Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE  (Jean 17.17)
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Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE
(Jean 17.17)
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LE DÉLUGE
ou
MÉDITATIONS SUR LES CHAPITRES VI ET VII DE LA GENÈSE.

II
PATIENCE DE DIEU ENVERS LES HOMMES QUI VIVAIENT AVANT LE DÉLUGE.

Quoique Dieu soit toujours juste quand Il punit (Rom. III, 5, 6), parce qu'Il « rend à chacun selon son train et selon le fruit de ses actions» (Jérém. XVII, 10. - Job XXXIV, 11), cependant ce qui complète sa justification dans les punitions qu'Il inflige, c'est la patience avec laquelle Il supporte ses ennemis avant de les frapper. « Et que sera-ce, » dit l'Esprit saint, « si Dieu voulant montrer sa colère et faire connaître ce qu'Il peut, supporta avec une grande patience les vases de colère disposés pour la perdition » (1) (Rom. lX, 22) ?

Si la justice de Dieu crie qu'elle ne peut tenir le coupable pour innocent, si elle demande vengeance pour la loi de Dieu outragée, pour ses bienfaits méconnus, pour sa majesté foulée aux pieds ; si elle dit : frappe et punis, la miséricorde demande grâce, du moins elle plaide pour obtenir en faveur des coupables un temps de patience et des délais plus ou moins prolongés.

Comme le dit l'Écriture, la miséricorde s'élève par-dessus la condamnation, et elle obtient pour le pécheur, qui ne le demande pas même et qui souvent le méprise, un temps de patience et de longue attente qui l'invite a se convertir.
Si la justice dit de l'arbre qui ne porte point de bon fruit : « Pourquoi occuperait-il inutilement la terre, coupe-le et le jette au feu » (Luc XIII, 7), la miséricorde réplique : « Laisse-le encore cette année ; je le déchausserai, j'y mettrai du fumier ; peut-être portera-t-il du fruit. »
La miséricorde est écoutée, et souvent pendant une longue suite d'années, la patience de Dieu « attend pour faire grâce » (Esaïe XXX, 18). C'est ainsi qu'elle attendit pendant cent vingt ans la repentance des hommes qui vivaient avant le déluge.

L'Esprit saint fait remarquer, par l'apôtre Pierre, cette longue attente de Dieu envers eux, en nous disant que du temps de Noé « la patience de Dieu les attendait pour la dernière fois » (1 Pierre III, 20). Elle attendit cent vingt ans avant de détruire une race entièrement corrompue et dont l'imagination des pensées n'était que mal en tout temps. On reconnaît là le Dieu qui ne voulait pas déposséder les Amorrhéens parce que leur iniquité n'était pas encore venue à son comble (Gen. XV, -16), et qui, pour leur donner du temps, fit séjourner son peuple pendant quatre cents ans en Égypte. On reconnaît le Dieu qui est « patient envers nous, ne voulant point qu'aucun périsse, mais que tous se convertissent » (2 Pierre III, 9).

« La patience de Dieu ; tel est le trait le plus touchant de ses voies envers une génération corrompue. Tardif à la colère, voilà comment Moïse caractérise cette perfection de Dieu, ce qui suppose que l'homme provoque sans cesse sa colère. C'est en cela que la bonté de Dieu apparaît dans tout son lustre, surtout si nous considérons combien le péché lui est odieux, combien Il est puissant pour le punir, et qu'un mot lui suffirait pour anéantir tous les impies de dessus la face de la terre. Quelle n'est pas sa patience ! Quel n'est pas son support! Oh ! que d'innombrables iniquités se commettent journellement dans chaque pays, dans chaque ville, chaque village, chaque famille - Et Dieu ne frappe pas sur l'heure les coupables de ses plus terribles jugements ! Non-seulement Il les supporte avec patience, mais encore Il leur multiplie ses bénédictions : « Il fait lever son soleil sur eux, il leur envoie les pluies du ciel et les saisons fertiles. » Bien plus, la longue patience de Dieu le fait méconnaître et cela encore Il le supporte. « Sa patience les attendait, » dit l'Esprit saint. » (2)

