Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE  (Jean 17.17)
Cela me suffit...
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Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE
(Jean 17.17)
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LE DÉLUGE
ou
MÉDITATIONS SUR LES CHAPITRES VI ET VII DE LA GENÈSE.

III
ABUS QUE LES HOMMES AVANT LE DÉLUGE FIRENT DE. LA PATIENCE DE DIEU.

Depuis les premiers avertissements que Dieu donna aux hommes du temps de Noé, sa patience les attendit encore pendant cent et vingt ans, mais elle les attendit inutilement.

L'Esprit saint nous dit qu'ils ne pensèrent au déluge que lorsqu'il vint et les emporta tous (Matth. XXIV, 39), et Il nous explique par l'apôtre Pierre d'où vinrent leur insouciance et leur endurcissement, en nous disant qu'ils furent incrédules (littéralement : ils ne furent point persuadés (1) - Oui l'incrédulité, voilà la cause de notre endurcissement et de nos rebellions. Elle est elle-même une désobéissance, une révolte de l'esprit et du coeur contre la volonté de Dieu, et elle est la source de toute désobéissance dans les actions.

Les hommes du temps de Noé, au lieu d'écouter les avertissements que Dieu leur donnait par la prédication de ce juste, et de craindre, comme lui, les choses qu'on ne voyait point encore (Hébr. XI, 7), ne furent point persuadés qu'il disait vrai.
On croit difficilement ce qu'on craint, ce qu'on n'a pas vu et ce qui est contre toutes les apparences.
On peut le croire sur la Parole de Dieu quand on a reçu dans son coeur, comme Noé, le commencement de toute sagesse qui est la crainte de l'Éternel. Mais le monde d'alors était un monde d'impies, comme le dit l'Esprit saint. Or, la révolte de leurs coeurs en fermait l'entrée à la Parole de Dieu. On pouvait leur appliquer cette parole de Jésus-Christ aux Juifs :
« Ma parole ne trouve point d'entrée en vous. Celui qui est de Dieu écoute les paroles de Dieu, c'est pourquoi vous ne les écoutez pas, parce que vous n'êtes point de Dieu » (Jean VIII, 37 et 47). Semblables aux gendres de Lot, « il leur semblait que Noé se moquait » (Gen. XIX, 14), ou bien ils le regardaient comme un, insensé qui déraisonnait.

Dans leur sagesse humaine, qui n'est que folie devant Dieu, ils faisaient, sans doute, toutes sortes de raisonnements très-concluants à leur gré, sur l'improbabilité et même sur l'impossibilité d'un déluge universel.
Les plus savants dissertaient peut-être pour prouver qu'on ne saurait trouver une masse d'eau capable d'inonder toute la terre. Probablement ils prétendaient que les lois constantes de la nature s'opposaient à la possibilité de cette inondation ; et ils cherchaient à démontrer que Dieu n'avait pas parlé, parce qu'Il ne pouvait pas dire des choses absurdes, contraires à l'expérience et à l'ordre éternel qu'Il avait établi.
Sans doute aussi, la forme de l'arche était pour eux un objet de critiques nombreuses et qui avaient l'air d'être très-fondées : sans quille, sans mât, et chargée de tout ce qu'on devait y mettre, comment pourrait-elle voguer sur les eaux au milieu des orages, des tempêtes et des secousses que devrait amener un bouleversement aussi terrible. Il y avait là certainement de quoi raisonner et argumenter contre la prétendue révélation dont Noé disait être le dépositaire.

Les philosophes essayaient sans doute de prouver que Dieu était trop grand pour s'inquiéter de ce qui se passe dans ce monde, ou trop bon pour avoir créé ses créatures, afin de les faire périr par un déluge, trop sage, enfin, pour détruire l'ouvrage de ses mains.

