Par plusieurs de ses discours, Ezéchiel est très proche de nous. Ses textes reviennent souvent dans la prédication de certains hommes de Dieu.

Sa vie nous est connue sur une période de 23 ans. Jeune homme, il est emmené captif en Babylonie. Toute son activité se déroule au milieu des exilés, mais son regard est constamment tourné vers Jérusalem.

I. Les exilés de Tel Abib (1).

Suivant la coutume des conquérants orientaux, - renouvelée dans les temps modernes, - l'élite du peuple d'Israël avait été emmenée en captivité.
L'état d'esprit des exilés est dépeint au Ps. 137: «Sur les bords des fleuves de Babylone, nous étions assis et nous pleurions».
Peu à peu, cependant, sous l'influence des Babyloniens, le peuple se laissa corrompre, adoptant les idoles et la vie dissolue de ses vainqueurs.
C'est alors que surgit Ézéchiel.

Il. La vocation du prophète.

Nous sommes à Tel-Abib. C'est la cinquième année de la captivité. Tandis qu'Ézéchiel, fils de Buzi, le prêtre, se trouvait près du fleuve du Kébar, les cieux s'ouvrirent et il eut des visions divines (2).
Devant lui se déroule la vision grandiose et terrifiante de la majesté divine. Le trône de Dieu lui apparaît, entouré de quatre animaux, de roues immenses, garnies d'yeux tout autour. Au-dessus du trône, tel un arc dans la nue, resplendit une éclatante figure d'homme. Le jeune exilé tombe sur sa face et entend retentir l'appel: «Fils de l'homme, je t'envoie vers les enfants d'Israël, vers ces peuples rebelles qui se sont révoltés contre moi ».
Rien de plus dramatique que cette vocation: «Je t'établis comme sentinelle sur la maison d'Israël. Quand je dis au méchant: tu mourras, si tu ne l'avertis pas, je te redemanderai son sang ».
Le jeune homme se débat mais en vain. «J'allais irrité et furieux, et la main de l'Éternel agissait sur moi avec puissance » (chap. 1 à 3).

III. Le livre d'Ézéchiel.

Il se divise en deux parties égales:

1. Chap. 1-24. Avant la ruine de Jérusalem. Le peuple gardait des espérances trompeuses; «Bientôt nous retournerons, nous trafiquerons, tout sera oublié ! » - Ézéchiel les détrompe: « Vous ne retournerez pas, Jérusalem est coupable, elle sera détruite ». Il dénonce tour à tour les anciens: un trou dans le mur dévoile les abominations qu'ils commettent (chap. 8); les faux prophètes, ingénieux dans l'usage des voiles et des coussinets (chap. 13); la ville de Jérusalem qu'il compare à une prostituée (ch. 16); le roi et le peuple également responsables. - Au chap. 24, la ville est détruite. (Année 586 av. J.-C.).
2. Chap. 25-48. Après la ruine de Jérusalem. Jérusalem est jugée. Il ne faut pas désespérer. Les nations voisines vont être châtiées à leur tour. Le peuple doit reprendre courage.

IV. Le message d'Ézéchiel.

Il est simple, pratique, concret. Son livre renferme d'admirables chapitres qu'on ne saurait trop méditer.

Chap. 1. La vision de la gloire de l'Éternel. » 2 et 3. La vocation du prophète.

Chap. 18. L'appel à la conversion (v. 19-32). » 33. Le devoir des sentinelles.

Chap. 34. Les brebis perdues.

Chap. 36. La prédication du coeur nouveau. » 37. La vision des os secs.

Chap.47. Le torrent de la grâce.

V. Caractère d'Ézéchiel.

Nature consciencieuse et positive, Ézéchiel aime l'ordre et la régularité. Caractère timoré, il doit, malgré lui, insister en temps et hors de temps. - Il ne peut se contenter d'être un chantre agréable. Il veut être une sentinelle, toujours prête à avertir son peuple (chap. 33).

Dieu lui prescrit des actes symboliques qui lui permettent d'agir, même sans parole:
- la brique - la posture sur le côté - la chevelure - les effets de voyage (chap. 4).

VI. Sa théologie.

Ézéchiel, qui fut probablement prêtre des exilés, passe pour avoir été le créateur du judaïsme postexilique. On a remarqué l'importance qu'il accorde aux prêtres et au temple, et son attachement à la loi (ch. 18). - Il n'en est pas moins un prédicateur évangélique puissant dont le message ne saurait être médité avec assez de soin. Il est par excellence l'inspirateur de la cure d'âme.

1. Ce livre est d'une saisissante majesté. Il faut le lire à la clarté de cette parole du début : « Dieu révèle ce qui est profond et caché, il connaît ce qui est dans les ténèbres » (3).

Plusieurs théologiens ont trouvé dans ce livre de telles précisions au sujet d'Antiochus Épiphane, roi de Syrie, le terrible persécuteur des Juifs (175-164 av. J. -C.), - notamment au chapitre 8, - qu'ils ont fixé au 2me siècle av. J. -C. la rédaction de cet ouvrage. Le contexte, en effet, semble leur donner raison.
Mais il faut considérer qu'on trouve dans ce livre des précisions plus lointaines encore et tout aussi surprenantes. Daniel, contemporain de Nébucadnetsar (605-562), de Cyrus (538-529) et de Darius, monté sur le trône en 521, embrasse la succession des empires. Il entrevoit la venue et la mort du Messie (4). Plus que cela, le champ de sa vision s'étend jusqu'au jugement dernier, au règne des saints et à la victoire finale de celui qui arrive sur les nuées du ciel (5). Les guerres qu'il prophétise se déroulent même sous nos yeux et n'ont pas eu encore leur pleine réalisation (6).
Daniel est le grand visionnaire de l'Ancien Testament. Son livre va rejoindre l'Apocalypse qui prolonge et développe la vision de ce grand inspiré.

