Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE  (Jean 17.17)
Cela me suffit...
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(Notre confession de foi: ici)
Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE
(Jean 17.17)
Cela me suffit...



LA GRÂCE ET LE PÉCHÉ

TROISIÈME PARTIE
DIRECTIONS PRATIQUES

Jésus-Christ est le même, hier, et aujourd'hui, et pour les siècles. Hébr. 13 : 8.

Si un christianisme où l'on tombe et se relève pour tomber encore, où toujours de nouveau l'on est vaincu et souillé par le monde et par le péché, ne Peut pas se soutenir devant l'Écriture; si c'est un fait que Jésus-Christ a vaincu le monde, le péché et le diable ; si la victoire complète et constante sur tout péché, extérieur ou intérieur, est une position que Christ nous a faite, et dans laquelle Christ est prêt à nous faire entrer; d'où vient que de nos jours le nombre de ceux qui occupent cette position soit encore si petit?

Reconnaissons d'abord que, dans le cours de ces dernières années, plusieurs ont été arrachés à un sommeil coupable par la puissance de Dieu. Ils ont vu leurs idoles tomber et leurs chaînes se briser. Avec la paix qui rentrait dans leur coeur et dans leur foyer, ils ont retrouvé une nouvelle vigueur pour servir leur Dieu et pour Lui rendre témoignage. Nous en donnons gloire à Dieu et nous Le bénissons; Lui qui a commencé l'oeuvre, l'achèvera pour la venue de Jésus-Christ.

Après cela, la question que nous avons posée subsiste en entier : Pourquoi y a-t-il si peu de chrétiens qui marchent d'une manière constante en communion avec Dieu, et, par conséquent, dans le sentier de la victoire? Pourquoi si peu de chrétiens savent-ils demeurer en Jésus?

Il y a à cet état de choses des causes bien diverses; mais toutes, nous semble-t-il, peuvent se résumer dans un seul mot : l'incrédulité.

C'est l'incrédulité qui empêche tant de chrétiens de saisir le don de Dieu. Ils ont saisi et se sont assimilé par la foi un côté de l'oeuvre de Christ; l'autre côté leur est resté voilé. Ils sont assurés de leur pardon et de leur adoption, mais ils n'ont point encore pu croire que par la crucifixion de Jésus-Christ, leur chair et leur vieil homme soient réellement crucifiés et détruits (Rom. 8 : 2-4; 6 : 6. Gal.. 2 : 20; 5 : 24; 6 : 14). Ils n'ont pas encore reconnu et cru que par l'offrande du corps de Jésus-Christ ils ont été effectivement libérés de tout esclavage et consacrés à Dieu ; que Jésus-Christ a vaincu leurs ennemis et leur a enlevé toute puissance sur les siens. (Hébr. 10 : 10-14. Rom. 6 : 18, 22. Jean 8 : 36 ; 16 : 33 comparé à 1 Jean 5 : 4. Hébr. 2 : 14, 15. 1 Cor. 3 : 21, 22.)

Cette incrédulité des enfants de Dieu ne se manifeste pas seulement à l'égard de l'oeuvre de leur Sauveur; ils se défient aussi de sa personne. Ils ne croient pas à la gloire et au bonheur d'une vie dans laquelle on s'abandonne à Lui sans réserve et pour toujours, dans laquelle on ne veut connaître et posséder que Lui; ils ne Le croient pas quand Il promet à ses brebis la vie, et la vie en abondance ; ils ne voient pas que la plus grande grâce et la seule délivrance véritable, c'est d'être délivré de soi-même, de sa vie et de sa volonté propres, et de pouvoir vivre pour le Seigneur avec toutes les puissances et toutes les capacités de son être ; ils n'admettent pas que tout ce qui peut attirer notre coeur en dehors de Christ, n'est qu'une perte. Dans leur aveuglement, ils entretiennent encore une secrète intelligence avec les ennemis que Christ combat dans leur coeur et dans leur vie.. Ils ne peuvent pas croire que c'est pure miséricorde et condescendance de la part de Dieu, s'Il nous invite à Lui présenter nos corps en offrande sur son autel (Rom. 12 : 1). L'idée d'une consécration franche, entière et conséquente les effraye; il leur paraît dur de se dessaisir des rênes de leur vie, de renoncer à la libre disposition de leurs facultés, de leurs heures, de leur bourse. - Ou bien encore, ils nourrissent des préventions contre le jugement et la sagesse de leur Dieu, comme s'Il était capable de leur demander quelque chose d'arbitraire, de singulier ou d'excentrique, quelque chose qui ne se justifierait pas devant le bon sens de tout coeur droit.

