LE
DÉLUGE
ou
MÉDITATIONS SUR LES
CHAPITRES VI ET VII DE LA
GENÈSE.
IV
PUNITION DES HOMMES QUI AVAIENT ABUSÉ
DE LA PATIENCE DE DIEU.
LE DÉLUGE LES FAIT TOUS
PÉRIR.
Les délais que Dieu accorde au
pécheur ne doivent pas être confondus
avec le pardon; car supporter n'est pas pardonner.
« Le pécheur fait mal cent fois, et
Dieu lui donne du délai ; mais je connais
aussi qu'il sera bien à ceux qui craignent
Dieu, et qui révèrent sa face; mais
qu'il ne sera pas bien au
méchant, et qu'il ne prolongera point ses
jours non plus que l'ombre »
(Ecclés. VIII, 12, 13). La
patience de Dieu lassée se tourne en
colère.
« Méprises-tu les
richesses de sa bonté, de sa patience et de
son long support, ne considérant pas que la
bonté de Dieu te convie à la
repentance, et que par ta dureté et ton
coeur sans repentance, tu t'amasses un
trésor de colère pour le jour de la
colère et de la révélation du
juste jugement de Dieu, qui rendra à chacun
selon ses oeuvres »
(Rom. II, 4, 5)?
Il est un temps où la
miséricorde de Dieu elle-même
s'accorde avec sa justice, pour dire de l'arbre qui
ne porte point de bon fruit : «
Coupe-le »
(Luc XIII, 9).
Ceux que sa patience n'a pas convertis,
sa justice finit par les détruire. Si
l'Éternel est tardif à la
colère, Il ne tient nullement le coupable
pour innocent, et « Il la garde à
ses ennemis pour se venger de ses adversaires
»
(Nahum I, 2,) quand ils l'ont
bravé assez long-temps. Le méchant a
beau être terrible et verdoyant comme un
laurier vert, il est coupé subitement, et
voici il n'est plus, et son lieu ne le
reconnaît plus
(Ps. XXXVII, 35, 36).
Les hommes qui vivaient avant le
déluge, se moquaient des menaces et des
avertissements que Dieu leur adressait par le moyen
de Noé. Ils disaient en leurs coeurs avec
d'autres impies dont parle un prophète:
« Nous avons fait accord avec la mort, et
nous avons intelligence avec le sépulcre ;
quand le fléau débordé
traversera, il ne viendra pas sur nous, car nous
avons mis le mensonge pour notre retraite, et nous
nous sommes cachés sous la
fausseté»
(Esaïe XXVIII, 15). Quand le
temps de la vengeance fût venu, leur
péché les trouva, et Dieu leur fit en
quelque sorte, par le déluge, cette
réponse : « Voici, la grêle
détruira la retraite du mensonge, et les
eaux inonderont le lieu où l'on se retirait.
Votre accord avec la mort sera aboli, votre
intelligence avec le sépulcre ne tiendra
point. Quand le fléau débordé
traversera, vous en serez foulés ;
dès qu'il traversera il
vous emportera, et dès qu'on en entendra le
bruit il n'y aura que remuement. Maintenant donc ne
vous moquez plus »
(Esaïe XXVIII, 17-22).
Les hommes de ce temps-là
étaient des géants, des hommes de
renom, de puissants hommes qui remplissaient la
terre d'extorsion
(Gen. VI, 4,
11,
13), c'est-à-dire
d'oppression et de violence.
Ces hommes semblaient défier la
terre et le ciel; mais ils furent contraints
à trembler devant Dieu, quand Il se leva
pour les juger, et ils durent périr
misérablement avec tous les autres : «
Le terrible prendra fin, et le moqueur sera
consumé ; le branchage des terribles sera
abattu, et tous ceux qui veillent pour commettre
l'iniquité seront retranchés
»
(Esaïe XXV, 5 ; et
XXIX, 20). - Les hommes du
déluge en avaient éloigné de
jour en jour la pensée. Aux approches
même de cette calamité,
annoncée par l'entrée de Noé
dans l'arche, ils continuèrent à se
faire illusion, et restèrent plongés
dans un sommeil profond dont ils ne se
réveillèrent qu'au bruit des eaux du
déluge qui se précipitaient, et des
fontaines du grand abîme qui se rompaient.
