ARGUMENS ET
RÉFLEXIONS SUR LES LIVRES ET LES CHAPITRES
DU NOUVEAU TESTAMENT
LES ACTES DES SAINTS APÔTRES.
CHAPITRE
VI.-
Ce chapitre a deux parties.
- On lit dans la première
l'établissement des diacres, dont la
charge était d'administrer les
aumônes de l'Eglise,
- et dans la seconde comment saint
Étienne fut accusé devant le
Conseil des Juifs.
1. 1-7; II 8-15.
RÉFLEXIONS.
ON voit dans ce chapitre
l'institution de la charge des diacres, qui furent
établis par les apôtres pour dispenser
les charités des Fidèles. Quoique
cette charge soit aujourd'hui abolie, dans la
plupart des églises chrétiennes, par
la faute des hommes et par le désordre qui y
règne à divers égards, elle ne
laisse pas d'être d'institution divine et
très-utile pour l'édification de
l'Eglise.
2. Puisque Dieu voulut que
l'administration des aumônes fût
confiée à des gens sages et remplis
du Saint-Esprit, il parait de là que la
charité est un devoir très-important;
que les aumônes des Fidèles doivent
être distribuées avec beaucoup de
prudence et de sagesse; que pour cet effet l'Eglise
doit commettre des gens intègres et
craignant Dieu, qui sont chargés de ce soin,
et qu'en général on ne doit mettre
dans les charges ecclésiastiques que des
personnes qui aient un bon témoignage et qui
soient d'une probité reconnue.
3. L'on voit ici que saint
Étienne, l'un de ces diacres, qui
était illustre par sa foi, par son
zèle, et par les miracles qu'il faisait, ne
tarda pas à éprouver la haine des
Juifs. Il fut accusé d'être un ennemi
de Dieu et de la loi de Moïse, et amené
devant le Conseil pour y être
condamné. Mais il y parut avec une sainte
hardiesse et d'une manière qui étonna
ses juges. C'est de tout temps que les gens de bien
ont été exposés à la
haine des méchans et à leurs
calomnies; mais l'injustice et la violence dont on
use contr'eux ne les empêchent jamais de
s'acquitter courageusement de leur devoir, et de
satisfaire aux engagemens de leur vocation et de
leur conscience.
CHAPITRE
VII.-
Ce chapitre contient
premièrement
- le discours que saint Étienne fit
devant le Conseil des Juifs;
- 2. le récit de son martyre et de sa
mort.
I. 1-53: 2. 54-60
RÉFLEXIONS.
LE but du discours que saint
Étienne fit devant le Conseil était
de faire voir,
1. qu'il n'était pas un
ennemi de Dieu et de la loi,
comme on l'en accusait, mais qu'il adorait le Dieu
d'Abraham et des patriarches;
2. que Jésus était le
messie qui devait naître de la
postérité d'Abraham, et dont
Moïse et les prophètes avaient
marqué la venue;
3. que l'alliance de Dieu et son
service n'étaient pas attachés
à la nation des Juifs, ni au temple de
Jérusalem, non plus qu'au service
cérémoniel que Moïse avait
prescrit;
4. que les Juifs avaient
été de tout temps rebelles à
Dieu, qu'ils avaient rejeté et
persécuté les prophètes, et
qu'ainsi il n'était pas surprenant qu'ils
eussent rejeté Jésus-Christ et qu'ils
persécutassent ses serviteurs.
On remarque, dans tout ce discours
de saint Étienne, le grand zèle dont
il était animé, et la sainte
liberté avec laquelle il reprocha aux Juifs
leur endurcissement, quoiqu'il vit bien qu'en
parlant ainsi il s'exposait à leur fureur et
au danger de perdre la vie.
Les Juifs, transportés de
rage, condamnèrent ce fidèle
serviteur de Dieu à être
lapidé; mais Dieu lui fit voir, pour
l'encourager, les cieux ouverts et
Jésus-Christ assis à sa droite;
après quoi saint Étienne souffrit
cette mort cruelle avec constance, en invoquant le
Seigneur Jésus jusqu'au dernier soupir, et
en priant pour ceux qui le faisaient mourir. Cette
mort du premier martyr de l'Eglise apprend à
tous les chrétiens à souffrir
courageusement tous les maux que la profession de
la vérité peut attirer sur eux, et
même la mort s'ils y étaient
appelés, à pardonner à ceux
qui leur font le plus de mal et à prier pour
eux. On voit encore dans ce récit combien la
mort des vrais Fidèles est douce, et de
quelles consolations elle est accompagnée;
ce qui doit nous animer fortement à la
piété, afin qu'a notre
dernière heure nous puissions aussi remettre
notre esprit entre les mains du Seigneur
Jésus, et nous endormir paisiblement dans
l'espérance d'une meilleure vie.
