Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE  (Jean 17.17)
Cela me suffit...
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(Notre confession de foi: ici)
Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE
(Jean 17.17)
Cela me suffit...



LA FORCE DE LA VÉRITÉ.

TROISIÈME PARTIE.


Observations sur le récit précédent.

EN faisant connaître au public mes recherches religieuses et le changement de mes opinions, j'ai en dessein de lui présenter l'exemple d'une personne conduite à adopter, contre toute vraisemblance, un système pour lequel elle avait auparavant le plus grand mépris. Convaincu que ce changement s'est opéré sous la direction du Saint-Esprit, j'ai eu l'espoir que le récit circonstancié que j'en ferais pourrait, d'un côté, encourager et consoler tous ceux qui connaissent et qui aiment le Seigneur, et de l'autre, engager d'autres personnes, avec le secours de Dieu, à un examen sérieux de leurs sentimens, et les déterminer à faire usage des moyens dont il s'est servi pour me faire connaître la vérité. Dans ce dessein, je vais proposer quelques réflexions sur le récit précédent. Veuille le Dieu de miséricorde guider l'écrivain et le lecteur dans les sentiers de la vérité, de la justice et de la paix

I

Tout lecteur non prévenu le comprendra sans peine, humainement parlant il était bien invraisemblable que j'embrasserais les doctrines qui viennent d'être exposées. - Les considérations suivantes ne laisseront aucun doute à cet égard.

1.
Mes opinions furent long-temps diamétralement opposées à ce système. Doué d'un esprit méditatif, j'avais une haute idée de la force de notre raison ; et, sur des principes raisonnés, je m'étais fait une religion qui flattait à la fois ma conscience et mon orgueil. Je m'étais rendu familiers les interprétations et les argumens ordinairement employés par les partisans de l'orthodoxie, et j'avais entassé les objections spécieuses qu'on élève contre leur esprit et leur doctrine. Mais jugeant que leur croyance était trop évidemment fausse pour en supporter une seule, je ne m'étais pas donné la peine d'examiner ce qu'on pouvait avancer pour sa défense ; et Dieu permit que je m'enfonçasse dans un abîme d'erreurs dont peu de gens ont été retirés.

Plein de confiance en ma cause et dans les argumens par lesquels je la défendais, je désirais vivement entrer en controverse avec les Calvinistes. Je déclamais fréquemment, du haut de la chaire, contre leurs personnes, ainsi que contre leurs principes, auxquels j'attribuais les conséquences les plus absurdes et les plus fâcheuses.
Néanmoins, après beaucoup d'inquiétudes, d'activité et de recherches, j'ai embrassé, comme des vérités révélées dans la parole de Dieu, toutes les doctrines de ce système méprisé.

2.
Mon esprit et mon caractère s'opposaient à ce changement. J'étais, plus que personne, plein de suffisance et décidé dans mes opinions. Aimant à l'excès la discussion, je ne négligeais aucune occasion de me livrer à ce penchant. Rarement je suspectais ou reconnaissais mon erreur, et je ne posais les armes que lorsque mes raisonnemens ou mon obstination avaient fermé la bouche à mon adversaire. On me disait un jour que j'étais comme une pierre qui roule du haut d'une colline, et qu'on ne peut ni détourner ni arrêter. Ce n'était que trop vrai ; mais ce qui est impossible à l'homme est facile à Dieu. Je suis maintenant détourné et arrêté. L'homme n'eût pu le faire, mais Dieu l'a opéré, et c'est un prodige à mes propres yeux, autant qu'à ceux de tout le monde. Je portais la même opiniâtreté dans mes recherches ; car je n'abandonnai jamais un seul de mes sentimens que lorsque je ne pouvais plus le défendre, et je ne me rendais à la conviction que lorsque je ne pouvais plus résister. L'homme fort et armé s'était bâti lui-même plusieurs forteresses dans mon coeur, et lorsqu'un plus fort que lui vint le combattre, il soutint un long siège jusqu'à ce que, chassé, de place en place, et dépouillé de toute l'armure en laquelle il se confiait, il fut enfin obligé de s'enfuir (Luc XI. 21. 22). De sorte que, quand le Seigneur, au jour de son triomphe, eût soumis ma volonté, je fus forcé de lui faire cette confession :
« 0 Seigneur ! tu es plus fort que moi, et tu as prévalu. »

