Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE  (Jean 17.17)
Cela me suffit...
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(Notre confession de foi: ici)
Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE
(Jean 17.17)
Cela me suffit...



AUGUSTE THIÉBAUD

SERMONS ET MÉDITATIONS

L'APPEL DU CHRIST
(1)

 

Comme Jésus passait le long de la mer de Galilée, il vit Simon et André, frère de Simon, qui jetaient un filet dans la mer; car ils étaient pêcheurs ; et il leur dit : Suivez-moi et je vous ferai pêcheurs d'hommes. Marc 1, 16, 17.

Telle est, mon cher frère, la parole qui s'est imposée à moi dès l'instant où j'ai su que je serais appelé à présider ce service. Plus d'une fois, au cours de mes méditations, j'ai essayé de me soustraire à son emprise et de trouver un texte qui définit avec plus d'ampleur et de richesse la vocation dans laquelle vous entrez aujourd'hui. Mais elle a continué à se présenter avec tant d'insistance que j'ai fini par m'y soumettre et par l'accepter avec reconnaissance comme le message que le Seigneur me donnait pour vous en vue de l'acte que nous allons accomplir. Et après tout, y aurait-il, dans le Nouveau Testament tout entier, un mot qui rappelât plus clairement qui vous servirez désormais et quel sera le trait fondamental du ministère qui va vous être conféré?

Ce texte nous met en présence d'un appel : Suivez-moi! Les jeunes gens qui l'entendirent les premiers connaissaient-ils celui qui le leur adressait? À s'en tenir au récit des trois premiers Évangiles, on pourrait croire que non et que ce fut pour suivre un inconnu que Simon et André abandonnèrent barque et filet. Mais le quatrième Évangile nous apprend qu'ils avaient déjà rencontré Jésus ; Jean-Baptiste, sur les rives du Jourdain, l'avait déjà signalé à leur attention ; ils avaient passé auprès de lui des heures inoubliables et avaient reconnu en lui « celui que Moïse et les prophètes ont annoncé » ; ils étaient revenus avec lui de Judée en Galilée et avaient été, à Cana, témoins de son premier miracle ; et si, depuis, ils étaient retournés pour un temps a leurs occupations habituelles, leur cœur était tout rempli des radieuses espérances que Jésus y avait fait surgir ; ils l'attendaient, et il lui suffit d'un mot pour entraîner ceux qui déjà croyaient en lui et ne demandaient qu'à lui appartenir tout entiers.

Mon cher frère, j'ose affirmer que, vous aussi, vous connaissez celui qui vous appelle. Votre présence ici m'en est un gage certain Ah! sans doute, vous ne le connaissez pas encore pleinement. Vous êtes loin, comme nous tous du reste, de « connaître quelle est la largeur, la longueur, la profondeur et la hauteur de l'amour de Christ, qui surpasse toute connaissance » ; vous avez également, comme nous tous, à progresser dans l'intelligence de son œuvre rédemptrice et, si vous vous y appliquez, vous ferez dans ce domaine des découvertes qui vous rempliront de gratitude et d'adoration. Mais, dès à présent, vous l'avez rencontré et vous le connaissez. Si, librement, spontanément, vous avez demandé la consécration qui fera de vous un ministre de l'Évangile, ce n'est pas uniquement pour répondre au pieux désir de vos parents et encore moins parce que d'autres carrières se sont fermées devant vous, mais bien, j'en ai la certitude, parce que vous avez reçu du Seigneur quelque chose qui est votre bien le plus précieux et en quoi vous voyez la seule chose nécessaire pour vous-même et pour toute âme d'homme ici-bas ; parce qu'ayant bénéficié de sa grâce, vous avez compris qu'il vous appelle à la proclamer et à continuer avec lui et en son nom, auprès de ceux qui souffrent, de ceux qui cherchent, de ceux qui s'égarent, la mission salutaire que le Père lui a confiée.

