Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE  (Jean 17.17)
Cela me suffit...
REGARD
Bibliothèque chrétienne online
EXAMINEZ toutes choses... RETENEZ CE QUI EST BON
- 1Thess. 5: 21 -
(Notre confession de foi: ici)
Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE
(Jean 17.17)
Cela me suffit...



Un Gagneur d'Âmes:
CÉSAR MALAN

DEUXIÈME PARTIE: L'ACTIVITÉ PUBLIQUE DE MALAN APRÈS 1830

CHAPITRE IX
CÉSAR MALAN ET LE PROBLÈME DE L'EGLISE

 Nous avons déjà constaté l'heureuse diversion qu'apportaient à son isolement les nombreuses missions que Malan fit à l'étranger. De même, l'exercice de son génial apostolat par la plume compensait, au retour, la tristesse d'une solitude toujours plus sensible. Ceci nous amène à considérer quelle position Malan prenait, vers la fin de sa vie, à l'égard des Églises.

Sa séparation de l'Église Nationale avait été un acte essentiellement religieux : ce fut le résultat direct du besoin qu'il avait de témoigner hautement de la foi de son coeur. Cette foi vivante le préserva, dans le ministère aux affirmations précises que lui imposa une opposition tenace, à la fois de l'étroitesse du coeur et de la sécheresse de l'âme. Ni orthodoxe mort, ni sectaire : l'Esprit le garda de ces deux écueils et le maintint dans un sain équilibre chrétien.

On n'est pas un orthodoxe mort quand on a pour les âmes cette passion que nous avons constatée chez César Malan.
On n'est pas un sectaire intraitable quand on maintient vivante et nette, bien au-dessus du fait humain et passager de l'Eglise visible, la vision céleste et éternelle de l'Eglise invisible. C'est en cette position constamment maintenue quant au problème de l'Eglise que se prouve la supériorité de pensées et la largeur de sentiments de Malan.

L'Eglise visible ne l'a jamais beaucoup préoccupé et l'on trouve, dans ses nombreux écrits, peu d'allusions à ce sujet : à peine un discours dans lequel il affirma publiquement (en 1843) l'indépendance essentielle de l'Eglise à l'endroit du pouvoir civil. Et même alors, était-il plus soucieux de préciser la liberté spirituelle du vrai croyant que les droits historiques d'une Église.

L'Oecuménisme de Malan
Au moment où venait de se constituer « l'Eglise libre d'Écosse », Malan fut invité en Écosse (1843). Il s'y borna à témoigner de sa sympathie pour tous les vrais fidèles sans distinction de parti et il déçut ainsi les amis qui désiraient le voir se ranger sous le drapeau spécial de l'Eglise libre. « Ma visite dans votre pays, écrivait-il à un ami, a été, bien que fort courte, pleine de consolation pour mon coeur. J'ai joui de la société de plusieurs ministres de Christ appartenant soit à l'Église officielle, soit à l'Eglise libre. J'ai donc réellement éprouvé qu'il n'y a point de division en Christ, et que c'est le même Esprit qui demeure le docteur et le consolateur de tous les serviteurs d'un même Sauveur. Si, ici et là, j'ai été le témoin de manifestations passagères de jugement et de blâme, j'ai cependant toujours vu la charité préférée à ce qui ne serait qu'une satisfaction personnelle, et les droits de Christ passer avant ceux de toute Eglise et de toute discipline spéciale. »

Et dans les pages où il résumait les prédications données au cours de ce voyage, Malan donnait sa pensée profonde : « Mon désir n'était pas tant de parler du pouvoir que notre Seigneur possède comme Roi de Son Eglise, que des droits qu'il a à l'obéissance de nous tous... ». « Même aux jours du Réveil en Suisse, plusieurs étaient animés de motifs charnels ! Tout en criant : liberté! séparation ! Eglise Libre ! ils ne savaient rien ni de cette conversion qui seule rend véritablement libre, ni de cette voix douce et subtile de l'Esprit qui est l'enseignement du Seigneur; aussi ont-ils été bientôt scandalisés... », « Il peut arriver, et cela arrive fréquemment, que nous nous trompions sur nos intentions et que, parce que notre coeur n'a pas été renouvelé, nous ne fassions, en confessant l'Évangile ou en prononçant des paroles de vérité et de tolérance, que satisfaire à un besoin intellectuel de notre esprit.