Cette incrédulité coupable est la cause la plus profonde pour laquelle le chrétien arrive si rarement, parfois si tardivement, à un abandon complet et, définitif entre les mains de son Sauveur. Il consent bien à Le suivre dans les gras pâturages et le long des eaux paisibles, mais il se défie trop de son Berger pour Le suivre dans les sombres vallées de la souffrance et de la mort. Soit dans les petits incidents journaliers, soit dans les grandes épreuves de la vie, il ne peut pas se décider à dire Oui et Amen à tout ce que la main de Dieu lui dispense. Mais celui qui ne voudra pas suivre Jésus-Christ dans l'école où Lui-même a « appris l'obéissance », ne trouvera jamais le vrai chemin de la sanctification (Hébr. 5 : 8 ; 12 : 10). Tant que nous refusons au Seigneur de nous faire passer par le creuset, Il ne peut pas purifier les préoccupations et les imaginations de notre coeur. Si ce n'est pas sans beaucoup de tribulations qu'on entre dans le royaume de Dieu, ce n'est pas non plus sans souffrance qu'on entre dans une vie de justice, de paix et de joie selon le Saint-Esprit. (Actes 14 : 22. Rom. 14 : 17.)

Sans souffrances nous n'arrivons guère à être convaincus de notre impuissance et de notre néant, à être dépouillés et brisés. Or, quiconque vit encore de sa propre force, s'expose à tomber à chaque pas. Ce n'est qu'en restant dans la poussière qu'on est à l'abri d'une chute.

C'est aussi dans le creuset de l'affliction que le Seigneur purifie ceux qu'Il veut employer pour son service. Toute foi appelée à porter des fruits, tout « enfant de Lévi », passent par le feu. (1 Pierre 1 : 7 ; Mal. 3 - 3.)

Et pourtant, quelles que soient les dispensations par lesquelles le Seigneur nous purifie et nous forme, elles ne sont pénibles et amères qu'aussi longtemps que nous résistons. L'aiguillon de la mort, c'est le péché : de même, l'aiguillon de tout le cortège de souffrances qui précèdent la mort, c'est l'insoumission. Dès qu'on a chargé sur soi le joug de Jésus-Christ et qu'on a pris place à son école, dès que la discipline de l'Esprit a fait disparaître de notre coeur la dernière velléité de secouer le joug, d'abréger la leçon, de changer de croix: dès ce moment le joug de Christ devient doux et son fardeau aisé. On peut alors rendre grâces même pour les humiliations. Quand nous sommes dans le creuset, il nous suffit de savoir que le Seigneur Jésus est « assis » à côté de nous (Mal. 3 : 3), surveillant le feu et modérant la chaleur selon ce que réclame l'oeuvre de notre sanctification. Étendez donc vos mains et laissez-vous ceindre (Jean 21 : 18) ; livrez à votre Dieu le dernier de vos souvenirs, le plus secret de vos désirs ; confiez-vous pleinement dans son amour et vous serez bientôt confondus en reconnaissant les ménagements avec lesquels le Seigneur vous conduit; votre coeur sera vaincu et gagné par ses tendres soins. Vous vous reposerez, avec une entière sécurité, sur ses voies et sur ses pensées.

