ARGUMENS ET
RÉFLEXIONS SUR LES LIVRES ET LES CHAPITRES
DU NOUVEAU TESTAMENT
ÉVANGILE
SELON SAINT MATTHIEU.
CHAPITRE
VI.-
Jésus-Christ instruit ses
disciples
sur l'aumône, sur la
prière et sur le jeûne; il leur montre
comment il faut s'acquitter de ces actes religieux,
et il leur recommande surtout d'y éviter
l'hypocrisie et l'ostentation.
2. Il leur défend de
travailler pour amasser les biens du monde et
d'être en souci pour les besoins de cette
vie, et il les exhorte à se reposer sur la
providence, et à chercher avant toutes
choses le royaume de Dieu et sa justice.
I. I-8. Il. 9-34.
RÉFLEXIONS.
LE Sauveur du monde nous apprend ici,
premièrement, que l'aumône, la
prière et le jeûne sont trois devoirs
très importans dans la
religion. Pour ce qui regarde le jeûne en
particulier, puisque Jésus-Christ donne des
règles sur la manière de jeûner
aussi bien que sur la prière et sur
l'aumône, il paraît évidemment
que son intention a été que ses
disciples jeûnassent; les jeûnes
particuliers, qui sont ceux dont il s'agit dans ce
chapitre, étant très-utiles pour
mortifier la chair et pour se disposer à
l'humiliation et à la prière, et
ayant aussi été pratiqués par
les apôtres, et ensuite dans tout le monde
par tous les chrétiens.
2. Notre-Seigneur recommande
d'éviter avec soin l'hypocrisie et la vaine
gloire lorsqu'on fait la charité, lorsqu'on
prie, et lorsqu'on jeûne; et de s'acquitter
de ces devoirs avec sincérité et avec
humilité, nous souvenant que nous sommes
devant Dieu qui voit tout ce qui se passe dans le
secret de notre coeur, et que les hypocrites n'ont
aucune récompense à attendre de lui.
3. Puisque l'Oraison Dominicale est
un formulaire de prière qui a
Jésus-Christ pour auteur, et qu'elle
comprend tout ce qui est nécessaire pour la
gloire de Dieu et pour notre propre bonheur,
l'usage que nous en devons faire est,
premièrement, d'apporter un
très-grand respect et beaucoup d'attention
et de dévotion lorsque nous la
présentons à Dieu; et en second lieu,
de conformer non-seulement nos prières, mais
aussi nos sentimens et notre conduite à cet
excellent modèle que Jésus-Christ
nous a laissé.
4. Notre-Seigneur nous
déclare ici de la manière la plus
expresse, que nous ne devons pas espérer que
Dieu nous exauce et nous pardonne si nous ne
pardonnons pas à ceux qui nous ont
offensés. C'est sur quoi nous devons bien
nous examiner toutes les fois que nous nous
présentons devant Dieu pour lui offrir nos
prières.
La cinquième leçon que
ce chapitre nous donne, est de ne pas rechercher
avec ardeur à amasser les biens de ce monde
qui sont vains, inconstans, et dont divers accidens
peuvent nous priver, mais de travailler
plutôt à acquérir les biens du
ciel qui sont les plus excellens et que rien ne
saurait nous ravir. Jésus-Christ nous
avertit sur ce sujet qu'il est dangereux d'aimer
les richesses, que cet amour nous aveugle et
attache nos inclinations à la terre, et
qu'il n'est pas possible de servir Dieu et d'avoir
le coeur libre et élevé à lui,
pendant qu'on est possédé de l'amour
des biens de ce monde. 6. Notre-Seigneur ne
condamne pas seulement l'amour des richesses, il
défend même de s'inquiéter et
de se donner trop de soins pour
les choses nécessaires à la vie. Il
nous exhorte à nous confier en la providence
qui, ayant soin des oiseaux et des autres
créatures, pourvoira beaucoup plus aux
besoins de ses enfans, qui sont d'une nature plus
excellente, et qu'il destine à
l'immortalité. Il nous dit que les soins
temporels qui sont excessifs et accompagnés
d'inquiétude et de défiance, sont
inutiles, et d'ailleurs indignes des
chrétiens. Enfin, il nous exhorte à
chercher avant toutes choses ce qui peut plaire
à Dieu et nous faire parvenir au royaume
céleste; et il promet que si nous le
faisons, Dieu nous accordera tout ce qui nous est
nécessaire pour la vie du corps. Ce sont
là des instructions que nous devons toujours
avoir présentes au milieu des occupations de
cette vie, afin qu'elles nous garantissent de
l'attachement aux biens de la terre, et qu'elles
nous engagent à rechercher principalement
les biens éternels, qui nous sont
réservés dans le ciel.
