Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE  (Jean 17.17)
Cela me suffit...
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(Notre confession de foi: ici)
Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE
(Jean 17.17)
Cela me suffit...



Oeuvres posthume de A. Rochat
Ministre du Saint Évangile

LETTRE V
1826.

Un véritable Job ! Vous exagérez !

Cher frère,
Vous vous plaignez d'être en butte à des insultes ; mais vous avez cela de commun avec beaucoup de frères et avec Jésus, votre Maître. On ne vous a pas encore crucifié comme lui entre deux brigands.... D'ailleurs, ne vous l'a-t-il pas prédit ? « Vous serez haï de tous à cause de mon nom. » - Ne vous a-t-il pas dit de « tressaillir de joie quand on vous dirait des injures à cause de son nom ? » - « Relevez donc vos mains qui sont lâches et fortifiez vos genoux qui sont déjoints, » et souvenez-vous que si quelqu'un souffre comme chrétien, il ne doit point en avoir honte, mais glorifier Dieu en cela.

Vous vous dites un véritable Job ! En cela vous exagérez.
D'abord je doute que Dieu pût rendre à votre intégrité un témoignage aussi éclatant qu'à celle de Job qui « n'avait pas son égal sur la terre. »
Secondement, êtes-vous tombés comme Job, de l'état le plus opulent à l'état le plus pauvre ? Avez-vous. comme lui, perdu tous vos enfants, de mort violente ? Êtes-vous, comme lui, frappé d'un ulcère malin de la tête aux pieds ?

Je crains, cher frère, que vous ne vous exagériez le malheur de votre position, et que vous ne détourniez les yeux de ce que le Seigneur a fait pour vous, pour ne les porter que sur ce qui vous manque. Je voudrais voir chez vous plus de courage, de reconnaissance, de confiance véritable. Je crains que votre foi n'ait baissé. Si je vous juge trop sévèrement, pardonnez-le moi ; je n'ai désiré que de vous avertir pour votre bien, et de vous rendre plus résigné à votre sort.

Adieu, que la paix du Seigneur soit avec vous !

LETTRE VI
1826.

 Les épines qui stimulent, l'âme la réveillent et la font regarder en haut

Mon cher frère,
D'après ce que tu me dis, je suis en peine de ta santé. Soigne-toi, je t'en prie, et prends un peu de repos. Je crains que tu ne fasses comme on fait quand on a joui d'une forte santé : l'on ne s'imagine jamais qu'on puisse trouver le bout de ses forces, et être sérieusement malade. Puis l'on va jusqu'à ce que l'on tombe tout à plat.
Penses-y. Il s'agit de prévenir un grand mal, et de se reposer un peu pour n'être pas obligé de se reposer longtemps. Donne-moi souvent des bulletins de la santé. Que le bon Médecin te soit en aide de toutes manières. Je ne suis pas paresseux à l'invoquer pour toi. J'y suis porté par plus d'une raison.

Vous êtes bien bons, chers amis, de me regretter. En vérité, je ne le mérite pas. Je ne puis pourtant pas dire que je sois fâché d'être regretté, car je ne suis que trop sensible au plaisir d'être aimé de ceux à l'affection desquels j'attache du prix.
Je me sais trouvé très-heureux chez vous ; mais je ne sais pas après tout, si toutes ces douceurs valent pour l'âme, les épines qui la stimulent, la réveillent et la font regarder en haut. Mon âme est si rebelle qu'elle n'est jamais mieux qu'au milieu de l'épreuve et du combat.

Ma santé est passable, meilleure que je ne pouvais l'espérer d'après tout ce que j'ai eu à écrire et surtout à parler depuis mon retour. Les occasions venaient tellement au-devant de moi, qu'il n'y avait pas moyen de reculer. Aujourd'hui encore, quoique fatigué de ma méditation d'hier, il faut que j'aille à demi-lieue d'ici vers une malade qui désire entendre la Parole.

J'éprouve quelquefois de l'angoisse, placé entre ma faiblesse corporelle qui produit parfois un certain affaiblissement d'âme, et entre le désir de travailler et de faire l'ouvrage qui est à ma portée. Il me semble que Dieu devrait me donner plus de force ou envoyer ici un autre ouvrier. Cela est mauvais, sans doute, mais cela est ainsi.
Mes plus tendres amitiés en Christ à tous les tiens.

Adieu, cher frère, que l'Éternel te soit un salut et un bouclier.

