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TA PAROLE EST LA VERITE  (Jean 17.17)
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Un Gagneur d'Âmes:
CÉSAR MALAN

DEUXIÈME PARTIE: L'ACTIVITÉ PUBLIQUE DE MALAN APRÈS 1830

CHAPITRE VIII
MALAN MISSIONNAIRE PAR LA PLUME

 Nous avons déjà souligné, en cours de route, toute la place que Malan laissa, dans son activité, à la publication d'ouvrages et traités que lui suggéraient les circonstances. C'était une partie importante de son apostolat qu'il confia ainsi à la plume de l'écrivain. En examinant la période de son ministère après 1830, nous devons relever deux voies différentes dans lesquelles s'exerça particulièrement cet apostolat : l'une clans la polémique protestante, l'autre dans la controverse romaine.

1° Polémique protestante

Ce qui, à cette époque, intéresse plus passionnément César Malan, ce sont les intérêts éternels, personnels des âmes. Il s'en préoccupe plus que des questions proprement ecclésiastiques; dans ces dernières, seules arrêtent son attention les manifestations qui touchent directement aux intérêts des âmes. Les «personnes » le touchent plus que les « institutions ».

C'est ainsi qu'il se réjouissait de discerner une évolution notable au sein de l'Eglise Nationale et la considérait comme une réponse à ses constantes et ferventes prières. Tout obstacle à ces changements salutaires suscitait aussitôt chez Malan les plus vives protestations.

Un écrit du Professeur Chenevière, paru en 1831, obligea Malan à descendre dans l'arène où il ne désirait nullement paraître « sauf sur l'initiative de Dieu ». Cet « Essai sur le Système théologique de la Trinité » où la nature de Jésus-Christ était ramenée aux proportions raisonnables d'un « être divin » par qualification plus que par nature, parut concrétiser les croyances de la Compagnie des pasteurs. La Société évangélique manifesta ses craintes en fondant son « École de Théologie ».
Malan protesta contre ce qui lui paraissait comme une « détestable production de l'Esprit des ténèbres » et en appela « au simple témoignage de la Parole de Dieu ».

Contre le rationalisme
Une première protestation prit la forme d'une brochure de quelques pages : « Aux familles genevoises qui recherchent avec sincérité, ou qui possèdent et aiment la vérité telle qu'elle est en Jésus. » Elle se compléta bientôt d'un volume de 200 pages, intitulé : « Jésus-Christ est l'Éternel Dieu manifesté en chair, première réponse à l'écrit de M. le Professeur Chenevière contre le Dieu des chrétiens, par César Malan, ministre de notre grand Dieu et Sauveur Jésus-Christ. » L'ouvrage eut, coup sur coup, 2 éditions.

Dans son bel ouvrage sur « Le Réveil Religieux n, le Doyen Maury écrivait : « Si l'on joint à ce traité de Malan une lettre de Gaussen sur la divinité de Jésus-Christ, on aura à peu près tout ce que le Réveil de Genève a produit de systématique sur la matière. »

Dans son introduction Malan signalait le danger de chercher « un nouveau sens » à la Parole de Dieu : « Soyez anciens dans vos principes, dans vos vues et dans vos sentiments ! Vous ne le serez jamais autant que la Parole ou que l'Esprit qui la révèle. Écoutez et lisez ce que Dieu prononce; et c'est assez si, soumis de coeur à ce Christ auquel toutes les Écritures rendent témoignage, vous n'attendez que du Saint-Esprit la manifestation à vos yeux de la Gloire de Celui qui seul est venu du Père. » Puis il soulignait « l'importance décisive d'une droite connaissance de la nature du Seigneur Jésus ». La Bible à la main, il examinait une à une ces quatre affirmations : « Jésus-Christ existe par Lui-même; Il possède la souveraine puissance ; l'adoration et la gloire n'appartiennent qu'à Dieu; Jésus-Christ les possède. » Le tout éclairé de quelques notes sur des passages relatifs à la divinité du Seigneur Jésus et à celle du Saint-Esprit.

