Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE  (Jean 17.17)
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Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE
(Jean 17.17)
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LE DÉLUGE
ou
MÉDITATIONS SUR LES CHAPITRES VI ET VII DE LA GENÈSE.

IV
PUNITION DES HOMMES QUI AVAIENT ABUSÉ DE LA PATIENCE DE DIEU.
LE DÉLUGE LES FAIT TOUS PÉRIR.

Les délais que Dieu accorde au pécheur ne doivent pas être confondus avec le pardon; car supporter n'est pas pardonner. « Le pécheur fait mal cent fois, et Dieu lui donne du délai ; mais je connais aussi qu'il sera bien à ceux qui craignent Dieu, et qui révèrent sa face; mais qu'il ne sera pas bien au méchant, et qu'il ne prolongera point ses jours non plus que l'ombre » (Ecclés. VIII, 12, 13). La patience de Dieu lassée se tourne en colère.
« Méprises-tu les richesses de sa bonté, de sa patience et de son long support, ne considérant pas que la bonté de Dieu te convie à la repentance, et que par ta dureté et ton coeur sans repentance, tu t'amasses un trésor de colère pour le jour de la colère et de la révélation du juste jugement de Dieu, qui rendra à chacun selon ses oeuvres » (Rom. II, 4, 5)?
Il est un temps où la miséricorde de Dieu elle-même s'accorde avec sa justice, pour dire de l'arbre qui ne porte point de bon fruit : « Coupe-le » (Luc XIII, 9).

Ceux que sa patience n'a pas convertis, sa justice finit par les détruire. Si l'Éternel est tardif à la colère, Il ne tient nullement le coupable pour innocent, et « Il la garde à ses ennemis pour se venger de ses adversaires » (Nahum I, 2,) quand ils l'ont bravé assez long-temps. Le méchant a beau être terrible et verdoyant comme un laurier vert, il est coupé subitement, et voici il n'est plus, et son lieu ne le reconnaît plus (Ps. XXXVII, 35, 36).

Les hommes qui vivaient avant le déluge, se moquaient des menaces et des avertissements que Dieu leur adressait par le moyen de Noé. Ils disaient en leurs coeurs avec d'autres impies dont parle un prophète: « Nous avons fait accord avec la mort, et nous avons intelligence avec le sépulcre ; quand le fléau débordé traversera, il ne viendra pas sur nous, car nous avons mis le mensonge pour notre retraite, et nous nous sommes cachés sous la fausseté» (Esaïe XXVIII, 15). Quand le temps de la vengeance fût venu, leur péché les trouva, et Dieu leur fit en quelque sorte, par le déluge, cette réponse : « Voici, la grêle détruira la retraite du mensonge, et les eaux inonderont le lieu où l'on se retirait. Votre accord avec la mort sera aboli, votre intelligence avec le sépulcre ne tiendra point. Quand le fléau débordé traversera, vous en serez foulés ; dès qu'il traversera il vous emportera, et dès qu'on en entendra le bruit il n'y aura que remuement. Maintenant donc ne vous moquez plus » (Esaïe XXVIII, 17-22).

Les hommes de ce temps-là étaient des géants, des hommes de renom, de puissants hommes qui remplissaient la terre d'extorsion (Gen. VI, 4, 11, 13), c'est-à-dire d'oppression et de violence.
Ces hommes semblaient défier la terre et le ciel; mais ils furent contraints à trembler devant Dieu, quand Il se leva pour les juger, et ils durent périr misérablement avec tous les autres : « Le terrible prendra fin, et le moqueur sera consumé ; le branchage des terribles sera abattu, et tous ceux qui veillent pour commettre l'iniquité seront retranchés » (Esaïe XXV, 5 ; et XXIX, 20). - Les hommes du déluge en avaient éloigné de jour en jour la pensée. Aux approches même de cette calamité, annoncée par l'entrée de Noé dans l'arche, ils continuèrent à se faire illusion, et restèrent plongés dans un sommeil profond dont ils ne se réveillèrent qu'au bruit des eaux du déluge qui se précipitaient, et des fontaines du grand abîme qui se rompaient. Ils furent surpris par ce jour comme on le serait par un larron.
Quand ils disaient : Paix et sûreté, une ruine subite fondit sur eux tout-à-coup et ils n'échappèrent point : « Ils ne pensèrent au déluge, » dit l'Esprit saint, « que lorsqu'il vint et les emporta tous » (Matth. XXIV, 39). « La perdition n'est-elle pas pour l'impie, et les accidents étranges pour les ouvriers d'iniquité » (Job XXXI, 3)?
L'homme ne connaît point son temps, non plus que les poissons qui sont pris au filet, lequel est mauvais pour eux, et les oiseaux qui sont pris an lacet, car les hommes sont ainsi enlacés par le temps mauvais, lorsqu'il tombe subitement sur eux.

