ARGUMENS ET
RÉFLEXIONS SUR LES LIVRES ET LES CHAPITRES
DU NOUVEAU TESTAMENT
PREMIÈRE ÉPÎTRE
CATHOLIQUE DE SAINT PIERRE.
L'apôtre saint Pierre écrivit
cette épître aux chrétiens qui
demeuraient dans les provinces de l'Asie Mineure,
et qui étaient la plupart des Juifs
dispersés. Elle tend à les affermir
dans la foi et dans la sainteté ; on y
trouve plusieurs instructions
très-importantes ; elle est pleine de
force et de gravité, et c'est l'un des plus
excellens livres du Nouveau Testament.
CHAPITRE
PREMIER.
Saint Pierre
- loue Dieu de ce qu'il avait appelé
les chrétiens au salut par
Jésus-Christ, et de ce qu'il leur avait
donné une espérance qui les
soutenait et qui les remplissait même de
joie au milieu des afflictions et des
persécutions.
- Il leur représente combien ils
étaient heureux de connaître
Jésus-Christ et de voir dans
l'Évangile l'accomplissement des oracles
des prophètes, et il les exhorte, par
divers motifs, à la sainteté et
à une vie digne de leur vocation.
I.1-9 ; Il. 10-12 ; III. 13-25.
RÉFLEXIONS.
LA lecture de ce chapitre nous
engage à trois devoirs principaux.
1. À rendre à Dieu
d'ardentes et de continuelles actions de
grâces de ce qu'il nous a élus pour le
salut et de ce qu'il nous a donné, par la
résurrection de Jésus-Christ, une si
ferme et si glorieuse espérance de
l'immortalité.
2. À bien considérer
le bonheur que nous avons de connaître ces
mystères, qui étaient le sujet des
oracles et de l'attente des prophètes, et
qui sont encore celui de la méditation et de
l'admiration des anges, Dieu nous ayant fait voir
dans l'Évangile l'accomplissement des
promesses que les prophètes avaient faites
touchant la venue du Messie et la rédemption
des hommes.
Le troisième devoir est de
nous souvenir que tous ces glorieux avantages nous
obligent à une vie pure et sainte. C'est
à quoi saint Pierre nous exhorte en nous
représentant,
1. que Dieu nous a tirés de
l'ignorance et de la corruption où les
hommes étaient lorsqu'ils ne connaissaient
pas Jésus-Christ ;
2. que comme Dieu, qui nous a
appelés, est saint, nous devons aussi
être saints dans toute notre conduite ;
3. que ce Dieu que nous invoquons
comme notre père est aussi notre juge, et
qu'il nous rendra à tous selon nos
oeuvres ;
4. que nous avons été
rachetés et consacrés à Dieu
par le précieux sang de Jésus-Christ.
Et enfin que nous avons reçu une nouvelle
naissance par la prédication de
l'Évangile, qui est la parole du Dieu
vivant, et qui demeure éternellement. Ce
sont là de puissans motifs à une
conduite sainte et chrétienne ; nous
devons nous les proposer continuellement et prier
Dieu qu'il les rende efficaces dans nos coeurs par
la vertu du Saint-Esprit.
CHAPITRE
Il.
Saint Pierre exhorte les
chrétiens
- à vivre dans l'innocence, à
croître dans la connaissance et dans la
grâce de Jésus-Christ, et de
s'attacher de plus en plus à lui par la
foi et par l'imitation de sa vie, en sorte
qu'étant unis à leur Sauveur, et
entr'eux par la charité, ils composent
tous ensemble une même Église, qui
soit comme un temple consacré au
Seigneur. Et pour les engager à cela, il
leur met devant les yeux, un côté,
le malheur des incrédules qui rejetaient
Jésus-Christ, et de l'autre la
grâce que Dieu leur avait faite de les
choisir pour être son peuple et des
personnes consacrées à son service
et à sa gloire.
- Il les exhorte, après cela, à
renoncer aux désirs de la chair, à
édifier les payens par une bonne
conduite, à être soumis aux rois et
aux magistrats, à aimer et honorer tout
le monde. Il recommande aux esclaves
chrétiens qui servaient des maîtres
payens de s'assujettir à eux et de
supporter patiemment ce que leur état
avait de fâcheux et de rude, et à
cette occasion il parle de l'obligation
où sont les chrétiens d'imiter la
patience de Jésus-Christ.
I. 1-10 ; II. 11-25.
RÉFLEXIONS.
Nous devons remarquer, dans ce
chapitre,
1. que le caractère des vrais
enfans de Dieu est l'innocence, la douceur, la
simplicité, la sincérité, un
grand éloignement pour la malice et pour
l'hypocrisie, et un désir continuel de
s'avancer dans la grâce de Notre Seigneur
Jésus-Christ.
2. Nous avons ici
une belle description de la vocation des
chrétiens. Saint Pierre dit que les
fidèles sont comme autant de pierres
vivantes qui composent une maison sainte où
l'on offre des sacrifices spirituels,
agréables à Dieu par
Jésus-Christ, et que l'Eglise est une
assemblée de rois, de sacrificateurs, de
personnes élues, et un peuple que Dieu s'est
acquis.
