ARGUMENS ET
RÉFLEXIONS SUR LES LIVRES ET LES CHAPITRES
DU NOUVEAU TESTAMENT
ÉVANGILE
SELON SAINT LUC.
CHAPITRE
XVIII.-
Notre Seigneur
propose la parabole du juge inique,
celle du pharisien et du
péager,
et il impose les mains à de
petits enfans qu'on lui présenta.
I. 1-18; Il. 9-14; III. 15-17.
RÉFLEXIONS.
SAINT Luc nous dit, dès
l'entrée de ce chapitre, que le but de la
parabole du juge inique est de nous apprendre qu'il
faut toujours prier et ne se relâcher jamais.
C'est ce que Jésus-Christ nous enseigne, en
disant que si les hommes, même les
méchans, tel que serait un juge injuste, se
laissent enfin gagner par des prières et des
sollicitations réitérées,
Dieu, qui est la justice et la bonté
même, exaucera beaucoup plus les
prières qu'on lui adresse avec ferveur et
avec persévérance.
Jésus-Christ a voulu nous
apprendre plus particulièrement par
là, que Dieu entend les cris et les
prières de ses élus, et qu'il
exercera une sévère vengeance sur
ceux qui les oppriment injustement.
Par la parabole du pharisien et du
péager, Jésus-Christ voulait faire
entendre que ceux qui avaient une opinion
avantageuse d'eux-mêmes, comme les
pharisiens, et qui méprisaient les autres,
étaient très-odieux au Seigneur,
à cause de leur hypocrisie et de leur
orgueil, et que ceux que l'on regardait comme les
plus grands pécheurs devenaient l'objet de
sa grâce, lorsqu'ils étaient
pénétrés d'une profonde
humilité et d'une sincère repentance,
comme le péager tenait loin et n'osait pas
même lever les yeux au
ciel, mais qui se frappait la poitrine et disait: 0
Dieu! sois apaisé envers moi qui suis
pécheur. Outre cela, l'exemple de ce
pharisien, qui se glorifiait de n'être ni
ravisseur, ni injuste, ni adultère, de
jeûner deux fois la semaine et de donner la
dîme de tout ce qu'il possédait, mais
qui ne fut pas justifié devant Dieu, montre
que les grands crimes ne sont pas les seuls
obstacles au salut.
On peut être exempt des
péchés crians et avoir même les
apparences de la piété, et être
cependant rejeté de Dieu, si le coeur est
possédé par la bonne opinion de
soi-même, par l'orgueil, par l'avarice, ou
par d'autres passions cachées.
Il y a enfin trois réflexions
à faire, sur ce que Jésus-Christ
imposa les mains aux enfans qu'on lui
présenta, et qu'il pria pour eux. La
première, que l'âge des petits enfans
n'empêche pas que Notre Seigneur ne les aime
et ne les bénisse. La seconde, qu'en les
consacrant à Dieu, par la prière et
par la cérémonie du baptême, on
se conforme à ce que Jésus-Christ fit
dans cette occasion. La troisième, que le
royaume de Dieu n'est destiné qu'à
ceux qui sont des enfans, en innocence, en douceur
et en simplicité et qui reçoivent
l'Évangile dans ces dispositions.
CHAPITRE XVIII.
18-43.-
Notre Seigneur
répond à un homme
riche qui lui demandait ce qu'il fallait faire pour
être sauvé, et il prend occasion de
là de dire que les richesses
empêcheraient le salut de plusieurs personnes
et de faire de glorieuses promesses à ceux
qui abandonneraient leurs biens pour l'amour de
lui.
2. Il prédit ses souffrances.
3. Il rend la vue à un
aveugle près de Jérico.
I. 18-30; II. 31-34; III. 35-43.
RÉFLEXIONS.
CE qu'il faut recueillir de
l'entretien que Notre Seigneur eut avec cet homme
riche qui s'adressa à lui, c'est
1. que l'on ne peut obtenir la vie
éternelle qu'en gardant les commandemens de
Dieu;
2. qu'il y a des temps où
l'on doit quitter tout ce que l'on possède
et s'exposer à la pauvreté et
à la persécution.
3. La surprise et la tristesse dont
ce jeune homme fut saisi après avoir entendu
Jésus-Christ, vérifie ce que le
Seigneur dit dans cette occasion: c'est que les
biens du monde sont souvent un grand obstacle au
salut, parce que ceux qui les
possèdent y ont ordinairement le coeur
attaché.
