LE
DÉLUGE
ou
MÉDITATIONS SUR LES
CHAPITRES VI ET VII DE LA
GENÈSE.
V
NOÉ TROUVE GRÂCE DEVANT
L'ÉTERNEL. IL REÇOIT L'ORDRE DE
BÂTIR L'ARCHE.
SA FOI ET SON OBÉISSANCE.
Même dans les temps les plus
fâcheux, il y a des hommes qui sont
réservés « selon
l'élection de grâce »
(Rom. XI, 5). C'est ce qui arriva
à l'époque du déluge.
Noé, fils de Lémech, petit-fils de
Méthusélah,
(1)
arrière petit-fils d'Énoch et faisant
partie de la pieuse postérité de
Seth, Noé « trouva grâce
devant l'Éternel »
(Gen. VI, 8).
Cette expression : trouver grâce
devant l'Éternel, est appliquée aussi
à Moïse
(Exode XXXIII, 17), à David
(Actes VII, 46), à la
mère du Seigneur
(Luc I, 30). Elle est
l'équivalant de cette autre expression
appliquée à tous les fidèles :
« Vous êtes sauvés par
grâce »
(Ephés. II, 8).
Trouver grâce devant Dieu, ou
être sauvé par grâce, c'est
être sauvé sans aucun mérite,
être sauvé sans avoir égard
à aucune oeuvre que l'on ait faite ou que
l'on se propose de faire. « Si c'est par
grâce, ce n'est plus d'après des
oeuvres, autrement la grâce n'est plus une
grâce, et si c'est d'après des
oeuvres, ce n'est plus une grâce, autrement
l'oeuvre n'est plus une oeuvre
»
(Rom. XI, 6). Quiconque
prétend travailler pour gagner le salut, ne
peut être sauvé par grâce,
« car à celui qui travaillé,
le salaire ne lui est pas compte comme une
grâce, mais comme une dette. Quant à
celui qui ne travaille point, mais qui croit en
celui qui justifie l'impie, sa foi lui est
comptée pour justice »
(Rom. IV, 4, 5).
Le dernier passage que nous venons de
citer nous montre que la grâce ou le pardon
gratuit est saisi par la foi, qui est
elle-même une grâce et un don de Dieu,
selon qu'il est écrit : «
Étant justifiés par la foi, nous
avons la paix avec Dieu par le moyen de notre
Seigneur Jésus-Christ, par le moyen duquel
aussi nous avons eu accès par la foi
à cette grâce dans laquelle nous
demeurons fermes. »
Aussi est-il dit de Noé qu'il
« fut fait héritier de la justice
qui s'obtient par la foi »
(Hébr. XI, 7). - Dieu lui
avait donné sa grâce en Christ avant
les temps éternels
(2 Tim. I, 9), Il lui donna en son
temps de la saisir par la foi,
(2) et Noé
ainsi justifié, trouva grâce devant
Dieu.
Ceux qui vécurent avant
Jésus-Christ trouvèrent grâce
en croyant en Celui qui devait venir, comme nous
qui vivons maintenant nous trouvons grâce en
croyant à Celui qui est venu.
Abel obtint par la foi le
témoignage d'être juste, Dieu rendant
un bon témoignage à ses offrandes
(Hébr. XI, 4). Jacob mourut
disant « Éternel, j'ai attendu ton
salut»
(Gen. XLIX, 18). Abraham a vu le jour
de Christ et s'en est réjoui
(Jean VIII, 56).
Les patriarches sont morts dans la foi
sans avoir reçu les choses qui leur avaient
été promises, mais ils les ont vues
de loin, crues, saluées, et ils ont fait
profession d'être étrangers et
voyageurs sur la terre. Quant à nous, nous
croyons que Jésus-Christ a
paru pour ôter nos
péchés
(1 Jean III, 5), nous croyons qu'Il
fut livré pour nos offenses et qu'il
ressuscita pour notre justification
(Rom. IV, 25). Ainsi les regards de
tous ceux qui ont été
justifiés depuis la création du monde
se sont concentrés sur Jésus, attendu
par les uns comme « le désiré
des nations » et reçu par les
autres comme Celui qui a accompli les promesses
faites aux pères.
C'est la grâce, toujours la
grâce, la foi, toujours la foi, qui ont
donné ou saisi le salut en tous temps et en
tous lieux. Il en sera ainsi jusqu'à la fin
des siècles.
Heureux ceux qui, comme Noé,
auront trouvé grâce pour ce jour qui
est appelé « le jour du jugement et
de la perdition des hommes impies »
(2 Pierre III, 7) ! Pour avoir ce
bonheur il faut croire comme Noé, car il est
dit positivement qu'en ce jour-là Dieu sera
glorifié dans ses saints, et se rendra
admirable en tous ceux qui auront cru
(2 Thess. I, 10).
S'il est incontestable que Noé
fut sauvé par grâce, par la foi et non
par ses oeuvres, il n'est pas moins incontestable
que sa foi, qui était un don de Dieu et une
oeuvre de l'Esprit dans son âme, produisait
en lui des fruits de sainteté. Il est dit de
lui qu'il était juste et intègre en
son temps et qu'il marchait avec Dieu (Gen. VI, 9).
