ARGUMENS ET
RÉFLEXIONS SUR LES LIVRES ET LES CHAPITRES
DU NOUVEAU TESTAMENT
LES ACTES DES SAINTS APÔTRES
CHAPITRE
XXI.-
Saint Paul, étant parti de
Milet,
- arrive à Tyr, et de là
à Césarée, où un
prophète l'avertit qu'il serait
emprisonné à Jérusalem et
livré aux payens. Cette prédiction
n'étonna point saint Paul; il
témoigna qu'il ne craignait ni les liens
ni la mort, et il partit pour Jérusalem.
Y étant arrivé, il
entra dans le temple, avec quatre personnes qui
avaient fait le voeu du Nazaréat, pour
observer ce que la loi de Moïse prescrivait
en pareil cas; il fit cela sur l'avis des autres
apôtres, afin de montrer qu'il
n'était pas ennemi de la loi comme on
l'en accusait. Cependant les Juifs ne
laissèrent pas d'exciter une
sédition contre lui, et ils lui auraient
ôté la vie si le capitaine des
gardes du temple ne l'eût
délivré de leurs mains.
I. 1-16; Il. 17-40.
RÉFLEXIONS.
LA prédiction d'Agabus, qui
avertit saint Paul qu'on le ferait prisonnier
à Jérusalem, montre qu'il n'arrivait
rien à cet apôtre que par la
volonté de Dieu, et que c'était le
Seigneur qui l'exposait à ces
persécutions et qui voulait qu'il fût
livré aux payens, ensuite conduit à
Rome, afin qu'il rendît témoignage
à l'Évangile en tous lieux.
La belle résolution que saint
Paul fit paraître, lorsque les Fidèles
le conjurant avec larmes de ne pas aller à
Jérusalem, il déclara qu'il
était prêt non-seulement d'être
lié, mais de souffrir la mort pour le nom de
Jésus, marque que ce fidèle serviteur
de Dieu était entièrement
dévoué à Jésus-Christ,
et que rien n'était capable
d'ébranler sa constance.
Ce sont là les sentimens dont
tous les chrétiens, mais
particulièrement les ministres du Seigneur,
doivent être animés. Et comme les
chrétiens de Césarée, voyant
la résolution de saint Paul, ne
s'opposèrent plus
à son voyage, mais se
résignèrent à tout ce qu'il
plairait à Dieu d'ordonner, nous devons
aussi nous soumettre à tout ce que Dieu
veut, et sacrifier nos inclinations les plus
chères à sa volonté,
aussitôt qu'il nous la manifeste. Ce que
saint Paul fit, lorsqu'il alla dans le temple de
Jérusalem et qu'il se purifia suivant
l'usage des Juifs, était une action de
prudence et de charité, qui tendait à
leur montrer qu'on l'accusait à tort d'avoir
du mépris pour leur religion.
Cette sage conduite de saint Paul
nous apprend à nous accommoder autant que
nous le pouvons, surtout dans les choses
indifférentes, à ceux qui sont
prévenus contre nous, et à ne rien
négliger pour les faire revenir de leurs
préjugés.
On voit pourtant que, nonobstant ce
que saint Paul avait pensé faire pour
s'accommoder aux Juifs, ils se soulevèrent
contre lui, jusque-là qu'ils voulurent lui
ôter la vie. Voilà l'effet ordinaire
de la prévention et de la passion; elle
aveugle tellement ceux qui en sont
possédés, qu'il n'y a rien qui soit
capable de les désabuser.
Enfin, il est à remarquer que
la Providence délivra saint Paul de la
fureur des Juifs, par le moyen du tribun, et
qu'elle se servit cependant de ce que cet
apôtre avait fait par égard pour les
Juifs, pour le faire arrêter par ces Juifs
mêmes, et pour le livrer entre les mains des
payens, comme le prophète Agabus le lui
avait prédit à Césarée.
C'est ainsi que Dieu sait garantir ceux qui le
servent, et que ce que les hommes pensent faire
contr'eux ne sert qu'à accomplir les
desseins de la Providence.