3.
Ma situation rendait un tel changement tout-à-fait impossible. Je n'avais, pour entretenir une nombreuse famille, qu'un modique revenu, et la protection des amis que ma conduite me procurerait ou me conserverait. J'avais, contre toute espérance, formé des liaisons avec quelques-uns de ces personnages dont la faveur peut contribuer beaucoup à notre élévation ; et j'étais fort sensible aux avantages que je pouvais en attendre, si, par ma condescendance, je me conservais leur amitié. Je partageais moi-même l'opinion que le monde se forme de ceux qui prêchent les doctrines dont j'ai parlé, et j'étais presque sûr que si je les embrassais, je me priverais de tout avancement. Mais lorsque, par le résultat de mes recherches, je fus convaincu, qu'il était absolument de mon devoir de les professer et de les prêcher, je les embrassai et les prêchai ouvertement, quelque défavorables qu'elles fussent à mes intérêts dans le monde.

4.
La grande attention que je mettais à soutenir ma réputation ne s'opposait pas peu au changement de mes idées. J'ambitionnais beaucoup l'honneur qui vient des hommes, et je ne voyais rien que de légitime et de vertueux dans le désir des louanges. Cet amour de la vaine gloire m'avait engagé à poursuivre avec ardeur mes études fort au-delà de mon inclination naturelle ; il influençait entièrement ma conduite, et se faisait remarquer dans toutes mes conversations. Accoutumé à entendre avec complaisance donner aux Calvinistes les épithètes les plus injurieuses, je sentais avec effroi qu'en m'approchant de leurs principes, j'allais m'attirer les plus mortifiantes dénominations. Hélas ! je n'ai que trop long-temps recherché, par orgueil, les applaudissemens du monde. Maintenant j'y renonce, et je consens volontiers à être regardé comme un esprit faible, un cerveau dérangé, un enthousiaste. Je sais qu'en mon absence, et souvent même en face, on m'applique ces titres injurieux ; mais. je bénis Dieu de ce que je n'en suis point ébranlé : je lui rends grâce de ce qu'il me juge digne d'être exposé à l'opprobre pour l'amour de lui. Cette épreuve m'effrayait beaucoup ; et je puis le dire avec vérité, la conviction seule que j'avais embrassé la cause de Dieu, a pu m'engager à faire le sacrifice de ma réputation, et à encourir les mépris et l'opprobre du monde.

5.
Pour raisonner, sur leurs propres principes, avec ceux qui nous méprisent, il faut convenir que si je suis tombé dans l'erreur et dans l'enthousiasme, cet accident était bien invraisemblable lorsque je commençai mes recherches. Ma résolution était de chercher avec soin la vérité, de l'embrasser partout où je la trouverais, et à quelque prix que ce fût. Je n'eus pas plutôt commencé cet examen, que je fus appelé à donner des preuves de ma sincérité ; je la montrai en renonçant, par un principe de conscience, à la perspective d'un prochain avancement. Dès ce moment, je sacrifiai la considération dont je jouissais dans le monde, et je m'exposai à la perte de mes anciens amis. Après cela, je cherchai la vérité, principalement dans les Saints Livres, en demandant à Dieu la lumière de son Saint-Esprit, et je suis maintenant arrivé à des conclusions diamétralement opposées à celles que j'attendais. Rassemblez maintenant toutes ces considérations pesez-les attentivement, et que votre conscience détermine quel degré de probabilité il y a qu'une personne, qui cherche la vérité de cette manière, se soit laissée abuser jusqu'à croire de funestes mensonges.
« Qui est le père d'entre vous qui donne à son fils une pierre, lorsqu'il lui demande du pain ? Ou, s'il lui demande du poisson, lui donnera-t-il un serpent, au lieu d'un poisson ? Ou, s'il lui demande un oeuf, lui donnera-t-il un scorpion ? Si donc, vous, tout méchans que vous êtes, savez donner de bonnes choses a vos enfans, combien plus votre Père céleste donnera-t-il le Saint-Esprit à ceux qui le lui demandent ? »