Ce serait cependant errer gravement que de considérer cet Essai comme le fruit âpre d'un doctrinarisme sec et rabbinique ! Plus que l'élaboration d'une pensée il était l'explosion d'une vie religieuse montrant son centre et sa source. Dans « l'Adresse aux familles genevoises » qui accompagnait encore ce volume, ce sentiment se montrait à découvert : « Faites attention de quelle manière Christ vous est connu. Pour cela, ouvrez, lisez, sondez et étudiez cette Bible, qui ne vous enseignera que la vérité ! Ou bien Jésus-Christ est l'Éternel Dieu, et alors adorez-le comme tel et détestez les blasphèmes ! Ou bien il n'est qu'une créature, et, dans ce cas, qu'avez-vous à faire à le servir et à prendre son pain et sa coupe ? Car enfin c'est ici l'abrégé de toute discussion sur un tel sujet, et le résultat final de la recherche la plus attentive qu'on en puisse faire; ou bien le Sauveur de l'Eglise est le Créateur, Dieu, l'Éternel, ou bien il ne l'est pas; et cette alternative renferme deux croyances et deux religions aussi distinctes l'une de l'autre que le Créateur l'est de ses créatures.»

Ce n'était donc pas un tribut payé à une respectable et ancienne orthodoxie : c'était surtout une confession de sa foi au Sauveur de l'âme. Cet écrit produisit une vive sensation dans la Genève d'alors. « L'imprimerie où il paraissait, écrit un témoin oculaire, fut littéralement envahie par une foule de gens qui emportaient les feuilles encore humides et les lisaient dans la rue. »

Pour la défense du méthodisme
En 1835, Genève célébra, pour la troisième fois, le Jubilé centenaire de sa Réformation. Ce fut cette occasion que le Clergé officiel protestant choisit pour affirmer, d'une manière publique et presque officielle, son opposition au « Méthodisme », manifestation particulière du Réveil d'alors. On ouvrit donc entre les ecclésiastiques genevois un concours avec attribution de prix de mille florins (500 fr. environ), au meilleur mémoire sur les trois questions suivantes :

1 ° Quelles sont les causes qui ont amené le Méthodisme dans nos murs?
2° Quels sont ses vices, ses dangers pour l'État, l'Église Nationale et le bonheur des familles en particulier ?
3° Quels sont les meilleurs moyens de le combattre et de l'éloigner ?

Malan eut à peine reçu ce programme, qu'il fit paraître, en février, sous le titre : « Le procès du Méthodisme mis devant ses juges compétents », une brochure de 80 pages, qu'on peut qualifier sans doute le plus remarquable de tous ses écrits de circonstance.

« Le sujet est difficile, disait-il dans un Avant-propos, non pas en lui-même, mais nos passions l'ont rendu tel. Car il arrive, dans ce qui se rapporte à la religion, que lorsque des principes opposés se rencontrent, la Vérité, dont la voix n'est pas de ce monde, semble parler trop bas, et que, pour l'aider, les passions élèvent leurs cris. Tel est le malheur qui pèse sur les discussions qui devraient le moins en souffrir, sur celles de la foi. »
Puis, dans un style rapide et pressant, il répondait aux trois questions du programme.

Pour répondre à la première, il en appelait aux faits eux-mêmes, montrant que le « méthodisme de Genève n'était que la doctrine de la bienheureuse Réformation, la Religion et la Foi de nos pères, la Religion de la Bible, renfermée dans ses trois chefs principaux : la Très Sainte Trinité, le péché originel, le salut par grâce, accompagnés dans le coeur de l'amour du Seigneur Jésus... Rejeton vigoureux de la Religion de nos pères, ou plutôt de la sainte vérité de la Bible, qu'ils confessaient, le méthodisme genevois a été fomenté par les hérésies du dernier siècle ; il s'est manifesté lorsque l'arbre de la Réformation semblait périr. »

Dans la réponse à la deuxième question, Malan retrouvait, dans les principes des « méthodistes », les principes de l'Église universelle, de la Bible; et dans leurs moeurs, la manifestation du fruit de l'Esprit, telle que leur vie en offrait la preuve.

