ARGUMENS ET
RÉFLEXIONS SUR LES LIVRES ET LES CHAPITRES
DU NOUVEAU TESTAMENT
PREMIÈRE ÉPÎTRE DE
SAINT PAUL AUX THESSALONICIENS.
Cette Épître, qui est la plus
ancienne des Épîtres de saint Paul, a
été écrite l'an 5 1 de
Jésus-Christ. Dans les trois premiers
chapitres cet apôtre témoigne combien
il avait été réjoui
d'apprendre le bon état des Thessaloniciens
et leur fermeté dans les
persécutions, et il leur parle aussi de ce
qui lui était arrivé et des sentimens
qu'il avait cas et qu'il avait encore pour eux.
Dans les deux derniers il leur adresse des
exhortations à la piété et
à la sainteté.
CHAPITRE
PREMIER.
Saint Paul loue Dieu,
- premièrement, de ce que les
Thessaloniciens avaient reçu avec foi et
avec zèle l'Évangile qu'il leur
avait annoncé,
- et en second lieu de ce que leur
Église servait de modèle à
toutes les Églises de la Macédoine
et de l'Achaïe.
-
- I. 1-6; II. 2-10.
RÉFLEXIONS.
CE qu'il faut remarquer en
général sur cette
Épître, c'est qu'il n'y a point
d'Eglise à laquelle saint Paul rende un
témoignage aussi avantageux et à
laquelle il donne de si grandes louanges celle de
Thessalonique.
On voit, dès l'entrée
de cette Épître, que cet apôtre
était comblé de joie et qu'il rendait
à Dieu les plus ardentes actions de
grâces en pensant à l'heureux
état des Thessaloniciens, et en se souvenant
de la manière dont ils avaient reçu
sa prédication, de leur foi, de leur
charité et de leur patience.
Cela fait voir que ce qui rend les
Églises recommandables et ce qui fait aussi
la joie et la plus grande consolation des
fidèles serviteurs de Dieu, c'est lorsque
l'Évangile y fructifie et qu'on y voit
fleurir la foi et toutes sortes de vertus. L'Eglise
de Thessalonique, qui servait autrefois de
modèle à cet égard aux autres
Églises, doit être encore
proposée en exemple à toutes les
Église
chrétiennes. Nous devons
aussi nous appliquer ce que saint Paul disait aux
Thessaloniciens de leur conversion à la
religion chrétienne, puisqu'aussi bien
qu'eux nous avons été tirés
autrefois, par la miséricorde de Dieu, des
ténèbres du paganisme et du service
des idoles, pour servir le Dieu vivant et
véritable, et pour attendre des cieux son
Fils Jésus qu'il a ressuscité des
morts et qui nous délivre de la
colère à venir.
CHAPITRE
Il.
Saint Paul fait trois choses dans
ce chapitre :
- 1. Il fait souvenir les Thessaloniciens
qu'il leur avait annoncé
l'Évangile avec sincérité
et sans aucune vue d'intérêt ;
que, pour ne leur être point à
charge, il avait gagné sa vie par son
travail, et qu'il les avait exhortés
continuellement à vivre d'une
manière digne de Dieu, qui les appelait
à sa gloire.
- 2. Il bénit Dieu de ce que son
ministère avait été
efficace parmi eux et de ce qu'ils avaient
souffert constamment les persécutions que
les Juifs suscitaient alors en tous lieux contre
les chrétiens (Act. XVII. 5. ), et il
remarque que ces Juifs, dont il avait
lui-même éprouvé la haine
pendant le séjour qu'il avait fait
à Thessalonique, étaient les plus
ardens ennemis de l'Évangile.
- 3. Il marque le désir qu'il avait de
revoir les Thessaloniciens et la grande
affection qu'il leur portait.
1. 1-12. Il. 13-16. Ill. 17-20-
RÉFLEXIONS.
LES ministres de l'Évangile
doivent apprendre de saint Paul à
s'acquitter de leur emploi avec
intégrité, à annoncer la
parole de Dieu purement, sans aucun motif d'avarice
ou de vaine gloire, à faire paraître
en toutes choses un entier
désintéressement et une parfaite
douceur, à se conduire saintement et sans
reproche, et à exhorter continuellement les
chrétiens à une vie qui soit digne de
Dieu qui les appelle à son royaume et
à sa gloire.
2. L'on voit, dans ce chapitre, que
le devoir de ceux à qui la parole de Dieu
est annoncée dans sa pureté est de la
recevoir de la manière dont les
Thessaloniciens la reçurent, non comme une
parole d'homme, mais comme la parole de Dieu, et de
ne point se rebuter pour les persécutions et
pour les contradictions auxquelles ils pourraient
être exposés ; mais de les
souffrir avec la même constance que saint
Paul et les Thessaloniciens souffraient celles que
les Juifs et les payens leur suscitaient.
