Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE  (Jean 17.17)
Cela me suffit...
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Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE
(Jean 17.17)
Cela me suffit...



Oeuvres posthume de A. Rochat
Ministre du Saint Évangile

LETTRE XIII
Janvier 1830.

Simplement savoir ce que Dieu a voulu qui fût fait concernant le baptême des enfants

Cher frère,
Bien obligé de ton envoi, du motif de charité qui t'a porté à le faire, et des paroles d'amitié qui l'accompagnaient et qui me sont douces.
Je sens le besoin de t'assurer avant tout, bien cher frère, que je ne crois pas que, comme ami et comme frère, tu me sois en rien moins précieux que du passé, et que ce n'est par aucune raison de refroidissement que je ne t'ai pas écrit depuis long-temps. Mais l'action d'écrire m'est très pénible, et j'ai presque toujours des écritures en arrière. Puis, hélas ! avec ma chétive santé, tant d'indolence, tant de temps perdu, tant de misères de toute espèce qui m'empêchent de faire tout ce que je pourrais ! .... Dieu soit loué de ce que sa grâce est immense et de ce qu'elle surabonde ! Mais qu'Il me donne de la mieux sentir en y croyant davantage, et d'être plus pressé de cette charité, qui fait qu'on ne vit plus pour soi-même, mais pour Celui qui est mort et ressuscité pour nous !

Oui, cher frère, je crois pouvoir dire sans hypocrisie, que mon coeur est envers toi comme il était jadis, et comme j'espère qu'il le sera toujours. Il ne me faut pas de peine pour t'aimer, car j'y suis incliné naturellement, et de plus, la portion d'amour fraternel qui m'est départie, me porte vers toi comme vers un de ceux qui aiment le Seigneur Jésus en pureté. Ne pense donc pas que mes vues sur l'Église, qui s'affermissent de jour en jour, diminuent mon affection pour toi, ni pour aucun de ceux qui ont part à la grâce de Dieu. Je désire que Dieu vous éclaire tous, chers frères, sur la position où vous êtes, et vous rende fidèles dans tout ce qu'Il vous manifestera ! Je conserverai toujours avec vous les communications fraternelles particulières qui sont l'expression de la communion des saints, qui l'entretiennent, et que je ne croirais pouvoir rompre sans pécher et sans être condamné par mon propre coeur. N'aimerais-je pas, ne confesserais-je pas ceux que Jésus a aimés et confessés, avec qui je dois passer l'éternité, et qui, à plusieurs égards, m'humilient par la comparaison de leurs dons avec les miens ?

Il est vrai que je m'occupe de la question du baptême, et que je penche vers l'opinion des baptistes ; mais je ne suis point encore décidé, parce que je vois du pour et du contre, et que je ne veux me décider que lorsque j'aurai une pleine conviction. Il me semble qu'on a souvent embarrassé la question de bien des choses qui y sont étrangères. On a beaucoup voulu prouver ou que Dieu a eu des raisons pour faire baptiser les enfants, ou qu'il n'en a pas eu. C'est là s'embarrasser dans des raisonnements qui sont selon la sagesse de l'homme. Ce n'est pas à nous à savoir ce que Dieu a dû ou n'a pas dû faire. Je veux simplement savoir ce qu'il a voulu qui fût fait. Si je le trouve, je suis content, et je le ferai sans demander à Dieu ses raisons.

Je n'admets point le baptême comme un sceau sur la foi, mais comme une représentation de ce que confère la foi : mort et ensevelissement du vieil homme, et résurrection en nouveauté de vie. Je ne dirai donc pas : Il faut qu'un homme ait la foi pour être baptisé, parce qu'on ne peut sceller la foi que de celui qui l'a. Ce raisonnement serait faux, comme tu l'as très-bien montré. Mais si je trouve le baptisme dans la Parole, je dirai Dieu ne veut mettre le signe de la foi que sur ceux qui en ont l'apparence, et je ne le mets que là, non pour sceller la foi, mais parce que Dieu veut que ce soit là seulement qu'il soit apposé.