En l'an 1656 de ce monde, « l'an 600 de la vie de Noé, au second mois, le dix-septième jour du mois, (1) en ce jour-là, toutes les fontaines du grand abîme furent rompues, et les bondes des cieux furent ouvertes. Ainsi les eaux du déluge furent sur la terre » (Gen. VII, 10 et 11). Il ne faut pas se représenter l'accroissement progressif des eaux du déluge comme celui d'un lac dont le niveau s'élève lentement par la fonte régulière des neiges. Des torrents, des fleuves, des rivières, des ruisseaux, même les plus petits, qui débordent en fureur ; un océan qui franchit ses rivages et envahit dans sa colère les continents effrayés ; des nues qui, chassées çà et là par le vent, portent et ramènent partout une masse d'eau inépuisable. Voila l'effrayant spectacle qu'offrait le déluge, et la Bible, dans son langage non moins énergique que simple, exprime ce fait en disant d'abord :
«Les eaux crûrent; »
puis : « Les eaux se renforcèrent et s'accrurent fort; »
enfin : « Les eaux se renforcèrent prodigieusement sur la terre. »

Peu de jours suffirent pour que les plaines basses fussent inondées. Quelques jours encore, et les hauts plateaux sont dévastés par les vagues de l'océan. Enfin vient le tour des montagnes, et les plus hautes même se voient dépassées de quinze coudées par les eaux du déluge. Tout périt ; oui, tout être vivant qui a besoin de l'air pour respirer; tout animal et tout insecte qui ne peut vivre dans l'océan ou dans le sein de la terre; tout périt, et les hommes et les animaux. » (2)

On peut facilement se représenter la terreur des impies de ce temps-là, quand ils virent arriver le déluge. (3) Au commencement, ils crurent peut-être, que ce n'était qu'une inondation particulière qui cesserait bientôt, et à laquelle ils pourraient échapper en se retirant sur les lieux élevés. Chacun cherchait à s'enfuir en montant au haut des édifices, puis ensuite sur le haut des collines et des montagnes. Mais quelle ne de pas être leur terreur et leur désespoir en voyant les eaux s'accroître, se renforcer de plus en plus et « inonder les lieux où l'on se retirait » (Esaïe XXVIII, 17) !
Alors on connut que c'est « en vain qu'on s'attend aux collines et à la multitude des montagnes, et que la délivrance est en l'Éternel » (Jérém. III, 23). « Mais la délivrance est loin des méchants » (Ps. CXIX, 155), et « leur attente sera de rendre l'âme » (Job XI, 20).

Le déluge fit comprendre à tous ces impies ce qu'ils n'avaient pas voulu comprendre jusqu'alors, c'est que « c'est une chose terrible que de tomber entre les mains du Dieu vivant » (Hébr. X, 31).

Du milieu des ruines de l'ancien monde croulant, semblait s'élever cette voix solennelle : « Tu es terrible, toi. Qui est-ce qui pourra subsister devant toi, dès que ta colère paraît? Tu as fait entendre des cieux le jugement ; la terre a eu peur, et s'est tenue dans le silence» (Ps. LXXVI, 7, 8). Les hommes de ce temps-là, n'étant pas appuyés sur Dieu, et ayant le sentiment d'une mauvaise conscience, ne pouvaient que trembler en voyant arriver ce jugement dont, si long-temps, ils avaient été avertis sans s'y préparer. S'il est dit d'un roi impie de Juda qu'à l'approche d'un danger, son coeur et le coeur de son peuple furent ébranlés, comme les arbres des forêts sont ébranlés par le vent (Esaïe VII, 2) ; que ne durent pas éprouver les hommes qui avaient rempli la terre d'extorsion, et dont l'imagination des pensées n'était que mal en tout temps, lorsqu'ils se virent surpris par le terrible jugement de Dieu qui fondait sur eux et auquel ils ne pouvaient échapper?

