Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE  (Jean 17.17)
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Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE
(Jean 17.17)
Cela me suffit...



En Canot et en traîneau
À CHIENS
Parmi les Indiens CREE et SALTEAUX


 CHAPITRE PREMIER

La question de l'évangélisation des peuplades de l'Amérique septentrionale est, depuis bien des années, une de celles qui préoccupent l'Église chrétienne. Quelques-uns des serviteurs de Dieu les plus éminents se sont consacrés à cette oeuvre ; les plus dures privations et les plus grandes souffrances y ont été endurées. Quelques-uns des plus beaux trophées y ont été obtenus.

Il est regrettable qu'il existe si peu de biographies des hommes héroïques qui ont travaillé parmi les Indiens. Tout en nous réjouissant de posséder celles d'Eliot, de Brainerd et d'autres des premiers ouvriers qui ont lutté vaillamment et non sans succès parmi les Peaux-Rouges, nous déplorons qu'on ait publié si peu sur Evans, Rundle, Mac Dougall, Steinheur et d'autres dont le courage, l'endurance, la patience et le labeur fructueux rendraient les biographies aussi saisissantes et aussi profitables à l'église que celles de Carey, de Judson, de Hunt ou de Morrisson.

Les travaux de ces missionnaires parmi les aborigènes du continent américain méritent d'autant plus d'honneur qu'ils ont eu pour objet une race généralement considérée comme mourante, un peuple en voie de disparaître. Trop souvent, on leur a fait entendre le sifflement des boulets au lieu de la prédication de l'Évangile d'amour. Les lois qui leur ont été imposées ont tendu plus à les anéantir qu'à les élever au rang de nation chrétienne et à la jouissance d'un christianisme conséquent. Il est bien humiliant de constater que, dans les pays dits chrétiens, ils sont nombreux ceux qui, oubliant la doctrine de la fraternité universelle du genre humain, et aussi l'universalité de l'expiation, ont eu l'esprit si plein de préjugés et si rapetissé en ce qui concerne l'homme rouge, qu'ils l'ont exclu de l'humanité et placé en dehors de l'atteinte de la miséricorde divine, déclarant avec assurance que le seul bon Indien est l'Indien mort ; ou bien, ainsi que cela m'a été dit un jour brutalement par un officier : « L'Indien est une vermine qui n'est bonne qu'à être exterminée. »

TRAÎNEAU À CHIENS À TOUTE VITESSE

Quel sujet de reconnaissance, tandis que l'ignorance, la terreur, l'ambition ou l'avidité inspiraient à leur égard de tels sentiments, que beaucoup de chrétiens, animés d'autres dispositions, se soient sentis appelés à vivre au milieu d'eux et à leur faire du bien. Et ils n'ont pas complètement échoué. Indépendamment des efforts faits par les prêtres catholiques qui accompagnaient Cortez, Pizarre et d'autres aventuriers militaires, des religieux ont travaillé dès le début du XVIe siècle en Floride et dans la région du Rio-Grande à la conversion des natifs, et longtemps avant qu'aucune colonie considérable de langue anglaise eût été constituée sur le continent, leurs convertis se comptaient par milliers. Puis dans les siècles suivants se déroule l'histoire des labeurs et des tribulations des jésuites et d'autres organisations de I'Eglise romaine parmi les Hurons du Canada, les Iroquois de New-York, les Abenakis du Maine et différentes autres tribus. Les pages éloquentes et attachantes où Parkman les retrace semblent un roman bien plus qu'un récit de faits réels. Lors des premiers établissements dans le Maryland, la nécessité de s'occuper de la conversion des Indiens attira de suite l'attention et ceux qui s'y appliquèrent ne travaillèrent pas en vain. On trouve ces mots dans la charte qui fut donnée aux aventuriers qui en 1607 se fixèrent en Virginie : « Employez tous les moyens convenables pour amener la population sauvage et païenne à la vraie connaissance de Dieu et à son service. »

Les Pères, pèlerins étaient à peine arrivés à Plymouth-Rock depuis un an, que l'un de leurs anciens, écrivant à ses amis d'Angleterre, mentionne les dispositions favorables des adolescents, et la possibilité d'obtenir des résultats parmi eux. Ces hommes hardis et admirables, qui émigraient en pays sauvage par motif de conscience, avaient du reste déclaré qu'ils passaient en Amérique pour des raisons solides et importantes parmi lesquelles celles-ci : « Travailler à la propagation de l'Évangile et à l'avancement du règne de Christ. »