Non-seulement Dieu attendit patiemment les hommes du temps de Noé, mais de plus, Il chercha à leur rendre cette patience utile, par des avertissements et par des faits. Comme plus tard Il fit avertir Ninive que dans quarante jours elle serait détruite, comme plus tard, encore, le Seigneur avertit les Juifs de son temps qu'au bout d'une génération, Jérusalem serait ruinée de fond en comble et que le jour de la vengeance arriverait (Matth. XXIV, 34. - Luc XXI, 20-24 et 32); de même du temps de Noé Il dit : « Mon esprit ne plaidera point à toujours avec les hommes, car aussi ils ne sont que chair, mais leurs jours seront six-vingts ans » (Gen. VI, 3). ( note de "Regard": six-vingt ans = 6 X 20 ans soit 120 ans)

Il est très-probable, quoique cela ne soit pas dit expressément, que ce terme de la patience de Dieu fut dénoncé par Noé aux hommes de son temps. Ce juste est appelé par l'Esprit saint « le prédicateur de la justice » (2 Pierre II, 5), et c'est par lui que l'Esprit de Dieu prêcha aux esprits qui sont maintenant en prison, (3) et qu'il plaida avec eux pendant cent et vingt ans. Toujours repoussé, il revenait à la charge, et tant par ses mouvements intérieurs que par ses appels extérieurs il les conviait à profiter du temps qui leur était donné et à ne pas abuser des richesses de sa bonté, de sa patience et de son long support. Si les gens de ce temps-là eussent écouté, si, comme Ninive, ils eussent jeûné en prenant le sac et la cendre, et si chacund'eux se fût détourné de sa mauvaise voie, certainement ils n'eussent point péri, car l'Éternel dit : « Je suis vivant que je ne prends point plaisir à la mort du méchant, mais plutôt à ce qu'il se détourne de son train et qu'il vive » (Ezéch. XVIII, 23).

Aux avertissements de son Esprit, Dieu ajouta ceux que donnait aux hommes de ce temps-là un fait qui appuyait fortement toutes les prédications de Noé, c'est la construction de l'arche où ce juste devait se retirer avec toute sa famille. Il est dit dans les Hébreux que, par cette arche, Noé condamna le monde, c'est-à-dire qu'il le rendit inexcusable, en lui montrant l'exemple de sa foi et un témoignage vivant du déluge qui bientôt allait fondre sur un monde incrédule.

« Le long travail de l'homme de Dieu exprimait aux yeux de tous la pensée du Seigneur, et chaque coup de marteau était pour les contemporains de Noé un avertissement des jugements de Dieu et une exhortation à les prévenir. C'est ainsi que Dieu attendait, comme s'exprime encore l'apôtre Pierre, attendait, dis-je, que les hommes corrompus crussent sa parole et se détournassent de leurs iniquités.» (4)

Les hommes de ce temps-là ne pouvaient pas dire, comme on l'a fait en d'autres temps, quelquefois avec trop de raison : Cet homme prêche bien, mais sa conduite n'est pas en harmonie avec ses discours ; il nous parle de la fin du monde actuel, mais il ne pense qu'à s'y établir lui et les siens, et il vit comme si le monde devait durer toujours. Il nous parle sans cesse du déluge, mais lui-même ne paraît prendre aucune précaution contre ce terrible fléau. Si nous périssons, il périra aussi bien que nous. Non, ils ne pouvaient rien dire de semblable. À la louange de Noé et à leur confusion, ou pouvait dire que sa conduite lés condamnait. Il était net de leur sang, et ils étaient inexcusables, puisque le déluge fut mis en quelque sorte sous leurs yeux, par la construction de l'arche qui devait servir de refuge au patriarche et à sa famille.

La patience de Dieu, si admirable envers les hommes du déluge, ne se montre-t-elle pas aussi admirable envers les hommes de nos jours?

Son Esprit conteste intérieurement dans la conscience de chaque homme, même dans celle des païens qui n'ont point la loi et dont les pensées les accusent (Rom. II, 14, 15). De plus, Dieu conteste et plaide avec les pécheurs par le moyen de sa Parole écrite ou prêchée, par laquelle Il va chercher dans le fond des coeurs quelques sentiments de repentir, et inviter les pécheurs à retourner à Lui en leur criant : Si vous ne vous amendez, vous périrez tous. -

