LA FORCE DE LA
VÉRITÉ.
TROISIÈME PARTIE. (Suite)
V.
La prière semble avoir exercé une
grande influence sur ce changement. Je sais que le
monde, bien qu'honoré du nom de
Chrétien, en est venu à un tel
degré d'irréligion, que l'on ne
saurait parler de ce sujet dans plusieurs
compagnies, sans s'exposer au ridicule. Je sais
que, pour mériter le nom de
Méthodiste, il suffit qu'où
entretienne avec Dieu une communion constante,
par des prières, des
supplications, des actions de
grâces. Cependant, il est certain que la
parole de Dieu est pleine de préceptes,
d'exhortations, de promesses et d'exemples qui se
rapportent à la prière. Quiconque
l'ignore ne l'a jamais lue ; et l'on ne peut,
sans la mépriser, et sans outrager les plus
beaux modèles qu'elle nous présente,
se moquer, sous aucun prétexte, de ce grand
devoir, de cette noble prérogative du
chrétien.
Que les hommes, tout en professant
extérieurement le Christianisme, soient
aussi irréligieux et aussi profanes qu'il
leur plaira ; pour moi, je n'aurai point honte
de recommander un devoir aussi important et aussi
saint, quoique généralement
négligé, et trop souvent
méprisé. Si la parole de Dieu est
vraie, l'homme qui ne lui a pas demandé, par
de ferventes prières, ses lumières,
sa repentance et les moyens de lui obéir,
n'a jamais eu une véritable foi, un repentir
sincère, ni une obéissance qui
plaise au Seigneur. Ce
prétendu Chrétien a un nom de
vivre, mais il est mort. Trop long-temps,
pendant que le soin des âmes m'était
confié, j'ai vécu dans l'oubli de la
prière, et ainsi j'ai été
sans Dieu dans le monde. Mais depuis que,
par sa grâce, je me suis sérieusement
occupé de mon salut et de celui de mes
semblables, je n'ai pas laissé passer un
seul jour sans adresser mes prières au
Seigneur.
J'invite le lecteur à examiner
les passages suivans :
« Si vous, tout
méchans que vous êtes, savez donner de
bonnes choses à vos enfans, combien plus
votre Père céleste donnera-t-il le
Saint-Esprit à ceux qui le lui
demandent. »
« Si quelqu'un n'a pas
l'esprit de Christ, il ne lui appartient
pas. » Comme le Saint-Esprit est l'esprit
de vérité, son office est de nous
enseigner toutes choses, et de nous conduire en
toute vérité ; car il sonde les
choses profondes de Dieu, et les
révèle. Le Seigneur a
expressément promis
à la vraie Église, ce que tous ses
enfans seraient enseignés de
lui. » (
Esaïe LIV. 13.).
C'est en faisant allusion à cette
promesse que Christ a déclaré que
« nul ne peut venir à lui, si
le Père ne l'attire, s'il n'est
enseigné de Dieu. » (
Jean VI. 44. 45. ).
St. Paul dit formellement :
« que l'homme animal ou
naturel ne reçoit point les choses de
l'Esprit de Dieu ; qu'elles lui sont folie, et
qu'il ne peut les connaître, parce que c'est
spirituellement qu'on en juge. » (
I. Cor. II. 14.).
St. Jude explique ce qu'il faut entendre
par l'homme naturel, en l'appelant celui
qui n'a pas l'Esprit. L'on ne peut douter que
ce ne soit là le vrai sens du passage de St.
Paul ; car il déclare, dans le verset
précédent, qu'il a
prêché l'Évangile,
« non avec les paroles qu'enseigne la
sagesse humaine, mais avec celles qu'enseigne le
Saint-Esprit, accommodant les choses spirituelles
à ceux qui sont spirituels. »
Je conclus de ces déclarations,
que l'homme naturel ne peut recevoir salutairement
la connaissance des saints mystères, s'il
n'est pas éclairé par l'Esprit-Saint.
