On a dit de l'Ecclésiaste, c'est l'oeuvre de la vieillesse du roi Salomon, du livre des Proverbes, c'est le produit de l'âge mûr, du Cantique des Cantiques, le fruit de la jeunesse du roi.

Ce petit livre a donné lieu à des discussions infinies. Les uns veulent s'en tenir au sens littéral, tandis que d'autres ne retiennent que le sens allégorique.

1. Chose étrange, c'est le sens littéral qui soulève le plus de difficultés.
- Ou bien on y voit une collection de chants nuptiaux célébrant le véritable amour conjugal, l'amour du fiancé pour sa fiancée ou de l'époux pour son épouse. Mais on demeure surpris, presque offusqué, de certaines expressions de cet amour.

- Ou bien, avec d'autres on y cherche les éléments d'une idylle champêtre. Une bergère, la Sulamithe, est emmenée dans le harem du roi Salomon. Les femmes de la cour célèbrent les charmes du monarque. Le roi lui-même intervient et cherche à persuader la bergère. Mais elle résiste à toutes les sollicitations et demeure fidèle à son berger qu'elle finit par épouser.
Poème charmant dont il est bien difficile de retrouver la trame dans le contexte.

2. Les difficultés s'effacent dès qu'on s'en tient au sens allégorique.
Les Pères de l'Église, Thomas d'Aquin, saint Bernard, ne veulent y voir autre chose que la description de l'amour de Christ pour son église.
Telle fut l'opinion des rabbins qui l'admirent dans le canon de l'Ancien Testament, 250 ans déjà avant J.-C., mais n'en autorisaient la lecture qu'à partir de l'âge de 30 ans. Ils y voyaient un symbole de l'amour de Dieu pour son peuple d'Israël.
C'est dans ce sens-là qu'il faut, pensons-nous, chercher à comprendre le Cantique des Cantiques.

Tandis que dans l'Ecclésiaste, l'auteur ne cesse de proclamer la vanité de la créature et l'insuffisance des biens terrestres, le Cantique célèbre la « satisfaction parfaite que l'âme trouve dans le Bien-Aimé».
Dès qu'on leur accorde un sens mystique, les termes du poème deviennent lumineux. Ils dévoilent l'union complète que trouve le vrai fidèle dans la communion de son époux.
- Toutes les expressions relatives à l'époux divin s'illuminent d'une clarté sublime.
« Il est le lys des vallées, le lys au milieu des épines. Son nom est un parfum. Il se distingue entre dix mille. Sa tête est de l'or pur, toute sa personne est pleine de charme. Il est l'ami que le coeur aime, le Bien-Aimé.»

- L'épouse qui proclame: «je suis noire, mais je suis belle comme les tentes de Kébar», dévoile la misère de son origine. Sa justice est comme un vêtement souillé. Mais revêtue de la robe de justice, elle acquiert une beauté parfaite, et le fiancé peut dire: « Il n'y a point de défaut en toi, tu me ravis le coeur, ma soeur, ma fiancée. Tes parfums sont plus suaves que les aromates. Tu es la plus belle des femmes.»

- L'union des époux est parfaite. La fiancée Peut dire: «J'ai ouvert à mon bien-aimé. Mon bien-aimé est à moi et je suis à mon bien-aimé. L'amour est fort comme la mort. Les grandes eaux ne peuvent éteindre l'amour.»

- Peu à peu, les détails se dessinent. Le berger que l'on cherche et que l'on ne trouve pas indique la distance qui, malgré tout, subsiste entre l'âme et son Sauveur tant que nous sommes sur cette terre.
Mais les beaux jours sont en avant, et le croyant qui se prépare à célébrer ses noces avec l'époux divin peut s'écrier: «Voici l'hiver est passé, la pluie a cessé. Le temps de chanter est arrivé» (2. 11).

- Quelque intérêt que l'on porte à l'interprétation allégorique du Cantique des Cantiques, il n'est pas douteux que beaucoup de termes de ce livre s'appliquent aussi à l'amour pur et idéal du fiancé pour sa fiancée et de l'époux pour son épouse.

1. D'après une tradition juive, Esaïe serait de race royale, étant le fils d'Amots, frère du roi Amatsia.
Tandis que Michée, son contemporain, fut le prophète des champs, Esaïe vécut à Jérusalem où il avait ses entrées à la cour. Il vécut sous quatre rois, Ozias, Jotham, Achaz et Ézéchias.
D'après la tradition, il mourut fort âgé, au cours d'une persécution, scié dans le tronc creux d'un cèdre.

Esaïe est le grand prophète classique d'Israël. «Il est le Moïse de sa génération», et l'on a pu à cause de lui, nommer le 8me siècle, le siècle d'Esaïe.

- Au point de vue prophétique, nous touchons avec lui au point culminant de l'inspiration.

- Au point de vue littéraire, le livre tout entier est d'une grande beauté. Le style en est magnifique, limpide, puissant comme un fleuve.