Vous vous trompez étrangement, vous, à qui la Parole de Dieu est adressée, en n'y voyant qu'un homme qui vous parle, qu'un discours dont vous pouvez faire ce que vous voulez, et qui ne tire pas à conséquence. Non, il n'en est pas ainsi. Cet homme qui vous parle, ce discours que vous entendez, cette Parole qui vous est prêchée, c'est Dieu, c'est Christ qui, par sa Parole et par son Esprit, va, comme du temps de Noé, avertir les pécheurs que la fin vient bientôt, que « le Juge est à la porte » (Jacq. V, 9), que «il y aura affliction et angoisse sur toute âme d'homme qui fait le mal » (Rom. II, 9). C'est Christ qui vient à vous, comme Il est venu vers les Éphésiens par l'apôtre Paul, pour vous « annoncer la paix » (Ephés. II, 17), et pour vous supplier de fuir la colère à venir. C'est « pour Christ que nous sommes ambassadeurs, comme si Dieu exhortait par notre moyen, et nous vous supplions, pour Christ, que vous soyez réconciliés avec Dieu » (2 Cor. V, 20).

À ces avertissements intérieurs et extérieurs, Dieu joint ceux que donne l'exemple des chrétiens sérieux et sincères comme Noé, qui, par leur vie, condamnent les oeuvres de ténèbres et convainquent le monde de jugement. Si parmi les hommes qui font profession de croire que toutes choses doivent se dissoudre, et d'attendre, selon la promesse du Seigneur, de nouveaux cieux et une nouvelle terre où la justice habite, il en est malheureusement qui contredisent leur profession par une vie terrestre et mondaine, convenez que toits n'en sont pas là.

N'en connaissez-vous point dont l'exemple vous donne du malaise, parce qu'il est un reproche pour votre conscience? N'en connaissez-vous point dont vous blâmez la sévérité de moeurs, parce qu'elle vous gêne ? N'en connaissez-vous point dont vous disiez que ce sont des gens de l'autre monde, qu'ils ne sont presque plus de cette terre et qu'ils sont inutiles à là société, parce qu'ils se tiennent à l'écart des agitations du présent siècle ? Ne connaissez-Vous point d'hommes qui réalisent jusqu'à un certain point cette exhortation de l'apôtre Pierre :
« Puisque toutes choses se doivent dissoudre, quels (5) ne devez-vous pas être en sainte conduite et en piété? En attendant ces choses, appliquez-vous à être trouvés par Lui sans tache, sans souillure et dans la paix » (2 Pierre III, 11 -14).

Quand il n'y en aurait qu'un seul dans l'univers qui rendît ce témoignage par la sainteté de sa vie et en se préparant sérieusement à la venue du Christ, ce seul homme sérieux suffirait pour vous condamner. Avant le déluge, il n'y eut qu'un seul homme, oui un seul , qui crut au déluge et qui bâtit l'arche pour sauver sa famille, et par cette arche, ce seul homme « condamna le monde » (Hébr. XI, 7), oui le monde entier des impies (2 Pierre II, 5), qui ne voulut pas recevoir instruction de ses prédications et de son exemple.

Vous êtes donc avertis comme les hommes avant. le déluge. Vous avez entendu plusieurs appels intérieurs, votre conscience vous a parlé et peut-être effrayés plus souvent que vous ne l'auriez voulu. Les prédicateurs de l'Évangile, les personnes qui s'intéressent à votre âme vous ont peut-être lassés par leurs avertissements trop nombreux, trop pressants à votre gré. Des exemples réveillants et qui rendent parlantes les vérités que l'Évangile vous annonce, ont été mis sous vos yeux, et la patience de Dieu vous attend.
Qu'avez-vous fait de tout cela? Comment en avez-vous profité?

Hélas ! vous avez mis autant de persévérance à résister à Dieu qu'il en a mis à vous solliciter. Vous avez semblé chercher votre ruine avec autant de constance qu'il cherchait votre salut.

Dieu vous avertit par sa Parole, et vous êtes sourds à sa voix ; par son Esprit, et vous lui résistez; par ses serviteurs, et vous les repoussez; par les événements, et vous n'y prenez point garde ; par les reproches de votre conscience, et vous les étouffez ; par les exemples des justes, et vous n'en tirez aucune instruction salutaire.

Ils cherchent à vous éclairer, et vous vous entourez d'illusions ; ils soulèvent le voile qui est sur vos yeux, et vous vous efforcez de le retenir. - Malgré cela, sa patience attend.