CHAPITRE
XXII.-
C'est ici un discours
- dans lequel saint Paul, pour se justifier de
ce que les Juifs l'accusaient d'être
ennemi de leur nation et de leur loi, fait
l'histoire de sa vie et de sa conversion.
- Mais les Juifs continuant à demander
qu'on le fît mourir, le tribun ordonna
qu'on lui donnât la question en le
fouettant; ce qui ne fut pourtant pas
exécuté, parce que cet
apôtre dit qu'il était bourgeois de
Rome; mais il fut renvoyé à
paraître devant le conseil des Juifs.
I. 1-21; II. 22-30
RÉFLEXIONS.
LE dessein de saint Paul, dans le
discours qui est ici rapporté, était
de montrer aux Juifs qu'ils avaient tort de le
regarder comme l'ennemi de leur
religion, que, bien loin de là, il avait eu
lui-même un grand zèle pour cette
religion dans laquelle il avait été
élevé à Jérusalem,
jusque-là qu'il était autrefois le
plus ardent persécuteur des
chrétiens, et que, s'il avait
embrassé la religion de Jésus-Christ
et s'il l'annonçait partout, il le faisait
pour obéir à la vocation que le
Seigneur lui avait adressée du ciel.
Cette conduite de saint Paul envers
les Juifs marque qu'il tâchait de se
justifier et de les apaiser, mais qu'il ne
dissimulait pourtant pas sa croyance.
Il faut toujours parler et agir avec
prudence, surtout lorsqu'on a à faire
à des personnes prévenues, mais en
même temps avec courage et avec
fermeté, sans jamais user de
déguisement, et sans que la crainte nous
fasse supprimer la vérité.
L'irritation et la fureur dans
laquelle les Juifs entrèrent lorsque saint
Paul dit que le Seigneur l'avait envoyé vers
les gentils, montre que la principale cause de la
haine qu'ils lui portaient était l'aversion
qu'ils avaient contre les payens ; ce
procédé des Juifs fait aussi voir que
rien n'est capable de ramener et d'apaiser des gens
qui sont fortement prévenus.
Enfin saint Paul étant sur le
point d'être mis à la question et
fouetté, jugea à propos de se
prévaloir cette fois-là de sa
qualité de bourgeois de Rome, pour
éviter cette peine, ce qu'il n'avait pas
fait dans une autre occasion (Voyez Chap. XVI. 22).
en usa de la sorte, parce que c'était
là un moyen légitime de se garantir
de la violence et de l'injustice qu'on lui aurait
faite.
De là on peut conclure qu'il
est permis de se servir de son droit et d'employer
toutes les voies justes et raisonnables, pour se
défendre, quand on est en danger
d'être opprimé ou d'être
traité injustement.
CHAPITRE
XXIII.-
Ce chapitre a deux parties.
- On y voit, premièrement, comment
saint Paul partit devant le Conseil des Juifs;
2. le récit d'une
conspiration que quelques Juifs firent pour
ôter la vie à cet apôtre, et
la manière dont il en fut
préservé.
I. 1-11; II. 12-35.
RÉFLEXIONS.
IL faut faire quatre
réflexions sur ce chapitre.
La première, que saint Paul
étant frappé injustement, par l'ordre
du souverain sacrificateur
Ananias, il lui dénonça le jugement
de Dieu, mais qu'il marqua cependant le respect
qu'il avait pour le caractère d'Ananias,
lorsqu'on l'eut averti que celui qui l'avait fait
ainsi frapper était le souverain
sacrificateur, ce qu'il n'avait pas su d'abord.
L'instruction que cela nous donne
est qu'il faut parler avec respect de nos
supérieurs, mais aussi que Dieu punira les
juges injustes et ceux qui abusent de leur
autorité.
2. Saint Paul mit la division entre
les pharisiens et les sadducéens, en disant
qu'il était exposé en jugement parce
qu'il croyait la résurrection des morts. Il
en usa ainsi par prudence, afin de n'être pas
opprimé par les Juifs, et pour montrer qu'en
annonçant l'Évangile il enseignait ce
que les Juifs et les pharisiens eux-mêmes
croyaient touchant la résurrection.
