Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE  (Jean 17.17)
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TA PAROLE EST LA VERITE
(Jean 17.17)
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L'APPEL DU GRAND NORD-OUEST CHINOIS
LE KANSU ET LES PROVINCES LOINTAINES

CHAPITRE XIV
Les Salars de la frontière thibétaine.

 C'est un merveilleux pays que cette frontière avec sa population de Musulmans, de Thibétains et d'indigènes sous la domination chinoise. Le petit endroit où nous passâmes le dimanche est une ville fortifiée avec un gouvernement officiel. Nous trouvâmes là une famille de missionnaires, pionniers solitaires, ne dépendant d'aucune organisation, aimant le Seigneur et le peuple et ne se préoccupant pas des sacrifices que cette vie entraîne pour eux. Vivant dans les trois petites chambres d'une maison indigène, la mère nourrissait son bébé âgé d'un mois, s'occupait du ménage, soignait les trois autres enfants, recevait des visites, distribuait des remèdes et dirigeait les cultes chinois comme si la prédication de l'Évangile eut été son unique occupation. Son mari, bien que prenant sa part de tout ce travail, s'occupait plus spécialement des Thibétains. Le dimanche, la petite chapelle se remplissait d'un auditoire attentif.
La grande difficulté était de terminer les réunions, car les gens attendaient toujours, désireux d'écouter encore et de chanter davantage. Un homme, à l'aspect distingué et intelligent nous intéressa spécialement; c'était leur professeur thibétain, appartenant à une branche de la Secte Rouge, dont les membres sont appelés Bonzes, reconnaissables à leur extraordinaire chevelure qu'on ne touche jamais et qui croit sans aucune entrave. Elle est portée en un lourd rouleau au-dessus de la tète, protégée de la pluie et de la poussière par une sorte de bonnet de bains. Ce prêtre paraissait porter un grand chapeau, car ses cheveux débordaient tout autour de sa tête et il fut assez aimable, eu se séparant de nous, de retirer son bonnet afin de, nous montrer son étonnante chevelure. Elle n'avait jamais été ni lavée, ni coupée, ni peignée et présentait l'aspect, de ficelles emmêlées qui, étant toujours enroulées, avaient l'air d'un câble de navire. Cette espèce de câble était presque aussi gros que le bras d'un homme et touchait presque la terre bien qui, leur propriétaire fut grand. Cette chevelure formait l'orgueil et la gloire de ce prêtre, bien qu'il essayât de prendre un air modeste en la recouvrant de sa coiffure. Cet homme aimable et bienveillant était d'un grand secours pour les missionnaires, il semblait aimer les enfants d'un amour qui était réciproque.

Combien il est impossible à nos amis en Angleterre de se représenter la vie de cette famille dans la solitude d'un tel milieu. La mère n'avait pas vu une femme européenne depuis plus d'un an et les enfants n'avaient ni école, ni compagnons de jeu, ni endroit pour s'ébattre, sauf la petite cour derrière la maison. Cependant, dans cette demeure inconfortable, ces amis sont aussi joyeux et confiants qu'il est possible de l'être. Ils aiment les indigènes et leur travail, mais par dessus tout ils aiment Celui au Nom duquel ils sont venus s'établir en cet endroit, et le Seigneur leur donne bien des sujets d'encouragement.

Mais ensuite, quel contraste frappant entre la splendeur de la nature dans laquelle nous poursuivions notre route et l'humble Maison missionnaire que nous venions de quitter et dont les habitants ne se lassaient pas de prier et de demander à Dieu du renfort. Nous montions toujours plus haut jusqu'à un plateau verdoyant où quelques Thibétains paissaient leurs moutons; puis, en montant encore, nous aperçûmes un spectacle merveilleux, une vision inoubliable de hauteurs et de profondeurs enveloppées dans un brouillard épais et mystérieux qui descendait du sommet que nous avions atteint; pas un être vivant, pas une habitation, rien que de hautes cimes surgissant de cette mer de brouillard, avec des vallées dans le fond et plus loin une rivière gelée. C'était un endroit propice au recueillement et à l'adoration.

Quelques heures plus tard nous écrivions dans notre journal :
« Nous voilà redescendus dans la plaine par des chemins impossibles à décrire; comment nous avons pu, sans avoir des ailes, franchir certains de ces passages dangereux ou contourner certains coudes où l'étroit sentier à nos pieds se déroulait comme les spirales d'un tire-bouchon, je l'ignore!
Avec un précipice vertigineux d'un côté et des parois d'argile rougeâtre de l'autre, il me fallait tenir ma pensée fixée sur les teintes exquises du paysage pour échapper à la conscience du danger.
Nous étions reconnaissants envers les muletiers qui se tenaient à la tête de leurs bêtes, spécialement lorsque la mule de derrière semblait glisser sur la litière en avant et qu'on n'apercevait plus que la queue, de celle de devant. »

Et maintenant nous arrivions dans la spacieuse, vallée du Fleuve Jaune qui forme déjà, quoique si près de sa source, une imposante masse d'eau. En contemplatif ces terrains fertiles arrosés par les méandres du fleuve, nous comprenions les raisons qui avaient décidé les Salars à s'établir ici depuis plus de cinq cents ans. Ils représentent les Turcs de la Chine, venus de Samarcande d'où ils furent chassés, à ce que l'on raconte, à cause de leurs instincts turbulents et voleurs.