Peut-être qu'un certain nombre d'entre eux, mêlant la rage au désespoir, firent comme ces hommes des derniers temps dont il est dit, « qu'ils se mordront la langue de douleur, et qu'à cause de leurs douleurs et de leurs plaies ils blasphémeront le Dieu du ciel, et ne se repentiront point de leurs mauvaises oeuvres » (Apoc. XVI, 10, 11).
Peut-être que d'autres eurent d'amers regrets de n'avoir pas écouté les charitables avertissements que Dieu leur avait adressés par la bouche de Noé.
Peut-être qu'ils regrettèrent trop tard d'avoir écouté les hommes qui leur disaient : Paix, paix, quand il n'y avait point de paix. « Oh ! s'ils eussent été sages ! s'ils eussent été avisés ! s'ils eussent considéré leur dernière fin » (Deut. XXXII, 29) ! Oh ! s'ils eussent voulu profiter de ce temps si précieux de la miséricorde de Dieu où ils pouvaient encore se sauver dans l'arche avec Noé, et échapper avec lui à ce terrible déluge!

Mais il n'était plus temps. Dieu Lui-même avait fermé la porte de l'arche. Noé n'aurait pu l'ouvrir quand il l'aurait voulu. La dernière heure avait sonné; c'en était fini pour toujours; hommes femmes, petits enfants, tous périssaient. (4)

Instruits par ce terrible jugement, apprenons à nous repentir pendant qu'il en est temps, et à ne pas mépriser les avertissements que Dieu nous donne par son Esprit, et par les hommes qui nous prêchent de sa part la Parole de la grâce. Considérons sa bonté et sa sévérité; sa bonté envers Noé qui crut et bâtit l'arche, et sa sévérité envers ceux qui furent incrédules et rebelles. « Efforcez-vous d'entrer par la porte étroite, car je vous dis que plusieurs chercheront à entrer, mais ne le pourront. Et quand le père de famille sera entré, et qu'il aura fermé la porte, et que vous, étant dehors, vous vous mettrez à heurter et à dire : Seigneur, Seigneur, ouvre-nous ; Il vous répondra : Je ne sais d'où vous êtes. C'est là qu'il y aura des pleurs et des grincements de dents, quand vous verrez Abraham, Isaac et Jacob, et tous les prophètes d'ans le royaume de Dieu, et que vous serez jetés dehors » (Luc XIII, 24-28).

Par le déluge, cette épouvantable catastrophe dont toute la terre porte encore des traces, (5) Dieu, a voulu prêcher à toutes les générations qui suivaient, que si le temps de sa patience est quelquefois long, il a toujours un terme. Ceux qui abusent de sa patience paient tôt ou tard, comme l'a dit quelqu'un, l'intérêt de tout le temps de son long support, par les terribles jugements qui tombent sur eux à la fin.

Dieu ne punit que quand ses jugements sont pleinement justifiés par la corruption incorrigible et croissante de ceux qu'Il a long-temps supportés et avertis. Mais aussi quand la coupe est comble, quand la méchanceté déborde, quand la patience est lassée; alors il n'y a plus de remède, la colère est lâchée comme un feu, et les jugements qui tombent sur les coupables sont effrayants. - Ceux qui veulent profiter du temps de la patience, ne sauraient trop espérer, mais ceux qui en abusent, ne sauraient être trop effrayés de ce qui les attend à la fin. Il en est de la patience de Dieu méprisée, comme de ces charbons pris par un ange sur l'autel des parfums, et qui, jetés sur la terre, formèrent des éclairs, des tonnerres et un tremblement de terre (Apoc. VIII, 3-5). Ce qui servait à l'intercession dans le temps de la miséricorde, sert à la condamnation dans le temps du jugement.

Le déluge nous apprend aussi que si Dieu est contre nous, toutes les créatures se liguent pour nous faire la guerre, nous combattre et nous détruire.