Tant qu'un reste d'incrédulité ou de défiance vous empêche de Lui livrer la direction de votre vie, il n'est pas étonnant que vous ne sachiez point vous confier dans le Seigneur pour qu'Il vous garde du péché d'heure en heure et d'instant en instant. Mais même après vous être livrés à votre Sauveur sans réserve, ne vous étonnez pas si vous ne marchez d'abord que d'un pas chancelant sur le sentier de la confiance, ou s'il vous arrive encore de vous trouver devant un sentier obstrué. Ne vous étonnez pas si, après avoir vécu trop longtemps en vous-mêmes et pour vous-mêmes, vous ne réussissez pas aussitôt à vous arracher à votre triste prison, si vous ne savez pas de prime abord comment faire pour t'ester étrangers à votre vie propre et cachés en Jésus, de manière que le péché ne puisse plus se produire en vous. Persistez seulement à ne plus vouloir de vous, à maintenir le divorce avec votre passé et avec votre moi, et vous verrez qu'une fois les premières difficultés vaincues, le chemin s'ouvrira et s'aplanira sous vos pas. Dès que le Seigneur aura suffisamment éprouvé la sincérité de vos intentions Il interviendra directement et puissamment. Il rompra vos liens et vous introduira dans une atmosphère plus pure, où il vous sera bien plus facile de regarder à Lui et, en regardant à Lui, d'être toujours vainqueurs. Le Saint-Esprit vous ouvrira les yeux pour que vous puissiez reconnaître quel Sauveur vous avez, - un Sauveur qui ne peut pas faire défaut à ceux qui se fient à Lui. Le doute et la défiance vous deviendront impossibles.

Il est vrai que, pour arriver à cette altitude de confiance constante dans le Seigneur, il y a., outre les difficultés intérieures dont nous venons de parler, des circonstances particulières qui rendent le sentier parfois bien ardu. C'est d'abord le niveau inférieur auquel se trouve généralement de nos jours la vie chrétienne. Les âmes droites ont beaucoup de peine à réaliser dans la plénitude leurs privilèges d'enfants de Dieu, quand elles se trouvent placées au milieu de chrétiens dont la vie ne les manifeste pas. Quelque précis que puissent être les enseignements de la Parole de Dieu, il est toujours difficile de saisir, de conserver et de réaliser ce que l'on ne voit pas pratiquer autour de soi.

À cette première difficulté s'en ajoute une autre, comme conséquence immédiate. C'est le fait que nous n'avons pas de vie d'église normale et puissante, que les enfants de Dieu ne forment plus véritablement une famille. Comme enfants de Dieu, nous ne sommes pas organisés pour une vie de plante. Les plantes, indépendantes les unes des autres, reçoivent par les influences du ciel et du sol, tout ce qu'il faut à leur accroissement. Les enfants de Dieu, au contraire, sont appelés à former un organisme, un corps, une famille, et à entretenir entre eux un échange continuel de vie. La loi d'amour qui a présidé à l'oeuvre de leur relèvement, les a rendus solidaires les uns des autres. « Lorsqu'un membre souffre, tous les membres souffrent avec lui, et lorsqu'un membre est honoré, tous les membres se réjouissent avec lui. » Quand cette vie de famille ne se réalise pas parmi les enfants de Dieu par une communion vraiment fraternelle, quand les membres du corps ne se communiquent pas continuellement ce que chacun reçoit du Chef, ce seront les petits et les faibles, ce seront les enfants dans la foi qui s'en ressentiront le plus douloureusement. Ils auraient eu besoin de pères en Christ, dont le contact aurait peu à peu fortifié leur vie spirituelle, dont l'expérience les aurait soutenus et qui auraient pu guider leurs premiers pas dans le sentier de la foi. Mais quand l'âme, à son premier réveil, se trouve placée sous l'influence d'un christianisme languissant, quand le nouveau-né, au lieu d'être réchauffé par sa mère, doit défendre la chaleur de sa vie naissante contre les courants refroidissants du dehors, sa situation est bien critique. Dans les commencements au moins, il sera extrêmement difficile à ce jeune chrétien de garder, sans varier, son premier amour, autrement dit, de demeurer en Jésus.

