Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE  (Jean 17.17)
Cela me suffit...
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Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE
(Jean 17.17)
Cela me suffit...



AUGUSTE THIÉBAUD

SERMONS ET MÉDITATIONS

LES PÉCHÉS D'AUTRUI
(1)

Joseph rapportait à Jacob les mauvais propos de ses frères. Genèse XXXVII, 2.

De toutes les figures que la Bible nous dépeint et nous donne en exemple, l'une des plus pures et des plus attachantes est certainement celle de Joseph. Joseph nous intéresse non seulement par ses malheurs et par sa vie mouvementée, mais encore et surtout par la noblesse de son caractère, par son affection pour son vieux père, par son inébranlable confiance en Dieu, par la générosité dont il fit preuve à l'égard de ses frères, par son héroïsme en face de la tentation, par la simplicité qu'il conserva même lorsqu'il fut parvenu au faite des honneurs et qui l'empêcha de renier ses humbles origines.

Le trait cité en tête de ces lignes est presque la seule tache, la seule trace de faiblesse que l'on puisse relever dans cette vie si complètement dominée par l'amour du bien et le sentiment du devoir. Joseph, qui, plus tard, sut résister aux plus terribles assauts de l'esprit du mal, aux désirs de la chair, au découragement, à la rancune, à l'orgueil, avait succombé dans sa jeunesse à une tentation qui nous parait bien mesquine : il s'était fait ce qu'on appelle en termes d'écoliers un rapporteur : témoin de la conduite grossière de ses frères, il n'avait pu garder pour lui ce qu'il avait vu et entendu, et s'était hâté d'en faire part à son père. Encore est-il possible qu'il ait été animé de bonnes intentions, que, blessé de voir ses frères parler et agir au dehors comme ils n'eussent jamais ose le faire dans la maison paternelle, il se soit senti pressé d'avertir Jacob pour que celui-ci prit les mesures nécessaires.

Quoi qu'il en soit, ce détail attire notre attention sur un problème que nous rencontrons fréquemment dans la vie, celui de l'attitude que nous devons prendre à l'égard des péchés d'autrui : faut-il les dénoncer impitoyablement ou bien garder un silence prudent et charitable, faut-il user de sévérité ou bien faire preuve d'une douce indulgence? Il va presque sans dire qu'il n'y a pas, dans ce domaine, de règle générale ; qu'il faut savoir apprécier chaque cas séparément ; que les mêmes méthodes ne réussissent pas auprès de tous les individus ; qu'il y a lieu, par conséquent, d'agir toujours avec tact et discernement. Heureusement, nous n'en sommes pas réduits à nos seules lumières et l'Écriture nous donne, pour trancher ces questions difficiles, quelques principes dont nous devons toujours nous inspirer.

Le premier de ces principes est ainsi formule par notre Seigneur dans le Sermon sur la Montagne : Ne jugez point afin que vous ne soyez point jugés (Matth. VII, 1). Il y a des gens - malheureusement pas en petit nombre - qui ont la détestable manie de voir toujours le mauvais côté des hommes et des choses, qui ne peuvent rien louer sans faire de réserves, qui ont toujours un : oui, mais, ou un : attendons, sur les lèvres. Montrez-leur un objet dont vous venez de faire l'achat et qui vous plaît : du coup, ils vous rappelleront qu'il vous est inutile, ils vous prouveront qu'il est de qualité inférieure, ou que vous l'avez payé trop cher. Parlez-leur d'un acte de générosité, de courage, de bonté qui vous a rempli d'admiration. Les voilà qui se mettront à chercher « la petite bête » et qui bientôt ne découvriront que finesse, ruse, ostentation, là où vous voyiez de la charité et du désintéressement. Tristes gens que ces perpétuels doucheurs : ils se privent eux-mêmes et privent leur entourage de toutes les joies de l'existence. Imaginez le plaisir de ne voir autour de soi que menteurs, trompeurs, calculateurs fraudeurs! Surtout ils ne se doutent pas que leur travers est infiniment plus grave que la plupart des fautes qu'ils condamnent chez autrui, que cette manie de tout juger, de tout critiquer, dénote de leur part une malveillance, une amertume, une confiance dans leur propre opinion qui les éloigne du Royaume des cieux davantage encore que les péchés les plus grossiers. C'est à l'adresse de ces gens-là que notre Sauveur prononce quelques-unes des paroles les plus dures qui soient sorties de sa bouche : « Hypocrite ! dit-il.