Ils furent surpris par ce jour comme on le serait
par un larron.
Quand ils disaient : Paix et
sûreté, une ruine subite fondit sur
eux tout-à-coup et ils
n'échappèrent point : « Ils
ne pensèrent au déluge, »
dit l'Esprit saint, « que lorsqu'il vint et
les emporta tous »
(Matth. XXIV, 39). « La
perdition n'est-elle pas pour l'impie, et les
accidents étranges pour les ouvriers
d'iniquité »
(Job XXXI, 3)?
L'homme ne connaît point son
temps, non plus que les poissons qui sont pris au
filet, lequel est mauvais pour eux, et les oiseaux
qui sont pris an lacet, car les hommes sont ainsi
enlacés par le temps mauvais, lorsqu'il
tombe subitement sur eux.
En l'an 1656 de ce monde, « l'an
600 de la vie de Noé, au second mois, le
dix-septième jour du mois,
(1) en ce
jour-là, toutes les
fontaines du grand abîme furent rompues, et
les bondes des cieux furent ouvertes. Ainsi les
eaux du déluge furent sur la terre
»
(Gen. VII, 10 et 11). Il ne faut pas
se représenter
l'accroissement progressif des eaux du
déluge comme celui d'un lac dont le niveau
s'élève lentement par la fonte
régulière des neiges. Des torrents,
des fleuves, des rivières, des ruisseaux,
même les plus petits, qui débordent en
fureur ; un océan qui franchit ses rivages
et envahit dans sa colère les continents
effrayés ; des nues qui, chassées
çà et là par le vent, portent
et ramènent partout une masse d'eau
inépuisable. Voila l'effrayant spectacle
qu'offrait le déluge, et la Bible, dans son
langage non moins énergique que simple,
exprime ce fait en disant d'abord :
«Les eaux crûrent; »
puis : « Les eaux se
renforcèrent et s'accrurent fort; »
enfin : « Les eaux se
renforcèrent prodigieusement sur la terre.
»
Peu de jours suffirent pour que les
plaines basses fussent inondées. Quelques
jours encore, et les hauts plateaux sont
dévastés par les vagues de
l'océan. Enfin vient le tour des montagnes,
et les plus hautes même se voient
dépassées de quinze coudées
par les eaux du déluge. Tout périt ;
oui, tout être vivant qui a besoin de l'air
pour respirer; tout animal et tout insecte qui ne
peut vivre dans l'océan ou dans le sein de
la terre; tout périt, et les hommes et les
animaux. »
(2)
On peut facilement se représenter
la terreur des impies de ce temps-là, quand
ils virent arriver le déluge.
(3) Au
commencement, ils crurent
peut-être, que ce n'était qu'une
inondation particulière qui cesserait
bientôt, et à laquelle ils pourraient
échapper en se retirant sur les lieux
élevés. Chacun cherchait à
s'enfuir en montant au haut des édifices,
puis ensuite sur le haut des collines et des
montagnes. Mais quelle ne de pas être leur
terreur et leur désespoir en voyant les eaux
s'accroître, se renforcer de plus en plus et
« inonder les lieux où l'on se
retirait »
(Esaïe XXVIII, 17) !
Alors on connut que c'est « en
vain qu'on s'attend aux collines et à la
multitude des montagnes, et que la
délivrance est en l'Éternel
»
(Jérém. III, 23).
« Mais la délivrance est loin des
méchants »
(Ps. CXIX, 155), et « leur
attente sera de rendre l'âme »
(Job XI, 20).
Le déluge fit comprendre à
tous ces impies ce qu'ils n'avaient pas voulu
comprendre jusqu'alors, c'est que « c'est
une chose terrible que de tomber entre les mains du
Dieu vivant »
(Hébr. X, 31).
