Oeuvres posthume de A.
Rochat
Ministre du
Saint Évangile
LETTRE XIII
Janvier 1830.
Simplement savoir ce que Dieu a voulu qui
fût fait concernant le baptême des
enfants
Cher frère,
Bien obligé de ton envoi, du
motif de charité qui t'a porté
à le faire, et des paroles d'amitié
qui l'accompagnaient et qui me sont douces.
Je sens le besoin de t'assurer avant
tout, bien cher frère, que je ne crois pas
que, comme ami et comme frère, tu me sois en
rien moins précieux que du passé, et
que ce n'est par aucune raison de refroidissement
que je ne t'ai pas écrit depuis long-temps.
Mais l'action d'écrire m'est très
pénible, et j'ai presque toujours des
écritures en arrière. Puis,
hélas ! avec ma chétive
santé, tant d'indolence, tant de temps
perdu, tant de misères de toute
espèce qui m'empêchent de faire tout
ce que je pourrais ! .... Dieu soit
loué de ce que sa grâce est immense et
de ce qu'elle surabonde ! Mais qu'Il me donne
de la mieux sentir en y croyant davantage, et
d'être plus pressé de cette
charité, qui fait qu'on ne vit plus pour
soi-même, mais pour Celui qui est mort et
ressuscité pour nous !
Oui, cher frère, je crois pouvoir
dire sans hypocrisie, que mon coeur est envers toi
comme il était jadis, et comme
j'espère qu'il le sera toujours. Il ne me
faut pas de peine pour t'aimer, car j'y suis
incliné naturellement, et de plus, la
portion d'amour fraternel qui m'est
départie, me porte vers toi comme vers un de
ceux qui aiment le Seigneur Jésus en
pureté. Ne pense donc pas que mes vues sur
l'Église, qui s'affermissent de jour en
jour, diminuent mon affection pour toi, ni pour
aucun de ceux qui ont part à la grâce
de Dieu. Je désire que
Dieu vous éclaire tous, chers frères,
sur la position où vous êtes, et vous
rende fidèles dans tout ce qu'Il vous
manifestera ! Je conserverai toujours avec
vous les communications fraternelles
particulières qui sont l'expression de la
communion des saints, qui l'entretiennent, et que
je ne croirais pouvoir rompre sans pécher et
sans être condamné par mon propre
coeur. N'aimerais-je pas, ne confesserais-je pas
ceux que Jésus a aimés et
confessés, avec qui je dois passer
l'éternité, et qui, à
plusieurs égards, m'humilient par la
comparaison de leurs dons avec les
miens ?
Il est vrai que je m'occupe de la
question du baptême, et que je penche vers
l'opinion des baptistes ; mais je ne suis
point encore décidé, parce que je
vois du pour et du contre, et que je ne veux me
décider que lorsque j'aurai une pleine
conviction. Il me semble qu'on a souvent
embarrassé la question de bien des choses
qui y sont étrangères. On a beaucoup
voulu prouver ou que Dieu a eu des raisons pour
faire baptiser les enfants, ou qu'il n'en a pas eu.
C'est là s'embarrasser dans des
raisonnements qui sont selon la sagesse de l'homme.
Ce n'est pas à nous à savoir ce que
Dieu a dû ou n'a pas dû faire. Je veux
simplement savoir ce qu'il a voulu qui fût
fait. Si je le trouve, je suis content, et je le
ferai sans demander à Dieu ses raisons.
Je n'admets point le baptême comme
un sceau sur la foi, mais comme une
représentation de ce que confère la
foi : mort et ensevelissement du vieil homme,
et résurrection en nouveauté de vie.
Je ne dirai donc pas : Il faut qu'un homme ait
la foi pour être baptisé, parce qu'on
ne peut sceller la foi que de celui qui l'a. Ce
raisonnement serait faux, comme tu l'as
très-bien montré. Mais si je trouve
le baptisme dans la Parole, je dirai Dieu ne veut
mettre le signe de la foi que sur ceux qui en ont
l'apparence, et je ne le mets que là, non
pour sceller la foi, mais parce que Dieu veut que
ce soit là seulement
qu'il soit apposé.