En son nom. Voilà le mot qu'avant de passer à d'autres réflexions, je voudrais encore souligner fortement. Quoi que vous disiez et fassiez, vous ne serez plus désormais que son représentant. C'est en son nom que vous monterez en chaire, dimanche après dimanche, pour nourrir vos auditeurs, non de votre pensée et de votre sagesse, mais de la pensée et de la sagesse du Maître, pour lui rendre témoignage, pour faire entendre ses avertissements et ses appels ; et vous n'accomplirez votre tâche que dans la mesure où ceux qui vous entendront reconnaîtront dans votre voix la voix du bon berger à la recherche de la brebis perdue. C'est en son nom que vous présiderez ces services de cène qui sont incontestablement ce qu'il y a à la fois de plus sacré et de plus réconfortant dans notre ministère ; et, même si vous n'aviez pas encore trouvé et ne deviez jamais trouver les mots qui traduisent à votre pleine satisfaction ce qui s'est passé au Calvaire, c'est pourtant en son nom que vous romprez le pain et direz : Ceci est mon corps, rompu pour vous ; en son nom que vous tendrez la coupe et direz : Cette coupe est la Nouvelle Alliance en mon sang, répandu pour les péchés de plusieurs. C'est en son nom que vous instruirez les enfants et que vous vous efforcerez de les guider vers la porte étroite et le chemin resserré qui conduisent à la vie. C'est en son nom que vous visiterez les malades, les pauvres, les isolés, que vous consolerez ceux qui pleurent, que vous soutiendrez les mourants et qu'au bord de la tombe, vous parlerez du jugement à venir et proclamerez la certitude de la vie éternelle.

Voilà, trop brièvement et trop imparfaitement résumée, la signification de l'appel qui vous a été adressé et auquel vous avez déjà répondu. Mais quelles seront pour vous les conséquences de cet appel et quel caractère donnera-t-il à votre ministère? Il y a, sur ce point, trois choses que je désire vous rappeler en peu de mots.

D'abord, cet appel est une promotion. Pensez à la distance qui devait séparer la nouvelle carrière des fils de Jona de l'humble profession qu'ils avaient exercée jusque là ! Il en est toujours ainsi des appels de Jésus. On peut toujours les rendre par ce mot : Mon ami, monte plus haut! Il était bon de vous le redire, non pour vous remplir d'orgueil, mais pour vous délivrer de la crainte qu'en répondant à l'appel de Jésus, vous n'entriez dans la voie de l'appauvrissement et de la diminution. Loin de moi la pensée de dénigrer ce qu'on appelle les professions laïques. je reconnais pleinement que soit comme médecin, maître d'école, négociant, ou même comme simple artisan, vous auriez pu glorifier Dieu, rendre aux autres de précieux services et éprouver de réelles satisfactions. Qui sait? Il y aura peut-être, il y aura sûrement dans votre vie des heures de fatigue et de dépression où vous jetterez un regard d'envie sur la carrière plus brillante et, en apparence, plus facile de tel de vos camarades. Mais ressaisissez-vous! En faisant de vous un pêcheur d'hommes, le Seigneur, qui saura vous maintenir dans l'humilité en vous révélant à chaque heure votre insuffisance et votre indignité, ne vous en a pas moins appelé à la plus belle, à la plus sainte, à la plus glorieuse des tâches, une tâche qui, si vous savez vous en acquitter fidèlement, vous procurera, avec beaucoup de souffrances, quelques-unes des joies les plus douces et les plus pures que l'homme puisse goûter.