Dès l'abord, ils s'appliquèrent consciencieusement à la poursuite de ce but. On a beaucoup écrit sur les remarquables réveils dont David et John Brainerd furent les témoins. Leur zèle fervent et leurs grands succès enflammèrent des hommes tels que Wesley, Whitefield et Jonathan Edwards. Un auteur éminent a déclaré que l'oeuvre de Dieu parmi les Indiens à cette époque fut probablement sans parallèle dans l'histoire des missions en terre païenne depuis les temps apostoliques. D. Brainerd écrit : « La puissance de Dieu semblait descendre sur eux comme un vent violent de tempête, balayant tout devant elle. Les effets en furent surprenants. Des vieillards, hommes et femmes, étaient dans une angoisse profonde au sujet de leur âme, les coeurs les plus endurcis se fondaient et des milliers de personnes furent converties à Dieu. »

John Wesley fut si profondément impressionné que nous lisons dans un de ses ouvrages la question et la réponse suivantes : « Qu'est-ce qui pourrait être tenté pour vivifier le zèle pour Dieu là où il est en déclin ? Que chaque prédicateur lise attentivement la vie de D. Brainerd.... »

Ce serait une oeuvre d'amour, et intéressante au plus haut point, que de retracer ce qui a été accompli par les églises en faveur de ces déshérités, mais cela demanderait des volumes. Qu'il nous suffise de dire, avant de parler des Missions du Canada qui nous sont personnellement connues, que les États-Unis y poursuivent vigoureusement et avec fruit une grande entreprise. Des écoles excellentes forment de nobles chrétiens, des deux sexes, qui donnent une nouvelle impulsion à cette oeuvre bénie et amènent les restes de ces tribus jadis florissantes à la possession de la vraie religion et à un niveau plus élevé de civilisation. C'est aussi un signe des temps des plus encourageants que de voir la plus puissante république du monde s'éveiller au sentiment de sa responsabilité et, comme pour réparer les méfaits de ses agents et les fatales erreurs du passé, entrer dans une nouvelle voie, résolue à étendre à ses sujets rouges la justice qui leur a été trop longtemps refusée.

La politique dite « du fer et du sang » a été une tache sur la civilisation américaine et sur l'ensemble de la chrétienté. Elle a du reste complètement échoué. Les bons procédés et les bons exemples sont bien plus efficaces, et les gens de sens droit se souviendront avec reconnaissance du général Grant qui inaugura la politique de paix. Lorsque de prétendus amis insistaient auprès de lui pour l'en détourner, il répondait : « Si la ligne de conduite que nous suivons actuellement à leur égard peut être améliorée de quelque manière, je suis tout prêt à accueillir des conseils à ce sujet. Je ne crois pas que notre Créateur ait placé sur la terre des races d'hommes différentes, pour voir les plus fortes appliquer leur énergie à l'extermination des plus faibles. Si le gouvernement modifie sa tactique à l'égard des Indiens pendant que je suis au pouvoir, cela ne sera que dans le sens humanitaire. »


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 CHAPITRE II

L'Église méthodiste du Canada s'était intéressée depuis un certain nombre d'années à l'évangélisation des peuplades indiennes du « grand territoire » ; mais, pendant longtemps, les efforts étant faibles, les résultats demeuraient peu importants. Ce fut en 1823 que la conversion d'un jeune garçon, devenu, par la suite, le révérend Peter Jones, missionnaire dévoué et béni, imprima un nouvel élan à l'oeuvre parmi son peuple. Nous raconterons tout à l'heure cette conversion.

En 1840 la Société mère des missions wesleyennes, en Angleterre, stimulée à l'ouïe de ce qui se passait dans cette ancienne province du Haut-Canada, envoya dans ce que l'on appelait alors les territoires de la Baie d'Hudson les missionnaires Barnley, Rundle, et d'autres pour y travailler sous la direction de James Evans. Celui-ci n'hésita pas à quitter la contrée où il remportait alors des succès réjouissants pour prendre la tête de cette troupe qui, animée d'un zèle tout apostolique, allait pénétrer au coeur même de cette région encore inconnue.

Avec sa famille, il franchit dans un canot d'écorce de bouleau les centaines de kilomètres qui séparaient sa station, sur le Lac Supérieur, de Norway-House à l'extrémité septentrionale du lac Winnipeg. Sa bibliothèque et ses effets durent être expédiés à Londres pour y être embarqués sur un vaisseau de la Compagnie de la Baie d'Hudson à destination de la factorerie d'York, sur la côte occidentale. De ce port, Ils suivirent sur un parcours de plus de huit cents kilomètres une voie bien périlleuse dans des bateaux découverts. À soixante-dix reprises on dut les décharger et les transporter à dos d'hommes à travers ou au delà de chutes, de rapides ou de rivières traîtresses jusqu'à ce que finalement ils atteignissent leur propriétaire. Il avait fallu bien des mois, une double traversée de l'Atlantique, un trajet de deux mille kilomètres pour accomplir un voyage qui se fait aujourd'hui à l'aide d'un steamer et d'une vole ferrée en cinq jours.

