LA
GRÂCE ET LE PÉCHÉ
TROISIÈME PARTIE
DIRECTIONS PRATIQUES
Jésus-Christ est le
même, hier, et aujourd'hui, et pour
les siècles.
Hébr. 13 : 8.
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Si un christianisme où l'on tombe et se
relève pour tomber encore, où
toujours de nouveau l'on est vaincu et
souillé par le monde et par le
péché, ne Peut pas se soutenir devant
l'Écriture; si c'est un fait que
Jésus-Christ a vaincu le monde, le
péché et le diable ; si la victoire
complète et constante sur tout
péché, extérieur ou
intérieur, est une position que Christ nous
a faite, et dans laquelle Christ est prêt
à nous faire entrer; d'où vient que
de nos jours le nombre de ceux qui occupent cette
position soit encore si petit?
Reconnaissons d'abord que, dans le
cours de ces dernières années,
plusieurs ont été arrachés
à un sommeil coupable par
la puissance de Dieu. Ils ont vu leurs idoles
tomber et leurs chaînes se briser. Avec la
paix qui rentrait dans leur coeur et dans leur
foyer, ils ont retrouvé une nouvelle vigueur
pour servir leur Dieu et pour Lui rendre
témoignage. Nous en donnons gloire à
Dieu et nous Le bénissons; Lui qui a
commencé l'oeuvre, l'achèvera pour la
venue de Jésus-Christ.
Après cela, la question que
nous avons posée subsiste en entier :
Pourquoi y a-t-il si peu de chrétiens qui
marchent d'une manière constante en
communion avec Dieu, et, par conséquent,
dans le sentier de la victoire? Pourquoi si peu de
chrétiens savent-ils demeurer en
Jésus?
Il y a à cet état de
choses des causes bien diverses; mais toutes, nous
semble-t-il, peuvent se résumer dans un seul
mot : l'incrédulité.
C'est l'incrédulité
qui empêche tant de chrétiens de
saisir le don de Dieu. Ils ont saisi et se sont
assimilé par la foi un côté de
l'oeuvre de Christ; l'autre côté leur
est resté voilé. Ils sont
assurés de leur pardon et de leur adoption,
mais ils n'ont point encore pu croire que par la
crucifixion de Jésus-Christ, leur chair et
leur vieil homme soient réellement
crucifiés et détruits
(Rom. 8 : 2-4;
6 : 6.
Gal.. 2 : 20;
5 : 24;
6 : 14). Ils n'ont pas encore
reconnu et cru que par l'offrande du corps de
Jésus-Christ ils ont
été effectivement
libérés de tout esclavage et
consacrés à Dieu ; que
Jésus-Christ a vaincu leurs ennemis et leur
a enlevé toute puissance sur les siens.
(Hébr. 10 : 10-14.
Rom. 6 : 18,
22.
Jean 8 : 36 ;
16 : 33 comparé à
1 Jean 5 : 4.
Hébr. 2 : 14, 15.
1 Cor. 3 : 21, 22.)
Cette incrédulité des
enfants de Dieu ne se manifeste pas seulement
à l'égard de l'oeuvre de leur
Sauveur; ils se défient aussi de sa
personne. Ils ne croient pas à la gloire et
au bonheur d'une vie dans laquelle on s'abandonne
à Lui sans réserve et pour toujours,
dans laquelle on ne veut connaître et
posséder que Lui; ils ne Le croient pas
quand Il promet à ses brebis la vie, et la
vie en abondance ; ils ne voient pas que la plus
grande grâce et la seule délivrance
véritable, c'est d'être
délivré de soi-même, de sa vie
et de sa volonté propres, et de pouvoir
vivre pour le Seigneur avec toutes les puissances
et toutes les capacités de son être ;
ils n'admettent pas que tout ce qui peut attirer
notre coeur en dehors de Christ, n'est qu'une
perte. Dans leur aveuglement, ils entretiennent
encore une secrète intelligence avec les
ennemis que Christ combat dans leur coeur et dans
leur vie.. Ils ne peuvent pas croire que c'est pure
miséricorde et condescendance de la part de
Dieu, s'Il nous invite à Lui
présenter nos corps en offrande sur son
autel
(Rom. 12 : 1). L'idée d'une
consécration franche,
entière et conséquente les effraye;
il leur paraît dur de se dessaisir des
rênes de leur vie, de renoncer à la
libre disposition de leurs facultés, de
leurs heures, de leur bourse. - Ou bien encore, ils
nourrissent des préventions contre le
jugement et la sagesse de leur Dieu, comme s'Il
était capable de leur demander quelque chose
d'arbitraire, de singulier ou d'excentrique,
quelque chose qui ne se justifierait pas devant le
bon sens de tout coeur droit.