LETTRE VII
1826.

Toute plante qui vit, doit croître

« Croissez dans la grâce et dans la connaissance de notre Seigneur et Sauveur Jésus-Christ » (2 Pierre III, 18). Toute plante qui vit, doit croître. Chaque plante a besoin du terrain qui lui est propre pour pouvoir croître. Les unes demandent les marais, d'autres les hautes roches, etc. - Les plantes spirituelles ont aussi besoin d'un terrain et d'un climat particuliers. Ce terrain, c'est celui de, la grâce !

La grâce, c'est le pardon plein et entier de tous les péchés c'est cette volonté de Dieu de sauver ; c'est ce pardon, cette force, cette vie, dont l'âme a un continuel besoin ; c'est l'amour de Dieu en action, en faveur du pécheur et dans le pécheur.
On est placé dans cette grâce par la connaissance de Jésus. Plus on le connaît, plus on est enraciné dans cette grâce. - Cette grâce fait croître.

Dans cette grâce il faut sentir le besoin de croître, il faut être assuré d'y participer, en jouir, et porter les fruits - de la mesure qu'on en a déjà reçue.

Les moyens de croître sont : La prière, la lecture et la méditation de la Parole, l'union entre les chrétiens (Ephés. IV, 15, 16). - Les plantes de Dieu gagnent à être rapprochées les unes des autres. Les arbres prospèrent bien plus en forêt que lorsqu'ils sont isolés. En forêt, les orages leur sont bien moins nuisibles.

LETTRE VIII
1827.

Les morts n'ont pas faim

Je remercie le frère ....de son souvenir : Il m'est donné quelquefois de penser à lui. Je ne doute nullement de sa piété, et je crois qu'il y a des choses précieuses dans son âme, mais je pense qu'il serait plus heureux s'il pouvait faire taire son imagination, et marcher par une foi toute simple, tout unie ; et par des voies toutes petites, tout humbles et tout ordinaires. Ceux qui ont trouvé ce chemin ont le secret du repos et du bonheur. Mais Dieu seul peut calmer les imaginations naturellement actives, et leur dire « Tiens-toi calme, tais-toi. »

Quant à vous, je vois que vous avez toujours faim et soif. C'est une bonne marque. Les morts n'ont pas faim. En attendant d'autres témoignages, réjouissez-vous d'avoir celui de la foi. Il est dit que celui qui croit, a le témoignage de Dieu au-dedans de lui.

Ne vous effrayez pas de trouver de l'incrédulité à côté de la foi. Il faut seulement dire : « Je crois, Seigneur, subviens à mon incrédulité. » Si vous n'aviez pas de foi, vous ne verriez pas votre incrédulité. Là où (comme il est dit dans Job) rien ne reluit que les ténèbres, on ne voit pas les ténèbres ; mais si l'on introduit un rayon de lumière dans les ténèbres, aussitôt ce rayon les fait ressortir.

Si vous voyez toujours plus la méchanceté de votre coeur, tant mieux ; c'est preuve que vous êtes lumière en notre Seigneur ; car il est dit dans les Éphésiens que tout ce qui est manifesté est lumière. - Nous pleurons souvent de ce qui devrait nous réjouir, parce que c'est la preuve de l'oeuvre de Dieu dans notre âme. - Allez le mieux que vous pourrez avec votre grain de foi. Quand on ne peut pas avoir une lampe à la main, il faut marcher avec son lumignon. Mieux vaut marcher comme on peut que de perdre le temps à se lamenter de ce qu'on ne peut pas marcher mieux. Mieux vaut rendre grâces de ce qu'on a, que de se décourager de ce qu'on n'a pas.

Dans un corps, il y des parties fortes et des parties faibles ; et celles qui paraissent les plus faibles sont les plus nécessaires (1 Cor. XII, 22).

Mettons que vous ne soyez que le petit doigt dans le corps du Seigneur, il ne veut pas le laisser périr ; car « personne n'a en haine sa propre chair, mais il la nourrit et l'entretient, comme le Seigneur le fait à l'égard de l'Église » (Ephés. V, 29). Ne soignez-vous pas votre petit doigt aussi bien que votre tête, et le reniez-vous parce qu'il est petit ?
Allons, bon courage ! Le Seigneur vous aime et nous avons tout en Lui.

Ayez le coeur joyeux ; il vaut une médecine, dit l'Esprit saint.