En face de difficultés aussi grandes, on se sent doublement pressé de crier aux âmes : « Ne vous découragez jamais! » Si tout péché qui vient troubler votre communion avec Dieu est une chose grave, il pourrait néanmoins y avoir quelque chose de plus grave encore : ce serait le découragement. Quiconque après une chute hésite avant de se relever, se place dans une situation où « un abîme appelle un autre abîme ». Le but dans lequel Jean écrivait sa première épître, était d'amener ses frères à ne plus pécher (1 Jean 2 : 1); mais il s'est empressé d'ajouter : « Si quelqu'un pèche, nous avons un avocat ... »

Quand le Seigneur nous demande, à nous, créatures pécheresses, de pardonner à nos frères, non pas sept fois, mais septante fois sept fois, s'ils reviennent à nous avec repentir, ne s'engage-t-Il pas par là à en faire autant à notre égard, Lui, le premier ? Le prendrions-nous pour un pharisien qui imposerait aux autres des fardeaux auxquels Il ne voudrait pas toucher dit doigt ? Et en face d'un commandement aussi miséricordieux, pourrions-nous encore nous décourager, quand même nous devrions revenir septante fois sept fois Lui demander pardon ?

Pour échapper au piège du découragement, souviens-toi, mon frère, que l'union avec Christ dans laquelle la nouvelle naissance t'a introduit, subsiste à travers les altérations que le péché peut faire subir à la communion avec Lui. Tes chutes contristent l'Esprit de Dieu (Eph. 4 : 30); pour un moment, le cep ne peut plus librement épancher sa sève dans le sarment; mais, au fond, tu restes uni au cep, tu ne cesses pas d'appartenir au Seigneur; Lui te reste fidèle. Pour te relever plus promptement, reviens à Lui au nom de son alliance, et tout en t'humiliant profondément de ta faute, ne crois pourtant pas que tout soit à recommencer. « Dieu ne se repent pas de ses dons et de son appel ».

D'autre part, si nous devons compter sur le pardon de Dieu, ne nous contentons jamais d'un pardon qui ne serait pas suivi d'une purification dit coeur. « Si nous confessons nos péchés », dit l'apôtre Jean (1 épître 1 : 9), « Il est fidèle et juste pour nous pardonner nos péchés et nous purifier de toute injustice ». Aussi longtemps qu'il n'y a pas purification et que la plaie n'est pas nettoyée, les mêmes péchés se renouvellent continuellement, et la conséquence directe en sera que notre vie spirituelle déclinera, qu'elle sera frappée de langueur et peut-être bientôt de paralysie. Notre coeur sera toujours moins sensible pour les influences subtiles de la grâce de Dieu, pour la discipline de son Esprit, pour les manifestations de sa sainteté et de son amour. Les mauvaises dispositions, « l'injustice », dont nous n'avons pas été purifiés, gagneront du terrain dans notre coeur et nous rendront, moralement parlant, infirmes et impuissants.

Il ne peut pas en être autrement, car un pardon qui n'est pas suivi de purification ne saurait nous ramener dans des relations vraiment filiales avec notre Dieu et nous replacer à l'ombre de sa grâce. Pour que Dieu puisse non-seulement nous pardonner, mais « nous purifier de toute injustice », il faut que « nous confessions nos péchés ».