Après avoir adressé au Seigneur tant de prières ferventes, pour obtenir l'accomplissement de cette promesse, peut-on supposer qu'il l'ait violée, et m'ait abandonné au Prince des ténèbres ? Vous pouvez vous moquer de ce récit, jeter de côté ce livre, sans prêter aucune attention à un argument de cette espèce. Vous pouvez prétendre que nous ne devons pas compter sur de telles promesses, bien qu'elles soient contenues dans la Bible, ce qui n'est pas moins que nier sa divinité, et l'exposer à la risée des Infidèles et des Athées. Pour moi, je suis persuadé que, si vous voulez rendre raison du changement de mes opinions, vous serez obligés de convenir que la substance des doctrines que j'ai adoptées est véritablement dans la Bible ; qu'elles ne sont mêlées d'aucune erreur qui puisse exposer le salut de mon âme, ou, celui des âmes qui me sont confiées. Ce n'est que dans cette dernière, supposition que toute difficulté s'évanouit. Le Seigneur m'a inspiré un désir sincère de connaître la doctrine salutaire de l'Évangile ; et, malgré mon extrême ignorance, mon opiniâtreté et mes préventions, ce désir m'a conduit à la parole de Dieu, et m'a engagé à implorer la lumière de son Saint-Esprit. Enfin, fidèle à ses promesses, le Seigneur a réalisé envers moi cette parole de sa bouche : « Celui qui demande reçoit, et celui qui cherche trouve. » Ma sincérité suffisait pour convaincre toute personne initiée dans les vérités religieuses, que mes recherches m'y conduiraient finalement ; aussi mon ami me l'avait-il positivement annoncé.

Qui que tu sois, cher lecteur, si tu désires sincèrement connaître la vérité, si tu es résolu à l'embrasser partout où tu la trouveras, et malgré tous les sacrifices qu'elle pourrait te coûter ; si, appuyé sur les promesses du Seigneur, tu cherches, par une lecture habituelle de la parole de Dieu, et par de ferventes prières, à en obtenir l'accomplissement, je puis te l'annoncer avec assurance, quels que soient aujourd'hui tes sentimens religieux, tu adopteras un jour les mêmes doctrines. Veuille le Seigneur t'inspirer le désir d'en faire l'expérience, et te donner pour cela une véritable candeur !

On me fera peut-être l'objection que je propose cet argument avec trop de confiance, et on m'opposera ce que des hommes divisés d'opinions, ont avancé pour la défense de leurs systèmes respectifs.

Vous qui me faites cette objection, examinez, je vous en conjure, avec soin et avec impartialité, combien, cet argument est solide à tous égards ; et essayez de rendre raison, autrement que je ne l'ai indiqué, du changement dont je vous ai entretenu. Voici donc comme je raisonne recevant ce récit comme véritable, et à cet égard j'en appelle au Dieu qui sonde les coeurs, croyant que Dieu nous exhorte lui demander son Saint-Esprit de vérité, et le promet à des prières qui lui sont faites avec sincérité de coeur, l'on est forcé de conclure l'une de ces deux choses, ou que Dieu a manqué à sa promesse, ou que, par l'influence de son Saint-Esprit, il a conduit l'auteur de ce livre à la connaissance des vérités essentielles au salut.

