Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE  (Jean 17.17)
Cela me suffit...
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(Notre confession de foi: ici)
Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE
(Jean 17.17)
Cela me suffit...



Ténèbres et Lumières
NOUVEAUX SOUVENIRS DE MATHILDA WREDE

Le subconscient.

 

Lorsque, après une nuit d'insomnie, Mathilda éprouvait une certaine répugnance à entreprendre sa tâche quotidienne, elle avait coutume de se tenir à elle-même, en guise d'encouragement, un langage tel que celui-ci : « Aujourd'hui j'ai de nouveau le privilège d'être occupée des affaires de mon Père. Puis elle se répétait, tout en montant et en descendant les escaliers : « 0 mon pauvre corps, que tu es fatigué ! Nous allons tâcher de nous remettre sur pied. jusqu'à présent, tu t'es montré obéissant et patient, quand la volonté et l'amour t'incitaient au travail. je t'en remercie ; je sais qu'aujourd'hui encore tu te garderas bien de me laisser dans l'embarras. »

À son lever, en dépit de ses douleurs et de sa lassitude : Revêtez-vous de toutes les armes de Dieu afin de pouvoir tenir ferme contre les embûches du diable (Eph. VI, v. 2) se disait-elle, en commençant à se vêtir; ayant pour chaussures les bonnes dispositions que donne l'évangile de paix, chantait-elle ensuite, en chaussant ses bottes (Eph. VI, v. 15). Lave-moi et je serai plus blanc que la neige (Ps. LI,v. 9), telle était sa prière, tandis qu'elle se lavait. Et ce qu'elle a voulu réaliser dans sa vie, c'est cette parole de saint Paul : Quoique vous fassiez en paroles ou en oeuvres, faites tout au nom du Seigneur jésus, en rendant par lui grâces à Dieu, notre Père (Col. IlI, v. 17).

Un soir, Mathilda n'était pas satisfaite d'elle-même. Elle trouvait qu'elle avait agi avec emportement, sans amour et avec nonchalance. Elle en fit l'aveu au Seigneur en ajoutant : « Tout le jour n'a été qu'une série d'insuccès et maintenant, tandis que mon esprit et mon coeur sont remplis de tous ces sentiments et de toutes ces pensées, mon pauvre corps lassé devrait trouver le repos et le sommeil. Mais mon âme, la vie éternelle en moi, n'ont pas besoin de réconfort. Si tu veux employer cette vie à ton service, Ô Père, aussi longtemps que dort mon corps terrestre, je me mets à ton entière disposition. »

Quand elle se réveilla le lendemain matin, elle se sentit extraordinairement fatiguée et abattue, comme après un effort accablant. Elle éprouvait une sensation analogue à celle dont parle le Psalmiste, lorsqu'il écrivait : Tous les flots, tous les torrents ont passé sur moi (Ps. XLI 1, v. 8).

Subitement, de son subconscient, jaillit un seul mot : « Cedrik ». Toujours elle répétait ce même mot, ce seul mot : « Cedrik ». Elle ne pouvait faire autrement. L'effroi s'empara d'elle. Qu'est-ce que cela pouvait bien signifier ? Est-ce qu'elle avait de la fièvre ?

À cette époque, Mathilda était en séjour chez des parents. La fille de la maison entra dans sa chambre :

- Tante, tu as l'air tout bouleversé; que t'est-il donc arrivé ?
- Je crains d'avoir perdu la raison, répondit Mathilda. Je suis si lasse, incapable de penser et mes lèvres répètent sans interruption le nom de « Cedrik ».

La jeune fille éclata de rire, paraissant très surprise.

- Tante, tu es aujourd'hui si étrange, dit-elle.

Quelques jours plus tard Mathilda lut, dans un journal du matin, qu'un canot avait échoué sur les côtes de la Suède. L'embarcation était pleine d'eau ; il s'y trouvait quelques hommes, les uns morts, les autres fous, d'autres enfin dans un épuisement complet. Et ces naufragés appartenaient à l'équipage du navire « Cedrik » qui avait sombré au milieu d'un groupe d'îles suédoises (Schaeren). Elle lisait et relisait toujours encore cette nouvelle, tremblant devant ce fait inexplicable qui devenait maintenant clair à ses yeux : Dieu l'avait prise au mot. Elle avait, d'une manière surnaturelle, été employée au service de Dieu dans un but que lui-même lui avait assigné. Elle appela sa jeune parente et lui posa cette question :

- Peux-tu te rappeler cette matinée, alors que je me sentais si particulièrement fatiguée ?
- Comment pourrais-je ne pas me souvenir de cette journée, tante, tu avais un air si étrange et tu répétais sans cesse le mot « Cedrik » ?