La marque d'un vrai Réveil: l'obéissance!
Mais suivre l'exemple de Christ, se tenir de son côté, en face du monde, en portant sa croix et en nous soumettant à l'opprobre. Ah ! chrétiens, là-dedans il n'y a pas de déception ! L'obéissance nous fait alors toucher à ce qui seul est réel, et notre souffrance est alors le garant de la vérité de notre dévouement... ». « Si du mysticisme, si une certaine sentimentalité religieuse est l'erreur à laquelle sont exposés les chrétiens en Allemagne, est-ce que l'orgueil de l'intelligence, la prétention de vouloir comprendre Dieu et ses mystères n'est pas celui qui menace les croyants en Écosse ? »

Ainsi, ce qui apparaît alors en Malan, c'est une décision absolue quant à la nécessité de la vie nouvelle du coeur; et une largeur et une tolérance entière pour les manifestations extérieures et passagères de cette vie. Et tout événement qui présagera des jours meilleurs pour la diffusion de la Bonne Nouvelle recueillera toujours chez lui une chaleureuse approbation et un généreux enthousiasme.

Le critère du problème ecclésiastique
Cependant, cet accueil, tout ardent qu'il fût, n'allait jamais au-delà de certaines limites que fixait la nature « de la doctrine, crue, professée et enseignée », seul élément qui lui servit de critère à l'égard d'une Église quelconque.

En cela il s'était distingué des premiers dissidents d'avant 1830. Ce motif seul l'empêcha, en 1849, de se réunir, lui et son Eglise, à l'Église nouvelle qui se forma alors à Genève par la fusion des deux congrégations dissidentes de l'Oratoire et de la Pélisserie (anciennement du Bourg-de-Four). Cette attitude lui valut les qualificatifs de « personnel, orgueilleux, étroit », et l'isola, plus que jamais, dans le petit monde religieux de Genève. Comment Malan renonça-t-il à une union qui semblait réaliser le rêve de sa vie entière ? Apprenons-le à travers une lettre écrite à l'une de ses filles aînées : « Genève, 24 février 1849: ...Tu me demandes quels sont les motifs qui m'ont, jusqu'à présent, empêché d'adhérer au plan de l'Eglise nouvelle, et je n'en connais aucun autre que la crainte que j'ai, en entrant dans cette fusion, de légitimer ce que je considère comme des erreurs. Voici toute ma pensée à cet égard :

On a coutume de distinguer, dans les vérités de la Parole, entre celles qui sont indispensables au salut, et que l'on nomme, pour cela, essentielles, et celles qui ne semblent pas s'y rapporter directement, et qu'on appelle secondaires.
Mais, parmi celles-ci, je pense qu'un ministre de la Vérité, chargé de garder le dépôt, et même d'enseigner l'observation des petits commandements (1 Tim. 6-20; Matth. 5-10), ne peut pas tracer de ligne absolue, et dire de tel ou tel point qu'il doit le laisser passer, vu que ce point-là est peut-être précisément celui qu'il doit maintenir dans un temps avec le plus de soin.

C'est pourquoi, si je sens mon coeur rempli de tolérance pour ceux de mes frères qui sont ou baptistes, ou chiliastes, ou telle autre chose de ce genre, et si, avec eux, je puis prier le Seigneur et prendre la Cène, je suis loin, comme ministre, d'acquiescer à leurs erreurs...

Fusion: confsusion. Union: communion.
Or, ma persuasion étant telle, je puis bien former, avec les diverses Églises fidèles, une union, et ainsi soutenir avec elles les relations vivantes et affectueuses de la foi au Sauveur et de la charité; mais je ne pourrais former avec ces Églises une fusion, un mélange, si je vois en elles les erreurs que j'ai indiquées, ou telle autre doctrine que j'estime opposée à la Vérité divine, comme aussi à la discipline. Je craindrais, en fondant ainsi le ministère de la Vérité pure avec de l'erreur, d'un côté d'altérer ce ministère, et de l'autre de fournir un appui, une apparence d'approbation à cette erreur.