Quant à l'autorité des hommes qui ont des sentimens opposés, je ferai observer que, plusieurs de ceux qui parlent pompeusement de leur sincérité et de leur bonne foi, condamnent sans hésiter, et traitent d'enthousiasme cette confiance que nous avons dans les promesses de Dieu, et cette manière de chercher la vérité. On ne peut donc supposer qu'ils la cherchent eux-mêmes par des moyens qu'ils condamnent dans les autres. Plusieurs passent légèrement sur ces choses. Dans le sentiment intime qu'ils ne l'ont pas cherchée de cette manière, ils esquivent avec soin un argument qui leur est personnel. D'ailleurs les écrits d'un grand nombre d'auteurs qui disent la chercher, montrent évidemment qu'ils n'espèrent pas la trouver « en se reposant de toute leur âme sur le Seigneur, » en sondant les Écritures et en implorant la lumière du Saint-Esprit. Ils ne la cherchent qu'en « s'appuyant sur leur propre jugement, » en se fondant sur des raisonnemens philosophiques, sur l'autorité de quelques auteurs renommés, sur des critiques et des interprétations hardies et forcées de la parole de Dieu. De-là, tant de gens qui osent en appeler de la révélation à la raison et à la philosophie. De-là, tant d'objections qu'on élève contre des vérités clairement révélées dans les saintes Écritures. De-là, tant de conséquences impies qu'on attribue à ces doctrines, afin d'en affaiblir l'autorité. De-là enfin, cette liberté que l'on a dans l'interprétation et dans la critique de la parole de Dieu, et que les savans ne se permettraient jamais dans l'interprétation et dans la critique de Virgile ou d'Horace.

Tout cela prouve clairement que ces personnes sont étrangères à ce désir vif et sincère de connaître la vérité, qui nous porte à nous laisser instruire par le Seigneur, et nous inspire une humble docilité aux leçons de sa parole. Plusieurs de ceux qui se disent guidés par ce désir ne soupçonnent pas même qu'ils sont, ou peuvent être dans l'erreur. Avant de se livrer à aucune recherche, ils sont décidés à ne pas faire la moindre concession ; à défendre, dans le cours de la controverse jusqu'au plus petit point ; et à faire usage, si les argumens leur manquent, de tous les artifices que la subtilité et la passion peuvent leur suggérer. Une pareille conduite n'annonce certainement pas ce désir ardent de connaître la vérité, cette crainte inquiète de se méprendre et cette défiance de soi-même, qui portent les personnes sincères à implorer le secours de Dieu, et à chercher, dans sa parole, les lumières dont elles ont besoin.

Quant à ceux qui ont vraiment de la candeur, je les prie, s'ils ne s'accordent pas avec moi sur tous les points de doctrine, de se rappeler la distinction que j'ai établie entre les dogmes absolument nécessaires au salut, et ceux qui ne le sont pas. À l'égard des premiers, ils ne peuvent différer essentiellement de moi. S'ils les reçoivent, je reconnais qu'ils sont enseignés de Dieu ; et je leur demande de me juger avec la même charité. Nous devons supposer que le même Dieu, qui, selon ses promesses, nous a tous conduits dans la route du salut, a permis que nous différassions à quelques égards, afin de nous donner lieu d'exercer, les uns envers les autres, le support et la tolérance.

II.