- Au point de vue spirituel, peu de livres de l'Écriture sont aussi bienfaisants pour l'âme, aussi réconfortants dans les heures douloureuses.

2. La difficulté de ce livre provient du fait que dans la première partie (1-39), il est question de quatre rois qui vécurent entre 750 et 700 av. J.-C.

Dès le chap. 40, la situation est différente. Le peuple est en captivité à Babylone. Jérusalem est en ruines (1). Nébucadnetsar est mort. Cyrus paraît à l'horizon (2). (An 538.)
Il y a donc 200 ans entre le premier et le second Esaïe. Cyrus est appelé par son nom, comme si Voltaire, dans un de ses livres, faisait figurer Hitler, en le nommant.

Les chapitres 56 (60) à (61) 66 semblent même nous transporter au retour de l'exil, au temps de la reconstruction des murailles.
On en a conclu qu'il y avait deux Esaïe, et même trois. Mais on n'arrive pas à découvrir quel serait le grand anonyme auquel il faut attribuer les plus beaux chapitres de l'Ancien Testament.
La difficulté pourrait s'aplanir en dissociant les chapitres proprement historiques des chapitres prophétiques.

Esaïe, prophète du 8me siècle, aurait eu la vision de la captivité et du retour des exilés (6me siècle), comme il a eu la vision plus lointaine des souffrances du Messie (Es. 53) et de son règne glorieux .
C'était l'opinion de l'ancienne Synagogue qui n'a jamais douté qu'Esaïe ne fût l'auteur de l'ouvrage entier.

3. Plan d'Esaïe. Pour plus de clarté, nous diviserons l'ouvrage d'Esaïe en trois parties

I. Chap. 1 à 39. La personnalité d'Esaïe.
Nous trouvons dans ces chapitres plusieurs renseignements relatifs à la vie du prophète.

- Chap. 6. L'admirable récit de sa vocation.

- Chap. 7. Rencontre d'Esaïe avec le roi Achaz.

- Chap. 36 et 38. Entretiens du prophète avec le roi Ézéchias, dont il est le conseiller et le principal soutien.

- Chap. 39. Ambassade du roi de Babylone,

Il. Chap. 40 à 55. L'hymne messianique auquel on a donné le nom de «Second Esaïe».
Nous touchons ici au coeur du livre et de la prophétie. Chaque chapitre nous apporte les plus précieuses promesses. Jamais la langue d'Israël n'a atteint un pareil sommet.
Le chapitre 53 renferme un tableau si complet de la personne et de l'oeuvre du Messie, de son abaissement et de son élévation, qu'on a pu l'appeler «le cinquième évangile».Ces chapitres s'appliquent tout spécialement au peuple d'Israël, à la fin de la captivité. (Voyez 40.1,2.)

III. Chap. 56 (60) à (61) 66. Après le retour de la captivité.
Le prophète s'adresse au peuple de Jérusalem revenu de l'exil. Il dénonce les crimes du peuple (ch. 57 et 59), recommande le vrai jeûne (ch. 58) et proclame la restauration de la ville sainte (ch. 60 et 62), l'évangélisation du monde (ch. 61) et le triomphe final de l'Éternel (65. 17-25).

4. Une façon intéressante d'étudier Esaïe est d'y rechercher une série de petits traités.

- La vraie et la fausse repentance (chap. 1. 55 et 58).

- Le règne du Messie (Millénium), 2.1-4; 11. 6-9; 65.17-25.

- Les sources du salut, chap. 12.

- La chute du tyran, 14.4-21.

- La 1re Apocalypse (chap. 24 (25) à (26) 28):

- Chap. 24, Le jugement universel.

- Chap. 25 et 26, Cantique des rachetés.

- Chap. 27 et 28, Le triomphe final du peuple de Dieu.

- Le désert fleurira comme la rose, ch. 35.

- Le serviteur de l'Éternel, ch. 49 (50) à (51) 53.

- La restauration (49.8-23 et 60).

- Le relèvement des ruines (ch. 51 et 61).

- Le Messie et la Croix (ch. 53).

- L'amour de Dieu (54). L'appel au salut (55).

- Le vrai jeûne, ch. 58, etc.

5. Quelques textes célèbres d'Esaïe:

1. 18 Quand vos péchés seraient rouges comme le cramoisi...

2.4 Une nation ne tirera plus l'épée contre une autre.

8.20 A la loi et au témoignage!

21.11 Sentinelle, qu'en est-elle de la nuit?

40.31 Ceux qui se confient en l'Eternel...

44.22 J'efface tes transgressions comme un nuage.

53.5 Il a été blessé pour nos péchés...

54.10 Quand les montagnes s'éloigneraient...

55.1 Vous tous qui avez soif, venez aux eaux

6. Aux âmes inquiètes, nous recommandons

La lecture d'Esaïe 40 à 66, à raison d'un chapitre par jour, en soulignant les beaux versets. Il n'est pas de lecture plus salutaire et plus réconfortante.