3. Saint Paul se
plaint que les Juifs, en particulier,
étaient les ennemis déclarés
de l'Évangile, qu'ils en empêchaient
de tout leur pouvoir les progrès parmi les
payens, et que par ce moyen ils comblaient la
mesure de leurs péchés et attiraient
de plus en plus sur eux la colère de Dieu.
Nous avons lieu de déplorer
l'endurcissement des Juifs, qui sont encore
aujourd'hui engagés dans la même
incrédulité et sur qui la
colère de Dieu repose, et de prier pour leur
conversion. Au reste il paraît d'ici que
c'est de tout temps qu'il y a eu des personnes qui
se sont opposées à
l'établissement du règne de
Jésus-Christ, ainsi il ne faut pas
s'étonner s'il s'en trouve parmi les
chrétiens.
On voit enfin, dans ce chapitre les
marques les plus particulières et les plus
touchantes de l'estime que saint Paul faisait des
Thessaloniciens et de l'amour qu'il leur portait.
Les pasteurs qui sont animés de l'esprit de
ce saint apôtre ont pour leurs troupeaux
l'affection la plus tendre. Il n'y a point de
satisfaction comparable à celle qu'ils
ressentent, lorsqu'ils voient du fruit de leur
ministère ; et comme les fidèles
font toute leur espérance et toute leur joie
en ce monde, ils seront aussi leur couronne de
gloire à la venue de Notre Seigneur
Jésus-Christ.
CHAPITRE
IlI
L'apôtre parle d'abord,
dans ce chapitre,
- du soin qu'il avait eu d'envoyer
Timothée d'Athènes à
Thessalonique pour s'informer de l'état
des Thessaloniciens et pour les fortifier (Rom.
XVI. 21. Phil. Il. 19) ;
- et en second lien de la grande consolation
qu'il avait reçue par les bonnes
nouvelles que Timothée lui avait
apportées à son retour, en
l'informant du souvenir qu'ils conservaient de
lui et de leur persévérance dans
la foi, à l'occasion de quoi il fait des
voeux très-ardens en leur faveur.
I. 1-5 ; II. 6-13.
RÉFLEXIONS.
CE qu'il y a principalement à
remarquer ici, c'est que saint Paul, pressé
par l'amour qu'il portait aux Thessaloniciens,
n'eut aucun repos jusqu'à ce qu'il leur
eût envoyé Timothée pour savoir
de leurs nouvelles et pour les affermir dans la
foi. On voit dans cette conduite de saint Paul ce
que la sollicitude pastorale inspire aux vrais
pasteurs. L'amour qu'ils ont pour
le Seigneur Jésus et pour
ses brebis, fait qu'ils sont continuellement
occupés des besoins de leurs troupeaux et
qu'ils pourvoient à leur édification
par tous les moyens possibles.
2. On remarque dans la
manière dont saint Paul parle de la
consolation extraordinaire qu'il avait ressentie en
apprenant par Timothée la
persévérance et le bon état de
Thessaloniciens, et dans les actions de
grâces qu'il rend Dieu à ce sujet, les
expressions les plus vives et les plus
convaincantes de satisfaction, de tendresse et
d'estime. Cet apôtre leur témoigne
qu'il ne pouvait assez bénir le Seigneur
à cause de toute la joie dont il
était comblé devant Dieu en pensant
à eux.
Rien ne touche plus vivement les
fidèles serviteurs de Jésus-Christ et
ne leur donne plus de contentement que lorsqu'ils
voient la foi et la piété de ceux sur
qui Dieu les a établis ; et c'est
toujours là le principal sujet de leurs
actions de grâces aussi bien que de leurs
prières.
Tous les chrétiens doivent
avoir les mêmes sentimens et travailler pour
le même but avec tout le zèle dont ils
sont capables, tant pour la consolation de leurs
conducteurs que pour l'avancement de la gloire de
Dieu et pour leur propre salut. C'est ce qui est
exprime dans ce voeu de saint Paul : Le
Seigneur vous fasse croître et abonder dans
la charité, les uns envers les autres, pour
affermir vos coeurs et pour vous rendre
irrépréhensibles dans la
sainteté devant notre Dieu et père,
lorsque Notre Seigneur Jésus-Christ viendra
avec tous les saints. Amen !
CHAPITRE
IV.
Il y a deux choses à
remarquer dans ce chapitre :
- 1. Des exhortations à une vie sainte
et surtout à la chasteté et
à la charité.
- 2. Saint Paul montre que les
chrétiens ne doivent pas s'affliger
excessivement pour les morts, et dans cette vue
il parle de ce qui arrivera tant aux morts
qu'à ceux qui seront en vie au dernier
jour, et comment les uns et les autres seront
élevés dans le ciel.
I. 1-12 ; II. 13-18.
RÉFLEXIONS.
