ARGUMENS ET
RÉFLEXIONS SUR LES LIVRES ET LES CHAPITRES
DU NOUVEAU TESTAMENT
DEUXIÈME
ÉPÎTRE DE SAINT PAUL AUX
CORINTHIENS.
La seconde Épître aux
Corinthiens fut écrite environ l'an 56 de
Notre Seigneur. Le but principal de saint Paul dans
cette Épître est de soutenir son
ministère contre ceux qui le
décriaient parmi les Corinthiens.
CHAPITRE
PREMIER.
Saint Paul, après la
salutation,
- parle des persécutions qu'il avait
souffertes en Asie, dans la ville
d'Éphèse, et dont Dieu l'avait
délivré par une espèce de
miracle.
- Il dit ensuite aux Corinthiens que s'il
n'était pas allé les voir, comme
il le leur avait promis, cela ne venait pas de
légèreté ou d'inconstance,
ni de défaut d'affection pour eux ;
mais qu'il avait différé son
voyage pour n'être pas obligé de
les censurer et de les châtier, à
cause des désordres qu'il y avait dans
leur Église.
I. 1-14 ; II. 15-24.
RÉFLEXIONS.
SAINT Paul parle, dès
l'entrée de cette Épître, de
ses souffrances aussi bien que de l'assistance et
des consolations qu'il avait
éprouvées. De là il faut
recueillir,
1. que si les fidèles sont
quelquefois exposés à de grands
dangers et à des afflictions extrêmes,
Dieu les console et les fortifie dans cet
état, et qu'il les en tire
heureusement ;
2. que ces afflictions produisent
par là des effets très salutaires,
non-seulement pour la consolation de ceux qui sont
affligés, mais aussi pour
l'édification de leurs frères puisque
ceux qui ont ainsi souffert sont plus propres
à consoler et à encourager ceux qui
se trouvent engagés dans quelque affliction
que ce soit.
3. Comme saint Paul souhaitait
d'être toujours aidé par les
prières des Corinthiens, nous devons aussi
reconnaître que les prières mutuelles
des fidèles sont un puissant secours pour
obtenir de Dieu les délivrances, les
consolations, et toutes les grâces qui nous
sont nécessaires.
La seconde partie de ce chapitre
nous fait remarquer deux choses
dans la conduite de saint Paul, savoir :
1. la sincérité avec
laquelle il s'était toujours conduit,
particulièrement envers les
Corinthiens ;
et en second lieu, sa douceur et sa
prudence, qui paraissent en ce qu'il avait
différé d'aller les voir afin de les
épargner. Voilà quel doit être
le caractère des ministres du Seigneur.
Servant un maître, qui est la
vérité et la charité
même, ils doivent, d'un côté,
fuir tout ce qui sent la
légèreté et l'inconstance,
parlant et agissant toujours avec
sincérité et avec candeur, afin de se
rendre par là approuvés devant Dieu
et devant les hommes ; et de l'autre,
épargner les pécheurs autant qu'ils
le peuvent, leur donner le temps de se corriger, et
n'employer la sévérité que
lorsque cela est absolument nécessaire et
qu'ils ne peuvent s'en dispenser.
CHAPITRE
Il.
Saint Paul
- dit encore aux Corinthiens que c'avait
été pour les épargner et
pour n'avoir pas lui-même de la tristesse,
en les reprenant de leurs désordres,
qu'il n'était pas allé â
Corinthe ; et il leur ordonne de recevoir
à la paix de l'Eglise cet incestueux qui
avait été excommunié et
dont il leur avait parlé dans
l'Épître précédente
(I. Cor. V. ), mais qui s'était repenti.
- Il les informe ensuite de quelques voyages
qu'il avait faits, et il leur parle à
cette occasion de l'efficace et des fruits de
son ministère.
I. 1-11 ; II. 12-17.
RÉFLEXIONS.
SAINT Paul fait voir, dans ce
chapitre, une extrême tendresse pour les
Corinthiens, et même beaucoup de
charité pour un grand pécheur qu'il
avait livré à Satan, et qui
était venu à repentance. Ces
sentimens affectueux et pleins de bonté que
saint Paul fait paraître, doivent servir de
modèle aux pasteurs et leur inspirer un
tendre amour pour leurs troupeaux, et en
particulier pour les plus grands pécheurs.
