Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE  (Jean 17.17)
Cela me suffit...
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(Notre confession de foi: ici)
Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE
(Jean 17.17)
Cela me suffit...



AUGUSTE THIÉBAUD

SERMONS ET MÉDITATIONS

MÉDITATIONS QUOTIDIENNES

 Chaque matin, Auguste Thiébaud méditait un chapitre de l'Écriture dans un véritable examen de conscience. Il s'emparait pour lui-même du message divin et il répondait par de brèves réflexions, qui sont singulièrement bienfaisantes par leur simplicité, leur sincérité, leur humilité.

Nous devons donc, nous qui sommes forts, supporter les infirmités des faibles et ne pas nous complaire en nous-mêmes. (Rom. XV, 1.)

Supporter. Voilà bien un mot contraire aux tendances de notre coeur naturel! Imposer aux autres notre volonté, voilà ce qui nous parait juste et normal ; mais supporter leurs faiblesses, décidément cela nous semble excessif. Et pourtant, n'est-ce pas ce que Dieu fait à notre égard? Que deviendrions-nous si Dieu n'usait pas envers nous de plus de patience et de persévérance que nous ne le faisons à l'égard de nos frères? Seigneur, apprends-moi à supporter comme tu m'as supporté! Qu'au lieu de m'indigner et de m'impatienter, je m'efforce de comprendre et de venir en aide ; et si mon intervention n'est pas toujours possible, que j'apprenne du moins à prier et à prier avec persévérance pour ceux dont l'attitude m'attriste ou me déplaît.

La grâce qui m'a été faite d'être ministre de Jésus-Christ. (Rom. XV, 16.)

Le ministère, une grâce! Que de fois ne nous arrive-t-il pas de le considérer comme un fardeau et de jeter un regard d'envie sur ceux qui sont engagés dans une autre voie, comme s'ils étaient mieux partagés que nous! Assurément le ministère ne peut être qu'un fardeau pour celui qui n'y voit qu'un métier ; mais comment en serait-il ainsi de celui qui a compris qui est Jésus-Christ et quelle est l'immense détresse de l'âme humaine? Dieu m'a fait une triple grâce en m'appelant, malgré ma profonde indignité, à devenir professeur de théologie, rédacteur de journal et chapelain d'hôpital ; oh! qu'il m'accorde aussi de voir toujours dans cette triple activité un ministère, c'est-à-dire un service de Jésus-Christ et qu'il me donne de ne pas faire un pas, de ne pas prononcer une parole qui ne porte l'empreinte de celui que je dois et veux servir.

Dieu est fidèle. (1 Cor. I. 9.)

Encore un mot qu'il fait bon rencontrer au début d'une année. Le chrétien ne s'avance pas seul au-devant de l'inconnu ; il sait que Dieu l'accompagne ; il sait aussi que ce Dieu qui depuis longtemps s'occupe de lui, l'appelle, le sollicite, continuera à veiller sur lui et à le diriger. Dieu est fidèle ; il y a plus de cinquante ans qu'il a commencé son oeuvre en moi et il aurait eu bien des raisons d'abandonner un travail qui semblait souvent improductif ; mais il le poursuit encore aujourd'hui et, par toute sorte de moyens, m'oblige à revenir sans cesse à lui et à me souvenir que je ne puis me passer de lui. Dieu est fidèle ; puissé-je le devenir toujours davantage, profiter toujours mieux des lumières reçues, croître en connaissance, en foi, en obéissance, en amour. Seigneur, que cette année voie enfin s'épanouir en moi l'oeuvre que tu poursuis depuis si longtemps avec tant de patience et de fidélité.

Christ crucifié sagesse et puissance. (1 Cor. 1, 24.)

J'ai beaucoup cherché, dès les temps de ma jeunesse, à pénétrer le mystère de la croix, comme si c'était une chose qu'il importe d'avoir comprise afin de pouvoir en bénéficier. Assurément cette préoccupation était légitime ; un fait absolument inintelligible ne peut devenir un élément fondamental de notre vie personnelle ; mais la croix défie les investigations de l'intelligence, et c'est pourquoi l'apôtre l'appelle une folie ; et pourtant elle peut et doit devenir l'instrument de notre salut et de notre relèvement. je reconnais qu'elle n'a pas, dans ma vie, la place centrale et je veux désormais et de plus en plus me placer devant elle, non pas pour en faire la philosophie, mais pour en subir l'action ; croix de celui qui m'a aimé et s'est donné lui-même pour moi ; croix sur laquelle je dois mourir a mon tour.