La masse des hommes qui n'étaient ni savants ni philosophes, mais auxquels, comme toujours, l'incrédulité tenait lieu de science et de philosophie, se partageait en indifférents et en moqueurs. ils répétaient, sans les comprendre, quelques-uns des arguments des hommes plus instruits qu'eux, et les traduisant en quelqu'une de ces plaisanteries ou bouffonneries que la Parole de Dieu défend (Ephés. v, 4), ils jetaient du ridicule sur Noé et sur son oeuvre, et fermaient ainsi leur coeur à toute conviction de péché. Au milieu de ce concert de déclamations, les unes savantes, les autres moqueuses, contre Noé et son arche, qui aurait osé se déclarer pour lui et porter tout le poids de son opprobre? Il eût fallu pour cela avoir des convictions fortes et données d'en haut, mais il paraît que personne ne les avait.

Si quelques-uns éprouvèrent des mouvemens de conscience, s'ils soupçonnèrent, en voyant l'intégrité, la foi et la constance de Noé, qu'il pourrait bien avoir raison; si les prédications de cet homme juste les ébranlèrent ; toutefois ils ne se décidèrent pas, et aucun d'eux n'entra dans l'arche. Ils étaient du nombre de ces gens qui croiraient, qui se sauveraient, si tout le monde voulait croire et se sauver avec eux, mais auxquels il paraît si difficile de croire et de se sauver avec le petit nombre, qu'ils aiment mieux risquer leur salut que de se décider, à la vue de tous, à suivre la vérité dont leur conscience leur a rendu témoignage.

Ce qui confirmait probablement les hommes de ce temps-là dans leur incrédulité, c'est que le temps s'écoulait sans rien amener qui annonçât le déluge. La prédication de Noé était une voix que rien dans la nature ne semblait appuyer. Le soleil et les astres continuaient leur cours ordinaire, les saisons se succédaient régulièrement, une génération passait, une autre la remplaçait pleine d'espérance. Elle suivait les errements de celle qui l'avait précédée, et, comme elle, méprisait Noé et ses avertissements.

Plus le temps fixé pour la punition approchait, plus la patience de Dieu et ses délais endurcissaient les pécheurs. Ils disaient probablement, comme doivent le dire les moqueurs dés derniers jours : « Où est la promesse de son avènement? car depuis que nos pères se sont endormis, toutes choses demeurent dans le même état où elles étaient au commencement de la création » (2 Pierre III, 4)! Ils disaient avec les impies : « Qu'Il se hâte, et fasse venir son oeuvre bientôt, afin que nous la voyions et que le conseil du Saint d'Israël s'avance et qu'il vienne, et nous saurons ce que c'est » (Esaïe V, 19).

En abusant ainsi de la patience de Dieu, ils vérifiaient d'avance ces déclarations de l'Écriture : « Parce que la sentence contre les mauvaises oeuvres ne s'exécute pas incontinent, à cause de cela, le coeur des hommes est rempli au-dedans d'eux d'envie de mal faire » (Ecclés. VIII, 11) ; « Est-il fait grâce au méchant? il n'en apprend point la justice, mais il agira méchamment en la terre de la droiture, et il ne regardera point à la majesté de l'Éternel » (Esaïe XXVI, 10).

Il paraît que ce qui contribua encore à endormir les hommes de ce temps-là, c'est qu'ils étaient enfoncés dans les intérêts et dans les jouissances de la terre. Le Seigneur nous indique cette cause lorsqu'Il nous dit, que « dans les jours avant le déluge, les hommes mangeaient et buvaient, se mariaient et donnaient en mariage, jusqu'au jour où Noé entra dans l'arche, et qu'ils ne pensèrent au déluge que lorsqu'il vint et, les emporta tous » (Matth. XXIV, 37, 38).

Gagner sa vie, vendre, acheter, boire, se marier et donner en mariage, sont des choses innocentes en elles-mêmes, mais ce sont des choses qui perdent l'homme quand il y met son coeur et sa vie, quand il en fait son tout et qu'il se laisse absorber par elles. Tel fut le cas des hommes du temps de Noé; tel est dans tous les temps, le cas des hommes de ce monde, qui cherchent leur part en cette vie (Ps. XVII, 14) ; tel sera encore le cas des hommes qui vivront dans les derniers temps; car, dit le Sauveur, « il en arrivera de même au temps du Fils de l'homme, c'est-à-dire a son avènement » (Luc XVII, 26, 27. - Matth. XXIV, 39).

