ARGUMENS ET
RÉFLEXIONS SUR LES LIVRES ET LES CHAPITRES
DU NOUVEAU TESTAMENT
ÉVANGILE
SELON SAINT MATTHIEU.
CHAPITRE
XVI.-
Ce chapitre a quatre parties.
1. Jésus-Christ refuse de
faire un prodige que les pharisiens lui
demandaient, et il leur reproche leur aveuglement.
2. Il avertit ses disciples de se
garder du levain des pharisiens et des
sadducéens.
3. Ayant demandé aux
apôtres quelle opinion ils avaient de lui,
saint Pierre reconnaît qu'il était le
Christ, le Fils du Dieu vivant, et Notre-Seigneur
lui fait des promesses très-avantageuses.
4. Il prédit sa mort, il
exhorte ses disciples à se préparer
eux-mêmes aux souffrances ; et pour les y
engager, il leur montre de quelle importance est le
salut et la perte de l'âme. il prédit
aussi que quelques-uns de ses disciples ne
mourraient point que son règne n'eût
été établi et
qu'il ne fût venu pour
détruire les Juifs; ce qui a
été accompli en ceux des disciples de
Jésus-Christ qui vécurent
jusqu'à ce temps-là, et
particulièrement en saint Jean.
I. 1-4; II. 5-12; III. 13-20; IV. 21-28.
RÉFLEXIONS.
La première réflexion
qu'on doit faire ici, concerne l'aveuglement des
pharisiens qui, bien que Jésus-Christ
eût fait tant de miracles et qu'ils dussent
voir par là que les temps de la venue du
Messie étaient arrivés, voulaient
qu'il leur fit voir quelque signe, ce qu'il refusa
très-justement de faire. Après que
Dieu a donné des preuves suffisantes de la
vérité de l'Évangile, si les
hommes ne s'y rendent pas, ils ne doivent pas
s'attendre que Dieu fasse des miracles continuels,
pour vaincre leur incrédulité.
2. Le sens de l'avertissement que,
Jésus-Christ donna aux apôtres, en
leur disant de se garder du levain des pharisiens
et des sadducéens, était qu'ils
devaient s'éloigner de la doctrine des
pharisiens qui s'attachaient aux dehors de la
religion et aux traditions, et de sadducéens
qui niaient la résurrection et
l'immortalité de l'âme. Cet
avertissement nous montre que l'on doit
éviter avec un grand soin, dans la religion,
la superstition et l'hypocrisie, aussi bien que les
sentimens impies et libertins.
3. Il paraît de ce chapitre,
que l'on avait une haute opinion de
Jésus-Christ parmi les Juifs, et surtout que
les apôtres avaient été
pleinement persuadés qu'il était le
Christ, le Fils du Dieu vivant. C'est aussi
là la grande et la principale
vérité, que les chrétiens
doivent croire et confesser devant tout le monde.
4. La promesse que
Jésus-Christ fit à saint Pierre, en
lui disant: Tu es Pierre, et sur cette pierre je
bâtirai mon Église et je te donnerai
les clefs du royaume des cieux Act. Il et X,
signifie que saint Pierre serait l'un des
principaux ministres dont il se servirait pour
établir son Église, et que ce serait
lui qui jetterait les fondemens de l'Église
chrétienne, en annonçant le premier
l'Évangile tant aux Juifs qu'aux payens.
5. Jésus-Christ prédit
sa mort, et il censura fortement saint Pierre qui,
étant rempli des préjugés des
Juifs, ne pouvait croire que le Messie dût
mourir. Notre-Seigneur parla de la sorte, et il
s'exprima en des termes forts, non qu'il
n'aimât saint Pierre, mais pour lui faire
mieux sentir, et à tous ses disciples, qu'il
était nécessaire qu'il souffrit la
mort, et qu'il y était résolu. Enfin,
les derniers versets de ce
chapitre contiennent des instructions
très-remarquables, et
particulièrement ces trois.
1. que la première chose que
Jésus-Christ exige de ses disciples, c'est
qu'ils renoncent à eux-mêmes et qu'ils
se disposent aux souffrances, et que jamais le
désir de conserver notre vie ne doit nous
empêcher de suivre Jésus-Christ et de
lui obéir;
2. que le salut et la perte de
l'âme sont ce qu'il y a de plus important, et
qu'il ne servirait de rien de gagner le monde
entier si l'on perdait son âme;
3. que le Fils de Dieu viendra du
ciel avec gloire, pour rendre à tous les
hommes selon leurs oeuvres.