Ce qu'on demande des dispensateurs, c'est que chacun soit trouvé fidèle. (1 Cor. IV, 2.)

Fidèle dans l'usage qu'il fait de ses propres dons, fidèle aussi dans l'administration des biens qui lui ont été confiés. Trop souvent, nous négligeons de nous servir pleinement des ressources qui nous ont été remises et, en même temps, nous voudrions faire autre chose que ce dont nous avons été particulièrement charges. je pourrais me faire à cet égard bien des reproches ; je suis loin d'avoir cultivé comme je l'aurais pu les dons que j'ai reçus Que Dieu me pardonne. Qu'il me donne en même temps de me corriger de mes fautes, de renoncer à toute ambition personnelle, de me contenter de ma tâche et de l'accomplir avec le plus grand soin.

Que celui qui croit être debout prenne garde qu'il ne tombe. (1 Cor. X, 12.)

Ils sont nombreux ceux qui croient être debout et se figurent qu'ils sauront éviter les pièges où d'autres sont tombés ; ceux qui, sûrs d'eux-mêmes, négligent les précautions indispensables, jugent inutile de recourir aux moyens de protection que Dieu nous a donnés. Qu'en est-il de moi-même? Suis-je de ceux qui, toujours sur leurs gardes, se tiennent à l'écart du danger? De ceux qui, par la prière et par la méditation, cherchent à accroître leur force de résistance et surtout de ceux qui, d'instinct, se placent sous la garde et sous la protection du bon Berger? Seigneur, donne-moi d'être debout, mais par ta force ; préserve-moi de la somnolence qui empêche de discerner l'approche du péril ; préserve-moi aussi de cette fausse sécurité qui n'est que trop souvent le prélude de la chute.

À chacun la manifestation de l'Esprit a été donnée pour l'utilité commune. (1 Cor. XII, 7.)

L'apôtre montre dans ce chapitre un sens de l'unité chrétienne qui nous fait trop souvent défaut. L'Église est un corps, dont les membres sont divers et n'occupent pas le même rang, mais ont tous leur fonction à remplir « pour l'utilité commune ». C'est quelque chose dont nous ne nous rendons pas suffisamment compte ; nous oublions ce que nous recevons de nos frères et ce que nous avons à leur donner et nous plaçons notre personne, nos intérêts, nos préférences au centre de nos préoccupations. je ne fais pas exception à cette règle et j'ai besoin tout comme un autre qu'on me redise que tout existe et que tout doit être fait pour l'utilité commune. Que Dieu me donne d'être un bon serviteur de l'ensemble et de ne chercher ni honneur ni profit, mais simplement l'utilité commune.

Aspirez au don de prophétie. (1 Cor. XIV, 39.)

Prophétiser, parler avec autorité, au nom et de la part de Dieu, voilà quelle devrait être l'ambition de tout chrétien. À plus forte raison, celle d'un ministre de l'Évangile. Hélas! combien cet accent prophétique me fait défaut! Que de fois il m'arrive de parler simplement parce que je dois parler et non parce que j'ai réellement quelque chose à dire de la part de Dieu. Et maintenant, Paul nous dit : Aspirez au don de prophétie, recherchez-le, demandez-le, dans l'intérêt même de l'Église. Mais ce don, cela est évident, ne peut être accordé au premier venu prophétiser, ce n'est pas simplement avoir la parole facile c'est être en mesure de comprendre et d'interpréter la pensée divine et la chose n'est possible que si l'on vit avec Dieu, si on lui obéit, si on se laisse conduire par lui ; et c'est justement ce qui m'a trop manqué jusqu'à ce jour. Que Dieu me le pardonne et qu'il m'aide à faire mieux.

Vous êtes manifestement une lettre de Christ. (2. Cor. Ill, 3.)