Dans cette vaste contrée, les noms d'Evans, de Rundle et de Barnlev sont encore comme pénétrés d'un parfum céleste. Leur vie héroïque et pleine de foi n'est point oubliée. Nombreux sont les habitants encore vivants qui font dater du ministère de ces frères leur entrée dans la vie nouvelle, tandis qu'une cohorte non moins nombreuse a été recueillie dans les rangs de l'église triomphante.

En 1854, les missions de ce territoire passèrent de l'Église wesleyenne anglaise à l'Église méthodiste canadienne. Le temps et la place nous manqueraient si nous voulions énumérer tous les hommes de valeur, européens, canadiens ou indigènes, qui ont donné leur vie pour le salut de ces populations ; toutefois, avant de commencer mon histoire personnelle, je désire donner ici de brèves notices sur trois missionnaires indigènes.

Peter Jones, dont il a été question plus haut, naquit le 1er janvier 1802 sur les hauteurs de la baie de Burlington dans le Canada occidental et fut élevé par sa mère selon les coutumes et les superstitions de son peuple. Pendant quatorze ans, il erra dans les forêts du Canada ou des États-Unis avec des bandes de sauvages, endurant toutes les privations et les souffrances inhérentes à cette vie païenne. Son nom était Kah-ké-wa-quon-a-by, ce qui signifie Plumes sacrées mouvantes. Comme tous ses congénères, il apprit à manier l'arc et les flèches ; plus tard, il devint habile tireur de fusil et fut canotier et pêcheur distingué. En 1816, il eut la bonne fortune de suivre une école anglaise où il apprit à lire et à écrire, puis il s'établit parmi les Mohawk. Quatre ans plus tard, il commença à fréquenter un service religieux et à avoir de la religion chrétienne une impression favorable. Mais lorsqu'il vit les blancs s'enivrer, se quereller entre eux, maltraiter et tromper ses infortunés compatriotes, il changea d'avis et trouva que celle de ses pères était préférable. Cependant, il ne tomba jamais dans le vice païen de l'ivrognerie. En 1823, il fit la connaissance d'un ouvrier pieux qui avait très à coeur l'âme des indigènes. La fidélité de sa conduite et la sympathie qu'il leur témoignait firent une profonde impression sur l'esprit du jeune homme. Tôt après, les méthodistes primitifs tinrent, dans un district voisin, ce qu'ils appellent un « Camp-Meeting », assemblée en plein air. La curiosité y attira beaucoup de monde, et dans le nombre Plumes sacrées mouvantes et l'une de ses soeurs qui voulaient voir comment les méthodistes adoraient le Grand-Esprit dans leurs solitudes sauvages.

RÉVÉREND JOHN SUNDAY

William Case, qu'on surnomma plus tard avec raison l'apôtre des Indiens du Canada, avait la direction générale du « Camp-Meeting ». Il était assisté d'un certain nombre de prédicateurs qui alternaient sur l'estrade rustique pour faire entendre à la foule des discours incisifs et vibrants.

En général il y avait chaque jour trois sermons, suivis de réunions de prières et d'entretiens personnels dans lesquels on exhortait les inconvertis à accepter Christ comme Sauveur. Peter Jones décrit la chose ainsi : « En arrivant au campement, je fus de suite frappé de l'attitude solennelle des gens, dont beaucoup étaient occupés à chanter et à prier. Un sentiment étrange s'empara de moi et j'en vins à croire que l'Être suprême était là, au milieu de son peuple qui l'adorait. Nous plantâmes notre tente d'étoffe grossière sur l'emplacement qu'on nous attribua. Le camp comprenait environ deux acres de terrain entourés d'une sorte de hâle. Les tentes étaient dispersées dans cet enclos dont on avait enlevé les broussailles et les arbustes, conservant seulement les arbres qui donnaient une ombre magnifique. On y pénétrait par trois portes. Durant la nuit, des foyers ardents, brillant à travers le feuillage des grands arbres, illuminaient toute la contrée et lui communiquaient quelque chose d'imposant. Les gens affluaient de quinze, de trente, même de soixante-quinze kilomètres de distance, dans leurs wagons, avec fils et filles, dans l'intention de les présenter au Seigneur en vue de leur conversion. Je pense qu'il y avait bien là un millier de personnes.