Je ne vois pas non plus que, comme l'a
dit quelqu'un, j'ôte rien à la
grâce de Dieu, en ne baptisant pas les petits
enfants.
La grâce de Dieu est libre et
prévenante d'un bout à l'autre, et je
l'admets de tout mon coeur. J'admets en plein que
si Dieu l'a voulu, il a pu faire baptiser les
enfants, et les mettre à part comme un
peuple d'appelés.
Mais l'a-t-il voulu ?
Et où est-il dit que le
baptême est un appel et une marque mise sur
un peuple d'appelés ? Voilà ce
que je ne vois pas si clairement, malgré
tous les raisonnements qu'on a faits pour le
prouver. Du reste, je cherche, et il est dit par
l'Esprit de vérité Celui qui cherche
trouve ! » Voilà mon
assurance.
Je demande avant tout à mon Dieu
un coeur bien droit, qui, je le sens, est ce dont
j'ai le plus besoin, et ce qui, j'en suis
sûr, est le plus sûr moyen de voir
clair en toutes choses ; car les
ténèbres du coeur engendrent les
ténèbres de l'entendement, et bien
souvent lorsqu'on ne voit pas clair, c'est parce
que, sans s'en douter, on cligne des yeux.
Je demande aussi à mon Dieu de me
garder de toute racine d'aigreur et d'amertume dans
la discussion, et de me rappeler que selon la bonne
parole d'un digne frère, « la plus
grande de toutes les hérésies, c'est
le manque de charité. »
Je croirais avoir beaucoup perdu, si mon
intelligence avait acquis plusieurs degrés
de connaissance de plus, et que mon coeur eût
perdu le plus petit degré de support et de
charité ; d'autant plus,
hélas ! qu'il a peu à perdre, et
que je dois soigneusement entretenir ma goutte
d'huile. J'ai besoin de vérité, mais
j'ai aussi besoin de charité ; et la
vérité qui n'accroîtrait pas en
moi la charité, me serait peu profitable, et
n'aurait même pas été pour moi
une vraie lumière, car toute vraie
lumière venant de Dieu qui est amour, doit
se chercher dans l'amour et accroître
l'amour.
Je possédais déjà
une copie de la lettre, mais avec
beaucoup de fautes, qui, en
certains endroits, nuisaient au sens. Je serai bien
aise de la lire telle que tu l'as écrite. -
Notre frère a fait dernièrement
beaucoup de recherches bibliques sur ce sujet, et
même un travail écrit auquel il veut
mettre la dernière main. Après qu'il
sera fini, je crois que nous irons ensemble chez
toi pour te communiquer ce travail et entendre tes
observations. Il faut espérer que si nous
cherchons ensemble la vérité dans un
esprit simple et paisible, notre Père
céleste ne nous la refusera pas. Notre
frère.... se dit parfaitement
décidé pour le baptisme. Je n'en suis
pas là, mais je suis bien
décidé à ne me
déterminer d'après l'autorité
d'aucun homme, et d'après aucun argument de
la sagesse humaine déguisée en
théologie, de quelque part qu'il vienne. Je
veux attendre que Dieu m'ait rendu évident,
par l'analogie de la foi et l'ensemble de ses
dispensations, s'il veut ou non qu'on baptise les
petits enfants.
Un mot de notre petite église te
fera, j'en suis sûr, plaisir. Il me semble
que depuis quelques mois Dieu se plaît
à nous bénir, non par une de ces
grosses pluies qui tombent sur l'herbe
avancée, mais par une de ces pluies menues
qui tombent sur l'herbe tendre. Nous sentons mieux
ce qui nous manque, et je crois qu'en
général nous désirons un
baptême de l'Esprit plus prononcé.
L'esprit de prière et l'amour fraternel me
semblent avoir fait quelques progrès, et
j'en rends grâces à Dieu. Je crois
aussi que nous désirons marcher en pauvre
état devant l'Éternel, notre Dieu, ce
qui nous convient à tous
égards.