Une lettre de Christ, autrement dit une preuve, une attestation que le ministère de Paul est un authentique ministère chrétien. Mais on peut étendre cette pensée ; nous, chrétiens, nous sommes une lettre, qui doit faire connaître au monde qui est le Christ, ce qu'il veut faire de nous, ce qu'il est prêt à nous accorder. C'est la même idée que saint Paul a exprimée un peu plus haut en se donnant comme la bonne odeur de Christ. Plus il y aura ici-bas de vies pénétrées de l'esprit de Christ et plus cette pénétration sera profonde et complète, plus la révélation de Christ sera accessible aux hommes et plus elle sera claire et convaincante. Être une lettre de Christ au milieu des miens, dans ma famille, auprès de mes étudiants, auprès de ceux qui me lisent ou que je rencontre ; leur faire sinon voir, du moins pressentir d'où vient l'esprit qui m'anime, voilà ma tâche. Que Dieu me donne de l'accomplir!

Ils se sont d'abord donnés à Dieu. (2 Cor. VIII, 5.)

Voilà la vraie source de la libéralité ; voilà ce qui donne à nos dons leur vraie valeur. Pourquoi donnons-nous? Bien souvent parce qu'on nous sollicite à donner, parce qu'on vient chercher à notre porte et presque prendre dans nos mains ce que nous n'aurions pas spontanément consacre aux oeuvres charitables. Notre don n'est ainsi, trop souvent, qu'un sacrifice d'argent, d'où l'âme est totalement absente. Pour donner avec joie, pour donner comme il plaît à Dieu que l'on donne, il faut d'abord s'être donné à Dieu, s'être mis sans réserve à son service avec tout ce que l'on possède ; nous donnons alors parce que nous nous y sentons intérieurement poussés et non parce que nous subissons une sorte de contrainte. Seigneur, apprends-moi à me donner ; à me donner à toi tout d'abord, à comprendre que je ne puis faire un meilleur usage de la vie ; apprends-moi aussi à donner généreusement et joyeusement.

22. X. 31.

Il faut que l'évêque soit irréprochable. (Tite I, 7.)

Irréprochable! Voilà la condition requise de ceux auxquels on veut conférer une charge dans l'Église. Sans doute, ce mot ne peut être pris dans son acception stricte, car aucun homme n'est sans reproche ; du moins faut-il que, dans sa vie présente, depuis le moment où il s'est tourné vers l'Évangile, l'homme dont on veut faire un pasteur mérite ce qualificatif. Irréprochable dans sa conduite, ne scandalisant personne par des actes ou des paroles indignes d'un chrétien ; irréprochable dans sa vie intime, ne nourrissant aucun sentiment, aucune ambition, aucun désir qui ne soit conforme à la volonté de Dieu. Combien ce mot me fait courber la tête, même aujourd'hui, en pensant au présent tout aussi bien qu'au passé! Que de faiblesses, que d'erreurs, que de fautes de toute nature, que je dois demander à Dieu de me pardonner!

23. X. 31.

Afin que la parole de Dieu ne soit pas blasphémée .....
Afin que l'adversaire soit confus, n'ayant aucun mal à dire de nous .....
Afin de faire honorer en tout la doctrine de Dieu notre Sauveur. (Tite Il, 5. 8. 10.)

Tels sont les motifs que Paul allègue à l'appui de ses exhortations. Le chrétien doit éviter à tout prix ce qui serait de nature à discréditer l'Évangile, auquel il fait profession de croire, et se garder de fournir des armes à l'adversaire. S'il y a quelqu'un qui doive prendre à coeur cette recommandation, n'est-ce pas celui qui a tout particulièrement charge d'âmes, le père de famille, l'homme qui occupe une place en vue dans l'Église, le pasteur, représentant attitré de l'Évangile, dont on mesure la valeur par ce que cet Évangile a fait de lui ? je veux de plus en plus prendre à coeur l'exhortation de l'apôtre. J'appartiens à Jésus-Christ ; il m'a aimé, il s'est donné pour moi ; je veux vivre uniquement pour le servir et le glorifier. Que Dieu m'en fasse la grâce.

24. X. 31.

Car, nous aussi, nous étions autrefois insensés, désobéissants, égarés... Mais lorsque la bonté de Dieu, notre Sauveur, et son amour pour les hommes ont été manifestés... il nous a sauvés... (Tite III, 3-5.)