Tandis qu'Esaïe fut un maître écouté, Jérémie fut un prophète martyr. Il eut à endurer des souffrances douloureuses et passa pour traître à sa patrie.

I. L'homme.

- Timide et hésitant, il eut à lutter contre lui-même dès son premier appel: «Ah! Seigneur Éternel, s'écrie-t-il, je ne sais point parler, car je suis un enfant».

- C'est un coeur ardent et sensible qui souffre douloureusement. «Mes entrailles, mes entrailles, s'écrie-t-il, le coeur me bat, je ne puis me taire (3). Je voudrais soulager ma douleur (4). Oh! si ma tête était remplie d'eau, je pleurerais nuit et jour (5) ».

- Il a des doutes, parfois des murmures. «Pourquoi ma souffrance est-elle continuelle? Serais-tu pour moi une source trompeuse? (6) Maudit soit le jour où je suis né, le jour où ma mère m'a enfanté (7). »

- Il est en butte à de rudes combats. «Tout le monde se moque de moi. Si je dis: je ne ferai plus mention de lui, il y a dans mon coeur comme un feu dévorant. » Mais il a aussi ses victoires et peut s'écrier: « L'Éternel est avec moi comme un héros puissant (8) ».

Il. Sa vie.

Jérémie n'est ni un homme de cour comme Esaïe, ni un berger comme Amos. Il est prêtre régulier. Son village, Anathot, est situé à 6 kil. au nord de Jérusalem.

- Sa vocation est à la fois touchante et dramatique (chap. 1).

- Les gens d'Anathot forment un complot contre leur prêtre.

- Il se rend à Jérusalem où il prophétise une captivité de 70 ans (9), et conseille la soumission au roi de Babylone (10). Qualifié de traître, il est jeté en prison (11), puis dans une citerne boueuse (12). Enfin, il est emmené en Égypte (13) où, d'après la tradition, il mourut martyr.

III. Son message.

Nul prophète n'a vécu plus près de son peuple. Patriote ardent, il est mêlé de près à tous les événements contemporains. Toute l'histoire de son temps se reflète dans ses écrits.

- Au point de vue politique, il recommande la soumission. La captivité est un jugement de Dieu. Il faut l'accepter, se soumettre. Cette attitude lui vaut les pires injures et la prison.

- Au point de vue religieux, il dénonce avec un grand courage l'impiété de ses contemporains. Il leur reproche leur injustice (14), leur formalisme (15), leur endurcissement. « Ils prennent un visage plus dur que le roc, s'écrie-t-il, ils refusent de se convertir (16). » Mais il les appelle aussi avec amour à revenir à Dieu et à se convertir (17).

- Au point de vue prophétique, il annonce le retour de la captivité. Elle ne durera que 70 ans (18). Babylone sera châtiée (19). Israël reviendra dans son pays (20) et il confirme sa foi en achetant un champ à Anathot (21).

IV. Son livre.

Dicté à Baruch, déchiré et brûlé par le roi, le livre est à nouveau dicté par Jérémie à son secrétaire (chap. 36).
- On peut diviser cet ouvrage comme suit:

1. Chap. 1 à 20. Sommaire des discours de Jérémie. Après le récit de sa vocation, il nous donne un écho de sa prédication.

2. Chap. 21 à 29. Paroles prophétiques. Jérusalem sera prise, le peuple emmené en captivité. La ville sera détruite.

3. Chap. 30 à 33. L'avenir messianique. Admirables chapitres qui proclament l'amour de Dieu pour son peuple et son alliance éternelle.

4. Chap. 34 à 45. Partie historique et prophéties contre les peuples païens.

V. Actualité de Jérémie.

Le message de Jérémie demeure d'une telle actualité qu'il semble écrit pour notre temps. Relevons notamment: - Aux rétrogrades (ch.2). - Reviens infidèle Israël (3.12-13, et 4.1-4). - L'endurcissement (ch. 5). - Les anciens sentiers (6.16). - Le formalisme (ch. 7). - Les pourquoi? (9.11-13). - Le secret de la guérison (15.18-20). - L'amour de Dieu, l'un des plus beaux chapitres de la Bible (ch. 31). - La guérison et la santé (ch. 33).

Les Lamentations expriment en un langage intense, passionné, la douleur du prophète en face des désastres de sa patrie, mais aussi l'humiliation profonde qu'il ressent en face des péchés qui ont attiré sur le peuple un tel jugement.

Le chapitre 3 demeure l'expression parfaite de la douleur, mais aussi de la soumission et de l'espérance.

Ce petit livre traduit en termes émouvants les souffrances des villes détruites, des pays ravagés, des populations captives, des familles dispersées. Beaucoup de nos contemporains accablés ont pu en faire leur livre de chevet.