L'Éternel lui-même lui dit : « Je
t'ai vu juste devant moi en ce temps-ci »
(Gen. VII, 1).
Noé était juste,
non-seulement parce qu'il était
justifié devant Dieu par sa foi
(Hébr. XI, 7), mais encore
parce qu'il faisait ce qui était juste et
droit, parce qu'il s'adonnait à la justice
(Actes X, 35) et qu'il «
recherchait la justice » comme le font
tous ceux qui invoquent le Seigneur d'un coeur pur
(2 Tim. II, 22). Quand le royaume de
Dieu est établi dans une âme par la
foi, il y est « justice, paix et joie par
le Saint-Esprit »
(Rom. XIV, 17 ;
Ephés. V, 9).
Noé était « juste
devant l'Éternel »
(Gen. VII, 1). Ce n'était pas
un juste mondain, un de ces faux justes à
qui Jésus-Christ disait :
Pour vous, vous voulez passer pour justes aux yeux
des hommes, mais Dieu connaît vos coeurs,
c'est pourquoi ce qui est grand devant les hommes
est en abomination devant Dieu. Noé avait le
coeur purifié par la foi
(Act. XV, 9), c'est pourquoi il ne
nettoyait pas seulement le dehors, mais tout
premièrement le dedans. Ayant
espérance en Christ, il se purifiait
lui-même comme Christ aussi est pur
(1 Jean III, 5). Ayant saisi par la
foi les promesses, et sachant que Dieu était
son Dieu
(Hébr. XI, 13), il se
nettoyait de toute souillure de la chair et de
l'Esprit, achevant sa sanctification dans la
crainte de Dieu
(2 Cor. VII, 1).
De plus, Noé était
intègre, c'est-à-dire, entier dans le
service de Dieu. Il ne se partageait pas entre Dieu
et le monde. Comme Dieu était tout pour lui,
il était tout à Dieu. Il pouvait dire
avec David : l'Éternel est la part de mon
héritage
(Ps. XVI), l'Éternel est tout
mon salut et tout mon plaisir
(2 Sam. XXIII, 5), et avec
Jérémie : « l'Éternel
est ma portion »
(Lament. III, 24).
Il n'était pas de ceux qui
clochent sans cesse entre Dieu et Bahal, qui
veulent sans cesse trouver des accommodements entre
le service de Dieu et le service du monde; hommes
doubles de coeur qui veulent servir deux
maîtres et auxquels il faut toujours
répéter : « Si
l'Éternel est Dieu, servez-le, et si Bahal
est Dieu, servez-le. »
Noé, sentant le prix de la
grâce qui lui avait été faite,
croyait qu'il se devait à Dieu tout entier,
qu'il devait le glorifier dans son corps et dans
son esprit qui lui appartenaient. Il sentait qu'il
ne devait point faire en son coeur de
secrètes réserves, et si, à
cause de l'infirmité humaine, il en trouvait
quelquefois, il les condamnait sans doute, il s'en
humiliait, il demandait à Dieu de les
ôter et de créer en lui un coeur net
(Ps. LI).
Il nous semble l'entendre dire : O mon
Dieu, tu m'as racheté, tu m'as fait
échapper par la grâce à un
malheur bien plus terrible que le déluge, tu
m'as donné une place dans ta cité
(Hébr. XI, 14-16) ! Je
puis attendre par ta grâce
une meilleure patrie, savoir la céleste
(v 16), quand les maux et les
misères de mon pèlerinage seront
à leur terme. 0 mon Dieu, me voici pour
faire la volonté, toute ta volonté !
- « Que l'intégrité et la
droiture me gardent, car je me suis attendu
à toi. Enseigne-moi tes voies et je
marcherai dans ta vérité. Lie mon
coeur à la crainte de ton nom »
(Ps. LXXXVI, 11) !
Noé était juste et
intègre « en son temps »
(Gen. VI, 9).
L'Écriture fait remarquer deux
fois ce trait distinctif de son caractère.
Quand Dieu l'appelle à entrer dans l'arche,
Il lui dit : « Entre, toi et toute la maison,
dans l'arche, car je t'ai vu juste devant moi en ce
temps-ci. »
Il y a donc dans les circonstances du
temps où Noé fut juste et
intègre, quelque chose qui rendait son
intégrité tout
particulièrement agréable à
Dieu.
Dieu se plaît à remarquer
ceux qui, dans des temps d'impiété et
de corruption générale, lui demeurent
fidèles. Nous voyons dans le prophète
Malachie, qu'après avoir rapporté les
propos impies tenus contre Lui par les rebelles et
les murmurateurs de l'ancien peuple, l'Esprit saint
ajoute : « Alors ceux qui craignent
l'Éternel ont parlé l'un à
l'autre, et l'Éternel y a été
attentif et l'a ouï; et l'on a écrit un
livre de mémoires devant lui pour ceux qui
craignent l'Éternel et qui pensent à
son nom. Et ils seront miens, a dit
l'Éternel. des armées, lorsque je
mettrai à part mes plus précieux
joyaux; et je leur pardonnerai, ainsi que chacun
pardonne à son fils qui le sert »
(Malach. III, 16, 17).
