Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE  (Jean 17.17)
Cela me suffit...
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(Notre confession de foi: ici)
Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE
(Jean 17.17)
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ARGUMENS ET RÉFLEXIONS SUR LES LIVRES ET LES CHAPITRES DU NOUVEAU TESTAMENT

ÉVANGILE
SELON SAINT MATTHIEU.

CHAPITRE XI.-

Jean-Baptiste ayant envoyé ses disciples vers Jésus-Christ pour lui demander s'il était le Messie,

1. Notre-Seigneur fait des miracles en leur présence.
2. Il parle de la nature et de l'excellence de la charge de Jean-Baptiste.
3. Il se plaint de l'endurcissement des Juifs qui n'avaient profité ni du ministère de Jean-Baptiste ni du sien, et il menace les villes de la Galilée où il avait prêché et fait des miracles, et qui ne s'étaient pas amendées.
4. Il loue Dieu de ce que les personnes qui avaient un esprit doux et humble recevaient sa doctrine, pendant que ceux qui passaient dans le monde pour les plus éclairés la rejetaient, et il convie tous ceux qui étaient travaillés et chargés de venir à lui.

I. 1-6; II. 7-15; III. 16-24; IV. 25-30.

RÉFLEXIONS.
POUR profiter de cette lecture, il faut remarquer

1.
Que si Jean-Baptiste envoya demander à Notre-Seigneur s'il était le Messie, on ne doit pas croire qu'il en doutât. Cela serait injurieux à ce saint homme, qui avait constamment déclaré que Jésus était le Fils de Dieu, et à qui Notre-Seigneur rend dans tout l'Évangile, et dans ce chapitre même, le témoignage le plus glorieux. Mais Jean-Baptiste envoya ces disciples vers Jésus pour les convaincre que Jésus était celui que les Juifs attendaient.

2.
Cependant le Seigneur étant interrogé sur cela, ne voulut pas dire ouvertement qu'il fût le Messie; il se contenta de faire voir par des miracles qu'il l'était, et d'avertir les disciples de Jean de n'être pas scandalisés s'ils le voyaient dans un état de bassesse.

3.
Ce fut dans les mêmes vues qu'il fit remarquer à ceux qui l'écoutaient que lorsqu'ils étaient allés entendre Jean-Baptiste dans le désert, ils n'y avaient pas vu un roseau agité du vent, c'est-à-dire, qu'ils n'y étaient pas allés pour un sujet de petite importance, ou pour voir une personne peu considérable. Il ajoute qu'ils n'y avaient pas vu non plus un homme qui parut avec éclat et avec pompe comme ceux qui sont à la cour des rois. Mais il dit qu'ils avaient vu en Jean-Baptiste un prophète, et même le plus grand des prophètes, puisqu'il était le précurseur du Messie; et que cependant depuis qu'il avait commencé à paraître, on s'était opposé à lui et au règne de Dieu dont il annonçait la venue. Jésus-Christ disait tout cela, pour montrer que le règne du Messie ne serait pas de ce monde, et qu'on ne devait pas être surpris si on le voyait aussi dans un état si humble et si abject, et s'il était rejeté.

4.
On voit ici que les Juifs n'avaient profité ni de la prédication de Jean-Baptiste ni de celle de Notre-Seigneur, trouvant que la vie de Jean-Baptiste était trop-austère, et que celle de Jésus-Christ ne l'était pas assez. Rien ne peut satisfaire les hommes incrédules et corrompus; ils rejettent tous les différens moyens que Dieu emploie pour les gagner, et ils en prennent même occasion de s'endurcir davantage.

5.
Les menaces que Jésus-Christ faisait contre les villes où il avait fait des miracles et qui ne s'étaient pas amendées, nous avertissent que les peuples auxquels Dieu fait le plus de grâces, et à qui l'Évangile est annoncé, sans en profiter, seront traités avec la dernière sévérité.

6.
Notre-Seigneur rend grâces à Dieu de ce que les petits et les humbles recevaient sa doctrine, tandis qu'elle était rejetée par les grands et les sages du monde. Cela nous apprend que l'on ne saurait recevoir l'Évangile, si l'on ne renonce à la gloire du monde et à sa fausse sagesse.
Enfin, les invitations que Notre-Seigneur adresse à tous ceux qui sont travaillés et chargés, les conviant de devenir ses disciples, et les assurant que son joug est aisé et que son fardeau est léger, doivent nous inciter à aller à lui avec un humble et vif sentiment de notre misère, et avec un ardent désir d'en être délivrés; à nous soumettre à sa doctrine et à ses divins préceptes, et à être comme lui doux et humbles de coeur. C'est ainsi que nous trouverons auprès de lui le repos de nos âmes et une parfaite félicité.