Quant aux moyens d'éloigner ce Méthodisme-là, après avoir énuméré les quatre déjà inutilement employés : le dédain, l'aversion, l'opposition, le bras séculier, Malan finit par indiquer le seul qui soit infaillible : Ôtez la Bible, et le Méthodisme n'est plus ! Hors de là, désespérez du succès. Le Méthodisme, c'est le Christianisme, ne vous y trompez pas ! et le Christianisme c'est la Bible, et la Bible c'est la Parole de Dieu, et Dieu est par-dessus vous ; craignez-Le donc ! »

Mais au terme de ce travail où il avait laissé exploser toute l'indignation dont bouillonnait son âme, Malan avait cet élan de douceur et d'humilité : « J'ai répondu, mais sans concourir ! Je ne juge ni ne condamne point ! Hélas ! qui jugerait des âmes malheureuses ! Je m'humilie plutôt devant Dieu, car Sa grâce m'a tiré moi-même de cette ignorance et de cette incrédulité. Moi aussi, pendant de longues années, j'ai mis en oubli la Sainte Bible !

«Il m'a ouvert les yeux»
Moi aussi, j'ai méconnu, j'ai contredit les doctrines de la grâce ; j'étais alors proposant, ministre et je prêchais aussi l'erreur. Moi aussi j'ai eu blâmé les assemblées des frères, et dans ce temps-là, j'eusse souhaité qu'elles cessassent, et j'en éloignais avec soin mes amis ! Dieu m'a fait miséricorde Il m'a ouvert les yeux et m'a montré mon péché ; Il m'a donné repentance; Il m'a converti au Seigneur Jésus. La richesse de ses compassions est aujourd'hui la même ! Il peut réveiller un coeur assoupi et donner l'intelligence à celui qui en manque. Il a fait tout cela pour mon âme; oh ! que sa bonté le fasse aussi pour d'autres, et que bientôt l'on dise dans Genève : Ceux qui, autrefois, persécutaient les fidèles, annoncent maintenant la foi qu'ils détruisaient naguère »

La Congrégation de Calvin
En même temps qu'il publiait ce livre, Malan réimprimait « La Congrégation de Calvin », petit opuscule depuis longtemps presque oublié et qui avait été pour lui, depuis 1820, « une constante et précieuse lecture ». Il l'accompagnait de ce sous-titre : « Réponse sans réplique de Maître Jean Calvin lui-même et de ses frères, les pasteurs de l'Eglise de Genève, au livre de M. le Professeur Chenevière contre l'Élection de Dieu. »
Après avoir pris la défense de la cause du Réveil évangélique, Malan voulut dire au peuple lui-même ce que le Jubilé devait être au point de vue de l'Évangile. Dans un de ces dialogues populaires, dont il avait le secret, il montra que l'on n'avait pas le droit de célébrer la fête de cette Réformation, « si l'on n'aimait pas, en toute sincérité, le Seigneur Jésus, Dieu manifesté en chair ».

Depuis cette époque, Malan n'eut plus l'occasion de publier des écrits de polémique protestant e proprement dite. En mars 1835, il avait imprimé « Erreur d'un chrétien sur l'assurance du salut » et une histoire « Manassé ».

Sur l'Inspiration de la Bible
Dans cette catégorie d'écrits, il faut pourtant comprendre encore : « La Famille baptisée », publié en décembre 1835, et déjà signalé dans un autre chapitre. Citons enfin : « L'autorité de la Bible ne se démontre que par le Saint-Esprit » (1850), et « Toute la Bible est la Parole même de Dieu » (1850). Par ces deux écrits, il fut le premier, entre les hommes de Réveil, à protester publiquement contre les thèses d'E. Scherer sur l'inspiration des Écritures. Du premier de ces écrits, de Goltz dit : « que Malan toucha, avec tact et justesse, au fond même de la dispute ». Malan y donnait pour base de toute son argumentation, la distinction fondamentale entre l'autorité et l'inspiration.

2° Controverse romaine

Avec les «Évangéliques » anglais, Malan refusait le titre de « catholique » à l'Eglise romaine. « Rien n'est moins catholique ou universel que la secte latine, que le schisme que Rome a fait avec l'Eglise orthodoxe qui est par toute la terre. » (De l'Avenir du Romanisme à Genève). Ceci explique, qu'à dater de 1837, Malan apparut publiquement, sur la scène, comme l'adversaire positif des prétentions du catholicisme romain.