Du milieu des ruines de l'ancien monde
croulant, semblait s'élever cette voix
solennelle : « Tu es terrible, toi. Qui
est-ce qui pourra subsister devant toi, dès
que ta colère paraît? Tu as fait
entendre des cieux le jugement ; la terre a eu
peur, et s'est tenue dans le silence»
(Ps. LXXVI, 7, 8). Les hommes de ce
temps-là, n'étant pas appuyés
sur Dieu, et ayant le sentiment d'une mauvaise
conscience, ne pouvaient que trembler en voyant
arriver ce jugement dont, si long-temps, ils
avaient été avertis sans s'y
préparer. S'il est dit d'un roi impie de
Juda qu'à l'approche d'un danger, son coeur
et le coeur de son peuple furent
ébranlés, comme les arbres des
forêts sont
ébranlés par le vent
(Esaïe VII, 2) ; que ne durent
pas éprouver les hommes qui avaient rempli
la terre d'extorsion, et dont l'imagination des
pensées n'était que mal en tout
temps, lorsqu'ils se virent surpris par le terrible
jugement de Dieu qui fondait sur eux et auquel ils
ne pouvaient échapper?
Peut-être qu'un certain nombre
d'entre eux, mêlant la rage au
désespoir, firent comme ces hommes des
derniers temps dont il est dit, « qu'ils se
mordront la langue de douleur, et qu'à cause
de leurs douleurs et de leurs plaies ils
blasphémeront le Dieu du ciel, et ne se
repentiront point de leurs mauvaises oeuvres
»
(Apoc. XVI, 10, 11).
Peut-être que d'autres eurent
d'amers regrets de n'avoir pas écouté
les charitables avertissements que Dieu leur avait
adressés par la bouche de Noé.
Peut-être qu'ils
regrettèrent trop tard d'avoir
écouté les hommes qui leur disaient :
Paix, paix, quand il n'y avait point de paix.
« Oh ! s'ils eussent été
sages ! s'ils eussent été
avisés ! s'ils eussent
considéré leur dernière fin
»
(Deut. XXXII, 29) ! Oh ! s'ils
eussent voulu profiter de ce temps si
précieux de la miséricorde de Dieu
où ils pouvaient encore se sauver dans
l'arche avec Noé, et échapper avec
lui à ce terrible déluge!
Mais il n'était plus
temps. Dieu Lui-même avait fermé
la porte de l'arche. Noé n'aurait pu
l'ouvrir quand il l'aurait voulu. La
dernière heure avait sonné; c'en
était fini pour toujours; hommes femmes,
petits enfants, tous périssaient.
(4)
Instruits par ce terrible jugement,
apprenons à nous repentir pendant qu'il en
est temps, et à ne pas mépriser les
avertissements que Dieu nous
donne par son Esprit, et par les hommes qui nous
prêchent de sa part la Parole de la
grâce. Considérons sa bonté et
sa sévérité; sa bonté
envers Noé qui crut et bâtit l'arche,
et sa sévérité envers ceux qui
furent incrédules et rebelles. «
Efforcez-vous d'entrer par la porte
étroite, car je vous dis que plusieurs
chercheront à entrer, mais ne le pourront.
Et quand le père de famille sera
entré, et qu'il aura fermé la porte,
et que vous, étant dehors, vous vous mettrez
à heurter et à dire : Seigneur,
Seigneur, ouvre-nous ; Il vous répondra : Je
ne sais d'où vous êtes. C'est
là qu'il y aura des pleurs et des
grincements de dents, quand vous verrez Abraham,
Isaac et Jacob, et tous les prophètes d'ans
le royaume de Dieu, et que vous serez jetés
dehors »
(Luc XIII, 24-28).
Par le déluge, cette
épouvantable catastrophe dont toute la terre
porte encore des traces,
(5) Dieu, a voulu
prêcher à toutes les
générations qui suivaient, que si le
temps de sa patience est quelquefois long, il a
toujours un terme. Ceux qui abusent de sa patience
paient tôt ou tard, comme l'a dit quelqu'un,
l'intérêt de tout le temps de son long
support, par les terribles jugements qui tombent
sur eux à la fin.