3. Dieu apparut de nuit à
saint Paul et lui dit de ne rien craindre et de se
disposer à aller lui rendre
témoignage à Rome. Cela était
nécessaire, pour soutenir cet apôtre
au milieu des traverses que les Juifs lui
suscitaient, pour l'instruire des desseins de la
Providence, et pour l'encourager à faire
partout une profession publique de la
vérité.
4. Quarante Juifs firent en ce
temps-là une conjuration pour tuer saint
Paul; mais il fut préservé de ce
danger, par le moyen d'un jeune garçon, son
neveu, qui avertit le tribun de ce complot.
On voit en cela jusqu'où
allait la fureur des Juifs, et à quels
excès la haine, jointe au faux zèle
de religion, est capable de porter les hommes; on y
remarque aussi combien il est dangereux d'agir par
passion et de faire des voeux et des sermens
téméraires.
Enfin l'on doit admirer dans cet
événement, les moyens dont la
Providence se sert, pour préserver les
innocens et les gens de bien des dangers qui les
menacent.
CHAPITRE
XXIV.-
Saint Paul
- étant accusé par les Juifs,
devant le gouverneur Félix, rend raison
de sa conduite et de sa foi.
- Ensuite Félix avant souhaité
d'entendre saint Paul, cet apôtre parla en
sa présence des devoirs de la justice, de
la continence et du jugement dernier, d'une
manière qui le remplit de frayeur.
Cependant saint Paul demeura prisonnier à
Césarée pendant deux ans.
I. 1-24; Il. 25-28.
REFLEX IONS.
IL faut remarquer, en premier lieu,
sur ce chapitre, que saint Paul étant
accusé très-injustement par les Juifs
devant le gouverneur Félix, il se
défendit par un discours plein de force et
de gravité, dans lequel, en se justifiant
des accusations dont on le chargeait, et en niant
ce que les Juifs lui imputaient faussement, il fait
pourtant une confession ouverte de sa croyance et
de la doctrine qu'il enseignait.
Voilà une conduite pleine de
sincérité et de zèle, qui nous
montre que jamais la crainte ne doit nous fermer la
bouche, lorsque nous sommes appelés à
confesser la vérité.
2. C'est une chose remarquable que
l'apôtre, rendant raison de sa foi et de sa
conduite devant Félix, dit qu'il croyait et
qu'il enseignait ce qui était écrit
dans la loi et dans les prophètes, et
particulièrement la résurrection des
morts, tant des bons que des méchans. On
voit, par ce que saint Paul dit sur ce sujet, quel
rang la doctrine de la résurrection tient
dans la religion chrétienne et l'effet que
cette doctrine doit produire sur ceux qui font
profession de la croire: c'est de les faire vivre
dans la pureté de la conscience, devant Dieu
et devant les hommes.
On doit faire enfin une grande
attention à la frayeur que Félix
ressentit, lorsque saint Paul lui parla de la
justice, de la continence et du dernier jugement,
et à l'endurcissement de ce gouverneur payen
qui, se sentant regardé en sa conscience,
parce qu'il était coupable d'injustice,
d'impureté et de divers autres crimes, ne
voulut pas que l'apôtre continuât
à lui parler.
On voit ici la force de la parole de
Dieu et l'effet que les vérités de
l'Évangile, et en particulier la doctrine du
Jugement universel, produisent même sur les
méchans.
On y voit, d'un autre
côté, comment les pécheurs
résistent à cette parole et aux
mouvemens de leur propre conscience. Ainsi la
conduite de Félix nous avertit de ne pas
endurcir nos coeurs et de ne jamais renvoyer notre
conversion, lorsque Dieu nous fait entendre sa voix
et que nous nous sentons touchés.
La méchanceté de ce
gouverneur parait encore en ce qu'il laissa saint
Paul en prison pendant deux ans; il en usa ainsi,
non qu'il le crût coupable, mais parce qu'il
espérait de tirer de lui de l'argent.