Je ne vois pas non plus que, comme l'a dit quelqu'un, j'ôte rien à la grâce de Dieu, en ne baptisant pas les petits enfants.
La grâce de Dieu est libre et prévenante d'un bout à l'autre, et je l'admets de tout mon coeur. J'admets en plein que si Dieu l'a voulu, il a pu faire baptiser les enfants, et les mettre à part comme un peuple d'appelés.
Mais l'a-t-il voulu ?
Et où est-il dit que le baptême est un appel et une marque mise sur un peuple d'appelés ? Voilà ce que je ne vois pas si clairement, malgré tous les raisonnements qu'on a faits pour le prouver. Du reste, je cherche, et il est dit par l'Esprit de vérité Celui qui cherche trouve ! » Voilà mon assurance.

Je demande avant tout à mon Dieu un coeur bien droit, qui, je le sens, est ce dont j'ai le plus besoin, et ce qui, j'en suis sûr, est le plus sûr moyen de voir clair en toutes choses ; car les ténèbres du coeur engendrent les ténèbres de l'entendement, et bien souvent lorsqu'on ne voit pas clair, c'est parce que, sans s'en douter, on cligne des yeux.

Je demande aussi à mon Dieu de me garder de toute racine d'aigreur et d'amertume dans la discussion, et de me rappeler que selon la bonne parole d'un digne frère, « la plus grande de toutes les hérésies, c'est le manque de charité. »

Je croirais avoir beaucoup perdu, si mon intelligence avait acquis plusieurs degrés de connaissance de plus, et que mon coeur eût perdu le plus petit degré de support et de charité ; d'autant plus, hélas ! qu'il a peu à perdre, et que je dois soigneusement entretenir ma goutte d'huile. J'ai besoin de vérité, mais j'ai aussi besoin de charité ; et la vérité qui n'accroîtrait pas en moi la charité, me serait peu profitable, et n'aurait même pas été pour moi une vraie lumière, car toute vraie lumière venant de Dieu qui est amour, doit se chercher dans l'amour et accroître l'amour.

Je possédais déjà une copie de la lettre, mais avec beaucoup de fautes, qui, en certains endroits, nuisaient au sens. Je serai bien aise de la lire telle que tu l'as écrite. - Notre frère a fait dernièrement beaucoup de recherches bibliques sur ce sujet, et même un travail écrit auquel il veut mettre la dernière main. Après qu'il sera fini, je crois que nous irons ensemble chez toi pour te communiquer ce travail et entendre tes observations. Il faut espérer que si nous cherchons ensemble la vérité dans un esprit simple et paisible, notre Père céleste ne nous la refusera pas. Notre frère.... se dit parfaitement décidé pour le baptisme. Je n'en suis pas là, mais je suis bien décidé à ne me déterminer d'après l'autorité d'aucun homme, et d'après aucun argument de la sagesse humaine déguisée en théologie, de quelque part qu'il vienne. Je veux attendre que Dieu m'ait rendu évident, par l'analogie de la foi et l'ensemble de ses dispensations, s'il veut ou non qu'on baptise les petits enfants.

Un mot de notre petite église te fera, j'en suis sûr, plaisir. Il me semble que depuis quelques mois Dieu se plaît à nous bénir, non par une de ces grosses pluies qui tombent sur l'herbe avancée, mais par une de ces pluies menues qui tombent sur l'herbe tendre. Nous sentons mieux ce qui nous manque, et je crois qu'en général nous désirons un baptême de l'Esprit plus prononcé. L'esprit de prière et l'amour fraternel me semblent avoir fait quelques progrès, et j'en rends grâces à Dieu. Je crois aussi que nous désirons marcher en pauvre état devant l'Éternel, notre Dieu, ce qui nous convient à tous égards.