Cette confession ne doit pas être faite à la hâte et à la légère. D'abord, ayons soin de dire à notre Dieu tout ce que nous avons à Lui dire, et de Lui nommer les choses par leur nom. Ensuite, tenons-nous tranquilles pour écouter Dieu. Pour que notre confession soit bénie, il faut que Dieu puisse en prendre occasion pour nous parler à son tour, pour nous dire tout ce qu'Il a sur le coeur. Nos fautes et nos péchés ne sont jamais accidentels; ils ont leur raison d'être et leur source dans quelque déviation ou quelque obscurcissement intérieurs. Ils proviennent d'un coeur qui n'est pas resté dans la lumière de la présence de Dieu et dans l'amour, dans une attitude de simplicité, de vérité et d'humilité. Or, le Seigneur seul connaît nos coeurs. Lui seul peut nous dire l'histoire d'un péché, nous révéler les causes secrètes qui ont amené telle transgression ou infidélité, tel mouvement de péché intérieur. Lui seul peut nous juger. Il faut donc nous tenir devant Dieu jusqu'à ce qu'Il ait tout mis à découvert, jusqu'à ce qu'Il ait pu nous manifester toutes choses, telles qu'elles sont dans la lumière de son regard.

Quand nous nous laissons reprendre, juger et humilier par notre Dieu, Il nous guérit et nous relève. Tout ce que son regard atteint, il le consume; partout où il pénètre, il porte, avec la lumière, la délivrance et la liberté (Jean 8 : 32).

C'est ainsi que la confession des péchés amène la purification à travers le jugement, et c'est ainsi que celui qui sait céder à Dieu la parole, est non-seulement relevé de sa chute, mais porté dans une atmosphère plus pure; il se trouvera plus près de Dieu qu'il ne l'était auparavant.

Si le péché qui n'est suivi que de pardon, ouvre la porte plus grande à une rechute, le jugement, au contraire, la purification et le renouvellement intérieurs quand ils accompagnent le pardon, élèvent une barrière entre nous et le mal, creusent l'abîme entre nous et notre passé; un retour au même péché deviendra de plus en plus moralement impossible. En marchant fidèlement dans cette voie, vous ferez bientôt l'expérience que la grâce affranchit du péché; vous connaîtrez la vertu de la mort et de la résurrection de Jésus-Christ.

En terminant, nous rappelons la vocation et la tâche que Dieu a données à ses enfants. Nous sommes dans ce monde pour porter des fruits pour Dieu (Jean 15 : 8), nous sommes appelés à Le servir. Nous ne pouvons soustraire nos membres au service du péché (Rom. 6 : 13), qu'en les consacrant au service du Seigneur; nous ne pouvons être gardés du péché qu'en nous dépensant pour notre Maître. Quand Dieu a fait de nous de nouvelles créatures, c'était afin que nous marchions dans les bonnes oeuvres qu'Il a préparées pour nous. Quand Il a fait de nous des sarments de Jésus-Christ, c'était pour que nous portions des fruits à la gloire du Père, par la puissance d'une sève nouvelle. Une des lois fondamentales du monde spirituel, c'est qu'on ne trouve sa vie qu'en la perdant. Si donc nous cherchons le secret de demeurer en Jésus et en communion avec Dieu ; si, selon sa promesse, nous attendons de notre Berger la vie, et la vie en abondance, laissons de côté toute préoccupation égoïste, même celle de jouir de Lui, pour entrer résolument dans la voie d'un service désintéressé. C'est à ses amis que le Seigneur se fait connaître; or, Le connaître, c'est la vie éternelle, et ses amis sont ceux qui font tout ce qu'Il leur commande (Jean 15 : 14). - On le voit, la vie de la foi exclut le mysticisme aussi bien que le quiétisme.