Les années s'écoulent et s'entassent les unes sur les autres; vos compagnons de voyage et peut-être de jeunesse tombent à votre droite et à votre gauche; les cheveux gris sont peut-être déjà parsemés sur votre tête; le monde s'écroule en quelque sorte sous vos pieds chancelants; et pourtant vous êtes toujours le même, vous ne vous convertissez pas, vous ne répondez pas à la voix de Jésus qui vous appelle à Lui pour avoir la vie.
Peut-être même vous endurcissez-vous toujours davantage. Peut-être les délais de Dieu ne servent-ils qu'à vous endormir on à vous faire marcher avec plus d'audace dans la voie large que vous suivez. Peut-être insultez-vous dans le fond de votre coeur au Dieu qui vous supporte. Peut-être le bravez-vous comme si sa bonté était une faiblesse qui l'empêche de punir, ou une lâche indulgence qui l'engage à fermer les yeux sur vos péchés. Cependant Dieu supporte vos mépris, Il supporte l'abus que vous faites de sa patience. Toujours méconnue ou méprisée sa patience attend ; l'arbre qui ne porte point de bon fruit n'a pas encore été coupé et jeté au feu, parce que les richesses de la patience et de la longue attente de Dieu ne sont pas encore épuisées.

Penseriez-vous, peut-être, que vous vivez par une loi de la nature, indépendante de la volonté. de Dieu, et par un effet de votre bonne constitution?
Mais détrompez-vous; d'autres plus robustes que vous ont déjà succombé. « En Dieu nous avons la vie, le mouvement et l'être. » « Toute chair est comme l'herbe, toute sa grâce est comme la fleur de l'herbe. L'herbe sèche et sa fleur tombe quand le vent de l'Éternel souffle dessus » (Esaïe XL, 6, 7).

Penseriez-vous, peut-être, que vous vivez parce que Dieu ne vous trouve pas assez coupable pour vous retrancher, et prendriez-vous la conservation de voire vie pour une preuve que vos péchés ne l'irritent pas ? En cela vous vous tromperiez étrangement. Il est écrit que «si Dieu y regardait de près, Il retirerait à Lui son Esprit et son souffle; toute chair expirerait ensemble et l'homme retournerait dans la poudre » (Job XXXIV, 14, 15).

La prolongation de votre vie a une autre cause. Dieu est patient envers vous. Il vous donne du temps pour vous convertir. Il déploie à votre égard les richesses de son long support. Sa patience attend.

Elle vous attend aussi, vous, enfants de Dieu languissans et en chute, qui avez besoin d'écouter cette parole d'avertissement : « Souviens-toi d'où tu es déchu et te repens, (6) et fais les premières oeuvres » (Apoc. II, 5).

Depuis long-temps, vous faites souffrir le coeur de votre Père céleste et celui de ses enfants qui sont vos frères.
Depuis Iong-temps vous affligez le bon Berger qui se donne pour vous et qui court à travers les montagnes pour vous chercher.
Depuis Iong-temps, vous êtes par vos chutes, par vos langueurs, par votre mondanité un sujet de scandale pour un monde que vous devriez édifier.
Depuis long-temps, au lieu d'engager les hommes à glorifier votre Père céleste, vous êtes cause que le nom de Dieu est blasphémé parmi ceux qui ne le connaissent pas et qui disent : Sont-ce là les oeuvres que produit la foi ?
Cependant vous vivez encore ; Dieu supporte de votre part cette ingratitude, cette dureté de coeur, ces opprobres dont vous le couvrez, ces blessures qu'Il reçoit dans la maison de ses intimes amis. Vous vivez. La grâce ne s'est pas retirée de vous. Christ se tient encore à la porte et Il frappe. Si Dieu vous châtie, c'est dans sa fidélité ; s'Il vous frappe de ses verges, en cela Il vous traite comme un enfant qu'il daigne avouer (Hébr. XII, 6). Les bras du Père céleste vous sont ouverts. Il n'attend que votre retour pour courir au-devant de vous, et se réjouir avec tout ce qui est dans le ciel, de ce que son fils qui était mort est ressuscité et de ce que son fils qui était perdu est retrouvé. La patience de Dieu vous attend.
Elle nous attend tous, qui que nous soyons, car nous avons tous besoin de patience pour nos langueurs, pour nos rechutes sans cesse répétées, pour ce profond égoïsme qui souille tout ce que nous faisons, pour ce penchant incroyable à la légèreté, à la mondanité et à l'assoupissement, qui nous gagne continuellement. Nous avons surtout besoin de patience pour cet incorrigible orgueil qui, lorsqu'il est poursuivi, se transforme, se déguise pour éviter de mourir et prend même les apparences de l'humilité ; pour ce monstrueux orgueil tour-à-tour lâche et insolent, lâche quand il est sous la main de Dieu et en face du châtiment, et de nouveau insolent dès qu'il lui est accordé quelque répit.
Sous l'épreuve ou l'humiliation il s'irrite ou s'abat, mais il ne faut qu'un succès obtenu, qu'un éloge peut-être usurpé, pour lui rendre toute son audace et sa disposition à traiter par fois avec une dureté dédaigneuse les enfants de Dieu, qui manifestent quelques infirmités.