Adieu, frère, Dieu nous remplisse de l'Esprit, afin que nous puissions toujours plus croire, espérer et aimer !

LETTRE XIV
1830.

La racine du mal

Je voudrais pouvoir dire qu'à mesure que l'homme extérieur tombe, l'intérieur se renouvelle de jour en jour. Mais hélas ! si cela se fait, c'est bien lentement, tant ma nature est revêche. Il est vrai que la puissance de Dieu en Jésus est grande ; mais le mal est que la foi en Jésus est faible et encore mêlée de beaucoup de propre justice. Nous parlons souvent trop de notre peu de sanctification, et pas assez de notre peu de foi ; et cependant c'est là qu'est la racine du mal. On aime peu, parce qu'on croit peu. Aussi je prie à présent beaucoup plus pour l'augmentation de la foi que pour toute autre chose, demandant à Dieu de m'ôter ce mauvais coeur d'incrédulité dont je sens encore dans la pratique de si tristes restes.

LETTRE XV
1830.

Avoir une foi sincère, mais pourtant faible

Chère soeur,
Oui, votre lettre m'a fait plaisir, et surtout en ce qu'elle montre en vous de la sincérité. Vous vous y montrez ce que vous êtes, et je puis très-bien, par elle, juger de l'état de votre âme et être mieux à même de vous répondre d'une manière qui vous soit utile. C'est ce que je vais faire, en priant Dieu de me donner de suivre dans ce que je vous dirai la vérité avec la charité ; de dire ce qui vous convient et comme il convient, pour le plus grand bien de votre âme.

Que son Esprit soit donc avec mon esprit et avec le vôtre, afin que vous « receviez avec douceur la Parole plantée en vous et qui peut sauver votre âme. »

On peut avoir une foi sincère, mais pourtant faible, et c'est votre cas. Vous croyez droitement ce que vous croyez ; vous n'affectez pas ce que vous ne sentez pas ; vous ne vous parez pas de grâces que vous n'avez pas reçues ; vous cherchez vraiment le Seigneur et sa paix vous avez un désir de croître vous faites des pas ; et en cela il y a chez vous de la sincérité. Je vois même par la circonstance de votre voyage avec .... que lorsque vous êtes dans la nécessité de vous prononcer, vous vous prononcez pour le Seigneur, et que c'est Lui qui a le dessus.

La manière d'être avec vous, de votre amie depuis le voyage prouve que vous avez été fidèle avec elle. Le monde ne peut aimer la vie de Christ où qu'il la rencontre, parce qu'il n'aime pas Celui qui la donne. « Le monde, » dit Jésus-Christ, « aime ce qui est à lui ; » et il supporte d'autant mieux un chrétien, que ce chrétien a plus de ressemblance avec lui et plus de restes de mondanité. Je vous répète donc que la manière dont ce voyage a influé sur les sentiments de votre amie a été pour moi une preuve triste quant à elle, mais précieuse quant à vous.

D'un autre côté, que cette vie de Christ soit encore assez faible chez vous, c'est ce que prouve la circonstance même du voyage. Si votre vie habituelle avait une teinte assez prononcée, votre amie n'aurait pas attendu à ce moment pour s'éloigner de vous, et en général vous auriez porté bien davantage dans le monde l'opprobre de Christ. Il me paraît qu'en général vous avez eut une marche timide, et qu'au lieu de dire franchement : Le Seigneur a fait du bien à mon âme et l'a éclairée, les habitudes du monde ne sont plus conformes à mes goûts et à mes convictions ; vous avez été bien aise de trouver le prétexte de votre santé pour vous renfermer chez vous, et diminuer peu à peu vos relations avec les gens du monde.
En cela vous n'avez pas été fidèle, et n'avez pas confessé franchement le Seigneur, ce qui semble annoncer chez vous plus d'égard a ce que dira le monde, que de zèle pour la gloire de Celui qui nous a confessés sur la croix.
Vous avez marché ainsi vis-à-vis du monde dans une voie qui a été gênée, embarrassée, et qui, en ne rendant pas un témoignage suffisant au Seigneur, vous a empêché de goûter toute sa paix, parce que souvent vous avez dû être reprise en votre conscience. Peut-être même auriez-vous eu moins de combats en vous manifestant tout-à-coup franchement, qu'en traînant ainsi les choses en longueur ; car, après tout, il vaut mieux se couper d'un seul coup le pied qui fait broncher, que d'en couper, l'un après l'autre, tous les nerfs et toutes les chairs.