« Certes, si dans le plan qui vient de s'accomplir il m'eût été possible de ne voir que la jalousie pour la Vérité, je me fusse hâté d'y adhérer, moi qui, tu le sais et tu l'as vu ! depuis plus de 25 années, n'ai eu toujours en vue que l'union des diverses Églises en une seule Eglise presbytérienne, et où les troupeaux, demeurés distincts, eussent conservé leur liberté respective et leur spécialité de marche, principalement quant à la discipline ecclésiastique. »

Après avoir dit combien, au point de vue de sa sphère d'action et même des relations sociales de lui et des siens, cette fusion « lui eût été profitable », il ajoute : « Mais qu'était tout cela, auprès de la fidélité à ce que j'ai cru, comme ministre, être de mon devoir ? Qu'étaient les avantages temporels et l'approbation de mes frères, au prix de la paix de ma conscience de serviteur devant mon Maître ?.., Tout ce qui est de moi est trop précaire pour que j'en eusse fait aucun cas; et de fait je n'y pensai jamais. Nul motif non plus, à moi connu du moins, n'est provenu de quelque amour-propre blessé, ou de quelque dignité méconnue. Je n'eus jamais ce sentiment-là !... Non ! chère fille, je n'ai eu aucun autre motif que celui que je t'ai exposé, et si Dieu me montrait que j'ai été outré en cela (ce que je ne puis supposer !), il me donnerait aussi la vue d'un devoir autre que celui que j'ai voulu remplir. Je suis son serviteur, et je ne veux faire que ce que le Seigneur me commandera.

« Tu peux comprendre tout ce que j'ai souffert, de toutes manières, au dehors et au-dedans.., Mon troupeau presque entier m'a abandonné, et de tous côtés il n'y a que plaintes et blâmes. Mais que puis-je faire pour empêcher ces maux, puisqu'il me serait impossible de varier en quoi que ce soit de ce que j'estime être le droit de Dieu? »

Ainsi, Malan entrevoyait une confédération d'éléments libres, dont chacun aurait conservé son individualité propre. Il exprimait sa pensée dans la formule : Fusion, confusion; union, communion. Lorsqu'en 1814, il fit, de lui-même, une démarche pour être admis dans « l'Eglise Évangélique », tout en conservant son caractère de pasteur des quelques âmes qui le suivaient encore, sa pensée ne fut pas mieux comprise qu'en 1849 et Malan resta à l'écart.

Son attitude lui valut, de plusieurs frères, le reproche d'indifférentisme ecclésiastique.

Malan et les querelles ecclésiastiques
Intransigeant quant à la pureté de la doctrine, Malan ne voulut jamais et ne crut jamais possible de lier l'action libre de l'Esprit divin à des institutions quelconques. De tout temps il n'avait attaché que peu d'importance aux luttes de parti autour des divisions ecclésiastiques. Et, à la fin de sa vie, il se réjouissait même d'avoir été « placé en dehors de tout cela ».

À un ami qui l'abandonnait parce qu'il avait accueilli chez lui, un professeur de l'Eglise établie d'Écosse, il écrivait : « J'ai toujours reçu à ma table, ainsi qu'à la table du Seigneur, tous les disciples de Jésus-Christ. Quelle que fût la forme d'Eglise à laquelle ils appartinssent, je leur « ai toujours témoigné mon estime et pion amour. Bien que je sois moi-même dissident par le fait, je suis loin de supposer que je ne possède des frères que dans une Église dissidente. Non, non ! le Seigneur Jésus n'a pas abandonné ses brebis, parce que le parc dans lequel elles paissent est sous le sceptre et la garde des puissants de ce monde.»

Malan et l'Eglise Nationale
Dans une brochure intitulée : « L'Eglise du Témoignage dans ses rapports de doctrine et de discipline avec l'ancienne Eglise de Genève », Malan fut amené, en 1855, il préciser sa position à l'égard de l'Eglise Nationale. Il y présentait sa petite Église « comme dissidente de fait, nais non pas séparatiste ». Sa seule raison d'être avait été et demeurait « la prédication de la doctrine orthodoxe des Églises Réformées et le maintien de leur ancienne discipline ».

