ARGUMENS ET
RÉFLEXIONS SUR LES LIVRES ET LES CHAPITRES
DU NOUVEAU TESTAMENT
LES ACTES DES SAINTS APÔTRES.
Saint Luc raconte dans ce livre comment la
religion chrétienne s'établit,
après l'ascension de Jésus-Christ,
premièrement à Jérusalem et
ensuite en divers autres lieux, par le moyen des
apôtres, et principalement par le
ministère de saint Pierre et de saint Paul.
Cette histoire comprend le temps qui s'est
écoulé depuis l'ascension de
Jésus-Christ jusqu'au premier emprisonnement
de saint Paul à Rome, ce qui fait l'espace
d'environ vingt-huit ans.
CHAPITRE
PREMIER.-
Dans le premier chapitre, saint
Luc rapporte deux choses:
- 1. l'ascension de Notre Seigneur;
- 2. l'établissement de saint Matthias
dans la charge d'apôtre.
I. 1-11; II 12-26.
- RÉFLEXIONS.
- LA première partie de ce
chapitre nous apprend que Notre Seigneur
étant ressuscité, demeura pendant
quarante jours sur la terre, pour persuader
d'autant mieux les apôtres de la
vérité de sa résurrection,
et pour leur donner les instructions qui leur
étaient nécessaires.
Au bout de ces quarante jours, il
fut élevé au ciel en leur
présence, parce qu'ils devaient tous
être témoins de cet
événement, et des anges leur
apparurent alors, qui les assurèrent que
Jésus était monté au ciel
et qu'il en reviendrait au dernier jour.
Nous avons en cela des preuves
très-convaincantes de l'ascension de
Jésus-Christ et de la certitude de son
dernier retour, ces vérités
étant attestées par le
témoignage des apôtres, par celui
des anges, aussi bien que par les effets
merveilleux qui suivirent
l'élévation de Jésus-Christ
dans la gloire céleste. Notre Seigneur
étant ainsi monté au ciel, tous
les hommes doivent reconnaître qu'il a une
souveraine puissance sur toutes choses, et
que son règne est
spirituel et céleste. Cela doit aussi
nous engager à avoir sans cesse nos
pensées et nos désirs
élevés vers ce séjour
glorieux, où Notre Seigneur est à
la droite de Dieu, son père, et où
il nous prépare des demeures
éternelles, et à vivre dans une
pratique continuelle de la piété
en attendant son retour.
Dans la seconde partie de ce
chapitre, il y a deux choses principales
à remarquer. L'une, que les
assemblées religieuses sont
autorisées par l'exemple des
apôtres et des premiers disciples de
Jésus-Christ, lesquels, après que
Notre Seigneur fut monté au ciel,
étaient ordinairement assemblés
pour vaquer à la prière et
à l'oraison.
L'autre, que comme Jésus
avait choisi douze apôtres, l'un des
premiers soins de saint Pierre et de ses
collègues fut d'établir un
apôtre en la place de Judas; que pour cet
effet ils présentèrent deux hommes
qui avaient été les témoins
de la vie et de la résurrection de
Jésus-Christ, mais qu'ils jetèrent
le sort sur eux, et qu'ils prièrent le
Seigneur de montrer lequel des deux il avait
élu, parce que les apôtres devaient
être choisis immédiatement par
Jésus-Christ lui-même.
CHAPITRE
Il.-
Saint Luc rapporte quatre choses
dans ce chapitre:
- 1. comment les apôtres reçurent
le Saint-Esprit le jour de la pentecôte;
- 2. le discours que saint Pierre fit aux
Juifs ce jour-là;
- 3. l'effet de ce discours, qui fut la
conversion de trois mille personnes;
- 4. l'état où était
alors l'Eglise de Jérusalem.
I. 1-13; II. 14-36; III. 37-41; IV. 42-47.
RÉFLEXIONS.
IL faut remarquer, en premier lieu,
sur ce chapitre, que Jésus-Christ en faisant
descendre le Saint-Esprit sur les apôtres,
accomplit les promesses qu'il leur avait faites de
leur envoyer cet Esprit après son
départ, et qu'il leur donna en cela des
preuves certaines et indubitables de son
élévation au ciel.