Au son d'un cor, nous allâmes prendre place en face de l'estrade pour entendre un sermon. Ensuite il y eut une réunion de prières, à laquelle tous ceux qui s'y sentirent appelés prirent part, soit en priant pour ceux qu'on appelait « les pénitents », soit en les exhortant. Le lendemain qui était le samedi 2 juin, se tinrent plusieurs prédications dans l'intervalle desquelles eurent lieu des réunions du même genre. Je commençais à me sentir très mal à l'aise, mon coeur était malade, mais je ne laissais pas voir mes sentiments. Le dimanche, il y eut un concours de peuple plus grand encore, et j'entendis beaucoup de discours dont quelques-uns m'impressionnèrent vivement, vu que j'en pouvais comprendre la plus grande partie. Je me figurais que les « redingotes noires » savaient tout ce qui se passait en moi et s'adressaient personnellement à moi. Le fardeau qui m'oppressait devenait de plus en plus lourd et mon coeur s'écriait « que dois-je faire pour être sauvé ? » car je me voyais dans un bourbier affreux et dans les liens de l'iniquité. Mieux je comprenais le plan du salut par notre Seigneur Jésus-Christ, plus j'étais convaincu de la vérité de la religion chrétienne et du besoin que j'avais de ce salut. En dépit de mon vieux coeur indien, des larmes sillonnaient mes joues à la pensée de mes péchés. Je voyais beaucoup de blancs sérieusement réveillés et je les entendais demander grâce à haute voix, tandis que d'autres les considéraient avec étonnement et que quelques-uns même riaient et se moquaient.

Les réunions continuèrent le lundi de la même manière. Pendant les allocutions je pleurais beaucoup et je m'efforçais de n'en rien laisser voir, baissant la tête derrière les épaules des autres. Si mes compatriotes, qui considèrent les larmes comme une faiblesse indigne d'un homme, m'avaient vu pleurer comme une vieille femme ! Dans l'après-midi mon chagrin ou plutôt l'angoisse de mon âme était au comble ; mes péchés m'apparaissaient effrayants et je sentais combien le Grand-Esprit en était offensé ; aussi me semblait-il que j'allais descendre en enfer. J'avais la conviction que si je ne trouvais grâce par ce Seigneur Jésus dont on parlait beaucoup, j'étais perdu pour toujours. J'avais l'idée que, si je pouvais amener ces braves gens à prier pour moi dans l'une des réunions intimes, je trouverais du soulagement, mais le courage me manquait pour faire connaître mon désir. Oh ! quelle bénédiction que Christ ne m'ait pas abandonné quand j'étais si lent à le recevoir comme mon Seigneur et mon Sauveur !

Vers le soir, je me retirai dans un endroit tout à fait désert et j'essayai de prier moi-même le Grand-Esprit. Je m'agenouillai auprès d'un arbre abattu, mais le bruissement des feuilles agitées par le vent au-dessus de ma tête me troublait ; je pénétrai plus avant dans la forêt et là je luttai avec Dieu. Il m'aida à prendre la résolution de retourner au camp et de demander qu'on le priât en ma faveur. J'y allai, en effet, mais au moment décisif, la timidité me fit encore hésiter et je m'arrêtai, appuyé à un tronc d'arbre, examinant ma situation et me demandant si je ne ferais pas mieux de renoncer tout à fait à chercher le Seigneur.

La nuit tombait ; tandis que j'étais là, ne sachant quel parti prendre, un bon vieillard vint à moi et me dit : « Est-ce que tu désires trouver la vraie religion et servir Dieu ? Oui, répondis-je. - Alors désires-tu que le peuple de Dieu prie pour toi ? » Et comme Je lui dis que c'était précisément ce que je souhaitais ardemment, il me conduisit à la réunion de prières. Je tombai à genoux et me mis à invoquer le nom du Seigneur de mon mieux. Le vieillard pria pour moi et m'exhorta à croire au Seigneur Jésus-Christ qui, dit-il, est mort pour les Peaux-Rouges aussi bien que pour les blancs.
Plusieurs des prédicateurs prièrent aussi pour moi. Lorsque je commençai moi-même à prier, mon coeur était attendri et je versai d'abondantes larmes ; mais, chose étrange, peu après il devint dur comme la pierre. J'essayai de regarder en haut, mais les cieux semblaient d'airain. Alors je me pris à dire Il n'y a pas de miséricorde pour le pauvre Indien. » Je me sentais un réprouvé, un pécheur condamné à l'enfer.

Vers minuit, j'étais si fatigué et si découragé que je quittai notre réunion et gagnai ma tente où je m'endormis immédiatement. Je ne sais pas combien de temps avait duré mon sommeil lorsque le pasteur et Mr. F. qui s'étaient aperçus de mon absence arrivèrent à ma recherche avec une lumière et Mr. S. me dit : « Lève-toi, Kah-ké-wa-quon-a-by, viens avec nous à la réunion de prières et fais en sorte que ton âme se convertisse. Ta soeur a déjà obtenu l'Esprit d'adoption, et tu dois rechercher la même bénédiction. »