J'en conclus également, que dans notre
état naturel, nos yeux sont aveuglés
par Satan, le prince et le dieu de ce
monde ; que notre entendement est
rempli de ténèbres, et qu'un
voile couvre nos coeurs quand nous lisons la parole
de Dieu ; ensorte que la lettre des
Écritures, sans l'Esprit, ne sert
qu'à tuer l'âme, au lieu de la
vivifier. De-là la nécessité
que notre intelligence soit éclairée
pour comprendre les Écritures. Tant que les
disciples du Seigneur furent privés de cette
lumière, ils ne purent comprendre les
discours les plus clairs de leur Maître, sur
ses souffrances, sur sa mort et sa
résurrection. Le voile, dont parle saint
Paul, doit être levé de dessus le
coeur ; c'est ce voile qui empêche les
Juifs, lorsqu'ils lisent le
Vieux Testament. de
comprendre les déclarations les plus claires
de Moïse et des Prophètes,
touchant le Sauveur promis. Toutes les
Écritures nous enseignent que la vraie
sagesse est un don de Dieu et que nous devons la
lui demander, si nous voulons devenir sages
à salut ; elles nous disent
« que le secret du Seigneur
est pour ceux qui le craignent, et que ceux qui ne
reçoivent pas l'amour de la
vérité pour être sauvés,
sont abandonnés à un esprit d'erreur,
ensorte qu'ils croient au mensonge ; afin que
tous ceux-là soient punis, qui n'ont pas cru
à la vérité, mais qui ont pris
plaisir à l'iniquité. »
2. Thes. II. 10. 12.).
Appuyé sur les promesses et les
invitations nombreuses et positives du Seigneur,
dès l'origine de mes recherches, je lui
demandai ses directions. À mesure que mes
difficultés s'accrurent, je le priai, avec
plus de zèle et de constance, de me tirer
du labyrinthe de là
controverse ; de me délivrer de
l'orgueil, de la prévention, de
l'aveuglement du coeur, du mépris de la
vérité, de
l'opiniâtreté, de l'enthousiasme, de
l'ignorance et de l'erreur. Je le priai de
m'enseigner lui-même la
vérité telle qu'elle est en
Jésus ; d'éclairer mon
entendement, d'ôter le voile qui couvrait mon
coeur.
Servant ainsi le Seigneur de la
manière qu'il a prescrite dans sa parole, me
reposant sur lui, et sollicitant tous les jours
l'accomplissement de ses promesses, je fus
insensiblement conduit d'une doctrine à une
autre, jusqu'à ce que mes vues sur
l'Évangile furent entièrement
changées. L'intime conviction où
j'étais que l'Esprit de
vérité a opéré ce
changement, m'a ainsi mis en état de
recevoir la vérité avec foi et avec
zèle. Dieu m'est témoin qu'en
publiant ce récit, je n'ai d'autre intention
que d'avancer son règne, et de contribuer au
salut des âmes. Je dois le déclarer
ici en la présence du
Dieu qui sonde les coeurs, dans la vive crainte de
rejeter la vérité, ou d'embrasser
l'erreur, et dans le désir ardent de
connaître la doctrine que Dieu nous
révèle dans sa parole, lorsque je
méditais les parties les plus importantes de
l'Écriture, j'implorais à chaque
chapitre et à chaque verset, la
lumière de l'Esprit. Je reconnais devant
Dieu que j'ai de grandes raisons d'être
confus de tous mes délais, et des
péchés qui souillent continuellement
mes prières ; cependant, plein de la
conviction que Dieu est fidèle dans ses
promesses, je crois fermement que la chair et le
sang ne m'ont point révélé
les dogmes que je prêche, mais que Dieu seul
me les a enseignés par son
St.-Esprit.