Pourquoi vois-tu la paille qui est dans l'oeil de ton frère et ne vois-tu pas la poutre qui est dans le tien ?» Ah ! prenons garde! cherchons d'abord à purifier notre vie, balayons, pour commencer, devant notre porte, cherchons avant tout à nous rendre irréprochables et puis alors, mais alors seulement, nous verrons comment ôter la paille qui est dans l'oeil de notre frère.

Mais, objectera-t-on, est-il possible de ne jamais juger? Le mal se cache-t-il toujours et ne peut-on jamais le voir sans lunettes? N'y a-t-il pas des cas en grand nombre où il se présente a nous sous son vrai jour, avec la plus aveuglante clarté? C'est certain, et dans ces cas, notre devoir est tout tracé et saint Paul l'exprime en ces termes : N'ayez aucune part aux oeuvres infructueuses des ténèbres, mais plutôt condamnez-les (Éphes. V, 11). La bonté n'est pas la faiblesse et la charité n'est pas la lâcheté. Or trop souvent nous sommes lâches à l'égard du mal. Une de nos connaissances a-t-elle commis un acte répréhensible, nous ne cachons, en particulier et devant des tiers, ni notre tristesse ni notre indignation. Mais s'adresser au coupable lui-même, pour lui dire : Tu fais mal, ou simplement : Prends garde, ah! non, ce n'est plus notre affaire, cela ne nous regarde plus ; même lui faire froide mine serait un manque de tact, une indiscrétion, du pharisaïsme! ce serait surtout, si le coupable a quelque crédit, une grosse imprudence.

Et d'ailleurs, lorsque le coupable nous touche de près, avec quelle habileté nous prenons sa défense : A tout péché miséricorde! Il faut que jeunesse se passe! À la guerre comme à la guerre. Les affaires sont les affaires! Combien nous en avons de ces dictons où s'exprime une sagesse cauteleuse et qui montrent qu'aux yeux de bien des gens, le plus grand tort n'est pas de faire le mal, c'est de se laisser prendre. Cette faiblesse morale, cette passivité à l'égard du mal, cette tendance à considérer comme l'auteur du scandale celui qui dénonce la faute et non celui qui la commet, est une des tares les plus tristes de notre vie individuelle et collective. Un vrai chrétien devrait avoir moins de souplesse et prendre à tâche de ne pas ressembler à ces « chiens muets » dont parle l'Écriture.

Mais alors, allons-nous nous ériger en juges les uns des autres, citer chacun a notre barre et usurper la place des magistrats? Non pas, mais voici l'esprit dans lequel nous devons combattre le péché d'autrui : Portez les fardeaux les uns des autres (Gal. VI, 2). Quand nous nous occupons des fautes de nos semblables, que ce soit pour leur venir en aide et non pour les écraser sous le poids de notre condamnation. Sans complaisance coupable pour le mal, nous devons avoir constamment en vue le relèvement du pécheur. Après nous avoir donné le conseil que je viens de rappeler, l'apôtre ajoute : « Et vous accomplirez ainsi la loi de Christ ». N'est-ce pas, en effet, l'exemple que Christ nous a donne? Nul n'a poussé plus loin que lui le courage moral : il a dit la vérité aux grands et aux petits, aux pauvres comme aux riches. Mais ses paroles les plus rudes étaient encore, ne disons pas tempérées, mais dictées par la charité. C'est parce qu'il voulait le vrai bien des pêcheurs qu'il leur disait si ouvertement la vérité, et c'est parce qu'ils avaient conscience de cet amour que tant de pécheurs ont accepté cette parole qui, de la part d'un autre, les eût fait bondir. Ah! puissions-nous nous inspirer toujours davantage de cet exemple! Débarrassons-nous de l'esprit de jugement, purifions nos coeurs de toute crainte servile et nos rapports avec autrui de toute basse complaisance, et revêtons-nous par-dessus toutes choses de la charité, de cette charité qui espère tout et supporte tout, d'une charité qui ne périsse jamais.