SAINT Paul nous enseigne, dans ce
chapitre,
1. que le principal devoir des
chrétiens est de se conduire d'une
manière qui soit agréable à
Dieu, de garder les commandemens
qui leur ont été
donnés de la part du Seigneur Jésus,
et d'abonder de plus en plus dans la
piété.
2. Saint Paul donne ici, à
son ordinaire, des avertissemens
très-exprès et très-forts sur
l'impureté, parce que ce vice était
fort commun parmi les payens, surtout dans les
grandes villes, telle qu'était
Thessalonique. Il dit que la volonté de Dieu
est que nous soyions saints, que nous fuyions
l'impureté et les mauvaises convoitises, et
que chacun de nous sache garder son corps dans la
chasteté.
Il ajoute que personne ne doit
violer les règles de la pureté, de la
charité et de la justice, pour satisfaire
les passions déréglées de la
chair, et que Dieu, qui nous appelle non à
la souillure mais à la sanctification, sera
le juge et le vengeur de ces crimes infâmes.
3. Saint Paul nous dit deux choses
sur la charité, qui doivent être
observées.
L'une, que les vrais
chrétiens n'ont pas besoin qu'on les exhorte
à ce devoir puisqu'ils sont enseignés
de Dieu à s'aimer les uns les autres et
à assister leurs frères.
L'autre, qu'afin qu'on puisse
exercer la charité chacun doit se tenir dans
sa vocation, travailler à ses propres
affaires, et éviter l'oisiveté et la
curiosité, qui est d'ailleurs un genre de
vie opposé à la piété
et au Christianisme.
Enfin nous apprenons, de ce
chapitre, qu'il ne faut pas s'affliger pour les
morts comme faisaient les payens qui n'avaient
point d'espérance, puisque nous savons que
ceux qui sont morts au Seigneur ressusciteront pour
être élevés au ciel sur les
nuées au-devant de lui avec ceux qui seront
alors en vie. Cette doctrine doit nous consoler de
la mort des personnes que nous chérissons,
lorsqu'elles sont du nombre des fidèles,
nous affermir nous-mêmes contre la crainte de
la mort, et nous inciter à vivre au
Seigneur, afin que, mourant aussi en lui, nous
ressuscitions un jour pour lui être
réunis éternellement dans la gloire
céleste.
CHAPITRE
V.
Saint Paul ayant parlé sur
la fin du chapitre précédent de la
dernière venue de Jésus-Christ,
- dit que le temps de cette venue était
inconnu et incertain, et il exhorte les
chrétiens à s'y préparer
par la sobriété et par la
vigilance.
- 2. Il prescrit aux Thessaloniciens divers
devoirs de la piété.
- 3. Il conclut son Épître en
priant Dieu pour leur sanctification et en se
recommandant à leurs prières.
I. 1-10 ; Il. 11-22 ; III. 23-28.
RÉFLEXIONS.
CE chapitre nous enseigne,
1. que le jour du Seigneur viendra
d'une manière soudaine et surprendra les
hommes lorsqu'ils s'y attendront le moins, que ce
sera un jour d'effroi pour ceux qui marchent dans
les ténèbres et qui s'adonnent aux
oeuvres de la chair, mais que ce jour n'aura rien
que de consolant pour les fidèles.
Ainsi le moyen de n'en être
pas surpris c'est de s'y préparer par une
vie sobre mortifiée par la foi, par la
pratique de la charité, et par toutes sortes
de bonnes oeuvres.
Après cela saint Paul nous
prescrit ici plusieurs devoirs particuliers.
Le premier est de nous
édifier et de nous exhorter les uns les
autres par de bons discours.
2. Il parle dans les termes les plus
forts du respect et de l'amour qui sont dus aux
pasteurs et aux conducteurs de l'Eglise à
cause de l'oeuvre qu'ils font.
3. Il nous ordonne de vivre en paix
entre nous, de nous avertir, de nous consoler, et
de nous supporter mutuellement, et d'être
éloignés de la vengeance.
Il ajoute diverses sentences qui
sont autant d'excellens préceptes, et par
lesquelles il nous recommande d'être toujours
dans la joie spirituelle, de prier sans cesse, de
rendre grâces à Dieu en toutes choses,
de ne pas éteindre les dons du Saint-Esprit
ni dans les autres ni dans nous-mêmes,
d'éprouver toutes choses et de retenir ce
qui est bon, et de nous abstenir de toute apparence
de mal.
Ce sont là tout autant de
saintes maximes qu'il ne faut jamais perdre de vue
et que nous devons nous efforcer de mettre en
pratique, joignant toujours la prière
à nos efforts, et demandant à Dieu,
avec saint Paul, qu'il veuille lui-même nous
sanctifier entièrement, en sorte que notre
esprit, notre âme et notre corps, soient
conservés irrépréhensibles
pour la venue de Notre Seigneur
Jésus-Christ. Amen !
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