RÉVÉREND HENRY STEINHEUR

En entendant que ma soeur Mary était convertie et avait trouvé la paix, elle dont je n'avais pas même su qu'elle cherchât le Seigneur, je sautai sur mes pieds et suivis les deux excellents hommes, bien décidé, s'il y avait encore une miséricorde pour moi, à la chercher jusqu'à ce que je l'eusse trouvée. À la réunion je vis Mary au comble du bonheur ; elle vint à ma rencontre et, très émue, m'engagea à me donner à Dieu en me disant comment elle l'avait fait elle-même. Ses paroles me touchaient profondément et, tombant de nouveau à genoux, je criai à Dieu pour obtenir sa grâce. Ma soeur pria pour moi de même que d'autres bonnes gens et surtout Mr. S. dont je n'oublierai jamais le zèle pour ma conversion. À l'aube je pus enfin me remettre entièrement au Seigneur et me réclamer de Jésus comme de mon parfait Sauveur qui avait porté mes propres péchés en son corps sur la croix. À l'instant même mon fardeau me fut enlevé et une joie indicible envahit tout mon être je pus m'écrier : « Abba, mon Père »

L'amour de Dieu était maintenant répandu largement dans mon coeur, je l'aimais ardemment en retour et je le louais au milieu du peuple. Tout m'apparaissait désormais sous un jour nouveau et c'était comme si la création s'unissait à moi pour le célébrer. Les gens, les arbres de la forêt, la douce brise, le gazouillement des oiseaux, l'aurore, tout proclamait la puissance et la bonté du Grand-Esprit. Et qu'étais-je pour ne pas élever la voix à mon tour pour lui donner gloire, à Lui qui avait fait pour moi des choses si étonnantes ! je me sentais plein de compassion pour tout le monde et particulièrement pour mes parents, mes frères, mes soeurs, mes compatriotes, pour la conversion desquels je priais afin qu'eux aussi trouvassent ce grand salut. Je croyais maintenant de toute mon âme à Dieu le Père, le Fils et le Saint-Esprit, et je renonçais joyeusement au monde, à la chair et au diable. Je ne puis décrire ce que j'éprouvais à ce moment ; j'étais pour moi-même un sujet d'émerveillement. Oh ! la bonté de Dieu donnant son Fils unique et bien-aimé à la mort et faisant ainsi de moi son enfant. Puissé-je ne jamais perdre de vue les grandes choses qu'il m'a faites en cette glorieuse matinée du 5 juin 1823.

Avant la clôture du « Camp-meeting » ce même mardi, on tint encore une réunion dite de fraternité et le révérend Case demanda à tous ceux qui avaient fait l'expérience de la justification de se lever. Il y en eut un bon nombre, parmi lesquels ma soeur et moi. En me reconnaissant, il s'écria : « Gloire à Dieu ! Voilà parmi les convertis un fils de Jones de la Grande Rivière. Maintenant la porte est ouverte pour la conversion de sa nation ! »
Nous rentrâmes à la maison et avec beaucoup d'émotion nous racontâmes à nos parents ce que Dieu avait fait pour nous notre simple récit les toucha beaucoup au milieu de leurs larmes, ils nous dirent qu'ils étaient heureux que nous nous fussions donnés au Seigneur et nous exhortèrent à persévérer dans la bonne voie.

Quelques jours après, le mauvais esprit me tenta de douter de la réalité du changement que le Saint-Esprit avait opéré dans mon âme, mais cela ne fit que me pousser à rechercher d'autant plus le Seigneur. Je sondai ses Écritures et le priai beaucoup, attendant une manifestation plus évidente de son action sur moi. Un jour que je m'étais retiré dans un vallon solitaire, recherchant sa présence, tous mes doutes et mes craintes s'évanouirent et je pus recevoir l'attestation du Saint-Esprit rendant témoignage avec mon esprit que j'étais un enfant de Dieu, que j'étais passé de la mort à la vie et qu'en vérité la bonne oeuvre était commencée dans mon coeur. »

Une des conversions les plus remarquables parmi les Indiens du Canada fut celle de John Sunday, si connu et si justement aimé aussi bien en Angleterre que dans son pays, où il fut missionnaire nombre d'années et devint l'instrument de centaines de conversions. Il était particulièrement recherché pour la célébration d'anniversaires missionnaires et, partout où son nom figurait dans le programme, d'immenses foules s'assemblaient. Il tenait son auditoire sous le charme de son éloquence tantôt pathétique, tantôt finement originale. Sa vie conséquente a été un beau témoignage rendu à la puissance de l'Évangile pour relever et sauver un infortuné païen, ignorant et ivrogne.

