Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE  (Jean 17.17)
Cela me suffit...
REGARD
Bibliothèque chrétienne online
EXAMINEZ toutes choses... RETENEZ CE QUI EST BON
- 1Thess. 5: 21 -
(Notre confession de foi: ici)
Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE
(Jean 17.17)
Cela me suffit...



Oeuvres posthume de A. Rochat
Ministre du Saint Évangile

LETTRE XXVIII
1836.

 On n'est pas droit quand on...

Mon cher frère,
Que la paix vous soit au nom du Seigneur ainsi qu'à toute l'église que je salue affectueusement par vous, en lui envoyant pour passage de la semaine : Prov. II, 7. « L'Éternel réserve à ceux qui sont droits un état permanent, et il est le bouclier de ceux qui marchent dans l'intégrité. »

Voici quelques réflexions sur ces paroles. La droiture et l'intégrité consistent en deux choses. Premièrement à se montrer tel qu'on est devant Dieu et devant les hommes. Secondement, à désirer sincèrement connaître et faire toute la volonté de Dieu.

On n'est pas droit quand on cache ses transgressions, ou qu'on veut paraître ce qu'on n'est pas. On n'est pas droit non plus quand on cherche à se faire illusion sur ses péchés ; quand on emploie toutes sortes de prétextes et de faux raisonnements pour éviter de connaître ou de faire la volonté de Dieu dans certains points particuliers. On n'est pas droit quand on a l'air de désirer une chose, tandis qu'on en désire une autre ; quand on a l'air de parler dans une certaine intention, tandis qu'on parle dans une autre. On n'est pas droit quand on dit, quand on pense, ou quand on fait en secret des choses qu'on serait bien fâché qui vinssent à être connues.

Dieu réserve pour ceux qui sont droits un état permanent, c'est-à-dire durable. Et d'abord un état durable de paix. C'est le manque de droiture qui trouble le plus souvent notre paix ; car il y a une grande paix pour ceux qui aiment la loi de Dieu, et rien ne peut les ébranler. Il est dit ailleurs que « la lumière est semée pour le juste, et la joie pour ceux qui sont droits de coeur. » « Le juste n'a peur d'aucun mauvais rapport, son coeur est ferme, bien appuyé sur l'Éternel, et il ne craint d'être découvert et manifesté comme un hypocrite, ni par le Seigneur, ni par les hommes. Son coeur ne le condamne point, et il a une grande confiance devant Dieu.

Secondement, Dieu réserve à ceux qui sont droits un état permanent de foi. Il est dit : « Gardant la foi avec une bonne conscience, à laquelle quelques-uns ayant renoncé, ont fait naufrage quant à la foi. » Ceux qui l'ont abandonnée pour rentrer dans le monde et sous l'empire de Satan, ont toujours commencé par avoir secrètement quelque manque de droiture, et par se laisser amorcer par quelqu'une des convoitises de la chair qu'ils nourrissaient en secret.
Lorsqu'on ne tient pas sa conscience nette devant Dieu, elle s'embarrasse toujours davantage. On n'ose plus prier, on reste sans défense entre les mains de l'ennemi ; et souvent pour éviter le malaise que lui causent les vérités de la foi qui le condamnent, l'homme rejette la foi, et retourne au monde et à son incrédulité. Si nous comprenions bien à quoi peut nous mener un seul manque de droiture que nous ne combattons pas, nous en frémirions.

Troisièmement, Dieu réserve à ceux qui sont droits un état permanent dans leurs entreprises. Tout ce qui n'est pas entrepris et fait avec droiture de coeur finit par crouler ; mais les plus faibles commencements, accompagnés d'une intention droite, prospèrent sous la bénédiction de l'Éternel.

Enfin, Dieu réserve à ceux qui sont droits de coeur un état permanent, en ce qu'il leur réserve la vie éternelle. « Celui qui marche en intégrité sera sauvé ; mais le pervers qui marche par deux chemins tombera tout-à-coup. » Et quelquefois Dieu manifeste déjà dans ce monde ceux qui ne sont pas droits de coeur. Mais lors même qu'ils pourraient se cacher jusqu'à la fin, ils seront découverts au jour où Dieu manifestera les desseins des coeurs, mettra en évidence les choses cachées dans les ténèbres, et rendra à chacun sa louange. Alors les maisons fondées sur le sable crouleront et leur ruine sera grande. Les fausses piétés s'évanouiront, les coeurs doubles seront couverts de confusion, et Dieu fera jeter le serviteur hypocrite dans les ténèbres de dehors, là où il y a des pleurs et des grincements de dents. Mais celui qui aura servi Dieu droitement, ne sera point confus à l'avènement du Seigneur qui le reconnaîtra pour sien, et qui Lui donnera un état permanent de paix et de joie dans son royaume éternel.