CHAPITRE
VII.-
Notre-Seigneur parle des jugemens
téméraires, de la prudence avec
laquelle il faut proposer la vérité,
de la prière et de son efficace. Il prescrit
la règle de la justice et de la
charité; il exhorte à entrer par la
porte étroite et à éviter les
faux docteurs. Il dit que tous ceux qui l'appellent
le Seigneur n'entreront pas dans le ciel, et il
montre, par une similitude, qu'il ne sert de rien
d'écouter sa parole si l'on ne pratique pas
ce qu'elle enseigne.
RÉFLEXIONS.
CE chapitre contient plusieurs
instructions importantes.
La première, de ne pas juger
témérairement du prochain, de ne le
pas condamner avec rigueur, et de reconnaître
nos propres défauts, afin de nous en
corriger, plutôt que de rechercher
curieusement et de reprendre les défauts des
autres.
La seconde, de ne pas donner les
choses saintes aux chiens; c'est une leçon
de prudence dont le sens est, que quand on a
à faire à des hommes charnels et
profanes qui rejettent avec mépris et avec
fierté la doctrine de l'Évangile, il
ne faut pas la leur proposer, de peur qu'on
n'expose la vérité et la
piété à leur mépris, et
qu'on ne s'attire leur haine.
3. Notre-Seigneur nous exhorte
à prier Dieu avec confiance,
et il nous assure que la
prière est d'une très-grande
efficace, moyennant qu'elle soit accompagnée
de zèle et de persévérance, et
que l'on demande à Dieu les
véritables biens; c'est ce qu'il montre par
la comparaison qu'il fait de Dieu avec les
pères qui ne refusent pas à leurs
enfans les choses nécessaires.
4. Il nous donne ici la règle
de la justice et de la charité, qui est de
faire aux autres tout ce que nous voudrions qu'ils
nous fissent. C'est là une règle
très-parfaite, et en même temps
très-simple et très-claire que nous
devons toujours avoir devant les yeux.
5. Il exhorte ses disciples à
entrer par la porte étroite,
c'est-à-dire à suivre le chemin de la
foi et de la piété qui conduit au
salut, bien que ce chemin soit suivi de peu de
personnes, qu'il soit contraire aux passions et aux
inclinations des hommes, et que l'on y soit
même quelquefois exposé à la
persécution, et il veut que l'on fuie le
chemin de l'erreur et du vice qui paraît
agréable à la chair, et où
l'on voit marcher beaucoup de gens, mais qui
mène à la perdition.
6. Il avertit ses disciples de se
donner garde des faux docteurs et des imposteurs
dont on devait voir un grand nombre dans la suite.
La règle qu'il donne là-dessus, est
de les examiner par leurs fruits,
c'est-à-dire par leurs oeuvres et par leur
conduite, et d'avoir aussi égard aux effets
que leur doctrine peut produire, en voyant si elle
tend à la gloire de Dieu et à rendre
les hommes meilleurs,
7. Jésus-Christ
déclare que tous ceux qui l'appellent leur
Seigneur n'entreront pas dans le ciel; qu'il n'y
recevra que ceux qui font sa volonté; et que
plusieurs qui l'auront connu et qui auront
même fait des miracles en son nom, seront
exclus de son royaume parce qu'ils n'auront pas
gardé ses commandemens. Enfin,
Jésus-Christ conclut ce discours par la
comparaison d'une maison qui serait bâtie sur
le roc ou sur le sable, par où il nous
apprend que c'est en vain que l'on écoute sa
parole, si l'on n'observe pas ce qu'il nous
commande; et que ceux qui manquent à ce
devoir essentiel ne sauraient jamais
persévérer ni résister aux
tentations. Ainsi cette similitude nous montre
l'usage que nous devons faire de la doctrine de
Notre-Seigneur, et en particulier des instructions
qui sont contenues dans ce chapitre et dans les
deux précédens.