Nous avons besoin de la patience inépuisable de Dieu pour toutes ces misères, et pour beaucoup d'autres encore. Eh bien, nous la trouvons en ce Dieu qui est de longue attente, plein de compassion et de miséricorde, qui ne nous fait point selon nos péchés, et ne nous rend point selon nos iniquités. La patience de Dieu nous attend.

« Croyez, » dit un apôtre, « que la longue patience de notre Seigneur est pour votre salut. » (7) Oui, croyez-le, soyez persuadés que vous en avez besoin, et que, puisqu'elle vous est accordée, elle est une preuve que Dieu veut votre salut. La patience de Dieu vous prend en quelque sorte, par la main pour vous conduire à Lui. Elle vous dit : Il t'attend, Il veut te faire grâce, c'est pour cela, et pour cela seul qu'il t'a supporté jusqu'à aujourd'hui. Va, cours, jette-toi dans ses bras avec confiance, ton retour le comblera de joie. Ne crains rien, te dis-je, cours vers le Dieu qui t'attend depuis si long-temps. T'aurait-Il attendu pour te repousser quand tu viendras à Lui? N'a-t-Il pas un coeur de miséricorde pour te pardonner, des pieds de miséricorde pour courir au-devant de toi, des bras de miséricorde pour t'embrasser, un manteau de miséricorde pour le jeter sur toi et couvrir tous tes péchés?
Va, cours, la patience de Dieu t'attend.

Nous tous, encouragés par la patience de Dieu, touchés de cette patience, bénissons-la et profilons-en aujourd'hui, oui, dès aujourd'hui, tandis que ce jour se nomme. Il ne nous est pas dit, comme aux hommes avant le déluge, que cette patience durera cent vingt ans; il nous est dit que c'est maintenant le temps favorable, aujourd'hui le jour du salut.

Si donc aujourd'hui nous entendons la voix de Dieu, n'endurcissons pas nos coeurs. Il nous est dit que le Seigneur peut venir à l'heure où nous ne l'attendons pas et au jour que nous ne savons pas. Ainsi, nous le répétons, aujourd'hui, dès aujourd'hui, retournons jusqu'à notre Dieu, puisque sa patience nous garantit qu'Il veut notre salut. Dès aujourd'hui, s'il nous arrive de nous écarter de Lui, que ce ne soit jamais pour long-temps. Retournons promptement, retournons autant de fois que nous nous serons écartés, à Celui qui nous attend, et dont la patience nous est salut.

«Si nous connaissons le prix de cette patience de Dieu, sachons l'imiter. Sachons modérer notre sévérité, même à l'égard des pécheurs les plus obstinés. Soyons tristes de leur égarement, nous le devons; mais ne nous irritons point de ce qu'ils continuent à abuser de la patience de Dieu, ni de ce que Dieu les supporte dans cet abus.