En second lieu, cet appel vous trace votre ligne de conduite : pêcheur d'hommes, voila ce que vous serez avant tout et par-dessus tout. Soyez, si vous le pouvez, un penseur profond ; utilisez les belles facultés dont Dieu vous a doué pour scruter les graves problèmes de notre destinée ; soyez, si c'est la votre don particulier, un entraîneur débordant de zèle et d'entrain et capable de transformer une église assoupie en ruche laborieuse et bourdonnante ; dépensez-vous pour assurer à vos semblables un peu plus de bien-être et de confort, une existence plus riche, une vie plus colorée ; mais souvenez-vous que le Seigneur a voulu, avant toute autre chose, faire de vous un pêcheur d'hommes, c'est-à-dire quelqu'un ayant au cœur le souci des âmes, quelqu'un que dévore le besoin d'amener ses frères au salut, à la rencontre avec Dieu qui fera d'eux de nouvelles créatures, les affranchira du péché et les préparera à la vie éternelle.

Et enfin, cet appel vous place dans la dépendance immédiate de Jésus-Christ, qui ne vous exhorte pas seulement à devenir pêcheur d'hommes, mais s'engage à vous en fournir le moyen. Remarquez bien ce mot, qui est probablement le plus important du texte : « Je vous ferai pêcheurs d'hommes». Nous ne pouvons pas y arriver par nous-mêmes. Il y a des tâches qui dépassent nos forces entièrement, absolument, aussi longtemps que nous n'avons à communiquer que ce que nous possédons par nous-mêmes ou ce que nous avons acquis par nos recherches et par nos efforts ; et lorsqu'il ne s'agit pas des choses de la terre, mais des choses de Dieu, lorsqu'il s'agit de réconforter un désespéré, de rassurer un pécheur qui tremble à la pensée du jugement, de guider un mourant au travers de la sombre vallée, nous ne pouvons que nous écrier : Qui serait suffisant pour ces choses? Mais celui qui nous appelle est tout-puissant. Voyez ce qu'il a fait de Simon et d'André, de Jacques et de Jean, de Saul de Tarse et de tant d'autres ouvriers plus obscurs dont les noms mêmes sont oubliés aujourd'hui, mais qui n'en furent pas moins des pêcheurs d'hommes et dont l'éternité révélera l'œuvre bénie.

Et voilà aussi ce que le Seigneur veut faire de vous, mon cher frère. À une condition, cependant, celle-là même qu'indique le premier mot de notre texte : Suivez-moi! Vous savez ce que cet ordre impliquait pour les premiers disciples ; vous savez ce qu'il implique pour vous. Suivre Christ, c'est marcher sur ses traces ; c'est s'inspirer de son exemple ; c'est se pénétrer de son esprit ; c'est s'attendre à lui pour toutes choses ; c'est se mettre tout entier et sans réserve à son service, comme il s'est donné lui-même tout entier à l'œuvre que son Père avait placée devant lui. Eh bien! suivez-le, obéissez-lui, laissez-vous diriger par lui en toutes choses et, malgré votre faiblesse, il fera de vous, dès aujourd'hui, un pêcheur d'hommes.

Et nous, mes chers frères, qui entourons de notre sympathie et de nos prières celui qui va se consacrer et que nous allons consacrer au service du Maître, n'avons-nous pas, nous aussi, quelque chose à retirer de la parole que nous venons de méditer? Pasteurs ou laïcs, n'avons-nous pas tous charge d'âmes? Ne sommes-nous pas tous appelés à devenir pêcheurs d'hommes? Ah! puisse l'occasion qui nous réunit nous remettre en présence de nos responsabilités et de nos privilèges, nous rappeler que, dans un monde qui, livré à lui-même, marche infailliblement à la ruine, le Seigneur nous invite à devenir ses collaborateurs et, en quelque mesure, les continuateurs de son œuvre! Puisse-t-elle nous rappeler surtout que cette oeuvre est la sienne et que c'est lui, et lui seul, qui peut faire de nous tous des pêcheurs d'hommes! Amen.


Table des matières

Page précédente:
Les péchés d'autrui, Genèse XXXVII, 2
Le don de Dieu. Jean IV, 10
Persévérer. Galates VI, 9

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(1) Sermon prêché le 3 novembre 1931 à la Collégiale de Neuchâtel, à l'occasion de la consécration de M. René Desaules. (Journal religieux du 7 novembre 1931.)

 

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