Ces mots : Je l'ai vu, juste devant moi
en ce temps-ci, devaient faire abonder la
consolation dans le coeur de Noé, au milieu
des opprobres, des moqueries et peut-être des
insultes qu'il avait à souffrir de la part
du monde des impies dont il était
entouré. On le regardait comme un
insensé, un visionnaire, un cerveau malade,
comme un être qui déraisonnait.
Peut-être l'accusait-on de troubler la
société, d'en rompre l'unité,
de se distinguer des autres par
un esprit d'orgueil ; de
n'être bon à rien qu'à courir
après des rêveries propres à
détourner les hommes d'une utile et louable
ambition pour les choses de la terre. - Pour un
monde qui juge selon la chair, Noé est
l'objet d'une dérision insultante ou d'une
méprisante pitié. Aux yeux de Dieu
qui regarde au coeur et qui rend à chacun sa
louange, c'est un juste, c'est un vase
d'élection, c'est une perle
précieuse, c'est le seul que Dieu remarque,
c'est le seul qu'Il veuille sauver, avec sa
famille, au milieu de ces multitudes qui
l'envisagent comme le rebut de la terre.
Noé, prends courage ! tu as
trouvé grâce devant l'Éternel,
Il t'a vu juste en ce temps-ci,
Prenez courage aussi vous, mes
frères, qui portez l'opprobre de Christ;
vous à qui l'on peut appliquer ces paroles
de Dieu à Jéosuah : «Toi et
tes compagnons qui sont assis devant toi, vous
êtes des gens qu'on tient pour des
monstres »
(Zacharie III, 8).
N'oubliez pas que l'Éternel vous
voit d'un autre oeil que le monde. Il connaît
ceux qui sont siens. Il vous a marqué pour
vivre, « Il a choisi les choses folles de
ce monde pour confondre lés sages, les
choses faibles pour confondre les fortes, les
choses viles du monde et les plus
méprisées, celles qui ne sont point
pour anéantir celles qui sont »
(1 Cor. I, 26-28).
Le jour approche où, en
présence de l'univers assemblé, le
Seigneur vous mettra, à part comme ses plus
précieux joyaux. Alors Il sera vu, à
votre joie, mais à la confusion de ceux qui
vous ont couverts d'opprobre. C'est pourquoi, comme
le dit l'Esprit saint, « fortifiez vos
mains qui sont affaiblies, et vos genoux qui sont
relâchés »
(Hébr. XII, 12). «
Attendez patiemment et affermissez vos coeurs,
car l'avènement du Seigneur est proche?
»
(Jacq. V, -8). « Sortons donc
hors du camp pour aller à Christ en portant
son opprobre, car nous n'avons point ici-bas de
cité permanente, mais nous cherchons celle
qui est à venir »
(Hébr. XIII, 12, 13).
Bientôt les portes de cette cité
s'ouvriront à la voix de Celui qui
vous a vus justes devant Lui dans
ce temps-ci, dans le temps de la dernière et
grande révolte contre l'Éternel et
contre son Christ.
Bientôt, la même voix qui
fera retentir comme un éclat de tonnerre sur
la tête des impies rassemblés devant
le tribunal de Christ cette parole foudroyante :
« Maudits retirez-vous de moi ! »
cette même voix du Sauveur que vous aurez
confessé devant les hommes qui le
méprisent, vous adressera cette parole d'une
ineffable consolation : « Venez,
bénis de mon Père, possédez en
héritage le royaume qui vous a
été préparé dès
la fondation du monde »
(Matth. XXV, 34).
L'Écriture fait remarquer le
principe de la conduite juste et intègre de
Noé, en disant « qu'il marcha avec
Dieu »
(chap. VI, 9). Ainsi avait
marché son ancêtre Énoch
(Gen. V, 22) ; ainsi Abraham
était-il exhorté à marcher
lorsque Dieu lui dit « Marche devant ma
face et sois intègre »
(Gen. XVII; 1) ainsi devaient
marcher, d'après la prophétie de
Zacharie, tous ceux qui, étant
délivrés de leurs ennemis par le
Christ, serviraient Dieu sans crainte «
dans la sainteté et dans la justice tous
les jours de leur vie »
(Luc I, 74, 75). Se proposer toujours
l'Éternel devant soi comme David, et le voir
toujours à sa droite, c'est le moyen de
n'être point ébranlé
(Ps. XVI, 8) ; marcher toujours comme
voyant Celui qui est invisible, ainsi que le
faisait Moïse
(Hébr. XI, 27), c'est le moyen
de ne craindre aucune difficulté, et de les
surmonter toutes.