Cette incrédulité
coupable est la cause la plus profonde pour
laquelle le chrétien arrive si rarement,
parfois si tardivement, à un abandon complet
et, définitif entre les mains de son
Sauveur. Il consent bien à Le suivre dans
les gras pâturages et le long des eaux
paisibles, mais il se défie trop de son
Berger pour Le suivre dans les sombres
vallées de la souffrance et de la mort. Soit
dans les petits incidents journaliers, soit dans
les grandes épreuves de la vie, il ne peut
pas se décider à dire Oui et Amen
à tout ce que la main de Dieu lui dispense.
Mais celui qui ne voudra pas suivre
Jésus-Christ dans l'école où
Lui-même a « appris l'obéissance
», ne trouvera jamais le vrai chemin de la
sanctification
(Hébr. 5 : 8 ;
12 : 10). Tant que nous refusons au
Seigneur de nous faire passer par le creuset, Il ne
peut pas purifier les préoccupations et les
imaginations de notre coeur. Si
ce n'est pas sans beaucoup de tribulations qu'on
entre dans le royaume de Dieu, ce n'est pas non
plus sans souffrance qu'on entre dans une vie de
justice, de paix et de joie selon le Saint-Esprit.
(Actes 14 : 22.
Rom. 14 : 17.)
Sans souffrances nous n'arrivons
guère à être convaincus de
notre impuissance et de notre néant,
à être dépouillés et
brisés. Or, quiconque vit encore de sa
propre force, s'expose à tomber à
chaque pas. Ce n'est qu'en restant dans la
poussière qu'on est à l'abri d'une
chute.
C'est aussi dans le creuset de
l'affliction que le Seigneur purifie ceux qu'Il
veut employer pour son service. Toute foi
appelée à porter des fruits, tout
« enfant de Lévi », passent par le
feu.
(1 Pierre 1 : 7 ;
Mal. 3 - 3.)
Et pourtant, quelles que soient les
dispensations par lesquelles le Seigneur nous
purifie et nous forme, elles ne sont
pénibles et amères qu'aussi longtemps
que nous résistons. L'aiguillon de la mort,
c'est le péché : de même,
l'aiguillon de tout le cortège de
souffrances qui précèdent la mort,
c'est l'insoumission. Dès qu'on a
chargé sur soi le joug de
Jésus-Christ et qu'on a pris place à
son école, dès que la discipline de
l'Esprit a fait disparaître de notre coeur la
dernière velléité de secouer
le joug, d'abréger la leçon, de
changer de croix: dès ce moment le joug
de Christ devient doux et son
fardeau aisé. On peut alors rendre
grâces même pour les humiliations.
Quand nous sommes dans le creuset, il nous suffit
de savoir que le Seigneur Jésus est «
assis » à côté de nous
(Mal. 3 : 3), surveillant le feu et
modérant la chaleur selon ce que
réclame l'oeuvre de notre sanctification.
Étendez donc vos mains et laissez-vous
ceindre
(Jean 21 : 18) ; livrez à
votre Dieu le dernier de vos souvenirs, le plus
secret de vos désirs ; confiez-vous
pleinement dans son amour et vous serez
bientôt confondus en reconnaissant les
ménagements avec lesquels le Seigneur vous
conduit; votre coeur sera vaincu et gagné
par ses tendres soins. Vous vous reposerez, avec
une entière sécurité, sur ses
voies et sur ses pensées.