Le ciel et la terre semblent s'accorder, comme du temps de Noé, pour la punition des pécheurs impénitents. Il est dit, du méchant, « que les cieux découvriront son iniquité, et que la terre s'élèvera contre lui, et que tout s'écoulera au jour de la colère de Dieu sur lui » (Job XX, 27, 28). Il est dit, « qu'il regardera en haut, puis vers la terre, et voilà la détresse, les ténèbres et une effrayante angoisse, et il sera enfoncé dans l'obscurité » (Esaïe VIII, 21, 22).
C'est pourquoi, « ô homme ! penses-tu pouvoir échapper au juste jugement de Dieu » (Rom. II, 5) ? quand toute la nature se liguera contre toi, tellement que lors même que tu te « cacherais au fond de la mer, Dieu ordonnerait au serpent de t'y mordre » (Amos IX, 3).
Vous qui me méprisez, dit le Seigneur, soyez étonnés et pâlissez d'effroi (Actes XIII, 41) ! « Que Dieu se lève seulement et ses ennemis seront dispersés, et ceux qui le haïssent s'enfuiront de devant Lui. Il les chassera comme la fumée est chassée par le vent. Comme la cire se fond devant le feu, ainsi les méchants périront devant Dieu » (Ps. LXVIII, 1, 2)

Apprenons encore du déluge ce que valent les raisonnements de ceux qui disent. Dieu ne voudrait pas détruire les êtres qu'il a créés. Les hommes sont ses enfants ; Il ne peut pas les avoir créés pour les perdre éternellement ; Il n'a parlé du feu éternel que pour effrayer les méchants. De tels discours étaient probablement tenus par les hommes à qui le déluge était annoncé, et servaient à les endormir au milieu de leur impiété, et à les prémunir contre toutes les impressions salutaires qu'ils auraient pu recevoir des avertissements et des menaces que Dieu leur adressait par le moyen de Noé.
Mais l'événement fit voir qu'on raisonne toujours mal quand on raisonne contre les déclarations expresses de la Parole de Dieu.

L'Éternel avait dit à Noé au commencement des cent et vingt années du temps fixé par sa patience « J'exterminerai de dessus la terre les hommes que j'ai créés » (Gen. VI, 7). Lorsque ces cent et vingt ans furent écoulés, il répéta la même déclaration, et dit à Noé : « Dans sept jours j'exterminerai de dessus là terre toute chose qui subsiste, laquelle j'ai faite » (Gen. VII, 4).
Ainsi qu'Il l'avait prononcé, ainsi Il l'exécuta. Sa qualité de Créateur n'arrêta point les coups de sa justice, et ce qu'Il avait créé, Il le détruisit, selon qu'Il en avait parlé.
C'est pourquoi, prenons garde de ne pas nous séduire nous-mêmes par des paroles trompeuses, en disant: Paix, paix, quand il n'y a point de paix. Le Seigneur a déclaré qu'un jour Il dira à ceux qui seront à sa gauche - « Maudits, retirez-vous de moi et allez au feu éternel, préparé au diable et à ses anges » (Matth. XXV, 41). Il a menacé du ver qui ne meurt point, du feu qui ne s'éteint point, ceux qui ne veulent pas couper le bras et arracher l'oeil qui les fait broncher (Marc IX, 42-47).

Il est parlé dans l'Apocalypse de la colère de l'Agneau, du « grand jour de sa colère, » auquel « personne ne pourra subsister » (Apoc. VI, 16, 17). Malheur à ceux qui chercheraient à affaiblir ou à détruire l'effet salutaire de ces paroles si solennelles, en disant : Le Sauveur est trop bon, Il a trop d'amour pour infliger de si terribles punitions ; ne craignons rien, Il n'est pas venu pour nous condamner, mais pour nous sauver. Ceux qui tiendraient un pareil langage éprouveraient un jour à leur malheur, que « la part des incrédules est dans l'étang ardent de feu et de soufre, qui est la seconde mort » (Apoc. XXI, 8). Un jour, ils verraient pour leur malheur le « Seigneur Jésus, révélé du ciel, avec les anges de sa puissance; exerçant la vengeance, avec des flammes de feu, contre ceux qui ne connaissent point Dieu, et, qui n'obéissent point à I'Évangile de notre Seigneur Jésus-Christ, lesquels seront punis d'une punition éternelle, par la présence du Seigneur et par sa puissance glorieuse» (2 Thess. I, 7-9).