C'est ainsi que l'apôtre motive une exhortation à se montrer doux et patients envers tous. Nous avons toujours à nous souvenir de ce que nous avons été et serions encore sans la grâce de Dieu pour ne pas manquer de charité envers ceux qui nous entourent. La vue du mal ne doit pas nous irriter, mais nous affliger et, après avoir provoqué un retour sur nous-mêmes, nous engager à venir en aide à ceux que nous étions prêts à condamner. Il me suffit de me rappeler mes manquements envers mes parents et surtout envers Dieu pour devenir indulgent à l'égard de ceux qui m'entourent. Qui suis-je pour leur adresser un reproche ? Leurs fautes mêmes ne doivent-elles pas avoir pour effet de me rappeler les miennes et de me pousser à rechercher le pardon ?

26. X. 30 [lire : 31].

Dieu nous a parlé par son Fils... (Hébr. I, 2.)

Dieu nous a parlé! Voilà ce que je veux retenir ce matin. Or, parler à quelqu'un, c'est se mettre en rapport avec lui, c'est, selon les cas, le traiter d'égal à égal, descendre ou monter jusqu'à lui. Dieu nous a parlé. Donc il ne nous méprise pas, il ne nous rejette pas, il nous veut, il nous cherche. Et s'il est vrai, comme je le crois, que Dieu m'a parle ces derniers temps, qu'il a fait une nouvelle tentative pour m'attirer à lui, combien dois-je être attentif à ses appels! Dieu a parlé. Parle, Seigneur, ton serviteur écoute.

28. X. 31.

Aujourd'hui, si vous entendez sa voix, n'endurcissez pas vos coeurs. (Hébr. III, 7-8. 15 ; IV, 7.)

Je m'arrête à ce mot, sur lequel insiste l'écrivain sacré Aujourd'hui. Nous sommes très fortement enclins à dire Demain. Demain je me convertirai ; demain j'obéirai demain je me donnerai à Dieu ; je veux encore me réserver la possession d'aujourd'hui. Mais qui sait ce que nous serons et ferons demain? Qui sait si ce qui est possible aujourd'hui le sera encore demain? C'est aujourd'hui que Dieu t'appelle, aujourd'hui que Dieu te réclame, aujourd'hui qu'il t'invite à le servir. Et c'est pourquoi aussi, ô mon Dieu, c'est aujourd'hui que je veux venir à toi et chercher ta face pour faire ta volonté.

30. X. 1931.

Il a appris, bien qu'il fût fils, l'obéissance par les choses qu'il a souffertes. (Hébr. V, 8.)

Son rang exalté ne l'a point exempte de la loi commune, qui est l'obéissance, et c'est par la souffrance volontairement subie que son obéissance est devenue parfaite. Obéir, voilà notre mot d'ordre ; obéir à Dieu, même quand il nous appelle à renoncer à nous-mêmes, à nous humilier, à descendre dans la vallée de l'ombre de la mort. Voilà certes un domaine où je ne suis qu'un enfant, un tout petit enfant, moi qui, à mon âge et dans ma position, devrais être un maître [verset 12]. Oh! que Dieu me pardonne mes longues résistances et m'enseigne enfin à obéir!
Hébr. VI.

3 1. X. 1931.

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À quoi m'arrêter dans ce chapitre? À l'image de la terre cultivée avec soin, arrosée des pluies célestes, et qui, malgré cela, ne produit que des chardons et des épines [versets 7-8] ; elle lasse ceux qui lui ont prodigué leurs soins et on finit par y mettre le feu. Il m'est difficile de lire ces mots sans me les appliquer. De combien de soins n'ai-je pas été entouré dès mon enfance et que de déceptions n'ai-je pas causées à ceux qui se sont occupés de moi ou qui avaient mis leur confiance en moi? Pour ne parler que de ceux-ci, avec quel empressement n'ai-je pas été accueilli à Quaregnon, à Lize, à Neuchâtel ? Dans quelle mesure infime j'ai répondu à cette attente et que j'aurais peu le droit de protester si l'on me comparait soit à la terre qui ne produit qu'épines et chardons, soit à un arbre qui fleurirait au printemps sans jamais porter de fruit! Et d'où vient cette stérilité? Je ne m'en rends compte que trop bien. Au fond je n'ai pas passé jusqu'ici par ce renouvellement intérieur complet qu'est une véritable conversion ; la surface seule a été remuée et j'ai besoin de connaître enfin la rénovation accordée à ceux qui « ont été éclairés, ont goûté le don céleste, ont eu part au Saint-Esprit, ont goûté la bonne parole de Dieu et les puissances du siècle à venir » [versets 4-5]. Je ne serai plus désormais qu'un ouvrier de la onzième heure. Dieu me donne d'être au moins cela!