CHAPITRE VIII.
1-17--
Notre-Seigneur
1. répond à un docteur
de la loi et à un de ses disciples qui
voulaient le suivre.
2. Il apaise une tempête.
3. Il délivre deux
démoniaques.
I. 1-4; Il. 5-13; Ill. 14-17.
RÉFLEXIONS.
COMME c'est dans ce chapitre que
commence le récit des miracles de
Jésus-Christ, la première
réflexion qu'il faut faire ici, regarde ces
miracles en général. On y
découvre, d'un côté, la
puissance infinie de Notre-Seigneur, qui
guérissait toutes sortes de maladies par sa
seule parole; et de l'autre, sa bonté et son
amour envers les hommes; puisque ces miracles n'ont
été que des bienfaits.
Après cela, il faut savoir
que le but de ces miracles était de
convaincre les hommes que Jésus était
envoyé de Dieu, et de les engager à
l'écouter et à croire en lui; c'est
à cause de cela qu'il ne faisait
ordinairement ses miracles qu'en faveur de ceux qui
croyaient qu'il avait le pouvoir de les faire.
Outre ces réflexions
générales, qu'on doit toujours avoir
devant les yeux lorsqu'on lit l'Évangile, il
faut remarquer dans la guérison du
lépreux, que Jésus-Christ le
guérit ayant égard à sa foi et
à sa prière; par ou nous pouvons voir
que Notre-Seigneur sauve et délivre ceux qui
s'adressent à lui avec confiance et avec
humilité.
Au reste, si Jésus-Christ
ordonna au lépreux d'aller se montrer au
sacrificateur et offrir ce qui était
prescrit par la loi, ce fut pour convaincre les
Juifs que cet homme était
véritablement guéri, et afin qu'ils
ne pussent pas accuser Jésus d'être
ennemi de la loi de Moïse.
L'histoire du centenier qui demanda
la guérison de son serviteur à
Jésus-Christ, est surtout remarquable par la
grande humilité et par la foi admirable de
cet homme. Il ne se croyait pas digne de recevoir
Jésus dans sa maison; mais il était
persuadé que Notre-Seigneur pouvait, sans y
aller, guérir son serviteur par une seule
parole, avec la même facilité que lui,
qui était officier, se faisait obéir
par ses soldats. Les grandes louanges que
Jésus-Christ donna à la foi du
centenier, qui était payen de naissance, en
disant qu'il n'avait pas
trouvé une si grande foi parmi les Juifs,
nous obligent à faire beaucoup d'attention
à cet endroit de l'Évangile, et
à imiter un si bel exemple d'humilité
et de foi. Jésus-Christ prédit
à cette occasion, que plusieurs viendraient
d'occident et d'orient et seraient à table,
au royaume de Dieu, et que les enfans du royaume
seraient jetés dehors. Cela voulait dire que
les payens viendraient de divers endroits du monde,
pour entrer dans l'alliance divine et que les Juifs
seraient rejetés, ce que
l'événement vérifia peu
après.
Enfin, la réflexion que saint
Matthieu fait sur la guérison de la
belle-mère de saint Pierre et de divers
autres malades, en rapportant cet oracle
d'Esaïe: Il a pris nos langueurs et s'est
chargé de nos maladies, nous instruit du but
de tous ces miracles. Ils tendaient à
montrer que Jésus-Christ était un
Sauveur charitable, et qu'il n'était venu au
monde que pour faire du bien aux hommes et pour les
délivrer de tous leurs maux, principalement
de leurs péchés.