Mathilda lui montra l'article du journal et lui dit

- Lis !

La jeune fille parut glacée d'effroi.

- C'était au moment précis où le naufrage avait lieu, dit-elle, enfin.

Mathilda Wrede s'était mise en route pour se rendre à Sörnäs, un des quartiers d'Helsingfors, habité surtout par des ouvriers, pour faire visite à la famille d'un détenu, quand elle reçut, par une subite et forte impulsion intérieure, l'ordre de retourner sur ses pas. Comme toujours elle obéit à ce sentiment intime. Rentrée dans sa demeure, elle apprit avec étonnement que personne n'avait désiré à la voir, et elle se demandait pourquoi son Père céleste l'invitait, sans nécessité, à interrompre son travail quotidien.
Lorsqu'elle fut rentrée dans sa chambre, pour se reposer dans son fauteuil à bascules, une visite peu ordinaire s'annonça. Un monsieur, de haute stature et de forte complexion, se présenta à elle.

- J'ai déjà cherché en beaucoup d'endroits à mettre de la clarté dans ma vie intime. C'est pour moi une urgente nécessité de trouver ici du secours.

Mathilda fut épouvantée de cette déclaration, comme aussi de l'aspect de cet homme : ses grands yeux sombres avaient un éclat fébrile et la sueur de l'angoisse perlait sur son front.

- Je sais que vous êtes un savant et je doute fort de pouvoir vous aider. Ne feriez-vous pas mieux de vous adresser à Z. ou à H. et de vous entretenir avec eux ? (Et elle indiqua les noms de personnalités bien connues).
- Ne voulez-vous pas me lire quelque chose dans le Nouveau Testament ? répondit-il.

Mathilda fit monter vers son Père céleste une muette et fervente prière, pour qu'il lui accordât la sagesse nécessaire, pour assister cette âme en détresse. Là-dessus, elle ouvrit sa Bible et dit :
- Je ne puis pas, guérir la maladie dont votre âme est atteinte, mais mon Libérateur le peut. Vous n'êtes pas le premier qui fera l'expérience bénie de sa puissance. je veux vous faire connaître comment pendant sa vie terrestre, Jésus a guéri un malade.

Et elle lut : Il y avait là un homme qui était malade depuis trente-huit ans. Jésus, le voyant couché et sachant qu'il était malade depuis longtemps, lui dit: Veux-tu être guéri ? » (Jean V, v. 5-6).

Le visage de son hôte devint d'une pâleur cadavérique ; il se leva de son siège :

- Comment en êtes-vous venue à choisir précisément ce passage ? C'est aujourd'hui mon anniversaire et j'ai aujourd'hui trente-huit ans !

Mathilda continua : Jésus lui dit : Lève-toi, prends ton lit et marche. Et aussitôt cet homme fut guéri ; il prit son lit et se mit à marcher. (Jean V, v. 8-9).

Elle considéra son hôte, dont l'âme avait soif de libération.

- Ne voulons-nous pas, tous les deux et avec une entière franchise, faire au Seigneur l'aveu de votre désir de guérison ?

Il répondit par un oui discret, mais décidé. Ils ployèrent les genoux devant Celui qui « est le même hier, aujourd'hui, éternellement». De toute son âme, Mathilda supplia Dieu de donner à ce coeur tourmenté par la recherche de la vérité, la force et la délivrance, dont il avait besoin. Quand ils se relevèrent, tous deux furent saisis d'effroi : le visage de Mathilda, son bras et la main sur laquelle elle avait appuyé son front, étaient baignés de sang. Une forte hémorragie nasale s'était produite, et, plongée comme elle l'était dans l'angoisse, elle ne s'en était pas aperçue. Épouvanté et profondément ému, l'homme, pour lequel elle avait prie, se tenait là et la contemplait : il ne comprenait pas que l'hémorragie nasale ne provenait pas d'autre chose que de surmenage et de faiblesse physique : il croyait qu'elle avait combattu pour lui jusqu'au sang. Enfin, il dit :

- Cette heure a fait sur moi la plus profonde impression ; elle est devenue, sur ma route, une pierre milliaire.


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