ARGUMENS ET
RÉFLEXIONS SUR LES LIVRES ET LES CHAPITRES
DU NOUVEAU TESTAMENT
ÉPÎTRE DE SAINT PAUL AUX
PHILIPPIENS.
Saint Paul écrivit cette
Épître, de même que la
précédente, étant prisonnier
à Rome, environ l'an 61 de
Jésus-Christ, pour remercier les
chrétiens de la ville de Philippes d'une
subvention qu'ils lui avaient envoyée
à Rome par Épaphrodite, l'un de leurs
pasteurs. Il les informe de son état, et il
leur adresse diverses exhortations.
CHAPITRE
PREMIER.
Saint Paul
- commence par des actions de grâces et
par des prières qu il fait pour
l'affermissement des Philippiens dans la foi et
dans la sainteté.
- 2. Il leur dit que sa prison avait servi
à l'avancement de l'Évangile dans
là ville de Rome.
- 3. Il témoigne qu'il était
disposé à glorifier
Jésus-Christ soit par la vie, soit par la
mort, et qu'il ne souhaitait la vie que pour
l'utilité de l'Eglise.
- 4. Il exhorte les Philippiens à une
conduite digne de l'Évangile, et à
la patience dans les afflictions.
I. 1-11 ; Il ; 12-18 ; III.
19-26 ; IV. 27-30.
RÉFLEXIONS.
ON voit, dès l'entrée
de cette Épître, le grand zèle
et la parfaite charité de saint Paul dans
les voeux qu'il présente à Dieu en
faveur des Philippiens, et dans lés
témoignages qu'il leur donne de son amour,
et de la joie qu'il avait ressentie en apprenant
leur constance dans la foi. Ceci apprend aux
pasteurs à aimer leurs troupeaux d'une
affection cordiale en Jésus-Christ, et
à prier sans cesse pour l'entière
sanctification des fidèles.
2. On doit admirer les voies de la
Providence, qui voulut que saint Paul fût
emprisonné à Rome, afin qu'il
eût occasion d'annoncer l'Évangile
dans cette première ville du monde, et que
ses souffrances servissent à y
étendre la religion chrétienne, et
même à exciter le zèle de
plusieurs personnes qui, auparavant, n'osaient pas
faire une profession ouverte de
l'Évangile. C'est ici un de ces exemples
où l'on voit que ce que les ennemis de la
vérité font pour la détruire
ne fait souvent que contribuer à ses
progrès.
3. Il faut remarquer que, quoiqu'il
y eût des gens qui prêchaient
l'Évangile par envie et par jalousie contre
saint Paul, il se réjouissait pourtant de ce
que le règne de Jésus-Christ
était avancé par là. Dieu se
sert quelquefois des personnes mêmes qui
n'agissent pas par un bon principe pour faire son
œuvre ; mais, de quelque manière
qu'elle se fasse, ceux qui, comme saint Paul, sont
animés d'un vrai zèle, en ont de la
joie, quand même il leur en arriverait
quelque préjudice,
4. Les sentimens de cet apôtre
sur la vie et sur la mort sont ceux de tous les
vrais chrétiens. Ils sont toujours
prêts à vivre et à mourir pour
la gloire de Dieu ; leur désir est de
quitter le monde et d'être auprès du
Seigneur, et s'ils souhaitent de vivre, ce n'est
que pour être utiles à l'Eglise et
à leurs prochains. Au reste, cet endroit de
l'Épître aux Philippiens, où
saint Paul dit que son désir était de
partir de ce monde pour être avec le
Seigneur, prouve clairement que les fidèles
sont heureux et avec le Seigneur après leur
mort, en attendant la résurrection, puisque
si cela n'était pas, cet apôtre
n'aurait eu aucune raison de souhaiter la mort
plutôt que la vie.
5. La fin de ce chapitre marque que
le devoir de tous les chrétiens est de se
conduire d'une manière digne de
l'Évangile, et de ne se point laisser
ébranler par les afflictions, surtout
lorsqu'ils souffrent à cause dé
Jésus-Christ.
CHAPITRE
Il.
Saint Paul
- exhorte d'une manière fort
affectueuse les Philippiens à la concorde
et à l'humilité ; et pour cet
effet il leur propose l'exemple de l'humiliation
de Jésus-Christ et de la gloire où
il a été élevé, et
il leur représente que cela les engageait
à travailler à leur salut avec
humilité et avec
persévérance.