Il est dit que « l'Éternel est le bouclier de ceux qui marchent dans l'intégrité, » c'est-à-dire qu'il les protège, et contre les tentations de Satan, et contre les attaques de leurs ennemis extérieurs. Dieu ne défend pas contre les tentations, ceux qui ne veulent résister qu'à certaines tentations et qui veulent céder à d'autres. Dieu ne défend pas contre les attaques de l'ennemi, ceux qui ne combattent pas d'un coeur droit. Mais au contraire, il est dit que « les yeux de l'Éternel se promènent çà et là par toute la terre, afin de se montrer puissant en faveur de ceux qui sont d'un coeur droit envers lui. » Si donc nous nous sentons droits de coeur, ne craignons personne ; car « Dieu est pour nous, et s'il est pour nous, qui sera contre nous ? »

Il est donc essentiel, mes chers amis, de rechercher la droiture, comme Dieu nous y exhorte dans sa Parole ; de sonder souvent nos voies, pour voir si elles ne sont pas des voies détournées ; et de dire souvent à Dieu avec David : « que l'intégrité et la droiture me gardent ; rends-moi intègre dans tes statuts, afin que je ne rougisse point de honte. »

Un des plus sûrs moyens de se maintenir dans la droiture c'est, d'un côté, de penser souvent au jour où les desseins des coeurs seront manifestés, et où la confusion de l'hypocrite sera épouvantable ; et de l'autre, de se tenir fortement attaché à la grâce de Dieu. La peur fait mentir, et au contraire, rien ne rend vrai comme l'assurance qu'on peut s'approcher de Dieu en confiance, tel qu'on est, avec toutes ses misères et tous ses péchés. De plus, le manque de droiture à l'égard des commandements de Dieu vient souvent de ce qu'on se les représente difficiles à observer. Alors il semble que ce serait autant de gagné, si l'on pouvait en esquiver tel ou tel. C'est là l'esprit de l'esclave ; mais le Fils qui sait que son Père ne Lui commande rien que pour son bien, et que son Père veut Lui donner d'accomplir avec amour et par inclination tout ce qu'Il Lui commande ; ce Fils demande avec courage et sincérité à son Dieu de Lui donner un coeur nouveau, et de le transformer par le renouvellement de son entendement, afin qu'il puisse éprouver quelle est la volonté de Dieu bonne, agréable, et parfaite.

En un mot, le plus sûr moyen de ne pas chercher à éluder les commandements de Dieu, c'est de les regarder moins, comme des commandements, que comme des promesses et des grâces précieuses que Dieu veut accomplir en nous ; de croire que Dieu nous rendra heureux en les observant, et qu'ainsi son joug sera aisé et son fardeau léger.

Je souhaite, mes chers amis, que ces réflexions vous soient utiles, et que nous nous accordions tous ensemble pour demander à Dieu la droiture.

Je voudrais aussi que dans toutes les Églises du Seigneur, on fit des prières pour la manifestation des hypocrites, s'il y en a, afin qu'ils fussent ôtés du milieu d'elles. Ces prières, fréquemment répétées, seraient propres à effrayer ceux qui auraient encore une conscience, et à les réveiller. Et quant à ceux qui seraient décidément des hypocrites enracinés, on peut espérer qu'elles amèneraient leur manifestation et leur exclusion, ce qui serait un grand bien, puisqu'ils sont un interdit au milieu du peuple de Dieu.

LETTRE XXIX
1836.

Toutes les choses faites à demi à l'égard de Dieu, ne valent rien.

Chère soeur,
L'époque de votre délivrance approche, si toutefois elle n'est pas déjà arrivée ; et mon coeur ne vous oublie pas. Je vous remets à Celui qui est appelé dans l'Écriture, le Dieu de notre délivrance ; » et qui dit, dans sa Parole « C'est moi qui fais enfanter. » Qu'il vous soit donné de vous abandonner à Lui, avec une confiance d'enfant, et de pouvoir dire par l'Esprit : « Quoi qu'il en soit, mon âme se repose en Dieu ; c'est de Lui que vient ma délivrance. Mon âme demeure tranquille, regardant à Dieu, car mon attente est en Lui. » (Ps. LXII, 1, 5).

