LA
GRÂCE ET LE PÉCHÉ
DEUXIÈME PARTIE
PASSAGES DE L'ÉCRITURE
Toute
écriture est inspirée de
Dieu, et utile pour enseigner, pour
convaincre, pour redresser, pour corriger
dans la justice, étant
entièrement formé pour toute
bonne oeuvre.
2 Tim. 3: 16-17.
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Nous transcrivons quelques passages qui
attestent que le péché n'a plus de
place à réclamer dans le coeur et
dans la vie de l'enfant de Dieu, qu'un coeur pur et
une vie sainte sont le privilège de tout
chrétien. La Parole de Dieu nous
présente ce privilège tantôt
sous forme de commandement, tantôt sous forme
de promesse; mais dans l'alliance de la
grâce, tous les commandements de Dieu sont
des promesses
(Rom. 8 : 4).
Matth. 1 : 21. Il sauvera son peuple
de leurs péchés.
1 Jean 3 - 8. Dès le
commencement, le diable pèche; c'est pour
cela que le Fils de Dieu a été
manifesté, afin de détruire les
oeuvres du diable.
Rom. 6 : 6. ... Sachant que notre
vieil homme a été crucifié
avec Lui, afin que le corps du péché
fût détruit, pour que nous ne soyons
plus esclaves du péché.
Rom. 6. 11. Considérez-vous
comme morts au péché, mais vivants
à Dieu en Jésus-Christ notre Seigneur
(1).
Matth. 5 : 48. Vous serez
donc parfaits, comme votre Père qui
est dans les cieux est parfait.
Par le mot « donc » ce
commandement se relie au chapitre qu'il termine, et
en forme la conclusion. Par conséquent, si
nous sommes appelés à être
parfaits comme notre Père céleste,
c'est dans ce sens pratique : que nous
réalisions pleinement la loi d'amour
détaillée dans le chapitre et que
nous fassions ainsi ce qu'on est en droit
d'attendre des enfants d'un tel Père.
1 Pierre 1 : 13-16. C'est pourquoi,
ayant ceint les reins de votre entendement et
étant sobres, espérez parfaitement
dans la grâce qui vous est apportée en
la révélation de Jésus-Christ,
et de même que Celui qui vous a
appelés est saint, vous aussi soyez
saints dans toute votre conduite,
puisqu'il est écrit : « Soyez saints,
parce que Je suis saint ».
1 Jean 2 : 5, 6. Si quelqu'un garde
sa parole, l'amour de Dieu est véritablement
consommé en lui. Par cela nous connaissons
que nous sommes en Lui. Celui qui dit demeurer en
Lui, doit aussi marcher, lui-même, comme Il a
marché.
1 Jean 2 : 10. Celui qui aime son
frère demeure dans la lumière, et il
n'y a point en lui de scandale (rien qui le fasse
broncher).
1 Pierre 1 : 22. Ayant
purifié vos âmes dans
l'obéissance à la
vérité par le moyen de l'Esprit, pour
vivre dans une fraternité sans hypocrisie,
aimez-vous les uns les autres avec constance, d'un
coeur pur.
2 Cor. 7 : 1. Ayant donc ces
promesses, bien-aimés, purifions-nous de
toute souillure de la chair et de l'esprit,
achevant notre sainteté dans la crainte de
Dieu.
Matth. 5: 8. Bienheureux ceux qui
sont purs de coeur, parce qu'ils verront
Dieu.
1 Thess. 5 : 23, 24. Or, que le Dieu
de la paix, Lui-même, vous sanctifie tout
entiers, et que votre être tout entier,
l'esprit, et l'âme, et le corps, soit
gardé sans reproche pour l'arrivée de
notre Seigneur Jésus-Christ! Celui qui vous
appelle est fidèle, et Il le fera.
2 Pierre 1 : 10. Étudiez-vous
à affermir votre vocation et votre
élection. Car en faisant cela, vous ne
broncherez jamais.
Jude 24. Or, à Celui qui est
puissant pour vous garder sans que vous fassiez
aucune chute, ... soit gloire... dès
maintenant et dans tous les siècles.