CHAPITRE XII. 1-21.-

Notre-Seigneur

1. justifie ses disciples qui arrachaient des épis de blé en un jouir de sabbat.
2. Il guérit un homme qui avait une main sèche, et il répond aux pharisiens qui se scandalisaient de ce qu'il avait aussi fait ce miracle en un pareil jour.
3. Il défend au peuple de publier ses miracles; sur quoi saint Matthieu rapporte un oracle d'Esaïe, qui marque la prudence, l'humilité et la douceur qui paraîtraient dans la manière dont le Messie exercerait son ministère.

1. 1-8; II. 9-15; III. 16-21.

RÉFLEXIONS.
IL faut faire ici trois considérations.

La première
regarde la malice et l'hypocrisie des pharisiens, qui trouvaient mauvais que les disciples de Jésus-Christ eussent arraché des épis en un jour de sabbat, et que leur maître eût guéri en un semblable jour un homme qui avait une main sèche. Tel est le caractère des hypocrites et de ceux qui n'ont qu'un faux zèle. Ils se scandalisent des choses qui sont innocentes, et même quelquefois de celles qui sont bonnes, nécessaires et agréables à Dieu, pendant qu'ils négligent eux-mêmes les devoirs les plus essentiels de la religion et surtout celui de la charité.

2.
On doit faire une attention sérieuse à ce que Notre-Seigneur dit dans cette occasion, et principalement à ces paroles : Je veux la miséricorde plutôt que le sacrifice. Apprenons de là que la religion ne consiste pas simplement dans des devoirs extérieurs et dans l'observation des cérémonies; qu'à la vérité ces devoirs sont indispensables et ont leur usage, lorsqu'on les pratique conformément aux intentions de Dieu qui les a établis; mais que ce que Dieu exige sur toutes choses, c'est que nous ayons une vraie charité et que nous exercions les oeuvres de miséricorde.

3.
La troisième réflexion est tirée de la conduite de Jésus-Christ, qui ne voulait pas qu'on publiât ses miracles, et de ces paroles d'Esaïe: Il n'éteindra pas le lumignon qui fume encore, et il ne rompra pas entièrement le roseau froissé. On voit reluire ici la grande prudence de Notre-Seigneur, qui évitait ce qui aurait pu faire trop d'éclat; on y découvre son humilité, sa douceur et sa condescendance; on y remarque surtout qu'il ne rebute personne, qu'il supporte les faiblesses des hommes avec beaucoup de patience, et que pendant qu'il y a encore en eux quelque chose de bon, il ne les abandonne pas. Cela doit d'un côté nous encourager et nous remplir de confiance, et de l'autre, nous engager à imiter notre Sauveur, à être comme lui humbles, doux et paisibles, à fuir l'ostentation, la vaine gloire, et à éviter l'aigreur et les disputes, usant d'un grand support envers les hommes, et ayant des égards et de la condescendance pour leurs faiblesses. Ce sera par la pratique de ces devoirs que nous ressemblerons à Jésus-Christ, et qu'il paraîtra que nous sommes véritablement ses disciples.

CHAPITRE XII. 22-50.-

Jésus-Christ

1. guérit un démoniaque; et comme les pharisiens attribuaient ce miracle à la puissance du diable, Notre-Seigneur fait voir la fausseté et l'impiété de cette accusation, en disant que le diable ne détruirait pas son propre règne; il fait remarquer qu'il ne pourrait chasser les démons s'il n'avait pas une puissance plus grande que la leur; et il dit aux pharisiens que leur blasphème ne leur serait jamais pardonné, et que leurs discours impies étaient une preuve de l'extrême malice de leur coeur.
2. Étant prié par les pharisiens de faire un signe, il le refuse, et il les renvoie à sa résurrection, qui devait être la dernière et la plus forte preuve de sa mission divine. Il se plaint de leur incrédulité, et il allègue, dans cette vue, l'exemple des Ninivites, celui de la reine de Scéba, et une similitude.
3. Il déclare que ses vrais disciples lui étaient aussi chers que ses plus proches parens.

