Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE  (Jean 17.17)
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Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE
(Jean 17.17)
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LE DÉLUGE
ou
MÉDITATIONS SUR LES CHAPITRES VI ET VII DE LA GENÈSE.

VI
DIEU ORDONNE À NOÉ D'ENTRER DANS L'ARCHE. - LE PATRIARCHE OBÉIT. - L'ÉTERNEL FERME LA PORTE DE L'ARCHE SUR LUI. - LES EAUX ÉLÈVENT L'ARCHE QUI' FLOTTE AU DESSUS. - TOUT PÉRIT, EXCEPTÉ CE QUI EST DANS L'ARCHE.

Le moment était venu où Dieu allait rendre à chacun selon ses oeuvres ; à Noé selon sa foi et son obéissance ; au monde des impies selon son impiété. - « Dites au juste, que bien lui sera, car les justes mangeront le fruit de leurs oeuvres. Malheur au méchant qui ne cherche qu'à faire mal, car la rétribution de ses mains lui sera faite » (Esaïe III, 10, 11). « L'intégrité des hommes droits les conduit, mais la perversité des perfides les détruit » (Prov. XI, 3). « La crainte de l'Éternel accroît le nombre des jours, mais les ans des méchants seront retranchés. L'espérance des justes n'est que joie, mais l'attente des méchants périra » (Prov. X, 28).

Ainsi en fut-il au temps du déluge. Noé, appuyé sur la force de Dieu, venait d'achever la construction de l'arche, entreprise longue et difficile. En cela, il avait éprouvé que Dieu ne nous commande rien qu'Il ne veuille et ne puisse faire en nous et par nous. Alors l'Éternel lui dit : « Entre, toi et ta maison dans l'arche, car je t'ai vu juste en ce temps-ci. »

C'est la seconde fois que Dieu fait remarquer le contraste de la foi et de l'obéissance de Noé avec l'incrédulité et la rébellion des hommes de son temps. Il le fait sûrement pour notre instruction et pour nous apprendre que si nous savons nous séparer de la multitude par notre conduite, Dieu saura au jour des rétributions nous séparer d'elle par un jugement de miséricorde.

La foi de Noé l'avait fait triompher des objections de l'incrédulité, elle le fit triompher du fléau débordé qui emporta tout ce qui l'entourait. Ainsi, comme le dit le psalmiste, en un déluge de grandes eaux, elles ne l'atteignirent point. Noé n'avait pas raisonné comme les incrédules, il ne périt pas comme eux. Ainsi « le Seigneur saura délivrer de l'épreuve ceux qui l'honorent » (2 Pierre II, 9). Ainsi « le Seigneur sera glorifié dans ses saints, et rendu admirable dans tous ceux qui auront cru, au jour où Il exercera la vengeance avec des flammes de feu contre ceux qui ne connaissent point Dieu et qui n'obéissent pas à l'Évangile de notre Seigneur Jésus-Christ » (2 Thess. I, 7-10). Alors on verra « la différence qu'il y a entre le juste et le méchant, entre celui qui sert Dieu et celui qui ne le sert pas » (Malach. III, 18). Alors chacun dira : « Quoi qu'il en soit, il y a une récompense pour le juste ; quoi qu'il en soit, il y a un Dieu qui juge la terre » (Ps. LVIII, 11).

Il vaut donc la peine d'être chrétien, de souffrir avec Christ et de porter son opprobre, afin d'être mis à couvert au jour de l'indignation. Quel encouragement à lutter contre le torrent d'une incrédulité et d'une corruption générales! Quel encouragement à briller comme un flambeau au milieu de la génération tortue et perverse, et à se déclarer pour l'Éternel, fût-on seul comme Elie en présence des quatre cents prophètes des bocages, et au milieu d'un peuple de Dieu, lâche et indécis, qui flotte entre Dieu et Bahal !