Le récit qu'il a fait lui-même de sa conversion est d'un intérêt si vif que nous le reproduisons ici dans son propre style. Cela donnera une idée de sa manière de s'exprimer dans ses allocutions inimitables.
« Frère Scott veut que j'écrive ma conversion qui se produisit il y a à peu près neuf ans. Premièrement, nous campions dans le voisinage d'un fermier, un matin, et j'allai chez lui pour avoir du whisky ; j'en eus en effet un peu. Après que je l'eus bue, cette eau de feu, je me sentis très content. Peu à peu le fermier me dit : « As-tu envie d'aller voir ces Indiens prêcheurs à Belleville ; ils désirent voir tous les Indiens. » je lui dis : « Pourquoi faire désirer voir les Indiens ? » Il me dit : « Ils parlent de leur Dieu. » Alors je vais à mon wigwam pour le dire aux autres et nous prenons quelques-unes de nos couvertures. Avec nos couvertures nous louons le fermier et son attelage pour nous porter à Belleville. Nous arrivons là vers 9 heures. Nous n'avons aucune chance d'entrer dans la maison des réunions, alors nous allons vers le gros tas de bois ; nous sommes là assis tout le jour dans le tas de bois jusque vers cinq heures du soir. Peu à peu, eux sortent de la maison de réunion ; alors nous allons vers eux et leur serrons la main. À peu près à sept heures, dans la soirée, nous allons à la réunion. J'ai très grande envie de les entendre, savoir ce qu'ils nous diront. Peu à peu l'un d'eux se lève et nous parle. Il commence à parler de Dieu, de l'âme, du corps. Il dit ceci : « Pour tous les hommes il n'y a que deux chemins, où nous devrons aller quand nous mourrons. L'un est chemin large, l'autre est chemin étroit. Tous les méchants hommes blancs et tous les méchants Indiens, les ivrognes, vont là ; mais les hommes blancs qui sont bons iront dans le chemin étroit, mais si les Indiens deviennent aussi bons, s'ils servent le Seigneur, ils peuvent aussi aller dans ce chemin étroit. »

Alors je commence à penser en moi-même, à me sentir mal dans mon coeur. Je pense : voilà, j'en suis un pour aller dans le chemin large, parce que j'avais beaucoup bu le soir précédent. Mon père et ma mère m'avaient enseigné depuis que j'étais un petit garçon : Tous les Indiens iront là où le soleil se couche, mais tous les blancs iront dans un lieu de tourments. J'avais donc le coeur troublé. Le lendemain matin encore ils parlent avec nous, puis ils partent loin de nous. Aussitôt qu'ils sont loin, quelques-uns des Indiens disent : « Allons chercher encore un peu de whisky pour le boire ; ce que ces gens nous disent, nous ne voulons pas le faire ; il nous faut continuer de vivre à notre manière. » Ainsi ils allèrent chercher du whisky ; ainsi j'en prends un peu avec eux et de suite après que je l'ai bu, je vais à la maison avec Moïse. C'est à peu près à douze kilomètres. Tout le long de la route je pense à ces deux chemins. Pendant quatre nuits je ne dors pas beaucoup. Le samedi nous allons tous de nouveau à Belleville. Là je vois le frère Case, Il me dit : « Comment trouves-tu ce que dit Peter Jones ? » je lui dis : « Quatre nuits passées je n'ai pas beaucoup dormi. » Et il commence à me parler de la religion de Jésus-Christ. Oh je me sens très mal de nouveau ; je pense je suis un des hommes du diable parce que je suis si méchant.

Et le lundi nous retournâmes tous de nouveau à la maison. Cette nuit je pensai que je voulais essayer de prier ; c'est la première fois que j'ai eu l'intention de prier ; je ne sais pas comment le faire, mon coeur est trop dur ; je ne puis dire que quelques mots. Je dis comme ceci : « Oh Seigneur, je suis méchant ; je suis un méchant homme ; sors-moi de ce feu éternel et de cet endroit tout noir, » Le lendemain matin, je vais dans les bois pour prier. Il n'y a point encore de paix dans mon coeur.

Peu à peu je vais vers les autres Indiens pour leur parler de ce que ces gens nous ont dit à Belleville, puis je m'en retourne à la maison. Ces jours-là nous traversons la Baie pour aller à l'île de Sahgegwin, et des Indiens viennent là sur l'île. Peu à peu nous commençons à avoir des réunions de prières dans la soirée et aussi le matin. Je leur parle tout le temps. J'avais un garçon d'environ six ans ; peu à peu il devient malade et meurt. Je me sentais très malheureux et je pensais ceci : je ferais mieux de ne pas m'arrêter de prier Dieu. J'allai alors à Belleville pour demander à tous ces méthodistes de venir sur notre île prier pour nous ; et comme je demandais à l'un de ces hommes méthodistes de me donner un verre de bière pour me réconforter, cet homme me dit : « La bière n'est pas bonne pour toi, tu ferais mieux d'avoir le Bon Esprit dans ton coeur. » Aucun d'eux ne désira venir à notre wigwam et je m'en allai sans mon verre de bière. Ainsi nous avons des réunions de prières, mais aucun de nous n'avait encore de religion.