CHAPITRE
VIII.-
Saint Luc rapporte ici,
- 1. la persécution qui s'éleva
contre l'Eglise de Jérusalem après
la mort de saint Étienne;
- 2. comment saint Philippe prêcha
l'Évangile à Samarie ;
- 3. l'histoire de la conversion d'un seigneur
étranger qui était
trésorier de Candace, reine
d'Éthiopie.
I. 1-4; II 5-25; III. 26-40.
RÉFLEXIONS.
IL faut remarquer, sur ce chapitre,
que la mort de saint Étienne et la
persécution qui fut suscitée contre
l'Eglise de Jérusalem tournèrent
à l'avancement de l'Évangile, puisque
les Fidèles qui furent dispersés
annoncèrent en divers lieux la parole de
Dieu. Voilà comment les persécutions,
que les premiers ennemis de l'Eglise
exercèrent contr'elle, servirent à
étendre davantage la religion de
Jésus-Christ.
2. Ce qu'on lit ici de la
créance que le peuple de Samarie donnait
à Simon le Magicien, fait voir que les
personnes qui ne connaissent pas la
vérité se laissent aisément
séduire par des imposteurs, Mais le
changement qui arriva dans cette ville,
après que Philippe y eut annoncé
l'Évangile, montre que la
vérité triomphe de l'erreur et du
mensonge. Saint Luc remarque que Simon
lui-même se fit baptiser et qu'il
était tout ravi de voir les miracles que
Philippe faisait.
Cet exemple prouve que les
méchans sont quelquefois touchés de
l'excellence de l'Évangile et qu'ils en
embrassent même la profession; mais, ne la
faisant pas par de bons motifs, leur conversion
n'est pas sincère.
Sur ce qui est ajouté, que
Simon offrit de l'argent à saint Pierre pour
obtenir le don de communiquer le Saint-Esprit et de
faire des miracles, et que saint Pierre, rempli
d'indignation, lui dénonça le
jugement de Dieu, il faut remarquer que c'est une
impiété détestable de faire
servir la religion à l'avarice ou à
l'ambition, et de prétendre acheter ou
vendre les choses saintes, en quelque
manière que cela se fasse. Cependant saint
Pierre exhorta Simon à se repentir, et
Simon, effrayé, pria les apôtres
d'intercéder pour lui auprès de Dieu;
cela nous apprend qu'il ne faut jamais abandonner
entièrement les plus grands pécheurs,
ni leur refuser le secours de nos exhortations et
de nos prières.
3. Dieu appela en ce temps-là
un officier de la reine Candace à la foi de
Jésus-Christ, afin de montrer que
l'Évangile serait bientôt
annoncé à tous les peuples, et afin
de répandre par le moyen de cet homme la
vraie religion dans l'Éthiopie. Ce seigneur,
qui était du nombre de ces prosélytes
payens qui avaient renoncé à
l'idolâtrie, venait d'adorer Dieu à
Jérusalem, et il était occupé
a la lecture des livres sacrés, lorsque Dieu
lui adressa Philippe pour l'instruire. On voit par
là que la Providence prend un soin
particulier de ceux qui ont de
bonnes intentions, et que Dieu accorde une nouvelle
mesure de ses grâces à ceux qui font
un bon usage de celles qu'ils ont
déjà reçues, et qui cherchent
sincèrement la
vérité.
Le désir que cet officier fit
paraître d'entendre le sens du passage
d'Esaïe qu'il lisait, et la docilité
avec laquelle il écouta Philippe, montrent
que chacun doit travailler à s'instruire des
vérités du salut, tant par
soi-même que par le secours d'autrui, et
qu'on ne doit pas négliger les instructions
des ministres que Dieu a établis. L'eunuque,
ayant ouï Philippe, souhaita d'être
baptisé, et après qu'il eut fait une
profession ouverte de la foi, il reçut le
baptême. C'est ainsi qu'en usent ceux qui
aiment la vérité; aussitôt
qu'elle leur est comme, ils en embrassent la
profession, et ils ne renvoient jamais à
s'acquitter de leur devoir. Enfin, comme ce
seigneur, après avoir été
baptisé, s'en retourna plein de joie dans
son pays, il faut aussi que nous estimions
par-dessus toutes choses le bonheur que nous avons
de croire en Jésus-Christ, et que l'avantage
d'être membre de son Eglise fasse toute notre
consolation et toute notre joie.
CHAPITRE IX.
1-22.-
C'est ici l'histoire de la
conversion de saint Paul.
RÉFLEXIONS.