L'Éternel remarque ces témoignages qu'on lui rend au milieu d'un opprobre général, Il ne les oublie point, Il s'en souvient aux jours des rétributions. Quand Il rend la pareille en face à ses ennemis, alors Il rend honorables les débonnaires en les délivrant, et Il confesse à la face de l'univers ceux qui l'ont confessé devant les hommes.

Déjà sur cette terre, il arrive souvent que ceux qui craignent Dieu sont épargnés, lorsque les jugements de l'Éternel tombent sur ses ennemis. Alors Il les met à part comme ses plus précieux joyaux, et leur pardonne, comme chacun pardonne à son fils qui le sert (Malach. III, 16, 17).
Quelquefois Dieu recueille le juste de devant le mal avant qu'il arrive. « Il entrera en paix, dit l'Écriture, ils se reposeront dans leurs sépulcres. savoir quiconque aura marché devant Lui » (Esaïe LVII, 1, 2. - 2 Rois XXII, 19, 20. - 1 Rois XIV, 13).
D'autres fois, Dieu fait sortir les siens des villes ou des pays qu'Il veut châtier ; Il leur fait dire comme â Lot : « Hâte-toi ; sauve-toi là, car je ne pourrai rien faire jusqu'à ce que tu y sois entré. »
D'autres fois encore, Il fait marquer de la lettre Thau les hommes qui gémissent et qui soupirent à cause de toutes les abominations qui se commettent dans la ville ; Il ordonne au destructeur de n'épargner personne, mais Il ajoute : « N'approchez d'aucun de ceux sur lesquels sera la lettre Thau.»

Nous voyons encore dans l'Apocalypse qu'une voix est adressée aux quatre anges qui ont reçu le pouvoir de nuire à la terre et à la mer, et qu'elle leur dit : « Ne nuisez point à la terre, ni à la mer, ni aux arbres, jusqu'à ce que nous ayons marqué au front les serviteurs de notre Dieu » (Apoc. VII, 3). En exécution de cet ordre, lorsque les sauterelles montent du puits de l'abîme, il leur est ordonné de ne faire de mal qu'aux hommes qui n'auraient pas le sceau de Dieu sur leurs fronts (Apoc. IX, 4). - C'est pourquoi, écoutons pour notre bien ces exhortations de l'Esprit saint : « Vous tous, les débonnaires du pays qui faites ce qu'il ordonne, cherchez l'Éternel, cherchez la justice, cherchez la débonnaireté ; peut-être serez-vous mis en sûreté au jour de la colère de l'Éternel » (Soph. II, 3). « Veillez et priez en tout temps, afin que vous soyez jugés dignes d'éviter toutes ces choses qui doivent arriver, et de subsister devant le Fils de l'homme » (Luc XXI, 36).

Obtenir par prière et par fidélité la grâce d'être épargné dans les mauvais jours qui fondront sur le monde, c'est la première instruction que nous devons tirer des déclarations précédentes.
La seconde, c'est de sortir de Babylone, « de peur que, participant à ses péchés, nous n'ayons aussi part a ses plaies » (Apoc. XVIII, 4. - Jérém. LI, 45, 46). Ce fut le conseil donné à Lot : « Sauve ta vie, ne regarde point derrière toi et ne t'arrête en aucun endroit de la plaine; sauve-toi sur la montagne, de peur que tu ne périsses » (Gen. XIX, 17).

Nous ne prétendons pas que Dieu veuille exempter ses enfants de toutes les calamités qui frappent les autres hommes pas plus qu'Il ne les exempte de la mort à laquelle ils sont assujettis à cause du péché, aussi bien que le reste de l'humanité. Dans ce sens, comme le dit l'Ecclésiaste, « un même accident arrive à tous ; au juste et au méchant, au bon, au net et au souillé ; à celui qui sacrifie et à celui qui ne sacrifie point » (Ecclés. IX, 2, 3).
Cependant l'exemple de Noé et les passages que nous avons cités prouvent que, lorsque le Seigneur fait tomber ses plus sévères châtiments sur un monde impie qui l'a méconnu et qui a persécuté ses serviteurs, Il se plaît souvent à séparer ses enfants des hommes du siècle, dans les dispensations de sa sévère justice. Ainsi prélude-t-Il à la grande séparation du dernier jugement, ainsi donne-t-Il au monde une démonstration de sa perdition, et aux siens une démonstration de leur salut.