Tant qu'un reste
d'incrédulité ou de défiance
vous empêche de Lui livrer la direction de
votre vie, il n'est pas étonnant que vous ne
sachiez point vous confier dans le Seigneur pour
qu'Il vous garde du péché d'heure en
heure et d'instant en instant. Mais même
après vous être livrés à
votre Sauveur sans réserve, ne vous
étonnez pas si vous ne marchez d'abord que
d'un pas chancelant sur le sentier de la confiance,
ou s'il vous arrive encore de vous trouver devant
un sentier obstrué. Ne vous étonnez
pas si, après avoir vécu trop
longtemps en vous-mêmes et pour
vous-mêmes, vous ne réussissez pas
aussitôt à vous
arracher à votre triste prison, si vous ne
savez pas de prime abord comment faire pour t'ester
étrangers à votre vie propre et
cachés en Jésus, de manière
que le péché ne puisse plus se
produire en vous. Persistez seulement à ne
plus vouloir de vous, à maintenir le divorce
avec votre passé et avec votre moi, et vous
verrez qu'une fois les premières
difficultés vaincues, le chemin s'ouvrira et
s'aplanira sous vos pas. Dès que le Seigneur
aura suffisamment éprouvé la
sincérité de vos intentions Il
interviendra directement et puissamment. Il rompra
vos liens et vous introduira dans une
atmosphère plus pure, où il vous sera
bien plus facile de regarder à Lui et, en
regardant à Lui, d'être toujours
vainqueurs. Le Saint-Esprit vous ouvrira les yeux
pour que vous puissiez reconnaître quel
Sauveur vous avez, - un Sauveur qui ne peut pas
faire défaut à ceux qui se fient
à Lui. Le doute et la défiance vous
deviendront impossibles.
Il est vrai que, pour arriver
à cette altitude de confiance constante dans
le Seigneur, il y a., outre les difficultés
intérieures dont nous venons de parler, des
circonstances particulières qui rendent le
sentier parfois bien ardu. C'est d'abord le niveau
inférieur auquel se trouve
généralement de nos jours la vie
chrétienne. Les âmes droites ont
beaucoup de peine à réaliser dans la
plénitude leurs privilèges
d'enfants de Dieu, quand elles se
trouvent placées au milieu de
chrétiens dont la vie ne les manifeste pas.
Quelque précis que puissent être les
enseignements de la Parole de Dieu, il est toujours
difficile de saisir, de conserver et de
réaliser ce que l'on ne voit pas pratiquer
autour de soi.
À cette première
difficulté s'en ajoute une autre, comme
conséquence immédiate. C'est le fait
que nous n'avons pas de vie d'église normale
et puissante, que les enfants de Dieu ne forment
plus véritablement une famille. Comme
enfants de Dieu, nous ne sommes pas
organisés pour une vie de plante. Les
plantes, indépendantes les unes des autres,
reçoivent par les influences du ciel et du
sol, tout ce qu'il faut à leur
accroissement. Les enfants de Dieu, au contraire,
sont appelés à former un organisme,
un corps, une famille, et à entretenir entre
eux un échange continuel de vie. La loi
d'amour qui a présidé à
l'oeuvre de leur relèvement, les a rendus
solidaires les uns des autres. « Lorsqu'un
membre souffre, tous les membres souffrent avec
lui, et lorsqu'un membre est honoré, tous
les membres se réjouissent avec lui. »
Quand cette vie de famille ne se réalise pas
parmi les enfants de Dieu par une communion
vraiment fraternelle, quand les membres du corps ne
se communiquent pas continuellement ce que chacun
reçoit du Chef, ce seront les
petits et les faibles, ce seront
les enfants dans la foi qui s'en ressentiront le
plus douloureusement. Ils auraient eu besoin de
pères en Christ, dont le contact aurait peu
à peu fortifié leur vie spirituelle,
dont l'expérience les aurait soutenus et qui
auraient pu guider leurs premiers pas dans le
sentier de la foi. Mais quand l'âme, à
son premier réveil, se trouve placée
sous l'influence d'un christianisme languissant,
quand le nouveau-né, au lieu d'être
réchauffé par sa mère, doit
défendre la chaleur de sa vie naissante
contre les courants refroidissants du dehors, sa
situation est bien critique. Dans les commencements
au moins, il sera extrêmement difficile
à ce jeune chrétien de garder, sans
varier, son premier amour, autrement dit, de
demeurer en Jésus.