Le courage et la détermination ne leur manquaient pas, car ils eurent à traverser les parties les plus sauvages de l'Asie centrale en suivant la Grande Route jusqu'à Kanchow, puis, vers le Sud, à Sining, toujours en quête d'un endroit convenable pour s'y arrêter. L'étoile qui les guidait était représentée pour eux par une bouteille d'eau et une boite renfermant de la terre, offertes par un grand prêtre, descendant de Mahomet, qui les avait bénis avant leur départ de Samarcande et leur avait dit : « Conservez-les soigneusement et quand vous trouverez une vallée dont la terre et l'eau seront semblables à celles-ci, alors établissez-vous là et multipliez-y, car ce sera l'endroit que Dieu a choisi pour vous ». Les Salars emmenaient avec eux un chameau blanc qui était considéré par eux comme un heureux présage pour leur avenir.

Ce chameau les avait accompagnés jusqu'à ce que la caravane eût atteint et traversé le Fleuve Jaune et se fût, arrêtée dans cet endroit romantique où Ils avaient organisé leur halle du milieu du jour. Le fleuve coulait à leurs pieds, des rochers abrupts se dressaient de chaque côté de la vallée et des pies neigeux s'apercevaient au loin.
Aucune ville n'existait alors à l'emplacement qu'occupe aujourd'hui Sünhwa. La vallée était silencieuse et déserte. Tout à coup un cri s'éleva parmi les Salars :
« Le chameau blanc n'est plus là! Où peut-il être ?»

La bête avait en effet disparu et on la chercha en vain d'un bout à l'autre de la caravane. Tandis que les chefs discutaient entre eux sur la raison d'être d'un tel événement, ils se souvinrent tout à coup de la bouteille d'eau et de la boîte de terre qu'ils se mirent à examiner. La terre ayant été reconnue identique à celle de cette vallée et l'eau pareille à celle du fleuve, la question fut résolue pour eux. C'est là qu'ils devaient s'établir.

Comme pour confirmer cette décision, le chameau blanc leur apparut se profilant sur les rochers. On peut encore aujourd'hui, nous fut-il dit, apercevoir les contours de l'animal sur une pierre plus claire que les autres.
Les Salars se sont donc établis le long du fleuve, disséminés en huit tribus qui se subdivisent en Kokandi, Samarkandi et Tashkandi. Ils sont aussi féroces et maraudeurs que par le passé.
Leur ancienne passion pour la guerre a encore été alimentée par leurs continuelles escarmouches avec les Thibétains, sans parler du terrible rôle qu'ils jouèrent dans les révoltes des Musulmans contre la domination chinoise. Maintenant encore, leur dicton : « Il faut un Salar pour gouverner les Salars », est resté populaire. et même pour celui-ci la tâche est difficile.

Pendant que nous séjournions parmi ce peuple aux traits réguliers, aux grands yeux noirs, au teint clair et qui parle un jargon plutôt turc que chinois, il nous semblait revoir les peuplades de l'Asie Mineure. Quelques-unes des femmes sont réellement belles et leurs enfants paraissent intelligents.
Nous fûmes frappés du grand nombre de leurs mosquées et de leurs écoles, bien conditionnées même dans les campagnes, mais ce ne fut que plus tard que nous comprîmes à quel point ce peuple est désireux de s'instruire.

Dans un journal turc publié à Constantinople, le missionnaire musulman Abdul Aziz donne beaucoup de détails sur les communautés mahométanes en Chine. Il parle des Salars comme étant, plus avancés dans l'instruction et dans l'industrie que, leurs voisins musulmans et attire l'attention sur leurs sommaires fameux, les capacités de leurs professeurs et le bon renom de leurs scribes.

La grammaire, les lois, la logique, l'interprétation du Coran sont enseignées dans leurs écoles par des livres arabes importés des Indes. Ils régissent leurs propres lois et sont d'habiles agriculteurs ; ils exploitent aussi le coton, la soie et le cuir en vue de l'exportation.

Ces Turcs laborieux et inlassables, dit-il, ont obtenu en Chine des positions importantes. Plusieurs d'entre eux ont visité la Terre Sainte, le Hedjaz et la glorieuse patrie de Mahomet. M. Abdul Aziz avait rencontré à Kuldja un savant Salar très distingue, qui avait résidé en Égypte et à Constantinople et avait visité la Mecque. Sa dignité et son intelligence impressionnèrent le prêtre musulman qui parlait plus tard du privilège qu'il avait eu à faire sa connaissance. Sa demeure, disait-il, était fréquentée par les hommes les plus éminents de la ville; il répondait, à leurs questions avec une grande sagesse; la distinction et la simplicité de son langage prouvaient sa parfaite connaissance de l'arabe, du persan et de l'ancien turc. Il fascinait tous ceux qui l'écoutaient par ses discours inspirés de Platon. Le désir intense de cet homme était l'amélioration des écoles et des séminaires musulmans. « Dernièrement encore, avouait-il, je croyais avec vous que nos institutions et nos principes d'éducation étaient parfaits, mais mes voyages m'ont démontré que nous devons réformer nos méthodes. J'ai visité à Constantinople et en Égypte des librairies célèbres, remplies de livres nouveaux dont nous aurions un urgent besoin. J'ai obtenu les programmes de ces universités et je désire les voir appliqués pour le perfectionnement de nos écoles. Sitôt de retour chez moi j'espère inviter tous les musulmans lettrés afin d'attirer leur attention sur ces programmes et de chercher avec leur concours à réformer nos écoles et nos séminaires. Si nous arrivons à réaliser ce projet, nous conduirons fous les musulmans chinois dans la bonne voie. »

Il suggérait ensuite trois projets que les Salars du Kansu devraient adopter : après avoir amélioré les écoles, ils feraient venir des professeurs de Constantinople et des Indes, ainsi qu'une presse à imprimer afin d'éditer eux-mêmes les livres nécessaires et de publier un journal national pour encourager le peuple a s'instruire. « Si nous pouvons réaliser ce plan, ajoutait-il avec confiance, les musulmans chinois acquerront une meilleure position; et je crois avoir raison d'espérer que le gouvernement chinois, si cela est nécessaire, encouragera cette entreprise et lui prêtera son assistance. »

Une génération s'était écoulée entre le retour de cet homme distingué au Kansu et notre arrivée dans cette partie de la province. Vivait-il encore et les réformes qui lui tenaient tant à coeur avaient-elles été accomplies ? Je ne pense pas que dans tous ses voyages ce savant ait rencontré quelqu'un pour lui parler de la vie éternelle ; et encore aujourd'hui, dans ce beau pays des Salars, il n'existe aucun témoin de l'amour de Dieu en Christ.