ON doit faire une grande attention
à cette histoire, et y considérer,
en premier lieu, que saint Paul, qui
fût un si excellent apôtre,
était avant sa conversion, et dans le temps
qu'il était encore juif, un ennemi
déclaré de la religion de
Jésus-Christ et un ardent persécuteur
des chrétiens. Cet apôtre nous dit
lui-même sur cela, que Dieu l'appela dans cet
état, afin de donner en sa personne un
exemple illustre de sa miséricorde envers
les pécheurs. Cependant il faut se souvenir
si Saul persécutait l'Eglise, il le faisait
par ignorance et que, si par un faux zèle,
croyant même faire une chose agréable
à Dieu, mais qu'il était du reste
d'une vie irréprochable.
Quand on ne pêche pas par
malice et par un effet de la corruption du coeur,
mais par ignorance et par la force des
préjugés, on peut en revenir plus
facilement et avoir part à la
miséricorde de Dieu.
2. Le moyen dont le Seigneur se
servit pour convertir Saul est
remarquable. Dans le temps qu'il allait à
Damas pour persécuter les chrétiens,
Jésus-Christ l'arrêta près de
cette ville, par une apparition qui le remplit de
frayeur; il lui Parla des cieux, il le renversa par
terre, et il le frappa d'aveuglement.
Notre Seigneur en usa ainsi, parce
que dans les dispositions où Saul
était, Il fallait quelque chose
d'extrêmement fort, pour vaincre ses
préjugés et pour le rendre docile.
C'est de la sorte que Dieu, par un effet de sa
bonté et de sa sagesse, emploie les moyens
les plus propres pour retirer les pécheurs
de leurs égaremens
3. Ces paroles, Saul, Saul, pourquoi
me persécutes-tu ? marquent que
Jésus-Christ regarde ce que l'on fait contre
ses membres et contre son Eglise comme s'il
était fait contre lui-même; et ce que
Saul répondit en disant: Seigneur que
veux-tu que je fasse ? exprime les sentimens
d'humilité et de docilité qui se
rencontrent dans les pécheurs qui sont
salutairement touchés. Ils obéissent
sans délai à la vocation
céleste; ils s'abandonnent
entièrement à Dieu, et ils sont
prêts à suivre tous les conseils qu'il
leur donne.
4. Il faut remarquer que Dieu,
après avoir mis Saul en état
d'écouter et de recevoir ce qui lui serait
dit, le renvoya à Ananias, pour apprendre de
lui ce qu'il devait faire, et que cependant Il
prépara Ananias, par une vision, à
aller voir Saul et à l'instruire; c'est
ainsi que Dieu disposait les choses avec une grande
sagesse, pour achever l'ouvrage de la conversion de
Saul.
5. Enfin Saul, après avoir
été en jeûne et en
prière pendant trois jours, recouvra la vue;
il fut instruit et baptisé par Ananias, et
incontinent après il commença
à prêcher l'Évangile, dans les
synagogues des Juifs.
L'on doit admirer la puissance et la
bonté de Dieu, dans cet
événement qui fut si salutaire
à saint Paul et si avantageux à toute
l'Eglise; et ce grand et prompt changement qui se
fit dans cet apôtre, fait voir que ceux qui
sont véritablement convertis changent
entièrement de sentimens et de conduite, et
qu'ils donnent des marques publiques et certaines
de la sincérité de leur repentance.
CHAPITRE IX.
23-43.-
Saul, après sa conversion,
étant persécuté par les Juifs
à Damas,
- s'en va à Jérusalem,
d'où la persécution l'oblige
encore de se retirer pour aller à
Césarée, et de là à
Tarse.
- Saint Luc rapporte, en
second lieu, l'heureux état des
Églises de la Judée et des lieux
voisins;
- et enfin le miracle de la guérison
d'Enée ci celui de la résurrection
de Tabitha.
I. 23-30; Il. 31; Ill. 32-43.
RÉFLEXIONS.
IL faut considérer ici,
1. qu'aussitôt que saint Paul
eut été converti et eut
commencé à annoncer
l'Évangile, il fut persécuté
par les Juifs. Dieu voulut par là
éprouver la fidélité de cet
apôtre et lui apprendre à souffrir
pour Jésus-Christ. Voilà ce qui
arrive ordinairement à ceux qui prennent la
résolution de suivre le Seigneur et de vivre
dans la piété; ils ressentent les
effets de la haine du monde et ils sont
exposés à des traverses; mais ces
oppositions ne les étonnent point, comme
elles n'étonnèrent pas Saul qui,
malgré la fureur des Juifs, continua
à annoncer l'Évangile, même
dans la ville de Jérusalem.