Le changement de mes opinions s'est opéré d'une manière lente et graduelle. Lorsqu'un homme change tout-à-coup de sentimens religieux, le monde, qui ne sait pas que souvent le Saint-Esprit convertit une âme tout-à-coup, comme cela eut lieu à l'égard de Saint-Paul, peut croire qu'il est d'un caractère inconstant et léger. Il peut soupçonner qu'il n'était pas affermi dans ses premiers principes, et qu'il les avait pris sur parole, sans connaître les argumens qui les appuient, ni les objections qu'on leur oppose. S'il arrive que le désir de la considération, l'intérêt, ou des convenances particulières, aient favorisé ce changement, on a lieu de présumer que ces motifs impurs l'ont entièrement opéré. S'ils ne paraissent pas y avoir contribué, on peut conjecturer que c'et homme s'est laissé séduire par des apparences spécieuses, et n'a fait que changer un système pour un autre, sans en avoir considéré aucun attentivement. Les résultats ordinaires des changemens précipités ne justifient que trop ces objections. Mais, quoique j'aie toujours été, et que je sois encore d'un naturel impétueux, je me suis conduit, en ce cas particulier, d'une manière directement opposée à mon caractère. Il est vrai que je dévoilai ma fougue naturelle dans un temps où je plaisais la cause de l'erreur, croyant plaider celle de la vérité, et où je ne songeais pas plus à devenir ce qu'on appelle Méthodiste qu'à me convertir à la religion de Mahomet.

Mais après ce premier essor, la pensée que si j'étais dans l'erreur à quelques égards, je parviendrais bientôt à la vérité, me rendit tranquille et content. Ce ne furent pas les craintes que j'avais sur mon salut, mais le prix des âmes confiées à ma direction, et le compte redoutable que je devais en rendre, qui me déterminèrent à entreprendre cette recherche.

Ce fut donc avec calme que je me mis à chercher la vérité ; et j'avançai par degrés dans cette étude, et en usant d'une extrême précaution. Je ne reçus aucun article de foi sur parole ; je n'abandonnai mes opinions que lorsque, par de bonnes réfutations, on avait renversé mes argumens et je n'admis aucun dogme nouveau dans ma confession de foi que lorsque toutes mes objections eurent été résolues, ou que je me vis pressé par des objections encore plus difficiles à résoudre. Je ne renonçai à une opinion, pour en embrasser une autre, qu'après beaucoup de prières et de méditations ; et je restai près de trois ans, à dater du commencement de mes recherches, avant de décider où était la vérité. J'ai bien lieu de rougir de mon indocilité, car, si j'eusse profité des occasions de m'instruire, je serais arrivé beaucoup plutôt à la foi. Mais le Seigneur ne m'a abandonné si long-temps à mon orgueil que pour me montrer, avec plus d'évidence, que ce n'est pas de l'homme que j'ai appris les doctrines que je professe, mais de la parole et de l'Esprit de vérité.

III

Ce changement s'est fait sans que j'aie été instruit ni influencé par les personnes dont j'ai adopté les principes. Tel était mon éloignement pour les Calvinistes, que long-temps après avoir commencé mes recherches, je ne voulais pas même lire leurs écrits. Si j'entrai en correspondance avec M. Newton, ce ne fut pas pour profiter de ses lumières, mais pour disputer ; aussi, dès qu'il esquiva la controverse, je rompis avec lui, et j'évitai sa compagnie autant que ses prédications ; non que je prétende insinuer par-là qu'il n'a été pour moi d'aucune utilité ; je bénis Dieu continuellement, au contraire, de m'avoir donné un tel ami. Mais je sais bien que lors même que je ne l'aurais jamais connu, je serais également parvenu à la connaissance des vérités évangéliques. Il m'a toujours été utile dans les sujets sur lesquels nous étions à peu près d'accord. Mais quant à ceux sur lesquels nous différions, mon esprit altier dédaignait de recevoir ses lumières.

L'on m'avait envoyé, à cette époque, plusieurs écrits des Dissidens ; mais je refusai de les lire ; et pendant près de deux ans, je n'en parcourus aucun avec assez d'attention pour en recueillir aucune instruction importante. Je ne dis point cela pour les déprécier, car je reconnais que plusieurs de ceux que, dans mon ignorance, je méprisais alors, contiennent une théologie solide et judicieuse. Mais ce ne fut pas de là que je tirai mon système ; il était presque complet au moment où je me déterminai à les lire. Mes études, indépendamment de la Bible, se bornaient aux auteurs renommés de l'Église Anglicane. Lorsqu'ils différaient entr'eux, comme Tillotson et Hooker, Jortin et Beveridge, Bull et Hall, je les jugeais par moi-même, en les comparant avec la parole de Dieu, avec les Articles, les Homélies et la Liturgie de l'Eglise.