En face de difficultés aussi
grandes, on se sent doublement pressé de
crier aux âmes : « Ne vous
découragez jamais! » Si tout
péché qui vient troubler votre
communion avec Dieu est une chose grave, il
pourrait néanmoins y avoir quelque chose de
plus grave encore : ce serait le
découragement. Quiconque après une
chute hésite avant de se relever, se place
dans une situation où « un abîme
appelle un autre abîme ». Le but dans
lequel Jean écrivait sa première
épître, était d'amener ses
frères à ne plus pécher
(1 Jean 2 : 1); mais il s'est
empressé d'ajouter : « Si quelqu'un
pèche, nous avons un avocat ... »
Quand le Seigneur nous demande,
à nous, créatures pécheresses,
de pardonner à nos frères, non pas
sept fois, mais septante fois sept fois, s'ils
reviennent à nous avec repentir, ne
s'engage-t-Il pas par là à en faire
autant à notre égard, Lui, le premier
? Le prendrions-nous pour un pharisien qui
imposerait aux autres des fardeaux auxquels Il ne
voudrait pas toucher dit doigt ? Et en face d'un
commandement aussi miséricordieux,
pourrions-nous encore nous décourager, quand
même nous devrions revenir septante fois sept
fois Lui demander pardon ?
Pour échapper au piège
du découragement, souviens-toi, mon
frère, que l'union avec Christ dans laquelle
la nouvelle naissance t'a introduit, subsiste
à travers les altérations que le
péché peut faire subir à la
communion avec Lui. Tes chutes contristent l'Esprit
de Dieu
(Eph. 4 : 30); pour un moment, le cep
ne peut plus librement épancher sa
sève dans le sarment; mais, au fond, tu
restes uni au cep, tu ne cesses pas d'appartenir au
Seigneur; Lui te reste fidèle. Pour te
relever plus promptement, reviens à Lui au
nom de son alliance, et tout en t'humiliant
profondément de ta faute, ne crois pourtant
pas que tout soit à recommencer. « Dieu
ne se repent pas de ses dons et de son appel
».
D'autre part, si nous devons compter
sur le pardon de Dieu, ne nous contentons jamais
d'un pardon qui ne serait pas
suivi d'une purification dit coeur. « Si nous
confessons nos péchés », dit
l'apôtre Jean
(1 épître 1 : 9), «
Il est fidèle et juste pour nous pardonner
nos péchés et nous purifier de toute
injustice ». Aussi longtemps qu'il n'y a pas
purification et que la plaie n'est pas
nettoyée, les mêmes
péchés se renouvellent
continuellement, et la conséquence directe
en sera que notre vie spirituelle déclinera,
qu'elle sera frappée de langueur et
peut-être bientôt de paralysie. Notre
coeur sera toujours moins sensible pour les
influences subtiles de la grâce de Dieu, pour
la discipline de son Esprit, pour les
manifestations de sa sainteté et de son
amour. Les mauvaises dispositions, «
l'injustice », dont nous n'avons pas
été purifiés, gagneront du
terrain dans notre coeur et nous rendront,
moralement parlant, infirmes et
impuissants.
Il ne peut pas en être
autrement, car un pardon qui n'est pas suivi de
purification ne saurait nous ramener dans des
relations vraiment filiales avec notre Dieu et nous
replacer à l'ombre de sa grâce. Pour
que Dieu puisse non-seulement nous pardonner, mais
« nous purifier de toute injustice », il
faut que « nous confessions nos
péchés ».
Cette confession ne doit pas
être faite à la hâte et à
la légère. D'abord, ayons soin de
dire à notre Dieu tout ce que nous avons
à Lui dire, et de Lui
nommer les choses par leur nom.
