Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE  (Jean 17.17)
Cela me suffit...
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(Notre confession de foi: ici)
Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE
(Jean 17.17)
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ARGUMENS ET RÉFLEXIONS SUR LES LIVRES ET LES CHAPITRES DU NOUVEAU TESTAMENT

ÉVANGILE
SELON SAINT JEAN.

CHAPITRE VI. 1-21. -

Jésus-Christ donne à manger à cinq mille personnes avec cinq pains et deux poissons;

il va vers ses disciples en marchant sur l'eau,
et il fait cesser une tempête.

I.1-15; II. 16-21.

RÉFLEXIONS.

JÉSUS-CHRIST, en donnant à manger à cinq mille personnes avec cinq pains et deux poissons, fit un miracle auquel les apôtres ne s'attendaient pas, quoiqu'ils lui en eussent vu faire plusieurs autres; et il le fit autant pour augmenter leur foi et pour les convaincre plus pleinement de sa toute-puissance, que pour subvenir aux besoins du peuple qui l'avait suivi.
Ainsi ce miracle est l'un des plus illustres que Notre Seigneur ait faits, surtout par le grand nombre de ceux qui en furent les témoins. Saint Jean remarque que ces gens-là furent tellement frappés de cette merveille, que non-seulement ils disaient que Jésus était le prophète et le Messie que les Juifs attendaient, mais qu'ils voulurent le déclarer roi; ce qui fit que Notre Seigneur se retira dans un lieu écarté, ne voulant pas qu'il arrivât aucun trouble à son occasion.
Cette démarche des Juifs était un effet de l'opinion qu'ils avaient que le Messie serait un roi temporel; mais la retraite de Jésus-Christ marquait que son règne n'était point de la terre. Cela doit nous apprendre à ne point chercher notre gloire en ce monde, et surtout à fuir l'éclat et à nous contenir toujours dans une grande humilité.

Jésus-Christ fit en ce temps-là un autre miracle en faveur des apôtres, et qui dût faire une grande impression sur eux, lorsqu'il vint vers eux en marchant sur la mer. Il fit aussi voir dans cette occasion le soin qu'il avait de ses chers disciples et l'amour qu'il leur portait, les laissant exposés à l'orage afin de les éprouver, et les délivrant ensuite d'une manière plus magnifique et plus consolante que s'il eût été d'abord avec eux. Telle est l'issue que les épreuves et les afflictions ont ordinairement pour ceux que Dieu aime; il vient tôt ou tard à leur secours, et les maux qu'il leur envoie ne servent qu'à manifester l'amour qu'il leur porte, et qu'à augmenter leur consolation et leur joie.

CHAPITRE VI. .22-71.-

Notre Seigneur,

ayant nourri miraculeusement le peuple avec cinq pains et deux poissons, et voyant que ce peuple le suivait avec empressement, prend de là occasion de les exhorter à rechercher la nourriture spirituelle, qui fait vivre éternellement, plutôt que la nourriture du corps.
Il leur dit ensuite qu'il était lui-même cette nourriture et le vrai pain du ciel, et que ceux qui mangeraient de ce pain auraient la vie éternelle. Il ajoute, pour expliquer plus particulièrement sa pensée, que cette nourriture était sa chair et son sang qu'il donnerait pour la vie du monde; par où il voulait marquer les fruits de sa mort, mais il s'exprima figurément et avec quelque obscurité, parce qu'il ne voulait pas dire alors clairement qu'on le ferait mourir.
Quelques-uns de ses disciples étant choqués de ce discours, le Seigneur leur dit que ses paroles devaient s'entendre dans un sens spirituel; mais cela n'empêcha pas que plusieurs d'entr'eux ne se retirassent d'avec lui.

