Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE  (Jean 17.17)
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TA PAROLE EST LA VERITE
(Jean 17.17)
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L'APPEL DU GRAND NORD-OUEST CHINOIS
LE KANSU ET LES PROVINCES LOINTAINES

CHAPITRE XVI
« Si cela n'était pas. »

 Il est facile de se faire mal comprendre et de donner impression incomplète en décrivant brièvement les villes et les peuples qui sont sur nos coeurs. Le lecteur qui nous à suivis jusqu'ici ne réalise peut-être qu'imparfaitement combien notre Kansu, à certains points de vue, est misérable et peu attrayant. En hiver, lorsque la neige ne le recouvre pas, le pays revêt une teinte brune et monotone; les collines arides, de formation argileuse, ne produisent que de maigres récoltes à côté de celles des riches plaines des autres provinces. Les maisons et les murailles sont construites en boue de couleur brunâtre, de même que les routes; les habitants eux-mêmes, ainsi que leurs habits, seulement revêtir la même teinte foncée.

Ces villageois sont si pauvres que beaucoup d'enfants ne possèdent qu'un seul vêtement et sont obligés de s'entasser pêle-mêle sur leurs lits de briques, recouverts de duvets afin de ne pas geler complètement. À midi, lorsque le soleil réchauffe l'atmosphère, ils sortent pendant une ou deux heures, presque nus, à part, quelques baillons, les pieds nus dans la neige alors que la température à l'ombre ne dépasse pas zéro.

Cependant il est juste de reconnaître qu'ils ont généralement assez à manger, les pommes de terre, l'orge et le blé étant cultivés en quantité suffisante pour alimenter la population, sauf dans les districts où ces cultures sont remplacées par celle de l'opium. Nous avons déjà parlé du manque de politesse qui caractérise la plupart des habitants du Kansu. Cette rudesse apparente est souvent accompagnée d'un extérieur farouche qu'il n'est pas toujours facile d'aborder. Le climat est trop excitant pour leurs nerfs, les villes étant situées à une altitude de 5, 6 et 7.000 pieds, et l'air vif, très stimulant, peut avoir, à la longue, un effet déprimant sur leur moral. À cette altitude les gens perdent le sommeil, deviennent nerveux et irritables tables et ainsi les difficultés de l'oeuvre missionnaire en sont augmentées.
Les voyages nécessitent aussi un gros effort physique.

Les routes gelées, si dures en hiver, les nuages de poussière en été, les ornières où la voiture s'embourbe pendant des heures sous la pluie, sont des incidents habituels de leur vie.

Sans parler des cols difficiles à franchir, on rencontre partout des montagnes à traverser par des sentiers misérables. Le Kansu est, en effet, hérissé de montagnes. Quant au confort qu'offrent les auberges, on petit difficilement se trouver d'accord avec ce témoignage d'un voyageur chinois qui avait écrit au-dessus de son lit, dans une chambre sale et obscure:
« Ici le corps repose dans un bien-être délicieux. »
Mais ces détails extérieurs sont de peu d'importance comparés avec les difficultés du travail en lui-même : frottements entre collègues, refroidissement et reculs dans l'Église, opposition de la part du peuple ou froide indifférence pour l'Évangile.

Pour ceux qui la connaissent à fond, la province du Kansu semble être très spécialement une de ces contrées où Satan a son trône, Ap. 2, 13. C'est une forteresse de l'Islamisme, cette religion acharnée et bigote, en certains endroits; tandis que le reste de la population s'adonne au culte des idoles. Il existe des districts dans lesquels la plupart des habitants l'ont partie de sectes qui se sont engagées à adorer leurs dieux à des intervalles réguliers.
L'influence du lamaïsme se fait sentir dans, la majeure partie de la province, c'est la plus oppressive et dégradante de toutes les formes du bouddhisme et celle qui s'oppose le plus directement à l'Évangile.