Voilà comment l'avarice et les égards
pour les hommes font commettre de grandes
injustices et empêchent de parvenir à
la connaissance de la vérité.
CHAPITRE
XXV.-
Les Juifs
- prient Festus, qui avait
succédé à Félix dans
le gouvernement de la Judée, d'envoyer
saint Paul de Césarée, où
il était prisonnier depuis deux ans,
à Jérusalem, leur dessein
étant de le tuer en chemin; mais Festus
ne leur accorda pas leur demande, et leur dit
qu'ils pouvaient venir l'accuser à
Césarée, ce qu'ils firent.
- Sur cela saint Paul dit qu'il en appelait
à l'empereur, et Festus résolut de
l'envoyer à Rome. En ce temps-là
le roi Agrippa étant arrivé
à Césarée, et ayant oui
parler de saint Paul, il souhaita de le voir et
de l'entendre.
I. 1-12; Il. 13-27.
RÉFLEXIONS.
LES réflexions qu'il faut
faire ici sont,
premièrement, que les Juifs
ayant comploté, pour tuer saint Paul par une
noire trahison, Dieu ne permit pas qu'ils
exécutassent leur dessein cruel et injuste;
en quoi nous devons reconnaître la protection
dont Dieu couvre ses fidèles serviteurs.
2. Que saint Paul, étant
accusé par les Juifs devant Festus il
continua à soutenir qu'il était
innocent, et demanda d'être, renvoyé
à l'empereur. Ce procédé de
l'apôtre montre. qu'un chrétien peut,
lorsqu'il est accusé injustement, avoir
recours aux tribunaux et se servir de tous les
moyens légitimes de défense que la
Providence lui présente.
3. Il faut considérer que
Dieu disposait ainsi les choses, non-seulement afin
que saint Paul ne tombât pas entre les mains
des Juifs, mais aussi afin qu'il eût occasion
d'aller à Rome et d'annoncer
l'Évangile dans cette grande ville selon que
Notre Seigneur le lui avait prédit (Act. 23.
11.).
4. La conduite que Festus tint
envers saint Paul montre que ce gouverneur, quoique
payen, avait plus de droiture et
d'équité que les Juifs, et même
que les sacrificateurs et les magistrats de
Jérusalem n'en avaient.
Enfin saint Luc rapporte que le roi
Agrippa étant venu en ce temps-là
à Césarée, il souhaita de voir
et d'entendre saint Paul. Ce fut là une
occasion, que la Providence fournit à cet
apôtre, de parler en présence de ce
prince et d'un grand nombre de personnes
considérables ; ce qui tourna à la
justification de saint Paul et de la doctrine qu'il
annonçait, comme cela se voit dans le
chapitre suivant.
CHAPITRE
XXVI.-
Saint Paul,
- parlant en présence du roi Agrippa,
de Bérénice, du gouverneur Festus
et d'un grand nombre d'officiers et de personnes
de distinction, fait l'histoire de sa vie, de sa
conversion, et de la manière dont il
avait exercé son ministère
jusqu'alors.
- il fut interrompu par Festus, qui le traita
d'insensé; et le roi Agrippa
témoigna d'être
ébranlé par son discours.
- Enfin ce prince, le gouverneur et tous ceux
qui étaient présens, reconnurent
l'innocence de saint Paul; mais il fut
résolu que, puisqu'il en avait
appelé à l'empereur, on
l'enverrait à Rome.
I. 1-23; Il. 24-29; III. 30-32.
RÉFLEXIONS.
DANS le discours que saint Paul fit
en présence du roi Agrippa, pour rendre
raison de la conduite qu'il avait eue avant et
après sa conversion, on découvre un
caractère de sagesse et de
modération, et en même temps
d'ingénuité, de fermeté et de
courage, qui marque bien clairement l'innocence et
le zèle de ce grand apôtre.
La manière douce et
respectueuse, mais aussi franche et sincère,
dont il parla dans cette occasion, doit nous
apprendre à répondre toujours, comme
saint Pierre nous y exhorte (1. Pierre III. 15.),
avec douceur et modestie à tous ceux qui
nous demandent raison de l'espérance qui est
en nous, et à ne jamais taire ni dissimuler
la vérité.