Avoir toujours l'oeil sur Celui qui a
toujours les yeux fixés sur nous, et qui a
dit : « Je te guiderai de mon oeil
»
(Ps. XXXII, 8), c'est le moyen de
conserver une conscience délicate et un tact
sûr. Celui qui marche avec Dieu comme un ami
avec son ami, qui regarde à Lui et le
consulte en toute chose, celui-là marchera
toujours en intégrité et en
assurance. Que Dieu nous donne de le «
considérer ainsi dans toutes nos voies,
afin qu'Il dirige nos sentiers »
(Prov. III, 6).
Noé ne se contenta pas
d'être juste et intègre en son temps ;
il fut de plus, comme nous l'avons
déjà remarqué ailleurs, «
prédicateur de la justice »
(2 Pierre II, 5). Il put dire, comme
le dit plus tard David, en cela type du Messie :
« J'ai prêché ta justice dans
la grande assemblée voilà je n'ai
point retenu mes lèvres ; tu le sais,
ô Éternel Je n'ai point caché
ta justice, qui est au-dedans de mon coeur ; j'ai
déclaré ta fidélité et
ta délivrance ; je n'ai point
célé ta gratuité ni la
vérité dans la grande
assemblée »
(Ps. XL, 9, 10).
Aussi l'Éternel, comme il est dit
dans le verset qui suit ceux que nous venons de
citer, « ne lui épargna point ses
compassions. »
Ceux qui ne s'épargnent point
pour faire connaître le nom de
l'Éternel, même à un peuple
rebelle et contredisant, éprouveront que
Dieu ne leur épargne point ses
délivrances dans les mauvais jours.
Tel fut donc Noé ; tel fut
l'homme que l'Éternel voulut sauver de la
destruction générale; tel fut l'homme
auquel Il révéla que la fin de toute
chair était venue devant Lui, et qu'Il
ferait venir un déluge d'eau sur la terre
pour détruire toute chair en laquelle il y a
esprit de vie, sous les cieux
(Gen. VI, 13, 17).
C'est ainsi que plus tard Dieu
révéla à Abraham son
décret de destruction à
l'égard de Sodome en disant : «
Cacherai-je à Abraham ce que je m'en vais
faire ? »
« Le secret de l'Éternel
est pour ceux qui le craignent »
(Ps. XXV, 14).
Le Seigneur ne fera aucune chose qu'Il
n'ait révélé son secret aux
prophètes, ses serviteurs. En toutes choses
s'accomplit celle parole : « J'honorerai
ceux qui m'honorent. » - C'est pour notre
instruction que Dieu nous prédit dans
l'Écriture les temps à venir.
Aussi est-il écrit à ce
sujet « les plus intelligents d'entre le
peuple donneront instructions à
plusieurs. » Ils se trouveront parmi ceux
qui auront été jugés capables
d'être éprouvés,
épurés et blanchis par la souffrance.
« Pas un des méchants n'aura de
l'intelligence, mais les intelligents
comprendront »
(Dan. XI, 33, 35 ;
XII, 10). Marchons donc avec Dieu,
si nous voulons avoir son secret dans les choses
qu'Il a jugé à propos de nous
révéler. Vivre avec Christ est le
plus sûr moyen d'avoir la pensée de
Christ
(I Cor. II, 16).
Le moyen que Dieu employa pour sauver
Noé, fut de lui ordonner de construire une
arche pour s'y retirer avec sa famille et avec les
animaux qui devaient s'y conserver en vie pour
repeupler ensuite la terre. Il lui dit : «
Fais-toi une arche de bois de Gopher; tu feras
l'arche par loges et la calfeutrera de bitume par
dedans et par dehors. Et tu la feras en cette
manière : La longueur de l'arche sera de
trois cents coudées, sa largeur de cinquante
coudées et sa hauteur de trente
coudées. Tu donneras du jour à
l'arche, et feras son comble d'une coudée de
hauteur, et tu mettras la porte de l'arche à
son côté, et tu la feras avec un bas
un second et un troisième étage. Et
voici, je ferai venir un déluge d'eaux sur
la terre pour détruire toute chair en
laquelle il y a esprit de vie sous les cieux ; et
tout ce qui est sur la terre expirera. Mais
j'établirai mon alliance avec toi ; et tu
entreras dans l'arche, toi et tes fils, et ta
femme, et les femmes de tes fils avec toi. Et de
tout ce qui a vie d'entre toute chair tu en feras
entrée deux de chaque espèce dans
l'arche, pour les conserver en vie avec toi, le
mâle et la femelle ; des oiseaux, selon leur
espèce; des bêtes à quatre
pieds, selon leur espèce, et de tous
reptiles, selon leur espèce. Il y entrera de
tous par paires, avec toi, afin que tu les
conserves en vie »,
(Gen. VI, 14-20).
Cette arche (car la forme en
était plus semblable à un coffre
qu'à un navire) devait avoir trois cents
coudées de longueur, C'est-à-dire
environ quatre cent cinquante pieds ou deux cent
cinquante pas. (La coudée était
généralement évaluée
à un pied six pouces.