Cher lecteur, si ta conscience te
reproche d'avoir négligé cet
important devoir ou de ne l'avoir rempli que des
lèvres, si tu n'as pas
cherché la sagesse auprès de Dieu par
des prières ferventes, si tu n'as pas appris
à baser ta foi sur ses promesses, et
à lui en demander l'accomplissement, si tu
n'as acquis la connaissance des choses divines
qu'en te confiant en ton propre entendement, si, en
lisant les Écritures, tu as plus
consulté les commentateurs et les critiques
que l'Esprit de Dieu, sois assuré que la
lumière qui est en toi n'est que
ténèbres, et que tu ne connais encore
rien comme tu devrais connaître. Daigne
le Seigneur te disposer à suivre une autre
marche, et à chercher la sagesse
auprès de celui seul où l'on peut la
trouver, auprès « du
Père des lumières, d'où
procèdent toute grâce excellente et
tout don parfait, » auprès de
ce Dieu qui t'invite à demander, en te
promettant qu'il te sera donné !
VI.
Je ferai observer qu'il n'y a rien dans ce
récit qu'on puisse raisonnablement accuser
d'enthousiasme. Il est certain que
l'enthousiasme, proprement dit, accompagne souvent
le zèle ; que c'est un état
dangereux dont tout chrétien et tout
prédicateur zélé ne peut se
préserver avec trop de soin. Il serait vain
de prétendre que les réveils qui ont
eu lieu récemment par rapport à la
Religion, et qu'on a indistinctement flétris
par le reproche de Méthodisme, aient
été entièrement exempts
d'enthousiasme ; car, quels réveils le
furent jamais ? Là où le
Seigneur sème la bonne, semence, l'ennemi
n'y répand-il pas toujours l'ivraie ?
Il faut l'avouer, quelques-uns des illustres
instrumens que Dieu à employés
à cette oeuvre, entraînés par
la grandeur de leur zèle et par la
fragilité de notre nature, ont montré
des sentimens, employé
des expressions, et commis des actes qu'on a pu
justement accuser d'enthousiasme, et dont leurs
ennemis n'ont pas manqué de se
prévaloir ; mais, quels que soient les
écarts et les erreurs dans lesquels ont pu
tomber ces personnes, on ne saurait raisonnablement
en conclure que leur croyance soit erronée.
Notre intention est de justifier les doctrines
qu'enseigne la parole de Dieu, et non de
défendre le crédit dé quelques
individus ou les intérêts d'un parti.
Ces doctrines demeureront vraies et importantes,
bien que plusieurs de ceux qui les ont
prêchées avec succès et avec
zèle aient quelquefois mérité
le reproche d'enthousiasme. J'ose l'avancer avec
assurance, un homme peut être amené,
par une recherche tranquille et raisonnée,
à les recevoir, et peut les prêcher,
sans être cependant enthousiaste.
Il serait à désirer que
ceux qui sont toujours,
prêts à apostropher de ce nom toutes
les personnes qui paraissent religieuses voulussent
bien en définir le sens. Dans sa
signification originale, il a une acception
très-honorable ; il désigne un
homme dont l'âme, soumise à une
influence divine, est remplie de zèle et
d'ardeur pour la cause qu'il défend. Or,
« il est bon d'être toujours
rempli de zèle pour les bonnes
choses. » Si donc l'ardeur de notre
âme vient du Saint-Esprit, si
conséquemment elle est conforme à la
volonté de Dieu, et a pour but la
manifestation de sa gloire, elle est la disposition
la plus noble, la plus désirable et la plus
heureuse de l'esprit humain.
Le monde permet et approuve l'ardeur
qu'exprime le mot enthousiasme, en toute autre
chose qu'en Religion. Ainsi, l'enthousiasme
poétique, militaire ou
patriotique ne manque jamais d'admirateurs,
lors même qu'il dépasse les bornes de
la froide raison et de l'exacte
prudence. N'est-ce donc que pour la gloire de Dieu
et le salut des âmes que l'on ne peut, sans
être censuré, montrer un zèle
fervent ? Et cependant, c'est cet enthousiasme
qui est le plus haut degré
d'élévation et de force de l'esprit
humain. Aussi, c'était celui qui animait St.