Puis donc que nous sommes avertis, tenons-nous sur nos gardes. Craignons l'incrédulité qui rend sourd aux avertissements de Dieu. Souvenons-nous que si la génération qui sortit d'Égypte fut exclue du pays de la promesse, ce fut à cause de son incrédulité (Hébr. III, 19), Souvenons-nous qu'on raisonne toujours mal quand on raisonne contre ce que Dieu a dit.
Souvenons-nous que souvent nous nous séduisons à notre perte par de faux raisonnements qui ne nous paraissent bons, que parce qu'ils favorisent nos convoitises charnelles.
Souvenons-nous que les impiétés et les moqueries ne changent rien au décret de Dieu, et ne font de mal qu'à nous-mêmes, en nous endurcissant et en nous empêchant de profiter des avertissements de Dieu et de sa patience.
Mettons-nous hardiment du coté de Celui qui « se moque des moqueurs » (Prov. III, 34) ; croyons à ceux qui parlent de sa part, lors même qu'ils seraient en petit nombre, lors même qu'un seul homme, comme Noé, serait pour Lui et que tous seraient contre Lui. Il vaut mieux porter l'opprobre des hommes en ce inonde, que l'opprobre éternel dans l'autre.

Tenons-nous aussi en garde contre cette mauvaise hardiesse qu'on puise dans les délais que Dieu accorde aux pécheurs. Ne « méprisons pas les richesses de sa bonté, de sa patience et de son long support, ne considérant pas que la bonté de Dieu nous convie à la repentance » (Rom. II, 4). Tenons-nous en garde contre cette fatale idée : Dieu ne punit pas, Il n'a pas encore puni, donc Il ne punira pas; Il tarde à venir, donc Il ne viendra pas. C'est le contraire qu'il faudrait dire.

Comme Dieu ne peut mentir, plus Il tarde, plus Il est près de venir, plus aussi ses châtiments approchent si on l'irrite en abusant des délais que nous accorde sa patience. Voici, est-il dit en parlant de ceux qui en agissent ainsi: « La condamnation qui leur est destinée depuis long-temps ne tarde point, et leur perdition ne sommeille point » (2 Pierre II, 3).

Craignons, enfin, de nous laisser endormir par le bruit monotone du monde, et absorber par les occupations nécessaires et les engagements légitimes de cette terre. C'est là le piège où un grand nombre se laissent prendre. Il faut bien que je m'occupe, il faut bien que je gagne ma vie. Est-il défendu d'acheter, de vendre, de se marier? Je te prie de m'excuser répond l'un à Celui qui nous convie au festin des noces de l'Agneau; j'ai acheté une terre, et il me faut nécessairement partir pour aller la voir. Un autre dit : J'ai acheté cinq couples de boeufs, et je m'en vais les essayer; je te prie de m'excuser. Un autre dit : J'ai épousé une femme, ainsi je ne puis y aller (Luc XIV, 16-20).

Voici ce que répond la Parole : « Aucun de ceux qui avaient été conviés, ne goûtera de mon souper » (v 24).
« Voici donc ce que je dis, frères, c'est que le temps est court désormais. Que ceux qui ont une femme soient comme s'ils n'en avaient point; ceux qui pleurent, comme s'ils ne pleuraient pas; ceux qui sont dans la joie, comme s'ils n'étaient point dans la joie ; ceux qui achètent comme s'ils ne possédaient rien; et ceux qui usent de ce monde, comme s'ils n'en usaient point ; car la figure de ce monde passe » (1 Cor. VII, 20-31).
« Ne regardons point aux choses visibles, mais aux invisibles; car les choses visibles ne sont que pour un temps, mais les invisibles sont éternelles» (2 Cor. IV, 18).
« Prenez donc garde à vous-mêmes, de peur que vos coeurs ne soient appesantis par la gourmandise, par les excès du vin et par les inquiétudes de cette vie, et que ce jour-là ne vous surprenne subitement. Car il surprendra comme un filet tous ceux qui habitent sur la surface de la terre. Veillez donc, et priez en tout temps, afin que vous soyez trouvés dignes d'éviter toutes ces choses qui doivent arriver, et de subsister devant le Fils de l'homme» (Luc XXI, 34-36).