Jusque-là, il avait toujours évité à dessein une controverse propre seulement « à exciter les passions ». Persuadé, comme il aimait à le répéter, « que les ténèbres ne se chassent pas à coups de bâtons », il s'était contenté d'opposer à l'erreur, le témoignage d'un christianisme divin et vivant, de nature céleste et éternelle. « Je crois que nous sommes d'autant plus utiles aux âmes ignorantes du salut, écrivait-il, que nous leur montrons d'abord et presque uniquement la plénitude du sacrifice du Fils de Dieu. La controverse pourra suivre; comme on équarrit un arbre après l'avoir abattu. Mais pour l'abattre, je pense qu'il nous faut d'abord prendre la hache de la grâce. Le tranchant en est puissant, c'est celui du Saint-Esprit même. »À un jeune catholique incrédule qui lui demandait : « Faut-il que je change de religion ? », Malan répondait : « Monsieur, il faut avant tout, que vous en ayez une. »

Jamais, en effet, Malan ne prêcha ce qu'on appelle d'ordinaire « un changement de religion ».

Le protestantisme éternel
Cependant, en 1837, un abbé de Baudry, ancien professeur de théologie aux séminaires de Lyon et de Paris, ayant publié une brochure : « Défense des droits sacrés de l'Épiscopat et du Sain- Siège», Malan crut devoir répondre par un petit opuscule : « Les droits divins du protestantisme ». Après avoir distingué le protestantisme évangélique du socianisme ou arianisme qui en usurpaient le nom à Genève, Malan passait en revue l'histoire « de cette protestation qui est, dès son origine, le caractère essentiel de la position de l'Eglise de Dieu en dehors du monde et contre lui ». - « Ce qui est antique, c'est la promesse de Dieu ! ce qui est apostolique, c'est la doctrine du salut gratuit ! » Tel était « ce protestantisme éternel qui est la religion éternelle de la Bible, et la foi des enfants de Dieu ».

Le public protestant genevois accueillit avec intérêt cette revendication « du droit divin » de ses croyances traditionnelles. Une réplique insidieuse de l'abbé conduisit Malan à publier bientôt un volume de 250 pages, intitulé : « Pourrai-je entrer jamais dans l'Église romaine aussi longtemps que je croirai toute la Bible ? Question soumise à la conscience de tout lecteur chrétien. »

Un traité de controverse chrétienne
De ce livre, souvent réimprimé depuis, on peut dire qu'il fut, moins un livre de controverse protestante, qu'un traité de controverse chrétienne. Malan y définissait la foi du croyant, seul appui de tout son raisonnement : c'est celle « de l'homme qui, parce qu'il croit en Jésus-Christ, parce qu'il l'adore, sait qu'il est justifié par la foi, qu'il a la paix avec Dieu, qu'il possède, dès à présent, la vie éternelle, et que l'Esprit du Sauveur l'a scellé jusqu'au jour de la Rédemption ». Il opposait cette foi « qui s'appuie sur les seules déclarations de l'Évangile »» aux croyances de l'Eglise Romaine. Examinant ensuite celles-ci, sous le rapport de la Sainte-Écriture, de l'Eglise terrestre, de la paix de Dieu et de la sainteté, il montrait les variations de l'Église romaine dans ses docteurs, conciles et papes, et concluait, sous ce triple aspect, à la solidité d'une foi fondée sur la Bible elle-même, invariable Parole de Dieu.Écrit dans un style vivant, facile, entremêlé de récits intéressants, ce livre, bien que composé à la hâte, méritait d'être considéré, par son érudition consciencieuse et étendue, comme un manuel clair et pratique de la foi biblique.

La foi à l'autorité de l'Evangile
Malan eut l'occasion de rééditer plus tard, bien des fragments détachés de ce sérieux ouvrage. Entre temps, il répondit aussi à des attaques diverses d'un catholicisme agressif par divers traités :
- « Réponse à un catholique de Versoix (1843).
- La foi primitive et les sectaires (1845).
- Réponse amicale d'un vieux soldat de l'Évangile (1846).
- Ce qu'on nomme nos préjugés contre le papisme, c'est notre foi de coeur à la Bible (1813). »

Sans cesse, pourtant, Malan s'efforçait-il de ramener constamment la question sur le seul terrain dans la foi à l'autorité de l'Évangile. Cet effort, sensible dans l'ouvrage analysé plus haut (« Pourrai-je entrer... »), l'est plus encore dans ses « Questions d'un Genevois » (1844) et dans son « Manuel du vrai protestant » (1845). Celui-ci était un petit catéchisme de controverse populaire, s'appuyant sur l'autorité des textes de l'Écriture, et destiné surtout aux évangélistes et aux colporteurs.