Qu'il me soit permis de faire observer en passant que, plus on remonte vers la source de ces précieux ruisseaux, qui est la bienheureuse Réformation, plus ils sont purs. L'on peut prouver, d'une manière aussi facile qu'incontestable, que plusieurs ecclésiastiques réguliers de l'Eglise établie, qu'on qualifie du nom de Méthodistes, ne prêchent aucun dogme important que n'aient formellement enseigné ces excellents hommes, qui, après avoir jeté les fondemens de notre Église, ont livré leurs corps au supplice, pour rendre hommage à leur doctrine. Il serait bien à désirer que l'histoire de leur vie et de leur mort, et les ouvrages qu'ils ont écrits, fussent plus connus parmi nous ; qu'ils ne demeurassent pas, hors de la portée du public dans de grands in-folio, dans des ouvrages composés en langues savantes, dans des livres qu'on ne trouve plus, ou qui du moins sont devenus extrêmement rares. Voilà, pourquoi tant de membres de notre Église nationale ignorent entièrement les principales doctrines de l'Évangile, et flétrissent, par ignorance, du nom d'enthousiastes, ceux qui prêchent avec zèle les doctrines de la Réformation.

IV.

L'étude des Écritures a eu une grande influence dans ce changement. Nous ne sommes que trop disposés à adopter, sans examen, les opinions religieuses ; à nous former un système d'après les idées des autres ou d'après nos propres raisonnemens. Nous nous contentons de l'appuyer de quelques passages détachés qui paraissent l'autoriser, et nous négligeons, ou nous considérons légèrement les parties de la parole de Dieu, qui ne paraissent pas le favoriser. Nous ne sommes également que trop disposés à nous prévaloir des travaux des critiques et des commentateurs, pour nous soumettre aveuglément à leurs décisions. Nous pensons qu'une doctrine est assez bien prouvée, dès qu'elle peut produire, en sa faveur, l'autorité de quelque grand nom ; et nous ne prenons pas la peine d'examiner si elle est vraie ou fausse. N'est-ce pas rendre au jugement de l'homme un hommage qui n'est dût qu'à la parole de Dieu ? Nous surtout, ministres de Jésus-Christ, qui promettons solennellement, à notre consécration, de faire de ce divin livre l'objet principal de nos méditations, nous consumons trop souvent notre vie à des études qui sont étrangères ou même opposées à notre vocation, et qui absorbent presque entièrement nos pensées, tandis que nous ne donnons à cette parole qu'une attention secondaire. Trop souvent nous mettons beaucoup de soin à des objets qui sont infiniment moins utiles que la méditation de l'Écriture sainte, et que la comparaison de cette divine parole avec elle-même, avec ce que nous éprouvons dans notre coeur, et avec ce que nous voyons et que nous entendons dans le monde. Examinons-la attentivement, et nous la trouverons bien différente de ce que nous la croyons. C'est ce qui m'est arrivé ; c'est aussi ce qui arrivera à bien d'autres.

Elle nous apprend que la vraie sagesse, la connaissance pratique et expérimentale des choses saintes, ne peut s'acquérir sans une recherche active et diligente :
« Mon fils, si tu écoutes mes leçons, si tu serres mes préceptes dans ton coeur, si tu prêtes une oreille attentive à la sagesse, et si tu inclines ton coeur à la prudence ; si tu appelles à toi l'intelligence, et si tu t'adresses 'à la sagesse ; si tu la cherches comme on cherche l'argent, et si tu y mets autant d'ardeur qu'à découvrir des trésors, tu comprendras alors ce que c'est que la crainte de l'Éternel et tu acquerras la connaissance de Dieu. » (Prov. II. 1-6)

Si notre sagesse n'est pas le fruit d'une ardeur et d'une diligence égales à celles que l'homme avide des biens de ce monde, met à les poursuivre, il est à craindre qu'elle ne soit pas véritable. Une fois, je m'imaginais posséder une sorte de sagesse, qui semblait s'offrir à moi d'elle-même, sans beaucoup de recherches. Mais je suis maintenant persuadé que c'était une véritable folie.