CHAPITRE VIII.
18-34.-
Saint Matthieu récite
divers miracles de Jésus-Christ :
la guérison d'un
lépreux,
celle du serviteur d'un capitaine
payen,
celle de la belle-mère de
saint Pierre
et de plusieurs autres malades.
I. 18-22; Il. 23-27; III. 28-34.
RÉFLEXIONS.
LA réponse que
Jésus-Christ fit à ce docteur de la
loi qui voulait le suivre, tendait à lui
apprendre qu'il ne devait pas s'attendre à
trouver auprès de lui les avantages du
monde. Ce qu'il dit à l'un de ses disciples,
de laisser les morts ensevelir leurs morts,
signifiait qu'il devait laisser le soin des choses
temporelles à ceux qui n'étaient pas
éclairés des lumières de
l'Évangile; et que ceux qu'il appelait
à être ses disciples devaient le
suivre sans délai et être prêts
à tout quitter et à renoncer aux
choses de cette vie, même à celles qui
étaient innocentes et permises, lorsqu'elles
pouvaient les empêcher de s'acquitter des
devoirs de leur vocation.
2. Dans le miracle que
Jésus-Christ fit en apaisant une
tempête, nous avons à remarquer, d'un
côté, le pouvoir de Notre-Seigneur qui
calmait les vents et la mer par sa seule parole; et
de l'autre, la faiblesse des apôtres qui
craignaient de périr.
Cet événement, qui
tendait à confirmer leur foi, doit fortifier
la nôtre et nous inspirer une parfaite
confiance en la bonté et en la puissance de
Jésus-Christ. On peut être dans une
entière assurance, même au milieu des
plus grands dangers, lorsqu'on est aimé de
lui, et quand on l'a pour protecteur.
3. L'histoire de ces
démoniaques que le Seigneur guérit
nous fait voir que le démon exerçait
alors sa puissance sur les hommes; mais que
Jésus-Christ était venu pour lui
ôter cette puissance et pour détruire
son règne. À l'égard de ce qui
arriva aux pourceaux qui se
précipitèrent dans la mer,
après que les démons furent
entrés dans leur corps par la permission de
Jésus-Christ, il faut considérer que
cette perte fut une épreuve et un
châtiment pour les habitans de ces
quartiers-là. Notre-Seigneur voulut aussi
faire voir que cet homme, qu'il venait de
guérir, était véritablement
possédé; il montra encore par
là qu'il avait le pouvoir de commander aux
démons, et que ces mauvais esprits ne
pouvaient rien faire que par sa permission. Tout
cela devait convaincre les hommes de
l'autorité divine de Jésus-Christ,
les instruire du but de sa venue au monde, et les
persuader de la vérité de sa
doctrine.
CHAPITRE
IX.-
Jésus-Christ
guérit un paralytique.
Il appelle saint Matthieu à
la charge d'apôtre,
et il répond à ceux
qui se scandalisaient de ce qu'il mangeait avec les
pécheurs.
Il répond aussi à ceux
qui lui demandaient pourquoi ses disciples ne
jeûnaient pas comme ceux de Jean-Baptiste.
il guérit une femme qui avait
une perte de sang
il ressuscite une jeune fille,
il rend la vue à deux
aveugles,
et il délivre un homme
possédé du démon et muet.
Enfin, il exhorte ses disciples
à prier Dieu d'envoyer des personnes qui
travaillassent à la conversion des peuples.
I. 1-8; Il. 9-13; III. 14-17; IV. 18-34; V.
35-38.
RÉFLEXIONS.
IL y a deux réflexions
à faire sur la guérison du
paralytique. L'une, que Notre-Seigneur eut
égard à la foi de cet homme et de
ceux qui le lui présentaient; ce qui nous
montre que c'est par la foi et par un humble
recours a Jésus-Christ que nous pouvons
avoir part aux effets de sa grâce. L'autre,
que puisque Jésus-Christ
avait non-seulement le pouvoir de guérir les
malades, mais aussi l'autorité de pardonner
les péchés, nous devons le regarder
comme notre juge et nous mettre en état
d'obtenir de lui la rémission de nos
offenses par la repentance et par la foi.