Bien d'autres passages de la Bible
promettent ou commandent à l'enfant de Dieu
la sainteté, la pureté, la
perfection, et il faut leur donner leur place; il
faut, à tout prix, qu'ils reprennent pour
nous un sens pratique et actuel.
Ces passages nous ajoutons le témoignage
personnel de l'apôtre Paul. Dans son
épître aux Philippiens, il
écrit
(4 : 13) : « Je puis tout par
Christ qui me fortifie » ; dans celle aux
Romains
(8 : 35 et
37) : « Qui est-ce qui nous
séparera de l'amour de Christ? Sera-ce
l'oppression, ou l'angoisse, ou la
persécution, ou la faim, ou la
nudité, ou le péril, ou
l'épée ?.... en toutes ces choses
nous sommes plus que vainqueurs par Celui qui nous
a aimés »; dans la seconde aux
Corinthiens
(2 : 14) : « Grâces soient
rendues à Dieu qui nous fait toujours
triompher en Christ » (ou : « qui
triomphe toujours de nous... ») ; et dans la
première : « ma conscience ne me
reproche rien »
(2)
(4 : 4). Quand il exhorte les
Philippiens
(4 : 8) à poursuivre «
toutes les choses qui sont
véritables, toutes les
choses qui sont vénérables, toutes
les choses qui sont justes, toutes les choses qui
sont pures, toutes les choses qui sont aimables,
toutes les choses qui sont de bonne
renommée, toutes celles où il y a
quelque vertu et quelque louange », il peut
ajouter (v.
9) : « vous les avez apprises
et reçues et entendues et vues en moi
». Nous avons vu plus haut qu'il a pu dire aux
Corinthiens
(1 épître 11 :
1)
« Soyez mes imitateurs, comme
je le suis moi-même de Christ », comme
il peut dire aux Thessaloniciens : « vous
êtes témoins, Dieu aussi, que nous
nous conduisîmes saintement et justement et
irréprochablement devant vous qui croyez,
ainsi que vous le savez, exhortant et consolant et
sommant chacun de vous, comme un père ses
enfants, de marcher d'une manière digne du
Dieu qui vous appelle à son royaume et
à sa gloire :
(1 Thes. 2 : 10-12). Dans son dernier
voyage à Jérusalem, il dit aux
Anciens d'Éphèse, assemblés
à Milet : « Vous savez de quelle
manière je me suis conduit avec vous
dès le premier jour que je suis entré
en Asie, servant le Seigneur en toute
humilité »
(Actes 20 : 18, 19). Et quand il se
voit enfin au terme de sa course, il peut regarder
en arrière avec des sentiments semblables
à ceux exprimés par son Maître
: « J'ai combattu le bon combat »,
dit-il, « j'ai achevé la course, j'ai
gardé la foi »
(2 Tim. 4 : 7 comp. à
Jean 17 : 4).
Suivent les portions ou passages des
Écritures au sujet desquels nous
désirons faire quelques
remarques.
Jac. 3 : 1, 2... « Nous
bronchons tous en beaucoup de choses. Si quelqu'un
ne bronche pas en parole... » Comparez les
passages de
2 Pierre 1 : 10 et de
Jude 24 : ... « en faisant ces
choses, vous ne broncherez jamais ... »,
« à Celui qui peut vous garder sans
broncher ... » L'original emploie le
même terme dans les trois
passages.
Luc 11 : 4. « Remets-nous nos
péchés, car nous aussi, nous
remettons les dettes à quiconque nous doit
» (trad. littér.).
Matth. 6: 12, le Seigneur dit :
« remets-nous nos dettes ». La
comparaison des deux passages montre que « les
péchés » ici se rapportent en
premier lieu non pas à des transgressions ou
à des sentiments mauvais, mais à des
arriérés, à des dettes,
à tout manquement involontaire, à
toute lacune dans notre service. Nous avons donc
besoin de présenter cette prière
à Dieu, sans que notre communion avec Dieu
soit interrompue, tout en marchant dans la
lumière.