Dieu sauva dans l'arche, non-seulement Noé, mais aussi tous les siens. Il lui dit : « Entre, toi et toute ta maison, dans l'arche » (Gen. VII, 1). Son obéissance avait été complète, son salut le fut aussi. Lui et sa famille échappèrent à l'universelle destruction.

Il ne nous est rien dit des dispositions religieuses des fils de Noé. « Peut-être Dieu a-t-Il voulu nous faire entendre par là que s'il leur épargna le châtiment, ce fut pour l'amour de leur père. Il arrive plus d'une fois que Dieu bénit une famille à cause de la piété des parents ; mais cela ne veut pas dire que des enfants méchants seront sauvés de la condamnation éternelle par la foi de leurs pères. » (1)

Toutefois l'on ne peut douter que Dieu n'ait un oeil de bienveillance sur la famille de ceux qui ont trouvé grâce devant Lui, qui sont nés de Lui et qui marchent devant sa face.
Les nombreuses promesses faites à la postérité des justes (Ps. CIII, 17, 18. - Ps. CXV, 13, 14. - Ps. CXII, 2. Ps. CXXVIII, 1-4. - 1 Cor. VII, 14. - Exod. XX, 6), l'exemple de Noé sauvé dans l'arche avec sa famille, celui de Lot auquel il fut dit : « Qui as-tu ici qui t'appartienne, soit gendre, soit fils ou filles, ou quelqu'autre qui t'appartienne dans la ville, fais-les sortir de ce lieu » (Gen. XIX, 12) les exemples de familles entières sauvées avec leurs chefs (Act. XVI, 14, 15 ; et 32, 34. - Act. X, 24, 44, 47, 48. - Jean IV, 53), enfin cette parole de Paul au geôlier de Philippe ; « Crois au Seigneur Jésus et tu seras sauvé, toi et ta famille » ne permettent pas de douter qu'il n'y ait un dessein favorable de Dieu envers ceux que l'Écriture appelle ses amis (Jean XV, 15-18).

Quel encouragement pour un chef de famille à servir l'Éternel, et à recevoir et à conserver cette grâce qui jettera sur tous les siens un reflet de l'amour de Dieu pour lui. Pour moi et pour ma maison, disait Josué, nous servirons l'Éternel. Quel encouragement pour des enfants qui ont des parents chrétiens ! Combien ils doivent s'empresser de profiter de la bénédiction particulière qui leur est promise en vertu de leurs relations avec eux. Quelle reconnaissance ne doivent-ils pas avoir envers Dieu qui leur a donné des parents pieux aux bénédictions desquels ils peuvent participer, tandis que de mauvais parents n'auraient pu leur communiquer que la malédiction dénoncée à la postérité de ceux qui haïssent Dieu (Exod. XX, 5).

Tous les enfants qui avaient des parents impies périrent avec eux dans les eaux du déluge ; ceux de Noé furent seuls sauvés avec leur père qui avait trouvé grâce devant Dieu.

De même que c'est un malheur d'être allié au méchant, de même c'est un bonheur d'être lié ou associé de quelque manière à ceux qui ont part à l'amour de Dieu, et qui l'aiment. Il est dit à la femme fidèle : « Que sais-tu si tu ne sauveras point ton mari ? » Et a l'homme fidèle : « Que sais-tu si tu ne sauveras point ta femme » (1 Cor. VII, 16) ?