Paul dans ses travaux et ses souffrances, et qui,
sous la direction de l'Esprit-Saint, remplissait
ses écrits du zèle le plus ardent
pour la gloire de son bien-aimé Sauveur, et
de l'affection la plus tendre pour les âmes.
C'est de celui-là qu'il parle
lui-même en ces termes (
2 Cor. V. 13. 14.) :
« Si nous sommes hors de
nous-mêmes, c'est pour Dieu ; si nous
sommes de sens rassis, C'est pour vous ; car
l'amour de Christ nous
presse. »
Je voudrais être, plus que je ne
le suis, rempli d'un pareil enthousiasme. Mais, si
celui-là est honorable et heureux, il en est
un autre qui est certainement blâmable
et à redouter ;
j'essayerai d'en tracer ici les caractères.
Pour le constituer, il faut, je crois, une ou
plusieurs des circonstances que je vais mentionner.
Loin d'être le résultat d'une
influence divine, il procède d'une
imagination échauffée ou d'une
séduction de Satan. La cause pour laquelle
on l'emploie est celle de l'erreur ou de la
méchanceté, et non point celle de la
vérité et de la charité. Il se
manifeste par des procédés et des
pratiques qu'on ne peut justifier ; car, s'il
est autorisé par la parole de Dieu, s'il se
borne à des actes conformes aux
règles et aux préceptes divins, je ne
puis voir de raisons pour le censurer, quelque
ardent qu'il soit, à moins que l'on puisse
avoir trop de zèle pour la gloire de Dieu et
pour le salut des âmes.
Il sera, je crois, difficile de me
supposer cette sorte d'enthousiasme. Je n'ai pas
été instruit par des visions, des
impulsions ou des révélations
intérieures, à moins
qu'on n'appelle
révélation l'action par laquelle le
Saint-Esprit éclaire l'entendement, pour lui
faire recevoir les vérités
révélées dans la parole de
Dieu, et sanctifie le coeur. Je ne prétends
pas nier que le Seigneur fait tout ce qui lui
plaît, et qu'il sort quelquefois du cours
ordinaire des choses, pour opérer la
conversion d'un pécheur, pour diriger une
âme embarrassée, ou pour consoler un
fidèle en détresse ; mais je
n'ai jamais compté sur des dispensations
extraordinaires, et je n'encouragerai jamais
personne à entretenir un tel espoir. Or,
croire à la parole de Dieu, se confier en
ses promesses, chercher, comme je l'ai fait,
à en connaître les
vérités, ne sera appelé
enthousiasme que par des infidèles
avoués. Je n'ai point reçu, je n'ai
point prêché des doctrines
nouvelles ; j'ai appris seulement à
connaître le sens, la sagesse, l'usage et
l'harmonie des déclarations de
l'Écriture, déclarations que
je pervertissais dans mon
orgueil et dans mon ignorance, les estimant une
folie. Je n'ai aucune prétention à
l'infaillibilité, mais j'ai la confiance que
Dieu ne m'a pas laissé flotter sur la mer
incertaine des opinions. Quant aux grandes
vérités de l'Évangile, que
j'ai indiquées comme nécessaires
au salut, elles ne sont ni si incertaines ni si
difficiles à comprendre que l'on voudrait
nous le persuader ; l'incertitude et les
difficultés qu'on leur reproche viennent
uniquement de notre ignorance, de nos
préventions, de notre orgueil, de notre
amour pour le péché. Lors même
qu'un homme vain est convaincu de la
divinité des Écritures, il est
très-difficile de le porter à ne plus
s'appuyer sur son propre jugement, à se
confier au Seigneur de toute son âme, et
à se laisser enseigner de Dieu avec l'humble
docilité d'un petit enfant.