4. Il paraît de là que
si nous ne sommes pas appelés, comme les
apôtres, à tout quitter pour suivre
Jésus-Christ, nous devons éviter
l'attachement aux biens périssables de cette
vie, et les employer pour assister les
misérables, et que ceux qui le feront,
auront part, en cette vie et en l'autre, aux
récompenses que Jésus-Christ promet
à ceux qui, pour l'amour de lui, auront
renoncé à l'amour des biens de la
terre.
Il est à remarquer ensuite,
qu'à mesure que le temps de la mort de
Jésus-Christ approchait, il en parlait plus
clairement aux apôtres, afin qu'elle les
surprît moins; mais que les apôtres,
nonobstant ce que leur maître leur avait dit
en diverses occasions, ne pouvaient comprendre
qu'il dût mourir; ce qui venait de leurs
préjugés et de l'opinion où
ils étaient que, Jésus étant
le Messie, il régnerait dans le monde avec
gloire.
Il faut enfin observer, sur la
guérison de l'aveugle dont il est ici
parlé, que Jésus-Christ, en
guérissant cet homme qui lui donnait la
qualité de Fils de David, qui signifiait la
même chose que celle de Messie parmi les
Juifs, faisait voir qu'il était
véritablement le Messie. Au reste, notre
Seigneur faisait de nouveaux miracles sur la fin de
sa vie, et en approchant de Jérusalem, afin
de donner à ses disciples et au peuple de
nouvelles preuves de sa mission divine, et de
diminuer le scandale que sa croix et sa mort
devaient bientôt leur causer.
CHAPITRE XIX.
1-28.-
Saint Luc rapporte ici :
1. l'histoire de la conversion de
Zachée;
2. la parabole des marcs.
I. 1-10; II. 11-28.
RÉFLEXIONS.
IL y a trois réflexions
principales à faire sur l'histoire de
Zachée.
La première, que Notre Seigneur
était venu pour appeler les pécheurs
à la repentance, et que les personnes que
les Juifs regardaient comme très-corrompues,
et avec lesquelles ils ne voulaient avoir aucun
commerce, tels qu'étaient les
péagers, seraient reçues dans
l'alliance divine.
La seconde, que Jésus-Christ
se communique à ceux qui le cherchent, et
que, lorsqu'il se présente à nous et
qu'il nous appelle, il faut
obéir avec promptitude et avec joie à
notre vocation, comme Zachée le fit.
La troisième, que ceux qui
ont du bien mal acquis doivent le restituer et s'en
défaire, et que les riches sont
particulièrement obligés d'exercer
abondamment la charité envers les pauvres.
Pour ce qui est de la parabole de
cet homme qui, allant partir pour un pays
éloigné, donna des mares,
c'est-à-dire diverses sommes d'argent
à ses serviteurs, Notre Seigneur la proposa,
comme saint Luc le dit,
1. pour désabuser ceux qui
croyaient qu'il serait reconnu comme roi, et que
son règne allait être manifesté
dans le monde avec éclat;
2. pour leur faire comprendre qu'il
serait au contraire rejeté, mais que ceux
qui l'auraient servi fidèlement seraient
élevés à une grande gloire,
pendant que ceux qui ne se soumettraient pas
à lui sentiraient les effets de sa puissance
et souffriraient la peine de leur rébellion,
ce qui marquait la ruine prochaine des Juifs.
L'usage que nous devons faire de cette parabole
est d'y remarquer,
1. que Dieu nous accorde ses
lumières et sa grâce, afin que nous
les fassions valoir, chacun selon notre état
et notre portée, pour sa gloire et pour le
salut des autres hommes;
2. que les uns font un bon usage de
cette grâce, et que les autres la rendent
inutile par leur négligence;
3. que lorsque Notre Seigneur
viendra pour juger les hommes, il donnera de
glorieuses récompenses à ceux qui
auront employé ses dons d'une manière
conforme à ses intentions, mais qu'il punira
avec sévérité et avec justice
l'infidélité et l'ingratitude de ceux
qui en auront abusé.
CHAPITRE XIX.
29-48.-
Jésus
fait son entrée royale
à Jérusalem,
il répand des larmes sur la
ruine de cette ville,
et il chasse du temple ceux qui le
profanaient.