Ce fut même un bonheur pour les mariniers qui naviguaient avec Jonas de se rencontrer avec lui, malgré la tempête qu'il attira sur eux, car ils apprirent de lui à connaître l'Éternel, le Dieu des cieux, à l'invoquer, a le craindre et à lui offrir des sacrifices (Jonas I, 9, 12, 16).
Ce fut un bonheur pour les gens qui naviguaient avec Paul de se rencontrer avec lui, malgré le naufrage qu'ils essuyèrent, car ils eurent, sans doute, part aux prières de cet homme de Dieu qui reçut par un ange cette réjouissante déclaration : « Dieu t'a donné tous ceux qui naviguent avec toi » (Actes XXVII, 24). C'est pourquoi, en toutes choses accompagnons-nous de ceux qui craignent Dieu et qui gardent ses commandements.

Toutefois, que personne n'abuse de ce que nous disons ici. - Que les justes qui veulent attirer la bénédiction sur leur maison ne fassent rien qui puisse l'éloigner d'eux-mêmes. Qu'ils s'efforcent de se conduire saintement et irréprochablement, et qu'ils marchent avec Dieu comme Noé. Qu'ils soient comme « une lumière qui éclaire tous ceux qui sont dans la maison » (Matth. V, 15). Qu'ils enseignent les leurs et les élèvent selon le Seigneur (Ephés. VI, 4). Que, semblables à Abraham, ils commandent à leurs enfants et à leur maison de garder la voie de l'Éternel pour faire ce qui est juste et droit (Gen. XVIII, 19).
Qu'ils craignent le triste sort du sacrificateur Héli qui honora ses fils plus que Dieu, et qui, par sa faiblesse à leur égard, attira sur eux et sur lui de terribles châtiments (1 Sam. II, 22-24, 29, 30. III, 13).
Que les enfants craignent aussi de se priver de la bénédiction qui leur est promise à cause de leurs parents pieux ; qu'ils se souviennent du profane Ésaü qui vendit son droit d'aînesse, et qui ensuite, voulant hériter la bénédiction, fut rejeté (Hébr, XII, 16, 17). Qu'ils se souviennent que dans l'arche, sous la bénédiction extérieure, se trouva un Cam qui méprisa son père et fut maudit avec sa postérité (Gen. IX, 22-25).

Dieu ordonna à Noé de faire entrer avec lui dans l'arche les animaux qu'il voulait conserver en vie par ce moyen, savoir : Les oiseaux, les bêtes a quatre pieds et les reptiles, avec la nourriture qui leur était nécessaire (Gen. VI, 19-24). Il devait prendre de toutes les bêtes nettes sept couples de chaque espèce, et des bêtes qui ne sont point nettes une couple, le mâle et la femelle (chap. VII, 2, 3).
« La loi de Moïse nous enseignera plus tard ce qu'on entendait par les animaux purs. C'était ceux qu'il était permis de manger et qui servaient aux sacrifices ; mais l'ordre que Dieu donne ici à Noé prouve que cette distinction existait déjà par institution divine, ensorte que non-seulement Dieu avait ordonné aux premiers hommes d'offrir des sacrifices, mais encore Il leur avait prescrit quelle espèce de victimes ils devaient immoler. Et remarquez bien qu'alors cette distinction ne pouvait avoir pour but que les sacrifices, puisque l'homme n'avait pas encore reçu la permission de prendre la chair des animaux pour sa nourriture. » (2)

L'Écriture répète ici pour la seconde fois que Noé fit selon tout ce que l'Éternel lui avait commandé. Puisqu'elle fait remarquer cette nouvelle preuve de sa foi et de son obéissance, nous devons la remarquer aussi. Rien n'indiquait l'approche du déluge ; c'était dans le mois d'octobre, on venait de recueillir les récoltes; chacun, comme dit le Seigneur, ne pensait qu'à boire, à manger et à jouir des choses de la vie (Luc XVII, 27).