Nous pouvons devoir au Seigneur plus
que nous ne savons. Ce que l'apôtre Jean dit
de la position d'un chrétien que son coeur
reprend, s'applique aussi à celui que son
coeur ne reprend point, c'est que Dieu est plus
grand que notre coeur et connaît
toutes choses
(1 Jean 3 : 19-21). Notre mesure
n'est pas la sienne, et par le fait que notre
conscience ne nous reproche rien, nous ne sommes
pas encore justifiés ; celui qui nous juge,
c'est le Seigneur
(1 Cor. 4: 3, 4)
(3).
1 Tim. 1 : 15. Paul « le
premier des pécheurs ». Ce qui
amène l'apôtre à s'appeler
ainsi, c'est sa vie d'autrefois (voir v.
13). Ce qui suit (v.
16)
ne laisse aucun doute à cet égard.
Quand il pense à ce passé qu'il a
flétri en persécutant l'Église
de Jésus-Christ, il se fait l'effet d'un
avorton, il voit en lui le moindre des
apôtres, indigne de porter ce nom
(1 Cor. 15 : 8, 9). Mais pour ce qui
concerne sa position présente, le plus grand
pécheur est devenu le plus grand monument de
la miséricorde de Dieu.
(1 Tim. 1 : 14 et
16; comp.
1 Cor. 15 : 10).
Qu'il soit permis, à cette
occasion, de signaler le fait que nulle part
l'Écriture n'appelle les enfants de Dieu des
pécheurs. Ce fait est tellement en
contradiction avec notre langage religieux et nos
traditions presque universelles, que deux de nos
traductions les plus usitées n'ont pas
osé reproduire tels quels les deux passages
qui l'attestent formellement. Les voici
d'après la traduction littérale :
Gal. 2 : 17. « Si, en cherchant
à être justifiés par Christ,
nous étions aussi nous-mêmes
trouvés pécheurs, Christ (serait)
donc serviteur du péché ! Qu'ainsi
n'advienne ! » Osterwald et Martin disent:
« Si... nous sommes aussi trouvés
pécheurs, Christ est-il pourtant.... ?
»
Rom. 5 : 8. « Dieu fait
éclater son amour envers nous en ce que,
lorsque nous étions encore pécheurs,
Christ est mort pour nous ». Osterwald et
Martin disent « Lorsque nous n'étions
que pécheurs ».
Phil. 3 : 12. «Non pas que
j'aie été déjà rendu
parfait » (ou « consommé »).
Ce que l'apôtre affirme, c'est qu'il y a une
perfection à laquelle il n'est pas encore
parvenu, un but qu'il n'a pas encore atteint et
vers lequel il court. D'après le verset
15, il ne s'en compte pas moins
parmi les parfaits, et au verset
17 il se donne comme un
modèle que tous doivent imiter. Nous pouvons
donc, d'après la Bible, être des
« parfaits » sans « être
parvenus à la perfection
(4)
».
Être parfaits, quand il est
question de nous sur la terre, c'est être
dans une position normale soit pour
l'état de notre coeur soit
pour notre marche; c'est être dans une
position de vérité et de droiture
devant Dieu et devant les hommes
(Hébr. 10 : 22). Ne plus
pécher, soit en actes, soit en paroles, soit
en mouvements intérieurs, est bien loin
d'être un dernier terme dans la vie, un point
d'arrivée; ce n'est que le point de
départ d'où notre
développement spirituel pourra se faire
d'une manière normale et agréable
à Dieu. Il faut que nous soyons parvenus
à demeurer en Jésus et à vivre
dans une communion continue avec notre Père,
sous la discipline de l'Esprit et dans
l'obéissance de la Parole, pour que Dieu
puisse porter l'oeuvre par laquelle Il nous
émonde et nous purifie à une
profondeur de notre vie morale que nous n'avions
pas entrevue auparavant. De degré en
degré, nous serons alors transformés
à l'image du Seigneur, amenés plus
près de Dieu, plus loin de
nous-mêmes.