2. Ce que saint Luc dit de l'heureux
état des Églises de la Judée,
de la Galilée et de la Samarie, nous
présente ces deux réflexions.
L'une, que si Dieu permet que
l'Eglise soit persécutée, il lui
donne aussi du relâche; l'autre, que ce qui
rend les Églises heureuses et florissantes,
c'est quand elles marchent dans la crainte du
Seigneur et que les dons du Saint-Esprit s'y
multiplient.
3. Les deux miracles qui sont
récités sur la fin de ce chapitre
prouvent que les apôtres faisaient des
miracles semblables à ceux que Notre
Seigneur avait faits pendant qu'il était au
monde; ce qui contribuait à la conversion
d'un grand nombre de personnes. Nous avons, dans
l'histoire de la maladie et de la mort de Tabitha,
un bel exemple qui doit inciter tous les
chrétiens, et principalement les personnes
de son sexe, à la piété et aux
oeuvres de la charité; et la
résurrection de cette femme doit être
considérée comme une
récompense que Dieu voulut accorder à
sa foi, et comme une preuve qui doit nous confirmer
dans la croyance de la résurrection et dans
l'espérance de la vie éternelle.
CHAPITRE
X.-
Ce chapitre contient l'histoire de
la conversion du centenier Corneille à la
religion chrétienne. Cet homme était
payen de naissance, mais il adorait le vrai Dieu.
RÉFLEXIONS.
CETTE histoire a été
rédigée par écrit, pour nous
apprendre de quelle manière
l'Évangile commença d'être
annoncé aux payens.
Il faut admirer ici les voies dont
la Providence se servit pour la conversion de
Corneille. Dieu lui envoya un ange, pour lui dire
de faire venir saint Pierre; et dans ce même
temps il disposait cet apôtre à aller
chez Corneille, ce qu'il n'aurait pas fait si Dieu
ne lui eût fait connaître qu'il n'y
avait point d'homme qu'il fallût regarder
comme souillé, et que l'Évangile
devait être annoncé aux payens aussi
bien qu'aux Juifs.
C'est à quoi tendait la
vision de ce vaisseau dans lequel il y avait des
bêtes dont la loi défendait aux Juifs
de manger.
2. Il est à remarquer que
Corneille, quoiqu'engagé dans la profession
des armes, était un homme dévot,
charitable et craignant Dieu. À cause de
cela, Dieu lui envoya un ange pour l'assurer qu'il
s'était souvenu de ses prières et de
ses aumônes, et il l'amena à la
connaissance de Jésus-Christ par le moyen de
saint Pierre.
On voit par là que les
oeuvres de charité et de piété
sont très-agréables à Dieu, et
qu'il accorde de nouvelles lumières et de
nouvelles grâces à ceux qui ont le
coeur bon, qui l'invoquent et qui le craignent.
3. Le discours que saint Pierre fit
chez Corneille renferme la substance de la doctrine
que les apôtres prêchaient, savoir, que
Dieu avait envoyé son Fils pour annoncer le
salut aux Juifs; que les Juifs l'avaient fait
mourir, mais qu'il était ressuscité,
et qu'il devait être le juge des vivans et
des morts.
Ce sont là les
vérités les plus importantes de la
religion, et qui doivent être reçues
par tous les chrétiens. Elles tendent
à nous apprendre que la foi en
Jésus-Christ et la sainteté de la vie
sont l'unique moyen d'être sauvé; et
c'est ce qui est surtout marqué par ces
paroles de saint Pierre : que Dieu n'a point
d'égard à l'apparence des personnes,
mais qu'en toute nation celui qui le craint et qui
fait ce qui est juste lui est agréable, et
que quiconque croît en Jésus-Christ
recevra la rémission des pêches par
son nom.
4. L'attention, la soumission et
l'obéissance, avec laquelle Corneille et
tous ceux de sa maison écoutèrent
saint Pierre, doit nous apprendre à recevoir
la parole de Dieu avec les mêmes
dispositions, quand elle nous est annoncée.
5. Dans le temps que l'apôtre
parlait à Corneille, le Saint-Esprit
descendit sur ceux qui l'écoutaient,
et ils reçurent le don de
parler diverses langues. Dieu, en faisant alors en
faveur des payens une merveille semblable à
celle qu'il avait faite en envoyant le Saint-Esprit
aux apôtres, le jour de la Pentecôte,
marquait, de la manière la plus claire,
qu'il voulait aussi faire part de sa grâce
aux Gentils; et c'est ce qui nous oblige, nous qui
étions autrefois payens, à rendre
grâces à Dieu de ce qu'il voulut ainsi
recevoir dans son alliance ces peuples
idolâtres, et répandre son Esprit et
sa grâce sur eux, aussi bien que sur les
Juifs.
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