Après cela, j'allai à une réunion trimestrielle qui avait lieu chez M. K. ; j'y vis un homme et une femme qui s'exclamaient bruyamment et je pensai qu'ils étaient ivres ; mais non, me dis-je ; ils ne peuvent être ivres puisqu'ils sont chrétiens ; il doit y avoir en eux quelque chose. Le frère B. prêcha ce jour-là : « Si un homme est un grand pécheur, dit-il, le Seigneur lui pardonnera pourvu qu'il croie en lui. » Moi je pensais : si je fais bien, peut-être que Dieu me pardonnera. Environ une semaine après, autre réunion trimestrielle dans la grande grange de M. D. Dans la matinée ils eurent un repas d'amour ; ils se donnent les uns aux autres un petit morceau de pain, ils nous en donnent aussi un peu, de l'eau et un peu de pain. Je ne sais pas pourquoi ils le font. Quand je l'ai pris, le pain me reste au gosier, il m'étrangle.
Oh comme je me sentais dans mon coeur je le sentais bien malade et je me dis : Certainement j'appartiens au diable puisque le pain du Seigneur m'étrangle ; je comprends que le Grand Esprit est en colère contre moi et je me dis de nouveau : je ne sais pas ce que je dois faire pour sauver mon âme du feu éternel ; j'essaierai encore ! Puis je prends un autre morceau de pain, mais pas celui du Seigneur ; j'allai le chercher dans une maison et je l'avalai très bien. J'éprouvai encore plus de chagrin d'avoir pu avaler ce pain-là. Oh ! que mon coeur était donc malade, c'était comme si j'étais sous l'eau.

Dans l'après-midi, nous allons à une autre réunion de prières dans la vieille maison et Peter Jones dit à tout le monde : « Élevons nos coeurs à Dieu ! » je le regarde et je n'y comprends rien. Je pense : si je fais cela, sortir mon coeur de ma poitrine, je serai mort. Cependant je m'agenouille pour prier Dieu. Je ne sais pas comment il faut faire pour demander de la religion et je dis seulement : 0 Keshamunedo shahnanemeshim ! - (Seigneur, aie pitié de moi pauvre pécheur !) Et peu à peu le bon Dieu verse son Esprit sur mon pauvre misérable coeur. Alors je me mets à crier de joie, je me sens bien léger et après la réunion je vais dire à Peter Jones tout ce qui se passe dans mon coeur et Peter me dit : « Le Seigneur te bénisse désormais ! » Oh ! comme je suis heureux ! Je regarde autour de moi et de l'autre côté de la baie et en haut et vers la forêt ; tout est nouveau pour moi. Je pense que ce jour-là j'ai reçu la religion et je remercie le Grand Esprit d'avoir fait cela pour moi. Je désire être comme l'homme qui a bâti sa maison sur le roc. Amen. »

John Sunday a vécu de longues années, fidèle et pieux, ainsi que nous l'avons dit, aimé de tous ceux qui l'ont connu. Il est mort d'une mort triomphante à un âge avancé. Sa dépouille repose dans le beau petit cimetière d'Alnwick au bord du lac Rice, auprès de la tombe du révérend Case, son bien-aimé père spirituel.

Le missionnaire indigène Henry Steinheur fut recueilli alors qu'il était un enfant païen, négligé et misérable, par ce même révérend Case, qui prit soin de lui avec une grande patience et non seulement lui enseigna les simples vérités de l'Évangile, mais posa les fondements d'une bonne éducation qui devait plus tard se développer si bien que plus d'un homme blanc eût pu honnêtement lui porter envie.

Remarquant que ce jeune garçon avait une voix très musicale, son protecteur l'incorpora dans une petite troupe d'autres enfants du pays avec lesquels il voyageait passablement dans les États du Nord, leur faisant chanter leurs chants nationaux et adresser quelques paroles à de nombreux auditoires, montrant par là ce qu'on pouvait obtenir de ces peuplades trop généralement considérées comme des fléaux et contre lesquelles il était désirable de sévir afin de les exterminer le plus rapidement possible. Dans une des villes que visita cette petite troupe, elle rencontra un monsieur du nom d'Henry Steinheur, lequel fut si frappé de ce qu'il voyait et entendait, qu'il désira s'intéresser particulièrement à l'un de ces joyeux petits compagnons. Il offrit de se charger de tous les frais qu'entraînerait une éducation supérieure, à condition que notre petit ami, qui était encore connu que sous son nom indien, prît le sien propre. Une telle proposition n'était pas à dédaigner. C'est ainsi que l'enfant s'appela désormais Henry Steinheur et que, une fois la tournée finie et après quelques temps d'études préparatoires dans l'école de la mission, il fut envoyé pour plusieurs années au collège de l'une des grandes villes du Canada.

Il y devint en même temps un chrétien sincère et un homme très instruit, témoignant ainsi que sa race est aussi capable que n'importe laquelle de s'assimiler un enseignement supérieur ; car, longtemps après, je l'ai entendu moi-même avec le plus grand plaisir prêcher un magnifique sermon (si je puis qualifier ainsi un sermon) devant un auditoire considérable où l'on remarquait un certain nombre d'ecclésiastiques. Il lut son texte en anglais et en grec de manière à satisfaire ses auditeurs les plus compétents, bien qu'il rentrât alors d'une mission lointaine au cours de laquelle il n'avait entendu et parlé durant plusieurs années que son dialecte maternel.