Rom. 7 : 7-25. Le commentaire de
cette portion de l'Écriture se trouve tout
entier dans le contexte. Que la grâce soit
venue nous délivrer du péché
(ch. VI), il n'était pas
difficile d'en démontrer la
nécessité; mais si la grâce
avait la mission de nous libérer aussi de la
loi
(7: 1-6), une question se pose
immédiatement (v.
7): La loi est-elle donc
péché? C'est à cette question
que l'apôtre va répondre dans le reste
du chapitre (v.
7-25). Dans les
versets
7, 12, 14, il parle du
caractère de la loi; dans les versets 8-11
des terribles effets qu'elle produit sur l'homme,
ou sur « moi », comme l'apôtre
s'exprime en se transportant lui-même dans la
position de l'homme sous la loi. Non pas,
continue-t-il aux versets
13 et
14, que la loi soit responsable de
ces effets; elle ne fait que me
révéler la puissance du
péché et me donner conscience de mon
véritable état. Cet état, le
voici (v.
14-24) : Je porte en moi deux
hommes, l'un charnel, lié au
péché, faisant le mal ; l'autre,
l'homme intérieur, comme l'apôtre
l'appelle (mais non pas « l'homme spirituel
», ce qui serait tout autre chose),
cordialement d'accord avec la volonté de
Dieu, mais complètement impuissant pour
l'accomplir, lié qu'il est par la puissance
du péché qui est dans mes membres.
C'est, dans les profondeurs mêmes de ma
nature, un dualisme auquel je ne vois point d'issue
et qui me jette dans le désespoir. -
Arrivé. avec le verset
24 à ce point culminant de
son développement, l'apôtre
s'arrête pour rendre grâces à
Dieu de la délivrance qu'Il nous a
apportée en Jésus-Christ, anticipant
ainsi sur le chap.
VIII. Puis, dans la seconde partie
du verset
25, il résume encore une fois
la position de l'homme qui est sous la loi et
abandonné à lui-même, en disant
: « Ainsi donc, moi, laissé à
moi-même (ou : moi, la même personne),
je sers par l'entendement la loi
de Dieu, mais par la chair la loi du
péché. » En reprenant, avec le
commencement du chap. VIII, son enseignement sur la
position de liberté d'un enfant de Dieu,
l'apôtre y donne en même temps la seule
clef pour sortir du dualisme dans lequel la fin du
chap. VII a laissé l'homme. Cette clef,
c'est l'Esprit de Dieu, lequel n'est pas même
nommé dans tout le passage de
Rom. 7: 7-25. Il n'y a que l'Esprit
de vie qui est en Jésus-Christ, qui puisse
nous délivrer de la loi
(5) du
péché et de la mort (v.
2), aussi bien que de la loi
elle-même (v.
3). Il nous faut l'intervention
d'une puissance qui soit à la fois au-dessus
de nous et au-dessus de la loi, pour pouvoir
réaliser ce que la loi avait inutilement
exigé.
Du moment que le paragraphe de
Rom. 7 : 7-25 dépeint l'homme
sous la loi et livré à ses propres
forces, il ne faut plus demander s'il est question
de l'homme irrégénéré
ou régénéré.
L'impuissance de l'homme qui n'a pas encore
l'Esprit de Dieu, se retrouve chez le
chrétien qui ne marche plus selon l'Esprit.
Le chrétien qui pèche et qui ne
retourne pas de suite au Seigneur, retombe sous la
loi. Le Saint-Esprit, ayant été
contristé par lui, ne peut plus
tenir les rênes de sa vie
intérieure, ni se manifester à lui
comme une puissance vivante et victorieuse, sur
laquelle il puisse s'appuyer au moment, de la
tentation; dès lors il retombe sous ses
propres efforts et sous son impuissance
naturelle.
Col. 3 : 1-5. Quand on lit v.
3 : « Vous êtes morts
», v.
5 : «Faites donc mourir vos
membres qui sont sur la terre », il semble que
des chrétiens morts sont appelés
à faire mourir leurs membres, et que
l'apôtre suppose que les choses qu'on a fait
mourir ne cesseront de revivre. Mais en traduisant
littéralement, le v.
3 dit : « Vous mourûtes
et votre vie a été cachée...