- Il leur recommande de vivre dans la paix et
d'édifier, par une conduite pure et
innocente, les payens, parmi lesquels ils
vivaient, et il les assure qu'il souffrirait la
mort avec joie pour confirmer leur foi si cela
était nécessaire.
- Il leur promet de leur envoyer
Timothée, duquel il loue le zèle
et la fidélité, et il leur
recommande aussi Épaphrodite, l'un de
leurs pasteurs, qui s'en retournait vers eux,
après être relevé d'une
grande maladie.
-
I. 1-13 ; Il. 14-18 ; III. 19-30.
RÉFLEXIONS.
Nous apprenons d'ici,
1. que l'un des importans devoirs
des chrétiens est d'être animés
d'une véritable charité, de vivre
entr'eux dans une parfaite union et dans un esprit
d'humilité, et de regarder à
l'intérêt des autres aussi bien qu'au
leur.
2. Saint Paul nous met ici devant
les yeux la profonde humiliation de
Jésus-Christ qui, bien qu'il fût
égal à Dieu, s'est abaissé
jusqu'à la mort de la croix, et qui, par son
obéissance et par ses souffrances, a
été élevé à une
gloire suprême. L'apôtre propose cet
exemple pour nous apprendre que, si nous avons les
mêmes sentimens d'humilité qui ont
été en Jésus-Christ, nous
parviendrons comme lui à la gloire.
3. Cette grave exhortation,
employez-vous à votre propre salut avec
crainte et tremblement, doit nous inspirer à
tous une grande ardeur pour travailler
continuellement, et avec une profonde
humilité, à l'ouvrage de notre salut,
nous servant pour cela des moyens que Dieu nous
présente, entre lesquels l'un des plus
efficaces est de recourir à lui par la
prière, comme a celui qui produit en nous et
la volonté et l'exécution par un
effet de sa bonté
4. Ce chapitre nous apprend de plus
que les chrétiens doivent être
éloignés des contestations et des
disputes, et se distinguer par une conduite
irrépréhensible, en sorte qu'ils
brillent comme des astres parmi les gens pervers et
corrompus.
5. La protestation que saint Paul
fait qu'il était prêt à donner
avec joie son sang et sa vie pour
l'édification des Philippiens, montre que
les vrais ministres de Jésus-Christ sont
entièrement dévoués au service
de Dieu et de son Eglise, que c'est là le
but de tous leurs travaux, et que quand il faudrait
même perdre la vie pour l'avancement du salut
des hommes, ils la perdraient avec joie.
6. Le témoignage que
l'apôtre rend à Timothée,
l'éloge qu'il fait de sa
sincérité et de son zèle, ce
qu'il dit d'Épaphrodite, de sa maladie et de
sa guérison, et la manière pressante
dont il le recommande aux Philippiens, tout cela
fait voir que les vrais pasteurs, qui ne cherchent
que les intérêts de
Jésus-Christ et qui exercent leur charge
avec sincérité, méritent tout
l'amour et toute l'estime des chrétiens, que
leur vie et leur conservation doit être
chère à l'Eglise, et qu'on doit les
recevoir avec toute sorte de joie, les avoir en
estime, et se soumettre à leurs instructions
et à leurs exhortations.
CHAPITRE
III.
Saint Paul
- avertit les Philippiens de ne pas
écouter les faux docteurs qui
prêchaient l'observation de la
circoncision et qui se glorifiaient des
avantages extérieurs qui distinguaient
les Juifs des autres peuples.
- 2. Il fait voir, par son exemple, que tous
ces avantages, qu'il avait
possédés lorsqu'il vivait dans le
Judaïsme, étaient inutiles pour le
salut et même nuisibles ; et il dit
qu'à cause de cela il y avait
renoncé pour s'attacher à
Jésus-Christ seul, et qu'il faisait des
efforts continuels pour s'avancer de plus en
plus dans la connaissance de Notre Seigneur, et
pour parvenir à la perfection et à
la gloire par une entière
conformité à ses souffrances et
à sa résurrection.
- 3. Il exhorte les Philippiens à avoir
les mêmes sentimens que lui et à
éviter les faux docteurs, desquels il
marque le caractère, en disant que
c'étaient des hommes charnels, au lieu
que les vrais chrétiens sont des hommes
spirituels qui n'aspirent qu'au ciel.
I. 1-4 ; Il. 5-14 ; III. 15-21.
RÉFLEXIONS.
IL faut considérer en
général, sur tout ce chapitre, que
comme saint Paul exhortait les Philippiens à
prendre garde aux faux docteurs qui voulaient les
assujettir aux cérémonies de la loi
de Moïse, il est très-important que les
chrétiens se garantissent de l'erreur et de
tout ce qui est contraire à la pureté
de la foi.