Ses années de collège terminées, il se consacra de tout coeur à répandre la connaissance de l'Évangile parmi ses compatriotes. Pendant plus de quarante ans il fut un missionnaire modeste, sans prétentions, mais zélé et béni. Lorsque je me rendis dans son champ de travail, bien des années après son départ, son nom y était encore vénéré, et en réponse aux questions affectueuses que je posais à son sujet, un grand nombre me répondaient que c'était lui qui avait été dans la main de Dieu l'instrument pour les faire sortir de la profonde obscurité de leur vie de péché et les amener à la lumière bénie de l'Évangile.
Il avait passé les dernières années de sa belle carrière dans là vaste région du Saskatchewan, au nord-ouest du pays, parmi les Cree et les Stoney. De même que Sunday, ce fut comme en triomphe qu'il passa du travail à la rémunération, expérimentant dans ses dernières heures la grande puissance de cette « Bonne Nouvelle » qu'il avait prêchée fidèlement et avec amour.

Le récit suivant que j'ai recueilli des lèvres de Steinheur donnera une idée de la persévérance de quelques convertis. Précisément dans cette contrée du Saskatchewan, le révérend Rundle avait amené à la conversion un certain nombre d'Indiens, puis les circonstances l'avaient obligé à rentrer en Angleterre, et ces braves gens étaient restés des années sans voir de missionnaire ou d'instructeur quelconque, même en visite. Le moment vint enfin où Steinheur leur fut envoyé et voici comment il les trouva. Après bien des jours d'une marche pénible à travers les prairies, il approcha de leur village perdu dans le désert. L'heure de camper le surprit à plusieurs milles du village, mais il lui tardait tellement de voir les gens parmi lesquels il venait travailler et de terminer son voyage de dix semaines, qu'il ne put supporter l'idée de camper une fois de plus et cela si près du but ainsi il devança ses compagnons et poursuivit sa route au crépuscule, dans la direction où il voyait un certain nombre de wigwams dressés sur la prairie. En approchant du premier, un peu à l'écart et plus grand que les autres, il entendit chanter et fut surpris de reconnaître, au lieu d'une incantation monotone de païens conjureurs de sorts ou prétendus médecins, une mélodie religieuse qui lui était familière. Le chant fini, il y eut une petite pause, puis une voix claire commença à prier.

C'était une prière d'actions de grâces puis tout d'un coup une requête ardente. « Seigneur, envoie-nous un autre missionnaire comme Rundle. Seigneur, envoie-nous un missionnaire pour nous expliquer ta Parole et pour nous enseigner davantage sur toi et sur ton Fils Jésus. » L'auditeur inaperçu fut si saisi et si pénétré de joie qu'il souleva la tenture de cuir qui formait porte, entra doucement et s'agenouilla près de ceux qui étaient en prière. Quand ils se relevèrent, il leur dit qui il était et qu'il venait pour demeurer avec eux comme leur missionnaire. Leur bonheur et leur exaltation furent grands, on peut le penser ; plusieurs l'embrassèrent et tous l'accueillirent avec des cris de joie et des pleurs d'attendrissement, comme s'ils le voyaient descendre directement du ciel pour partager leur vie.

Et comme je m'étonnais, sachant que ces gens avaient été abandonnés durant des années et que les tribus qui les entouraient étaient demeurées païennes, mon ami ajouta : « C'était tout comme pour un changement d'ouvrier décidé par la Conférence, comme si mon prédécesseur ne fût parti que depuis deux ou trois semaines. Ils s'étaient souvenus du jour du Seigneur et l'avaient observé. Ils n'avaient négligé aucun de leurs services religieux et vivaient d'une vie chrétienne, comme de vrais enfants de Dieu de n'importe quelle contrée ».

La gravure ci-contre représente trois chrétiens de cette mission occidentale. Jonas est un Stoney de la montagne. Samson et Pakan sont des Cree. Ce dernier est le chef, digne successeur de Maskepetoon dont le récit de la conversion a fait vibrer tant de coeurs et qui fut lâchement assassiné par Nah-doos, le chef Pied-Noir. Autour d'un feu de bivouac, en plein désert, Maskepetoon avait entendu lire le magnifique chapitre qui renferme la prière du Sauveur pour ses meurtriers : « Père, pardonne-leur car ils ne savent ce qu'ils font, » et le missionnaire avait insisté sur cet exemple que doivent suivre tous ceux qui veulent être de vrais disciples. Le chef belliqueux écoutait, saisi, cette exigence si contraire à l'esprit vindicatif du sauvage mais après une profonde méditation, il décida de l'accepter et, peu de jours après, il montra la réalité de sa décision en pardonnant au meurtrier de son fils unique.

JONAS - SAMSON - PAKAN.

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