La suprême oblation. (Hébr. IX.)

3. XI. 31.

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Il s'est offert lui-même sans tache à Dieu [verset 14]. La raison de ce sacrifice a été présentée de bien des manières mais le fait reste, solidement attesté par les évangiles Christ s'est donné ; il est allé librement à la mort, parce que ce sacrifice était nécessaire pour notre salut. O Seigneur, je me mets, en cet instant, en ta présence ; je te bénis d'avoir porté sur la croix toutes nos fautes, toutes mes fautes, et d'en avoir subi le châtiment. Donne-moi de comprendre ce qu'il t'en a coûté, mais donne-moi aussi de recevoir, dans l'humilité et la reconnaissance, le pardon que tu nous apportes de la part de Dieu et que ta mort a rendu possible.

(Hébr. XI, 1 à 22.)

7. XI. 31.

Le chapitre de la foi, amené par X, 39 : «Nous ne sommes pas de ceux qui se retirent pour se perdre, mais de ceux qui ont la foi pour sauver leurs âmes ». L'écrivain continue en donnant, XI, 1, une définition de la foi, puis, à partir de XI, 2, une série d'exemples qui illustrent et justifient cette définition... Suivent une série d'exemples, dont la plupart nous montrent la foi se traduisant par une pleine confiance dans les promesses de Dieu et une entière obéissance à ses ordres .....

Voilà donc toute une série de croyants, et elle se poursuit jusqu'à Jésus lui-même, « le chef et le consommateur de la foi » (XII, 2). Pourrais-je, à un titre quelconque, revendiquer une place dans la lignée des croyants? J'ai bien une persuasion générale que la religion est vraie ; mais cette persuasion est-elle devenue en moi une certitude vitale, une conviction qui détermine mon attitude dans toutes les circonstances de la vie? Ai-je toujours Dieu devant moi, suis-je bien persuadé que tout ce que je fais à de l'importance à ses yeux, qu'il prend garde a moi, qu'il entend mes prières et que, sans nécessairement m'épargner toute épreuve et toute lutte, il veut veiller sur moi et prendre soin de moi? Peut-être tout cela existe-t-il en moi, mais dans un état bien embryonnaire, bien confus, bien inconsistant. Oh! que Dieu me donne de dépasser ce stade et qu'il fasse de moi un vrai croyant!

(Jacques I, 20-27.)

14. XI. 31.

Mettre en pratique la parole, tel est le thème de ce deuxième morceau ; il est introduit par cette recommandation : Recevez avec douceur la parole qui est plantée en vous et qui peut sauver vos âmes [verset 21]. De quelle parole s'agit-il ? Selon toute vraisemblance, du message évangélique... C'est la parole de Jésus, c'est la prédication apostolique, qui, seules, sont capables de nous donner le salut.

Jacques nous invite à recevoir cette parole avec douceur, autrement dit avec soumission ; il faut lui faire bon accueil, éviter de lui résister, de contester avec elle ; c'est la parole du salut, a laquelle il faut donner toute liberté d'action. Et d'abord, il faut la recevoir. Trop souvent nous lui demeurons fermés, parce que nous l'écoutons d'une oreille distraite ; à peine a-t-elle cessé de retentir ou d'être sous nos yeux que nous l'avons oubliée. Il faut se donner le temps de la méditer, de rechercher ce qu'elle signifie, comment elle s'applique au lecteur et peut lui être utile dans les circonstances qu'il traverse. Et puis, il faut la recevoir avec douceur, non comme un visiteur indiscret ou un ennemi auquel on résiste, mais comme une amie qui, sous un aspect de sévérité, vient pourtant pour secourir et pour aider. Cette parole, en dernière analyse, vient de Dieu ; c'est Dieu qui l'a inspirée; elle nous dit ce que Dieu a fait pour nous et ce qu'il attend de nous ; elle est capable de sauver nos âmes ou nos vies, de nous régénérer, de faire de nous des êtres nouveaux. Aussi, gardons-nous de la mépriser, même quand elle se présente à nous sous des traits défectueux, ou coulée dans un moule qui n'est pas celui de notre pensée. Jacques, l'épître aux Hébreux nous l'apportent, et pas seulement Jésus et Paul.