I. 29-40; II. 41-44; III. 45-48.
RÉFLEXIONS.
JÉSUS-CHRIST voulut faire son
entrée à Jérusalem le dimanche
avant sa mort, pour montrer qu'il était ce
Roi dont les prophètes avaient parlé;
mais il la fit d'une manière fort simple,
monté sur un ânon, afin qu'il
parût que son règne n'était pas
de ce monde. Ce qui arriva alors dût faire
d'autant plus d'impression sur
les apôtres, que Jésus-Christ leur
ayant dit où ils trouveraient cet
ânon, ils virent en cela une preuve de la
connaissance qu'il avait de toutes choses.
Nous devons faire une grande
attention à cet événement,
où l'on voit si sensiblement la gloire de
Jésus-Christ et en même temps sa
parfaite douceur. Et comme ceux qui accompagnaient
alors Notre Seigneur louaient Dieu hautement pour
tous les miracles qu'ils avaient vu faire à
Jésus, nous devons aussi nous réjouir
et bénir Dieu, en considérant tout ce
que notre Sauveur a fait pour racheter les hommes
et pour établir son règne dans le
monde.
Il faut remarquer ensuite que,
lorsque Notre Seigneur s'en allait ainsi à
Jérusalem, il déplora avec larmes la
désolation de cette ville et les malheurs
qui allaient tomber sur les Juifs, parce qu'ils
avaient méconnu et négligé le
temps auquel Dieu les avait visités en sa
grâce. C'est là une preuve bien claire
de la bonté de Dieu, dont le Seigneur
était animé même envers ceux
qui l'avaient rejeté et qui devaient le
crucifier cette semaine-là.
Cela nous montre aussi que les
hommes ne périssent que parce qu'ils ne
profitent pas du temps auquel Dieu les visite et
leur offre sa grâce; ainsi nous devons
reconnaître les choses qui concernent notre
paix, avant qu'elles nous soient ôtées
de devant les yeux.
Enfin Jésus-Christ, en
chassant du temple ceux qui y vendaient et qui y
trafiquaient, fit paraître son
autorité, divine aussi bien que son grand
zèle.
Il y a deux réflexions
à faire sur cette action de Notre Seigneur.
L'une, que c'est offenser Dieu
grièvement et s'exposer à sa
colère, que d'assister avec
irrévérence dans les lieux où
il est adoré et invoqué, et de ne lui
rendre qu'un culte faux et hypocrite; ce qui lui
est infiniment plus odieux que l'abus qui
s'était introduit parmi les Juifs de vendre
et d'acheter, dans l'enceinte du temple, les choses
qui étaient nécessaires pour les
sacrifices.
L'autre réflexion est,
qu'à l'imitation de Jésus-Christ, il
faut s'opposer à l'irréligion,
à l'impiété, et soutenir
toujours avec zèle les intérêts
de la gloire de Dieu.
CHAPITRE XX.
1-18.-
Jésus-Christ
répond aux principaux des
Juifs qui lui demandaient d'où il tenait son
autorité,
et il leur propose la parabole des
vignerons.
I. 1-8; Il. 9-18.
RÉFLEXIONS.
IL faut remarquer que, lorsque les
pharisiens demandèrent à Jésus
d'où il avait reçu son
autorité, le Seigneur, voyant que ce
n'était pas dans une intention
sincère de s'instruire qu'ils lui
demandaient cela, mais uniquement pour le
surprendre, ne trouva pas à propos de
répondre à cette question.
Cependant, pour leur faire voir que
leur ignorance était affectée et
malicieuse, et qu'il leur était facile de
reconnaître que son autorité venait de
Dieu, il leur demanda si le baptême de
Jean-Baptiste était du ciel ou des hommes,
à quoi ils ne répondirent rien,
n'osant pas dire leur pensée. Ce silence des
pharisiens manifestait leur hypocrisie et leur
malice, et prouvait qu'ils n'auraient point
été persuadés, quoi que
Jésus-Christ eût pu leur dire.
Dieu ne refuse jamais de se faire
connaître à ceux qui ont un coeur
sincère et qui aiment la
vérité; mais pour ce qui est de ceux
qui ne cherchent que des prétextes pour la
rejeter, il les abandonne à leurs
ténèbres et à leur malice,
surtout quand il leur a donné des moyens
suffisans pour connaître la
vérité, et qu'ils ne s'y rendent pas.