Cela nous engage à bien
considérer la glorieuse condition où
Dieu nous a élevés et la grande
grâce qu'il nous a faite de nous choisir pour
être son peuple, nous qui étions
autrefois de misérables payens. Et ces
titres augustes que l'apôtre nous donne
doivent nous inspirer des sentimens dignes d'une
vocation aussi sainte que la nôtre, et de
personnes que Dieu a séparées du
monde et qu'il a consacrées à son
service et à sa gloire.
Les devoirs que cette vocation nous
impose sont, comme saint Pierre le
représente avec tant de force et tant de
douceur, d'annoncer les vertus de celui qui nous a
appelés des ténèbres à
sa merveilleuse lumière, de nous abstenir
des convoitises charnelles qui font la guerre
à l'âme, nous souvenant que nous
sommes ici-bas des étrangers et des
voyageurs ; d'édifier tous les hommes
par une conduite sage et innocente ; de
craindre Dieu, d'honorer tous nos supérieurs
et de rendre à tous les hommes ce qui leur
est dû.
Enfin l'un des principaux devoirs
des chrétiens est de souffrir patiemment
tous les maux qu'on pourrait leur faire et de se
proposer toujours l'exemple de Jésus-Christ,
qui n'avait commis aucun péché et qui
cependant a souffert avec une patience si
admirable, nous laissant en cela un exemple et un
patron, afin que nous en suivions les traces.
CHAPITRE
III.
Saint Pierre continue à
marquer les devoirs du Christianisme, et il
prescrit,
- 1. celui des femmes et des maris.
- 2. il exhorte tous les chrétiens
à s'aimer et à vivre dans la paix
et dans l'innocence, et il leur dit que c'est
là le moyen d'être heureux,
même dès cette vie et au milieu des
persécutions.
- 3. Pour engager les chrétiens
à souffrir patiemment ces
persécutions et à faire toujours
une profession ouverte de l'Évangile, il
leur parle de ce que Jésus-Christ a
souffert pour expier les péchés
des hommes et pour amener à Dieu les
payens et les peuples, qui étaient dans
la prison et dans l'esclavage de l'ignorance et
du péché, afin
qu'entrant dans l'Eglise par le baptême,
et devenant de nouvelles créatures, ils
fussent sauvés comme Noé et sa
famille le furent autrefois dans l'arche, lors
du déluge.
I. 1-7 ; II. 8-17 ; III. 18-22.
RÉFLEXIONS.
SAINT Pierre exhorte ici,
premièrement, les femmes
chrétiennes à être soumises
à leurs maris, à se conduire avec une
grande douceur, à fuir le luxe et
l'immodestie dans les habits, et à
être ornées intérieurement d'un
esprit doux et paisible, qui est d'un grand prix
devant Dieu. Sur quoi il représente aux
femmes, qui avaient des maris payens, que par des
moeurs innocentes et pures et par une conduite
modeste et respectueuse, elles pourraient les
adoucir et les amener même à la
religion chrétienne. Les femmes qui sont
unies à des maris fâcheux peuvent voir
par là combien la piété et la
douceur ont de force pour rendre leur état
plus supportable.
2. L'apôtre ordonne aux maris
d'aimer leurs femmes et de se conduire envers elles
avec circonspection et avec douceur, afin que les
prières qu'ils faisaient ensemble ne fussent
pas troublées par la désunion.
3. Il recommande aux
chrétiens en général de
s'aimer cordialement, de ne jamais faire de mal
à personne, de ne se point venger et de
vivre dans la paix avec tout le monde, leur
représentant, après David, que c'est
par là qu'on peut passer une vie plus douce,
apaiser les ennemis qu'on pourrait avoir, et
même être heureux lorsqu'on est
persécuté.
4. On voit, dans ce chapitre, que
l'un des principaux devoirs des chrétiens
est de faire une profession sincère du
Christianisme, de conserver une bonne conscience et
d'être prêts à rendre raison de
leur foi, avec douceur et avec respect, dans toutes
les occasions qui s'en présentent.
5. Sur la fin de ce chapitre saint
Pierre enseigne que Jésus-Christ a souffert,
qu'il est ressuscité, et qu'il a fait
prêcher son Évangile aux payens pour
retirer les hommes de la servitude du
péché ; et que comme Noé
fut autrefois sauvé dans l'arche, nous
sommes aussi sauvés par le baptême,
qui nous donne entrée dans l'Eglise de Dieu.
Il s'ensuit de là que l'on ne peut parvenir
au salut que par la foi en Jésus-Christ,
qu'il est nécessaire de faire une profession
publique de cette foi dans le baptême ;
mais que le baptême ne peut sauver s 'il
n'est accompagné de la pureté de la
conscience ; et enfin que ceux qui
n'obéissent pas à l'Evangile
périront dans leur
incrédulité, comme les habitans du
premier monde qui ne profitèrent pas de la
patience de Dieu et qui ne crurent pas à la
prédication de Noé, périrent
dans les eaux du déluge.
CHAPITRE
IV.