(3)) La largeur
était d'environ
quatrevingts pieds et la hauteur
de cinquante. Distribuée en trois
étages, et chaque étage étant
composé de loges ou de cases de
différentes grandeurs, l'arche ne
ressemblait pas mal a une ruche d'abeilles avec ses
rayons les uns sur les autres, sauf que les
alvéoles des rayons de miel sont tous
d'égale dimension. Le bâtiment devait
avoir des ouvertures en guise de fenêtres,
une porte à l'un de ses côtés
et son toit, presque plat, n'avait pas deux pieds
de pente. Voilà où Dieu dit à
Noé de se réfugier contre le
déluge, lui, sa femme, ses
fils et leurs femmes, les animaux qu'il plairait
à Dieu de conserver et de la nourriture pour
eux tous.
(4)
Dieu aurait pu employer tout autre moyen
pour sauver Noé et toutes les
créatures qu'il voulait conserver avec lui;
mais sa sagesse choisit celui-ci comme le plus
convenable.
D'abord, la construction de l'arche
prêcha pendant cent et vingt ans d'une
manière frappante aux hommes du temps de
Noé, le terrible châtiment dont ils
étaient menacés. L'arche était
donc à leur égard un moyen de
miséricorde.
De plus, la construction de l'arche
donnait un exercice utile à la foi et
à l'obéissance de Noé.
C'était donc pour lui un moyen de salut,
aussi miséricordieux pour son âme que
pour son corps.
Enfin, l'arche n'étant point par
elle-même de nature à résister
à la violence des eaux, obligeait Noé
à ne point se confier en elle, mais en
l'amour et en la puissance de Dieu qui pouvait la
soutenir au milieu de tous les dangers et de tous
les risques d'un déluge arrivant avec
impétuosité.
Telles sont les voies de Dieu. Elles
sont toutes sagesse, elles sont toutes
miséricorde. Toutes nous obligent à
exercer nos facultés physiques et morales,
et en même temps elles nous ramènent
au sentiment de notre impuissance et à celui
d'une absolue confiance en
Dieu(5).
D'un côté, nous devons
« croire, travailler à notre
salut »
(Phil. II, 12), « y donner
tous nos soins, nous efforcer »
(2 Pierre III, 14), « saisir
la vie éternelle »
(Hébr. XII, 28 ;
1 Tim. VI, 12).
De l'autre, nous ne devons attendre
notre salut que de Celui qui donne la foi
(Rom. V, 2 ;
Ephés. II, 8), qui produit en
nous le vouloir et le faire selon son bon plaisir,
et qui accomplit en nous puissamment tous les
desseins favorables de sa bonté et l'oeuvre
de notre foi
(2 Thess. I, 11) - Ainsi, quand nous
avons agi, nous pouvons dire avec Paul : «
J'ai travaillé » et ajouter avec
lui « Non pas moi pourtant, mais la
grâce de Dieu qui est en moi, » car
« c'est par la grâce de Dieu que je
suis ce que je suis »
(1 Cor. XV, 10).
Ainsi l'homme est exercé au
travail, il en a la récompense
(1 Cor. III, 8 ;
XV, 58.
Coloss. III, 23-25), et Dieu en a
toute la gloire.
Ces voies de Dieu sont admirables !
Heureux ceux qui, au lieu de s'embarrasser dans les
difficultés que présentent à
l'intelligence humaine l'accord entre l'action
libre de l'homme et la puissance souveraine de Dieu
qui agit en eux, emploient leur temps, non à
discuter, mais à croire et à
obéir ! Heureux ceux qui laissent à
l'Éternel les choses cachées et qui
prennent pour eux et leurs enfants les choses
révélées, afin de les faire
(Deut. XXIX, 29).
C'est ce que fit Noé. «
Ayant été divinement averti des
choses qu'on ne voyait point encore, il craignit et
bâtit l'arche pour sauver sa famille
»
(Hébr. XI, 7). « Il
craignit. » Remarquez ce mot.
Sa foi eut d'abord pour objet la menace.
Il craignit le déluge, parce qu'il crut que
Dieu disait vrai en menaçant le monde de cet
effroyable châtiment. Il n'écouta pas
la voix du séducteur, qui. contredisant au
milieu de ses contemporains la menace de Dieu,
comme elle l'avait contredite auprès de nos
premiers parents pour les perdre. Dieu avait dit:
« J'exterminerai les hommes que j'ai
créés, tout ce qui est sur la terre
expirera. » Noé
répéta avec une
pleine certitude de foi : « Dieu
exterminera tous les hommes, tout ce qui est sur la
terre expirera. » En conséquence,
il craignit et bâtit l'arche pour sauver sa
famille.
Nul ne bâtit l'arche, nul ne se
réfugie vers Christ, nul ne s'édifie
sur sa très-sainte foi, nul ne conserve la
grâce, que celui qui craint
véritablement les menaces.
Comment celui qui ne croit pas aux
menaces, croirait-il véritablement aux
promesses? Si l'on fait Dieu menteur en un point,
comment ne le ferait-on pas menteur en quelque
autre? - Défions-nous de celui qui,
étant menteur dès le commencement, et
ayant dès le commencement l'habitude de
démentir Dieu, vient sous la peau de brebis,
ou déguisé en ange de lumière,
nous ôter la foi aux menaces pour
ébranler notre foi aux promesses.