Pour être dans cet heureux état, il faut deux choses, chère soeur : se défaire de tout interdit, et laisser de côté toute propre justice. Si l'on ne vide pas son coeur à fond devant Dieu ; si on laisse au fond de l'âme quelque chose qui n'est pas tiré au clair ; si l'on cherche encore des excuses ou des justifications pour certains péchés ; si l'on ne passe pas franchement condamnation sur tout ; si le coeur est encore raide, orgueilleux, et ne veut pas s'humilier devant Dieu et devant les hommes ; en un mot, si l'on ne s'est pas mis tout-à-fait au large devant Dieu, par une entière franchise, et en consentant à devenir entre ses mains tout ce qu'il voudra nous faire devenir ; s'il y a vis-à-vis de Lui de secrètes réserves, on ne peut pas se confier en Lui avec abandon ; car comment reposerait-on sa tête avec confiance sur le sein de quelqu'un, quand on sait qu'il peut nous dire : Tu n'es pas droit devant moi ; tu gardes volontairement mes ennemis dans ton coeur, et je ne puis pas me fier à toi. Jamais un coeur qui n'est pas sincère et humilié, ne peut goûter la douceur de la confiance en Dieu. Aussi est-il écrit : « Confie-toi en l'Éternel, et fais ce qui est bon. » David disait : « J'ai espéré en ta délivrance, et j'ai fait tes commandements. » - D'un autre côté, si quand on sent véritablement sa misère, on a peur d'aller à Jésus, comme s'Il voulait nous rejeter à cause de nos péchés ; si on se laisse arrêter par l'idée qu'on n'a pas assez de repentance, pas assez d'humiliation, pas assez de foi pour qu'Il nous reçoive ; en un mot, si l'on se figure qu'Il nous demande quelque chose pour consentir à être notre Sauveur ; on sent son coeur retenu et comme glacé par la crainte, et l'on ne peut pas se jeter avec confiance dans ses bras, puisqu'on s'attend à ce qu'Il va nous repousser en nous faisant de justes reproches.

Hélas ! chère soeur, quel sauveur que celui que Satan nous représente quelquefois, et qu'il met à la place du Sauveur véritable ! Quel sauveur que celui qui ne veut pas me recevoir tel que je suis, avec toute ma misère, toute ma dureté, toute mon incrédulité ! Quel sauveur que celui qui exige que je lui apporte quelque chose, pour qu'il veuille me donner ce dont j'ai besoin !

Quel sauveur, en un mot, que celui qui ne me sauve pas en me pardonnant toits mes péchés, et guérissant toutes mes infirmités ! Ah ! ce n'est pas là le Sauveur de la Bible ; Celui qui est appelé un puissant Sauveur ; Celui qui « sauve a plein tous ceux qui s'approchent de Dieu par Lui ; « Celui qui a dit : « Quelque péché et quelque blasphème que les hommes aient commis, il peut leur être pardonné ; » Celui qui a dit à la femme de mauvaise vie : « Va-t-en en paix, ta foi t'a sauvée, tes péchés te sont pardonnés, » et à la femme surprise en adultère : « Je ne te condamne point non plus, va et ne pèche plus à l'avenir. » Le sauveur qui repousse, n'est certainement pas celui de l'Évangile, qui a dit : « J'attirerai tous les hommes à moi. » « Je ne suis pas venu pour faire périr les âmes des hommes, mais pour les sauver : »

« Je suis venu chercher et sauver ce qui était perdu. » « Venez à moi, vous tous qui êtes travaillés et chargés, et je vous soulagerai. »
Le sauveur qui demande qu'on lui apporte quelque chose, n'est sûrement pas celui qui dit : « Si quelqu'un a soif, qu'il vienne à moi et qu'il boive. » « 0 ! vous tous qui êtes altérés, venez aux eaux, et vous, qui n'avez point d'argent, venez, achetez et mangez, sans aucun prix. »