Si vous n'écoutez pas aujourd'hui ces sérieux avertissements que vous donne la Parole de Dieu, vous vous accoutumerez à les entendre sans en profiter, comme le firent les hommes du temps de Noé, et plus tard vous les écouterez encore moins. L'on s'accoutume à tout, et surtout à laisser perdre le temps de la patience de Dieu; on en vient à ce point d'endurcissement et de sommeil que rien n'est capable de nous réveiller. Les hommes du temps de Noé ne furent pas même réveillés par son entrée dans l'arche, sept jours avant le déluge; ils avaient perdu cent vingt ans de la patience de Dieu ; ils perdirent encore cette dernière semaine.

Après avoir perdu les jours, on perd les mois, après les mois, les années.

Une année perdue prépare à en perdre une autre, et l'on arrive ainsi de mois en mois et d'année en année au ferme fatal où il est trop tard, parce que Dieu a déclaré qu'il n'y aurait plus de temps. - Craignons donc les délais et le sommeil qu'ils engendrent, réveillons-nous aujourd'hui, de peur de ne nous réveiller qu'au son de la dernière trompette, quand le temps de la miséricorde sera fini : « C'est ici l'heure de nous réveiller de notre sommeil » (Rom. XIII, 11) : « La fin de toutes choses est proche, soyez donc sobres et vigilants dans les prières » (1 Pierre IV, 7). Profitons du temps pendant lequel « la patience de Dieu attend pour la dernière fois» (1 Pierre III, 20).

Ne quittons pas ce sujet, sans faire remarquer que Noé ne cessa pas d'avertir pendant cent et vingt ans les hommes que menaçait le déluge, quoiqu'ils ne profitassent pas de ses avertissements.
En cela il donna gloire à Dieu, et justifia pleinement la sévérité de ses jugements sur un monde qui avait méprisé sa patience. Si sa fidélité fut inutile aux autres, elle ne lui fut pas inutile à lui-même. Il en eut la récompense dans le témoignage de sa conscience, et dans celui que Dieu lui rendit d'avoir été un fidèle prédicateur de la justice. Lorsqu'il vit ses contemporains périr misérablement dans les eaux du déluge, il put du moins, en menant deuil sur eux et en déplorant les suites de leur endurcissement, avoir la consolation de penser qu'il était net du sang d'eux tous, n'ayant point évité de leur annoncer tout le conseil de Dieu, et pouvant en quelque sorte dire ce que Paul disait aux pasteurs d'Éphèse en les quittant : « Je ne vous ai rien caché de ce qui pouvait vous être utile, et je n'ai cessé jour et nuit d'avertir chacun de vous avec larmes » (Actes XX, 20, 27, 31).

Prêchons, prêchons toujours, quel que soit le peu de succès de nos avertissements. Ce qui est exigé d'un dispensateur, c'est qu'il soit trouvé fidèle. Christ Lui-même a tous les jours étendu les mains vers un peuple rebelle et contredisant. Quel que soit le résultat de nos travaux, s'ils ont été poursuivis dans la fidélité, nous pourrons dire avec le prophète : « Quoi qu'il en soit, mon droit est par devers l'Éternel, et mon oeuvre par devers mon Dieu » (Esaïe XLIX, 4). C'est quelque chose, c'est beaucoup d'avoir le témoignage d'une bonne conscience, d'avoir glorifié Dieu devant la génération tortue et perverse, et de pouvoir se dire que si le méchant périt, son sang ne sera pas redemandé de notre main.


Table des matières

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1 Le même mot désigne en grec l'incrédulité et la rébellion, c'est pourquoi les versions traduisent ordinairement ici : ils furent rebelles (ou désobéissans). C'est pourquoi aussi ce même mot est traduit dans Jean III, 36, par les uns croire au Fils, et par les autres, obéir au Fils. L'Esprit saint emploie souvent des mots qui ont deux significations dont l'une exprime la cause et dont l'autre exprime l'effet. En employant un même mot pour : ne pas croire et ne pas obéir, il nous donne cette instruction importante que la rébellion et la désobéissance viennent de l'incrédulité.

 

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