Craindre les menaces de Dieu, c'est le moyen de les éviter; mais les braver ou les démentir, c'est le sûr moyen d'en éprouver les terribles effets. « Bienheureux est l'homme qui se donne frayeur continuellement; mais celui qui endurcit son coeur, tombera dans la calamité» (Prov. XXVIII, 14).

Qu'ils reçoivent aussi instruction, ceux qui s'appuient sur le nombre des coupables pour se tranquilliser, et qui disent: Combien n'y aurait-il pas de gens perdus si nous l'étions? combien il y en aurait peu de sauvés, si on ne l'était que par le chemin de salut que l'Évangile nous trace, ou que nous tracent ceux qui le prêchent à leur manière!

Quant à nous, nous avons des idées plus dignes de la miséricorde de Dieu, et nous croyons que Dieu ne voudra pas faire périr une si grande multitude de ses créatures. - Qu'ils reçoivent instruction du déluge, ceux qui dans leurs chansons profanes ont l'audace de plaisanter sur le nombre des damnés et de le tourner en ridicule.

Dans sa bonté, Dieu a voulu que le déluge servît d'avertissement aux générations à venir. « Le déluge est un jugement de Dieu, et le plus terrible dont il ait jamais frappé les hommes ici-bas. Après un tel acte de la justice divine, il n'y a pas moyen d'ignorer que l'Éternel ne tient pas le coupable pour innocent, et que si le monde entier pèche et demeure dans le péché, le monde entier doit périr infailliblement, n'importe le nombre de ceux qui méritent la punition. » (6) Nous dirons ici en passant que les calculs les plus modérés portent la population de la terre au moment du déluge à un nombre égal à celui qu'on suppose qu'elle a maintenant : environ neuf cent millions d'hommes. (note de Regard : livre publié en 1848) Il en est même qui pensent ne point exagérer en la portant au double.
Il est facile de faire un calcul en prenant pour base ce fait peu improbable, que chaque génération était doublée tous les cinquante ans, ce qui ne supposerait que quatre enfants par famille. Il faut faire entrer comme élément dans ce calcul, d'un côté, la grande fertilité de la terre, qui favorisait l'accroissement de la population, d'un autre, la longue vie des hommes antédiluviens, qui faisait que quelquefois cinq générations vivaient à la fois sur la terre.

Pour que cet avertissement solennel ne soit pas perdu, Dieu fait remarquer deux fois dans sa Parole le petit nombre de ceux qui furent alors sauvés. En parlant de l'arche, l'apôtre Pierre dit : « Dans laquelle un petit nombre, savoir huit personnes furent sauvées de l'eau » (1 Pierre III, 20).
Ailleurs, le même apôtre dit : « Si Dieu n'a point épargné l'ancien monde et s'Il a conservé Noé, lui huitième, ce prédicateur de la justice, lorsqu'Il fit venir le déluge sur le monde des impies: le Seigneur saura aussi délivrer de l'épreuve ceux qui l'honorent, et réserver les injustes pour être punis au jour du jugement » (2 Pierre II, 5, 9),

Enfants des hommes, que cet exemple vous instruise à salut ! Ceux qui furent incrédules du temps de Noé sont maintenant « dans la prison» (1 Pierre III, 19). C'est l'Esprit saint qui le dit. Dans le règne de Dieu, connue dans les gouvernements humains, la désobéissance est suivie de la prison en attendant le jour de la punition. Tel est, selon la Parole de Dieu, le sort des anges rebelles qui sont « liés avec des chaînes d'obscurité, et gardés jusqu'au jour du jugement » (2 Pierre II, 4). Tel a été après eux le sort des hommes qui furent désobéissants et incrédules du temps de Noé, pendant que la patience de Dieu attendait ; tel sera le vôtre, quelque nombreux que vous soyez, à vous tous qui vous croyez en sûreté, parce que vous suivez la voie de la multitude, à vous tous qui dites dans votre impiété : Dieu aurait trop à faire à punir tant de gens ! Maintenant donc, ne vous moquez plus, de peur que vos liens soient renforcés (Esaïe XXVIII, 22) Quittez promptement la voie large, par laquelle beaucoup passent, car elle mène à la perdition. Prenez promptement le chemin étroit qui mène à la vie, et dont il est dit qu'il y en a peu qui le trouvent. Alors, et seulement alors, vous serez en sûreté.