Le sentiment de notre nature
déchue, une profonde conviction de
péché, et la crainte
de la colère à
venir, peuvent seuls nous donner cette
docilité ; et une fois obtenue, les
difficultés sont levées, et la voie
du salut devient si facile que « le
voyageur, quoique fou, ne peut s'y
égarer. » Quant aux autres
doctrines que je professe, mais que je ne regarde
pas comme nécessaires au salut, elles me
paraissent assez claires ; cependant, je ne
désire pas vivement les faire embrasser
à d'autres et je les abandonne comme des
sujets sur lesquels des êtres exposés
à l'erreur peuvent, sans danger,
différer d'opinion. J'ai l'espoir que Dieu
ne trompera pas mon attente à l'égard
des connaissances dont j'ai besoin pour m'acquitter
fidèlement de mon ministère ;
quant au reste, je me trompe tous les jours, je me
trouve moi-même dans un danger continuel de
mêler de vaines imaginations à la
vérité divine, et de suivre mon
propre esprit plutôt que l'Esprit du
Seigneur. Tout ce que je prêche avec
vérité, et tout ce
que je fais sagement, la gloire en est à
Dieu ; car je ne suis pas capable d'avoir,
par moi-même, une seule bonne
pensée ; toute ma capacité
vient de Dieu. Tout ce que je dis de faux, ou tout
ce que je fais follement, la honte en est à
moi-même ; car c'est le fruit naturel de
mon esprit et de mon coeur.
VII.
Enfin, je ferai observer que ceux qui nous
condamnent et nous méprisent, daignent
rarement nous écouter. Avec toutes leurs
prétentions à la candeur et au
raisonnement, ils nous accusent et nous condamnent
sans connaître nos sentimens avec quelque
degré d'exactitude. Remplis à notre
égard de violens préjugés, ils
se forment une opinion si défavorable de
notre jugement, qu'ils ne daignent pas même
lire nos ouvrages. Dirigés par une passion
aveugle, ils dénaturent notre doctrine, et
s'occupent plutôt, dans
leurs écrits, à rendre nos personnes
odieuses qu'à discuter sérieusement
les points qui font l'objet de la controverse. Ils
ne connaissent, en général, nos
opinions que par ouï-dire, et en
ignorent la liaison, l'harmonie, le but et
l'application. Il ne faut donc pas s'étonner
s'ils nous traitent avec mépris, s'ils nous
reprochent des choses auxquelles nous sommes
étrangers, ou que nous détestons, et
à l'égard desquelles nous mettons,
dans nos écrits, beaucoup d'avertissemens et
de restrictions.
Je confesse que mes plus fortes
objections, contre ces principes, venaient des
fausses idées que j'en avais conçues.
Étranger aux ouvrages des
Méthodistes, je ne connaissais leur
système que par les rapports calomnieux de
leurs ennemis. Mon imagination élevait
ensuite, sur ce système
présumé, un édifice qui lui
était étranger et en tirait les
conséquences les plus
affreuses. En combattant cette
doctrine du haut de la chaire, je montrais mon
ignorance et ma folle méchanceté. Je
ressemblais à un homme insensé qui se
bat avec son ombre. Les misérables
déclamations que l'on fait aujourd'hui
contre nos principes ne sont pas plus justes. On
prétend qu'ils tendent à bannir du
monde toute vertu, à renverser toute
moralité, et à leur substituer mille
rêveries, également condamnées
par la raison et par la loi de Dieu. Après
avoir entendu des discours de ce genre, demandez au
déclamateur ce que c'est que les
Méthodistes, il peut à peine
vous donner une réponse : interrogez-le
- sur leur doctrine, - il ne la comprend point, ou
ne la connaît point sur leurs écrits -
il ne les a jamais lits
Lecteurs, désirez-vous
connaître nos opinions et voir sur quoi se
fondent les graves accusations dont nous sommes
l'objet ? Lisez nos ouvrages, lisez les
ouvrages de nos premiers
Réformateurs ; mais lisez-les avec
toute l'attention et l'impartialité dont
vous êtes capables, ayant soin de les
comparer avec la parole de Dieu. Nous ne
prétendons point vous faire renoncer
à votre bon sens ; mais, comme
la droite raison nous le commande, nous
désirons que, reconnaissant la Bible pour
être la parole de Dieu, lorsque votre
jugement décide d'une manière et Dieu
d'une autre, vous vous soumettiez aux
décisions du Seigneur, qui connaît
mieux que vous ses propres mystères, et
qu'ainsi vous receviez avec humilité les
doctrines qu'il a expressément
révélées. Partout où
vous trouvez que nous sommes tombés dans
quelque erreur, signalez-la ; censurez-nous en
particulier et en public, et pensez autrement que
nous ; mais, parce que quelques-uns de nos
écrivains ont avancé des opinions
incertaines, abstenez-vous de dire que tout notre
système manque de
fondement, qu'il sent le mysticisme et
l'enthousiasme.