À chaque petit lien qu'il faut rompre avec le monde, nouveau combat ! D'ailleurs, quand nous attaquons lâchement le monde, il espère de notre timidité qu'elle lui permettra de nous vaincre, et il emploie d'autant plus d'efforts pour nous retenir. Il s'en suit entre nous et lui des tiraillements continuels et fort pénibles qu'on eût évités en se prononçant franchement, au premier abord ; alors le monde nous eût laissés comme des gens sans espoir, en se contentant de nous couvrir de son opprobre qui est un des témoignages les plus forts et les plus bénis qu'un enfant de Dieu puisse recevoir de la réalité de sa foi.

Le mal est fait pour le passé ; mais il faut pourvoir à l'avenir, quoiqu'il soit fort difficile de se sortir d'une marche timide quand on s'y est engagé. Néanmoins, toutes choses sont possibles à Dieu, et il est toujours temps, en s'appuyant sur sa force, de commencer à mieux faire. Je vous exhorte donc sérieusement à lui demander avec instance que la vie de Christ devienne plus abondante en vous, afin qu'étant plus joyeuse de lui appartenir et d'être un membre de son corps, plus désireuse de le glorifier sur la terre, vous vous montriez chrétienne en tout et vis-à-vis de tous ; « sortant vers Christ hors du camp en portant son opprobre. »

Fuyez les discours du monde, les sociétés du monde, les manières du monde ne vous conformant point au présent siècle. « Que toutes vos paroles servent à l'édification, et communiquent la grâce à ceux qui les entendent. », Soit que vous mangiez, que vous buviez ou que vous fassiez quelque autre chose, faites tout pour la gloire de Dieu. »

Quittez ce vain désir de plaire et d'être aimée, qui n'est qu'une idolâtrie de vous-même. Complaisez aux autres dans tout ce qui peut s'accorder avec le service du Seigneur. Soyez même comme la servante des autres, n'exigeant rien pour vous, étant toujours prête à céder le pas, à laisser le dernier mot, à prendre la dernière place ; mais faites cela pour le Seigneur et non pour qu'on vous loue, comme si cela venait de vous. Que votre but soit de rendre par là honorable en toute chose la doctrine de Dieu, notre Sauveur.
Du reste, ne craignez pas de heurter le monde par votre fidélité ; il ne se peut qu'il en soit autrement. Jésus lui-même a été pour la plupart un sujet de scandale.

Si votre fidélité heurte, c'est qu'elle atteint la conscience, ce qui est déjà un bien ; tandis que la lâcheté la laisse dormir. On vous repoussera, on vous haïra peut-être ! Cela est dur â la chair. Mais Jésus a été « haï sans cause, » et « il suffit au serviteur d'être comme son Maître. » D'ailleurs, si le monde vous repousse, vous trouverez un asile dans le sein de Jésus qui vous en recevra d'autant mieux. « Il n'y a personne, » a-t-il dit, « qui ait quitté pour l'amour de moi, père, mère, femme, enfant, champ ou maison, qui n'en reçoive cent fois autant dans ce siècle-ci, et dans le siècle à venir la vie éternelle. » On en reçoit cent fois autant par la paix de Dieu qui passe toute intelligence et qui vaut cent fois tout ce que le monde nous ôte ; tandis que tout ce qu'il pourrait nous donner ne saurait aucunement compenser le trouble de l'âme et les reproches que le Seigneur nous adresse. Courage donc, chère soeur, « relevez vos mains qui sont lâches, et fortifiez vos genoux déjoints. » « Combattez le bon combat de la foi, saisissez la vie éternelle. » Donnez-vous tout entière au Seigneur ou plutôt priez-le de vous prendre toute pour lui. C'est ainsi qu'il vous veut ; car Il déclare que « si quelqu'un aime son père ou sa mère, son fils ou sa fille plus que Lui, il n'est pas digne de Lui. »