La vraie sagesse, celle que je regarde maintenant comme, telle, ne s'acquiert pas si aisément. Lorsque je commençai à la désirer et à la chercher, je fus convaincu qu'elle ne se trouvait que dans la parole de Dieu, qui seul peut nous rendre sages à salut ; aussi je me considérais dans l'obligation d'en faire mon étude particulière et de la méditer en son entier, puisque « toute l'Écriture, est divinement inspirée et utile à enseigner, a à convaincre, à corriger, et à instruire des devoirs de la justice. » J'appris à la regarder comme un livre d'instruction, que mon Seigneur et mon Maître m'avait remis avec les fonctions du saint ministère, afin que j'en tirasse la doctrine, les exhortations, les exemples et les motifs je devais présenter à mon troupeau. Je la considérai comme la charte qui renferme les privilèges du fidèle, les grandes et précieuses promesses qui lui sont faites, et tout ce que Dieu a révélé touchant les biens ineffables que sa miséricorde a préparés à ses rachetés. Je jugeai que pour m'acquitter fidèlement du message que le Tout-puissant m'avait confié, il était indispensable que je connusse toutes les parties de cette parole, et que je la prisse pour « une lampe à mes pieds, et pour une lumière à mes sentiers. » Je crus devoir donner toute mon attention, non-seulement à la lettre, mais aussi au vrai sens des Écritures, et à l'intention de l'esprit de Dieu. Cette tâche me parut exiger beaucoup de temps, un mur examen et un esprit exempt de préjugés.

Ce fut sous ce point de vue que je m'appliquai chaque jour davantage à étudier les Écritures, sans négliger ni trop rechercher les interprètes. J'ai employé à cette étude une partie considérable de mon temps. Dans le désir sincère de connaître la vérité, je les ai méditées, non comme la parole de l'homme, mais comme celle de Dieu lui-même.

Pendant ces quatre années, j'ai lu, à plusieurs reprises, toute la Bible, et j'en ai examiné chaque partie avec toute l'attention dont je suis capable. J'ai médité, avec le plus grand soin, la plupart des passages relatifs à la doctrine, et je les ai comparés les uns aux autres. J'ai rarement abandonné une partie des Écritures avant de m'être rendu compte de son vrai sens et de son accord avec le reste de la Bible. Je puis dire avec vérité que j'ai rempli des rames de papier de sermons, de lettres et de discussions religieuses ; et dans toutes ces recherches, je me suis toujours efforcé de prendre pour mon guide la parole de Dieu, Depuis ces dernières années, j'ai à peine ouvert un seul livre qui roulât sur des sujets étrangers à la Religion, et je me suis occupé, du matin jusqu'au soir, méditer sur les grandes doctrines de l'Évangile. Toutes les difficultés que Je rencontrais dans le cours de mes méditations ou de mes lectures, me conduisaient à la parole de Dieu ; et jamais je n'échangeais mon sentiment contre une nouvelle opinion, sans avoir examiné avec soin tous les passages relatifs à mon sujet.