I. 22-37; II. 38-45; III. 46-50.

RÉFLEXIONS.
CETTE lecture nous engage à considérer,

1.
Que les pharisiens, au lieu de reconnaître la vertu divine qui éclatait dans les miracles de Notre-Seigneur, disaient qu'il chassait les démons par la puissance du diable. On voit dans cet exemple, que les gens aveuglés par leurs passions résistent aux moyens les plus forts que Dieu emploie pour vaincre leur endurcissement.

2.
Jésus-Christ déclare aux pharisiens que ce blasphème, par lequel ils attribuaient au diable ce qui venait de l'Esprit de Dieu, ne leur serait jamais pardonné, parce qu'un tel blasphème marquait une malice désespérée et un endurcissement insurmontable. On ne peut pas aujourd'hui commettre ce péché-là; mais on se rend extrêmement coupable lors qu'on tient des discours et que l'on a des sentimens profanes et impies, et lorsqu'on résiste à la vérité après l'avoir connue, et à la grâce du Saint-Esprit dont on sent l'opération en soi-même.

3.
À l'occasion du blasphème des pharisiens, Jésus-Christ nous enseigne que les bons discours sont la marque d'un bon coeur, que les mauvais discours procèdent d'un coeur gâté, et que les hommes rendront compte de toutes les mauvaises paroles qu'ils auront dites. Cela nous apprend qu'un homme de bien se reconnaît par ses paroles, et que le moyen de les bien régler est de régler notre coeur.

4.
Sur ce que les pharisiens, après tant de miracles que le Seigneur avait déjà faits en leur présence, le prièrent encore de faire un signe, nous devons considérer que les incrédules et ceux qui ont le coeur mauvais ne sont jamais contens, et qu'il n'y a rien d'assez clair ni d'assez fort pour les convaincre. Et le refus que Notre-Seigneur fit de faire ce signe, nous montre que, quand Dieu a fait inutilement ce qui était nécessaire pour surmonter l'endurcissement des hommes, il les abandonne justement à leur obstination.

5.
Si l'exemple de la reine de Scéba et celui des Ninivites condamnaient les Juifs incrédules, ces exemples condamneront beaucoup plus les chrétiens qui ne s'amendent pas, puisque Dieu leur a fait plus de races qu'à ces juifs dont Jésus-Christ parle.

6.
Par la similitude du mauvais esprit qui rentre dans un homme après en être sorti, Notre-Seigneur marquait les malheurs qui allaient tomber sur les Juifs, lesquels, après tout ce qu'il avait fait pour les délivrer de leur incrédulité, y persévéraient. Cela nous avertit que ceux qui ont eu part à la grâce de Dieu et qui en abusent, perdent cette grâce, et qu'ils tombent dans une plus grande condamnation. Enfin, puisque Jésus-Christ déclare que ceux qui font la volonté de Dieu lui étaient aussi chers que sa mère et ses parens, nous devons reconnaître que la piété et l'observation des commandemens de Dieu est la vraie marque des disciples de Notre-Seigneur, et ce qui nous fait avoir part à son amour; qu'ainsi nous devons nous appliquer sur toutes choses à écouter sa parole et à la garder. Cela nous montre aussi que les personnes qui aiment Dieu et qui le craignent, sont celles à qui l'on doit surtout donner son amour et son estime.

CHAPITRE XIII. 1-23.-

Notre-Seigneur

1. propose la parabole de la semence,
2. et ensuite il l'explique en particulier à ses disciples.

I. 1-9; Il. 10-23.

RÉFLEXIONS
IL est nécessaire de remarquer en général, sur les similitudes qui sont contenues dans ce chapitre et dans divers autres endroits de l'Évangile, que Notre-Seigneur avait accoutumé, lorsqu'il enseignait, de se servir de similitudes et de paraboles ; et qu'afin que ses disciples et le peuple pussent mieux les retenir, il les tirait des choses les plus simples et les plus familières.