Il leur communiqua le don de parler
toutes sortes de langues, pour leur montrer qu'ils
devaient annoncer l'Évangile à tous
les peuples du monde, et pour les mettre en
état de le faire. Et cette merveille arriva,
dans un jour solennel, et en présence d'une
grande multitude de personnes qui étaient
venues à Jérusalem de divers pays
étrangers, afin que le
bruit de cet événement miraculeux se
répandit de tous côtés, et que
cela servît à faire recevoir la
prédication des apôtres.
2. Le but du discours que saint
Pierre fit aux Juifs était de leur apprendre
que ce qui venait d'arriver avait été
prédit par le prophète Joël, que
ce Jésus qu'ils avaient crucifié
était ressuscité, que Dieu l'avait
élevé au ciel, que c'était lui
qui venait de répandre sur les apôtres
le don de parler diverses langues, et que tous les
hommes devaient le regarder comme le Messie et
comme leur Seigneur et leur Roi. C'est aussi
là la substance de l'Évangile et ce
qu'il faut croire touchant Jésus-Christ.
3. La conversion de ces trois mille
Juifs, qui reçurent le baptême en ce
jour-là, fut une preuve admirable de
l'efficace de la prédication de saint
Pierre, et leur exemple nous montre qu'une vive
componction de coeur et une humble docilité,
qui dispose le pécheur à suivre tout
ce qu'il plaira à Dieu de lui prescrire, est
le caractère des vrais pénitens et le
sûr moyen de s'amender et d'entrer dans les
voies du salut.
Enfin on doit faire l'attention la
plus sérieuse a ce que saint Luc rapporte
dans ce chapitre de la piété de ces
premiers chrétiens, de leur assiduité
à la prière, à la
célébration de l'Eucharistie et aux
autres exercices religieux, de l'union admirable
qu'il y avait entr'eux, de leur charité, et
en général de l'innocence et de la
simplicité de leurs moeurs.
À tous ces égards, ces
anciens Fidèles qui composaient l'Eglise de
Jérusalem doivent servir de modèle
à toutes les Églises, et apprendre
aux chrétiens de tous les temps à
être zélés et assidus à
la prière et à toutes les parties du
service divin, à vivre dans la paix et dans
la concorde, à pratiquer les oeuvres de
charité, et à se rendre
agréables à Dieu et aux hommes, par
des moeurs pures et par la sainteté de leur
conduite.
CHAPITRE
III.-
Ce chapitre contient:
- 1. le récit d'un miracle que saint
Pierre fit en guérissant un homme perclus
de ses membres;
- 2. ce que cet apôtre dit aux Juifs
pour leur apprendre que ce miracle avait
été fait au nom de
Jésus-Christ.
I. 1-11; II. 12-26.
RÉFLEXIONS.
L'HISTOIRE de la guérison de
cet homme qui était perclus montre
qu'aussitôt après l'ascension de Notre
Seigneur, les apôtres
firent voir aux yeux de tous les Juifs, par des
miracles éclatans, que Jésus-Christ
était élevé au ciel, et qu'il
leur avait donné le pouvoir de faire des
miracles semblables aux siens. Ce fut par ce moyen
que l'Évangile continua à faire de
grands progrès dans la ville de
Jérusalem, tout le peuple ayant
été rempli d'admiration à la
vue de cette guérison miraculeuse.
2. On doit remarquer, après
cela, dans le discours de saint Pierre, le
zèle et la hardiesse avec laquelle cet
apôtre reprocha aux Juifs le crime qu'ils
avaient commis en crucifiant Jésus-Christ ,
et leur déclara ouvertement que ce
Jésus était le Messie dont tous les
prophètes avaient prédit la venue.
C'est ainsi qu'il faut toujours confesser le nom de
Notre Seigneur et rendre un témoignage
authentique à la vérité.
3. On voit ici que, bien que les
Juifs eussent crucifié le Fils de Dieu,
saint Pierre ne laisse pas de les exhorter à
la repentance, et qu'il leur promet que leurs
péchés seraient effacés,
pourvu qu'ils se convertissent et qu'ils ne
s'obstinassent pas dans leur
incrédulité. D'où nous devons
recueillir que le retour à la grâce de
Dieu est ouvert à tous ceux qui se repentent
et qui s'amendent, quelque coupables qu'ils soient.