Ajoutés à toutes ces difficultés, il faut encore tenir l'isolement, de la grande solitude et des tentations au découragement inhérentes à la vie missionnaire, dans une contrée si lointaine et presque inaccessible. Ce n'est pas sans raison qu'un ancien missionnaire, après plusieurs années de labeur mi Kansu, disait : « Si Christ ne nous avait pas tenu Lui-même, plusieurs de nous seraient partis depuis longtemps, mais Christ, nous tient ferme et Cela explique tout, » (2 Tim. 1. 8-12). Un trait encourageant pour l'ensemble de l'oeuvre est l'esprit de parfaite unité qui existe entre les trois sociétés missionnaires qui occupent ce champ de bataille. Pendant plusieurs la C.I.M. fut l'unique mission existant dans cette province, aussi l'arrivée de l'Alliance Missionnaire Américaine fut un heureux événement pour nous tous; un de ses pionniers, M. W. Christié, est maintenant, le Surintendant d'un district Le champ qu'offre cette province a été partagé entre les différentes sociétés qui y travaillent ; une importante section de l'Est est dirigée par l'Alliance Scandinave, à la nôtre.

Nous voudrions en terminant attirer l'attention de nos lecteurs sur la partie de la contrée la plus populeuse à l'est, de la capitale, avec ses cinquante principales qui représentent mitant de comtés différents. Quarante de ces villes n'ont point de missionnaire, quatorze sont situées dans le champ de travail de l'Alliance Scandinave, dix-huit à l'est et au sud et huit au nord du pays, près du Fleuve Jaune. Éloigné de la Grande Route, ce coin de province au Nord-Est est particulièrement isolé, et difficile à atteindre; le commerce fluvial y est peu important, sauf quand de grands radeaux chargés de bois descendent de la frontière thibétaine et que des passagers peuvent louer les cabines en troncs qui forment comme une petite rue dans le milieu du radeau, acceptant de partager la nourriture que le capitaine petit leur fournir.
Mais les radeaux ne remontent pas le fleuve et leurs chargements se débitent lorsqu'ils atteignent le riche marché de Pao-tow-chen où s'établit actuellement une ligne ferrée qui ira jusqu'à Pékin. Jusqu'à présent les missionnaires de Ningsia étaient à treize journées de distance des étrangers les plus rapprochés par la route conduisant à Langchow, cette ville étant l'une des stations les plus reculées de notre mission. Mais, sous peu, si le projet de prolonger la voie ferrée dans le Kansu se réalise, Ningsia se trouvera à deux journées de distance de Pékin et deviendra une des cités les plus accessibles de la province. De grands changements suivront cette innovation, et M.M. et Mmes Fiddler et Nyström, après être restés si seuls, à leur poste isolé, peuvent s'attendre à recevoir de nombreux visiteurs.

En attendant ce moment, ils ont le privilège d'être les seuls témoins de Christ dans cette ville de Ningsia dont la muraille de sept à huit milles de circonférence témoigne encore de son ancienne grandeur. Le travail y a toujours été difficile, en bonne partie à cause de son terrible passé qui a laissé son empreinte sur le caractère du peuple, car lors de la grande rébellion mahométane (1863-1876), Ningsia fut le théâtre des pires atrocités.

Elle fut d'abord capturée par les Musulmans après de terribles massacres, puis reprise après un long siège par les troupes impériales qui passèrent au fil de l'épée toute la population musulmane. Personne n'échappa et dans cette région, occupée autrefois presque exclusivement par des mahométans, il n'existe plus que quelques petites communautés récemment arrivées. La cité avait été laissée en ruines, et les conséquences commerciales de ce désastre, aussi bien que la réaction sociale et morale qui s'ensuivit mettront du temps à s'effacer.