2. Ce que Jésus
répondit à ceux qui trouvaient
mauvais qu'il mangeât avec les péagers
et les gens de mauvaise vie, nous apprend qu'il est
venu au monde pour sauver les pécheurs; mais
que le but de sa venue est aussi de les amener
à la repentance; et qu'ainsi, sans
l'amendement, on ne saurait parvenir au salut.
3. Il faut considérer que si
Jésus-Christ n'assujettissait pas ses
disciples à des jeûnes
réglés, tels qu'étaient ceux
des disciples de Jean-Baptiste, ce n'était
pas que sa doctrine sur cet article fût
différente de celle de son
précurseur, ni qu'il condamnât les
jeûnes; il les a recommandés par son
exemple et par ses préceptes; et il appelle
ses disciples à vivre dans la mortification,
et non dans l'aise, et dans les plaisirs. Mais il
en usait ainsi par la même raison qu'il ne
menait pas lui-même une vie aussi
retirée et aussi austère que
Jean-Baptiste; et parce que son ministère
l'obligeait à aller de lieu en lieu et
à se rencontrer avec toutes sortes de
personnes (Matt. IV. et VI. 16. et XVII. 21.). Au
reste, il déclare que dans la suite ses
disciples seraient appelés non-seulement
à jeûner, mais à souffrir ce
qu'il y avait de plus fâcheux; et que s'il ne
les exposait pas encore à ces rudes
épreuves pendant qu'il était avec
eux, c'était parce qu'ils n'auraient pas pu
les supporter; c'est ce qu'il représente par
la comparaison d'un vieux habit et des vaisseaux
à vin.
4. On voit dans la guérison
de cette femme qui était malade depuis douze
ans d'une perte de sang, que Notre-Seigneur
guérissait les maladies les plus
invétérées et les plus
incurables; surtout on doit y remarquer
l'humilité et la foi admirable de cette
femme, qui, n'osant pas s'adresser à
Jésus, était persuadée que si
elle pouvait seulement toucher son habit, elle
serait guérie; ce qui lui arriva aussi comme
elle l'avait cru. Cet exemple montre que, quand on
a recours à Jésus-Christ avec une
profonde humilité et une ferme confiance, on
obtient infailliblement les effets de sa
miséricorde.
5. La résurrection de la
jeune fille à qui Notre-Seigneur rendit la
vie, prouve qu'il ne guérissait pas
seulement les malades, mais qu'il rendait
même la vie aux morts; cela doit nous
convaincre pleinement qu'il était
envoyé de Dieu et nous confirmer dans
la croyance et dans l'attente de
notre résurrection. 6. Il est dit, sur la
fin de ce chapitre, que Jésus-Christ voyant
que le peuple qui le suivait manquait d'instruction
et de bons conducteurs, en eut pitié, et
qu'il exhorta ses disciples à prier le
maître de la moisson qu'il poussât des
ouvriers dans sa moisson. Ces paroles, qui marquent
la grande bonté dont notre Seigneur
était animé, doivent nous inspirer
les mêmes sentimens de compassion en faveur
de ceux qui sont dans l'égarement, et nous
exciter à prier Dieu qu'il envoie en tous
lieux de fidèles ministres qui travaillent
efficacement à la conversion des hommes et
à l'établissement de son
règne.
CHAPITRE
X.-
On voit dans ce chapitre,
1. La vocation et les noms des douze
apôtres.
2. Les ordres que
Jésus-Christ leur donna lorsqu'il les envoya
la première fois annoncer la venue du
règne de Dieu dans la Judée. Il leur
dit qu'il s'élèverait de grands
troubles dans le monde à l'occasion de
l'Évangile, et qu'on les
persécuterait; mais il les assure de la
protection de Dieu, il leur propose son exemple, il
les exhorte à ne point craindre les hommes,
et à ne craindre que Dieu seul; il
déclare ce qui arrivera à ceux qui le
confesseront ou qui le renieront devant les hommes;
enfin, il promet de récompenser ceux qui
recevront ses disciples et qui leur feront du bien.