Le zèle est une bonne chose; mais pour être vrai, il doit émaner de l'amour et en porter les caractères. Or, si nous aimons Dieu, nous aimerons aussi ses voies, parce qu'elles sont ses voies; et si nous aimons les hommes, nous nous réjouirons de la patience de Dieu envers eux, parce qu'il est possible encore qu'elle serve à leur salut, et parce que nous savons que Dieu sera glorifié de toutes manières. «Veux-tu, » s'écrièrent les deux disciples dans leur zèle amer, «veux-tu que nous appelions sur eux le feu du ciel, comme le fit Elie? »

Mais l'Esprit de Dieu était descendu sous la forme d'une colombe sur Celui qui leur répondit: «Vous ne savez de quel Esprit vous êtes animés » (Luc IX, 55). 0 insensé ! ô orgueilleux ! Dieu ne t'a-t-il pas aussi attendu pour te faire grâce? Que serais-tu devenu s'il ne t'avait réservé pour le temps de sa miséricorde, s'Il t'avait retranché dans les jours de ton ignorance et de tes péchés ? Et tu ne veux pas qu'il accorde à d'autres la même faveur à laquelle seule tu es redevable de toit salut ! Tu voudrais couper le pont par où la grâce divine t'a fait passer au-delà de l'abîme! Ah! plutôt, honore Dieu, aime Dieu d'autant plus que tu vois sa patience envers les pécheurs. Imite-le, apprends de Lui à supporter, à attendre.» (8


Table des matières

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1 Il faut remarquer ici que l'Écriture ne dit pas que c'est Dieu qui a arrangé, ou disposé, ou prédestiné les vases de colère à la perdition; tandis qu'au verset 23 du même chapitre, Il dit positivement qu'Il a préparé d'avance les vases de miséricorde pour la gloire. La perte de l'homme vient de l'homme, son salut vient de Dieu. L'Écriture parle de la prédestination à salut, mais jamais de la prédestination à perdition.
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2 Ce morceau, ainsi que quelques autres que nous coterons chacun en son lieu, est tiré de l'excellente traduction qu'a faite M. le pasteur Bonnet de l'excellent commentaire de l'archevêque Leighton sur la première Épître de saint Pierre, commentaire qu'il a intitulé: La vie chrétienne. (Tome 2, p. 147.)
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3 Voici comment Leighton interprète ce passage qui a paru à plusieurs embarrassant. Son interprétation nous paraît la plus conforme au texte et à l'analogie de la foi ; nous la rapporterons tout au long après avoir donné la traduction littérale des versets qui donnent lieu à ce commentaire.
« Car il vaut mieux que ce soit en faisant le bien que vous souffriez, si telle est la volonté de Dieu, qu'en faisant le mal. Car Christ aussi a souffert une fois pour les péchés, lui juste pour des injustes, afin qu'Il nous amenât à Dieu, ayant été mis à mort en la chair, mais rendu vivant dans l'Esprit, par lequel aussi, étant allé, il prêcha aux esprits en prison, qui furent rebelles autrefois, lorsqu'aux jours de Noé, la longanimité de Dieu attendait une fois, pendant que se construisait l'arche dans laquelle un petit nombre d'âmes, c'est-à-dire huit, furent sauvées par le moyen de l'eau » (1 Pierre III, 17, 18, 19, 20).

Saint Pierre vient de parler de l'Esprit, ou de la nature divine du Sauveur dont la puissance l'a ressuscité d'entre les morts. Il en prend occasion de nous entretenir d'une autre oeuvre de ce même Esprit du Seigneur, je veux dire la proclamation de sa vérité éternelle, et cela, non à la suite de sa mort et de sa résurrection, mais dès longtemps auparavant, et aux habitants de l'ancien monde.
« Il a été vivifié par l'Esprit, » en nos jours, mais déjà avant les âges, « il alla, par le même Esprit, prêcher aux esprits qui sont dans la prison. »

Tout ce passage est quelque peu obscur ; les discussions des interprètes n'ont guère contribué à l'éclaircir. Je n'ai jamais aimé à faire bruit des commentaires et je ne le ferai pas ici.

Ceux qui rêvent la descente de Christ aux enfers pensent pouvoir s'appuyer sur ces paroles de l'apôtre; mais en les examinant de près et sans notion préconçue, on se convainc facilement que tous les efforts ne peuvent en tirer cette doctrine. Sans mentionner ici d'autres fausses interprétations, et m'en tenant simplement aux paroles inspirées, j'admets que Christ, avant son apparition en chair, parla par son Esprit, dans ses serviteurs (et ici en particulier par Noé), aux générations même les plus anciennes, leur déclarant le chemin de la vie, quoique le grand nombre le rejetèrent. Cette pensée s'adapte parfaitement à celle des souffrances de Christ et du triomphe qui les a suivies. Ce n'est là toutefois qu'une parenthèse ; car saint Pierre revient immédiatement, après (chap. IV, 1) aux souffrances du Sauveur et aux exhortations qu'il en tire pour engager ses frères à persévérer dans leur foi en Christ et dans l'obéissance à ses préceptes, malgré l'opposition du monde et tous les travaux de la vie chrétienne.
Pour cela il leur rappelle ici l'influence perpétuelle de Jésus sur son Eglise dans tous les âges, même avant son incarnation ; il remet aussi sous leurs yeux l'incrédulité du monde qui a toujours existé, sa révolte contre la vérité divine, le petit nombre de ceux qui la reçoivent à salut, - tout cela, afin que les fidèles ne se laissassent point décourager en voyant des oppositions semblables se renouveler même après les triomphes du Sauveur.