» L'apôtre rappelle à ses
frères la position que la mort et la
résurrection de Christ leur assignent,
savoir d'être morts au monde, au
péché, à eux-mêmes.
Cette position, ils l'ont prise en se
convertissant; ils moururent alors (v.
3). Mais on ne demeure dans cette
position qu'en vivant par la foi. On ne reste mort
au péché qu'aussi longtemps qu'on se
considère comme mort. Il est probable
qu'à cet égard-là les
Colossiens ont manqué, et que des souillures
comme celles dont parle le v.
5 se sont glissées au milieu
d'eux. De là l'exhortation de l'apôtre
de rejeter et de faire mourir tout ce qui est
incompatible avec leur position nouvelle. «
Vous êtes chrétiens, vivez comme
chrétiens. Vous mourûtes, reprenez
votre position de personnes mortes ». En
disant : « Faites
mourir», « mettez à mort »,
l'apôtre emploie un temps (l'aoriste) qui
indique qu'un acte doit s'accomplir promptement et
une fois pour toutes; voir Winer, grammaire du
Nouv. Test., § 44. Il en est autrement du
passage suivant :
Rom. 8 : 13. « Si, par
l'Esprit, vous faites mourir les actes du corps,
vous vivrez ». Ici l'apôtre emploie le
temps présent, ce qui indique une action qui
doit se continuer. Des membres mis à mort ne
restent morts qu'aussi longtemps que par une
attitude de foi franche et ferme je leur refuse
toute vie. Je fais mourir les actes du corps en me
considérant comme mort au
péché, en marchant «par l'Esprit
». - Il ne peut pas s'agir ici d'actes
produits, intérieurs ou extérieurs,
de souillures contractées. Une souillure ne
peut pas être effacée par l'Esprit; il
faut pour cela le sang de Christ, le pardon et la
purification
(1 Jean 1 : 9).
Rom. 7 : 1-6. Par le premier mari
dont il est question ici, on ne peut pas, nous
semble-t-il, entendre la loi, qui dans le texte en
est distincte; ce ne peut être que le corps
du péché, la chair (v.
5). Avant que le péché
fût condamné dans la chair de Christ
(Rom. 8 : 3), nous étions
liés à notre corps de
péché et de mort
(Rom. 7 : 23, 24), comme la femme de
par la loi est liée à son mari (v.
2), tant que celui-ci est vivant.
Maintenant, par le moyen du corps
de Christ, par son immolation, nous sommes mis
à mort (v.
4), donc libérés des
liens de notre corps; dans son corps nos corps de
péché ont été
crucifiés, dans sa chair notre chair a
été détruite : nous ne sommes
plus dans la chair (v.
5). Notre premier mari étant
jugé et mort, la loi qui règle les
rapports d'épouse à époux n'a
plus rien à réclamer de nous; nous en
sommes affranchis.
Il en est de cette
vérité comme de tout autre fruit de
la Rédemption : on en fait
l'expérience dans la mesure qu'on y croit.
C'est très réellement que Dieu a
jeté les iniquités du monde entier
sur l'Agneau de Dieu
(Es. 53 : 6), et que l'Agneau a
porté ce fardeau
(Jean 1 : 29), et pourtant, de fait,
l'immense majorité des hommes se trouvent
encore sous ce même fardeau. Comment et
pourquoi? Ou bien, parce qu'ils n'ont pas eu
connaissance de l'oeuvre de Christ
(Rom. 10 : 14), ou bien, parce qu'ils
renient cette oeuvre par leur
incrédulité et l'annulent ainsi pour
autant que cela les concerne. De même, c'est
un fait que Christ a vaincu le monde
(Jean 16 : 33), et néanmoins,
pour que le monde soit vaincu pour nous, il faut
d'abord que nous ayons connaissance de la victoire
de Christ, et ensuite que nous saisissions cette
victoire par la foi
(1 Jean 5 : 4). - Il en est ainsi
pour la destruction de notre chair. Tant que nous
ignorons ce que signifie pour nous la
crucifixion de la chair de
Christ, ou que nous refusons de signer la sentence
prononcée en elle sur notre chair, nous
continuons à demeurer dans la chair, tandis
que ceux qui sont à Christ ont
crucifié leur chair avec ses passions et ses
désirs
(Gal. 5 : 24)
(6) ; ils se sont
dépouillés du corps de la chair
(Col. 2: 11, texte revu). Tant que
par la foi ils réalisent leur unité
avec Christ, et qu'ils demeurent en Lui par une
communion consciente, leur corps de
péché reste détruit. Leur
corps est maintenant mort à cause du
péché
(Rom. 8 : 10).