Enfin saint Pierre nous apprend que
Jésus est ce grand prophète, dont
Moïse avait parlé, et duquel Dieu a dit
qu'on doit l'écouter en tout ce qu'il dira,
et que ceux qui refuseront de l'écouter
seront retranchés de son peuple. C'est cela
même que saint Pierre marque dans le dernier
verset de ce chapitre en disant que Dieu a
envoyé son Fils, Jésus, pour nous en
nous retirant chacun de nous de nos
péchés. Le but de renvoi du Fils de
Dieu a donc été de retirer les hommes
de leurs vices; et ce n'est que par là
qu'ils peuvent avoir part à la
bénédiction que ce grand Sauveur a
apportée au monde.
CHAPITRE
IV.-
Saint Luc rapporte:
- 1. l'emprisonnement de saint Pierre et de
saint Jean;
- 2. leur comparution devant le conseil des
Juifs, et ce qui s'y passa;
- 3. une prière qu'ils firent à
Dieu, après qu'on leur eût
défendu avec de sévères
menaces de ne plus parler au nom de
Jésus-Christ;
- 4. l'état de l'Eglise de
Jérusalem, et surtout l'admirable
charité qui y régnait.
I. 1-4; II. 5-22; III. 23-31; IV. 32-37.
RÉFLEXIONS.
ON voit premièrement, dans ce
chapitre, l'accomplissement de ce que
Jésus-Christ avait prédit aux
apôtres, savoir qu'ils seraient mis en prison
et menés devant les magistrats à
cause de lui; mais on y remarque aussi que les
rigueurs qu'on exerçait contr'eux
n'ébranlaient point leur constance, et que
le nombre des chrétiens croissait chaque
jour, nonobstant les oppositions des Juifs.
2. Les apôtres paraissant
devant le Conseil, y parlèrent avec une
sainte hardiesse et avec tant de force que leurs
ennemis en étaient étonnés et
qu'ils n'avaient rien à leur opposer.
C'était là un effet de la vertu
divine dont les apôtres étaient
revêtus, et des promesses que
Jésus-Christ leur avait faites de les
fortifier et de leur donner une sagesse à
laquelle personne ne pourrait résister.
3. Saint Pierre et saint Jean firent
encore paraître leur zèle, lorsque le
magistrat leur ayant défendu de ne plus
annoncer l'Évangile, ils répondirent
qu'il n'était pas juste d'obéir aux
hommes plutôt qu'à Dieu. Cette
généreuse résolution des
apôtres montre qu'il n'y a rien au monde qui
doive nous empêcher d'obéir à
Dieu, et qu'en particulier les ministres du
Seigneur qui, par des égards mondains ou par
la crainte des hommes, n'osent pas dire et faire
tout ce que Dieu leur commande, sont des
lâches et des prévaricateurs.
4. On voit, dans l'ardente
prière que les apôtres
présentèrent à Dieu pour
implorer son secours, le courage et la confiance
dont ils étaient animés ; et les
marques que Dieu leur donna de sa présence
et de sa faveur, en faisant trembler le lieu
où ils étaient assemblés, les
assurèrent que Dieu agréait et
exauçait leur prière, et qu'il les
couvrirait de sa protection.
On a toujours un secours puissant et
une ressource sûre dans la prière,
lorsqu'on craint Dieu et qu'on n'a en vue que sa
gloire; Dieu ne manque jamais d'exaucer ceux qui
l'invoquent ainsi; et quand on défend sa
cause, on doit se mettre peu en peine des vains
efforts des hommes.
5. Ce qui est dit, sur la fin de ce
chapitre, de l'union qu'il y avait entre les
Fidèles de Jérusalem et de l'usage
qu'ils faisaient de leurs biens, fait voir que
l'esprit du christianisme est un esprit de paix et
de concorde, que les vrais chrétiens ne sont
qu'un coeur et qu'une âme, et qu'ils exercent
avec plaisir et libéralement la
charité envers les nécessiteux.
CHAPITRE
V.-
Saint Luc
- fait l'histoire du péché
d'Ananias et de Saphira, et de la punition que
Dieu en fit.
- 2. Il parle ensuite des miracles des
apôtres et des progrès merveilleux
que l'Évangile faisait à
Jérusalem.
- 3. Les apôtres sont mis en prison une
seconde fois; mais Dieu les en délivre
par un ange, et ils continuent à annoncer
l'Évangile.