Par contre les plaines fertiles et bien irriguées des bords du Fleuve Jaune offrent un champ d'évangélisation qui donne les plus belles espérances. Bien que nous n'ayons pu visiter nous-mêmes ces endroits, nous en avons entendu parler par M. Marc Botham qui avait profité d'une tournée à Ningsia pour évangéliser tout le long du chemin. À quatre jours au nord de Ningsia et trois jours au sud s'étend une plaine très fertile. À l'est du fleuve, les montagnes sont si éloignées qu'on ne les aperçoit plus et le terrain est, si excellent qu'on n'y trouve presque point de pierres.

La contrée est très peuplée et pendant de longs kilomètres, M. Botham a passé à côté de nombreuses fermes prospères qui sont une preuve de la bonne irrigation que leur fournit le fleuve. Les habitants de ces régions sont particulièrement accessibles par le fait de leur habitude d'aller tous les trois jours de marchés en marchés. Ces sortes de foires ont lieu les 3, 6, 9, 12, etc., de chaque mois et les fermiers les fréquentent régulièrement pour acheter et vendre.

Le missionnaire qui, avec des Évangiles et des brochures, pourrait faire de même, y rencontrerait une bonne partie de la population.
C'est donc un splendide champ d'évangélisation pour le travail en plein air, et M. Botham a trouvé de vraies foules prêtes à l'écouter. Il avait avec lui des gravures coloriées représentant des scènes de l'Écriture: le Bon Berger, le Fils prodigue, etc., et les utilisa de manière à susciter un vif intérêt.
Le message était donné sur la place, heure après heure, du matin jusqu'au soir. Le peuple oubliait qu'il ne pouvait comprendre le dialecte de l'étranger, et se montrait intensément intéressé, et sympathique. Plusieurs de ces marchés sont plus grands que les villes du district et toits sont largement ouverts aux messagers qui apporteront la Bonne Nouvelle. « Allez par tout le monde et prêchez l'Évangile à toute créature. » Ces paroles ne sont-elles pas applicables à ces païens ? Les mahométans n'ont pas perdu de temps pour y introduire les doctrines de leur prophète. Dans le district de Ningsia, M. Botham a trouvé des copies du Coran, en arabe, bien reliées en étoffe rouge, qui avaient été apportées par des colporteurs venus des Indes. Imprimés par les soins du « Mahometan Forward Movement », ces livres avaient été expédiés à travers toute l'Asie Centrale, par la « Grande Route » et le Fleuve Jaune, péniblement transportés à travers les déserts et les montagnes pendant des milliers de kilomètres et répandus dans ces plantes par des Hindous qui pouvaient à peine s'exprimer en chinois. L'un d'eux mourut, solitaire, ici, près du Fleuve Jaune. Et nous qui connaissons le Christ vivant, qui sommes liés à Lui de la manière la plus profonde, ne pouvons-nous pas apporter du renfort au seul homme, M. Fiddler, qui cherche à atteindre depuis Ningsia les multitudes périssant dans ces plaines immenses, et qui trouve que la tâche dépasse ses forces? Il accomplit fidèlement ce travail dans la ville et tout autour avec l'aide de femme et de heu Nyström. Ils ont ouvert récemment dans une grande ville une salle de culte qui se remplit d'un auditoire attentif. Mais une telle oeuvre pourrait être multipliée à l'infini s'il se trouvait davantage de prières pour la soutenir et des ouvriers pour l'accomplir. Le même cas se présente dans la région desservie par l'Alliance scandinave, au sud, où la population est plutôt mahométane.

On se souvient que c'est dans cette contrée que le tremblement de terre a fait le plus de ravages, laissant derrière lui sur une large superficie la mort et les ruines.
Depuis la ville de Kuyüan ou envoya vingt-quatre chariots de gens grièvement blessés à M. Törnvall, à Pimgliang, station centrale de scandinave, où un bel hôpital attend encore un docteur attitré. M. Törnvall, missionnaire doyen du district jouit d'une grande réputation comme médecin et chirurgien. Sa clientèle a tellement, augmenté qu'il a dû ajouter peu à peu salle après salle à l'hôpital et maintenant cet édifice est presque aussi complet que la belle église récemment sur le même terrain. Mais M. Törnvall n'est pas un docteur de profession et il est difficile pour un seul homme, quelles que soient ses capacités, de cumuler le travail d'évangéliste avec celui de médecin. Avec l'aide de son fils, il fait une oeuvre très étendue, mais un docteur qualifié serait absolument nécessaire et trouverait à Pingliang un centre merveilleusement situé pour atteindre plusieurs villes qui n'ont point de missionnaires.