Ce fut alors que sur l'ordre de Dieu, Noé entra dans l'arche avec sa famille en un temps serein et dans un lieu probablement fort éloigné de la mer. Quelle foi il fallait avoir pour croire ce qu'on ne voyait point, pour croire que dans sept jours un déluge universel balayerait cette terre où toutes choses demeuraient dans le même état où elles étaient au commencement de la création (2 Pierre III, 4) ! Quelle foi il fallait avoir pour s'enfermer dans cette arche avec sa famille, aux yeux de tout un monde moqueur et impie, qui, jugeant des choses selon l'apparence, semblait avoir raison en se moquant de Noé comme d'un homme crédule et hors de sens !

Noé nous donne ici l'exemple de ce que doit être celui qui se laisse guider par la Parole de Dieu. Il marche par la foi et non par la vue. Il croit Dieu contre toutes les apparences. Les improbabilités ne sont rien pour lui. Pour lui la Parole de Dieu est tout. Il croit que ce que Dieu a dit arrivera infailliblement, et il se conduit en conséquence, bravant courageusement les moqueries des hommes à courte vue qui ne croient que ce qu'ils voient, et qui jugent sur le regard de leurs yeux.

Noé s'était confié en Dieu pour exécuter l'ordre difficile de faire entrer dans l'arche toutes les espèces d'animaux qui devaient être conservées. « Sa confiance ne fut point trompée ; il vit venir à lui les animaux deux à deux poussés par la main de Celui qui dirige l'hirondelle et la cigogne dans leurs migrations. (3) Il les vit tous, même les plus féroces, se ranger sous sa loi, comme jadis ils obéissaient à Adam, avant qu'il eut perdu par le péché sa domination sur les oeuvres de Dieu. » (4)

Avant d'accompagner Noé dans l'arche et de recevoir de lui quelques nouvelles instructions, disons encore quelques mots de l'endurcissement et de l'aveuglement des hommes à cette époque. L'entrée de Noé dans l'arche leur criait hautement que la venue du Seigneur était proche, que le temps était court désormais. Elle leur criait : « La fin vient, elle vient sur les quatre coins de la terre » (Ezéch. VII, 2). Elle se réveille contre vous, voici le mal vient (v 6) ; les jours de la visitation sont venus ; les jours de la rétribution sont venus (Osée IX 7). Mais toutes ces choses n'eurent point de voix pour eux ; leurs coeurs s'étaient endurcis par la séduction du péché (Hébr. III, 13). Ils avaient refusé pendant cent vingt ans d'écouter les avertissements de Noé, et, par un juste châtiment, Dieu les avait abandonnés à la dureté de leurs coeurs, ensorte qu'en entendant ils ne comprenaient pas, et qu'en voyant ils n'apercevaient pas (Esaïe VI, 9).

Craignez une pareille fin, vous qui, ayant peut-être quelques mouvements de conscience, renvoyez d'un jour à l'autre votre conversion ou votre relèvement, et repoussez les appels de Dieu en disant comme Félix à Paul : « Pour le moment va-t-en, quand j'aurai le loisir, je te rappellerai. »

Il est probable que plusieurs de ceux qui entendent l'Évangile et qui n'en profitent pas, ont dans leurs coeurs la pensée d'en profiter un jour et de se tourner vers Dieu, quand ils seront vieux ou malades. Mais hélas! ce sont là des tromperies de l'ennemi de leurs âmes, des tromperies pareilles à celles qui perdirent probablement une partie des hommes qui vivaient à l'époque du déluge, et qui en perdent un grand nombre dans chacune des générations auxquelles la voix de Dieu est adressée.