(Jacques II, 1-13.)

15. XI. 31.

Pas d'acception de personnes! L'auteur met ses lecteurs en garde contre la fâcheuse tendance que nous avons tous à combler d'égards le riche et à mépriser le pauvre.....

Nul ne peut écarter ce passage en prétextant que le danger qu'il signale n'existe pas pour lui. La richesse exerce sur nos esprits une telle fascination que, presque fatalement, la simple apparence de la richesse, le luxe, nous éblouit au point que toutes nos prévenances vont à celui que nous croyons riche. Dieu m'a donné une tâche parmi les pauvres ; n'ai-je pas éprouvé parfois une secrète envie à l'égard de ceux que leur ministère met plus fréquemment en rapport avec les riches? Ah! puissé-je me rappeler que je suis, dans ce ministère, le représentant de celui qui n'a jamais fait acception de personnes, qui a accueilli les riches avec bonté, mais qui s'est penché avec une bienveillance toute particulière sur les petits, les faibles, les déshérités! Puissé-je me rendre compte que mon poste est un poste d'honneur et un véritable privilège!

(Jacques II, 14-26.)

16. XI. 31.

La foi et les oeuvres... On a souvent observé qu'en dépit de la contradiction verbale apparente, Jacques ne s'oppose nullement à Paul. La foi qu'il déclare insuffisante est une simple croyance sans action sur la vie ; la foi que Paul réclame et dont il fait la source de notre salut est une foi agissante par la charité (Gal. V, 6). Pour l'un comme pour l'autre la vraie foi se traduit par ses oeuvres et les oeuvres que Dieu agrée ont leur source dans la foi .....

Nous avons certainement dans cette page un avertissement que nous aurions tort de mépriser. Souvent dans l'histoire de l'Église, et souvent dans nos vies, la religion, la foi en Dieu, a cesse d'être quelque chose de vital et est devenue simple matière à discussion, simple opinion philosophique, restant à peu près sans effet sur la vie. Ne puis-je pas citer mon propre exemple? Me voici, moi, pasteur, professeur de théologie, professionnel de la religion, n'ayant, semble-t-il, pas d'autre mission que d'en vivre et d'y amener ceux qui m'entourent. Je n'irai pas jusqu'à m'accuser de manquer de sincérité ; il y a souvent en moi des mouvements de l'âme que je veux croire authentiques ; mais combien tout cela est superficiel! avec quelle rapidité cette chaleur factice tombe et disparaît ; combien il m'est facile de prêcher avec animation le devoir chrétien et de l'oublier l'instant d'après! N'est-ce pas la preuve que la leçon que me donne Jacques a gardé toute sa raison d'être et toute sa force et que ses reproches m'atteignent en plein?

(Jacques V, 7-21.)

20. XI. 31.

Le passage le plus fréquemment relevé dans cette dernière page de l'épître est celui qui concerne les mesures à prendre en cas de maladie : demander l'assistance des anciens de l'Église, qui oindront d'huile le malade et qui prieront pour lui ; agir de même en cas de chute et recourir à l'intercession de ses frères. Jacques affirme l'efficacité de la prière et cite à l'appui de son dire le cas d'Élie, à la requête duquel le ciel fut fermé trois ans et six mois. L'Église, après avoir suivi son conseil, l'a laissé tomber. Pourquoi? Sans doute parce qu'on a constaté à la longue que le moyen n'était pas infaillible. Peut-être les vraies conditions de la prière n'étaient-elles pas réalisées. Souvent nos soi-disant prières n'ont de la prière que l'apparence ; ce sont des mots que nous prononçons et notre ferveur et notre émotion même sont choses extérieures et artificielles. Combien des milliers de prières que j'ai prononcées dans mes visites a des malades ont-elles été de vraies prières ? et que sont même mes prières personnelles pour moi-même et pour les miens? M'adressé-je réellement à Dieu ? Suis-je persuadé qu'il m'entend ? Y a-t-il en moi une certitude authentique d'être exaucé? Et si les prières d'autrui sont, dans leur majorité, du même caractère que les miennes, quelle compétence avons-nous dans ce domaine, quelles expériences pouvons-nous avancer pour affirmer ou nier l'efficacité de la prière ou la limiter à un domaine particulier? Je sens qu'ici, je fais à peine mes premiers pas.