Par la similitude des vignerons,
Notre Seigneur voulait marquer en termes
figurés,
1. que les principaux des Juifs le
feraient crucifier, comme leurs pères
avaient autrefois fait mourir les prophètes;
2. que nonobstant cela il
deviendrait le chef et le roi de l'Eglise, et qu'il
serait revêtu d'un pouvoir souverain;
3. que les Juifs seraient dans peu
accablés des jugemens de Dieu et
privés de son alliance;
4. que l'Évangile serait
annoncé aux païens avec un
succès admirable, et qu'ils jouiraient de
tous les privilèges de l'alliance divine.
Cette parabole, qui était
prophétique, fut parfaitement
éclaircie par la gloire à laquelle
Jésus-Christ fut élevé
après sa résurrection et son
ascension, par la destruction de Jérusalem,
par la dispersion des Juifs et par la vocation des
gentils.
Cependant ce qui arriva aux Juifs
doit nous servir d'exemple, et nous convaincre
pleinement que les chrétiens qui
méprisent la grâce de Dieu et qui
désobéissent à
l'Évangile ne sauraient demeurer impunis,
puisqu'ils ne rejettent pas moins
Jésus-Christ que les Juifs le
rejetèrent autrefois.
CHAPITRE XX.
19-47.-
La seconde partie de ce chapitre
renferme quatre chefs :
1. La réponse de
Jésus-Christ à la demande qu'on lui
fit s'il était permis de payer le tribut
à l'empereur.
2. La réponse à une
autre question que les sadducéens lui
proposèrent sur la résurrection.
3. La question qu'il fit aux
pharisiens sur ce que le Messie était
appelé Fils de David.
4. Un avertissement à se
donner garde des pharisiens et des docteurs de la
loi.
I. 19-26; Il. 27-40; III; 41-44. IV;
45-47.
RÉFLEXIONS.
LE but des pharisiens, lorsqu'ils
demandèrent à Notre Seigneur s'il
était permis de payer le tribut à
l'empereur, était de le surprendre. Ils
cherchaient un prétexte de l'accuser, ou
d'être ennemi de l'empereur s'il disait qu'il
ne fallait pas payer le tribut, ou de n'aimer pas
sa nation s'il disait qu'il fallait le payer. Mais
Jésus, par un effet de sa profonde sagesse,
découvrit et évita ce piège en
leur disant de rendre à César ce qui
appartient à César, et à Dieu
ce qui appartient à Dieu.
Apprenons de là que
Jésus-Christ veut qu'on reconnaisse
l'autorité des princes et qu'on leur rende
exactement l'obéissance et la
fidélité qu'on leur doit, et en
même temps que l'on s'acquitte religieusement
des devoirs auxquels on est obligé envers
Dieu.
On remarque la même sagesse de
Jésus-Christ dans la manière dont il
répondit aux sadducéens qui croyaient
l'embarrasser, en lui proposant une question sur la
résurrection. Il leur dit que cette question
était vaine, puisqu'après la
résurrection, les bienheureux seront
immortels et semblables aux anges, et que le
mariage n'aura plus lieu dans la vie à
venir.
Après cela il leur prouve que
les morts doivent ressusciter, en leur disant que
Dieu s'était déclaré le Dieu
d'Abraham, d'Isaac et de Jacob, après leur
mort; d'où il suit que Dieu ne pouvant pas
être le Dieu des morts, ces saints
patriarches, de même que tous ceux qui sont
imitateurs de leur foi, subsistent à leur
mort, et que Dieu les ressuscitera. Ce discours de
Notre Seigneur doit nous persuader pleinement que
les morts ressusciteront, et nous porter au reste
à vivre d'une manière pure et sainte,
afin que nous soyons de ceux qui, comme
Jésus-Christ le dit,
seront jugés dignes
d'avoir part au siècle à venir et
à la résurrection des justes.
3. La demande que
Jésus-Christ fit au docteur de la loi,
comment le Messie pouvait être le fils et le
Seigneur de David, tendait à leur faire voir
que la dignité de la personne du Messie
était beaucoup plus grande qu'ils ne le
croyaient, et que quoiqu'ils pensassent être
les plus éclairés dans l'intelligence
des anciens oracles, leur ignorance était
très-grande sur ce point, de même que
sur plusieurs autres.