On doit remarquer, en second lieu,
sur ce discours, que si saint Paul avait
persécuté l'Eglise avant sa
conversion, il l'avait fait par ignorance et
croyant bien faire; mais que du reste sa vie avait
été sans reproche; et qu'après
que le Seigneur l'eut appelé, il le servit
avec un grand zèle.
Ce qu'il faut observer sur cela,
c'est que lorsqu'on a péché par
ignorance, il est plus facile d'obtenir le pardon
de ses fautes et de s'en relever; que Dieu se fait
connaître tôt ou tard à ceux qui
ont le coeur bon, et que, dès qu'il nous
appelle, nous devons suivre notre vocation et lui
obéir.
3. Nous voyons dans le jugement que
Festus fit de saint Paul, en le traitant
d'insensé, que les choses les plus graves
paraissent une folie aux mondains; et la
réponse sage et respectueuse, que saint Paul
fit à Festus, nous donne un bel exemple de
modération et de fermeté.
4. Saint Luc rapporte une
particularité
remarquable; c'est que le roi
Agrippa entendant parler saint Paul, lui dit : Peu
s'en faut que tu ne me persuades d'être
chrétien; à quoi l'apôtre
répondit, en souhaitant que ce prince et
tous ceux qui étaient présens
devinssent chrétiens en effet.
Sur cela on doit remarquer
qu'Agrippa faisait profession de la religion des
Juifs et qu'il croyait aux prophètes; ce qui
fit qu'il trouva de la vraisemblance dans le
discours de l'apôtre. Mais cette impression
ne fut pas salutaire, puisque ce roi ne se soucia
pas de s'instruire plus avant.
Il est inutile d'être un peu
touché de la Parole de Dieu et d'être
chrétien à demi; il faut le devenir
tout-à-fait et de tout son coeur.
Enfin le roi Agrippa et le
gouverneur Festus, après avoir entendu saint
Paul et examiné les accusations que l'on
formait contre lui, jugèrent qu'il
était innocent, et ils l'auraient même
renvoyé absous, s'il n'en eût pas
appelé à l'empereur. Par ce moyen cet
apôtre fut justifié, et si en l'envoya
à Rome, il n'y fut pas envoyé comme
un criminel, ce qui aurait été un
obstacle à la prédication de
l'Évangile qu'il devait annoncer dans cette
ville-là.
Ainsi saint Paul éprouva dans
cette occasion une protection particulière
de Dieu, et le Seigneur accomplit en sa faveur la
promesse qu'il avait faite aux apôtres,
lorsqu'il leur disait qu'ils seraient menés
devant les gouverneurs pour lui rendre
témoignage, mais qu'il les assisterait par
son esprit et qu'il leur mettrait dans la bouche ce
qu'ils auraient à dire pour leur
défense (Matt. Chap. 10.).
CHAPITRE
XXVII.-
- Ce chapitre contient le récit du
voyage que saint Paul fit par mer, de
Césarée à Rome, où
l'on doit principalement remarquer qu'il fut en
danger de périr, le vaisseau sur lequel
il était ayant fait naufrage.
RÉFLEXIONS.
CETTE histoire nous présente
quatre réflexions.
La première regarde les
dangers continuels auxquels saint Paul était
exposé. Après avoir
échappé à la fureur des Juifs,
il manqua de périr sur la mer en allant
à Rome, et outre cela d'être
tué par des soldats.
La seconde, que Dieu, qui l'avait
garanti jusqu'alors, le préserva de l'un et
de l'autre de ces dangers, et qu'ainsi rien ne peut
nuire à ceux que Dieu
favorise de sa protection et qui
le servent fidèlement.
La troisième, que Dieu ne
sauva pas seulement la vie à saint Pau!,
mais qu'à cause de lui il garantit tous ceux
qui étaient dans le vaisseau, en sorte que,
quoiqu'ils fissent naufrage, il n'eu périt
pas un seul.