- 4. Ils paraissent encore devant le Conseil,
qui les condamne à être
fouettés, et qui leur défend de ne
plus parler de Jésus-Christ et de sa
doctrine.
I. 1-11; II. 12-16; III. 17-25; IV. 26-42.
RÉFLEXIONS.
Il y a trois réflexions
à faire sur l'histoire d'Ananias.
La première, que Dieu frappa
de mort cet homme et sa femme pour avoir menti
à saint Pierre, afin de donner de la crainte
à tous les membres de l'Eglise, de soutenir
l'autorité des apôtres dans les
commencemens de la prédication de
l'Évangile, et de faire voir la
divinité de la doctrine qu'ils
annonçaient.
La seconde, que Dieu connaît
les coeurs et les choses cachées; que quand
même on pourrait tromper les hommes, on ne
saurait le tromper; et que ceux qu'il mentent aux
hommes, et en particulier à leurs
conducteurs spirituels, dans des occasions
où l'on est obligé de dire la
vérité, mentent à Dieu et
s'exposent à sa vengeance.
La troisième, que c'est un
très-grand péché d'user de
mensonge et de tromperie, dans l'exercice de la
charité. On est libre de donner ou de ne
donner pas; mais quand on a consacré une
chose à Dieu et à des usages de
charité, il n'est pas permis de la
reprendre, ni même d'en retenir la moindre
partie.
Ce que saint Luc dit des miracles
surprenans que les apôtres faisaient, de
l'accroissement merveilleux de l'Eglise de
Jérusalem, aussi bien que de l'amour et du
respect que tout le monde avait pour les
chrétiens, est tout-à-fait
remarquable. C'étaient là des preuves
authentiques de la divinité de la doctrine
chrétienne et de son efficace. Et puisque
ces progrès de l'Évangile
étaient le fruit, non-seulement des miracles
des apôtres, mais aussi de l'union qui
régnait parmi les Fidèles et de
l'innocence de leurs moeurs, on voit par là
combien la bonne vie des chrétiens contribue
à rendre la religion de Jésus-Christ
honorable, et à
l'établir dans le monde. Les apôtres
furent emprisonnés pour la seconde fois en
ce temps-là, mais Dieu leur fit ouvrir
miraculeusement les portes de la prison par un
ange.
Cette nouvelle marque de la
protection de Dieu devait les remplir d'assurance
et faire voir à leurs ennemis que
c'était en vain qu'ils s'opposaient à
la prédication de l'Évangile.
Après que les apôtres
furent sortis de la prison, ils allèrent
enseigner dans le temple, nonobstant les
défenses qui leur avaient été
faites; et étant appelés pour cela
devant le Conseil, ils y parlèrent avec
beaucoup de sagesse et de fermeté, en
déclarant qu'il fallait plutôt
obéir à Dieu qu'aux hommes.
Ce courage et ce zèle des
saints apôtres nous apprennent qu'il faut
toujours suivre les mouvemens de sa conscience,
sans s'effrayer des menaces des hommes, et que les
ordres ou les défenses des magistrats ne
doivent jamais nous arrêter, quand il s'agit
d'obéir à Dieu et de faire ce qu'il
nous commande.
il faut remarquer ensuite que le
Conseil, étant irrité contre les
apôtres, voulut les faire mourir; mais que
Dieu se servit des sages avis de Gamaliel, pour les
garantir du danger qui les menaçait.
La manière dont ce
sénateur parla dans le Conseil doit nous
faire reconnaître que les avis
modérés et pieux doivent être
suivis; qu'il ne faut jamais rien faire par passion
et par un zèle inconsidéré,
surtout en matière de religion; que les
entreprises dont Dieu n'est pas l'auteur se
dissipent tôt ou tard d'elles-mêmes;
mais que celles qui viennent de lui s'accomplissent
infailliblement, malgré l'opposition des
hommes, et que ceux qui s'y opposent font la guerre
à Dieu.
Enfin l'on voit ici que les
apôtres, ayant été
condamnés à être
fouettés, se réjouirent d'avoir eu
l'honneur de souffrir cet opprobre pour
Jésus-Christ, et qu'ils continuèrent
à prêcher l'Évangile. C'est
ainsi qu'il faut souffrir constamment, et
même avec joie, les maux auxquels on pourrait
être exposé en faisant son devoir, et
s'en acquitter toujours avec
persévérance.
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