Ces paraboles étaient de deux sortes. Il y en avait dont le sens était clair; mais les autres avaient quelque obscurité, et Jésus-Christ employait ces dernières lorsqu'il s'agissait de certaines vérités que ses auditeurs n'étaient pas alors en état de comprendre, et qu'il ne voulait pas dire ouvertement avant sa mort. Telles sont celles qui marquaient qu'on le ferait mourir, que les Juifs seraient rejetés, et que les payens seraient reçus à leur place. Il proposait ces vérités-là, sous des images et des similitudes qui étaient fort simples et aisées à retenir, et qui dans peu de temps seraient faciles à entendre, l'événement devant les rendre parfaitement claires. Ainsi, l'on voit reluire une grande sagesse dans ces paraboles; elles montrent que Jésus-Christ connaissait l'avenir; elles étaient la plupart prophétiques, et nous trouvons dans leur exact accomplissement des preuves convaincantes de la divinité de l'Évangile.

Le dessein de Jésus-Christ, dans la parabole de la semence, est d'enseigner à ses disciples comment la parole de Dieu est reçue par ceux à qui elle est annoncée. Il y parle de quatre sortes de personnes.

Les premiers
sont ceux sur qui cette parole ne fait aucune impression, et dont le coeur est entièrement endurci, c'est ce qui est représenté par la semence qui tombe sur le chemin.

Les seconds
sont ceux qui reçoivent et qui goûtent la parole de Dieu, mais qui s'étant en gagés dans la profession de l'Évangile sans s'être bien examinés eux-mêmes, abandonnent la vérité et la piété lorsqu'ils sont exposés à la persécution ou à quelque autre tentation; c'est ce qui est signifié par la semence qui tombe parmi les pierres et qui lève, mais qui n'ayant point de racine sèche bientôt.

3.
Notre-Seigneur parle de ceux en qui la parole est rendue inutile, par l'amour des richesses et par les soins de cette vie; tout de même que la semence qui tomberait parmi les épines y serait étouffée.


Les derniers
sont ceux qui la reçoivent dans un bon coeur en qui elle produit son fruit et son effet, et qui persévèrent; ce qui est figuré par la semence qui est reçue dans une bonne terre et qui y fructifie abondamment. C'est là le sens et le but de cette belle parabole; elle tend à nous instruire de l'usage que nous devons faire de l'Evangile lorsqu'il nous est annoncé. Ce que Jésus-Christ dit à ses disciples dans le temps qu'il la leur expliqua, doit nous faire reconnaître combien nous sommes heureux d'être instruits de ces divines vérités, et d'avoir sur les mystères du royaume de Dieu, des lumières que les prophètes même n'avaient pas. C'est là un avantage précieux, dont nous devons nous prévaloir, de peur que nous ne tombions dans le crime et dans la condamnation de ceux qui voient et qui entendent, mais qui ne reçoivent pas la vérité et qui refusent de se convertir.

CHAPITRE XIII. 24-58-

Jésus-Christ propose

la similitude de l'ivraie,
celle d'un grain de moutarde,
celle du levain,
celle d'un trésor caché et d'une perle de grand prix,
et celle d'un filet.
Il exhorte ses disciples à faire un bon usage de ses instructions, et il va à Nazareth où peu de gens crurent en lui.

I. 24-50; Il. 51-58.

RÉFLEXIONS.
LES similitudes de l'ivraie et d'un filet ont un même sens. Elles signifient, suivant l'explication que Notre-Seigneur en donna, que parmi ceux qui embrasseraient la profession de l'Évangile, il y aurait des hypocrites qui seraient mêlés avec les bons, et que cela aura lieu jusqu'à la fin du monde; mais qu'alors ils seront séparés, que les méchans seront envoyés au feu éternel, et que les justes seront reçus dans la gloire céleste.