Défions-nous de tout ce qui, sous un
prétexte ou sous un autre, délie
notre coeur de la crainte du nom de
l'Éternel. ne soyons pas plus sages que Dieu
qui nous rattache à sa grâce en
Jésus, par la crainte de le rencontrer hors
de la grâce comme un feu consumant
(Hébr. XII, 28, 29 ;
X, 28-31).
Noé crut, et il obéit. La
vraie foi est le vrai principe de
l'obéissance. Abraham étant
appelé, obéit,
(Hébr. XI, 8), et le
saint-Esprit nous dit que c'est par la foi qu'il
put quitter sa patrie et demeurer comme
étranger dans la terre qui lui avait
été promise
(Hébr. XI, 9). Paul dit qu'il
a été appelé à la
charge d'apôtre, afin d'amener tous les
Gentils à l'obéissance de la foi
(Rom. I, 5). L'apôtre Pierre
dit que nous purifions nos âmes en
obéissant à la vérité
par l'Esprit
(1 Pierre I, 22).
Si nous obéissons peu, c'est que
nous croyons peu. Si nous avions une foi
entière aux menaces et aux promesses, les
unes et les autres donneraient à notre
âme une énergie qui la rendrait
capable de transporter des montagnes de
difficultés. Un enfer, des tourments sans
fin, si l'on abandonne la foi et
l'obéissance ; un ciel, un bonheur sans fin,
si l'on est victorieux; des promesses de
grâce assurant la force et
le triomphe a celui qui s'y confie: n'est-ce pas
assez pour produire l'obéissance chez celui
qui croit, ne doutant nullement? -
Seigneur, augmente-nous la foi
(Luc XVII, 5) ! Seigneur, nous
croyons, aide-nous dans notre
incrédulité
(Marc IX, 24) !
Que la foi de Noé fut admirable,
et quel exemple elle nous donne! Étant mort,
il parle encore par elle
(Hébr. XI).
Remarquons d'abord qu'il n'est fait
mention que d'un seul avertissement de Dieu
à Noé, appel qui suffit à ce
patriarche pour obéir. Nous ignorons si Dieu
lui parla en vision, en songe, comme à
Jacob, comme à Samuel; s'Il lui parla par
une voix venant du ciel, comme à Abraham sur
Morija, ou s'Il se présenta à lui
sous la forme d'un ange, comme à Abraham
dans les plaines de Mamré, comme à
Gédéon sous le chêne d'Ophra,
comme à Samuel dans le tabernacle.
Quoi qu'il en soit, Dieu lui parla pour
l'avertir, et ce fut de sa part une bonté
infinie. Noé l'apprécia sans doute ;
il se dit, sans doute, à lui-même,
Quelle bonté de Dieu de s'être
révélé à sa pauvre.
créature ! Quelle bonté de Dieu de
s'être révélé à
un pauvre pécheur comme moi pour m'avertir
de ses terribles jugements, pour me dire qu'il veut
me faire grâce pour m'indiquer le moyen
d'échapper à la destruction
générale! 0 mon Dieu ! disait-il,
sans doute, en lui-même, je veux
écouter ta voix, je ne veux point contester
avec toi, je veux garder ta Parole qui est pour mon
salut; je veux croire, te bénir et
t'obéir.
Ainsi fit Noé, ainsi
devrions-nous faire nous, bien plus
privilégiés que lui; nous qui avons
entendu la Parole des milliers de fois; nous qui
n'avons pas, comme Noé, une
révélation qui aurait pu se renfermer
dans une seule page, mais qui possédons plus
de mille pages des révélations de
Dieu; nous qui pouvons nous appliquer ces paroles :
« Dieu ayant anciennement parlé
à nos pères par les prophètes
à plusieurs fois et en plusieurs
manières, nous a parlé en ces
derniers jours par son Fils,
qu'il a établi héritier de toutes
choses, et par lequel il a fait les
siècles»
(Hébr. I, 1, 2). Nous avons le
volume des révélations de Dieu entre
nos mains, nous pouvons le lire et le relire ; nous
pouvons l'entendre expliquer, développer par
les serviteurs de Dieu qui nous prêchent, qui
nous conjurent de fuir la colère à
venir, d'être réconciliés avec
Dieu, de persévérer dans la foi pour
le salut de nos âmes, de nous conduire d'une
manière digne de notre vocation.
Plus privilégiés que
Noé, combien, ne sommes-nous pas coupables
si nous restons en dessous de sa foi et de son
obéissance !
Souvenons-nous bien que la Parole de
Dieu est une révélation
adressée à chacun de ceux auxquels
elle parvient, écrite ou
prêchée. Comme Dieu appela Abraham,
Samuel, par leurs noms, de même Il appelle
par son nom chacun de ceux auxquels la Parole de
Dieu est adressée. « Il nous parle
des cieux » dit l'Écriture
(Hébr. XII, 25), et le
Seigneur dit en parlant de ses brebis de tous les
temps et de tous les lieux. « qu'Il les
appelle par leur nom »
(Jean X, 3).