Saint Pierre enseigne, dans ce
chapitre,
- 1. que les souffrances de
Jésus-Christ obligeaient les
chrétiens de renoncer aux
égaremens dans lesquels ils vivaient
avant leur conversion à la religion
chrétienne, et particulièrement
à la vie impure et dissolue des payens,
et à vivre dans la sobriété
et dans la piété en attendant la
venue de Notre Seigneur ;
2. que les chrétiens
devaient, sur toutes choses, avoir entr'eux une
grande charité, se secourir mutuellement
et employer chacun à la gloire de Dieu
les divers dons qu'ils avaient
reçus ;
3. que bien loin que les
souffrances qu'ils enduraient pour
l'Évangile dussent les étonner,
elles étaient très-honorables, et
qu'au reste si les fidèles mêmes
étaient exposés à tant de
maux et si Dieu n'épargnait pas son
Église en ce monde, ceux qui la
persécutaient et qui s'opposaient
à l'Évangile ne seraient pas
épargnés.
I. 1-7 ; II. 8-11 ; III. 12-19.
RÉFLEXIONS.
CE chapitre renferme ces cinq
instructions principales :
1. Que la considération de ce
que Jésus-Christ a souffert nous engage
très-fortement à renoncer au
péché et aux cupidités de la
chair, et en particulier à fuir
l'impureté et l'intempérance ;
2. que comme ceux qui font
profession de craindre Dieu doivent avoir
renoncé aux égaremens des gens du
monde, il ne faut pas qu'ils trouvent
étrange si les mondains les blâment de
ce qu'ils ne vivent pas comme eux, ni qu'ils soient
ébranlés par leur exemple et par leur
mépris.
La troisième instruction est
d'avoir toujours devant les yeux la fin de toutes
choses et la dernière venue de Notre
Seigneur, et de s'y préparer par une vie
sobre, par l'assiduité dans la prière
et par la pratique des devoirs de la
charité.
La quatrième, que chacun doit
employer les diverses grâces qu'il a
reçues, soit les temporelles soit les
spirituelles, pour la gloire de Dieu et pour
l'utilité du prochain, et que c'est ce que
doivent faire surtout ceux qui ont des dons
particuliers ou quelque charge dans l'Eglise.
Enfin saint Pierre nous apprend
qu'il y a beaucoup d'honneur et
de joie à souffrir en qualité de
chrétien, et que si les fidèles et
les justes sont exposés à tant de
maux, les impies et les méchans doivent
s'attendre aux peines les plus terribles. C'est une
considération très-propre que
celle-là pour encourager les
chrétiens à souffrir avec patience et
même avec joie tous les maux que la
profession de l'Évangile peut leur attirer
de la part des méchans, et pour nous
inspirer à tous la crainte du jugement de
Dieu et nous animer de plus en plus à une
vie sainte.
CHAPITRE
V.
Saint Pierre exhorte, dans ce
chapitre,
- les pasteurs à s'acquitter de leur
devoir:
- ceux qui sont jeunes à être
soumis aux pasteurs et à être
humbles,
- et tous les chrétiens à vivre
dans la sobriété et dans la
vigilance et à résister aux
tentations du diable.
- Il conclut son Épître par des
voeux et des salutations.
I. 1-4 ; II. 5-7 ; III. 8-9 ; IV.
10-14.
RÉFLEXIONS.
CE chapitre marque,
1. le devoir des pasteurs et la
glorieuse récompense qu'ils recevront du
Seigneur Jésus s'ils le servent
fidèlement dans leur ministère. Ce
que saint Pierre dit sur ce sujet doit engager ceux
qui sont dans cet emploi à s'en acquitter
avec intégrité, à paître
les troupeaux du Seigneur, à veiller
soigneusement sur les brebis qui leur sont
confiées, et à exercer leur charge
non par contrainte ni dans des vues d'orgueil ou
d'intérêt, mais avec affection et
volontairement, et d'une manière qu'ils
soient pour leurs troupeaux des modèles
d'humilité et de toutes. sortes de vertus.
2. Saint Pierre avertit ceux qui
étaient jeunes que la soumission envers les
pasteurs convient particulièrement à
leur état et à leur âge; et
tous les chrétiens en général
doivent se souvenir que l'humilité est une
des principales vertus du Christianisme, puisque
Dieu résiste aux orgueilleux et qu'il fait
grâce aux humbles.
3. Nous devons remarquer ici que
notre condition en ce monde est d'être
exposés aux tentations du diable et à
divers dangers, et que nous ne pouvons nous en
garantir que par la sobriété, par la
vigilance et en demeurant fermes dans la foi. Enfin
la prière par où Saint Pierre conclut
cette Épître nous
enseigne que la profession chrétienne et
l'espérance de la gloire éternelle
nous obligent à aspirer de plus en plus
à la perfection, et que le moyen d'y
parvenir est de nous confier en Dieu et d'implorer
l'assistance continuelle de sa grâce, en
priant le Dieu de paix, qui nous appelle à
la gloire éternelle, qu'il veuille nous
rendre parfaits, qu'il nous affermisse, qu'il nous
fortifie et qu'il nous rende inébranlables.
À lui soit la gloire et la force aux
siècles des siècles. Amen.
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