C'est un grand sujet, de tristesse pour les
ministres du Seigneur lorsqu'ils sont
obligés d'user de
sévérité, et ils n'ont pas de
grande joie que lorsqu'ils voient les
pêcheurs revenir de leurs égaremens.
L'apôtre, après avoir censuré
l'Eglise de Corinthe de ce qu'elle n'avait pas
excommunié l'incestueux, et après
l'avoir excommunié lui-même, ordonne
qu'on le reçoive et qu'on
lui pardonne, puisqu'il avait profité de ce
châtiment. C'est là le juste
tempérament de sévérité
et de douceur, que les pasteurs doivent observer
dans l'exercice de la discipline, ne
tolérant pas les pécheurs scandaleux,
et les retranchant de la communion de l'Eglise, et
étant aussi toujours prêts à
les recevoir avec cordialité et avec joie,
dès qu'ils s'humilient et que l'on voit en
eux des marques suffisantes d'amendement.
2. Les actions de grâces que
saint Paul rend à Dieu, pour les glorieux
succès de son ministère, sont une
preuve de son humilité aussi bien que de son
grand zèle. Les vrais ministres de
Jésus-Christ n'ont point de plus grande joie
que de répandre la connaissance de Dieu mais
ils attribuent toujours à Dieu seul et
à l'efficace de sa grâce tous les
heureux succès qu'ils ont.
3. Les derniers versets de ce
chapitre nous apprennent que la prédication
de l'Évangile ne produit pas toujours le
même effet en toutes sortes de
personnes : elle est aux uns une odeur
mortelle, c'est-à-dire une occasion de
condamnation, puisque, rejetant cet
Évangile, ils deviennent plus méchans
et qu'ils aggravent leur peine ; mais elle est
aux autres une odeur vivifiante,
c'est-à-dire un moyen efficace qui les
conduit à la vie spirituelle et au salut.
CHAPITRE
III.
Saint Paul
- représente aux Corinthiens que leur
conversion à la religion
chrétienne était une preuve
suffisante de sa vocation, et qu'il n'avait pas
besoin d'autre recommandation auprès
d'eux que du témoignage de leur
conscience et des dons du Saint-Esprit, desquels
ils avaient été enrichis ;
mais il reconnaît en même temps que
l'efficace de son ministère venait de
Dieu. seul.
- Il fait voir après cela que le
ministère de l'Évangile est
beaucoup plus excellent que celui de la loi,
puisque celui-ci était imparfait,
incapable de donner la vie, et ne devait pas
toujours durer, au lieu que celui de
l'Évangile est spirituel, vivifiant et
éternel. D'où saint Paul conclut
que ceux qui s'attachaient aux
cérémonies et à la loi de
Moïse demeuraient dans l'ignorance et dans
la misère, et qu'il n'y a que ceux qui
s'attachent à l'Évangile qui
soient véritablement
éclairés et qui jouissent de la
liberté et de la gloire des enfans de
Dieu. L'apôtre dit tout cela, pour se
défendre contre certains docteurs qui lui
étaient opposés et qui faisaient
paraître un grand zèle pour la loi
de Moïse.
I. 1-5 ; II. 6-18.
RÉFLEXIONS.
CE chapitre nous enseigne,
1. que ce qui fait la
véritable gloire des ministres de
Jésus-Christ, et ce qui les rend
recommandables devant Dieu et devant les hommes, ce
sont les fruits de leur prédication et la
part qu'ils ont à l'amour et à
l'affection des chrétiens ;
2. qu'ils ne doivent point
présumer d'eux-mêmes ni s'attribuer
les succès de leur ministère, mais
que l'honneur en est dû à Dieu
seul ;
3. que l'Évangile est
beaucoup plus excellent que la loi, et le
ministère de cet Évangile infiniment
plus glorieux que celui de Moïse,
Puisque la doctrine
chrétienne nous donne une connaissance bien
plus parfaite de la volonté de Dieu par
Jésus-Christ, et qu'elle nous fait avoir
part à la vraie liberté et à
la gloire du Seigneur lui-même, en nous
sanctifiant, et en produisant en nous une ferme et
glorieuse espérance de l'immortalité.
D'où il s'en suit que s'il y a des personnes
qui ne croient pas, cela vient de leur aveuglement
volontaire, qu'il faut estimer cet Évangile
par-dessus toutes choses, et que tant ceux qui
l'annoncent que ceux qui en font profession,
doivent le faire avec sincérité,
ouvertement, et sans en avoir honte, ainsi que
saint Paul le fera voir dans le chapitre suivant.