I. 22-27; II. 28-40; III. 41-59; IV. 60-71.

RÉFLEXIONS.
LA première et la principale instruction que ce discours de Jésus-Christ nous donne, c'est que nous devons travailler avec beaucoup plus d'empressement à nous procurer la nourriture qui fait vivre éternellement, que celle qui ne sert qu'à entretenir cette vie temporelle et périssable. Il nous apprend ensuite qu'il est lui-même ce pain céleste, que cette nourriture de l'âme ne se trouve qu'en lui et dans sa doctrine, et que la volonté de Dieu, son père, qui l'avait envoyé, était que tous ceux qui croiraient en lui eussent la vie éternelle, et qu'il les ressusciterait au dernier jour.
Ce que Notre Seigneur dit dans cette occasion avait de l'obscurité pour ceux qui l'entendirent. Les Juifs ne pouvaient comprendre comment Jésus était un pain descendu du ciel, et comment il fallait manger sa chair et boire son sang pour avoir la vie éternelle. Mais ces paroles de notre Sauveur sont faciles à entendre pour nous, qui savons que la mort de Jésus-Christ est la vraie nourriture de l'âme, et l'unique principe de la vie spirituelle et de l'immortalité. Il nous dit lui-même que ses paroles sont esprit et vie, c'est-à-dire qu'elles doivent s'entendre d'une manière spirituelle, et que manger sa chair et boire son sang ne veut dire autre chose, sinon venir à lui et croire en lui.
Il faut seulement que cette foi soit sincère et accompagnée d'amour, de confiance et d'obéissance, et qu'elle nous attache et nous unisse si étroitement à Notre Seigneur, que rien ne puisse nous en séparer.

Plusieurs des disciples de Jésus-Christ s'étant retirés d'avec lui, il demanda aux apôtres s'ils voulaient aussi le quitter; à quoi saint Pierre répondit: À qui irions-nous, Seigneur? Jésus-Christ ne contraint personne de s'attacher à son service; il demande une obéissance libre et volontaire; mais nous ne devons jamais l'abandonner, puisqu'il a, à lui seul, les paroles de la vie éternelle, et qu'étant le Fils du Dieu vivant, il est l'unique auteur du salut.

Les dernières paroles de ce chapitre, où il est dit que Jésus-Christ savait dès le commencement que Judas, qui était du nombre des douze apôtres, le trahirait, nous apprennent que Notre Seigneur connaît tous ceux qui se disent ses disciples, et qu'il discerne ceux qui ne croient pas sincèrement en lui d'avec ceux qui lui sont fidèles. Une profession extérieure du christianisme ne suffit pas, et il n'y a qu'une vraie foi et une obéissance constante qui puissent assurer notre conscience devant Dieu, et nous rendre approuvés de celui qui connaît les coeurs de tous les hommes et qui leur rendra à tous selon leurs oeuvres.

CHAPITRE VII 1-30.-

Saint Jean rapporte ici

un voyage que Jésus-Christ fit à Jérusalem pour la fête des tabernacles, les divers jugemens qu'on faisait de lui,
et ce qu'il dit aux Juifs qui avaient trouvé mauvais qu'il eût guéri un paralytique, quelques mois auparavant, à la fête de Pâques, un jour de sabbat.

I. 1-10; Il. 11-15; III. 16-30.

RÉFLEXIONS.
CE qu'il y a à remarquer
dans ce chapitre, c'est que Notre Seigneur ne voulut pas aller à Jérusalem publiquement et dans la compagnie de ses parens. Il en usa ainsi par prudence, afin d'éviter l'éclat et de ne pas s'exposer à la fureur des Juifs qui cherchaient à le faire mourir.

Ce qu'il dit à quelques-uns de ses parens, que le monde, c'est-à-dire les Juifs incrédules, ne pouvaient les haïr, mais que le monde le haïssait lui, parce qu'il condamnait ses oeuvres, qui étaient mauvaises, renferme une Vérité constante, c'est que les gens du monde aiment leurs semblables, mais qu'ils haïssent ceux dont la vie et les discours condamnent leurs mauvaises actions.

2
. On voit ici les divers jugemens que le peuple faisait de Jésus-Christ; mais on y remarque surtout l'aveuglement et la malice des Juifs qui, sans faire attention aux preuves que Notre Seigneur donnait de sa mission divine par les miracles qu'il faisait, et sans être touchés de ce qu'il leur disait avec tant de force et tant de douceur, pour justifier ce qu'il avait fait et pour les convaincre que sa doctrine était céleste, l'accusaient d'avoir violé la loi de Dieu et d'être possédé du démon, et voulaient même le faire mourir.
Cette résistance et cet endurcissement des Juifs montre que les préjugés et les passions peuvent aveugler les hommes à un tel point, que rien n'est capable de les désabuser et qu'ils se scandalisent de ce qui devrait le plus les édifier. On doit bien considérer sur ce sujet ce que Jésus-Christ dit dans cette occasion: Si quelqu'un veut faire la volonté de mon Père, il connaîtra si ma doctrine est de Dieu, ou si je parle de mon chef.