Le vrai Jésus envoie ses serviteurs sur les chemins, pour presser tous ceux qu'ils rencontrent, tant mauvais que bons, d'entrer dans la salle du festin, en leur disant : « Tout est prêt, venez aux noces. » Il ne demande qu'une chose à ceux qui viennent à Lui, c'est d'être sincères avec Lui ; de Lui montrer toutes leurs plaies, et de s'abandonner à Lui, pour qu'Il les guérisse. À ces conditions, toute âme est bien reçue, soit qu'elle vienne à Lui pour la première fois, soit qu'elle retourne à Lui après l'avoir abandonné. »

Ce que je vous dis-là est la pure vérité ; car c'est la Parole de Dieu qui le dit. Par conséquent, il ne tient qu'à vous de vous mettre devant Dieu, dans cet heureux état de liberté et de paix, où vous pourrez dire avec une entière assurance : « Je sais que Dieu est pour moi : » « L'Éternel est ma lumière et ma délivrance, de qui aurais-je peur ; l'Éternel est la force de ma vie, de qui aurais-je frayeur ? »

Chère soeur, je vous en supplie, profitez de l'heureux privilège que vous avez en Christ, de vous approcher de Dieu avec une confiance pleine et parfaite. Ne vous contentez pas avec Dieu d'une espèce de demi-paix, de demi-réconciliation, de demi-confiance. Il faut aller jusqu'au trône de la Grâce ; il faut, comme la femme malade, toucher Jésus ; il faut, comme l'enfant prodigue, arriver jusque dans les bras du Père ; il faut, comme l'épouse du cantique, dire : « Je l'ai pris, et je ne le lâcherai point que je ne l'aie amené dans la maison de ma mère, et dans la chambre de celle qui m'a conçue.  Il faut pouvoir dire avec elle : « Je suis à mon bien-aimé, et mon bien-aimé est à moi. »

Toutes les choses faites à demi à l'égard de Dieu, ne valent rien. Il faut, si je peux m'exprimer ainsi, mettre son compte au net avec Lui, et continuer à le tenir au net jour par jour, et heure par heure. Il faut aspirer à avoir au-dessus de sa tête un ciel sans nuage, où brille ce soleil de justice qui porte la santé dans ses rayons. En un mot, il faut savoir à quoi on en est avec Dieu, et rien n'est plus facile, quand on est sincère. Tout ce qui est vague, incertain, confus, ne donne aucune paix véritable.

Que Dieu vous donne, ma chère soeur, qu'ayant mis votre âme bien en paix avec votre Dieu, vous puissiez à l'époque de vos couches, vous remettre entre ses bras avec un entier abandon, et Lui dire : « Fais de moi ce que bon te semblera. Je remets mon corps et mon esprit entre tes mains, car tu m'as rachetée ; et je suis assurée que rien ne pourra me séparer de ton amour. Je suis à Toi, à la vie et à la mort. »

Chère soeur, soyez ainsi heureuse, le Seigneur le désire, le Seigneur le veut, le Seigneur vous le commande ; et Il vous dit : « Réjouissez-vous toujours en notre Seigneur. Ne vous inquiétez de rien ; mais en toutes choses, présentez vos demandes à Dieu par des prières et des supplications, avec des actions de grâces ; et la paix de Dieu, laquelle passe toute intelligence, gardera vos corps et vos esprits en Jésus-Christ. »

Que toutes ces choses s'accomplissent en vous et par la puissance de l'Esprit ! Que vous puissiez dire avec Jacob : « J'ai vu Dieu, face à face, et mon âme a été délivrée. » Qu'à votre égard s'accomplisse cette Parole de Jésus : « Dès qu'une femme est accouchée d'un enfant, elle ne se souvient plus de son travail, dans la joie qu'elle a de ce qu'un homme est né dans le monde. » Que l'enfant que vous mettrez au monde soit béni, et que si le Seigneur le conserve, il devienne pour vous un sujet de joie. Que le Seigneur pose sa main sur vos deux autres enfants ; qu'il prenne soin de votre ménage, pendant que vous serez au lit; qu'Il bénisse votre mari que je salue affectueusement. Qu'Il lui donne de connaître le bonheur qu'on trouve auprès de Jésus, et qu'Il vous donne à vous-même d'être à son égard douce, prévenante, respectueuse, car il est écrit : « Que la femme respecte son mari. »

Chère soeur, ce ne sont pas des voeux jetés en l'air, ce sont des voeux que je forme du fond de mon coeur, et qui se réaliseront, si nous les plaçons avec foi entre les mains de notre Intercesseur qui prie pour nous, et à qui tout pouvoir est donné, dans les cieux et sur la terre.