LETTRE IX
Mars 1827.

Mis quelquefois de côté pour nous faire sentir que Dieu peut se passer de nous

Mon cher ami,
J'ai besoin d'avoir de tes nouvelles. Si tu ne peux pas écrire, prie ta soeur de vouloir bien le faire. Il me semble que c'est seulement depuis que tu es malade que je sens combien je t'aime. Je voudrais savoir si tu as pu pourvoir à tes fonctions, car je sais que ce sera là ton seul sujet d'inquiétude.
Je regrette de ne pouvoir rien faire pour toi à cet égard ; mais si en quelque autre chose je pouvais t'être utile, emploie-moi librement. J'ai souvent élevé mes mains vers le trône de grâces, et il m'est doux de penser que ce n'est pas en vain, et que tu as, un Intercesseur auprès du Père, qui t'obtient tout ce qui peut t'être nécessaire dans la circonstance où tu te trouves.
J'ai la persuasion que cette maladie sera pour la gloire de Dieu, et que tu en sortiras avec de nouvelles bénédictions d'en haut. Il nous est bon, à nous qui sommes employés au règne de Dieu, d'être mis quelquefois de côté ; quand ce ne serait que pour nous faire sentir que Dieu peut se passer de nous, et que s'il nous emploie, c'est une grâce qu'Il nous fait ; car Il pourrait à notre place susciter, s'il le voulait, vingt ouvriers meilleurs que nous. Je me réjouis des sujets de joie spirituelle que Dieu te donne autour de toi : C'est un grand adoucissement à ton épreuve.
J'espère que tes paroissiens te voyant malade, apprécieront mieux ce que Dieu a mis en toi, et qu'ils écouteront avec plus d'attention la Parole de vie, quand tu la leur porteras de nouveau. Il faut quelquefois des secousses pour sortir les âmes de leur apathie.

Adieu, bien-aimé, que la vérité et la gratuité te gardent continuellement !

LETTRE X
1827.

Pour ne pas ôter aux vrais pauvres l'argent qui leur est dû

Cher frère,
La raison de votre santé est décisive pour ne pas vous occuper à présent d'un travail qui épuiserait vos forces. Quant à vos autres raisons, elles sont édifiantes par ce qu'elles montrent la confiance que vous avez en la force de la Parole maniée par une main toute faible selon la chair. Elles ne sont pas sans poids quant à votre cas particulier, en ce qu'elles montrent que votre manque d'instruction n'empêche pas que vous ne puissiez faire du bien ; mais je les crois sans force quand il s'agirait de poser le principe général qu'un prédicateur peut se passer d'instruction. Car je ne vois pas que l'instruction qu'il aurait l'empêchât de faire le bien que vous faites sans instruction, et je crois que dans bien des cas elle le mettrait à même d'en faire davantage, par une connaissance plus approfondie de la Parole, et en le mettant en état de la défendre contre les attaques de ceux qui tirent des arguments du sens prétendu qu'ils attribuent aux mots du texte original. L'instruction maniée par un homme pieux, est un moyen souvent béni de Dieu.

Mon avis très-décidé est que:

1° Une église, avant de recevoir une personne dans son sein, doit l'engager à mettre ses affaires en règle et à liquider, à moins qu'elle ne prouve qu'elle a plus de biens que de dettes.

2° Qu'une église doit surveiller de près ses membres pour qu'ils ne contractent pas des dettes par défaut d'ordre, d'économie, ou par des entreprises mal entendues.

3° Qu'il n'est aucun sacrifice que les enfants de Dieu de toute église ne doivent faire, pour soutenir un frère ou une soeur qui, ayant suivi les directions de son église dans les articles précédents, ont liquidé par remise de leurs biens à la justice ou autrement, ont adopté le genre de travail et de vie que leur a conseillé l'église, et dirigent leurs affaires sous son inspection.

Dans ce cas-là, il faut que celui qui a deux robes en donne une, et que celui qui a de quoi manger en fasse de même ; et j'espère que Dieu me donnera d'être le premier à observer ce précepte dans un cas comme celui-là, parce que je donnerai avec joie, sachant que mon argent est bien employé.