L'usage que nous devons faire de ces paraboles, c'est de n'être pas scandalisés, si nous voyons parmi les chrétiens des personnes qui suivent l'erreur et le vice; d'être sur nos gardes et d'éviter le commerce des méchans, de peur qu'ils ne nous séduisent; d'avoir cependant toujours pour eux des sentimens de charité, et de travailler au reste, pour ce qui nous regarde, à être du nombre des justes, afin qu'à la venue de Jésus-Christ nous soyons reçus dans son royaume.
Par les similitudes d'un grain de moutarde et du levain, Notre-Seigneur voulait marquer que, quoiqu'il n'eût alors qu'un petit nombre de disciples, et que sa doctrine ne fut presque pas connue dans le monde, elle se répandrait bientôt par toute la terre. Mais Jésus-Christ disait cela en termes couverts et figurés, parce qu'il ne voulait pas alors dire ouvertement, crainte de scandaliser les Juifs, que les payens et tous les peuples entreraient dans l'Église.
Ces similitudes sont prophétiques, et l'on en voit le sens et la divinité dans l'établissement de la religion de Jésus-Christ, qui a été annoncée et reçue en tant d'endroits du monde, comme il l'avait prédit.
La similitude d'un trésor caché et celle de la perle, tendent à nous montrer qu'il n'y a rien de plus précieux, et de plus excellent que l'Évangile et les biens qu'il renferme; que le plus grand bonheur qui puisse nous arriver est de les posséder, et qu'ainsi il faut faire avec joie tout ce qui peut nous les procurer, et renoncer même à ce que nous avons de plus cher au monde, pour acquérir un si précieux trésor.
Nous devons, comme Jésus-Christ y exhortait ses disciples, retenir ces divines instructions, les mettre et les serrer dans notre coeur, afin d'en tirer continuellement les secours et les encouragemens nécessaires pour résister aux tentations, et pour nous animer à l'amour de Dieu et à la pratique des bonnes oeuvres.

L'on voit sur la fin de ce chapitre, que bien que les habitans de Nazareth entendissent la doctrine de Jésus-Christ et qu'ils vissent quelques-uns de ses miracles, ils ne crurent point en lui, parce qu'ils le regardaient comme le fils d'un charpentier et qu'il avait été élevé parmi eux; ce qui fit que Notre-Seigneur leur dit que nul prophète n'était reçu dans son pays. Les hommes méprisent souvent les faveurs que Dieu leur accorde et les avantages les plus précieux, lorsqu'ils sont communs et qu'ils peuvent en jouir sans peine; et Dieu voyant leur ingratitude, les en prive, comme cela arriva à ceux de Nazareth, à cause de leur incrédulité,

CHAPITRE XIV.-

Saint Matthieu récite trois choses:

1. L'histoire de la mort de Jean-Baptiste.
2. Comment Jésus-Christ donna à manger à cinq mille personnes avec cinq pains et deux poissons.
3. Un autre miracle que Notre-Seigneur fit, lorsque ses disciples étant exposés à une tempête, il alla vers eux en marchant sur la mer.

I. 1-12; Il. 13-21; III. 22-36.

RÉFLEXIONS.
IL faut d'abord faire cette considération générale sur la mort de Jean-Baptiste, que Dieu voulut que ce saint homme, qui avait annoncé la venue du règne du Messie, mourut d'une mort violente, pour faire voir aux Juifs que ce règne ne serait pas un règne temporel, et afin qu'ils ne fussent pas scandalisés lorsque Jésus-Christ lui-même serait mis à mort.

Après cela, il faut remarquer que ce qui donna occasion à la mort de Jean-Baptiste, fut le zèle de ce saint prophète, qui reprit Hérode de son commerce criminel avec Hérodias, la haine que cette femme impudique avait conçue contre Jean-Baptiste, et la complaisance qu'Hérode eut pour elle. Les réflexions qu'il y a à faire sur cela sont : que les serviteurs de Dieu doivent reprendre toutes sortes de personnes avec courage et avec zèle, quand même ils s'attireraient par là la haine des méchans; que l'impureté et l'amour des plaisirs font commettre bien des crimes; et enfin qu'il peut arriver de grands maux, par les sermens téméraires, aussi bien que par la mauvaise honte et par la complaisance qu'on a pour les personnes vicieuses.

Le miracle des cinq pains a ceci de particulier qu'il fut fait en présence de plusieurs milliers d'hommes qui en furent les témoins et qui y eurent part; cette circonstance rend ce miracle encore plus certain, et elle prouve la merveilleuse puissance de Notre-Seigneur, de même que la grande bonté dont il était animé envers le peuple qui le suivait.

Enfin cet autre miracle que Notre-Seigneur fit lorsqu'il vint à ses disciples en marchant sur la mer, est aussi une preuve de son pouvoir sans bornes et de son amour pour ses disciples. Il voulut dans cette occasion faire marcher saint Pierre sur l'eau, pour fortifier la foi de cet apôtre et celle de ses collègues, et pour les assurer par là qu'ils feraient dans la suite les miracles les plus extraordinaires, et qu'aucun péril ne devait les ébranler.