LETTRE XXX
1836.

Écoutez et pesez tout ce que vous entendez dire, mais ne mettez pas vos coeurs à toute parole qu'on dira.

Mes chères soeurs.
Je vous recommande aussi, en général, que tout en écoutant et pesant les conseils de tous, vous ne vous rendiez esclaves d'aucun homme ; que vous jugiez de tout par vous-mêmes, en examinant toute chose avec prière et à la lumière de la Parole, et ne retenant que ce qui vous paraîtra bon. Que l'idée de l'éloignement où vous êtes de votre pays et du besoin que vous avez de ceux qui sont autour de vous, ne vous engage jamais à faire quelque chose par fausse complaisance pour les hommes, en péchant contre les lumières de votre conscience.
Souvenez-vous toujours que s'il y avait à choisir, il vaudrait mieux perdre la protection de tous les hommes, et conserver celle du Tout-Puissant. Si Dieu est pour vous, qui sera contre vous ? Les yeux de l'Éternel ne se promènent-ils pas çà et là sur toute la terre, pour se montrer puissant en faveur de ceux qui sont d'un coeur droit envers Lui ?

Un des moyens de conserver votre indépendance, c'est de suivre le conseil que je vous ai donné, savoir de chercher à gagner, par vous-mêmes, votre subsistance, surtout dans les commencements. On devient facilement dépendant de ceux desquels l'on reçoit sa subsistance, et même les meilleurs d'entre les chrétiens sont portés à croire qu'ils acquièrent de certains droits sur ceux à l'entretien desquels ils fournissent. Souvenez-vous souvent de l'exemple que Paul avait donné à cet égard, et qu'il laissait comme un modèle aux pasteurs de l'Église d'Éphèse, et qui doit l'être proportionnellement aux personnes et aux circonstances, pour tous les temps et pour tous les lieux. Vous trouverez le passage auquel je fais allusion : Act. XX, 33-36. Joignez-y : 2 Thess. III, 8-10 ; 1 Thess. IV, 11, 12, et Ephés. IV, 28 .
En agissant dans l'esprit de ces passages vous conserverez votre indépendance, et vous vous mettrez en bonne réputation vis-à-vis de ceux de dehors. Du reste, en vous exhortant à conserver votre indépendance, je ne veux point vous jeter dans un esprit de raideur, ni dans une orgueilleuse crainte de recevoir quelque chose des autres. Il faut se rendre dépendant dans toutes les choses où l'on sacrifie ce qui est. à soi, et non pas ce qui est au Seigneur. Il faut se rendre indépendant, non par une orgueilleuse crainte de dépendre des autres, mais par la crainte de leur être à charge ou de lier sa conscience. C'est l'esprit du passage : « Soumettez-vous les uns aux autres dans la crainte de Dieu. » La crainte de Dieu est le motif et la limite de la soumission respective des chrétiens les uns vis-à-vis des autres. À cet égard, personne ne peut entrer dans des règles de détail qui prévoient tous les cas possibles. Je m'en remets à la sagesse du Seigneur, pour vous diriger dans les cas particuliers. Il a promis de nous guider de l'oeil, et il le fera si notre oeil est simple et que nous le consultions avec droiture.

Une chose contre laquelle j'ai aussi à vous précautionner, c'est contre la précipitation dans les jugements, soit à l'égard des hommes, soit à l'égard des choses. On peut dire que dans ce monde rien n'est si bon, et rien n'est si mauvais qu'il le paraît au premier abord. Souvent les choses se présentent à nous sous un premier aspect qui est tout différent de celui qu'elles prennent, lorsqu'on les a examinées de près. Pour ne pas commettre de graves erreurs, il faut, si je puis m'exprimer ainsi, tourner une chose en tous sens et de tous les côtés, avant de fixer son jugement. Il faut consulter, écouter, attendre, réfléchir et prier, avant de se décider ; et en général, se souvenir qu'il est écrit : « Celui qui croira ne se hâtera point ; » et ailleurs : « Balance le chemin de tes pieds, et ne t'écarte ni à droite, ni à gauche. »