Dieu ne punit que quand ses jugements
sont pleinement justifiés par la corruption
incorrigible et croissante de ceux qu'Il a
long-temps supportés et avertis. Mais aussi
quand la coupe est comble, quand la
méchanceté déborde, quand la
patience est lassée; alors il n'y a plus de
remède, la colère est
lâchée comme un feu, et les jugements
qui tombent sur les coupables sont effrayants. -
Ceux qui veulent profiter du temps de la patience,
ne sauraient trop espérer, mais
ceux qui en abusent, ne sauraient
être trop effrayés de ce qui les
attend à la fin. Il en est de la patience de
Dieu méprisée, comme de ces charbons
pris par un ange sur l'autel des parfums, et qui,
jetés sur la terre, formèrent des
éclairs, des tonnerres et un tremblement de
terre
(Apoc. VIII, 3-5). Ce qui servait
à l'intercession dans le temps de la
miséricorde, sert à la condamnation
dans le temps du jugement.
Le déluge nous apprend aussi que
si Dieu est contre nous, toutes les
créatures se liguent pour nous faire la
guerre, nous combattre et nous
détruire.
Le ciel et la terre semblent s'accorder,
comme du temps de Noé, pour la punition des
pécheurs impénitents. Il est dit, du
méchant, « que les cieux
découvriront son iniquité, et que la
terre s'élèvera contre lui, et que
tout s'écoulera au jour de la colère
de Dieu sur lui »
(Job XX, 27, 28). Il est dit, «
qu'il regardera en haut, puis vers la terre, et
voilà la détresse, les
ténèbres et une effrayante angoisse,
et il sera enfoncé dans
l'obscurité »
(Esaïe VIII, 21, 22).
C'est pourquoi, « ô homme
! penses-tu pouvoir échapper au juste
jugement de Dieu »
(Rom. II, 5) ? quand toute la nature
se liguera contre toi, tellement que lors
même que tu te « cacherais au fond de
la mer, Dieu ordonnerait au serpent de t'y
mordre »
(Amos IX, 3).
Vous qui me méprisez, dit le
Seigneur, soyez étonnés et
pâlissez d'effroi
(Actes XIII, 41) ! « Que Dieu
se lève seulement et ses ennemis seront
dispersés, et ceux qui le haïssent
s'enfuiront de devant Lui. Il les chassera comme la
fumée est chassée par le vent. Comme
la cire se fond devant le feu, ainsi les
méchants périront devant Dieu
»
(Ps. LXVIII, 1, 2)
Apprenons encore du déluge ce que
valent les raisonnements de ceux qui disent. Dieu
ne voudrait pas détruire les êtres
qu'il a créés. Les hommes sont ses
enfants ; Il ne peut pas les avoir
créés pour les perdre
éternellement ; Il n'a parlé du feu
éternel que pour effrayer les
méchants. De tels discours étaient
probablement tenus par les hommes
à qui le déluge était
annoncé, et servaient à les endormir
au milieu de leur impiété, et
à les prémunir contre toutes les
impressions salutaires qu'ils auraient pu recevoir
des avertissements et des menaces que Dieu leur
adressait par le moyen de Noé.
Mais l'événement fit voir
qu'on raisonne toujours mal quand on raisonne
contre les déclarations expresses de la
Parole de Dieu.
L'Éternel avait dit à
Noé au commencement des cent et vingt
années du temps fixé par sa patience
« J'exterminerai de dessus la terre les
hommes que j'ai créés »
(Gen. VI, 7). Lorsque ces cent et
vingt ans furent écoulés, il
répéta la même
déclaration, et dit à Noé :
« Dans sept jours j'exterminerai de dessus
là terre toute chose qui subsiste, laquelle
j'ai faite »
(Gen. VII, 4).
Ainsi qu'Il l'avait prononcé,
ainsi Il l'exécuta. Sa qualité de
Créateur n'arrêta point les coups de
sa justice, et ce qu'Il avait créé,
Il le détruisit, selon qu'Il en avait
parlé.