C'est donc véritablement avec une ardeur semblable à celle que l'on met à la poursuite de l'or que j'ai cherché la sagesse, ou la connaissance salutaire des choses divines, dans la parole de Dieu, seul champ où se trouve ce précieux trésor ; et quoique mes connaissances soient encore celles d'un enfant qui est à l'école de Christ, j'ose espérer du moins, que relativement aux vérités fondamentales de l'Évangile, je suis parvenu « à comprendre ce que c'est que la crainte de l'Éternel, et que j'ai acquis la connaissance de Dieu. »

Permets-moi, cher lecteur, de te représenter que tu cours le risque de mal juger des hommes et de leur croyance, si tu n'as pas étudié avec exactitude toute la parole de Dieu. Imite la sage conduite des fidèles de Bérée ; examine, sans prévention, toute la Bible, afin de voir si elle contient les doctrines que tu professes ou celles que tu condamnes. Crains qu'en continuant à en chérir quelques-unes, et à en combattre d'autres, sans les avoir examinées, tu ne sois un jour trouvé avoir servi Satan et fait la guerre à Dieu. - Oh ! daigne le Seigneur exaucer ma requête et disposer, par son Saint-Esprit, tous ceux qui lisent ces paroles, à examiner attentivement la Bible, non comme la parole des hommes, mais comme celle de Dieu lui-même, qui leur parle et qui les entretient des grands intérêts de leurs âmes immortelles !
Reçois cet avis, quelque méprisé et méprisable que soit celui qui te le donne ; c'est un avis qui est incontestablement bon ; C'est un avis qu'il ne se repentira jamais de t'avoir donné, à l'heure redoutable de la mort, et à celle plus redoutable' encore du jugement ; c'est un avis que tu ne te repentiras jamais d'avoir suivi ; non, tu ne t'en repentiras jamais, lors même que cette occupation devrait te détourner d'études agréables et plus à la mode, auxquelles tu as jusqu'ici consacré beaucoup de temps. Mais prends garde : si tu négliges le conseil que je te donne, cette négligence sera un nouveau sujet de remords durant les périodes de l'éternité.
Puisses-tu prendre en bonne part mes instances et mes voeux ! Voici : le souverain Berger de nos âmes vient ; il va demander aux mauvais pasteurs toutes ces précieuses brebis qu'ils auront laissées périr par leur faute ! Veulent-ils les conserver ; qu'ils prennent, dans la parole de Dieu, le remède et la pâture. Pour cela, qu'ils consacrent une grande partie de leur temps à l'étude du plus excellent, mais trop souvent du plus négligé de tous les livres. Que sert-il aux ministres de l'Évangile éternel d'être de savans docteurs dans les langues classiques, de profonds philosophes, des métaphysiciens et des mathématiciens distingués, des logiciens habiles, des hommes versés dans les sciences les plus polies, s'ils ne connaissent pas les saintes Écritures, ou s'ils n'en ont qu'une notion superficielle et erronée ? La littérature et la philosophie peuvent, il est vrai, les amuser et leur procurer de l'avancement et de la réputation dans le monde ; mais la connaissance de la Bible peut seule leur faire obtenir le salut éternel de leurs âmes et les faire travailler avec succès au salut des âmes commises à leurs soins. Loin de moi la folle présomption de vouloir proposer mes opinions comme un modèle de doctrine, comme une règle pour la foi et la prédication des ministres mes confrères. Mais que le pasteur qui reconnaît qu'il a consacré trop de temps à des occupations étrangères à son ministère, et à qui sa conscience reproche de s'être plus adonné à l'étude des ouvrages des hommes qu'à celle de la parole de Dieu, considère qu'il peut, par une suite de cette criminelle négligence, s'être mépris sur la doctrine évangélique, et, en se méprenant lui-même, avoir égaré les âmes qui lui étaient confiées. En effet, qui peut s'assurer qu'il n'eût pas vu la Bible sous un point de vue bien différent, s'il en avait fait son unique étude pendant plusieurs années ?


Table des matières

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DEUXIÈME PARTIE. Changement qui eut lieu dans les opinions de l'auteur. (Suite 2)
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TROISIÈME PARTIE. Observations sur le récit précédent. (Suite)
 

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