Tout doucement les jours se succèdent, et comme ils se ressemblent assez, un jour ne nous réveille pas plus que le précédent; d'ailleurs on s'accoutume à tout voir, à tout entendre, sans prendre jamais un parti décisif. Comme du temps de Noé son entrée dans l'arche ne réveilla point un monde qui continua son train ordinaire, allant chacun a sa métairie et chacun à son trafic, de même la maladie et l'approche de la mort ne réveillent point ceux que de vagues projets de conversion ont pendant Iong-temps empêché de se convertir. « On en a vu de plus malades que moi, » disent-ils ; « d'autres sont venus plus âgées. »
Dans les jours de la santé on disait « Je suis trop jeune, j'ai trop à faire ; » maintenant on dit « Je suis trop faible, trop malade, pour m'occuper de ces choses. » Puis enfin le diable qui a bercé les âmes pour les endormir, les berce encore plus fort pour leur faire perdre les derniers moments, jusqu'à ce que l'âme se réveille de ce sommeil léthargique pour tomber dans la solennelle éternité. - Encore une fois, prenez garde à vos âmes. On peut presque dire que renvoyer sa conversion, c'est périr.
Mais revenons à Noé.
Sur l'ordre de Dieu, il entra dans l'arche, laissant en arrière ses champs, son habitation, tout ce qu'il possédait, et en quelque sorte le monde entier. Attendant par la foi un nouveau monde, il dit adieu à l'ancien, et se réfugia dans l'arche pour sauver et lui et sa famille. Ainsi fait le chrétien. fuyant la colère à venir, il entre par la foi en Jésus-Christ, l'arche véritable, (5) pour y être en sûreté. Avec Paul, il veut être trouvé en Christ, ayant non la justice qui vient de la loi, mais celle qui vient de Dieu par la foi en Jésus-Christ (Philip. III, 9). « Attendant de nouveaux cieux et une nouvelle terre où la justice habite » (2 Pierre III, 13) ; « sachant qu'il est mort au monde et que sa vie est cachée avec Christ en Dieu » (Coloss. III, 3), il s'affectionne aux choses qui sont en haut, il fait mourir de jour en jour ce qui compose l'homme terrestre (Coloss. III, 5) s'étudie par l'Esprit qui habite en lui à dire adieu à un monde qui périt ; il le quitte de plus en plus par des affections renouvelées, et il se dispose à laisser, s'il le faut, pour l'amour de Jésus, tout ce qu'il possède et même sa propre vie (Luc XIV, 26). Il renonce à tout ce qu'il a (v 33) et souffre même avec joie, s'il le faut, l'enlèvement de ses biens, sachant qu'il en a dans le ciel de plus excellents, et qui sont permanents (Hébr. X, 34). - Sommes-nous ou non ce chrétien-là ?
Si nous ne le sommes pas : pourquoi ne le sommes-nous pas?
Parce que nous ne croyons pas à la venue de Christ comme Noé croyait au déluge, parce que nous ne croyons pas Dieu comme il faut le croire. Dieu a parlé ou Il n'a pas parlé ; Il dit vrai ou Il dit faux.

Si nous croyons qu'Il a parlé et qu'Il dise vrai, agissons en conséquence, entrons dans l'arche, et s'il faut tout quitter pour Christ, quittons tout, emportant nos âmes pour butin (Jér. XLV, 5).

Il est dit que lorsque Noé fut entré dans l'arche avec tout ce qu'elle devait contenir, « l'Éternel ferma l'arche sur lui » (Gen, VII 16), « ce qui assurait le saint patriarche qu'il était là par la volonté du Seigneur, et qu'il serait gardé au milieu de cette affreuse tempête. » (6) Il devait se dire à lui-même : Je suis bien en sûreté, puisque c'est mon Dieu qui m'a ouvert cet asile, qui m'y a fait entrer et qui a fermé la porte sur moi, afin de me mettre à l'abri de tout danger et de me préserver tant des ennemis extérieurs que de ma propre imprudence, si jamais je voulais sortir de l'arche avant le temps.

C'est ainsi que Dieu ferme la porte sur nos âmes, lorsque par la foi il les a en quelque sorte enfermées en Christ, l'arche véritable. Il nous est dit que nous sommes gardés (7) par la puissance de Dieu, par le moyen de la foi, pour obtenir le salut.