Mais donner pour liquider des dettes contractées en tout ou partie avant la conversion, ou par une mauvaise gestion depuis la conversion ; donner pour entretenir un commerce où l'on se coule à fond, ou pour en commencer un avec peu de chances favorables ; donner sans que le frère ou la soeur soit régulièrement inspecté dans ses dépenses : c'est, à mon avis, mal employer son argent ; c'est ouvrir une porte aux hypocrites qui se jetteront parmi nous pour faire payer leurs dettes, ou à la négligence et à la mauvaise gestion des frères et soeurs qui, après avoir fait des dettes, viendront demander qu'on les paie. C'est entraîner les églises dans des embarras inextricables, et ôter à de vrais pauvres l'argent qu'on emploiera à soulager des gens qui se sont mis dans des embarras qu'on aurait pu éviter.

J'aime mieux qu'un frère et une soeur ayant livré tout leur bien à la justice, ne gagnent qu'un batz par jour, que de rester dans un état embarrassé, où les dettes s'augmentent tous les jours. Trois cents batz font trente francs, et trente francs gagnés valent mieux que quatre cents et tant de francs perdus. Le reste de la dépense devra alors être fourni par les frères dont la générosité, dans ce cas, doit être aussi étendue que les besoins l'exigent.

Réfléchissez à ces choses, et dites-moi ce que vous en pensez. Que votre paix soit multipliée par la bénédiction du saint-Esprit !

LETTRE XI
Juillet 1829.

J'attends tout de Celui qui relève les abattus

Je saisis cette occasion pour me rappeler à ton bon souvenir et à celui de ta famille.
La mienne est bien, Dieu en soit béni. Mon corps est assez affaissé, mon âme aussi. Celui qui fouille Jérusalem avec des lampes m'a fouillé ces temps-ci, et j'ai trouvé bien de l'oripeau et du clinquant mêlé avec de l'or, tellement que je n'ai même pas trop su ce qui me restait de dons véritables de l'Esprit. Cependant, ce n'est que par l'Esprit que je puis avoir vu ma profonde misère et mes illusions, ce qui me donne bonne espérance. J'attends tout de Celui qui relève les abattus ; mais je suis bien résolu à rester longtemps dans cet état, plutôt que de me relever par des efforts propres, et plutôt que de produire des fruits de la chair sous l'apparence de fruits de l'Esprit.

Je crains par-dessus tout ces branches, en apparence vigoureuses, qui croissent au-dessous de l'ente.
Je prie Dieu de m'humilier sous sa puissante main, afin qu'il m'élève quand il en sera temps.
J'espère que Dieu m'avant amené à te faire part de mon état, sans que j'en eusse d'abord l'intention, ce sera pour mon bien, et cela t'engagera à prier pour moi, afin que Celui qui plante solidement les siens me plante ainsi pour sa gloire et mon salut en Jésus.

Adieu, ton affectionné et bien réellement indigne frère.

LETTRE XII
1829.

Lait empoisonné et fausses caresses

Je félicite bien le cher frère.... sur l'heureuse délivrance de sa femme. Que son enfant soit béni de notre Père en Jésus. J'envoie mes salutations à sa femme. Je voudrais pouvoir la féliciter de ce qu'elle serait née à Christ en même temps que son enfant est né à cette vie mortelle. Ne serait-elle pourtant pas plus heureuse de s'être abandonnée à l'amour de Jésus, et de s'y reposer doucement et en confiance, comme son enfant repose dans son sein !

Que dirait-elle si une femme cruelle prenait son enfant pendant son absence, l'emportait en lui offrant un sein plein d'un lait empoisonné, et cherchait à l'étouffer en le caressant. Trouverait-elle son enfant heureux, parce que le pauvre petit se contenterait de ce lait empoisonné et de ces fausses caresses ? Voilà pourtant la position d'une âme non convertie. Le diable la berce de fausses espérances, la nourrit de faux plaisirs et, au milieu d'une folle gaîté qu'il excite, il l'empoisonne et la fait périr.

Veuillez bien. expliquer au frère .... que ce n'est par aucun motif de mépris que je ne lui réponds pas à lui-même.
Dieu me garde de mépriser aucun de ces petits qui croient en Jésus. Grâces à mon Dieu, mes misères me sont de plus en plus tellement rendues sensibles, que je suis tenu continuellement en garde contre la pensée de m'élever, et que je puis en vérité et sous le regard de Dieu dire de celui qui semble le plus petit d'entre les frères, qu'il est plus grand que moi, malgré l'orgueil naturel qui me dit le contraire.

Je recommande à ce frère de prier pour moi.


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