C'était cette réflexion qui étreignait nos coeurs, tandis que nous traversions le fleuve, en face de la ville de Sünhwa, et que nous avancions du côté des montagnes sur lesquelles les Thibétains ont été refoulés.
Les vallées qui, de ces montagnes, se dirigent vers le sud sont d'une magnificence qui dépasse toute description, spécialement dans certains passages où elles atteignent treize mille pieds d'altitude.
Peu de voyageurs étrangers fréquentent cette route, M. Ridley lui-même et nos muletiers ne la connaissaient pas, aussi, en nous mettant en route, par cette matinée de mars, ignorions-nous complètement ce qui pourrait nous arriver. « Nous avons quitté le Fleuve Jaune, écrivait, le soir, l'un de nous, et avons suivi l'un de ses affluents. Tout le jour nous avons ascensionné jusqu'à ce que nous ayons atteint la limite des neiges, passant à côté de champs irrigués, de belles mosquées, de fermes isolées, d'une petite ville et de quelques sépultures thibétaines assez remarquables. Et dans le fond du paysage, quelle merveilleuse vision des cimes neigeuses perdues dans les nuages avec des vallées noyées dans la brume! Des sentiers escarpés longeaient ces dernières, jusqu'aux habitations indigènes.

Tout le long du voyage, nous avons rencontré cette race thibétaine si pittoresque dans ses accoutrements bizarres, hommes au bonnet de fourrure pointu, femmes aux tresses flottantes, prêtres vêtus de rouge avec des rosaires de lourdes perles, vieillards récitant leurs longues prières monotones.

Un jeune couple attira spécialement, notre attention; l'homme était grand, d'allure dégagée et portait une écharpe de soie pourpre enroulée autour de sa tête, la femme détournait timidement les yeux. Elle était vêtue d'une peau de mouton neuve retenue par une ceinture, ses longs cheveux étaient tressés en une quantité de nattes couvertes d'une étoffe rouge qui retombait comme un voile depuis le front; elle paraissait heureuse et florissante et nous donnait l'impression d'une aimable personne. Une autre fille s'approcha de nous lorsque nous repartions après le repas, ses cent huit nattes étaient réunies en deux longues tresses et son soupire était gai et attrayant.

Ces femmes thibétaines m'attirent beaucoup et quand on se représente la somme d'amour et les services qu'elles pourraient rendre à Celui qui donna Sa vie pour leur salut, quel Intense, désir nous éprouvons de les gagner à Christ! Nous cheminions dans la neige à ce moment-là, la dernière auberge était loin derrière nous et nous cherchions à découvrir un gîte pour la nuit, mais bien qu'avançant toujours malgré le froid et la fatigue, ni aucun village n'apparaissait à l'horizon.

En réalité, nous avions atteint une altitude où nous ne pouvions plus espérer rencontrer même une cabane de berger. Rien que des sommets de montagnes; tout autour de nous, c'étaient ces pics neigeux qui nous avaient paru si splendides depuis le fond de la vallée et qui, maintenant que nous y étions parvenus, revêtaient un aspect sévère et inhospitalier. « L'auberge est-elle encore loin d'ici? », demandâmes-nous à un homme qui redescendait. « Pas trop, pas trop et la route est bonne », fut la réponse plus polie que vraie.

Cette «bonne route» se rétrécissait tellement qu'elle finissait par devenir un sentier perdu dans la neige. Plus loin nos mules rencontrèrent des champs de glace sur lesquels elles glissaient sans cesse, puis un sentier à pic parmi les rochers et les pierres, mais le passage se trouvait devant nous, et, depuis le sommet nous allions apercevoir un endroit pour y passer la nuit. L'un après l'autre, atteignîmes la cime, formant un groupe silencieux. S'il n'avait pas fait si froid et si sombre, la vue eût été superbe, mais en de telles circonstances notre courage défaillait

Aussi loin que l'oeil pouvait voir, aucune maison n'apparaissait, rien que de la neige, du brouillard et des abîmes ténébreux où des précipices descendaient à porte de vue. La vallée elle-même semblait se perdre parmi ces pies. Il nous fallait descendre, mais comment y parvenir ? Nous n'en savions rien. La descente fut impossible à décrire et nos sentiments le furent aussi lorsque nous découvrîmes, après avoir marché longtemps parmi les rochers et la neige, que ce sentier au lieu de nous amener au but recommençait à monter à perte de vue. Le vrai chemin se trouvait devant nous, et le premier n'avait été qu'un moyen d'y arriver.

« Voici, Je suis avec vous tous les jours. » Combien cette assurance nous était précieuse alors que nous devions regrimper vers les hauteurs, cherchant un refuge à travers l'ombre toujours plus épaisse. La descente sur l'autre versant fut raide et difficile, la vallée en dessous de nous nous apparaissait plus profonde encore que celle que nous venions de quitter, mais hélas ! aucun vestige d'habitation ne venait réjouir notre vue ! Devant nous se déroulait toujours le même lugubre tableau : rien que des rochers, de la neige, du brouillard et des ténèbres. Mais nous étions conscients d'une Présence qui respirait la paix.