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LE DON DE DIEU (2)

Si tu connaissais le don de Dieu ..... Jean IV, 10.

Le don de Dieu! Ce singulier n'est-il pas surprenant? Nous avons l'habitude de parler des dons de Dieu, et certes nous avons raison ; les dons de Dieu sont en si grand nombre que nous aurions peine à en dresser la liste : « Mon âme, disait le Psalmiste, bénis l'Éternel et n'oublie aucun de ses bienfaits! »

N'était-ce pas un don de Dieu que cette mère qui a veillé sur vous dès votre naissance, qui vous a entouré, pendant toute sa vie, de son affection et de ses soins, qui vous a accompagné partout de ses prières et dont la figure rayonnante et douce reste gravée à jamais dans votre souvenir? N'était-ce pas un don de Dieu aussi que cette santé robuste dont vous avez joui jusqu'à votre vieillesse et qui vous a permis non seulement de vivre d'une vie pleine, large, facile, mais d'accomplir joyeusement et presque sans peine la tâche qui vous était imposée?

Don de Dieu encore ces enfants qui ont égayé votre foyer, qui ont donné un centre et un but à tous vos efforts et qui maintenant sont l'appui et la consolation de vos vieux jours! Don de Dieu ces amis fidèles que ni le temps, ni la distance, ni la prospérité, ni l'infortune n'ont séparés de vous, qui ont partagé vos joies et vos souffrances et porté une part de vos fardeaux!

Oui, les dons de Dieu sont en grand nombre ; et pourtant Jésus dit : Si tu connaissais le don de Dieu..., comme s'il n'y en avait qu'un ou plutôt comme s'il y en avait un qui surpasse tous les autres au point de les faire oublier, ainsi qu'à l'aube, la lumière radieuse du soleil efface la faible clarté des étoiles.

Eh bien! c'est ainsi. Il y a un don de Dieu qui surpasse tous les autres, qui les résume et qui, au besoin, peut en tenir lieu. Ce don, c'est celui qu'il nous a fait de lui-même, de son amour, de sa tendresse, en venant a nous en la personne de Jésus. Certes, les messages d'un ami sont précieux ; précieux aussi sont les témoignages de son affection ; mais combien plus précieuse encore est sa présence, le son de sa voix, la pression de sa main, la clarté de son regard! Et tout cela, nous l'avons en Jésus. En Jésus, et c'est précisément ce qui lui assure un rang unique parmi tous les hommes et au-dessus des hommes, Dieu est venu jusqu'à nous ; il s'est associé a notre vie ; il a pris sur lui nos souffrances ; il a accepté d'être solidaire de nos erreurs et de nos péchés ; mieux que cela, il n'est pas venu seulement pour souffrir et pleurer ; il est venu pour agir, pour lutter, pour délivrer. Jésus, c'est la lumière d'En-haut brillant dans nos ténèbres ; c'est la main secourable et forte qui nous est tendue pour nous relever ; Jésus, c'est le pardon de nos péchés ; c'est la certitude de la victoire sur le mal ; c'est l'assurance de la vie éternelle. Jésus, c'est le don de Dieu.

Lecteur, qui que tu sois, jeune ou vieux, pauvre ou riche, solitaire ou entouré d'une nombreuse famille, fort ou brisé, souffrant ou plein de santé, honoré ou méprisé, connais-tu le don de Dieu?


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PERSÉVÉRER (3)

Ne nous lassons pas de faire le bien ; car nous moissonnerons au temps convenable, si nous ne nous relâchons pas. Gal. VI, 9.

Pour des êtres comme nous et dans un milieu tel que celui où nous sommes appelés à travailler, la pratique du bien présente inévitablement des difficultés. Il y a en nous toute sorte d'instincts qu'il faut ou combattre ou tenir en bride et qui ne réussissent que trop souvent à déjouer notre vigilance ; il y a, chez ceux qui nous entourent, bien des résistances, tantôt sourdes et tantôt déclarées, qui mettent obstacle à l'influence que nous cherchons à exercer. Aussi sont-ils nombreux ceux qui se lassent et se découragent, ceux qui disent : Ont quoi bon? j'ai essayé, j'ai fait des efforts ; mais j'ai perdu mon temps ; ce que j'ai fait n'a servi à rien.