Quand le Seigneur prévoit nos chutes et prie pour nous, afin que notre foi ne défaille point (Luc XXII, 32), c'est là ce qui fait notre assurance. Toutefois il est écrit « que celui qui se croit debout prenne garde qu'il ne tombe » (1 Cor. X, 12) : « Tu es debout par la foi, ne t'élève point par orgueil, mais crains » (Rom. XI, 20). Heureux celui qui, tout en se réjouissant de ce que Dieu garde son entrée et son issue dès maintenant et a toujours (Ps. CXXI, 8), se garde lui-même, afin que le matin ne le touche point (1 Jean V, 18), et dit continuellement : « Ne nous amène pas en tentation, mais délivre nous du malin. » Alliant ainsi la confiance et la vigilance, nous serons certainement gardés, car Celui qui ferme la porte sur nous est Celui dont il est dit :
« Il ferme et personne n'ouvre » (Apoc. III, 7).


Table des matières

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1. Études élémentaires, tom. I, page 91.
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2 Études élémentaires, etc... pages 95, 96.
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3 Nous n'adoptons pas l'idée de quelques personnes qui ont pensé que les animaux furent poussés vers l'arche par cette espèce d'instinct naturel, qui leur fait pressentir l'approche d'une tempête ou de quelque grand bouleversement de la nature. Cet instinct les aurait plutôt poussés vers les cavernes et les forêts des montagnes, et chacun vers sa retraite ordinaire, que vers l'arche, construction extraordinaire et qui n'avait aucun rapport avec leur instinct naturel.
D'ailleurs, s'ils avaient été poussés par cette espèce d'instinct, ils seraient arrivés en masse et non pas dans le nombre précis de couples que Noé devait introduire dans son arche. Qu'on remarque bien qu'il est dit qu'ils entrèrent deux à deux dans l'arche, le mâle et la femelle (Gen. VII, 9). Ce n'est pas Noé qui les y poussa, ce sont eux qui entrèrent vers Noé, et ils entrèrent en bon ordre, comme une armée qui défile, « deux à deux, le mâle et la femelle. » Ce n'est point là l'effet d'un instinct de frayeur qui les aurait fait entrer en confusion et pêle-mêle, ce fut, bien plutôt l'effet de cet instinct de circonstance, dont parle M. Burnier dans le morceau que nous avons cité, et qui fut une direction miraculeuse de Dieu.
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4 Études élémentaires, tom. 1, page 95.
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L'Esprit saint nous dit par l'apôtre Pierre que ce qui correspond à l'arche et ce qui nous sauve, c'est le baptême, non celui qui nettoie les saletés du corps, mais l'attestation d'une bonne conscience devant Dieu par la résurrection de Jésus-Christ. L'apôtre parle sans doute ici de la foi par laquelle nous sommes ensevelis avec Christ par le baptême en sa mort (Rom. VI, 4). La résurrection de Christ est ici mentionnée, parce que c'est elle qui témoigne de la part de Dieu qui a ressuscité Jésus, que sa mort a pleinement, expié nos péchés. Tout dépend de là, « car si Christ n'est point ressuscité, notre foi est vaine, et nous sommes encore dans nos péchés » (1 Cor. XV, 17), mais si Christ est ressuscité, « nous avons par sa résurrection une espérance vive de l'héritage qui ne peut se corrompre, ni se souiller, ni se flétrir, et qui est réservé dans les cieux pour nous » (1 Pierre I, 3, 4). C'est pourquoi il est dit que « nous croyons en Celui qui a ressuscité d'entre les morts Jésus-Christ notre Seigneur, lequel a été livré pour nos offenses et ressuscité pour notre justification » (Rom. IV, 24, 25). C'est pourquoi aussi il est dit, « qu'étant justifiés par cette foi en la résurrection du Sauveur, nous avons la paix avec Dieu. par notre Seigneur Jésus-Christ » (Rom. V, 1). C'est pourquoi il est dit encore : « Si tu confesses le Seigneur Jésus de ta bouche et que tu croies dans ton coeur que Dieu l'a ressuscité des morts, tu seras sauvé » (Rom. X, 9).

