que Nathanaël qui, au premier abord, repoussa, Philippe, et parut tout-à-fait prévenu contre Jésus, finit par se décider à aller a Lui, et qu'en le voyant, il fut amené à la foi. Lisez aussi les v. 13 et 14 du chap. 10 des Romains, qui fondent sur un raisonnement si simple. et si concluant la nécessité de parler de Jésus aux âmes, pour qu'elles soient sauvées.

Vous me direz peut-être qu'il n'y a aucune probabilité que vos parents surmontent tous les préjugés qui les éloignent de Jésus pour venir à croire en Lui, et que c'est un miracle auquel vous ne devez pas vous attendre.
Et pourquoi pas, cher frère ? Il est écrit : Rien n'est impossible à Dieu ; et Il fait miséricorde à qui Il veut, Il a pitié de qui Il veut. Lui serait-il plus difficile de toucher le coeur de vos parents qu'il ne lui a été de toucher le vôtre ? N'est-il pas écrit qu'Il fait avec des pierres des enfants à Abraham ? Était-il bien probable que, le jour de la première Pentecôte, Pierre serait écouté des Juifs qui avaient crucifié Jésus cinquante jours auparavant, et auxquels il l'annonçait comme ressuscité, et comme étant fait Seigneur et Christ ?

Lisez avec attention le chap. 2 des Actes depuis le v. 13 au 41, et reprenez bon courage, vous souvenant que « la main de l'Éternel n'est pas raccourcie, tellement qu'Il ne puisse pas délivrer. »

LETTRE XXXIX
1837.

13 conseils pour la formation d'une Église

Cher frère,

Quant à votre position sous le rapport de la formation d'une Église, voici quelques petits conseils que je crois conformes à la Parole, et que je prie le Seigneur de bénir pour vous.

Dans vos procédés, montrez tout amour et tout respect pour notre frère Il les mérite, et son coeur sera soulagé quand il verra que la différence de vos convictions n'altère en rien les sentiments que vous avez pour lui.

Agissez envers lui et envers les autres chrétiens qui ne seraient pas dans les mêmes vues que vous, en toute franchise, leur disant tout ouvertement quelles sont vos convictions, et comment vous allez agir. On se blesse beaucoup moins des choses qu'on vous a dites tout ouvertement, que de celles dont on a voulu nous faire un mystère et que nous n'apprenons qu'indirectement. Quelquefois la crainte d'une lutte avec un homme qu'on respecte, empêche de s'ouvrir à lui sur des choses qu'on sait qu'il désapprouve. Mais les désagréments d'une discussion ne sont pas à comparer avec l'espèce de froid et de malaise réciproques, qui naissent d'un manque d'explication franche.

Quelque respect et quelque affection que vous ayez pour Mr. .... ou pour tel autre frère, ne vous laissez pourtant jamais aller à marcher pour l'amour d'eux dans des voies qui ne seraient pas en harmonie avec les convictions que la Parole vous a données. Nos frères sont quelquefois sans s'en douter, un moyen que l'ennemi emploie pour nous faire perdre du temps, sous prétexte des ménagements de la charité. Il vaut mieux faire tôt que tard, ce qui nécessairement doit se faire un jour. Aujourd'hui est toujours le temps favorable.