« Puisqu'il y a si peu d'âmes sauvées, » dit un ancien et pieux prédicateur, « la question de savoir si nous sommes de ce nombre ne devrait-elle pas sans cesse occuper notre esprit et émouvoir notre coeur?

Nous qui sommes si prudents et si actifs quand il s'agit des mille riens de cette vie, serions-nous séduits ou peut-être même nos propres séducteurs dans cette grande question de notre salut? Serions-nous ainsi sages pour un moment, et insensés pour l'Éternité? Ce serait le comble de la folie.

O vous qui écoutez la Parole de vérité, vous êtes avertis recevez instruction ! Si vous ne recevez pas le salut qui vous est présenté, vous êtes sur la voie de cette désobéissance dont l'issue est un éternel emprisonnement. Si vous ne devez pas être emportés par un déluge d'eau, vous êtes entraînés chaque jour par les flots du temps et de la mortalité (Ps. XC, 5). Vous ne savez pas combien il est près de vous, le moment où vous toucherez l'autre rive et serez précipités dans l'éternité.
Je vous en conjure, devenez sages ; prêtez l'oreille aux offres de miséricorde qui vous sont faites. Je vous en conjure, pensez à l'issue de la voie que vous parcourez. Encore une fois j'annonce les tendres compassions de Christ à tous ceux qui veulent abandonner le péché et s'attacher à Lui.
Vous fuyez Christ ; Il vous poursuit de son amour.

Auriez-vous donc pris votre parti de périr dans vos péchés et de consentir à ce que la colère de Dieu demeure sur vous. Repousser le Sauveur et mépriser si souvent les invitations de son amour, n'est-ce pas aggraver votre péché et rendre votre condamnation plus affreuse?

Voudriez-vous finalement mourir dans cet état? Sinon, délaissez votre incrédulité et venez à Christ. Aujourd'hui encore Il vous attend, Il vous parle, Il vous invite; mais vous ne pouvez vous promettre que ce jour. D'autres, qui hier encore étaient au milieu de vous, ont été retranchés de la terre des vivants. « Oh si vous étiez sages, si vous considériez votre dernière fin » D'autres aussi furent les objets de la patience de Dieu, ils eurent les mêmes occasions de se réconcilier avec Lui, sans pourtant que leur âme ait trouvé le Sauveur, etc.
Ils eurent leur temps de projets terrestres et de jouissances mondaines, ils s'y livraient comme s'ils eussent dû ne les quitter jamais ; ils ont passé comme une ombre. Vous les suivez avec une extrême rapidité ; bientôt vous serez avec eux couchés dans la poudre. (7)

« Examinez-vous donc avant que le décret enfante, et que le jour passe comme de la balle ; avant que l'ardeur de la colère de l'Éternel vienne sur vous, avant que le jour de la colère de l'Éternel vienne sur vous » (Sophonie II, 1, 2).

Vous aussi, enfants de Dieu, recevez instruction. L'Éternel a aussi un procès avec son peuple. Plusieurs de ceux qui professent de connaître le nom de Christ ne se conduisent pas d'une manière digne de leur vocation ; plusieurs gardent des interdits dans leur coeur, des choses qui déplaisent à l'Éternel et qui attireront infailliblement ses châtimens s'ils ne profitent du temps de sa patience pour se purifier. Prenez garde, le jugement de Dieu va commencer par sa maison. Le Seigneur dit aux chrétiens déclins et aux églises déchues : « Souviens-toi d'où tu es déchu et te repens » (Apoc. II, 5).
Il dit à ceux qui ont le bruit de vivre, mais qui sont morts : « Sois vigilant et affermis le reste qui s'en va mourir, car je n'ai point trouvé tes oeuvres parfaites devant Dieu », (Apoc. III, 1, 2).
Il dit aux tièdes retombés dans l'orgueil pharisaïque Je te vomirai de ma bouche » (Apoc. III, 16).
À tous ceux qui ne l'écouteront pas, Il déclare qu'Il « viendra bientôt à eux » (Apoc. II, 5), qu'Il combattra contre eux , qu'Il « viendra comme un larron à l'heure qu'ils ne savent pas » (Apoc. III, 3). Toutefois Il ajoute qu'il les aime encore, puisqu'Il les reprend et les châtie (Apoc. III, 19).