Trébuchant et glissant sur des champs de neige aussi inclinés que le toit d'une maison et qui s'étendaient sur des centaines de pieds nous descendions toujours. Les mules nous suivaient, transportant nos litières vides et c'est encore un mystère pour nous de savoir comment ces bêtes parvinrent à descendre ce chemin tortueux. Il faisait si obscur maintenant que nous pouvions à peine distinguer le sentier, et nous avions presque oublié, dans le péril du moment, comment nous passerions la nuit... Aussi avec quel immense soulagement nous découvrîmes enfin, cachée derrière un repli de la montagne, une auberge où nous trouvâmes de la nourriture pour nos bêtes et un grand feu pour nous sécher!
Le lendemain, nous arrivions dans la magnifique plaine de Hochow.


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CHAPITRE XV
Les fils d'Ismaël.

Les actifs, remuants et, tapageurs qui habitent près de la porte est de Hochow, ne sont pas des Salars. Devant l'excitation fébrile de tous ces gens, on pourrait croire qu'une foire spéciale a lieu, qui va leur fournir une occasion unique de faire fortune, mais ce marché, situé en dehors de la porte, se renouvelle tous les jours. Pour échapper à la foule et obtenir une vue d'ensemble plus étendue, nous escaladons la muraille de la ville, déserte à cette heure, et d'où nous pouvons voir sans être vus.

Bien qu'ils ne soient ni Salars, ni Turcs, ces gens sont des descendants d'Ismaël. Les établissements des Salars sont derrière nous, le long du Fleuve Jaune, tandis que cette ville de Hochow est formée d'un élément très différent, venu primitivement d'Arabie. La ville elle-même est chinoise et aucun Mahométan ne peut résider à l'intérieur de ces murailles, mais la population des faubourgs est en grande partie musulmane. Plus loin, dans les montagnes, se trouve, une autre race également musulmane descendant des indigènes de la province qui furent convertis à l'Islam par la pointe de l'épée. Plus au nord, comme nous l'avons vu, les aborigènes conservent leurs anciennes croyances, mais, ici, cette branche de l'arbre primitif isolée par le Fleuve Jaune, ne pouvait faire autrement que de se soumettre lorsque les adeptes du Prophète s'emparèrent de la plaine.

Parmi cette foule, on distingue bien vite grâce à son extérieur très spécial, peuple à l'aspect robuste et malpropre, dû en bonne partie à sa rude vie dans les montagnes, et qui diffère entièrement des Musulmans des faubourgs qui sont lettrés ou commerçants.

Comment peut-on expliquer l'extraordinaire habileté et l'intelligence des Musulmans comparée à celle des Chinois? Leur sagacité en fait de commerce est devenue proverbiale et on citera fréquemment ce proverbe : « Un Thibétain peut manger un Mongol et un Chinois peut manger un Thibétain, mais un Huei-Huei (Musulman) peut manger l'un et l'autre », et encore celui-ci : « Un Chinois réveillé ne vaut pas un Huei-Huei endormi ». Les Musulmans sont en effet toujours en éveil et leur but semble être de surpasser tout. le monde, comme profits et supériorité.

Mais d'où est venue cette race si différente des autres, disséminée, dans toutes les provinces de la Chine ?

Comment se sont-ils introduits en Chine et que se cache-t-il derrière la haine et la méfiance avec lesquelles ils sont considérés? Pendant des siècles, ils ont vécu côte à côte avec les Chinois tout en restant aussi séparés d'eux que de l'huile et de l'eau, ou, pour mieux dire, que de l'eau et du feu.

Les relations entre la Chine et l'Arabie datent de loin et peuvent être racontées brièvement dans les lignes suivantes : au commencement, les Chinois considéraient les Arabes comme de simples aventuriers qui arrivaient par mer dans les ports de Canton et de Hangchow.

Ceci se passait avant la naissance de Mahomet, vers le Ve siècle, alors que le commerce d'exportation de la Mecque était déjà énorme. Hira sur l'Euphrate, au sud de Babylone, était en ce temps-là un port important, des jonques étranges venues de Chine y arrivaient fréquemment et des récits sur leur navigation sont encore, conservés dans les annales de la dynastie de Yang, cette époque brillante dans l'histoire de la Chine, A. D. 618-907 et qui est contemporaine du point culminant de la puissance mahométane. L'histoire de la première ambassade arabe venue en Chine appartient à cette époque; ou suppose qu'elle a eu lieu pendant, la vie du prophète. Atterrissant, à Canton la délégation se mit en route pour la capitale Sian où elle fut reçue avec faveur. Elle apportait avec elle, pour le remettre à l'Empereur, un portrait de Mahomet en lui expliquant qu'il ne fallait pas l'adorer. L'histoire mentionne ensuite une nouvelle ambassade dont les membres, au lieu de retourner chez eux, préférèrent pour la plupart, demeurer en Chine. Ils entreprirent avec leurs chefs un long voyage de retour par terre ferme à travers cette province et se séparèrent les uns des autres sur la Grande Route. « Huei'chu, huei'chu », leur disaient leurs chefs, ce qui veut dire dans leur langue : « Retournez, retournez ».
C'est ainsi que ce mot de Huei-huei est devenu le surnom de ce peuple en Chine.