Les traités de la Grâce
Mais c'est dans ses traités, presque tous composés en vue des catholiques, que Malan apparaît surtout comme le missionnaire et le prédicateur de la grâce. Les premiers traités : Germain le Bûcheron, la Valaisanne, les Petits marchands de figures de plâtre, l'Épi glané, Ce que Dieu garde est bien gardé, sont tous des récits de conversations avec des catholiques. Parmi ceux. des dernières années : La Vraie Croix (1837), Vendelin (1844), les Grains de Sénevé (6e volume), étaient spécialement destinés à l'évangélisation des catholiques. Des évangélistes italiens signalèrent les deux traités : La Vraie Croix et la Valaisanne comme un des moyens les plus féconds dont ils aient disposé pour l'évangélisation de leur pays.À qui voudrait dégager, en un manuel simple et pratique, les principes d'une efficace évangélisation des catholiques, nous conseillerions de consulter la riche collection des traités de César Malan.

En dehors de cette activité littéraire à double objectif précis, Malan ne perdit aucune occasion d'être utile à ses contemporains en travaillant, par l'écrit, au salut de leurs âmes. Ainsi naquirent une foule d'ouvrages qu'il serait trop long de détailler ici. L'amour de la Vérité s'y montre inséparable d'une ardente compassion pour les âmes.

Vignettes parlantes
En mai 1835, il avait publié la 1re Édition des « Vignettes parlantes », recueil. de quatrains pour les enfants, ornés de dessins dus à sa plume qui sont des chefs-d'oeuvre de finesse.

Recueils divers de cantiques
C'est de la même année que datent « les Chants d'Israël », traduction en vers des Psaumes de la Bible. En 1824 déjà, Malan fit paraître, à titre d'essai, une première livraison de cet ouvrage, contenant les 50 premiers Psaumes. Mais le succès qu'avaient alors partout ses Cantiques relégua dans l'ombre ce nouveau recueil. Les 150 psaumes publiés en 1835 devaient être encore moins remarqués. Sur le conseil de quelques amis, Malan abandonna le langage évangélique dont il avait enveloppé les pensées du psalmiste pour en revenir strictement aux expressions mêmes de l'Ancien Testament. Ce genre fut peu goûté des chrétiens d'alors et ceux de ses psaumes qui ont été adoptés dans les recueils appartiennent, presque tous, à l'Édition de 1824 : Ps. 24° : « L'Éternel seul est Seigneur... »
- Ps. 27 : L'Éternel seul est ma lumière... »
- Ps. 34e : « Oui, je bénirai Dieu tout le temps de ma vie... »

Chants de Sion
En 1836, parut un petit volume : « Nouvelles Histoires et Nouveaux Chants », dont la première (Le Mystère) fut très remarquée. La même année, Malan groupa 300 cantiques sous le titre de « Chants de Sion », dont; il publia la dernière réédition en 1815.

C'est à propos de ces cantiques que le professeur Pédézert put écrire, à la mort de Malan : « Malan fut le poète populaire du Réveil religieux en Suisse et en France. Vinet nous a donné de la poésie seulement; Ami Bost nous a laissé de la musique seulement; César Malan nous « a donné les deux : «Chants de Sion », avait-il écrit sur son volume ; il aurait pu écrire, à l'avance : « Chants chrétiens ». C'était leur vrai titre. S'il m'était permis de détourner un peu le sens d'une parole biblique, je dirais « que, quoique mort, Malan chante encore parmi nous; il chante pieusement dans le coeur et par la bouche de beaucoup de fidèles. »