C'est pourquoi, enfants de Dieu, qui êtes tombés dans le sommeil, dans le relâchement; ou dans la duplicité de coeur, réveillez-vous pour vivre justement (1 Cor. XV, 34) du temps de la patience de Dieu. Écoutez sa voix miséricordieuse qui vous crie : Aie du zèle et te repens. « Voici, je me tiens à la porte et je frappe; si quelqu'un entend ma voix et m'ouvre la porte, j'entrerai chez lui, je souperai avec lui et lui avec moi » (Apoc. III, 19, 20). Si vous écoutez et si vous devenez sages, vous échapperez au châtiment, car si nous nous examinions nous-mêmes, nous ne serions pas jugés (1 Cor. XI, 31); mais si vous n'écoutez pas, le Seigneur viendra à vous avec la verge de la correction et Il « n'épargnera personne » (2 Cor, XIII, 2).

Il a prouvé par le déluge combien Il haïssait le péché. Il ne l'aime pas mieux dans ses enfants que dans les gens du monde, et comme Il veut les sauver, Il les purifiera au creuset de l'affliction s'ils ne veulent, pas se laisser purifier par l'opération paisible de son Esprit d'amour.


Table des matières

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1 Les Hébreux avaient deux sortes d'années. Premièrement, l'année civile composée de douze mois qui paraissent d'abord avoir été des mois solaires et ensuite des mois lunaires; cette année commençait au mois Tisri qui répond à notre mois de septembre, et qui entre quelquefois dans octobre suivant les lunaisons.
Secondement, l'année sainte que l'ou suivait dans l'ordre des solennités et des cérémonies de la religion. Celle-ci commençait au printemps, au mois de Nisan qui répond à mars, et qui occupe quelquefois une partie d'avril selon le cours de la lune.

Cette année ecclésiastique ne parait avoir été introduite qu'après la sortie d'Égypte, selon cette parole du chapitre XII de l'Exode : « L'Éternel avait parlé à Moïse et à Aaron en disant : Ce mois-ci vous sera le commencement des mois; il vous sera le premier des mois de l'année » (v 1, 2). D'après ce qui précède, on voit que le commencement du déluge fixé par Moïse au 17e jour du second mois de l'année civile, la seule qui fût alors en usage, eut lieu dans le commencement d'octobre.

Quelques-uns ont cru que Dieu avait choisi cette époque pour que Noé eut une abondance de provisions d'automne à faire entrer dans l'arche, mais d'autres croient d'après Genèse VIII, 21, 22, qu'avant le déluge il n'y avait pas une succession de froid et de chaud, d'été et d'hiver, et que la terre subit alors une nouvelle conséquence de la malédiction primitive prononcée après le péché d'Adam; que le plan de l'écliptique ayant été changé, il se fit un changement considérable dans la température et la fertilité de la terre.
Il est même des personnes qui croient qu'avant le déluge il n'y avait point de pluie, mais seulement une rosée douce qui en toute saison humectait toute la surface de la terre. Elles fondent leur opinion sur Genèse II, 5, 6, en donnant au v 6 un sens tout opposé à celui que lui donnent nos traductions, et lui faisant dire ce qu'il dit en effet, « c'est qu'il s'élevait une vapeur de la terre, qui arrosait toute la surface de la terre. »