Lorsque ces « Huei-Huei » s'établirent à Sian, une difficulté s'éleva quant à la manière dont ils fonderaient un foyer. Plusieurs jeunes filles auraient été libres de les épouser, mais leurs familles appréhendaient les pires catastrophes si elles s'alliaient à ces étrangers. Ce fut l'Empereur qui trancha la difficulté; il organisa des représentations théâtrales qui devaient avoir lieu au palais. Une journée rut spécialement réservée aux jeunes filles et, ce jour-là, les Huei-huei s'étant cachés, attendirent le signal qui devait leur permettre de capturer chacun son épouse. Le plan réussit, et les citoyens qui s'y étaient opposés furent ainsi obligés de recevoir les Arabes dans leurs familles.

Plus tard le prestige de ces émigrants arabes augmenta à cause des nouvelles de leurs marches victorieuses. Un siècle à peine s'était écoulé depuis la naissance du prophète que l'Empire mahométan s'étendait déjà depuis l'Atlantique jusqu'aux rives de I'Indus et à Kashgar, et ces merveilleux exploits pas ignorés des successeurs de T'ang. De son côté, l'Empire chinois s'étendait sur les pays Ouest de la Chine proprement dite. jusqu'aux frontières de la Perse. C'est aux Chinois que la Perse demanda du secours lorsque l'épée victorieuse de l'Islam la menaça à son tour. La Chine ne pouvait faire grand'chose pour la Perse; dans cette extrémité, elle envoya une aux Arabes vainqueurs, autant pour se rendre compte de leurs forces et, de leurs intentions que pour plaider la cause de la Perse, parmi les étrangers qui résidaient alors à Sian.
La Chine, plus tard, devait se trouver assujettie avec les Arabes sous la domination des Khans, ces conquérants qui fondèrent la dynastie des Yüen (1260 - 1368)

Aucun autre fait dans l'histoire de l'Islam, raconte T.-W. Arnold, ne peut être comparé à la terreur et à la désolation apportées par la conquête mongole lorsque « comme unie avalanche les armées de Yenghis-Khan se précipitèrent à travers les campagnes musulmanes et les transformèrent en déserts et, en ruines informes ». Yenghis-Khan épargna les intellectuels et les artisans qui pouvaient être utiles à son peuple; ses descendants prirent ces hommes à leur service et, se choisirent parmi eux des ministres, des gouverneurs, des généraux, des docteurs et dos astronomes, fous mahométans. C'est ainsi qu'à de Marco Polo et de Raymond Lulle, beaucoup de mahométans occupaient des positions importantes dans tout l'Empire chinois.

Se mêlant aux descendants de leurs premiers pionniers établis là depuis le Ve et le VIIIe siècle, ils se formèrent en larges communautés, mettant souvent leur intelligence et leurs dons au service du gouvernement chinois.
Des mosquées furent érigées et le commerce se développa par mer et par voie de terre, plusieurs corporations arabes venant apporter leurs marchandises sous le nom de tribut.
Avec le commencement de la récente dynastie mandchoue (1644-1912), un changement remarquable se produisit dans les relations jusqu'alors plutôt pacifiques des Chinois et des Musulmans. À ce moment-là, des troubles éclatèrent dans la province dit Kansu et de là s'étendirent plus loin; cet état de choses s'est prolongé à intervalles plus ou moins longs jusqu'à nos jours. Dans ces rébellions, des millions de gens ont péri et, les atrocités commises par les Huei-Huei furent si terribles que leur nom est prononcé par les Chinois avec horreur.

La première de ces révoltes survenue quatre ans après l'avènement de la dynastie mandchoue, fut rapidement suivie par une seconde dans la même partie du Kansu, non loin de la capitale. Une troisième s'éleva également parmi les Salars en 1785. Trois nouvelles rébellions se succédèrent dans le Yünnan, province frontière de lit Birmanie, dont la première dura une année, la seconde deux arts et la troisième fut réprimée en 1840, au bout de six ans. Ceci nous amène au grand soulèvement du Yünnan qui, pendant dix-huit années (1855-1873), inonda la province de sang, et à la grande révolte du Kansu qui éclata au milieu de l'autre et dura trois terribles années de plus (1863-1816). Un million d'hommes périrent dans la révolte du Yünnan; le commerce fuit en grande partie anéanti, et la province n'a pas encore recouvré son ancienne prospérité.

Au Kansu, les ravages furent encore pires; la population réduite, affirme le colonel Bell, de quinze millions à un million, neuf Chinois sur dix ayant péri, et deux musulmans sur trois ! Des bandes de rebelles parcouraient la contrée et la détresse était si grande que l'on prétend que le cannibalisme régnait parmi eux.

Dans un voyage accompli par M. Bell à travers la contrée, il traversa des districts dans lesquels, sur de grands espaces, toutes les fermes étaient détruites et les terrains cultivables en bonne partie abandonnés. Les monceaux de ruines qui avaient si fort excité, notre curiosité dans la grande plaine de Liangchow sont la meilleure preuve de la haine si fortement enracinée que l'on respire dans l'atmosphère chargée d'électricité de cette province. Chinois et Musulmans. Thibétains et Musulmans vivent perpétuellement à couteaux tirés et même, lorsque cet état d'esprit n'apparaît pas à la surface, le danger d'un nouveau soulèvement n'est jamais écarté. Mais en dépit de tout l'intérêt que peut nous offrir l'histoire de ce Peuple, dans le passé comme dans l'avenir, nous sommes plutôt préoccupés par les grands besoins du moment présent. Pour nous, disciples du Christ, le fait principal consiste en ce que ces gens sont aujourd'hui facilement accessibles. Trois millions de Musulmans vivent dans cette seule province, dix à douze millions sont répandus dans tout l'Empire et, pour les évangéliser, peu ou point de missionnaires ne se préparent actuellement. Aucune Société n'est préoccupée spécialement de cet important problème et pas un homme, libéré de toute autre responsabilité, ne se consacre à cette oeuvre difficile entre toutes, de présenter Christ aux disciples de Mahomet. Quel défi jette une, ville comme celle-ci, la Mecque de la Chine, à l'Église chrétienne! Lorsqu'on envisage l'état politique, social ou religieux de ce pays, l'appel devient urgent, et le fardeau qui pèse sur le coeur de nos missionnaires est que, jusqu'à présent, presque rien n'a été lente pour modifier cette situation.