Ces paroles contiennent une leçon qui est de la dernière importance, savoir, que la principale disposition où il faut être pour connaître la doctrine de Jésus-Christ et pour en sentir la vérité et la beauté, c'est d'avoir le coeur bon et une intention sincère de faire la volonté de Dieu, autant qu'elle nous peut être connue. Mais ceux à qui cette disposition manque ne sauraient jamais parvenir à la connaissance de la vérité. Enfin il est à remarquer que, quoique les Juifs eussent formé le dessein de faire mourir Notre Seigneur, ils ne purent lui faire aucun mal et que nul n'osa mettre la main sur lui.
Les méchans ne peuvent nuire aux gens de bien qu'autant que Dieu le leur permet, et quoi que les hommes puissent entreprendre, ce que Dieu a résolu s'accomplit toujours.

CHAPITRE VII 31-53.-

Les pharisiens,

indignés de ce que le peuple était touché des discours et des miracles de Notre Seigneur, envoient des gens pour le saisir, mais il continua à parler avec tant d'autorité et d'évidence, et il adressa au peuple des exhortations si touchantes, que plusieurs reconnurent qu'il était prophète; il y en eut même qui crurent qu'il était le Messie; et ceux qui avaient ordre de le saisir s'en retournèrent sans oser mettre les mains sur lui, de quoi les pharisiens furent extrêmement irrités.

RÉFLEXIONS.
CE que saint Jean rapporte ici fait voir,

1. que les discours et les miracles de Jésus-Christ produisaient un effet bien différent, puisque le peuple en était touché et rempli d'admiration, et que les pharisiens au contraire en conçurent tant de dépit, qu'ils voulurent faire saisir Notre Seigneur.
Voilà comment la parole de Dieu est diversement reçue. Les uns en profitent et ouvrent les yeux et leurs coeurs à la vérité, et les autres la rejettent et passent même jusqu'à haïr ceux qui la proposent et à s'irriter contr'eux.

2
. On doit remarquer dans les discours de Jésus-Christ l'évidence, la douceur et l'autorité avec laquelle il parlait aux Juifs, et surtout ces invitations pleines de bonté qu'il leur adressait en disant: Si quelqu'un a soif, qu'il vienne à moi et qu'il boive; par où il leur offrait sa grâce et les dons du Saint-Esprit, qu'il était prêt de répandre sur ceux qui croiraient en lui.
Il nous fait encore les mêmes offres dans l'Évangile. C'est à nous à le recevoir comme nous le devons et à en profiter avec empressement et reconnaissance.

3
. Il faut faire réflexion sur ce que saint Jean dit, que ceux qui avaient ordre de saisir Jésus-Christ n'osèrent pas exécuter leur commission, et qu'ils répondirent aux pharisiens: Jamais homme n'a parlé comme cet homme.
En cela on voit, d'un côté, la vertu et l'efficace de la parole de Dieu, et de l'autre, que Dieu, quand il lui plaît, rend vains et inutiles les desseins des méchans; enfin c'est une chose remarquable que les pharisiens, au lieu de reconnaître qu'en s'opposant à Jésus-Christ ils s'opposaient à Dieu même, et d'être frappés de voir tant de gens qui rendaient témoignage à Notre Seigneur, s'irritèrent de plus en plus contre lui, et même contre le peuple qui parlait avantageusement de lui et de sa doctrine.
Cet exemple nous montre que les personnes les plus éclairées et les plus distinguées selon le monde, sont souvent moins disposées que les gens simples et du commun à recevoir l'Évangile, parce qu'elles sont possédées par leurs passions, et surtout parce qu'elles sont remplies d'orgueil et de bonne opinion d'elles-mêmes, et qu'elles ne cherchent pas sincèrement et en simplicité de coeur à s'instruire et à connaître la vérité.

CHAPITRE VIII. 1-29.-

Saint Jean rapporte ici,

1. l'histoire de la femme adultère;
2. Un entretien que Jésus-Christ eut avec les Juifs, dans lequel il leur dit qu'il était la lumière du monde et qu'ils devaient ajouter foi à tout ce qu'il leur disait de soi-même.
3. Il leur reproche leur aveuglement et leur incrédulité, et il leur parle de son départ de ce monde et de sa mort; mais il le fait en des termes figurés, et qu'ils ne purent bien entendre.