Ensuite, tenons-nous tranquilles pour
écouter Dieu. Pour que notre confession soit
bénie, il faut que Dieu puisse en prendre
occasion pour nous parler à son tour, pour
nous dire tout ce qu'Il a sur le coeur. Nos fautes
et nos péchés ne sont jamais
accidentels; ils ont leur raison d'être et
leur source dans quelque déviation ou
quelque obscurcissement intérieurs. Ils
proviennent d'un coeur qui n'est pas resté
dans la lumière de la présence de
Dieu et dans l'amour, dans une attitude de
simplicité, de vérité et
d'humilité. Or, le Seigneur seul
connaît nos coeurs. Lui seul peut nous dire
l'histoire d'un péché, nous
révéler les causes secrètes
qui ont amené telle transgression ou
infidélité, tel mouvement de
péché intérieur. Lui seul peut
nous juger. Il faut donc nous tenir devant Dieu
jusqu'à ce qu'Il ait tout mis à
découvert, jusqu'à ce qu'Il ait pu
nous manifester toutes choses, telles qu'elles sont
dans la lumière de son regard.
Quand nous nous laissons reprendre,
juger et humilier par notre Dieu, Il nous
guérit et nous relève. Tout ce que
son regard atteint, il le consume; partout
où il pénètre, il porte, avec
la lumière, la délivrance et la
liberté
(Jean 8 : 32).
C'est ainsi que la confession des
péchés amène la purification
à travers le jugement, et c'est ainsi que
celui qui sait céder à Dieu la
parole, est non-seulement
relevé de sa chute, mais porté dans
une atmosphère plus pure; il se trouvera
plus près de Dieu qu'il ne l'était
auparavant.
Si le péché qui n'est
suivi que de pardon, ouvre la porte plus grande
à une rechute, le jugement, au contraire, la
purification et le renouvellement intérieurs
quand ils accompagnent le pardon,
élèvent une barrière entre
nous et le mal, creusent l'abîme entre nous
et notre passé; un retour au même
péché deviendra de plus en plus
moralement impossible. En marchant
fidèlement dans cette voie, vous ferez
bientôt l'expérience que la
grâce affranchit du péché; vous
connaîtrez la vertu de la mort et de la
résurrection de
Jésus-Christ.
En terminant, nous rappelons la
vocation et la tâche que Dieu a
données à ses enfants. Nous sommes
dans ce monde pour porter des fruits pour Dieu
(Jean 15 : 8), nous sommes
appelés à Le servir. Nous ne pouvons
soustraire nos membres au service du
péché
(Rom. 6 : 13), qu'en les consacrant
au service du Seigneur; nous ne pouvons être
gardés du péché qu'en nous
dépensant pour notre Maître. Quand
Dieu a fait de nous de nouvelles créatures,
c'était afin que nous marchions dans les
bonnes oeuvres qu'Il a préparées pour
nous. Quand Il a fait de nous des sarments de
Jésus-Christ, c'était pour que
nous portions des fruits à
la gloire du Père, par la puissance d'une
sève nouvelle. Une des lois fondamentales du
monde spirituel, c'est qu'on ne trouve sa vie qu'en
la perdant. Si donc nous cherchons le secret de
demeurer en Jésus et en communion avec Dieu
; si, selon sa promesse, nous attendons de notre
Berger la vie, et la vie en abondance, laissons de
côté toute préoccupation
égoïste, même celle de jouir de
Lui, pour entrer résolument dans la voie
d'un service désintéressé.
C'est à ses amis que le Seigneur se fait
connaître; or, Le connaître, c'est la
vie éternelle, et ses amis sont ceux qui
font tout ce qu'Il leur commande
(Jean 15 : 14). - On le voit, la vie
de la foi exclut le mysticisme aussi bien que le
quiétisme.
Quand le Seigneur rachète un
pêcheur, Il l'adopte et lui donne un
héritage avec tous les saints. Il lui assure
ainsi une part si grande et un lot si riche que ses
intérêts personnels sont
désormais hors de cause et qu'il peut
être tout entier aux intérêts de
son Maître. Celui qui a compris et
accepté cette position, ne demande plus
qu'une seule chose, c'est que le Seigneur se serve
de lui, comme Il voudra et quand Il voudra. Il ne
songe plus à choisir son champ de travail.