Encore un peu, un peu de temps, très-peu de temps peut-être, et le Seigneur viendra, et la scène fugitive de ce monde disparaîtra pour toujours de devant nous, pour faire place aux choses maintenant invisibles et qui sont éternelles. Alors, tout nous paraîtra un vrai néant, hors Jésus et son amour ; nous tiendrons pour une perte tout ce que nous aurons fait pour le monde, tout ce que le monde nous aura accordé en récompense de notre lâcheté ; et, au contraire, nous regardons comme un vrai gain tout ce que nous aurons perdu pour Jésus et sacrifié à Jésus.

Sachons donc d'avance voir les choses comme nous les verrons alors, et vivons comme nous voudrons avoir vécu quand nous serons dans notre lit de mort. « Oh ! si nous étions sages, si nous étions avisés, si nous savions considérer notre dernière fin ? » Comme la vie présente nous apparaîtrait sous un autre point de vue ; comme nous penserions et agirions différemment ! Et cependant il faut de nécessité arriver à ce dernier moment ! Pourquoi donc ne pas y penser plus souvent et agir de manière à ne pas être surpris quand il arrivera ?

Allons donc, chère soeur, « il est temps de nous réveiller de notre sommeil, car le salut est maintenant plus près de nous que lorsque nous avons cru. » Écoutons la voix qui nous dit, comme à Jonas : Qu'as-tu dormeur ? Crie à ton Dieu. Oui, crions à notre Dieu dont la main n'est pas raccourcie pour ne pouvoir pas délivrer, et dont l'oreille n'est pas devenue pesante pour ne pouvoir pas ouïr. Il a dit : « Celui qui demande, reçoit. » Aurait-il menti ? Si nous n'obtenons pas, « c'est donc parce que nous ne demandons pas, » comme le dit saint Jacques, ou « parce que nous demandons mal, » sans désir d'obtenir, ou sans celle naïveté qui porte à se présenter à Dieu comme ou est ; sans cette confiance qui s'appuie fortement sur ses promesses ; sans cette persévérance qui à la fin arrache les grâces que Dieu semble vouloir retenir pour éprouver notre foi et exciter notre désir. « Il faut toujours prier et ne se relâcher point, » dit Jésus (Luc XVIII). Dieu « n'exaucera-t-il point ses élus qui crient à Lui jour et nuit ? »

Il faut lire et méditer la Parole de vie, car celui qui la médite est « comme un arbre planté près des ruisseaux d'eau, qui rend son fruit en sa saison et dont le feuillage ne se flétrit jamais. »
Il faut fréquenter les enfants de Dieu bien vivants, qui s'entretiennent ensemble par la Parole de Dieu et par la prière.
Il faut fuir ceux qui ont « le bruit de vivre et qui sont morts, » avec lesquels, tout en ayant l'air de parler de bonnes choses, On ne fait que prononcer son imagination et sa curiosité sur des sujets qui tiennent à l'extérieur du règne de Dieu, et l'on répète des phrases banales de religion qui viennent dans la conversation comme un remplissage.
Il faut en général user de peu de paroles, car « la multitude des paroles n'est pas exempte de péché. » - Il faut éviter l'esprit de légèreté et de gaieté mondaine ; l'Écriture dit, que toute parole folle, bouffonnerie ou plaisanterie, soient bannies du milieu de vous. » J'ai souvent péché contre ce précepte et m'en suis toujours mal trouvé. On contriste le saint-Esprit, et après s'être égayé mal à propos, il faut ensuite s'attrister et gémir. L'Écriture dit que par le sérieux du visage le coeur devient joyeux. La gravité conserve l'onction de l'Esprit, maintient la communion avec le Seigneur, et préserve de bien des chutes en paroles.