Col. 3 : 9. « Ne mentez point
les uns aux autres ayant dépouillé le
vieil homme » (ou plutôt - «vous
étant dépouillés du vieil
homme »). Il est à remarquer que dans
les trois passages où l'Écriture
parle du vieil homme de l'enfant de Dieu, elle en
parle comme appartenant au passé.
Rom. 6 : 6... « notre vieil
homme fui crucifié avec Lui ». Dans
l'épître aux
Ephésiens ch. 4, v. 20-24,
l'apôtre remonte à l'époque
où ses frères ont connu Christ, et
leur rappelle comment ils L'ont connu et comment
alors ils ont appris (trad. littér.) «
à rejeter le vieil homme... et à
être renouvelés.... et à
revêtir le nouvel homme... », pour
fonder sur ce fait les exhortations des versets
25 et suivants.
Notre vieil homme, c'est nous tels
que nous étions avant notre conversion,
liés à notre corps de
péché, sous la puissance de la chair,
de ses passions et de ses désirs.
Hébr. 12 : 1. «Nous
aussi... ayant déposé tout fardeau et
le péché qui enveloppe facilement (ou
plutôt : « qui [nous] entoure de toute
part »), courons... » On ne peut courir
qu'après avoir rejeté tout fardeau,
et le fardeau le plus lourd, c'est le
péché.
Par le péché du v.
4, on ne peut entendre, en
présence du v.
3, que le péché qui
est dans le monde, l'opposition du monde contre
l'Évangile, mais non pas le
péché en nous. Dans la contradiction
contre Lui-même que le Seigneur a
endurée de la part des pécheurs, Il
est allé jusqu'à verser son sang (v.
3). « Vous n'êtes pas
encore allés jusque là », dit
l'apôtre (v.
4).
Jac. 1 : 14, 15. « Chacun est
tenté, étant attiré et
amorcé par sa propre convoitise; puis, la
convoitise ayant conçu, enfante le
péché, et le péché,
étant consommé, enfante la mort
». L'apôtre distingue un fond ou
principe de convoitise, qui forme en nous la source
des tentations (v.
14), d'avec la convoitise qui a
conçu (v.
15). Notre « propre
convoitise» qui nous attire et nous amorce (v.
14), c'est notre
nature corrompue, notre chair
(7) ; la
convoitise qui a conçu (v.
15), ce sont des mouvements
conscients de convoitise qui se sont formés
au sein de cette mauvaise nature. Ces
mouvements-là constituent un
péché, lors même qu'ils ne se
traduisent pas en paroles ou en actes, et que le
péché n'est pas consommé
extérieurement. On a affirmé, il est
vrai, qu'un mouvement impur ne constitue pas en soi
un péché, à la condition qu'il
soit aussitôt condamné et
réprimé, et que la volonté ne
s'y prête pas. Mais ne suffirait-il pas du
10me commandement et de la parole du Christ dans
l'Évangile selon
Matthieu, ch. 5, v. 28 (V. aussi v.
8), pour condamner une
théorie qui rabaisse le niveau de la
sainteté, et contre laquelle la conscience
chrétienne protestera toujours?
Ce ne sont pas des questions
infructueuses que nous étudions ici; il y va
de la gloire de Dieu et de J'avancement de son
règne, pour autant que nous pouvons y
contribuer dans notre humble sphère.
Pour notre travail à la vigne
du Maître, pour le service que nous
accomplissons, il est de la plus haute importance
que non-seulement notre volonté soit
entièrement donnée, mais que notre
coeur aussi soit purifié et placé,
avec ses mouvements les plus cachés, sous la
discipline de l'Esprit de Dieu. Citons quelques
exemples.