Tenez-vous en garde contre les demi-mesures et les concessions. Il y a des personnes qui, lorsqu'elles ne peuvent pas nous empêcher de suivre complètement de certaines convictions qu'elles combattent, tâchent quelquefois de nous retenir sur un terrain mitoyen, qui n'est pas celui de la Parole, et sur lequel on ne peut nullement jouir des bénédictions attachées à une marche simple et franche. Il faut se donner beaucoup de peine pour marcher dans une voie mitigée, parce qu'on cherche à faire allier des choses incompatibles. La conscience y est mal à l'aise, parce qu'on a le sentiment qu'on biaise, et qu'on ne suit pas franchement ses convictions. Les coeurs y sont mal à l'aise, parce que malgré les concessions, l'on n'est jamais content les uns des autres. Ceux qui cèdent trouvent qu'on leur fait trop céder, ceux auxquels on cède tâchent au contraire de faire céder toujours davantage. Les pieds y sont aussi mal à l'aise, parce qu'ils sont dans des entraves, et qu'on ne marche pas facilement un pied dans un chemin et un pied dans un autre. Mais souvenez-vous qu'on est toujours dans le fond ou national ou séparé. Ou bien l'on admet que l'Église se compose de tous ceux qui ont été baptisés, ou bien l'on admet qu'elle se compose de tous ceux qui paraissent nés de Dieu ; c'est là le point de départ des deux systèmes d'Église ; et quand on ne peut pas s'accorder sur le principe, il est impossible de s'accorder sur une foule de détails qui en sont la conséquence.

Je vous conseille de ne faire aucun règlement quelconque pour votre petite Église, mais de poser la Bible ouverte sur votre table et de déclarer qu'elle est votre seule règle en fait de doctrines, de morale et d'institutions. Vous irez de jour en jour, selon que Dieu vous manifestera la vérité par sa Parole de vérité et par son Esprit de vérité. Ne discutez jamais sur ce que vous feriez dans certains cas particuliers, avant que ces cas se présentent. Quand le cas est là, Dieu donne ordinairement une lumière qui ne nous est point accordée quand nous nous occupons par supposition de cas qui peuvent arriver. J'ai connu des frères qui perdaient beaucoup de temps à discuter ainsi sur des cas seulement possibles : À chaque jour suffit sa peine, le lendemain se souciera de ce qui le regarde. »

Sur la question de savoir si vous ne devez pourtant pas, avant de vous réunir, voir si vous vous entendez quant aux principes généraux qui tiennent à la composition d'une Église, je vous dirai qu'en effet cela est nécessaire, afin de savoir si vous pouvez marcher d'accord. Or, voici ce que je vois dans la Parole, être les principes constitutifs d'une Église :

a) Elle se sépare du monde, c'est-à-dire de tout ce qui paraît n'être pas né de Dieu (Act. II, 40 ; Act. XIX, 9 ; Rom. XVI, 17 ; 1 Cor. V, 8-13 ; 2 Cor. VI, 14-18 ; 1 Jean V, 19).

b) Elle reçoit dans son sein et par conséquent admet à la cène tout ce qui paraît né de Dieu et qui veut vivre selon les ordonnances du Seigneur (Rom. XIV, 1 ; Rom. XV, 1, 2, 3 ; 1 Cor. I, 10 à 13 ; Ephés. IV, 3-7 ; 1 Thess. V, 14).

c) Elle ne reçoit pour toute règle de conduite en toutes choses que la Parole de Dieu (1 Tim. III, 14, 15 ; 2 Tim. III, 16 et 17 ; Coloss. II, 22 ; Esaïe VIII, 20 ; Jean XVI, 13 ; Jean XVII, 17 ; 1 Cor. II, 2 et XIV, 36-40).

Gardez-vous de l'esprit de délibération. Il arrive quelquefois dans le commencement d'une Église, qu'entraîné par la nécessité de délibérer sur certaines choses, on prend la manie des discussions, qui tuent la vie et qui jettent dans le formalisme, en nuisant même quelquefois a la charité par l'importance que chacun met à soutenir son opinion. Souvenez-vous qu'une Église est bien plus une assemblée d'édification qu'une assemblée de délibération.

Néanmoins que tout se fasse dans vos réunions, avec ordre et avec bienséance, sans raideur et sans formalisme. Que l'ordre et la gravité y président, et veillez à ce qu'on ne puisse à aucun degré vous appliquer le v. 23 (comparé avec le v. 11 du chap. 14 de la première aux Corinthiens.