CHAPITRE
XVII.-
Ce chapitre contient,
1. l'histoire de la transfiguration
de Jésus-Christ.
2. L'entretien qu'il eut avec les
apôtres sur la venue d'Elie que les Juifs
attendaient.
3. La guérison d'un
démoniaque que les apôtres n'avaient
pu délivrer.
4. Un miracle que Jésus fit
pour payer le tribut que les Juifs donnaient pour
l'entretien du temple et du service divin.
I. 1-9. II. 10-13; III. 14-23; IV. 24-27.
RÉFLEXIONS.
NOTRE-SEIGNEUR voulut être
transfiguré peu avant sa mort, en
présence de trois de ses disciples, afin de
fortifier leur foi et de les affermir contre le
scandale que sa mort aurait pu leur donner.
L'apparition de Moïse et d'Elie, qui furent
vus alors, marquait que Jésus-Christ
était celui dont les prophètes
avaient prédit la venue, et qu'il
était plus grand que les plus excellens
prophètes, Cela prouve aussi que ces saints
hommes n'étaient pas anéantis, et
qu'ainsi il y a pour les gens de bien une autre vie
après celle-ci. La voix que Dieu fit
entendre du ciel dans cette occasion, nous apprend
que Jésus est le Fils de Dieu, que c'est lui
seul que nous devons écouter et à qui
nous devons une parfaite obéissance.
2. Ce que Jésus-Christ dit
à ses disciples, que Jean-Baptiste
était cet Elie dont les prophètes
avaient parlé, doit nous convaincre de la
dignité de la personne de Jean-Baptiste et
de l'autorité de son ministère. Dans
l'histoire du lunatique, que les apôtres
n'avaient pu guérir, on voit que
Notre-Seigneur était revêtu d'un
pouvoir auquel rien ne pouvait
résister, et qu'il
était en même temps plein de
compassion envers les misérables. On y
remarque d'un autre côté que le
défaut de foi dans les apôtres fut
cause qu'ils ne purent faire ce miracle, et qu'au
contraire le père du lunatique obtint par sa
foi la guérison de son fils. La foi est
d'une grande efficace; elle n'est pas moins
nécessaire pour le salut qu'elle
l'était autrefois pour faire ou pour obtenir
des miracles; ainsi nous devons travailler à
nous y affermir.
La tristesse que les apôtres
firent paraître, lorsque Jésus-Christ
prédit sa mort, est une autre preuve de
l'imperfection de leur foi; mais les
chrétiens, qui savent que
Jésus-Christ est mort afin de nous procurer
le salut, doivent regarder cette mort comme le
fondement de leur bonheur et de leur
espérance. Enfin la manière
miraculeuse dont Jésus-Christ paya le tribut
est un effet remarquable de sa puissance. Il fit
voir dans cette rencontre qu'il ne méprisait
pas ce qui regardait la religion ; et c'est
là un exemple qui nous apprend à nous
soumettre à l'ordre public, et à
donner sans répugnance et avec plaisir
quelque portion de nos biens, quand il s'agit du
service de Dieu et des oeuvres de
piété.
CHAPITRE
XVIII.-
Les apôtres
demandent à Notre-Seigneur
lequel d'entr'eux serait le plus grand dans le
royaume des cieux. Ils lui firent cette question,
parce qu'ils croyaient avec les Juifs que le Messie
établirait son règne sur la terre et
qu'il y aurait des dignités dans son
royaume, Notre-Seigneur, pour les désabuser
de cette opinion, met un petit enfant au milieu
d'eux; il les exhorte à devenir semblables
aux petits enfans; il les avertit de ne point
mépriser ceux qui croyaient en lui quoi
qu'ils fussent petits selon le monde. Il leur
représente que c'est un grand
péché que de scandaliser aucun des
fidèles, et qu'il appelle même les
plus grands pécheurs à la repentance
et au salut. Tout ce discours de
Jésus-Christ tendait à retirer les
apôtres de l'opinion où ils
étaient sur le règne du Messie et
à leur inspirer des sentimens de
charité et d'humilité.