Adieu, frère, Dieu nous remplisse
de l'Esprit, afin que nous puissions toujours plus
croire, espérer et aimer !
LETTRE XIV
1830.
La racine du mal
Je voudrais pouvoir dire qu'à
mesure que l'homme extérieur tombe,
l'intérieur se renouvelle de jour en jour.
Mais hélas ! si cela se fait, c'est
bien lentement, tant ma nature est revêche.
Il est vrai que la puissance de Dieu en
Jésus est grande ; mais le mal est que
la foi en Jésus est faible et encore
mêlée de beaucoup de propre justice.
Nous parlons souvent trop de notre peu de
sanctification, et pas assez de notre peu de
foi ; et cependant c'est là qu'est la
racine du mal. On aime peu, parce qu'on croit peu.
Aussi je prie à présent beaucoup plus
pour l'augmentation de la foi que pour toute autre
chose, demandant à Dieu de m'ôter ce
mauvais coeur d'incrédulité dont je
sens encore dans la pratique de si tristes restes.
LETTRE XV
1830.
Avoir une foi sincère, mais
pourtant faible
Chère soeur,
Oui, votre lettre m'a fait plaisir, et
surtout en ce qu'elle montre en vous de la
sincérité. Vous vous y montrez ce que
vous êtes, et je puis très-bien, par
elle, juger de l'état de votre âme et
être mieux à même de vous
répondre d'une
manière qui vous soit
utile. C'est ce que je vais faire, en priant Dieu
de me donner de suivre dans ce que je vous dirai la
vérité avec la charité ;
de dire ce qui vous convient et comme il convient,
pour le plus grand bien de votre âme.
Que son Esprit soit donc avec mon esprit
et avec le vôtre, afin que vous
« receviez avec douceur la Parole
plantée en vous et qui peut sauver votre
âme. »
On peut avoir une foi sincère,
mais pourtant faible, et c'est votre cas. Vous
croyez droitement ce que vous croyez ; vous
n'affectez pas ce que vous ne sentez pas ;
vous ne vous parez pas de grâces que vous
n'avez pas reçues ; vous cherchez
vraiment le Seigneur et sa paix vous avez un
désir de croître vous faites des
pas ; et en cela il y a chez vous de la
sincérité. Je vois même par la
circonstance de votre voyage avec .... que lorsque
vous êtes dans la nécessité de
vous prononcer, vous vous prononcez pour le
Seigneur, et que c'est Lui qui a le dessus.
La manière d'être avec
vous, de votre amie depuis le voyage prouve que
vous avez été fidèle avec
elle. Le monde ne peut aimer la vie de Christ
où qu'il la rencontre, parce qu'il n'aime
pas Celui qui la donne. « Le
monde, » dit Jésus-Christ,
« aime ce qui est à
lui ; » et il supporte d'autant
mieux un chrétien, que ce chrétien a
plus de ressemblance avec lui et plus de restes de
mondanité. Je vous répète donc
que la manière dont ce voyage a
influé sur les sentiments de votre amie a
été pour moi une preuve triste quant
à elle, mais précieuse quant à
vous.
D'un autre côté, que cette
vie de Christ soit encore assez faible chez vous,
c'est ce que prouve la circonstance même du
voyage. Si votre vie habituelle avait une teinte
assez prononcée, votre amie n'aurait pas
attendu à ce moment pour s'éloigner
de vous, et en général vous auriez
porté bien davantage dans le monde
l'opprobre de Christ. Il me paraît qu'en
général vous avez eut une marche
timide, et qu'au lieu de dire franchement : Le
Seigneur a fait du bien à
mon âme et l'a éclairée, les
habitudes du monde ne sont plus conformes à
mes goûts et à mes convictions ;
vous avez été bien aise de trouver le
prétexte de votre santé pour vous
renfermer chez vous, et diminuer peu à peu
vos relations avec les gens du monde.
En cela vous n'avez pas
été fidèle, et n'avez pas
confessé franchement le Seigneur, ce qui
semble annoncer chez vous plus d'égard a ce
que dira le monde, que de zèle pour la
gloire de Celui qui nous a confessés sur la
croix.