CHAPITRE
IV.
L'apôtre
- continue à parler du courage et de la
sincérité avec laquelle il avait
annoncé la doctrine de
l'Évangile ; mais il remarque qu'il
y avait des incrédules qui rejetaient
cette doctrine et qui fermaient volontairement
les yeux à cette divine lumière
qui devait les éclairer.
- Il dit ensuite que lui et les autres
ministres de Jésus-Christ étant
des hommes faibles, l'efficace de leur
prédication ne venait point
d'eux-mêmes, mais qu'elle ne
procédait que de Dieu. Il parle des
persécutions et des maux extrêmes
dont il était accablé, et il dit
que la foi en Jésus-Christ,
l'espérance de la résurrection et
l'attente ferme de la gloire éternelle,
faisaient qu'il ne perdait point courage, mais
qu'il souffrait tous ces maux avec constance et
même avec joie.
I. 1-6 ; II. 7-18.
RÉFLEXIONS.
LES réflexions que l'on doit
faire ici sont,
1. que les ministres de
Jésus-Christ doivent fuir la dissimulation,
s'éloigner de tout
artifice et de tout déguisement, et parler
toujours franchement et sincèrement, comme
en la présence de Dieu, cherchant uniquement
à manifester la vérité dans la
conscience de tous les hommes ;
2. que, s'il se trouve des gens qui
ne soient pas éclairés et
sanctifiés par la lumière de
l'Évangile et qui demeurent dans
l'incrédulité, cela n'arrive que par
leur faute, et parce qu'ils sont aveuglés
par l'amour du monde ;
3. que les serviteurs de Dieu et
tous les chrétiens doivent supporter avec
courage les afflictions les plus rudes, surtout
lorsqu'elles servent à l'édification
de l'Eglise, puisqu'ils savent qu'après
avoir eu part aux souffrances de
Jésus-Christ, ils auront part à sa
résurrection, à sa vie et à sa
gloire ;
4. que les afflictions de cette vie
ne peuvent nuire qu'au corps, mais qu'elles donnent
à l'âme une nouvelle force et une
nouvelle vie ; qu'elles sont avec cela
légères, et d'une courte
durée ; et qu'enfin elles produisent en
nous une gloire infiniment excellente. Mais, pour
en retirer ces avantages et pour ne se point
laisser abattre, il faut juger des afflictions par
les lumières de la foi, en regardant non pas
aux choses visibles qui ne sont que pour un temps,
mais aux invisibles qui sont éternelles.
CHAPITRE
V.
L'apôtre,
- continuant le discours qu'il avait
commencé, touchant les afflictions qu'il
endurait et la consolation que lui donnait
l'espérance de la résurrection et
d'une meilleure vie,
- parle du bonheur dont les fidèles
jouiront après leur mort, et il dit que
la considération de ce bonheur, aussi
bien que celle du jugement dernier, faisait
qu'il désirait avec ardeur de sortir de
ce monde pour être avec le Seigneur, et
que dans cette attente il souffrait
courageusement les afflictions, et travaillait
à se rendre agréable à
Dieu, en s'acquittant fidèlement de son
devoir.
- Il revient après cela à parler
de son ministère, et il dit qu'il n'avait
d'autre but que d'amener les hommes à la
foi, et que ce n'était que par là
qu'il prétendait soutenir la gloire de
son apostolat contre ses adversaires.
- Il ajoute que la charité de
Jésus-Christ, qui est mort pour tous les
hommes, le pressait fortement à ne vivre
que pour l'édification des
fidèles.
- Enfin il déclare qu'il n'avait aucun
égard aux choses extérieures, tels
qu'étaient les avantages que les Juifs
avaient eus par-dessus les payens et dont ils se
glorifiaient, et que comme Dieu avait
réuni ces deux peuples,
en se réconciliant
tous les hommes par Jésus-Christ, il ne
se proposait d'autre but, dans les fonctions de
sa charge, que de conduire tous les hommes
à Dieu et de les rendre de nouvelles
créatures.
RÉFLEXIONS.
CE chapitre contient des
instructions très-consolantes et
très-salutaires.
Nous y voyons, premièrement,
que les fidèles savent et croient avec une
pleine certitude que si leur corps est
détruit par la mort, il y a pour eux un
autre état plus heureux et une gloire
éternelle qui les attend, et que lorsqu'ils
ont quitté ce corps ils sont avec le
Seigneur. C'est cette douce et glorieuse
espérance qui les soutient dans leurs
afflictions et dans leurs combats, et qui les anime
continuellement à une vie sainte.