C'est pourquoi, prenons garde de ne pas
nous séduire nous-mêmes par des
paroles trompeuses, en disant: Paix, paix, quand il
n'y a point de paix. Le Seigneur a
déclaré qu'un jour Il dira à
ceux qui seront à sa gauche - «
Maudits, retirez-vous de moi et allez au feu
éternel, préparé au diable et
à ses anges »
(Matth. XXV, 41). Il a menacé
du ver qui ne meurt point, du feu qui ne
s'éteint point, ceux qui ne veulent pas
couper le bras et arracher l'oeil qui les fait
broncher
(Marc IX, 42-47).
Il est parlé dans l'Apocalypse de
la colère de l'Agneau, du « grand
jour de sa colère, » auquel «
personne ne pourra subsister »
(Apoc. VI, 16, 17). Malheur à
ceux qui chercheraient à affaiblir ou
à détruire l'effet salutaire de ces
paroles si solennelles, en disant : Le Sauveur est
trop bon, Il a trop d'amour pour infliger de si
terribles punitions ; ne craignons rien, Il n'est
pas venu pour nous condamner, mais pour nous
sauver. Ceux qui tiendraient un pareil langage
éprouveraient un jour à leur malheur,
que « la part des
incrédules est dans
l'étang ardent de feu et de soufre, qui est
la seconde mort »
(Apoc. XXI, 8). Un jour, ils
verraient pour leur malheur le « Seigneur
Jésus, révélé du ciel,
avec les anges de sa puissance; exerçant la
vengeance, avec des flammes de feu, contre ceux qui
ne connaissent point Dieu, et, qui
n'obéissent point à I'Évangile
de notre Seigneur Jésus-Christ, lesquels
seront punis d'une punition éternelle, par
la présence du Seigneur et par sa puissance
glorieuse»
(2 Thess. I, 7-9).
Craindre les menaces de Dieu, c'est
le moyen de les éviter; mais les braver
ou les démentir, c'est le sûr moyen
d'en éprouver les terribles effets. «
Bienheureux est l'homme qui se donne frayeur
continuellement; mais celui qui endurcit son coeur,
tombera dans la calamité»
(Prov. XXVIII, 14).
Qu'ils reçoivent aussi
instruction, ceux qui s'appuient sur le nombre des
coupables pour se tranquilliser, et qui disent:
Combien n'y aurait-il pas de gens perdus si nous
l'étions? combien il y en aurait peu de
sauvés, si on ne l'était que par le
chemin de salut que l'Évangile nous trace,
ou que nous tracent ceux qui le prêchent
à leur manière!
Quant à nous, nous avons des
idées plus dignes de la miséricorde
de Dieu, et nous croyons que Dieu ne voudra pas
faire périr une si grande multitude de ses
créatures. - Qu'ils reçoivent
instruction du déluge, ceux qui dans leurs
chansons profanes ont l'audace de plaisanter sur le
nombre des damnés et de le tourner en
ridicule.
Dans sa bonté, Dieu a voulu que
le déluge servît d'avertissement aux
générations à venir. « Le
déluge est un jugement de Dieu, et le plus
terrible dont il ait jamais frappé les
hommes ici-bas. Après un tel acte de la
justice divine, il n'y a pas moyen d'ignorer que
l'Éternel ne tient pas le coupable pour
innocent, et que si le monde entier pèche et
demeure dans le péché, le monde
entier doit périr infailliblement, n'importe
le nombre de ceux qui
méritent la punition. »
(6) Nous dirons
ici en passant que les calculs les plus
modérés portent la population de la
terre au moment du déluge à un nombre
égal à celui qu'on suppose qu'elle a
maintenant : environ neuf cent millions d'hommes.
(note de Regard : livre publié en 1848) Il
en est même qui pensent ne point
exagérer en la portant au double.
Il est facile de faire un calcul en
prenant pour base ce fait peu improbable, que
chaque génération était
doublée tous les cinquante ans, ce qui ne
supposerait que quatre enfants par famille. Il faut
faire entrer comme élément dans ce
calcul, d'un côté, la grande
fertilité de la terre, qui favorisait
l'accroissement de la population, d'un autre, la
longue vie des hommes antédiluviens, qui
faisait que quelquefois cinq
générations vivaient à la fois
sur la terre.