Oh ! comme l'Écriture se
présenterait à nous sous un point de
vue différent, Si nous la regardions comme
une révélation donnée,
à chacun de nous, dans laquelle Dieu nous
appelle par notre propre nom, ayant la bonté
de venir nous instruire à salut par la foi
qui est en Jésus-Christ.
Prenons garde de ne pas mépriser
Celui qui nous parle, et qui nous dit en quelque
sorte : Toi, un tel, arrête-toi pour
écouter ton Dieu qui veut ton salut, qui ne
veut point que tu périsses, mis que tu te
convertisses.
Arrête-toi sur le chemin de
l'enfer où tu cours. Écoute le Dieu
des miséricordes qui veut te dire de bonnes
paroles, des paroles de paix et de consolation.
Écoute-le et tu t'en trouveras bien ; fais
ce qu'Il te dit, et tu seras en
sûreté.
Frères en Adam, et vous aussi,
frères en Christ, arrêtons-nous pour
écouter ce que dira l'Éternel, car
« Il parlera de paix a son peuple et
à ses bien-aimés»
(Ps. LXXXV, 8).
Arrêtons-nous, car il n'y a plus
qu'un pas entre nous et la mort, et après la
mort suit le jugement. Écoutons la voix qui
nous avertit. Elle est solennelle, elle est
miséricordieuse, elle se place entre nous et
le bruit sifflant de tempête du dernier jour.
Prosternés, reconnaissans, disons avec
Samuel : « Parle, Seigneur, car tes
serviteurs écoutent. » -
Noé, ayant été divinement
averti, craignit, et bâtit l'arche pour lui
et sa famille.
Non-seulement Noé crut et
obéit, mais il obéit promptement,
sans hésiter, sans perdre de temps. Il
obéit exactement et en toutes choses ; il
obéit avec persévérance et
jusqu'à ce qu'il eut achevé de faire
ce que Dieu lui avait commandé. Il
obéit sans se laisser rebuter par la
fatigue, la longueur du temps, les dépenses,
les difficultés d'exécution, le
mépris, les moqueries de ses alentours. Il
fit voir que toutes choses sont possibles à
celui qui croit, et que la foi est la victoire du
monde. « Noé fit selon tout ce que
Dieu lui avait commandé, il le fit ainsi
»
(Gen., VI, 22).
Voici ce qu'ont dit sur cette foi de
Noé deux serviteurs de Dieu qui ont
traité ce sujet d'une manière
édifiante :
«Si Noé, » dit l'un
d'eux, « avait été faible dans
la foi, il aurait eu bien des choses à
objecter contre ce que Dieu lui disait.
D'abord, aura-t-il du temps et des aides
en suffisance pour achever cette prodigieuse
construction ?
Ensuite, quelque vaste que soit l'arche,
d'après le plan que Dieu vient de tracer,
pourra-t-elle contenir tout ce qu'il doit y entrer?
Et encore, comment Noé s'y prendra-t-il pour
faire venir les animaux dans l'arche, et comment
les y domptera-t-il?
À supposer que tout cela puisse
se faire, est-ce qu'une masse pareille se tiendra
sans chavirer sur la face des eaux? Plein ou vide,
n'importe, il n'y a pas moyen que ce vaisseau sans
quille, sans gouvernail et sans voile,
résiste un seul moment aux flots du
déluge. Mais enfin, ce déluge
lui-même est-il bien possible? D'où
viendra donc toute l'eau capable
de couvrir entièrement la terre? -
Voilà, sans doute, des pensées qui ne
manquèrent pas de s'élever dans le
coeur de Noé ; mais la bouche de
l'Éternel a parlé; il croit, et il
bâtit l'arche selon le commandement de Dieu.
Oh ! que ce bon Dieu daigne nous donner une foi
obéissante, semblable à celle de
Noé, notre père ; car nous aussi,
nous avons à bâtir une arche pour
échapper au jugement à venir.
»
Voici ce que dit le second des auteurs
que nous citons :
« Rien peut-être dans
l'histoire sacrée n'est plus remarquable que
cette obéissance de Noé, si nous
considérons les difficultés et les
objections qu'il dut rencontrer à chaque pas
sur sa route. La longueur de l'entreprise, les
peines et les travaux, l'opposition du monde
profane qui l'entourait, les moqueries des impies ;
que d'épreuves pour son obéissance et
sa foi ! Il lui fallait des principes d'une
invincible résolution pour surmonter tant
d'obstacles. « Que veut faire ce vieil
insensé?» devait-il entendre murmurer
autour de lui. « Où doit le conduire
cette navigation sur les terres? Il nous dit que
son travail annonce notre ruine. Quoi ! Il est donc
prophète pour savoir l'avenir ! Quoi nous
devons tous périr et lui seul
échapper! »
Mais qu'importe au serviteur de Dieu !