Telles sont les pensées que l'apôtre développe (chap. IV, 3, 4) et qu'il expose ici par un fait historique ; car ces mêmes voies de l'impiété auxquelles les chrétiens ont renoncé, sont celles où marchaient les hommes coupables des jours anciens, lorsqu'ils furent surpris par les eaux du déluge. « Ils mangeaient et buvaient jusqu'à ce que le déluge les surprit tous. »

Nous croyons devoir ajouter à l'interprétation de Leighton que nous admettons, l'excellente réfutation que M. Bonnet a donnée dans une note, d'une autre interprétation de ce passage malheureusement beaucoup trop répandue :
« Tous les interprètes se divisent aujourd'hui en deux classes :
- les réformés, qui suivent Calvin et Théodore de Bèze, admettent le sens historique exposé ci-dessus par Leighton, et qui va servir de base aux développements du pieux archevêque ;
- et les luthériens, ou même en général les Allemands, qui rapportent ce passage à la descente de Christ, non pas aux enfers, mais dans le hadès, c'est-à-dire, le lieu invisible où Christ serait allé entre sa mort et sa résurrection, pour prêcher l'Évangile ... à qui? À tous les morts, disent les universalistes qui rêvent le rétablissement de toutes choses. - Non, mais seulement « à ceux qui n'ont pas eu occasion de connaître ici bas la vérité, » (aux païens) et qui se trouvent dans un lieu intermédiaire appelé ici la prison, répondent la plupart de ceux qui admettent cette vue, et c'est l'immense majorité des chrétiens d'Allemagne. - Cette opinion est-elle fondée sur le texte ? Nous ne le pensons pas ; car
1° n'y a pas dans ce passage un seul mot du hadès, et c'est arbitrairement que l'on transforme le mot de « prison » en hadès.
2° Il n'est pas dit que Jésus-Christ y soit allé, mais seulement qu'il a prêché par son Esprit à ceux qui y sont actuellement détenus.
3° Il n'est point dit qu'il leur ait prêché l'Évangile ou la Grâce, mais seulement qu'il a annoncé, proclamé .... quoi ? ce pourrait être la colère et le jugement de Dieu, comme le suppose la Bible de Hirschberg avec autant ou aussi peu de raison.
4° Il n'est pas dit qu'il ait prêché aux païens ou à telle autre classe d'hommes, mais uniquement à ceux qui vivaient pendant que l'arche se bâtissait.
5° Il n'est pas dit que ce soit à ceux qui n'avaient pas eu occasion d'entendre ici-bas la vérité, mais, au contraire, à des hommes qui, avertis, furent désobéissants ou incrédules.

Si donc nous repoussons cette interprétation, ce n'est pas pour nous refuser à croire un fait que nous admettrions avec joie s'il était clairement révélé ; mais uniquement parce que nous ne pouvons pas souffrir une exégèse qui se permet cinq actes d'arbitraire dans un tel verset et fait dire à la Parole de Dieu ce qu'elle ne dit pas.

Nous croyons donc que ce fut aux jours de Noé, par Noé lui-même, lequel notre apôtre appelle un prédicateur de la justice (2 Pierre II, 5), que l'Esprit de Christ proclama les jugements qui allaient tomber sur le monde, et cela à des hommes qui, au temps de l'apôtre, étaient des « Esprits dans la prison, » attendant le jugement du dernier jour.

