Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE  (Jean 17.17)
Cela me suffit...
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(Notre confession de foi: ici)
Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE
(Jean 17.17)
Cela me suffit...



Ténèbres et Lumières
NOUVEAUX SOUVENIRS DE MATHILDA WREDE

Veljelä.

 

Bien loin là-bas, en Carélie, Mathilda Wrede possédait depuis plusieurs années une petite propriété. Elle en avait fait l'acquisition, afin de procurer réconfort et secours, travail et espérance à un ancien détenu fort malheureux. jeune homme, bien doué et revenu à de nobles sentiments, il était hanté par la pensée du suicide; il avait perdu la foi en la vie, en lui-même et en Dieu, ainsi qu'il l'avoua plus tard lui-même. Mathilda Wrede avait sauvé du naufrage son existence et sa vie intérieure. Devenu très timoré après sa libération, il avait choisi, lui-même, spontanément, pour y demeurer, ce coin de terre dans la Carélie orientale. Elle-même y séjournait volontiers, pour la nature très particulière de cette contrée et sa désolation qui l'attiraient irrésistiblement.

Au cours d'un des étés qu'elle y passa, elle avait pris l'habitude de se lever avant l'aube et de se mettre au balcon. Dans la clarté de la nuit, derrière le lac de Jänisjärvi, les hauteurs couvertes de forêts de Soanlahti étaient baignées de la merveilleuse lumière teintée de rose, du soleil qui allait paraître.

L'astre qui répand la vie en réchauffant l'atmosphère, montait toujours plus haut et Mathilda se tenait là, les bras ouverts, toute prête à accueillir le jour naissant : « Dieu Tout-Puissant, toi, la lumière du monde, toi, qui éclaires et réchauffes aussi ma vie de part en part, permets que le soleil, qui est Ton image, le soleil, qui se lève sur le monde à cette heure, consume toute haine et toute pensée de vengeance, afin que l'amour règne seul !» Après avoir envoyé dans le monde cette prière matinale avec le soleil qui le baignait de ses premiers rayons, Mathilda retournait dormir encore un peu.

Le matin, déjà de très bonne heure, commençait le va-et-vient de ses protégés. L'un désirait un secours matériel, tandis qu'un autre avait soif de Dieu et cherchait un guide pour le conduire.

Un jour, tandis que Mathilda était occupée dans son jardin potager, à arracher des oignons et des carottes, elle aperçut un homme âgé, en guenilles, au visage émacié et borgne, qu'elle engagea à entrer dans la maison. Mais, il restait discrètement sur le seuil.

- Je vous en prie, ne craignez pas d'approcher, lui dit-elle.
- La place du mendiant est au seuil de la porte, répondit l'homme.
- La place de mon hôte est ici près de moi. Entrez, mettez-vous à table nous boirons du café.
- Du café ! il y a bien longtemps que je n'en ai plus goûté, répliqua le vieillard, dont le visage rayonnait de contentement. (On était alors en 1917, à l'époque de la famine.)
- Que c'est bon ! ajouta-t-il, après avoir absorbé silencieusement plusieurs tasses du fumant breuvage.

Puis il posa sa grosse main toute sale sur l'épaule de Mathilda et continua :

- Écoute donc, ne veux-tu pas me donner un peu de café dans une bouteille pour que je puisse l'emporter à la maison ? Ma vieille en boirait très volontiers, elle qui en est privée depuis bien des mois. Elle serait si contente d'en avoir une goutte.
- Non, mon ami, je ne veux pas vous donner du café dans une bouteille, fut la réponse qui désappointa fort le vieil homme, mais que diriez-vous, si je vous en donnais quelques grains dans une boîte ? Vous pourriez le rôtir et en savourer tous deux l'arôme délicieux. Puis, vous le prépareriez et le boiriez !

Là-dessus, elle prit une boîte, dans laquelle passa la plus grande partie de sa provision et elle la tendit au vieil homme, qui était hors de lui de joie. Il se leva, la serra dans ses bras et lui dit, en sanglotant

- Écoute ! tu es bien gentille !

Ils s'assirent et Mathilda commença à parler à ce vieillard de Dieu et de la vie éternelle. Étonnée de ses réponses, elle lui demanda quelle était sa foi.

- Je tiens ferme à l'ancienne foi.
- Quelle est donc cette ancienne foi ?
- Je crois à l'esprit des eaux, à l'esprit des forêts et à l'esprit des airs. Toi-même n'y crois-tu pas ?
- Au contraire. J'ai rencontré dans la forêt l'esprit merveilleux et doux de la paix, celui de la pureté et de la clarté de l'eau ; mais, avant tout et au-dessus de tout, il y a le Dieu d'amour et de la délivrance. C'est Lui qui est mon Père et le vôtre ! Le vieux venait des frontières de Soanlahti et de Suistamo, le pays des Runes et de l'antique sorcellerie.


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