Considérons ce centre important de, la population musulmane, avec ses quatorze mosquées, ses écoles de théologie, ses professeurs connaissant les langues turques, arabes et persanes; ces milliers d'enfants élevés dans l'avarice et la ruse; ces femmes accablées des plus durs travaux, n'ayant ni liberté, ni droit, et pour ainsi dire pas d'âme.

La souffrance de ces créatures ne peut, être décrite et, pour leur apporter la Bonne Nouvelle de la Grâce de Dieu et la lumière divine dans leurs ténèbres, aucun missionnaire ne se présente. Dans la ville, M. et Mme Snyder, de l'Alliance Missionnaire, travaillent parmi les Chinois, mais ce fait même les éloigne des Mahométans qui considèrent un tel contact comme souillé et déshonorant pour eux. Il faudrait, pour atteindre ces gens, vivre de leur vie, dans leurs propres quartiers, et se conformer aux usages auxquels les Musulmans attachent une grande importance, en particulier s'abstenir de toute viande de porc.

C'est dans un but, pratique que nous attirons l'attention de nos lecteurs sur les besoins de ces millions de Musulmans du grand Nord-Ouest chinois. Ils sont accessibles, serviables souvent, mais mis en défiance par leurs querelles intestines et la haine que leur témoignent les autres sectes. Cependant ils sont vaguement conscients de ce qui manque à leur religion pour satisfaire les coeurs et résoudre les problèmes du nouvel état de choses qui existe actuellement en Chine. Emportés par le courant rapide de ces temps mouvements ces hommes cherchent à renouveler leur système religieux par une vie factice que ce système ne peut donner. Ils cherchent à contrebalancer leur manque de pureté et de puissance par une meilleure éducation et par une nouvelle impulsion de mysticisme et de spiritualité. J'ignore ce qui se passe dans le reste du vaste monde de l'Islam, mais en Chine des occasions spéciales s'offrent aujourd'hui aux missionnaires chrétiens.

L'Islam ne possède rien qui puisse satisfaire la conscience et le coeur, ni expiation, ni Sauveur. Il ne possède par conséquent aucun pouvoir moral pour relever le niveau de la vie individuelle ou collective dont la corruption est admise, comme jamais auparavant, par des Musulmans sérieux, en Chine et ailleurs. « Nous ne pouvons ressentir beaucoup de considération pour les femmes, écrivait un Musulman hindou qui avait pris ses grades à Oxford, avec un système qui permet à l'homme de prendre quatre femmes (il aurait pu ajouter que ce système autorise un concubinage illimité).

« La polygamie détruit chez nous la paix domestique et la moralité sociale.
« Nous ne pouvons pas avoir de base solide pour notre vie de famille, puisque nos femmes sont, laissées dans un étai d'ignorance absolue et deviennent la proie des pires superstitions. » Mais où est la puissance qui pourra changer le coeur des hommes et leur donner la volonté de libérer leurs femmes de cet esclavage dégradant, alors que leur religion les encourage à la licence dans ses formes les plus brutales et leur promet un paradis de sensualités suprêmes ? Des tragédies qui ne peuvent se raconter, se dissimulent souvent derrière les hautes murailles de plus d'une demeure musulmane.

Heureusement qu'ici, en Chine, les mariages ne sont pas si précoces que dans les autres territoires musulmans et le divorce n'y inspire pas la même terreur, bien qu'il puisse être accorde pour des offenses insignifiantes sur la demande du mari seulement. Dans une maison musulmane, en Égypte, un missionnaire fut attristé en constatant la souffrance et la crainte qui se lisaient, sur le visage d'une Jeune fille de quatorze ans. Il semblait qu'il y eût là quelque chose d'anormal, mais lorsqu'il lui en demanda la raison, il n'obtînt aucune réponse. Finalement un autre fille lui expliqua que le père était trop pauvre pour garder sa fille à la maison, et que l'enfant était dans l'angoisse parce que son père lui cherchait un troisième mari ; ses souvenirs de ses deux premiers époux étaient si affreux que la malheureuse appréhendait fort cette nouvelle épreuve. Nous ne pouvons entrer ici dans de plus amples détails; mais partout où règne la puissance de l'Islam, les jeunes filles ont à supporter des tortures sans nom. Eu Égypte, malgré l'influence anglaise, un docteur mahométan a certifié que les souffrances des femmes et des fillettes sont tellement entrées dans les moeurs que l'on n'y fait plus attention.

Abandonnant la femme à un tel esclavage et la livrant aux passions les plus basses de l'homme, l'Islamisme ne leur offre ni délivrance du péché, ni puissance capable de transformer leurs vies. Ses enseignements, quant à l'unité de Dieu et sa compréhension de Ses glorieux peuvent être admirables, mais comme le dit, le docteur Lessup, lorsqu'on examine de près ces superbes théories, elles s'écroulent dans la plus complète dégradation morale.
Lorsque vous regardez la bibliothèque d'une université, musulmane, vous rencontrez ce contraste sur chaque rayon.