Dans la seconde partie de ce
chapitre, Jésus-Christ enseigne à ses
disciples comment ils devaient se conduire envers
leurs frères qui les auraient
offensés, et ce que l'Église doit
faire à l'égard de ceux qui ne
veulent pas profiter de ses avertissemens.
Après cela il montre, par une parabole, que
nous devons nous pardonner les uns aux autres.
I. 1-14; Il. 15-35.
RÉFLEXIONS.
JÉSUS-CHRIST nous enseigne
dans la première partie de ce chapitre,
1. que pour entrer dans le royaume
des cieux, il faut être extrêmement
humbles et avoir aussi peu d'attachement que les
petits enfans pour la gloire et pour les honneurs
du monde;
2. que l'on doit faire un
très-grand cas de ses vrais disciples, quand
même ils seraient peu considérables
dans le monde; que les gens de bien sont chers
à Dieu, qu'il faut les honorer et les
consoler, que Dieu les fait garder par ses anges,
et qu'il punira sévèrement ceux qui
les auront méprises, affligés ou
scandalisés. Ces considérations
doivent aussi encourager les fidèles et les
remplir d'une grande confiance.
3. Jésus-Christ nous enseigne
que les scandales sont un grand mal, qu'il n'est
pas possible qu'il n'en arrive, que cependant Dieu
n'en est point la cause, qu'ils n'arrivent que par
la faute des hommes, et que ceux qui en sont les
auteurs porteront la peine de leur
péché. Il s'ensuit de là, que
nous devons éviter soigneusement le
péché et le scandale, et que nous
pouvons le faire en pratiquant les conseils que
Jésus-Christ nous donne, et en
évitant tout ce qui pourrait être pour
nous ou pour les autres une occasion de
chute.
Enfin ce que Notre-Seigneur dit ici,
qu'il y a même de la joie au ciel pour un
seul pécheur qui s'amende, fait voir qu'il
ne nous est pas permis de mépriser personne,
que nous devons au contraire procurer
l'édification et le salut de tous les
hommes, et en particulier la conversion des
pécheurs, autant que nous le pouvons.
Dans la deuxième partie de ce
chapitre, Jésus-Christ établit
l'autorité et la discipline de
l'Église, et la nécessité des
avertissemens tant particuliers que publics; il
montre que tous les membres de l'Église
doivent se soumettre à l'ordre qui y est
établi, et que ceux qui refusent
d'écouter l'Église doivent être
réputés comme des payens et des
péagers, c'est-à-dire qu'on ne peut
plus les regarder comme membres de l'Église,
et qu'il faut les retrancher de sa communion; et il
déclare au reste que Dieu ratifie et
confirme dans le ciel ce que l'Église fait
conformément à ses intentions.
2. La promesse que Notre-Seigneur fait
d'exaucer ceux qui s'assembleraient en son nom et
d'être présent au milieu d'eux, nous
enseigne que les prières qui se font dans un
esprit d'union et de
charité sont très-agréables
à Dieu, de même que les
assemblées que l'on forme pour le servir et
pour l'invoquer.
Enfin Jésus-Christ nous
instruit sur la nature et sur la
nécessité du pardon des offenses. Il
en explique la nature, en disant que l'on doit
pardonner jusqu'à septante fois sept fois;
ce qui marque que ce pardon doit être
général et sans bornes, et qu'il faut
pardonner à toutes sortes de personnes et
toutes sortes d'offenses, même celles qui
seraient continuées et
réitérées; et cela en tout
temps, sans jamais se rebuter. Il fait voir la
nécessité de ce pardon par la
parabole du serviteur à qui son maître
avait quitté une dette fort
considérable et qui ne voulut pas en quitter
une très-petite à l'un de ses
compagnons en service. Cette parabole nous met
devant les yeux:
1. L'infinie bonté de Dieu
qui veut bien nous pardonner, à nous qui
sommes ses créatures et ses serviteurs,
quoique nos péchés soient grands et
en grand nombre;
2. le crime et l'ingratitude de ceux
qui refusent de pardonner aux hommes qui sont leurs
égaux et dont les offenses sont
très-légères en comparaison
des péchés commis contre Dieu ;
3. la terrible et juste punition de
tous ceux qui ne pardonneront pas de bon coeur et
à tout le monde, les offenses qu'ils
pourraient avoir reçues.