Méditez aussi les v. 29 à 35 du même chapitre. Sous aucun prétexte, ne permettez. que les femmes parlent dans les assemblées, cela est expressément défendu par la Parole. Quand il y a une délibération, il faut leur laisser le temps de communiquer leur avis par écrit ou en le disant en particulier à l'un des frères.

Quand vous aurez des cas embarrassants, ne vous pressez jamais : « Celui qui croira ne se hâtera point. » « Celui qui se hâte de ses pieds s'égare. » Il faut être comme les Israélites qui campaient et décampaient au commandement de l'Éternel, et qui ne partaient jamais que lorsque la nuée se levait.
Si l'on sait prier et attendre, ou trouve toujours à la fin une issue : « L'Éternel est bon à ceux qui s'attendent à Lui, à l'âme qui le recherche : » « Il n'a point dit à la maison d'Israël : Cherchez-moi en vain : » « A celui qui prend garde à sa voie, je montrerai la délivrance : » « Qui est l'homme qui craint l'Éternel ? l'Éternel lui enseignera le chemin qu'il doit choisir. »

Dans les cas pressants, il faut d'autant plus insister en prières, et redoubler les supplications pour que l'Éternel hâte son oeuvre.

10°
N'agissez jamais sans être pleinement persuadés en vos coeurs ; on ne fait avec bénédiction que ce qu'on fait avec foi (Rom. XIV, 5, 23). Il vaut mieux rester dans le doute, que de faire des démarches précipitées dont on ne peut pas se rendre raison par la Parole, et dont on se repent ensuite, ou dans lesquelles on ne persévère que par entêtement.

11°
Évitez tout ce qui sent l'esprit de parti ou de coterie. Aimez tout ce qui est né de Dieu, et montrez-le dans vos relations particulières.
Évitez en parlant de l'Église, tous les termes qui peuvent la représenter comme une société que vous avez formée selon vos vues particulières, et qui est votre société.
Évitez de dire : Notre Église, ou l'Église séparée. Dites : l'Église qui s'assemble à tel endroit, ou l'Église à laquelle nous appartenons. Donnez à connaître que c'est Dieu qui forme l'Église, en convertissant les âmes à Christ et en les rassemblant autour des ordonnances de sa Parole.

Faites connaître que c'est le devoir et le privilège de tout ce qui est né de Dieu d'en faire partie, et que vous n'avez ni Église à vous, ni Cène à vous, mais que c'est l'Église et la Cène du Seigneur.

12°
Gardez-vous bien d'avoir dans l'Église deux poids et deux mesures; d'avoir en quelque sorte des membres membres, et des membres non membres ; des membres qui s'assujettissent à la surveillance, et des membres qui ne s'y assujettissent pas.
Où voit-on dans la Parole la moindre trace de ces distinctions entre des gens qui sont membres de l'Église et y prennent la Cène, et des gens de la même localité qui y prennent la Cène sans en être membres, sans s'assujettir à ses institutions, et sans faire valoir au milieu d'elle les dons qu'ils ont reçus ?

13°
Enfin, soyez discrets sur ce qui regarde les affaires intérieures de l'Église, une fois qu'elle sera constituée. Une Église est une famille dans les secrets de laquelle les gens qui lui sont étrangers ne doivent pas être initiés. Ne parlez pas sans nécessité devant eux de ce qui se passe dans l'Église ; parce que dans un grand nombre de cas ils n'y comprendraient rien, et par là même ils se scandaliseraient peut-être de choses qui sont conformes à la Parole.

Voilà ce que j'ai cru être le plus utile à vous dire pour le moment. Que le Seigneur vous fasse marcher dans un esprit de paix et d'amour. Que vous soyez sel de la terre et lumière an monde. Ce n'est pas par les discussions avec ceux du dehors que l'Église s'augmente, mais par l'odeur de vie qu'elle répand autour d'elle. Quand les Églises marchent dans la crainte du Seigneur, elles sont multipliées par la consolation du saint-Esprit. Act. IX, 31.


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