Pour que cet avertissement solennel ne
soit pas perdu, Dieu fait remarquer deux fois dans
sa Parole le petit nombre de ceux qui furent alors
sauvés. En parlant de l'arche,
l'apôtre Pierre dit : « Dans laquelle
un petit nombre, savoir huit personnes furent
sauvées de l'eau »
(1 Pierre III, 20).
Ailleurs, le même apôtre dit
: « Si Dieu n'a point épargné
l'ancien monde et s'Il a conservé
Noé, lui huitième, ce
prédicateur de la justice, lorsqu'Il fit
venir le déluge sur le monde des impies: le
Seigneur saura aussi délivrer de
l'épreuve ceux qui l'honorent, et
réserver les injustes pour être punis
au jour du jugement »
(2 Pierre II, 5, 9),
Enfants des hommes, que cet exemple vous
instruise à salut ! Ceux qui furent
incrédules du temps de Noé sont
maintenant « dans la prison»
(1 Pierre III, 19). C'est l'Esprit
saint qui le dit. Dans le règne de Dieu,
connue dans les gouvernements humains, la
désobéissance est suivie de la prison
en attendant le jour de la punition. Tel est, selon
la Parole de Dieu, le sort des anges rebelles qui
sont « liés avec des chaînes
d'obscurité, et gardés
jusqu'au jour du jugement
»
(2 Pierre II, 4). Tel a
été après eux le sort des
hommes qui furent désobéissants et
incrédules du temps de Noé, pendant
que la patience de Dieu attendait ; tel sera le
vôtre, quelque nombreux que vous soyez,
à vous tous qui vous croyez en
sûreté, parce que vous suivez la voie
de la multitude, à vous tous qui dites dans
votre impiété : Dieu aurait trop
à faire à punir tant de gens !
Maintenant donc, ne vous moquez plus, de peur que
vos liens soient renforcés
(Esaïe XXVIII, 22) Quittez
promptement la voie large, par laquelle beaucoup
passent, car elle mène à la
perdition. Prenez promptement le chemin
étroit qui mène à la vie, et
dont il est dit qu'il y en a peu qui le trouvent.
Alors, et seulement alors, vous serez en
sûreté.
« Puisqu'il y a si peu d'âmes
sauvées, » dit un ancien et pieux
prédicateur, « la question de savoir si
nous sommes de ce nombre ne devrait-elle pas sans
cesse occuper notre esprit et émouvoir notre
coeur?
Nous qui sommes si prudents et si actifs
quand il s'agit des mille riens de cette vie,
serions-nous séduits ou peut-être
même nos propres séducteurs dans cette
grande question de notre salut? Serions-nous ainsi
sages pour un moment, et insensés pour
l'Éternité? Ce serait le comble de la
folie.
O vous qui écoutez la Parole de
vérité, vous êtes avertis
recevez instruction ! Si vous ne recevez pas le
salut qui vous est présenté, vous
êtes sur la voie de cette
désobéissance dont l'issue est un
éternel emprisonnement. Si vous ne devez pas
être emportés par un déluge
d'eau, vous êtes entraînés
chaque jour par les flots du temps et de la
mortalité
(Ps. XC, 5). Vous ne savez pas
combien il est près de vous, le moment
où vous toucherez l'autre rive et serez
précipités dans
l'éternité.
Je vous en conjure, devenez sages ;
prêtez l'oreille aux offres de
miséricorde qui vous sont faites. Je vous en
conjure, pensez à l'issue de la voie que
vous parcourez. Encore une fois j'annonce les
tendres compassions de Christ
à tous ceux qui veulent abandonner le
péché et s'attacher à Lui.
Vous fuyez Christ ; Il vous poursuit de
son amour.
Auriez-vous donc pris votre parti de
périr dans vos péchés et de
consentir à ce que la colère de Dieu
demeure sur vous. Repousser le Sauveur et
mépriser si souvent les invitations de son
amour, n'est-ce pas aggraver votre
péché et rendre votre condamnation
plus affreuse?