Vous avez marché ainsi
vis-à-vis du monde dans une voie qui a
été gênée,
embarrassée, et qui, en ne rendant pas un
témoignage suffisant au Seigneur, vous a
empêché de goûter toute sa paix,
parce que souvent vous avez dû être
reprise en votre conscience. Peut-être
même auriez-vous eu moins de combats en vous
manifestant tout-à-coup franchement, qu'en
traînant ainsi les choses en longueur ;
car, après tout, il vaut mieux se couper
d'un seul coup le pied qui fait broncher, que d'en
couper, l'un après l'autre, tous les nerfs
et toutes les chairs.
À chaque petit lien qu'il faut
rompre avec le monde, nouveau combat !
D'ailleurs, quand nous attaquons lâchement le
monde, il espère de notre timidité
qu'elle lui permettra de nous vaincre, et il
emploie d'autant plus d'efforts pour nous retenir.
Il s'en suit entre nous et lui des tiraillements
continuels et fort pénibles qu'on eût
évités en se prononçant
franchement, au premier abord ; alors le monde
nous eût laissés comme des gens sans
espoir, en se contentant de nous couvrir de son
opprobre qui est un des témoignages les plus
forts et les plus bénis qu'un enfant de Dieu
puisse recevoir de la réalité de sa
foi.
Le mal est fait pour le
passé ; mais il faut pourvoir à
l'avenir, quoiqu'il soit fort difficile de se
sortir d'une marche timide quand on s'y est
engagé. Néanmoins, toutes choses sont
possibles à Dieu, et il est toujours temps,
en s'appuyant sur sa force, de commencer à
mieux faire. Je vous exhorte
donc sérieusement
à lui demander avec instance que la vie de
Christ devienne plus abondante en vous, afin
qu'étant plus joyeuse de lui appartenir et
d'être un membre de son corps, plus
désireuse de le glorifier sur la terre, vous
vous montriez chrétienne en tout et
vis-à-vis de tous ; « sortant
vers Christ hors du camp en portant son
opprobre. »
Fuyez les discours du monde, les
sociétés du monde, les
manières du monde ne vous conformant point
au présent siècle. « Que
toutes vos paroles servent à
l'édification, et communiquent la
grâce à ceux qui les
entendent. », Soit que vous mangiez, que
vous buviez ou que vous fassiez quelque autre
chose, faites tout pour la gloire de
Dieu. »
Quittez ce vain désir de plaire
et d'être aimée, qui n'est qu'une
idolâtrie de vous-même. Complaisez aux
autres dans tout ce qui peut s'accorder avec le
service du Seigneur. Soyez même comme la
servante des autres, n'exigeant rien pour vous,
étant toujours prête à
céder le pas, à laisser le dernier
mot, à prendre la dernière
place ; mais faites cela pour le Seigneur et
non pour qu'on vous loue, comme si cela venait de
vous. Que votre but soit de rendre par là
honorable en toute chose la doctrine de Dieu, notre
Sauveur.
Du reste, ne craignez pas de heurter le
monde par votre fidélité ; il ne
se peut qu'il en soit autrement. Jésus
lui-même a été pour la plupart
un sujet de scandale.