Outre cela, on peut recueillir d'ici
que les vrais chrétiens se reconnaissent
à ces quatre caractères.
Le premier, qu'ils ont pour les
choses du monde les mêmes sentimens que saint
Paul avait pour les avantages extérieurs
qu'il possédait lorsqu'il était juif,
c'est-à-dire qu'ils ne font aucun cas de ces
choses-là au prix de l'excellence de la
connaissance de Jésus-Christ, leur Seigneur,
et qu'ils les regardent même comme nuisibles,
lorsqu'elles les empêchent de suivre leur
vocation.
2. Le second caractère des
fidèles est, qu'à l'imitation de
saint Paul, ils tendent à la perfection, se
proposant toujours de devenir de plus en plus
conformes à leur Sauveur, laissant les
choses qui sont derrière eux et
s'avançant vers celles qui sont devant eux,
et tendant, par des efforts continuels, au but et
au prix de leur vocation en Jésus-Christ,
La troisième marque des
fidèles est qu'étant tous unis par
une foi commune et par la croyance des mêmes
vérités
essentielles du salut, ils
vivent dans la paix, et que quand même il y
aurait entr'eux quelque diversité de
sentimens sur des articles de moindre importance,
ils ne se divisent point pour ce sujet.
Le dernier caractère que
saint Paul donne aux vrais disciples de Notre
Seigneur est, qu'au lieu que les hommes charnels ne
sont affectionnés qu'aux choses de la terre
et ont leur ventre pour Dieu, les vrais
chrétiens vivent d'une manière
spirituelle et céleste, et se conduisent
connue des gens qui ont leur patrie dans le ciel,
d'où ils attendent le Seigneur
Jésus-Christ qui doit venir pour les
ressusciter et pour les recevoir dans la gloire de
son royaume.
CHAPITRE
IV.
Ce chapitre a deux parties.
- La première contient des exhortations
à la persévérance, à
l'union, à la joie spirituelle, à
la confiance en Dieu, et à une vie
sainte.
- Dans la seconde, saint Paul remercie les
Philippiens de la subvention qu'ils lui avaient
envoyée pour l'assister dans sa prison,
et il prie pour eux.
1. 1-9 ; Il. 10-23.
RÉFLEXIONS.
LA première partie de ce
chapitre nous instruit sur ces cinq devoirs :
Le premier est de
persévérer constamment dans la
pureté de la foi et dans la
piété.
2. Les exhortations à la paix
que saint Paul adresse à Evodie et à
Syntiche qui étaient deux femmes
chrétiennes, lesquelles étaient sans
doute dans des sentimens différens sur
quelque article de la religion, font voir que les
chrétiens doivent vivre en concorde les uns
avec les autres, tâcher d'être unis de
sentimens dans les choses de la foi, et se
supporter s'ils ne sont pas à tous
égards dans les mêmes pensées.
Le troisième devoir est de
nous réjouir toujours en Dieu d'une joie
spirituelle.
Le quatrième, de n'être
point en inquiétude pour les choses de cette
vie ; mais de recourir à Dieu dans tous
nos besoins et de nous reposer sur sa Providence.
Le cinquième devoir est d'une
très-grande étendue, il consiste
à nous attacher constamment à toutes
les choses qui sont honnêtes, justes, pures,
saintes, où il y a de la vertu, et qui sont
dignes de louange.
Il faut faire deux réflexions
sur la seconde partie de ce chapitre.
1. Saint Paul nous y enseigne, par
son exemple, à être contens dans
quelque état que nous
nous rencontrions, soit que nous nous trouvions
dans la pauvreté, soit que nous soyions dans
l'abondance.
2. Les remercîmens que cet
apôtre fait aux Philippiens de l'assistance
qu'ils lui avaient envoyée à Rome
pour le secourir dans sa prison, marquent un grand
désintéressement et en même
temps beaucoup de reconnaissance ; et les vœux
qu'il adresse à Dieu pour eux à cette
occasion nous apprennent que c'est une oeuvre
très-agréable à Dieu que
d'assister les nécessiteux, et en
particulier ses fidèles serviteurs et ceux
qui souffrent pour l'Évangile ; que ces
oeuvres de charité réjouissent et
consolent les gens de bien, et que ce sont des
sacrifices de bonne odeur que Dieu accepte et qu'il
récompense selon les richesses de sa
grâce, et avec gloire en Jésus-Christ.
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