On comprend maintenant qu'une bonne conscience par la résurrection de Jésus-Christ, c'est une conscience qui est tranquillisée par l'assurance que lui donne la résurrection de Jésus-Christ, que les péchés de tous ceux qui croient en Lui ont été pleinement expiés. Celui qui croit, meurt en quelque sorte par la foi avec Jésus (Rom. VI, 4) ; il est crucifié avec lui (Gal. II, 20) ; il est enseveli avec lui (Rom. VI, 4), et il ressuscite avec lui (Ephés. II, 6, - Col. II, 12 et III, 1) pleinement justifié (1 Cor, VI, 11).

Remarquons que dans plusieurs endroits de l'Écriture, une bonne conscience ou une conscience purifiée, c'est une conscience déchargée du sentiment du péché et débarrassée de la crainte de la condamnation.
Nous prions les lecteurs d'examiner attentivement à cet égard les passages suivans : Hébr. IX 9, 13, 14, 15, 22, 23, de même que Héb. X, 2, 3, 4, 22.

On voit évidement, en comparant les uns aux autres tous ces endroits de la Parole, qu'il s'agit d'une conscience purifiée du sentiment de ses péchés, par la perfection du sacrifice que Christ a offert pour nous sur la croix, et auquel elle prend part au moyen de la foi. - Il est vrai que dans d'autres endroits, la bonne conscience signifie la droiture du coeur et une sincère intention de servir Dieu (Héb. XIII, 18. - 2 Cor I, 12. - Actes XXIII, 1), que le Saint-Esprit donne toujours à ceux qui ont obtenu une conscience paisible par la foi en la résurrection de Jésus-Christ ; mais nous croyons que ce n'est pas de cette seconde sorte de bonne conscience qu'il est parlé dans le passage de Pierre dont nous nous occupons.

Ce qui nous sauve et ce qui représente l'arche où Noé se réfugia, ce n'est pas la droiture des intentions, quoiqu'elle soit nécessaire, mais c'est une entière confiance en Christ et en la perfection de son oeuvre, d'où résulte la paix de l'âme. - Remarquons qu'on peut traduire par interrogation, réponse, examen ou témoignage d'une bonne conscience, le mot grec que nous avons traduit par celui d'attestation ; tous ces sens différent peu l'un de l'autre. Si l'on traduisait le mot original par interrogation ou réponse, nous pensons qu'alors le commentaire littéral se trouverait, dans la question de Philippe et dans la réponse de l'eunuque : Act. VIII, 37-39. On peut voir aussi Act. II, 38-41 et 46.

Nous ne terminerons pas cette note sans faire remarquer la fausse traduction de Martin, qui, préoccupé sans doute de l'idée du voeu du baptême dont il n'y a pas trace dans les Écritures, a traduit le mot grec épêroteima par ces mots français : la promesse faite à Dieu d'une bonne conscience. - C'est un des exemples les plus frappans des fausses traductions qu'engendrent les préjugés et l'esprit de systèmes.
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6 Études élémentaires, tome 1er, page 93.
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7 L'expression grecque rendue dans son énergie signifie : gardés comme dans une place forte où il y a garnison. Ce passage semble rappeler ces paroles d'Esaïe : « Nous avons une ville forte ; la délivrance y sera mise pour muraille et pour avant mur. Ouvrez les portes, et la nation juste, celle qui garde la fidélité, y entrera. C'est une délibération arrêtée que tu conserveras la vraie paix, car ou se confie en toi. Confiez-vous-en l'Éternel à perpétuité ; car le rocher des siècles est en l'Éternel Dieu » (Esaïe XXVI. 1, 2, 3, 4).

 

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