I. 1-11; Il. 12-20; III. 21-29.

RÉFLEXIONS.
POUR entendre l'histoire de la femme adultère et pour en profiter, il faut remarquer,

1. que les pharisiens en amenant cette femme à Jésus-Christ, lui tendaient un piège, et que leur dessein était, s'il eût dit qu'il ne fallait pas la faire mourir, de l'accuser de violer la loi de Dieu, et s'il l'eût condamnée, de le déférer au gouverneur comme un homme qui violait les droits du souverain magistrat ;
2. que bien que le crime de cette femme fut très-grand. et digne de mort, le Seigneur ne voulut rien prononcer sur ce que les scribes et les pharisiens lui avaient proposé; ce qu'il fit par des raisons de prudence, et pour faire voir qu'il ne cherchait que le salut des pécheurs,
3. il est surtout à remarquer que Notre Seigneur dit à cette femme : Va-t-en et ne pèche plus.
Cela montre que, quoiqu'il donnât en cette occasion des marques de sa miséricorde envers les pécheurs, il était bien éloigné d'autoriser ou d'excuser en aucune façon le crime. Dieu ne pardonne aux pécheurs que lorsqu'ils se repentent sincèrement et à condition qu'ils ne retomberont plus dans leurs péchés.

Dans l'entretien de Jésus-Christ, avec les Juifs, nous avons à considérer premièrement qu'il parla de soi-même en ces termes: Je suis la Minière du monde; celui qui me suit ne marchera point dans les ténèbres, mais il aura la lumière de la vie.
Ce sont là des paroles qui doivent être sans cesse méditées par les chrétiens, et qui les engagent bien fortement à profiter de cette lumière céleste qui les éclaire, à suivre toujours Jésus-Christ, et à marcher dans la voie qu'il leur a tracée, tant par sa doctrine que par son exemple, et qui les conduira sûrement à la vie et à l'immortalité. Après cela, connue les pharisiens reprochaient à Notre Seigneur de parler de soi-même d'une manière trop avantageuse, il leur dit diverses choses, pour les faire revenir de la prévention où ils étaient contre lui et pour les engager à croire qu'il leur parlait de la part de Dieu.

Ce que le Sauveur du monde disait dans cette occasion doit avoir encore plus de force pour nous convaincre qu'il est le Fils de Dieu et que sa doctrine vient du ciel, Dieu en ayant rendu un témoignage authentique, non-seulement par les miracles que Jésus-Christ a faits, mais aussi par ce qui a suivi sa mort, sa résurrection et son élévation dans la gloire céleste. L'on voit enfin ici que, quoique Notre Seigneur parlât aux pharisiens avec tant de force et tant de bonté, ils ne profitèrent point de ses instructions et qu'ils demeurèrent dans l'incrédulité, à cause de quoi il leur déclara qu'ils mourraient dans leurs péchés.

C'est ainsi que les hommes qui sont attachés au monde et à leurs passions résistent à l'évidence et à la force de la vérité lorsqu'elle leur est proposée, et que, refusant de croire en Jésus-Christ et de lui obéir, ils demeurent dans leurs péchés, et par ce moyen dans la condamnation et dans la mort.

CHAPITRE VIII. 30-59.-

Jésus-Christ

exhorte ceux d'entre les Juifs qui avaient cru en lui à persévérer dans sa doctrine, et il leur promet la véritable liberté.
Il dit aux Juifs incrédules, qui se glorifiaient d'être libres, étant la postérité d'Abraham qu'ils n'étaient pas les enfans de ce patriarche, puisqu'ils ne l'imitaient pas dans sa foi, et, il leur reproche leur incrédulité; ce qui les irrita tellement, qu'ils s'emportèrent jusqu'à lui dire des injures atroces et à vouloir le lapider; mais il évita leur fureur et se retira d'avec eux.

I. 30-36; II 37-59.

RÉFLEXIONS.
LE Sauveur du monde nous enseigne dans ce discours,

1
. que quand on a eu le bonheur de le connaître et de croire en lui, on doit persévérer constamment dans la vérité et s'y attacher de plus en plus; que ceux qui le font sont véritablement ses disciples, et qu'ils Jouissent de la vraie liberté des enfans de Dieu, laquelle consiste, comme Notre Seigneur l'a dit, à être affranchis de l'esclavage du péché.

2
. Jésus-Christ disait aux Juifs, dans les mêmes vues, qu'ils n'étaient pas les enfans de Dieu ni la postérité d'Abraham, puisqu'ils n'imitaient pas la foi de ce patriarche, mais qu'ils étaient plutôt les enfans du diable, puisqu'ils faisaient ses oeuvres.
Ces paroles sont d'un grand poids. Elles nous apprennent que la plus sûre marque à laquelle on reconnaisse les enfans de Dieu, c'est qu'ils font sa volonté et qu'ils aiment ce que Dieu aime; mais que ceux qui s'opposent à la vérité et à ceux qui l'annoncent, sont les enfans et les imitateurs du diable, qui est menteur, meurtrier et ennemi de la vérité.