(1 Pierre I, 1-2 [lire : 1-12].)

21. XI. 31.

Je m'en tiens à l'exclamation joyeuse, je dirais même à l'explosion de joie par laquelle s'ouvre ce passage : Béni soit Dieu, le Père de notre Seigneur Jésus-Christ, qui, selon sa grande miséricorde, nous a fait renaître par la résurrection de Jésus-Christ d'entre les morts... [v. 3]. Il m'est bien difficile de ne pas percevoir ici un écho de l'émotion qui accompagna, chez l'auteur, ce qui fut incontestablement la grande expérience de sa vie : la résurrection de Jésus. Ce fut littéralement pour lui une seconde naissance, qui fit de lui un être nouveau, un Pierre tout différent du Simon emporté, mais vacillant que nous font connaître les évangiles. La conviction que Jésus était ressuscité, en entrant dans son âme, le transforma du tout au tout.

Que me faudrait-il pour que pareille transformation s'accomplît dans ma vie ? Voilà la question devant laquelle je dois me placer. En somme, il me paraît assez facile d'y répondre. Si je me décidais une fois bien franchement à accepter l'Évangile, à me jeter dans les bras de Dieu, a croire qu'en Jésus il m'a pardonné toutes mes fautes, qu'il me prend tel que je suis et veut faire de moi un homme nouveau, ne serait-ce pas suffisant pour changer le cours de ma vie, pour m'orienter dans une autre direction, en un mot pour me régénérer? Qu'est-ce qui me retient encore? Les obscurités de l'Évangile? Il y en a ; mais elles ne suffisent pas à me voiler le fait que l'Évangile est la vérité, que la vie à laquelle il m'appelle est la vraie vie. C'est donc qu'intérieurement je résiste encore, que j'en suis encore à vouloir « sauver » ma vie en la conservant pour moi-même. Seigneur, fais-moi voir que c'est la perdre et aide-moi à me décider pour toi aujourd'hui-même.

(2 Pierre III.)

2. XII. 31.

L'avènement du Seigneur. C'est, à ce qu'il me semble, la partie la plus utile de cette lettre. Non pas, peut-être, que l'argumentation de l'écrivain, d'après laquelle le temps n'existe pas pour Dieu, soit une réponse suffisante à ceux qui s'étonnent du retard de l'avènement du Seigneur, qu'on leur avait présenté comme imminent. Mais, au fond, peu importe. Je puis ignorer totalement quand se produira la « parousie » et en quoi elle consistera ; ce que je sais à ne pouvoir en douter, mais ce qui ne m'est sans doute pas encore suffisamment présent a l'esprit, c'est que nous pouvons tous être rappelés d'un moment à l'autre. Chose curieuse, la pensée de la mort m'était plus familière il y a dix ans qu'aujourd'hui ; il ne se passait guère de jour, à cette époque, qu'elle ne se présentât à mon esprit. Peut-être vaut-il mieux ne pas être trop fréquemment hanté par elle ; encore convient-il de ne pas s'obstiner à l'écarter et de se rappeler que Jésus nous exhorte à être toujours prêts. Prêts à partir, comme des gens qui ont accompli leur tâche ; prêts à paraître devant le Maître, comme des serviteurs que son retour n'a pas surpris .....

Nous vivons comme si nous ne devions jamais mourir, ou, en tout cas, comme si nous étions certains de ne pas être surpris. Quelle erreur funeste! La patience de Dieu, à laquelle l'écrivain fait allusion, s'est exercée envers moi jusqu'ici. Puissé-je lui en être reconnaissant, mais puissé-je aussi ne pas abuser de son long support!