Après avoir contenu la mauvaise envie de folâtrer en compagnie, l'on se retire chez soi le coeur joyeux.
J'insiste là-dessus, parce que ce doit être un grand piège pour vous qui aviez beaucoup de cet entrain du monde qui nous ressaisit si facilement pour peu que l'occasion l'excite et qu'on mette en jeu notre amour-propre. Mais ensuite nous payons cher la courte jouissance d'avoir plu aux autres aux dépens du sérieux chrétien.

Enfin, il faut regarder sans cesse au Seigneur pour qu'Il accomplisse ces choses en nous ; car si nous voulions les faire nous-mêmes, nous tomberions bientôt dans le désespoir. Nous sommes prompts à former des résolutions, mais encore plus prompts à les oublier. Il faut tout attendre de la force de Dieu ; n'aller au combat qu'avec le regard de la foi sur Jésus, et en disant : Seigneur, accomplis en moi ce que tu me commandes.

Celui qui veut faire quelque chose par lui-même et dans sa propre force, succombera au premier choc. Celui qui s'appuie sur le Seigneur ne tombera que pour se relever, et ne sera jamais entièrement abattu ; ses chutes prépareront ses victoires ; il pourra tout en Christ qui le fortifiera.
Il ne faut jamais se tenir pour battu ; jamais se décourager. La grâce de Dieu est plus grande que notre misère, elle suffit à tout, elle relève de tout, elle « accomplit tout et en tous. » - Il faut en se défiant toujours de soi-même, ne jamais se défier de Dieu. Il faut se souvenir que Jésus est un puissant Sauveur, et ne pas en faire, par sa défiance, un impuissant Sauveur.

Du reste, regardez la patience du Seigneur comme une preuve qu'Il veut votre salut. Il est patient envers nous, ne voulant point qu'aucun périsse, mais que tous viennent à la repentance ; Il attend pour faire grâce ; Il ne veut point qu'aucun de ses petits périsse ; Il n'éteint point le lumignon qui fume encore ; Il supporte les faibles ; Il achèvera ce qui nous concerne. « L'oeuvre du Rocher est parfaite ; » et « Celui qui a commencé en nous la bonne oeuvre, la continuera jusqu'à la journée de Christ. »

Quant à ce que vous me dites de la séparation, vous ne m'avez ni choqué, ni étonné. C'est une oeuvre qui doit heurter ceux qui n'ont pas reçu la lumière sur ce point. Mais un jour viendra où ce qui paraît folie, sera manifesté comme obéissance à des ordres positifs de la Parole de notre Dieu.

Vous craignez, dites-vous, tout ce qui amène à juger les autres, comme menant à l'orgueil et comme empiétant sur les droits de Dieu qui seul peut juger les coeurs. Cependant la même Parole de Dieu qui défend les jugements téméraires, appelle à juger dans plusieurs cas qu'elle détermine, et ordonne de le faire en suivant certaines règles ; voyez entre autres les passages suivants : Matth. VII, 6, 15, 16, 20 ; XVIII, 15-17. - 1 Cor. V, 11, 12. - Rom. XVI, 17. - 1 Jean IV, 1-3. - 2 Jean 9, 10, 11. - Apoc. II, 2. - Philip. III, 2. - Tite III, 10, 11. - 2 Tim. III, 5. - 2 Thess. III, 6 ; etc.

Adieu, chère soeur, que toute paix vous soit multipliée dans la foi !



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