3
. Nous voyons dans ce discours de Notre Seigneur combien ceux qui reçoivent sa doctrine et qui s'y soumettent sont heureux, puisqu'il déclare qu'ils ne demeureront point sous la puissance de la mort.

4
. Il faut remarquer que, dans le temps que le Fils de Dieu parlait ainsi, les Juifs, au lieu d'être touchés de ce qu'il leur représentait avec tant de force et de charité, en furent irrités, et qu'ils en vinrent jusqu'à cet excès de fureur que de le traiter de samaritain et d'homme possédé du démon. C'est là l'exemple de l'aveuglement le plus déplorable et de la malice la plus noire; par où l'on peut voir combien il est dangereux de se livrer à ses passions et de s'engager dans l'incrédulité.

Enfin
nous avons dans ce chapitre une preuve remarquable de la gloire et de la divinité de Jésus-Christ, en ce qu'il déclara qu'il était déjà avant Abraham. La dignité infinie de sa personne doit nous persuader d'autant plus de la divinité de l'Évangile et de l'obligation où nous sommes de lui obéir, comme à celui qui est tout ensemble et notre Sauveur et notre Dieu.

CHAPITRE IX.-

Ce chapitre contient l'histoire de la guérison de l'aveugle-né.

RÉFLEXIONS.
L'HISTOIRE qui est contenue dans ce chapitre est des plus remarquables. Outre les preuves de la puissance et de la bonté de Jésus-Christ, qui paraissent dans la guérison de l'aveugle-né, de même que dans tous les miracles de Notre Seigneur, on voit ici trois choses qui méritent une considération particulière;

1
. et les démarches des pharisiens, les divers efforts qu'ils firent pour nier ce miracle, et ce qu'ils dirent dans cette vue au père et à la mère de l'aveugle, et ensuite à l'aveugle lui-même, pour savoir s'il était bien vrai qu'il eut été aveugle et comment il avait été guéri. Les pharisiens, en prenant toutes ces informations, ne cherchaient pas la vérité; ils cherchaient plutôt à la supprimer et à la combattre, et lorsqu'elle se présenta à eux, ils la rejetèrent, ils calomnièrent Jésus-Christ; et enfin, ne pouvant plus rien opposer à la certitude de ce miracle, et ne sachant que répondre aux discours de l'aveugle, ils s'emportèrent en injures contre lui et ils l'excommunièrent.
Ce sont là les caractères de la passion la plus violente et de la malice la plus obstinée; et c'est de la sorte que les méchans ferment les yeux à la vérité, et que ce qui devrait les toucher et les convertir ne fait que les endurcir davantage. Cependant c'est une chose remarquable que les pharisiens, en faisant tous leurs efforts pour rendre ce miracle suspect, ne firent que le rendre plus connu et lus indubitable.

2
. Il faut remarquer, dans le discours de l'aveugle-né, l'ingénuité avec laquelle il parla aux pharisiens et les confondit, en soutenant qu'il avait bien été guéri, que, puisque Jésus-Christ lui avait rendu la vue, il ne pouvait être un méchant et un séducteur, comme ils l'en accusaient.
En lisant ce récit, on y voit que la vérité a beaucoup de force, que les personnes les plus simples jugent souvent mieux des choses que ceux que l'on croit avoir bien des lumières, et que Dieu se sert de ces personnes-là pour confondre les sages de ce monde.

Enfin
saint Jean rapporte que Jésus-Christ ayant su que cet homme avait été excommunié par les pharisiens pour avoir dit la vérité en leur présence, il se fit connaître à lui en lui disant qu'il était le Fils de Dieu, et qu'il lui déclara que ceux qui passaient pour être les plus éclairés, tels qu'étaient les pharisiens, demeureraient dans leur aveuglement, pendant que ceux qu'on regardait comme des ignorans, mais qui avaient de l'humilité et un bon coeur, profiteraient de sa doctrine. Notre Seigneur reçoit toujours avec bonté ceux qui aiment la vérité et que le monde persécute; il leur accorde de nouvelles lumières et de nouveaux dons, pendant que ceux qui présument d'eux-mêmes et qui rejettent avec obstination la vérité, lorsqu'elle se présente à eux, demeurent dans leur incrédulité et périssent dans leurs ténèbres.