Dieu veut que ses enfants Le servent
la main dans la main, unis entre eux dans la
soumission mutuelle par le respect et par l'amour.
Disciple de Jésus, comment un semblable
service te sera-t-il possible, aussi longtemps que
tu te permets de juger tes frères et que ton
coeur est capable de former sur leur compte de
mauvaises pensées, aussi longtemps que les
bénédictions et les succès par
lesquels Dieu couronne leur travail,
éveillent en toi quelque mouvement d'envie
ou de jalousie? Comment tes relations avec ces
mêmes frères conserveront-elles encore
leur caractère de franchise, de
vérité et de
cordialité?
Et comment porteras-tu à la
gloire de Dieu les fruits pour lesquels tu as
été créé, tant que ton
coeur n'est pas purifié, tant qu'une parole
de témoignage que le Seigneur te confie,
tant qu'une prière même que tu Lui
présentes devant tes frères, fait
naître en toi des sentiments d'amour-propre ?
Pour peu que le Saint-Esprit accompagne ton
témoignage auprès des
âmes de
bénédictions manifestes et que le
travail de ta foi et de ton amour empiète
sérieusement sur le terrain du pouvoir des
ténèbres; pour peu que tu deviennes
dans une sphère quelconque l'instrument d'un
réveil entre les mains du Seigneur, - comme
chrétiens, nous sommes tous, d'après
Matth. 5 : 13, 14, appelés
à le devenir, - te voilà
désigné à Satan pour objet de
sa haine la plus implacable et de ses assauts les
plus acharnés. Tel fond de recherche ou de
préoccupation de toi-même qui
jusque-là ne s'était manifesté
que d'une manière accidentelle et
passagère et sans que tu y prisses bien
garde, Satan va le soulever; ce feu couvant sous la
cendre, Satan va l'attiser et bientôt le
danger d'orgueil spirituel qui te menace deviendra
tel que le Seigneur, pour ne pas te livrer à
Satan, sera obligé d'arrêter le cours
des bénédictions qu'Il avait
accordées à ton témoignage. Oh
! pour l'amour du Christ qui par son sang a acquis
tes membres et tout ton être, hâte-toi
de te laisser purifier par Lui des derniers restes
du mauvais levain caché dans ton coeur. - Il
faut que le Seigneur puisse disposer de nous pour
toute oeuvre, même la «plus grande
»
(Jean 14: 12), il faut qu'Il puisse
le faire librement, sans danger pour notre
âme, sans péril pour notre propre vie
spirituelle. Renonçons à
nous-mêmes tout de bon; sinon, par amour et
par ménagement pour nous, ses
pauvres instruments, Il sera
obligé, Lui, de renoncer à une partie
du salaire de ses souffrances.
Encore un exemple : Il s'agit de
porter secours à un malheureux captif de
Satan, à une victime de la passion de la
jalousie, par exemple, - et l'on en rencontre,
hélas, même parmi les
chrétiens, - comment pourras-tu accomplir
ici, dans la puissance de Dieu, un ministère
de sainteté et d'amour, tant que tu n'es pas
foncièrement affranchi et purifié des
dispositions mêmes qui dans cette âme
ont passé, pour ainsi dire, à
l'état de possession ? Tu sentiras
bientôt qu'il faut être pur pour avoir
puissance sur des esprits impurs.
Mes frères, à la loi
et au témoignage! Si le sel a perdu une
bonne partie de sa saveur, si les enfants de Dieu
sont devenus impuissants à accomplir leur
mission, n'est-ce pas, avant tout, parce qu'ils ne
prennent plus assez au sérieux les
commandements et les promesses du Seigneur? En les
recevant et en les croyant de nouveau dans toute
leur plénitude, nous fournirons au monde la
grande preuve de la vérité du
christianisme qu'il réclame aujourd'hui ;
nous lui présenterons de nouveau des vies
chrétiennes et des caractères
chrétiens authentiques, bibliques,
réels.
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