Pour ce qui nous regarde, nous devons faire ici ces deux considérations: l'une, que si les fidèles se trouvent dans le danger, Dieu vient à leur secours lorsqu'il en est temps; l'autre, que comme le zèle et la foi de saint Pierre le firent d'abord marcher sur l'eau mais que la peur le fit enfoncer, ce n'est aussi que le manque de foi qui nous fait succomber dans les tentations et dans les dangers; mais qu'avec la foi et le secours du Seigneur nous les surmontons heureusement.

CHAPITRE XV.-

Jésus-Christ

justifie ses disciples sur ce qu'ils n'observaient pas la coutume des pharisiens et des Juifs qui se lavaient les mains avant le repas ; ce que les Juifs faisaient non pour la propreté, mais par un principe de religion, croyant que sans cela ils n'auraient pas été nets.
Notre-Seigneur reproche aux pharisiens, qui se scandalisaient du procédé de ses disciples, de violer eux-mêmes la loi divine par leurs traditions, et surtout en enseignant que, si quelqu'un consacrait à Dieu le bien dont il aurait pu assister père et mère, il ne lui était plus permis après un tel voeu d'employer son bien au soulagement de son père ou de sa mère.
Ensuite le Seigneur montre ce que c'est qui souille l'homme et ce qui ne le souille pas.
Il guérit la fille d'une femme cananéenne et plusieurs malades,
et il donna à manger à quatre mille hommes avec sept pains et quelques poissons.

I. 1-9; Il. 10-20; III. 21-31; IV. 32-49.

RÉFLEXIONS.
L'ENTRETIEN de Jésus-Christ avec les pharisiens nous présente les réflexions suivantes :

1.
Que les hypocrites font uniquement consister la religion et la piété dans des devoirs extérieurs, souvent vains et de très-petite importance; qu'ils observent scrupuleusement ces sortes de choses et condamnent ceux qui ne les observent pas, pendant qu'eux-mêmes manquent aux devoirs les plus importans et pèchent contre les commandemens de Dieu les plus exprès;

2.
que le devoir des enfans envers père et mère est tout-à-fait inviolable, que rien ne les en peut dispenser, et qu'ils sont particulièrement obligés de les assister dans le besoin;

3.
que les voeux et les sermens téméraires et contraires à la loi divine ne doivent point être gardés;

4.
que Dieu rejette le culte de ceux qui ne l'honorent que de la bouche et des lèvres et dont le coeur est éloigné de lui, et qu'il veut être servi suivant qu'il l'a commandé dans sa parole, et non pas suivant les inventions et les commandemens des hommes.

5.
Le Sauveur du monde nous enseigne que ce ne sont pas seulement les actions extérieures qui souillent les hommes et qui les rendent coupables devant Dieu, mais que ce sont aussi et principalement les mauvaises pensées, les mouvemens du coeur et les désirs qui tendent à l'impureté, à l'injustice, à l'orgueil, à la médisance et aux autres péchés, C'est là une doctrine très-importante et d'un grand usage; elle nous oblige à nous étudier surtout à la sainteté intérieure et à la pureté du coeur et de la conscience. On doit faire une attention particulière au miracle que Notre-Seigneur fit, en guérissant la fille de la cananéenne, Il refusa d'abord de guérir cette fille, parce que sa mère était payenne; et il en usa de la sorte non-seulement pour exciter le zèle de cette femme, mais aussi à cause que le temps n'était pas encore venu auquel les payens devaient être appelés, et parce que pendant son séjour sur la terre il ne faisait des miracles qu'en faveur des Juifs.

Mais voyant la persévérance et la profonde humilité de cette femme, il fit enfin ce qu'elle lui avait demandé. Dans cet exemple, nous voyons que les prières faites avec foi, avec humilité et avec persévérance, sont très-agréables à Dieu et très-efficaces; que si Dieu ne nous exauce pas d'abord, il le fait afin de nous éprouver, d'animer par là notre zèle, et de nous faire mieux sentir notre indignité; mais que lorsque nous continuons à l'invoquer avec ferveur, il nous accorde enfin les grâces que nous lui demandons. Au reste, on découvre dans ce miracle, de même que dans ceux que Notre-Seigneur fit en guérissant un grand nombre de malades et en nourrissant quatre mille hommes avec sept pains et quelques poissons, de nouvelles preuves de sa toute-puissance, et le récit de toutes ces merveilles doit nous inciter à louer Dieu et à lui donner gloire, comme le firent autrefois ceux qui furent les témoins de ces miracles.


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