Est-ce à dire qu'avec cette explication notre passage ne présente plus de difficultés ? Nous ne le prétendons pas ; mais du moins dans cette vue ou ne fait pas violence au texte. Voici, du reste, les principales objections que l'on nous oppose -

1° En donnant un régime au verbe il a prêché, en admettant que ce sont les jugements de Dieu qui furent annoncés à la génération de Noé, vous tombez dans l'arbitraire que vous nous reprochez (ci-dessus N° 5). - Mais l'apôtre, par ces mots - pendant que l'arche se bâtissait, nous dit assez clairement quel genre de témoignage fut rendu, et cela plus encore par ce travail de Noé que par ses paroles (voyez Hébr. XI, 7). -

2° La descente de Christ dans le hadès est ici indiquée par ce mot étant allé () qui n'est guère applicable à une action ordinaire de l'Esprit saint. - Mais je ne vois pas pourquoi on ne dirait pas que Christ est allé par son Esprit vers la génération de Noé, aussi bien que l'on pourrait dire : Il est allé vers les esprits du hadès. -

3° Dans l'Écriture, jamais des hommes vivants sur la terre ne sont appelés des esprits, cela est vrai ; mais ces hommes vivant du temps de Noé étaient des esprits séparés du corps lorsque l'apôtre écrivait, et il pouvait parfaitement les désigner ainsi.
Comment donc peut-on fonder tout un système de révélation, toute la doctrine d'un salut prêché après la mort, sur une interprétation si peu naturelle, si forcée, si douteuse pour ne rien dire de plus?
L'Évangile prêché après la mort aux millions d'hommes qui ne l'entendent pas sur la terre ! Mais ce serait là un fait plus important que toute la prédication de l'Évangile sur la terre. Et ce fait nous serait révélé par ces mots obscurs, mal interprétés ! -

Non, Christ mourant ne descendit pas par son Esprit dans le hadès, car Il s'écria : Père ! je remets mon Esprit entre tes mains (Luc XXIII, 46). »

 

Traducteur.

Voilà de l'exégèse simple et solide et dans laquelle rien n'est forcé; plût à Dieu qu'on en fit souvent de pareille. Nous nous permettrons seulement d'ajouter quelque chose qui confirme cette parole de M. Bonnet :
« Je ne vois pas pourquoi on ne dirait pas que Christ est allé par son Esprit vers la génération de Noé. » En effet, pourquoi ne le dirait-on pas, puisque Paul dit aux Éphésiens en parlant de Christ :
« Étant venu, Il a annoncé la bonne nouvelle de la paix à vous qui étiez loin, et à ceux qui étaient près » (Ephés. II, 17).
Cependant chacun sait que jamais notre Seigneur n'est allé à Éphèse, qu'Il n'est même jamais alla prêcher l'Évangile aux Gentils ; car « Il a été ministre parmi les Juifs pour montrer la fidélité de Dieu » (Rom. XV, 8), et Lui-même disait qu'il n'était « envoyé qu'aux brebis perdues de la maison d'Israël » (Matth. XV, 24) ; mais lorsque Paul prêchait de sa part à Éphèse, y étant poussé par l'Esprit de Dieu, et qu'il faisait entendre la parole du Seigneur Jésus (Actes XIX, 1-10), c'était dans le fond le Seigneur Jésus qui venait à Éphèse par le moyen de l'apôtre Paul, et qui avertissait les Ephésiens de se convertir, en leur offrant la paix en son nom.
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4 Vie chrétienne, tome II, p. 149.
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5 Il y a dans le grec un mot très-énergique qu'on pourrait rendre à peu près par l'expression : Quelle sorte de gens. Que de choses cette expression nous enseigne sur ce que nous devrions être?
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6 Ou te convertis. il n'y a qu'un même mot en grec pour désigner la première repentance qu'on appelle conversion, et les repentances subséquentes. Cela ne nous apprendrait-il point que chaque acte de repentance est comme une nouvelle conversion qui confirme la première et qui la développe. David repentant disait à Dieu : « Détourne ta face de mes péchés et efface toutes mes iniquités. 0 Dieu crée en moi un coeur net et renouvelle au-dedans de moi un esprit bien remis. Ne me rejette point de devant la face et ne m'ôte point l'Esprit de ta sainteté » (Ps. LI, 9 - 12). Malheur à ceux que leur prétendue conversion dispense, selon eux, de ces conversions renouvelées !
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7 Mot à mot « la longue patience ou la longue attente de notre Seigneur, estimez-la salut, ou un salut. »
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8 Vie chrétienne, pages 148 et 149.

 

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