Si votre fidélité heurte,
c'est qu'elle atteint la conscience, ce qui est
déjà un bien ; tandis que la
lâcheté la laisse dormir. On vous
repoussera, on vous haïra
peut-être ! Cela est dur â la
chair. Mais Jésus a été
« haï sans cause, » et
« il suffit au serviteur d'être
comme son Maître. » D'ailleurs, si
le monde vous repousse, vous trouverez un asile
dans le sein de Jésus qui vous en recevra
d'autant mieux. « Il n'y a
personne, » a-t-il dit, « qui
ait quitté pour l'amour de moi, père,
mère, femme, enfant, champ ou maison, qui
n'en reçoive cent fois autant dans ce
siècle-ci, et dans le siècle à
venir la vie éternelle. » On en
reçoit cent fois autant
par la paix de Dieu qui passe toute intelligence et
qui vaut cent fois tout ce que le monde nous
ôte ; tandis que tout ce qu'il pourrait
nous donner ne saurait aucunement compenser le
trouble de l'âme et les reproches que le
Seigneur nous adresse. Courage donc, chère
soeur, « relevez vos mains qui sont
lâches, et fortifiez vos genoux
déjoints. » « Combattez
le bon combat de la foi, saisissez la vie
éternelle. » Donnez-vous tout
entière au Seigneur ou plutôt priez-le
de vous prendre toute pour lui. C'est ainsi qu'il
vous veut ; car Il déclare que
« si quelqu'un aime son père ou sa
mère, son fils ou sa fille plus que Lui, il
n'est pas digne de Lui. »
Encore un peu, un peu de temps,
très-peu de temps peut-être, et le
Seigneur viendra, et la scène fugitive de ce
monde disparaîtra pour toujours de devant
nous, pour faire place aux choses maintenant
invisibles et qui sont éternelles. Alors,
tout nous paraîtra un vrai néant, hors
Jésus et son amour ; nous tiendrons
pour une perte tout ce que nous aurons fait pour le
monde, tout ce que le monde nous aura
accordé en récompense de notre
lâcheté ; et, au contraire, nous
regardons comme un vrai gain tout ce que nous
aurons perdu pour Jésus et sacrifié
à Jésus.
Sachons donc d'avance voir les choses
comme nous les verrons alors, et vivons comme nous
voudrons avoir vécu quand nous serons dans
notre lit de mort. « Oh ! si nous
étions sages, si nous étions
avisés, si nous savions considérer
notre dernière fin ? » Comme
la vie présente nous apparaîtrait sous
un autre point de vue ; comme nous penserions
et agirions différemment ! Et cependant
il faut de nécessité arriver à
ce dernier moment ! Pourquoi donc ne pas y
penser plus souvent et agir de manière
à ne pas être surpris quand il
arrivera ?
Allons donc, chère soeur,
« il est temps de nous réveiller
de notre sommeil, car le salut est maintenant plus
près de nous que lorsque nous avons
cru. » Écoutons la voix qui nous
dit, comme à Jonas : Qu'as-tu
dormeur ? Crie à ton
Dieu. Oui, crions à notre
Dieu dont la main n'est pas raccourcie pour ne
pouvoir pas délivrer, et dont l'oreille
n'est pas devenue pesante pour ne pouvoir pas
ouïr. Il a dit : « Celui qui
demande, reçoit. » Aurait-il
menti ? Si nous n'obtenons pas,
« c'est donc parce que nous ne demandons
pas, » comme le dit saint Jacques, ou
« parce que nous demandons
mal, » sans désir d'obtenir, ou
sans celle naïveté qui porte à
se présenter à Dieu comme ou
est ; sans cette confiance qui s'appuie
fortement sur ses promesses ; sans cette
persévérance qui à la fin
arrache les grâces que Dieu semble vouloir
retenir pour éprouver notre foi et exciter
notre désir. « Il faut toujours
prier et ne se relâcher point, »
dit Jésus (Luc XVIII). Dieu
« n'exaucera-t-il point ses élus
qui crient à Lui jour et
nuit ? »
Il faut lire et méditer la Parole
de vie, car celui qui la médite est
« comme un arbre planté
près des ruisseaux d'eau, qui rend son fruit
en sa saison et dont le feuillage ne se
flétrit jamais. »
Il faut fréquenter les enfants de
Dieu bien vivants, qui s'entretiennent ensemble par
la Parole de Dieu et par la prière.
Il faut fuir ceux qui ont « le
bruit de vivre et qui sont morts, » avec
lesquels, tout en ayant l'air de parler de bonnes
choses, On ne fait que prononcer son imagination et
sa curiosité sur des sujets qui tiennent
à l'extérieur du règne de
Dieu, et l'on répète des phrases
banales de religion qui viennent dans la
conversation comme un remplissage.