Soyez-en bien assurés, n'examiner
qu'un côté de la question :
croire à tous les rapports vagues, à
toutes les faussetés scandaleuses que l'on
publie contre nos principes ; les propager
avec malignité, comme si de simples
accusations pouvaient seules réfuter et
détruire l'autorité de
l'Écriture, sur laquelle ils se fondent,
c'est absolument manquer de franchise et de
droiture c'est vouloir être les échos
de la calomnie, et les apôtres de l'erreur.
Et Dieu sait à quel danger l'on expose alors
son âme et les âmes que l'on conduit,
ou plutôt que l'on égare.
Ainsi, chers lecteurs, permettez-moi de
conclure, en vous invitant encore à chercher
la vérité dans la parole de Dieu,
avec prières et avec
persévérance. C'est dans l'espoir de
vous rencontrer, au jour du jugement, parmi les
élus du Seigneur que je
vous donne ce conseil. Daigne le Père des
miséricordes, en frappant votre esprit
par la pensée de cette grande
journée, disposer puissamment votre coeur
à le suivre. Que le temps est court !
Que l'éternité est longue ! Que
la vie est précieuse et fugitive ! Que
la mort est certaine ! Que les plaisirs et les
tracas de la vie présente sont vains,
frivoles et fâcheux ! Que la faveur Dieu
et la vie éternelle sont précieuses
au-dessus de toute expression ! Que la
colère à venir, que le feu qui ne
s'éteint point, le ver qui ne meurt
point, sont redoutables !
Ah ! ne consumez pas une vie si
passagère à amasser des richesses que
vous abandonnerez bientôt pour
toujours ; à vous livrer à des
plaisirs qui aboutiront à des peines sans
fin ; à chercher une gloire qui sera
bientôt engloutie dans un éternel
opprobre !
Rachetez le temps.
« Travaillez pour l'aliment qui dure
en vie éternelle. »
Attachez-vous surtout « à la
seule chose nécessaire. »
Prenez la parole de Dieu pour
mesuré de la vérité 'et du
devoir. Considérez-la comme
« une lumière, à vos
pieds, une lampe à vos
sentiers, » et en l'étudiant,
« ne vous appuyez point sur votre
propre intelligence. »
Ne vous fiez point implicitement aux
commentateurs et aux critiques, mais demandez
à Dieu la sagesse et l'enseignement de son
Saint-Esprit. Ne repoussez pas les craintes
sérieuses que vous pourriez éprouver
touchant votre âme, et ne leur dites pas
comme Félix disait à St. Paul :
« Retirez-vous loin de moi ; pour
le moment, je ne puis vous entendre : quand
j'aurai le loisir, je vous
rappellerai. » Daigne le Seigneur
accorder à l'auteur de ce récit, et
à tous ceux qui le liront,
« cette sagesse qui vient d'en
haut, » ce Saint-Esprit qui guide
l'homme dans les voies de la paix, cette foi qui
justifie, et opère par l'amour, cette
paix divine qui surpasse toute intelligence.
Daigne le Père des miséricordes nous
donner à tous une
abondante mesure de sa grâce sanctifiante,
afin que nous puissions « demeurer
fermes et inébranlables et abonder de plus
en plus dans l'oeuvre du Seigneur, sachant que
notre travail ne sera point sans récompense
auprès du Seigneur. »
FIN.
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