Quand le Seigneur rachète un pêcheur, Il l'adopte et lui donne un héritage avec tous les saints. Il lui assure ainsi une part si grande et un lot si riche que ses intérêts personnels sont désormais hors de cause et qu'il peut être tout entier aux intérêts de son Maître. Celui qui a compris et accepté cette position, ne demande plus qu'une seule chose, c'est que le Seigneur se serve de lui, comme Il voudra et quand Il voudra. Il ne songe plus à choisir son champ de travail. Sans consulter ses goûts, sans donner carrière à son imagination, il s'acquitte courageusement et humblement des devoirs qui sont placés devant lui.

Ce qui donne à une tâche sa beauté et sa grandeur, n'est-ce pas de l'accomplir pour la gloire de Dieu, et pour l'amour de Christ? La seule chose que Dieu demande à un administrateur, n'est-ce pas qu'il soit trouvé fidèle ? (1 Cor. 4 : 2.)

Le juste, en vivant de foi, travaille aussi par la foi. S'il a appris à suivre Jésus de près et sans hésitation, il apprend aussi à ne plus Le devancer, se laissant d'abord former pour l'oeuvre que Dieu lui a préparée. Ce qui caractérise le vrai serviteur, c'est autant la patience que le zèle. Dieu ne veut pas que les arbres qu'il a plantés portent des fruits mai mûrs, ou qu'ils dépérissent sous le poids de fruits qu'ils ne sont pas encore en âge de porter. Dans le royaume de Dieu, les fruits ne doivent pas épuiser, mais nourrir la sève de l'arbre. Ce n'est pas seulement pour ses besoins temporels, c'est aussi pour sa vie spirituelle que l'ouvrier doit vivre de son ministère et en recueillir, le premier, les fruits.

Quant aux fruits que nous avons à porter, il en est un qui renferme tous les autres, c'est l'amour, « Par le Saint-Esprit, l'amour de Dieu est répandu dans les coeurs » de ceux qui se livrent à Lui. Animés de l'amour dont Christ nous a aimés (2 Cor. 5: 14), et animés d'amour pour Christ (Jean 21 : 15), nous pourrons paître ses agneaux, soigner les petits et porter, en véritables sacrificateurs, les fardeaux de nos frères (Gal. 6 : 2). Nous pourrons, pour notre faible part, mais dans le sens le plus divin du moi, contribuer à reconstituer l'Église, nous enquérant de toutes les jeunes plantes qui naissent autour de nous et que nous sommes à portée de suivre. Nous entourerons ces nouveaux-nés de soins d'autant plus fidèles que nous ne pouvons pas encore leur offrir une vie de famille. - À côté de l'amour pour les membres du corps de Christ, se développera dans notre coeur l'amour pour ce qui est encore perdu, un amour actif, intelligent et fécond. L'Esprit prenant possession de nous à mesure que le péché se retire, nous ne sommes plus réduits à nos pensées et à nos efforts pour amener les âmes au Sauveur. Notre témoignage sera puissant de la puissance de Dieu.

Si une guerre à outrance doit être faite au péché, c'est, avant tout, pour que Jésus ait de nouveau un peuple saint, c'est-à-dire un peuple à Lui, qui puisse Le proclamer en proclamant ses vertus; c'est pour que Jésus retrouve son église, une église une, dont le témoignage révèle au monde le Père, et avec le Père la mission divine du Fils.

Qu'il nous soit permis de reprendre ici le voeu par lequel Adolphe Monod terminait une série de discours destinés au rassemblement des enfants de Dieu :

« Puisse la voix de Dieu même parler au coeur de ses enfants, et au jour que le Seigneur rassemblera son armée, - et ce jour n'est-il pas venu ? - puisse son peuple se lever comme «, un peuple de franche « volonté, paré de sainteté, » et « sa vaillante jeunesse se présenter à Lui comme une rosée sortant « du sein de l'aurore ».

À Celui qui nous a aimés et nous a lavés de nos péchés par son sang, et qui nous a faits rois et sacrificateurs à son Dieu et Père, à Lui la gloire et le pouvoir aux siècles des siècles, amen! (Apoc. 1 : 5, 6.)



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