Sans consulter ses goûts, sans donner
carrière à son imagination, il
s'acquitte courageusement et humblement des devoirs
qui sont placés devant lui.
Ce qui donne à une
tâche sa beauté et sa grandeur,
n'est-ce pas de l'accomplir pour
la gloire de Dieu, et pour l'amour de Christ? La
seule chose que Dieu demande à un
administrateur, n'est-ce pas qu'il soit
trouvé fidèle ?
(1 Cor. 4 : 2.)
Le juste, en vivant de foi,
travaille aussi par la foi. S'il a appris à
suivre Jésus de près et sans
hésitation, il apprend aussi à ne
plus Le devancer, se laissant d'abord former pour
l'oeuvre que Dieu lui a préparée. Ce
qui caractérise le vrai serviteur, c'est
autant la patience que le zèle. Dieu ne veut
pas que les arbres qu'il a plantés portent
des fruits mai mûrs, ou qu'ils
dépérissent sous le poids de fruits
qu'ils ne sont pas encore en âge de porter.
Dans le royaume de Dieu, les fruits ne doivent pas
épuiser, mais nourrir la sève de
l'arbre. Ce n'est pas seulement pour ses besoins
temporels, c'est aussi pour sa vie spirituelle que
l'ouvrier doit vivre de son ministère et en
recueillir, le premier, les fruits.
Quant aux fruits que nous avons
à porter, il en est un qui renferme tous les
autres, c'est l'amour, « Par le Saint-Esprit,
l'amour de Dieu est répandu dans les coeurs
» de ceux qui se livrent à Lui.
Animés de l'amour dont Christ nous a
aimés
(2 Cor. 5: 14), et animés
d'amour pour Christ
(Jean 21 : 15), nous pourrons
paître ses agneaux, soigner les petits et
porter, en véritables sacrificateurs, les
fardeaux de nos frères
(Gal. 6 : 2). Nous pourrons, pour
notre faible part, mais dans le
sens le plus divin du moi, contribuer à
reconstituer l'Église, nous enquérant
de toutes les jeunes plantes qui naissent autour de
nous et que nous sommes à portée de
suivre. Nous entourerons ces nouveaux-nés de
soins d'autant plus fidèles que nous ne
pouvons pas encore leur offrir une vie de famille.
- À côté de l'amour pour les
membres du corps de Christ, se développera
dans notre coeur l'amour pour ce qui est encore
perdu, un amour actif, intelligent et
fécond. L'Esprit prenant possession de nous
à mesure que le péché se
retire, nous ne sommes plus réduits à
nos pensées et à nos efforts pour
amener les âmes au Sauveur. Notre
témoignage sera puissant de la puissance de
Dieu.
Si une guerre à outrance doit
être faite au péché, c'est,
avant tout, pour que Jésus ait de nouveau un
peuple saint, c'est-à-dire un peuple
à Lui, qui puisse Le proclamer en proclamant
ses vertus; c'est pour que Jésus retrouve
son église, une église une, dont le
témoignage révèle au monde le
Père, et avec le Père la mission
divine du Fils.
Qu'il nous soit permis de reprendre
ici le voeu par lequel Adolphe Monod terminait une
série de discours destinés au
rassemblement des enfants de Dieu :
« Puisse la voix de Dieu
même parler au coeur de ses enfants, et au
jour que le Seigneur rassemblera
son armée, - et ce jour
n'est-il pas venu ? - puisse son peuple se lever
comme «, un peuple de franche «
volonté, paré de sainteté,
» et « sa vaillante jeunesse se
présenter à Lui comme une
rosée sortant « du sein de l'aurore
».
À Celui qui nous a
aimés et nous a lavés de nos
péchés par son sang, et qui
nous a faits rois et sacrificateurs
à son Dieu et Père, à
Lui la gloire et le pouvoir aux
siècles des siècles, amen!
(Apoc. 1 : 5, 6.)
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