2. Saint Paul nous enseigne, dans ce
chapitre, qu'il y a un jugement où nous
devons tous paraître, et ou chacun recevra
selon le bien où le mal qu'il aura fait, et
il marque quel est l'usage qu'il faut faire de
cette doctrine ; c'est de vivre dans la
crainte du Seigneur, de s'étudier à
lui être agréables en tous temps, et
d'inspirer les mêmes sentimens aux autres
hommes.
3. L'apôtre nous propose un
autre motif bien pressant à nous acquitter
de ces justes devoirs, lorsqu'il dit que la grande
charité que Jésus-Christ nous a
marquée, en mourant pour notre salut, nous
presse très-fortement, si nous l'avons bien
sentie, à ne vivre plus pour
nous-mêmes, et à employer toute notre
vie pour l'édification de nos frères
et pour la gloire de celui qui est mort et qui est
ressuscité pour nous. Enfin puisque le but
du ministère de l'Évangile a
été, comme saint Paul nous l'apprend
ici, de rendre les hommes de nouvelles
créatures et de les réconcilier avec
Dieu par Jésus-Christ, tous ceux qui
prétendent être chrétiens
doivent faire un très-grand cas de cet
Évangile, profiter avec empressement de ce
moyen que Dieu leur présente pour être
réconciliés avec lui, et travailler
à se détacher de plus en plus du
monde et des choses sensibles, pour devenir des
hommes nouveaux, par la
régénération et par une
étude constante de la Sainteté.
CHAPITRE
VI.
(Il faut joindre le premier verset
du chapitre VII)
Ce chapitre a deux
parties :
- I. l'apôtre dit qu'il s'était
attaché à s'acquitter de son
ministère avec intégrité,
avec zèle, avec charité et avec
patience, et cela au milieu des afflictions et
des opprobres par où il avait
passé, et il conjure les Corinthiens de
répondre de leur côté
à ce grand zèle et à cet
amour ardent dont il était animé
en leur faveur.
- 2. Il les exhorte à imiter son
zèle et sa sincérité, en
faisant une profession pure du Christianisme, et
il leur recommande surtout de n'avoir aucun
commerce avec les idolâtres, soit en
s'unissant avec eux par le mariage, soit en
assistant à leur culte et à leurs
fêtes, et de s'adonner à la
pureté du corps et de l'esprit.
I. 1-13 ; Il. 14-18
RÉFLEXIONS.
Nous trouvons, dans ce chapitre, une
description remarquable des vertus qui doivent se
rencontrer dans les ministres de l'Évangile.
Saint Paul leur apprend par son
exemple à s'acquitter fidèlement de
leur charge, à se conduire d'une
manière qu'ils ne donnent aucun scandale et
que leur ministère ne soit pas
déshonoré, et à se rendre
recommandables par la pureté de leur vie,
par une profession franche et ouverte de la
vérité, par une charité
parfaite, par la douceur, par l'humilité, et
par la patience dans les afflictions.
Ce sont là les vertus qui
font la gloire des ministres du Seigneur et qui
donnent une grande efficace à
l'Évangile qu'ils annoncent.
On voit ici, en second lieu, que, si
les pasteurs doivent être entièrement
dévoués à l'Eglise et
animés d'un amour tendre pour leurs
troupeaux, les troupeaux doivent leur rendre la
pareille et les aimer aussi tendrement au Seigneur.
3. Comme saint Paul défendait
aux Corinthiens de se mêler avec les
idolâtres, il n'est pas permis non plus aux
chrétiens de s'unir avec les hommes charnels
et de joindre à la profession de
l'Évangile une vie mondaine. Il n'y peut
avoir, à cet égard, aucun accord de
la justice avec l'iniquité, ni de la
lumière avec les ténèbres,
ainsi nous devons fuir le commerce des mondains,
nous séparer d'eux afin de ne point
participer à leurs péchés,
travailler à nous purifier de toutes les
souillures du corps et de l'esprit, et achever
notre sanctification dans la crainte de Dieu. C'est
à quoi nous engage la
considération des grandes
et excellentes promesses que le Seigneur nous a
faites d'être notre Dieu et notre
père, et de nous regarder comme son peuple,
ses enfans et ses héritiers.
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