2. La figure de Daniel est belle entre toutes. Issu d'une famille illustre, beau de figure, doué de sagesse et d'intelligence (7), il est déporté à Babylone dans sa jeunesse, en l'an 606, et élevé à la cour du roi.

Sa conduite est irréprochable. Dès son arrivée, il prend la résolution de ne pas se souiller. Animé d'une piété profonde, il cherche l'inspiration dans la prière (8).

Avec un courage héroïque, il refuse de se prosterner devant la statue d'or (9). Ses ennemis et ses rivaux ne trouvent ni faute, ni rien à reprendre dans sa conduite, sinon dans la loi de son Dieu (10). Témoin sans peur et sans reproche, il ne redoute ni la fournaise ardente, ni la fosse aux lions et peut prononcer ces paroles admirables : « Mon Dieu a envoyé son ange et fermé la gueule des lions. C'est lui qui délivre et qui sauve ». (11).

3. Les fonctions de Daniel s'exercent dans trois royaumes : Babylonie, Médie, Perse et sous quatre rois.

Sous Nébucadnetsar, il devient gouverneur de la province de Babylone (ch. 2). Belsatsar, son fils, l'appelle pour obtenir de lui la clé des mots écrits sur la muraille. Darius le Mède en fait un des trois gouverneurs établis sur les 120 provinces de son empire. Enfin, sous le règne de Cyrus (538-529), il voit de ses yeux le début du retour de la captivité, tout en restant lui-même à la cour des monarques persans. Il mourut, dit-on, vers l'âge de 90 ans, et l'on montre encore à Suze un tombeau de Daniel.

4. Le livre de Daniel est écrit en deux langues, hébreu et araméen (12)

La 1re partie est historique (chap. 1 (5) -6). C'est ici que l'on trouve ces récits et ces visions que tout le monde connaît : Chap. 1. Jeunesse de Daniel. - Ch. 2. Songe de Nébucadnetsar. La grande statue. - Ch. 3. La fournaise ardente. - Ch. 4. La vision du grand arbre. - Ch. 5. Le festin de Belsatsar (13). - Ch. 6. Daniel dans la fosse aux lions.

La 2me partie est prophétique (chap. 7 (10) - (11) 12). On l'a appelée l'Apocalypse de l'Ancien Testament. Essayons d'en retenir les données principales :
Chap. 7. Vision des 4 monarchies : La grande statue.

Rappelons d'abord l'interprétation historique conformément aux données traditionnelles :

- La tête d'or (= le lion) représente Babylone.

- La poitrine d'argent (= l'ours) représente l'Empire médo-perse.

- Le ventre d'airain (= le léopard) représente l'Empire macédo-perse.

- Les jambes (= le dragon) représente l'Empire romain.

Chap. 8. Vision du bélier médo-perse et du bouc macédonien.

- La grande corne = Alexandre le Grand, 8. 5.

- Les quatre cornes = les successeurs d'Alexandre, 8. 22.

- La petite corne qui fait la guerre à Dieu représente tour à tour Antiochus Épiphane, puis l'Antéchrist, puis l'Homme de péché qui surgit d'époque en époque, jusqu'à la fin des temps (8.9).

Chap. 9. Vision des 70 semaines (14)
Chap. 10 - 11. Les souffrances d'Israël.
Chap. 12. La fin des temps et la résurrection des justes.

5. Outre l'interprétation historique, les visions de Daniel comportent une interprétation spirituelle.

Ainsi que le dit le professeur Luthi, « celui qui pense jouer avec de la lave refroidie, s'apercevra qu'il joue avec le feu. Il ne s'agit pas d'un volcan éteint, mais d'un volcan en éruption.

- » L'histoire de Nébucadnetsar se renouvelle. Les Nébucadnetsar arpentent le monde et traversent les millénaires. Nébucadnetsar incarne l'esprit du siècle, non seulement de tel ou tel siècle. Il est en tout âge et en tout lieu l'esprit du monde, l'esprit de notre temps.

- » La statue d'or dépeint toutes les puissances politiques qui éclatent et se manifestent toujours à nouveau. Les cornes sont le symbole de la force. Les peuples du monde entier se tiennent, aujourd'hui, sous le signe de la corne.

- » La petite pierre qui se détache sans le secours d'aucune main fraie la route à la domination universelle de Dieu. Jésus-Christ est la pierre de l'angle. Son royaume est la montagne qui remplit toute la terre. » (15)

- Ce qui apparaît encore dans Daniel, c'est la place admirable qui est réservée au peuple fidèle.

Après le règne des hommes et la succession des empires, apparaîtra le règne de Christ et celui des saints. « Le règne, la domination et la grandeur de tous les royaumes qui sont sous les cieux seront donnés au peuple des saints du Très-Haut » (7. 27).
Et le livre aboutit à cette conclusion solennelle : « Ceux qui dorment dans la poussière de la terre se réveilleront : les uns pour la vie éternelle, les autres pour l'opprobre et la honte éternelles. Ceux qui auront été intelligents (- assez intelligents pour s'humilier, se séparer du mal et s'unir à Jésus-Christ -), brilleront comme la splendeur du ciel, et ceux qui auront annoncé la justice à la multitude brilleront comme les étoiles à toujours et à perpétuité » (Dan. 12. 2, 3).

6. Citons quelques grands textes à retenir :

4. 27. Rachète tes péchés par des bienfaits...

5. 27. Tu as été pesé dans la balance et...

Ch. 9. La prière de Daniel.

10. 19. Ne crains rien, homme bien-aimé, courage !

12. 12. Toi, marche vers ta fin ; tu te reposeras et tu seras debout pour ton héritage à la fin des jours.