Ce langage est en contradiction directe avec celui de l'apôtre qui oppose à nos gémissements sa certitude joyeuse et quasi triomphante : Nous moissonnerons Il est dans l'ordre des choses que la moisson succède aux semailles ; c'est la loi de l'univers matériel ; c'est aussi la loi du monde moral. Pour le bien comme pour le mal, nos actes, nos paroles et parfois même les pensées et les sentiments que nous laissons s'implanter en nos âmes, sont des causes qui seront un jour suivies d'effet, des semences qui ne peuvent disparaître totalement et qui, une fois ou l'autre, porteront du fruit. C'est la raison pour laquelle saint Paul, pensant à toute la peine que se sont donnée ses lecteurs depuis qu'ils ont accueilli l'Évangile, songeant aux efforts de toute nature qu'ils ont accomplis pour triompher de leur vieille nature comme pour gagner à Christ leurs enfants et leurs voisins, se sent en droit de leur dire : Courage! nous moissonnerons .....

Oui, nous moissonnerons. Mais à deux conditions. La première est que nous sachions attendre. Il doit nécessairement s'écouler un certain temps entre les semailles et la moisson. Pas plus que je ne puis raisonnablement m'attendre à voir lever ce soir la graine que j'ai mise en terre ce matin, je ne suis autorisé à exiger que le succès couronne immédiatement toutes mes tentatives. En nous comme chez les autres, il faut laisser à la semence le temps de germer, de se développer, d'arriver à maturité ; il faut même savoir l'y aider, comme on protège une plante contre les intempéries, comme on l'arrose, comme on lui donne un support pour l'empêcher de traîner sur le sol. Au temps convenable, c'est-à-dire au temps que Dieu lui-même a fixé dans sa sagesse, en se conformant aux lois qu'il a établies lui-même! Que ce mot réprime nos impatiences et qu'il nous aide à continuer notre tâche calmement, méthodiquement, soutenus par la certitude que, tôt ou tard, la moisson viendra !

Et voici la seconde condition : Il faut avoir assez de courage et de force pour aller jusqu'au bout. Jésus déjà engageait ses auditeurs, qui se montraient désireux de le suivre, a calculer la dépense, comme l'homme qui pense à bâtir une tour et ne veut pas devenir la risée publique en laissant l'oeuvre inachevée. Nombre d'échecs sont dus au fait que le souffle a manqué pour accomplir l'effort suprême qui eût assuré le succès définitif ; il suffit ainsi d'une seule défaillance pour anéantir le travail de bien des jours et de bien des années. Pensons-y, nous, prédicateurs, qui parfois sommes lassés de redire toujours les mêmes choses, de mettre en garde nos ouailles contre les mêmes dangers ; pensons-y nous, parents, qui nous fatiguons de lutter chez nos enfants contre les mêmes défauts et sommes tentés de laisser à la vie le soin de les corriger ; pensons-y, nous tous qui devons résister à nos passions, à notre égoïsme, à notre vanité, à nos sentiments vindicatifs, et qui constatons avec effroi le peu d'empire que nous exerçons sur nous-mêmes. Courage ! nous moissonnerons si nous ne nous relâchons pas.

Nous avons tous entendu parler de Robert Bruce, ce roi d'Écosse dépossédé, proscrit, a qui les efforts répétés d'une araignée pour tisser sa toile à l'entrée d'une caverne, rendirent la foi au succès de sa cause. Sachons seulement ouvrir les yeux, nous aussi, et nous verrons que tout, dans la nature, nous donne cette leçon de persévérance. C'est aussi la leçon que nous donne l'histoire en nous montrant que les « coups d'éclat » sont bien souvent des triomphes sans lendemain ; ce qui subsiste, ce qui demeure, ce qui compte, dans la vie des individus comme dans celle des peuples, c'est ce qui s'acquiert au prix du labeur persévérant de toute une vie et parfois de tout un siècle. Personne ne le savait mieux que celui dont la voix grave et sereine nous dit : Nous moissonnerons au temps convenable, si nous ne nous relâchons pas.


Table des matières

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(1) journal religieux du 4 mars 1911.
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(2) journal religieux du 15 janvier 1921.
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(3) Journal religieux du 10 février 1923.

 

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