Malan et les Confession de foi
Puisque nous venons de parler de doctrine et de discipline, il convient de citer ici l'opinion de Malan sur les Confessions de Foi, telle qu'elle ressort d'une de ses lettres (1862) : « Pour moi, j'ai toujours regardé les Confessions de Foi de l'Eglise de Christ, non pas sans doute comme des formules obligatoires et des règles de penser, de croire et de parler ; mais, telles qu'elles sont, comme de solennelles évidences de la croyance, et (en quelque sorte) comme ces indicateurs de routes, ces piliers qui sont placés à la divergence des chemins. Le poteau indicateur fit-il jamais la route ?... La science des sciences doit, elle aussi, cependant, dire et déclarer ce qu'elle est, non pas pour se constituer ce qu'elle est déjà, mais pour se faire connaître. - Ce qui assurément ne signifie pas que le ministre de Dieu soit assujetti à la forme prescrite à sa foi, mais bien que c'est à lui d'abord à ne pas présumer de lui-même, comme s'il était infaillible; puis à vérifier, pour sa propre âme, que la Confession de Foi de ses frères et de ses pères est bien ce que le Saint-Esprit révélé. »

Un désir inexaucé
Malan n'avait jamais cessé de nourrir le désir de remonter encore une fois, en vertu de son caractère de ministre du Saint Évangile, dans les chaires d'une Église qu'il ne cessa jamais d'aimer et qui lui avaient été interdites par le règlement de mai 1817. Ce règlement était tombé en désuétude, puis déclaré sans vigueur par l'Eglise officielle elle-même. Malan avait, depuis longtemps, conquis de nombreux amis dans les rangs du pastorat de Genève ; tous attendaient l'heure où l'indestructible désir de Malan serait enfin réalisé et où la qualité de ministre de l'Évangile lui serait reconnue de façon publique et officielle. C'était en 1859. « Je vois encore mon père, écrit C. Malan fils, au moment où je fus parvenu à le convaincre qu'il s'agissait d'une possibilité sérieuse. L'oeil du vieillard s'illumina soudain comme d'un éclair que voilèrent bientôt les marquas d'une émotion profonde. Après m'avoir regardé un instant en silence : « Serait-ce bien possible, s'écria tout à coup le vieux serviteur de l'ancienne Eglise de Genève, que je prêchasse encore une fois dans Saint-Pierre avant d'aller vers mon Dieu ! » Le Consistoire cependant, rejeta la requête qui lui fut présentée, demandant que Malan retirât la lettre par laquelle il avait déclaré lui-même, en 1823 « ne plus vouloir faire partie de l'Église Nationale ». L'ami qui avait fait la demande, n'insista plus et Malan regarda, peu à peu, l'affaire comme terminée. Ce ne fut que 2 ans plus tard, en 1861, que Malan écrivant à cet ami, résuma ainsi son opinion sur cette affaire : « Pour que je retire aujourd'hui ma déclaration du 14 août 1823, il faut, tout d'abord, que le Consistoire me fasse savoir qu'il a, lui, retiré la cause de ma sortie de l'Eglise Nationale de Genève. Ma protestation tombera d'elle-même, dés qu'aura cessé la cause de son existence. Qu'il plaise à Dieu d'opérer cette oeuvre !... Je l'attends avec le plus grand désir, en repoussant même la pensée que moi, ministre du Seigneur Jésus, je me sois retiré d'une Église fidèle au Fils de Dieu. »

Il était en effet évident que la lettre dont on lui demandait le retrait préalable avait été la conséquence forcée, mais non la cause, d'une interdiction des chaires qui avait précédé cette lettre de plus de 5 années.

Isolement irrémédiable
Ce grand acte de justice réparatrice ne fut pas accompli : l'isolement de Malan fut ainsi maintenu. Il devait recevoir de mains plus hautes la couronne de Justice que le SEIGNEUR réserve à ceux qui L'aiment sans faiblir.


Table des matières

Page suivante:
 

- haut de page -