I. 1-4; II. 5-42.
RÉFLEXIONS.
JÉSUS-CHRIST choisit
autrefois les apôtres, pour être les
témoins de sa vie, de sa prédication
et de ses miracles; pour annoncer l'Évangile
et pour faire aussi des miracles,
premièrement parmi les Juifs, et ensuite par
tout le monde. Puisque le Seigneur les avait
choisis et que leurs noms ont été
conservés dans les livres sacrés,
leur mémoire doit être en
bénédiction dans l'Église, et
nous devons au reste les imiter dans leurs vertus
et nous soumettre à la doctrine qu'ils ont
enseignée, tant de vive voix que par leurs
écrits.
2. Jésus-Christ
défendit alors aux apôtres d'aller
vers les payens et vers les Samaritains, et il leur
ordonna d'annoncer l'Évangile aux Juifs
seuls, parce que le temps n'était pas encore
venu auquel les apôtres devaient aller par
toute la terre. Ce fut pour la
même raison qu'il leur dit de ne prendre
aucune provision pour le chemin; cela
n'était pas nécessaire alors,
puisqu'ils n'allaient pas bien loin et que leur
voyage devait être court, le but de cette
première mission des apôtres
n'étant que de répandre plus
promptement parmi les Juifs la nouvelle de
l'approche du règne de Dieu. Jésus
voulait aussi leur apprendre par là à
se reposer sur la providence.
3. Les instructions que
Notre-Seigneur donna aux apôtres montrent que
ceux qui prêchent l'Évangile doivent
le faire d'une manière
désintéressée, avec beaucoup
de prudence, et avec zèle et hardiesse, sans
craindre les hommes ni la mort.
4. Il nous apprend que sa doctrine
n'est reçue que par des gens qui ont le
coeur bon et un esprit paisible et doux; que c'est
aux personnes de ce caractère que les
ministres de l'Évangile doivent s'attacher;
que quand ils rencontrent des gens qui ne veulent
pas les recevoir, ils doivent se retirer; et que
ceux qui auront ainsi rejeté les offres de
la grâce de Dieu seront punis de la
manière la plus rigoureuse.
5. On a dans ce discours de
Jésus-Christ une forte preuve de la
divinité de la religion chrétienne,
en ce que les apôtres qui l'ont
annoncée et ceux qui l'embrassèrent
les premiers ont été exposés
à diverses persécutions, et qu'ils
ont scellé de leur sang la
vérité de l'Évangile et la
sincérité de leur témoignage.
6. On peut faire ici diverses
réflexions très-utiles, et
principalement les suivantes: Que ceux qui font
profession de la vérité et de la
piété sont souvent haïs et
persécutés, mais que Dieu les assiste
d'une façon particulière; qu'il ne
faut pas craindre les hommes qui ne peuvent nuire
qu'au corps, et qu'on ne doit craindre que Dieu
seul qui peut jeter le corps et l'âme dans la
géhenne; que les chrétiens doivent
faire une profession ouverte de leur foi devant les
hommes, même au péril de leur vie;
qu'il s'élève souvent des troubles et
des divisions dans le monde à l'occasion de
l'Evangile, mais que cela n'arrive que par la faute
des hommes; que les chrétiens doivent
être prêts à renoncer à
ce qu'ils ont de plus cher en ce monde pour suivre
Jésus- Christ; et enfin que Notre-Seigneur
récompensera abondamment la
piété et la charité de ceux
qui auront reçu ses disciples et qui les
auront assistés.
Toutes ces considérations
tendent à nous animer à faire une
profession sincère et constante de la
religion de notre Sauveur, à en pratiquer
tous les devoirs, et à exercer avec plaisir
les oeuvres de charité.
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