C'est l'année suivante (1837), qu'il' publia la première édition de ses Chants pour écoles, sous le titre : « Soixante chants et chansons pieuses. » - « Votre âge est aimable et gai », disait l'auteur dans une préface adressée aux enfants, « et notre bon Dieu, qui vous a donné la voix comme à l'oiseau son joli ramage, vous dit de l'employer à le louer. Aussi ne sont-ce pas des chants frivoles que j'ai composés pour vous. Je vous dédie ce livre avec la plus sincère et la plus tendre affection; et c'est à Jésus, qui se nomme Lui-même le Bon Berger, que je vous recommande comme les agneaux du troupeau qu'il paît... »

Leurs fraîches et charmantes mélodies, leur expression candide de confiance et la simplicité des paroles, assurèrent à ce recueil un succès de popularité que justifièrent plusieurs rééditions. La dernière, par les soins de l'auteur, date de 1853 et contenait 127 chants.

MALAN ARTISAN: UN ROUET ENTIEREMENT FACONNE PAR LUI

Puissance de travail de Malan
C'est en étudiant les conditions de parution de la première édition que l'on saisit, sur le vif, l'extraordinaire puissance de travail de César Malan. Sa femme lui avait demandé des chants pour son école. On n'en possédait que quelques-uns en manuscrit, déjà composés pour ses enfants à diverses époques. Sans rien dire ou promettre, Malan se mit aussitôt à l'oeuvre, et, comme il en avait l'habitude lorsqu'un travail l'absorbait, il défendit absolument sa porte. Au bout de six semaines d'une réclusion qui n'avait été interrompue que pour la prière de famille et les devoirs du ministère, il descendit un matin dans la salle à manger où il n'avait pas paru pendant tout ce temps. Posant alors sur la table le manuscrit des Soixante chants et chansons, avec leur mélodie, il dit à sa femme, devant toute la famille : « Ma chère Jenny, voici ce que notre bon Dieu m'a donné pendant ces six semaines. »

Pour donner aux cantiques de Malan leur véritable valeur il faut se rappeler qu'il n'existait - lorsqu'il les a écrits - que fort peu de cantiques. Un témoin de ces temps écrivait : « On chantait - et fort mal ! - à Genève, les psaumes arrangés et maltraités de Goudimel et autres; les mélodies en étaient belles mais on les chantait lugubrement et solennellement. » C. Malan voulut doter sa petite communauté et l'école enfantine fondée par sa femme de cantiques plus vivants, plus entraînants et plus vibrants de vie intérieure. Il en a trop composés, sans se douter qu'on les chanterait ailleurs que dans sa chapelle. Les paroles n'en sont pas toujours de la plus haute ou sublime poésie, mais tels qu'ils sont, ils ont nourri bien des âmes simples et profondes et ont certainement ajouté à l'affectueuse vénération dont ce serviteur de Dieu et son souvenir ont été l'objet. Peut-être ces cantiques paraissent-ils maintenant inadmissibles dans les nouveaux recueils où la culture esthétique l'emporte parfois sur le sens spirituel ! Tels qu'ils furent composés et chantés, ils expriment pourtant une époque, un climat spirituels où triomphait l'amour de Christ : cela seul justifie le crédit qu'ils ont mérité.

Le traité sur le vrai bonheur
Jusqu'en 1861, Malan publia encore une douzaine de traités. Il en composa la plupart pour l'Amérique, où il avait trouvé, à la fin de sa vie, un public avide et attentif. L'un des plus remarqués et des plus efficaces auprès des milieux aisés auxquels il était destiné, s'intitulait :« Êtes-vous heureux, mais pleinement heureux ? sincères aveux de quelques amis. » Les derniers de ces messages, écrits quelque temps avant sa mort, soumettaient aux âmes cette question capitale « Votre nom est-il écrit au livre de vie ? » - « Où irai-je après ma mort, sera-ce au ciel ? »

Dernier cri d'alarme d'un témoin de la Grâce, qui avait vécu les yeux fixés au Ciel, aimant, sans le voir encore, Celui que la Grâce avait donné comme Sauveur-Éternel à son âme de pécheur. Mais cette foi intense était doublée d'une immense charité pour les brebis qui n'avaient pas encore rejoint le bercail et le Berger : c'est à les rechercher inlassablement que Malan voua toute sa vie de missionnaire par la parole, le chant et le traité.


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