Cette merveilleuse
délivrance, que saint Paul leur avait
prédite, dut leur faire reconnaître
que cet apôtre était un vrai serviteur
de Dieu; elle nous apprend aussi que c'est toujours
un grand avantage d'être dans la compagnie de
gens de bien, et qu'à cause d'eux Dieu
épargne souvent les autres et leur accorde
des délivrances et des grâces
très-considérables. Il faut remarquer
enfin que, quoique Dieu eût promis par un
ange à saint Paul qu'aucun de ceux qui
étaient embarqués avec lui ne
périrait, cet apôtre leur dit pourtant
que, si les matelots ne demeuraient dans le
vaisseau, on ne pourrait se sauver.
Les promesses que Dieu nous a faites
n'empêchent pas qu'il ne faille se servir des
moyens que la prudence prescrit et qu'il a
lui-même établis ; et jamais la
confiance en Dieu ne doit être
accompagnée de témérité
ni de négligence.
CHAPITRE
XXVIII.-
Saint Paul
- ayant fait naufrage sur les côtes de
l'île de Malthe, il y séjourna
trois mois, et il y fit divers miracles.
- il en partit ensuite et il arriva à
Rome.
I. 1-10; II. 11-31
RÉFLEXIONS.
L'HUMANITÉ avec laquelle les
habitans de l'île de Malthe reçurent
saint Paul et ceux qui avaient fait naufrage avec
lui, doit apprendre aux chrétiens à
exercer l'hospitalité et à assister
avec cordialité les malheureux.
Le jugement que les gens de cette
île firent de saint Paul, lorsqu'il fut mordu
d'une vipère, montre que les hommes, et
même les peuples barbares, ont toujours cru
que la vengeance céleste ne laisse pas les
crimes impunis, ce qui est une vérité
certaine.
Cependant l'exemple de saint Paul
prouve que ce serait un jugement
téméraire de croire que tous ceux
à qui il arrive quelque malheur soient
poursuivis par la justice divine. L'opinion que les
habitans de Malthe eurent de saint Paul, le prenant
pour un Dieu, lorsqu'ils virent qu'il ne lui
arrivait aucun mal, doit
être considérée comme un effet
de l'ignorance de ces peuples idolâtres; mais
nous devons reconnaître, par ce miracle aussi
bien que par la guérison du père de
Publius et des autres malades de cette île,
l'accomplissement de cette promesse que
Jésus-Christ avait faite aux apôtres:
Ils chasseront les serpens ; quand
ils auront bu quelque breuvage mortel, il ne leur
nuira point; ils imposeront les mains sur les
malades, et ils se porteront bien (Saint Marc XVI.
18.).
Enfin saint Paul étant
arrivé à Rome, vit non-seulement les
chrétiens qu'il y avait dans cette grande
ville, mais aussi les Juifs; il les informa des
raisons qu'il avait eues de faire le voyage de Rome
et d'en appeler à l'empereur; il parla de
leur nation et des Juifs de Jérusalem avec
toute sorte de modération; il tâcha
ensuite de les porter à croire en
Jésus-Christ; et enfin, voyant que plusieurs
d'entr'eux demeuraient dans
l'incrédulité, il leur déclara
que, vu leur endurcissement, il annoncerait
l'Évangile aux gentils.
Cette conduite sage et pleine de
charité montre qu'on ne doit rien
négliger, pour édifier tout le monde
et pour ramener ceux qui sont prévenus
contre la vérité; et que si
après cela il y a des gens qui demeurent
obstinés, ils n'ont aucune
excuse.
C'est ici que finit l'histoire de
saint Luc et le livre des Actes des Apôtres.
Il faut savoir au reste, que saint Paul fut
prisonnier à Rome deux ans; que durant ce
temps là il écrivit diverses
Épîtres, qui ont été
conservées dans le Nouveau Testament; qu'au
bout de ces deux ans, il fut délivré
et fit divers voyages; et qu'étant revenu
à Rome, environ cinq ans après, il y
souffrit le martyre et eut la tête
tranchée, sous l'empire de Néron.
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