Si vous feuilletez leurs livres sacres sur Dieu et, Ses attributs, Sa miséricorde, Ses compassions, Son omnipotence et Son omniscience, vous pourriez les assimiler à tout ce qui s'enseigne dans un séminaire sur les doctrines théistes, mais dans ces mêmes livres vous trouverez certains passages sur les traditions, de l'Islam qui ne peuvent être traduits à cause de leur bassesse.

Tel est le système que nous avons à combattre dans le Nord-Ouest chinois et cette lutte demande des hommes instruits autant, que pieux, et avant tout des hommes de prière et de foi, prêts à affronter les ennemis spirituels, retranchés dans les mosquées et derrière les règlements du Coran ; car la force de l'Islam ne réside pas dans sa croyance ou dans la bigoterie de ses adhérents.

Ces Musulmans du Kansu sont, nés combatifs et, peuvent devenir en certains cas des fanatiques dangereux ils disent avec fierté, : « Lorsqu'on est, un Huei-huei, on le reste toujours ». L'un disait à M. Andrew avec amertume : « Savez-vous et, que nous ferions à l'un des nôtres qui embrasserait votre religion Nous le tuerions ». Mais il existe quelqu'un de plus fort que « l'homme Fort et bien armé » ; et ceux qui savent continent, enchaîner le diable, par la foi à la suprême victoire, du Calvaire, peuvent pénétrer dans la maison de l'homme fort et piller ses biens. Un des aides dit pasteur Hsi dans la province du Shansi, un vieillard illettré, mais rempli de la divine avait coutume de dire en face d'une difficulté qui paraissait insurmontable : « Tout va bleu. Jésus est ressuscité des morts. » L'efficacité de ce fait glorieux qu'il expérimentait chaque jour était, le terrain sûr de ses victoires en toutes circonstances. Jésus est ressuscité des morts, tout ce qu'Il peut réclamer de nous est donc possible.

Ces millions de Musulmans en Chine sont un problème presque insoluble pour ceux qui les évangélisent.

Mais le Maître l'a commandé, Il est vivant et Il est sur le Trône. Cette certitude est suffisante pour celui qui est mi avec Lui dans Sa mort, Sa résurrection et dans hi place prééminente qu'Il occupe dans le ciel à la droite de Dieu.

Bien que ne voulant pas amoindrir les difficultés qu'impose un tel travail dans un tel milieu, nous ne voulons pas non plus les exagérer ni perdre de vue la victoire remportée, une fois pour toutes, lorsque le Fils de Dieu fut manifesté pour détruire les oeuvres du diable. À Hochow même, nous combattons un ennemi vaincu d'avance et qui n'ignore pas sa défaite. En substance, la Croix est déjà victorieuse et, quoiqu'il puisse y avoir bien des souffrances pour les serviteurs unis à leur Maître, le résultat éternel leur est assuré.

Nous ne pouvons douter de la volonté de Dieu à l'égard de ces millions de disciples du faux prophète, selon ces versets: « Dieu, notre Sauveur, qui veut que tous les hommes soient sauvés et parviennent à la connaissance de la vérité ». « Il y a un seul Dieu et un seul Médiateur entre Dieu et les hommes, Jésus-Christ, homme, qui s'est donné Lui-même en rançon pour tous ». (1 Tim. 2 : 3-6.)

Ceux qui suivent les directions de Sa providence, désireux d'être ouvriers avec Lui, ne peuvent faire autrement que de croire que l'heure est venue d'agir en Son Nom parmi les Bouddhistes et les Musulmans du Nord-Ouest. Voulez-vous, en participant à notre foi et à nos prières, regarder, avant de quitter la porte est de Hochow, ce terrain vague au milieu des maisons avoisinantes? Acquis par le docteur George King, de l'hôpital de Langchow, ce terrain est une promesse et une prophétie qui témoignent de la foi du docteur qui espère, avec l'aide de Dieu, y ouvrir bientôt un dispensaire. Connaissant la bigoterie du peuple, car il a eu l'occasion de parler à de nombreux auditoires musulmans dans ces mêmes rues, il est prêt à venir depuis Langchow, pour surveiller le travail qu'il confierait à ses meilleurs étudiants. Les femmes et les enfants pourraient avoir libre accès à ce dispensaire dont l'emplacement est retiré et tranquille et l'Évangile pourrait ainsi y être vécu et, annoncé.

Aucun bâtiment n'est encore en construction et aucun étudiant, homme ou femme, ne serait libre à Langchow pour entreprendre cette nouvelle oeuvre ; mais le terrain est acheté et nous avons toujours accès au Trône de la grâce. Ne prendrons-nous pas à coeur ce sujet de prières, afin que les fonds et les aides soient donnés pour cette population des faubourgs, des collines et de la plaine, y compris les Salars du Fleuve Jaune?
Beaucoup parmi eux ne seraient-ils pas préparés à recevoir là, plus que la guérison de leur corps?

Lorsque le docteur King vint avec M. Marc Botham pour la visite qui amena l'achat du terrain, ils vécurent des heures critiques dans leur auberge du faubourg, mais en même temps de belles occasions d'annoncer l'Évangile leur furent offertes. Le courage est nécessaire pour affronter un ici travail qui exige à la fois une grande endurance physique, un esprit toujours en éveil et de la puissance spirituelle; ce fut une courageuse initiative que celle d'annoncer une série de conférences publiques sur des sujets religieux, mais l'auditoire accouru leur démontra que leur foi n'avait pas été vaille.