Les chrétiens jeunes et sans expérience, ou ceux qui ont beaucoup d'imagination, sont portés à saisir les premières apparences qui souvent sont trompeuses, et à s'écrier : Quelle direction admirable ! C'est là sûrement la voix de Dieu ! C'est là sûrement où Dieu me veut, etc., etc.
Ils ne savent pas que, par une ruse de l'ennemi ou parce que l'Éternel est un Dieu fort qui se cache et dont les voies sont profondes, il se présente souvent à nous des entrées de route qui paraissent belles et attrayantes, et qui cependant nous conduisent, au bout de quelques pas, dans un sentier obscur et pénible, où nous sommes obligés de rebrousser, en disant : Ce n'est pas ici le chemin. Il en est de même des hommes. Tous ceux qui se présentent à nous même parmi les chrétiens, avec des apparences aimables et attrayantes, ne sont pas toujours les hommes les plus sûrs ; tout comme il ne faut pas dans tous les cas se laisser rebuter par les dehors moins attrayants de quelques hommes dont le fond vaut mieux que la forme, et qui tiennent plus qu'ils ne promettent. Croyez-moi, chères soeurs, ne négligez pas cette instruction. Si à mon âge je me sens encore exposé à me laisser prendre aux apparences qui m'ont si souvent trompé, et à être trop précipité dans mes jugements ; combien plus cela ne peut-il pas vous arriver à vous qui êtes plus jeunes, et d'un sexe dont l'imagination est en général plus mobile. Que le Seigneur vous donne un esprit de sens rassis ; qu'il vous rende simples quant au mal, et prudentes quant au bien.

Je vous répète aussi l'avis que je vous donnai le jour de votre départ, c'est de vous tenir en garde contre l'esprit de système qui enfle, si je puis m'exprimer ainsi , tout une partie de la Parole, pour la faire ressortir et lui donner une haute importance, aux dépens de la partie qui en fait le contre-poids et dont on affaiblit la force autant qu'on le peut. Gardez-vous de cet esprit-là, qui commence à déborder dans la chrétienté. Soyez des chrétiennes de toute la Parole ; laissez à chaque passage sa force ; ne vous embarrassez pas des apparentes contradictions qui peuvent se trouver dans les saintes Écritures entre différentes classes de passages. Ces apparentes contradictions qui peuvent embarrasser l'esprit qui veut saisir un système, n'embarrasseront jamais celui qui veut marcher au lieu de raisonner. Ces passages en apparence opposés sont, dans le fond, les deux béquilles d'un boiteux, les deux barrières d'un pont, les deux côtés d'une voûte qui s'affermissent l'un l'autre en s'appuyant l'un contre l'autre. Si ceux qui exaltent une partie de la Parole aux dépens de l'autre, y réfléchissaient sérieusement, Ils seraient effrayés de penser qu'ils pèchent réellement contre l'esprit de ce passage : « Tu n'y ajouteras rien, et tu n'en diminueras rien. »

Ne vous laissez pas éblouir par certaines apparences d'une sainteté extraordinaire, à laquelle on a l'air de parvenir en quelque sorte d'un saut, par le moyen de quelqu'un de ces systèmes. Tout ce qui brille n'est pas or, et il faut que le feu éprouve toute chose pour qu'on en juge.

Je me servirai d'une comparaison pour vous expliquer ces espèces de jets si rapides en sainteté apparente, que font pousser certains systèmes. Si l'on renferme un arbre ou des plantes dans une serre chaude, il est reconnu qu'on peut obtenir des fruits précoces, et hâter la maturité ; mais il est reconnu aussi que ces fruits hâtifs ont peu de saveur, et que les arbres qui les ont donnés périssent bientôt, parce qu'on en a forcé la sève. « À chaque chose son temps et sa saison » dit l'Écriture. L'arbre qui est planté près des ruisseaux d'eau, rend son fruit en sa saison, et aussi son feuillage ne se flétrit jamais Il faut être aveuglé, pour ne pas voir que, d'après tout l'esprit de la Parole de Dieu, la sanctification est une oeuvre graduelle et souvent lente, qui se fait au milieu de beaucoup de combats, de chutes et de relèvements ; et cela pour la gloire de Dieu, comme on le voit dans Esaïe LXIII, 14. Entre tous les passages qui montrent que l'oeuvre est graduelle, je ne vous citerai que celui de Marc IV, 28, 29, qui est tellement formel, que je ne conçois pas qu'on puisse rien lui opposer.

Écoutez et pesez tout ce que vous entendez dire, mais ne mettez pas vos coeurs à toute parole qu'on dira.


Table des matières

Page précédente:
Page suivante:
 

- haut de page -