CHAPITRE
XIX.-
Les pharisiens
demandent à Notre-Seigneur
s'il était permis aux maris de
répudier leurs femmes, comme cela se faisait
parmi les Juifs. Il leur répond que ces
divorces étaient contraires à la
première institution du mariage et qu'il ne
devaient plus avoir lieu.
2. Jésus-Christ bénit
des petits enfans qu'on lui présente.
3. Un jeune homme riche lui demande
ce qu'il fallait faire pour être
sauvé, et Notre-Seigneur, voulant
l'éprouver et voir s'il serait
disposé à le suivre, lui dit de
vendre tous ses biens. Cette réponse ayant
rebuté ce jeune homme, Jésus-Christ
déclara que l'attachement aux richesses
empêcherait le salut de bien des gens; et il
promet aux apôtres, qui avaient tout
quitté pour le suivre, de les faire asseoir
sur douze trônes, pour juger les douze tribus
d'Israël ; ce qui signifie qu'ils seraient
élevés à une grande gloire
lorsque son règne s'établirait, et
qu'ils tiendraient un rang
très-considérable dans
l'Église. il promet aussi de
récompenser ceux qui auraient tout
abandonné pour l'Évangile.
I. 1-12; Il. 13-15; III. 16-30.
RÉFLEXIONS
CE que Jésus-Christ dit ici
au sujet des divorces qui étaient en usage
parmi les Juifs, nous enseigne en
général que bien des choses qui
avaient été tolérées
jusqu'alors, à cause de l'état de ce
peuple et de leur humeur grossière et
charnelle, ne doivent plus l'être parmi les
chrétiens, parce qu'ils sont plus
éclairés et que Dieu les appelle
à une plus grande sainteté.
2. Nous apprenons ici que par
l'institution divine, les lois du mariage unissent
inséparablement et lient également
l'homme et la femme, que ces lois doivent
être gardées inviolablement, et qu'il
n'y a que l'adultère qui puisse autoriser le
divorce et donner la liberté de se remarier.
Jésus-Christ dit de plus, que
l'Évangile appelle les hommes à une
grande chasteté, et que même il y
aurait des chrétiens qui renonceraient
absolument au mariage, pour mieux servir Dieu et
pour travailler, avec plus de liberté
à l'avancement de l'Évangile.
3. La bénédiction que
Notre-Seigneur donna aux petits enfans qui lui
furent présentés, nous fait voir que
les enfans lui sont chers et qu'il est
disposé à les recevoir et à
les bénir; d'où l'on doit conclure
que c'est une chose tout-à-fait conforme
à ses intentions de les lui consacrer par la
prière et par le baptême. Il a aussi
voulu nous apprendre par là que, pour entrer
dans le royaume de Dieu, nous devons ressembler aux
petits enfans, en simplicité, en douceur et
en innocence.
4. L'entretien que Notre-Seigneur
eut avec ce jeune homme riche dont il est
parlé dans ce chapitre, nous apprend que,
pour entrer dans la vie éternelle, il faut
garder les commandemens de Dieu, et être
outre cela disposé à quitter tout ce
que l'on possède en ce monde, lorsqu'on ne
pourrait conserver ses biens sans manquer à
ce qu'on doit à Jésus-Christ. La
tristesse que ce jeune homme fit paraître
à l'ouïe de ce que le Seigneur lui dit,
marque que les richesses attachent ordinairement le
coeur au monde; c'est pourquoi Jésus-Christ
déclara qu'il était bien difficile
que les riches voulussent se résoudre
à renoncer à leurs biens pour entrer
dans l'Église.
Cependant il dit que ce renoncement
aux biens du monde n'est point une chose
impossible, mais qu'il est au contraire possible,
et même facile et agréable, avec les
lumières de la foi et le secours de l'Esprit
de Dieu. Si tous les chrétiens ne sont pas
appelés à
abandonner leurs biens, comme les apôtres le
furent autrefois, ils doivent prendre garde que ces
biens ne soient un obstacle à leur salut,
éviter d'y mettre leur coeur, les
posséder sans en abuser, et s'en servir
à des usages de piété et de
charité. C'est le moyen de se procurer un
trésor dans le ciel et d'avoir part aux
bénédictions par lesquelles
Jésus-Christ promet de récompenser,
en ce monde et en l'autre, ceux qui auront accompli
tous ces devoirs.