Au reste, il ne leur expliqua pas
cette question, parce que cela aurait
été inutile et qu'ils n'avaient point
de docilité. C'est ainsi que le Seigneur
abandonne à leur ignorance ceux qui ne
veulent pas en sortir.
4. Enfin ce que Notre Seigneur dit
contre les docteurs de la loi et les pharisiens,
montre que l'avarice, l'orgueil et l'hypocrisie,
sont des vices que le Seigneur déteste, et
que nous devons nous donner garde de ceux en qui
ils se rencontrent, et éviter
nous-mêmes ces vices avec un grand soin.
CHAPITRE
XXI.-
On voit dans ce chapitre:
1. le jugement que
Jésus-Christ fit de l'offrande d'une pauvre
veuve ;
2. ce qu'il dit à ses
disciples touchant les signes de la ruine de
Jérusalem et la fin du monde.
3. il représente combien
cette ruine serait terrible.
Enfin il exhorte ses disciples
à veiller, à prier, et à vivre
dans la tempérance, afin de n'être pas
surpris par sa venue.
I. 1-4; II. 5-19; Ill. 20-33; IV.
34-38.
RÉFLEXIONS.
CE que Jésus-Christ dit
à l'avantage de cette veuve qui mit deux
petites pièces de monnaie dans un tronc,
où les particuliers jetaient ce qu'ils
voulaient donner pour l'usage du temple, nous
apprend que tout ce que l'on consacre à des
usages de piété ou de charité
est agréable à Dieu, quand on le
donne volontairement, et que les offrandes des
pauvres, lorsqu'ils les font de bon coeur selon
leur pouvoir, sont aussi bien reçues que
celles des riches.
2. Il faut savoir que ce que Notre
Seigneur avait prédit, en parlant des signes
qui précéderaient la destruction de
Jérusalem et du temple, arriva de la
manière et dans le temps qu'il l'avait
marqué. On vit paraître des
séducteurs qui prirent le titre de messie;
la Judée fut désolée par la
guerre, par la famine et par la peste; les
Juifs excitèrent des
persécutions contre les disciples de Notre
Seigneur; les Romains vinrent assiéger
Jérusalem, la prirent, et la
détruisirent avec son temple. Les habitans
de cette ville se virent réduits aux
dernières extrémités; ils
furent passés au fil de
l'épée, et ils souffrirent toutes les
horreurs de la guerre. Les restes de ce peuple
furent dispersés par tout le monde ; ils le
sont encore aujourd'hui, et Jérusalem ne
s'est jamais relevée de cette
désolation. Enfin toutes ces choses
arrivèrent dans le temps que
Jésus-Christ l'avait dit, savoir environ
quarante ans après sa mort. Des
prédictions aussi formelles que
celles-là, et qui ont été si
exactement vérifiées par
l'événement, prouvent d'une
manière invincible que Jésus-Christ
était envoyé de Dieu, et que sa
doctrine est véritable et divine.
Outre cela, cette destruction d'un
peuple que Dieu avait tant aimé, et d'une
ville qu'il avait choisie pour y établir son
service, doit inspirer de la crainte à tout
le monde; et comme l'on ne peut attribuer cette
ruine qu'au péché que les Juifs
commirent en rejetant et en crucifiant Notre
Seigneur, cela montre bien clairement que
Jésus est le Messie.
On peut aussi reconnaître par
là à quoi doivent s'attendre les
chrétiens qui le rejettent, par leur
incrédulité et par leur
désobéissance.
3. Ce qu'on lit dans ce chapitre
doit nous faire penser à la fin du monde et
au jugement dernier, à l'effroi et au
désespoir dont les méchans seront
saisis, et à la joie dont les justes seront
remplis en ce jour-là. Enfin Notre Seigneur
nous enseigne que le moyen de n'être pas
surpris par sa venue, c'est de vivre dans la
tempérance, dans la vigilance, et de prier
continuellement. C'est ce que Jésus-Christ
nous recommande par ces paroles qui sont la
conclusion de ce discours :
Prenez garde à
vous-mêmes, que vos coeurs ne soient
appesantis par la gourmandise, par les excès
de vin et par les inquiétudes de cette vie,
de peur que ce jour-là ne vous surprenne
subitement. Veillez-donc et priez en tout temps,
afin que vous soyiez trouvés dignes
d'éviter toutes ces choses et de subsister
devant le Fils de l'Homme.
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