CHAPITRE X.-

Ce qui est ici rapporté est arrivé en deux temps différens.

La première partie de ce chapitre contient un discours que Notre Seigneur fit aux Juifs, après qu'il eût guéri l'aveugle-né, dans lequel il se compare à un bon berger. Il y parle aussi des faux bergers et des mercenaires, par où il désigne les séducteurs et en particulier les pharisiens; il dit que ces gens-là n'avaient en vue que leur intérêt et leur orgueil, au lieu qu'il n'était venu au monde que pour le bien et le salut de ses brebis, et qu'il donnerait même sa vie pour elles.
Quelques mois après, Jésus étant à Jérusalem à la fête de la dédicace du temple, les Juifs lui demandèrent s'il était le Messie, à quoi il répondit que ses miracles montraient assez ce qu'il était, que s'ils ne le connaissaient pas, cela ne venait que de leur endurcissement, mais que ses brebis
le connaissaient, qu'il leur donnerait la vie éternelle, et que
Dieu ne permettrait jamais qu'elles périssent, puisque lui et
Dieu son père étaient un.
Les Juifs voulurent le lapider, prétendant qu'il avait prononcé un blasphème; mais Notre Seigneur, ne voulant pas parler ouvertement de sa divinité, se contenta de leur dire que si l'Écriture appelait Dieu et Fils de Dieu, les princes et les magistrats, il pouvait bien prendre le titre de Fils de Dieu sans blasphème, puisque Dieu l'avait envoyé au monde avec le pouvoir des miracles. Après cela, Notre Seigneur se retira de Jérusalem.

RÉFLEXIONS.
CE que Jésus-Christ disait, en parlant de soi-même sous l'image d'un berger, est beaucoup plus clair pour nous qu'il ne l'était pour les Juifs. Nous savons parfaitement que Notre Seigneur est le vrai berger qui a donné sa vie pour ses brebis, c'est-à-dire pour tous les Fidèles, et qui est venu pour rassembler dans son Eglise tous ceux d'entre les Juifs et d'entre les payens qui croiraient en lui.
Cela nous engage à reconnaître, d'un côté l'amour infini de Jésus, notre bon berger, qui nous a si tendrement aimés, et qui a souffert la mort pour nous acquérir le salut et la vie; et de l'autre, combien notre bonheur est grand d'être du nombre de ces brebis qu'il a rachetées par son sang, et à qui il destine la vie éternelle.

Il y a quatre considérations à faire sur la seconde partie de ce chapitre.
La première
regarde l'étrange aveuglement et la malice des Juifs qui, après tant de miracles que Jésus-Christ avait faits, lui demandaient encore s'il était le Messie, et voulurent le lapider comme un blasphémateur.
Notre Seigneur remarque lui-même que cette incrédulité des Juifs procédait de ce qu'ils n'avaient pas une intention sincère de le connaître. Si donc il arrive que les hommes ne profitent pas de la doctrine de Jésus-Christ, et qu'au milieu de la lumière qui les éclaire ils soient encore dans l'ignorance et dans l'égarement, cela vient du défaut de docilité et d'amour pour la vérité et pour la vertu.

La deuxième
considération est que la marque et le caractère des brebis de Jésus-Christ, c'est-à-dire de ses vrais disciples, est d'écouter la voix de leur divin Berger, de le suivre et de lui obéir.

3
. Nous voyous dans ce discours de Notre Seigneur que le bonheur et le salut des vrais fidèles est assuré, puisqu'il déclare qu'il les connaît qu'il leur donne la vie éternelle, qu'ils ne périront jamais, et que personne ne les ravira d'entre ses mains.
Ces paroles doivent remplir tous ceux qui aiment le Seigneur Jésus-Christ d'une grande consolation, et d'une ferme attente de la gloire et de la félicité qu'il leur réserve dans son royaume.

4
. Ce que Jésus-Christ dit, sur la fin de ce chapitre, qu'il pouvait prendre avec justice le titre de Fils de Dieu, doit nous convaincre pleinement de sa divinité et de l'excellence de sa charge, surtout puisque nous savons d'ailleurs qu'il est Dieu et homme tout ensemble; en quoi nous avons les plus grands motifs à croire en lui, et à lui rendre l'obéissance que nous lui devons si justement, à cause de l'autorité qu'il a sur nous et de l'amour qu'il nous porte.


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