CHAPITRE
XX.-
Jésus-Christ
1. propose la parabole des ouvriers
qui, étant allés travailler à
la vigne à diverses heures du jour,
reçurent tous le même salaire.
2. Il prédit sa mort et sa
résurrection.
3. Il répond à la
mère de saint Jacques et de saint Jean, qui
lé priait que ses fils puissent tenir le
premier rang dans son royaume.
4. Il rend la vue à deux
aveugles.
I. 1-16; Il. 17-19; III. 20-28; IV. 29-34.
RÉFLEXIONS.
LE but de Jésus-Christ, dans
la parabole des ouvriers, était d'apprendre
à ses disciples que les glorieuses promesses
qu'il venait de faire à ceux qui
quitteraient tout pour l'Évangile ne
regardaient pas ses disciples seuls, mais que ceux
qui seraient appelés après eux,
même d'entre les payens, auraient part aux
mêmes récompenses que ceux qui
auraient été appelés les
premiers; et que bien loin d'en avoir jalousie, ils
doivent s'en réjouir. Il ne faut pas au
reste abuser de cette parabole, ni en conclure
qu'il soit assez tôt de se convertir à
la fin de sa vie. Il faut considérer sur
cela que tous ces ouvriers qui allèrent
à la vigne à diverses heures du jour
y allèrent dès que le maître de
la vigne les y envoya; que ceux qui n'y
allèrent qu'à la fin du jour n'y
étaient pas allés plus tôt
parce que le maître de la vigne ne les y
avait pas envoyés, et que ce fut à
cause de cela qu'ils reçurent le même
salaire que les autres.
De là il paraît que
ceux qui obéissent à leur vocation,
en quelque temps que Dieu les appelle, obtiendront
le salut. Mais cela ne regarde en aucune
façon ceux qui, étant appelés
depuis Iong-temps et même dès le
commencement de leur vie, refusent de suivre leur
vocation; au contraire cette parabole prouve qu'ils
n'ont point d'excuse, et que nous
sommes indispensablement obligés de
travailler chacun de nous, avec
fidélité et avec
persévérance, et aussitôt que
Dieu nous y appelle, à faire sa
volonté.
2. Il faut remarquer dans ce
chapitre que Notre-Seigneur voulut avertir ses
disciples de sa mort qui devait arriver dans peu,
afin qu'ils n'en fussent pas surpris.
3. L'on doit considérer ce
qu'il répondit à la mère de
saint Jacques et de saint Jean. Cette femme croyant
avec les Juifs que le Messie régnerait sur
la terre comme les rois du monde, espérait
que ses deux fils tiendraient le premier rang dans
son royaume, parce qu'ils étaient les parens
de Notre-Seigneur et qu'il les avait même
distingués des autres apôtres en
diverses occasions. Jésus-Christ condamna
cette demande, qui marquait que cette femme ne
connaissait pas la nature de son règne, et
qui était d'ailleurs capable de causer de la
jalousie et de la division entre les apôtres.
Il leur dit qu'au lieu de penser à tenir un
rang distingué comme les grands du monde,
ils devaient plutôt s'humilier et s'abaisser,
et même se préparer à boire la
même coupe que lui et à être
baptisés de son baptême,
c'est-à-dire à souffrir comme lui. Et
pour leur inspirer ces sentimens, il leur
allègue son exemple, disant qu'il
était venu au monde pour y paraître
comme un serviteur et y souffrir la mort.
Ceci nous avertit d'ôter de
notre coeur l'ambition et l'orgueil, de ne point
chercher à nous élever les uns
au-dessus des autres, mais de vivre dans
l'humilité et de porter notre croix, suivant
en cela l'exemple que le Fils de Dieu nous a
laissé. On voit sur la fin de ce chapitre,
que Jésus-Christ donna en ce temps-là
des marques de sa puissance, aussi bien que de la
compassion dont il était animé envers
les affligés, en rendant la vue à
deux aveugles.
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