Il a entendu l'ordre souverain de son maître,
dont la grâce puissante le conduit à
travers toutes ces difficultés. Noé
bâtissant son arche ne redoutait pas plus les
sarcasmes et les menaces des hommes, qu'il ne
craignit plus tard les flots bruyants qui venaient
se briser contre son navire où il dormait en
paix. - Mais une telle obéissance doit avoir
dans le coeur d'un homme une racine bien ferme et
bien profonde. Quelle était-elle pour
Noé? Saint Paul nous répond
(Hébr. XI, 7) : « Par
la foi, Noé étant averti bâtit
l'arche. » La foi, telle fut sa force. Il
n'y a aucune obéissance vivante et durable
que celle qui est le fruit de la
foi. Noé crut quand Dieu
lui annonça son jugement sur un monde impie,
et sa foi lui inspira cette humble crainte que
saint Paul mentionne expressément dans le
passage que nous venons de citer. Il crut aussi la
miséricordieuse promesse de son Dieu, qu'il
serait sauvé de la destruction par le moyen
de l'arche. C'est sur les ailes de cette double foi
qu'il traversa toutes les montagnes et tous les
abîmes, poursuivit son travail, triompha de
ses propres doutes comme de
l'incrédulité des autres, parce qu'il
regardait à Celui qui était le
maître et l'ordonnateur de son
oeuvre.
Cette soumission absolue à Dieu,
cette confiance en Lui, nous est
représentée dans l'Écriture
comme le caractère spécial de la foi
d'Abraham. À la voix de Dieu il quitte son
pays, « sans savoir où il allait,
» et sans le demander, il s'abandonne à
son guide. Encore à la voix de Dieu, il
offre son fils, impose silence à toutes les
objections par cette logique toute puissante de la
foi : Dieu peut même le ressusciter des
morts. Ainsi fit Noé ; il ne raisonne point,
il ne demande point : Comment s'accomplira cette
oeuvre? et si elle est possible, comment rassembler
tous les animaux qui doivent être
préservés par ce moyen ? Que
deviendrons-nous dans cette arche pendant la
destruction universelle? Non, il croit fermement,
il se met à l'oeuvre, il sait que cette
oeuvre sera achevée par lui, qu'il sera
sauvé de cette manière; et il ne fut
pas trompé.
Aussi long-temps que nous ne sommes pis
parvenus à cette connaissance positive de
notre Dieu, à cette ferme persuasion de sa
vérité, de sa puissance, de sa
bonté, il nous manquera toujours l'essence
de la vie spirituelle, il n'y aura
qu'hésitation et instabilité dans
notre esprit et dans nos voies. Le plus petit sujet
de découragement qui s'élèvera
du dedans ou du dehors suffira pour nous
arrêter on nous faire tomber. Le seul chemin
sûr et heureux est celui
d'une humble obéissance aux dispensations de
Dieu, qui jamais ne s'arrête aux objections
du doute, mais résigne la direction de
toutes choses entre les mains de sa sagesse et de
son amour éternel, lui remet le gouvernail
de notre vie, cingle à pleines voiles dans
la direction qu'il imprime au navire, et se repose
paisiblement sur sa promesse. Seigneur, où
veux-tu que j'aille? par quel chemin? Sois
toi-même mon guide, et cela me suffit.
»
Résumons. La foi ne raisonne pas;
elle croit et elle obéit.
Qui veut être sauvé, doit,
comme Noé, croire et obéir sans
s'arrêter aux difficultés.
Ce n'est pas que le croyant n'ait de
l'incrédulité dans son coeur ; au
contraire, lui seul connaît combien le coeur
de l'homme est incrédule et rebelle. Tout ce
que les incrédules disent contre sa foi, le
démon et son propre coeur le lui disent;
mais par là même que la lumière
a pénétré dans son coeur, il
connaît son incrédulité, il la
déteste, il la combat, et par la force du
Seigneur il en triomphe.
Une voix venant du vieil homme lui dit,
d'accord avec Satan : « Vous ne mourrez
nullement, » Dieu ne perdra pas tant de
gens, Il ne les a pas créés pour les
détruire.
Le nouvel homme, fortifié par
l'Esprit, répond Il est impossible que Dieu
mente; Dieu sera trouvé véritable et
tout homme menteur. » Le vieil homme dit:
« Je ne puis me sauver sur la montagne que
le mal ne m'atteigne »
(Gen. XIX, 19) ; « nous ne
saurions monter contre ce peuple-là, il est
plus fort que nous »
(Nomb. XIII, 32). Il dit avec les
apôtres dans un moment de
découragement - « Qui donc pourra
être sauvé »
(Luc XVIII, 26) ?
Le nouvel homme répond :
«Ce qui est impossible aux hommes, est
possible à Dieu»
(v 27). - Ainsi triomphe la foi dans
l'enfant de Dieu, luttant corps à corps avec
lui-même, dans la force de Celui qui
accomplit sa vertu dans notre infirmité.
Ainsi triompha, sans doute, Noé au milieu de
l'incrédulité qui l'entourait, et en
dépit de celle de son propre coeur. Celui
que Dieu fortifie est le
maître en luttant avec les hommes et avec
lui-même ; en toutes choses il est plus que
vainqueur par Celui qui l'a aimé.
|