Voudriez-vous finalement mourir dans cet
état? Sinon, délaissez votre
incrédulité et venez à Christ.
Aujourd'hui encore Il vous attend, Il vous parle,
Il vous invite; mais vous ne pouvez vous promettre
que ce jour. D'autres, qui hier encore
étaient au milieu de vous, ont
été retranchés de la terre des
vivants. « Oh si vous étiez sages, si
vous considériez votre dernière fin
» D'autres aussi furent les objets de la
patience de Dieu, ils eurent les mêmes
occasions de se réconcilier avec Lui, sans
pourtant que leur âme ait trouvé le
Sauveur, etc.
Ils eurent leur temps de projets
terrestres et de jouissances mondaines, ils s'y
livraient comme s'ils eussent dû ne les
quitter jamais ; ils ont passé comme une
ombre. Vous les suivez avec une extrême
rapidité ; bientôt vous serez avec eux
couchés dans la poudre.
(7)
« Examinez-vous donc avant que
le décret enfante, et que le jour passe
comme de la balle ; avant que l'ardeur de la
colère de l'Éternel vienne sur vous,
avant que le jour de la colère de
l'Éternel vienne sur vous »
(Sophonie II, 1, 2).
Vous aussi, enfants de Dieu, recevez
instruction. L'Éternel a aussi un
procès avec son peuple. Plusieurs de ceux
qui professent de connaître le nom de Christ
ne se conduisent pas d'une manière digne de
leur vocation ; plusieurs gardent des interdits
dans leur coeur, des choses qui déplaisent
à l'Éternel et qui attireront
infailliblement ses
châtimens s'ils ne
profitent du temps de sa patience pour se purifier.
Prenez garde, le jugement de Dieu va commencer par
sa maison. Le Seigneur dit aux chrétiens
déclins et aux églises déchues
: « Souviens-toi d'où tu es
déchu et te repens »
(Apoc. II, 5).
Il dit à ceux qui ont le bruit de
vivre, mais qui sont morts : « Sois
vigilant et affermis le reste qui s'en va mourir,
car je n'ai point trouvé tes oeuvres
parfaites devant Dieu »,
(Apoc. III, 1, 2).
Il dit aux tièdes retombés
dans l'orgueil pharisaïque Je te vomirai de ma
bouche »
(Apoc. III, 16).
À tous ceux qui ne
l'écouteront pas, Il déclare qu'Il
« viendra bientôt à eux
»
(Apoc. II, 5), qu'Il combattra contre
eux , qu'Il « viendra comme un larron
à l'heure qu'ils ne savent pas »
(Apoc. III, 3). Toutefois Il ajoute
qu'il les aime encore, puisqu'Il les reprend et les
châtie
(Apoc. III, 19).
C'est pourquoi, enfants de Dieu, qui
êtes tombés dans le sommeil, dans le
relâchement; ou dans la duplicité de
coeur, réveillez-vous pour vivre justement
(1 Cor. XV, 34) du temps de la
patience de Dieu. Écoutez sa voix
miséricordieuse qui vous crie : Aie du
zèle et te repens. « Voici, je me
tiens à la porte et je frappe; si quelqu'un
entend ma voix et m'ouvre la porte, j'entrerai chez
lui, je souperai avec lui et lui avec moi
»
(Apoc. III, 19, 20). Si vous
écoutez et si vous devenez sages, vous
échapperez au châtiment, car si nous
nous examinions nous-mêmes, nous ne serions
pas jugés
(1 Cor. XI, 31); mais si vous
n'écoutez pas, le Seigneur viendra à
vous avec la verge de la correction et Il «
n'épargnera personne »
(2 Cor, XIII, 2).
Il a prouvé par le déluge
combien Il haïssait le péché. Il
ne l'aime pas mieux dans ses enfants que dans les
gens du monde, et comme Il veut les sauver, Il les
purifiera au creuset de l'affliction s'ils ne
veulent, pas se laisser purifier par
l'opération paisible de son Esprit d'amour.
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