Toutefois, il reste à savoir si Moïse parle ici du temps qui précéda le déluge, ou s'il ne parle pas plutôt de celui qui s'écoula entre la création de ce monde (Genèse I, 1) et son arrangement (v 2 et suivans); deux époques bien distinguées au v 5 du chapitre II, où l'oeuvre est représentée comme ayant été créée pour être ensuite arrangée, suivant la signification littérale des deux verbes hébreux. - Du reste nous rapportons ces diverses opinions sans prendre décidément parti pour l'une contre l'autre; nous n'appuyons que les remarques sur la traduction de l'original, et nous ne décidons pas sur les conséquences qu'on veut en tirer.
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2 Burnier. Études élémentaires, le paragraphe 200.
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3 Qu'on se figure ce que durent être les premières nuits! quand ou entendait les eaux qui tombaient sur les maisons, les torrens qui se précipitaient des montagnes, les maisons qui commençaient à s'écrouler, les rugissemens des animaux qui fuyaient de toutes parts. Qu'allons-nous devenir? Où sont nos enfans ? Où est notre père, notre mère? Fuyons tous ensemble!
Il semble qu'on peut se faire une idée des pensées de terreur et de regret qui devaient agiter le monde. Quoi ! devait-on se dire, serait-ce donc là ce déluge dont Noé nous a tant parlé, et que nous n'avons pas voulu croire, ni craindre? Serait-ce donc là ce terrible jugement qu'il avait annoncé? Oh ! que n'avons-nous ajouté foi aux paroles de Noé !
(Extrait des catéchismes lithographiés de M. le ministre Gaussen.)
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4 Y en eut-il parmi eux qui, après avoir refusé de croire au déluge, crurent au jugement à venir en voyant le déluge arriver et qui se convertirent? Ce n'est pas impossible, mais la Bible ne le dit pas. Il est vrai aussi qu'elle ne nous dit pas non plus, que si les enfans à la mamelle partagèrent le châtiment temporel que leurs pères avaient mérité, il s'en suive qu'ils partageront leur sort au Jour du jugement universel. (Burnier, page 77, art. 903.)
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5 Dieu a mille moyens de détruire les hommes, car aucun d'eux ne vivrait trois secondes si Dieu ne faisait battre son coeur. Il aurait pu les détruire par une maladie, comme le choléra, la fièvre jaune, la peste ou telle autre épidémie. Mais il ne serait point resté de trace de ce jugement, et Dieu voulait qu'il en restât des traces. Dieu voulait qu'après que ce jugement aurait été exécuté sur la terre, toutes les générations qui viendraient, par exemple nous, qui sommes venus quatre mille ans après, en vissent encore les traces.
Supposez qu'on vint ici pour nous tuer tous, et qu'au milieu du bruit et du mouvement qui se ferait, ce lieu où nous sommes fût réduit dans un grand désordre. il y aurait du sang, des balles contre les murs. Dans vingt ou trente ans on en montrerait encore les traces.

Eh bien! on voit encore les traces du déluge sur toute la terre, en sorte que cet événement doit nous faire la même impression que si l'on nous racontait une catastrophe qui serait arrivée il y a cinquante ans, avant que nous fussions dans le monde, et dont nous verrions encore les traces. Ce n'est pas seulement dans notre pays que les traces du déluge sont sensibles; c'est surtout en Amérique, en Afrique, en Asie. On voit partout les traces du déluge, comme ou voyait celles de l'orage du 20 mai dans la semaine qui suivit cet orage. (Si vous vous en souvenez, il y a quelques années qu'il y eut ce jour-là un orage épouvantable autour de Genève.) Quand on sortait de la ville, on voyait des arbres déracinés, des murailles renversées, des pierres accumulées au milieu des jardins. On ne peut pas plus douter du déluge que vous ne douteriez qu'il a pris feu dans ce temple si vous en voyiez les colonnes brûlées.

Qu'on aille dans les cavernes et dans les crevasses de la terre; partout on trouve des amas de cailloux roulés par les eaux et au milieu desquels on trouve des ossemens. Outre cela, ou trouve de ces ossemens et de ces cailloux roulés jusques sur les plus hautes montagnes de l'Europe. En Suisse, nous avons le Mont-Blanc; mais en Amérique il y a encore de plus hautes montagnes et en Asie encore de plus hautes.

Des savans ont même trouvé des traces incontestables du déluge à plusieurs mille pieds au dessus de la mer. Un savant Anglais, qui a visité dernièrement les montagnes d'Asie près de la Chine, en a trouvé à dix-sept mille pieds plus haut que le Mont-Blanc. Il faut que la mer ait porté ces ossemens et ces cailloux à cette hauteur. En sorte que vous voyez que Dieu a voulu que cet événement fût comme présent à toutes les générations humaines par les traces qu'il a laissées sur la terre ; Dieu a voulu que le récit du déluge nous fît la même impression qu'un événement récent.
(Extrait des catéchismes lithographies (le M. le ministre Gaussen.)
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6 Burnier. (Études élémentaires, tome 1er, pages 96 et 97.)
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7 Vie chrétienne, tome II, pages 146 et 150.

 

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