Les discussions à l'auberge, où leur chambre se remplissait d'ardents antagonistes, devinrent tellement orageuses que l'aubergiste ferma les portes et que nos missionnaires furent obligés de continuer leurs discussions en plein air. Ils avaient apporté avec eux une forte lampe à acétylène qu'ils suspendirent à l'entrée d'une place où se groupa, même par la neige, Un auditoire de, cent à deux cents hommes.
Les sujets choisis étaient fort intéressants, les deux premières conférences sur Adam et Noé furent suivies d'une causerie médicale écoulée avec le plus vif intérêt.
Puis d'autres sujets furent traités sur Abraham. Moïse et David, et se terminèrent par le récit de la vie, de la mort et de la résurrection du Seigneur.

Les grands hommes de l'Ancienne Alliance ne sont pas Inconnus des Musulmans qui les considèrent comme des prophètes; ils connaissent aussi la vie de Christ qui est mentionnée dans le Coran sous le nom du prophète Ersa, mais Ils nient absolument que Jésus soit le Fils de Dieu, affirmant avec véhémence que Dieu ne peut pas avoir engendré de Fils. Ils nient également Sa mort sur la croix et, même le fait de Sa mort, prétendant que ce fut Judas qui souffrit à Sa place. « En réalité, disent-ils, on ne L'a pas crucifié. » Tels sont l'enseignement du Coran et la croyance, absolue de chaque Musulman sincère.
L'Islamisme s'enorgueillit beaucoup de la place historique qu'Il occupe dans le monde, car c'est la seule religion qui ait parti depuis l'ère chrétienne, qui nie la puissance de l'Evangile et qui se substitue à ses doctrines. Mahomet, disent-ils, fut un prophète plus grand et plus récent que le Christ et les révélations qu'il a reçues sont donc le dernier mot de Dieu. Et cependant, quoiqu'en se plaçant à ce point de vue, cette manière de voir puisse paraître plausible, cette religion sans Sauveur ne peut satisfaire les besoins des coeurs. « Il est très significatif de constater, dit le Docteur Wherry, des Indes, que l'histoire de la théologie musulmane démontre que l'hétérodoxie a, presque toujours été liée au désir d'avoir un Médiateur. » Ce besoin d'un Intercesseur, besoin qui ne peut pas se trouver satisfait par le fait que le prophète Mahomet se reconnaissait lui-même pécheur, cette question a surgi tout à nouveau au cours d'un remarquable mouvement survenu dans cette même province.

Son fondateur, Ma-Sheng-ren, était le grand Chef musulman tué lors du tremblement de terre de décembre 1920, mais la secte fondée par lui sous le nom de Djeheriya s'est répandue dans toute la Chine. « Une des différences essentielles, déclare Marc Botham, entre cette doctrine et celle des mahométans orthodoxes est, que ses adhérents sont profondément impressionnés par la nécessité d'un médiateur. Les autres mahométans désapprouvent cette secte, spécialement à cause de cette tendance. Pendant ma visite à Pékin en 19-21, j'ai visité la mosquée qui est le centre de ce nouveau culte dans ce district. J'y fus très cordialement reçu et l'ou m'y offrit l'hospitalité pour toute la durée de mon séjour dans la capitale...

Le chef spirituel de ce district me disait qu'il considérait leur secte comme étant celle qui, entre toutes les sectes musulmanes, se rapproche le plus de l'Évangile, par le fait qu'elle réalise que pour qu'un homme puisse pénétrer en la présence de Dieu, il lui faut un autre homme pour l'y introduire. J'ai toujours été bien accueilli par tes membres de ces communautés partout où je les ai rencontrés. « Il existe donc une expiation pour le péché, s'exclamait un prêtre musulman qui pour la première fois entendait l'Évangile, ces paroles sont pour moi plus douces que le miel ! »

Si beaucoup d'âmes dans ces profondes ténèbres prennent conscience de ce qui manque à leur salut, que devons-nous faire pour eux ? Nous répondons avec assurance : prier, beaucoup prier, afin que le travail du Saint-Esprit s'accomplisse, et aussi pour que beaucoup de missionnaires se consacrent aux Musulmans de la Chine, et que ce soient des hommes et des femmes qui non seulement aiment les âmes des pécheurs, mais aiment surtout la Croix.
La plus grande difficulté ne serait pas de trouver l'argent, une fois que les missionnaires, hommes et femmes, animés de cet esprit, se présenteront,
« Notre espérance est dans la Croix », écrivait un auteur dans le journal le Monde musulman et notre crainte est que nous ne cherchions à nous y dérober. Les Croisés ont renié la croix en prenant l'épée; l'épée, utilisée même comme moyen de défense, disait Kesley Page, implique l'essai de tuer le coupable pour sauver l'innocent. La Croix symbolise la bonne volonté de l'innocent de mourir pour le, coupable. » L'épée produit la brutalité, la Croix la tendresse; l'épée détruit la vie humaine, la Croix confère à la vie une valeur inestimable; l'épée attire la haine, la Croix attire l'amour. Celui qui prend l'épée périra par l'épée et celui qui prend la Croix héritera de la vie éternelle. En gagnant au Christ les terres musulmanes, l'appel s'adresse à des hommes et des femmes qui veulent suivre le chemin de la Croix, avec le même courage et le même abandon de soi-même qu'un soldat qui défend son pays.

L'Épée ou la Croix, la vie propre ou la vie de Christ, l'égoïsme ou le dévouement, des armes charnelles ou des armes spirituelles, telles sont les alternatives qui se présentent à nous. Les amis de Dieu, les vrais amis de l'humanité, qui partageront l'humiliation de la Croix, ne pourront être vaincus. La marque des clous et celle de la lance sont encore la suprême évidence de la puissance, de la résurrection de la divinité de Christ, et la preuve de notre vie chrétienne.

Cet appel s'adresse aux hommes et aux femmes qui veulent, s'offrir eux-mêmes ainsi que leurs biens pour ce service de sacrificateur.


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