Il faut en général user de
peu de paroles, car « la multitude des
paroles n'est pas exempte de
péché. » - Il faut
éviter l'esprit de
légèreté et de gaieté
mondaine ; l'Écriture dit, que toute
parole folle, bouffonnerie ou plaisanterie, soient
bannies du milieu de vous. » J'ai souvent
péché contre ce précepte et
m'en suis toujours mal trouvé. On contriste
le saint-Esprit, et après s'être
égayé mal à propos, il faut
ensuite s'attrister et gémir.
L'Écriture dit que par le sérieux du
visage le coeur devient joyeux. La gravité
conserve l'onction de l'Esprit,
maintient la communion avec le Seigneur, et
préserve de bien des chutes en paroles.
Après avoir contenu la mauvaise
envie de folâtrer en compagnie, l'on se
retire chez soi le coeur joyeux.
J'insiste là-dessus, parce que ce
doit être un grand piège pour vous qui
aviez beaucoup de cet entrain du monde qui nous
ressaisit si facilement pour peu que l'occasion
l'excite et qu'on mette en jeu notre amour-propre.
Mais ensuite nous payons cher la courte jouissance
d'avoir plu aux autres aux dépens du
sérieux chrétien.
Enfin, il faut regarder sans cesse au
Seigneur pour qu'Il accomplisse ces choses en
nous ; car si nous voulions les faire
nous-mêmes, nous tomberions bientôt
dans le désespoir. Nous sommes prompts
à former des résolutions, mais encore
plus prompts à les oublier. Il faut tout
attendre de la force de Dieu ; n'aller au
combat qu'avec le regard de la foi sur
Jésus, et en disant : Seigneur,
accomplis en moi ce que tu me commandes.
Celui qui veut faire quelque chose par
lui-même et dans sa propre force, succombera
au premier choc. Celui qui s'appuie sur le Seigneur
ne tombera que pour se relever, et ne sera jamais
entièrement abattu ; ses chutes
prépareront ses victoires ; il pourra
tout en Christ qui le fortifiera.
Il ne faut jamais se tenir pour
battu ; jamais se décourager. La
grâce de Dieu est plus grande que notre
misère, elle suffit à tout, elle
relève de tout, elle « accomplit
tout et en tous. » - Il faut en se
défiant toujours de soi-même, ne
jamais se défier de Dieu. Il faut se
souvenir que Jésus est un puissant Sauveur,
et ne pas en faire, par sa défiance, un
impuissant Sauveur.
Du reste, regardez la patience du
Seigneur comme une preuve qu'Il veut votre salut.
Il est patient envers nous, ne voulant point
qu'aucun périsse, mais que tous viennent
à la repentance ; Il attend pour faire
grâce ; Il ne veut point qu'aucun de ses
petits périsse ; Il n'éteint
point le lumignon qui fume encore ; Il
supporte les faibles ; Il achèvera ce
qui nous concerne.
« L'oeuvre du Rocher est
parfaite ; » et « Celui
qui a commencé en nous la bonne oeuvre, la
continuera jusqu'à la journée de
Christ. »
Quant à ce que vous me dites de
la séparation, vous ne m'avez ni
choqué, ni étonné. C'est une
oeuvre qui doit heurter ceux qui n'ont pas
reçu la lumière sur ce point. Mais un
jour viendra où ce qui paraît folie,
sera manifesté comme obéissance
à des ordres positifs de la Parole de notre
Dieu.
Vous craignez, dites-vous, tout ce qui
amène à juger les autres, comme
menant à l'orgueil et comme empiétant
sur les droits de Dieu qui seul peut juger les
coeurs. Cependant la même Parole de Dieu qui
défend les jugements
téméraires, appelle à juger
dans plusieurs cas qu'elle détermine, et
ordonne de le faire en suivant certaines
règles ; voyez entre autres les
passages suivants :
Matth. VII, 6,
15, 16, 20 ;
XVIII, 15-17. -
1 Cor. V, 11, 12. -
Rom. XVI, 17. -
1 Jean IV, 1-3. -
2 Jean 9, 10, 11. -
Apoc. II, 2. -
Philip. III, 2. -
Tite III, 10, 11. -
2 Tim. III, 5. -
2 Thess. III, 6 ; etc.
Adieu, chère soeur, que toute
paix vous soit multipliée dans la foi !
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