19. XII. 31.

Lettre à l'Église d'Éphèse. (Apoc. II, 1-7.)

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Ce que j'ai contre toi, c'est que tu as abandonné ton premier amour [v. 4]. Ainsi même une église à laquelle le Seigneur a rendu un si beau témoignage tombe sous le coup de sa critique ; il trouve chez elle quelque chose à reprendre. Que dirait-il de moi? Ai-je seulement jamais connu le zèle du premier amour? Sans doute j'ai fait quelques timides tentatives auprès de mes camarades au temps de ma jeunesse. Ma première année de ministère fut certainement une année de travail, mais c'était l'oeuvre qui me portait bien plus que je ne me donnais à elle. Et depuis lors, que d'infidélités! Souviens-toi d'où tu es tombé! [v. 51. Pourrais-je jamais y remonter et mon chandelier occupera-t-il jamais la place qui lui était destinée dans la pensée de Dieu? Si je suis sauvé, ne sera-ce pas « comme au travers du feu » ? Oui, repens-toi, reviens en arrière! C'est bien J'ordre qui m'est donné et auquel je dois obéir.

20. XII. 31.

La lettre à l'Église de Smyrne. (Apoc. Il, 8-11.)

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Le mot qui s'impose ici est incontestablement l'exhortation finale : Sois fidèle jusqu'à la mort et je te donnerai la couronne de vie [v. 10]. C'est une parole que nous répétons d'autant Plus facilement que nous nous croyons à l'abri de tout danger. Cela nous permet de chanter joyeusement :

« Jusqu'à la mort nous te serons fidèles. . . . . »

et de nous réconforter en nous disant que nous ne risquons pas grand'chose. Et pourtant, c'est bien jusqu'à la mort, jusqu'au terme de sa vie qu'il faut être fidèle, qu'il faut rester attaché au Sauveur et faire sa volonté. Et peut-être, après tout, est-il presque plus facile de se donner une fois pour toutes par le martyre que de renouveler jour après jour sa consécration dans les détails infimes de l'existence quotidienne, dans l'obscurité d'une vie à laquelle personne ne prend garde. Je veux tout particulièrement être attentif à cet appel et, avec l'aide de Dieu, m'appliquer à faire un usage fidèle du temps, bref ou prolongé, qu'il m'accordera de passer encore ici-bas.

21. XII. 31.

Malgré la date que j'inscris au haut de cette feuille, c'est en réalité le 4 janvier 1932 que j'achève ces réflexions. Pour toutes sortes de raisons, il ne m'a pas été possible de trouver durant les quinze derniers jours les quelques moments de solitude et de tranquillité dont j'ai besoin pour me recueillir. Ce jour, qui marque pour moi la reprise de l'activité régulière, est aussi une sorte de recommencement et c'est toute ma vie personnelle, ma vie de famille, mon travail tout entier que je veux placer dès aujourd'hui sous le contrôle de celui qui sonde les reins et les coeurs. Que Dieu me donne de faire un bon usage de mon temps et de n'en pas perdre une seule heure. Qu'il me rende attentif à la nécessité d'accomplir ma tâche régulièrement, sans retard, de manière que je sois toujours prêt. Et voici le grand progrès que je voudrais pouvoir réaliser au cours de cette année :
Le cadre de ma vie donne à celle-ci un caractère éminemment religieux ; toutes mes occupations me ramènent aux problèmes et aux tâches de la vie religieuse. Mais je suis forcé de m'avouer à moi-même que ce cadre, imposé du dehors à ma vie, a quelque chose d'artificiel et de forcé. Je fais les choses, admettons même que je les fais plus régulièrement que jadis, parce que j'y suis tenu et, en quelque sorte, parce que c'est mon métier, et non parce que mon âme et mon coeur y sont engagés ; il me manque quelque chose d'essentiel, de fondamental, la vraie vie, la vie qui s'exprime et se manifeste par l'amour, le zèle, la fidélité, l'oubli de soi-même, la volonté de servir, en un mot, par la consécration. Puisse cette année voir s'accomplir en moi à cet égard un changement décisif!


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L'appel du Christ. Marc I.16-17
 

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