Deux nouvelles stations ont été ouvertes depuis le tremblement de terre par les collègues de M. Törnvall. Ce sont les villes de Kuyüang et de Tsingningchow, dans lesquelles la détresse et les cas mortels furent plus nombreux encore que dans les autres endroits de la province. C'est près de la première de ces villes que le Chef de la secte mahométane mentionnée plus haut, Ma-Sheng-ren, fut tué avec des milliers de ses adeptes.
M. et Mme Swenson et leurs enfants vivent maintenant au milieu des ruines de Kuyüang et rencontrent beaucoup de coeurs prêts à recevoir la bonne nouvelle de l'Évangile.
Le même fait se remarque à Tsingningchow où travaillent Miss Wedieson et Miss Skollenberg.

Le mandarin qui s'était conduit si héroïquement pendant le tremblement de terre a été promu à un poste supérieur dans une autre partie de la province, mais toutes les classes de la population témoignent une grande bienveillance envers les dames missionnaires et une nouvelle église se forme actuellement dans un milieu largement musulman. Ne prierons-nous pas afin que ces adeptes de l'Islam qui, pendant leur détresse, n'ont trouvé aide et, secours que de la part des missionnaires chrétiens, trouvent aussi le Sauveur et Son message de salut? Au sud du district de l'Alliance scandinave, nous arrivons à un coin de la province dans lequel le travail missionnaire a commencé en premier. La principale ville en fut occupée longtemps avant que nous ayons eu l'idée de parcourir le Kansu par la « Grande Route ». Des missionnaires pionniers arrivèrent à Hangchungfu après onze jours de voyage sur des bêtes de charge ou des chaises à porteurs, traversant des chaînes de montagnes magnifiques boisées. C'est cette route due Miss Wilson, de Kendal, parcourut en accompagnant Mme George Parker à la ville de Tsinchow où ces deux dames eurent le privilège, malgré les difficultés et la solitude, d'être les premières ouvrières parmi les femmes du Kansu.

Quarante ans se sont écoulés depuis ce moment et le champ ensemencé avec tant de patience et de peine a rapporté une abondante moisson. L'oeuvre s'est étendue de tous côtés et des chrétiens existent maintenant dans plus de trente centres. Nous avons en le privilège de passer quelques semaines avec M. et Mme Rist et leurs aides et de rencontrer là un bon nombre de chrétiens consacrés et de « leaders » chinois. Un matin, nous descendions déjeuner à la maison des dames lorsqu'un homme d'âge mûr arrêta Miss Garland dans la cour; il tenait une liste de noms à la main. « C'est notre colporteur, dit-elle, je ne peux pas le faire attendre. Il vient probablement demander des secours pour des gens ruinés par le tremblement de terre. » Bientôt elle nous rejoignit, l'air surpris et heureux et nous raconta que cet homme était avant sa conversion un nécromancien d'un mauvais caractère. Maintenant il est un chrétien fervent et sincère, rempli d'ardeur pour le salut des âmes.
« Que pensez-vous que contenait cette liste? » Ce n'était pas une énumération de gens à secourir, mais les noms de personnes pour lesquelles il réclamait nos prières.

Il arrivait du district de Tsinan, très réjoui d'avoir rencontré des gens qui paraissaient croire à l'Évangile. « Priez pour eux, un par un », me disait-il en me donnant des détails sur chacun d'eux, car ils désirent sincèrement suivre le Seigneur. »

Ceci nous amena à parler de cette importante ville qui est très contraire aux étrangers. Des années auparavant Miss Kinahan avait fait un courageux essai pour y pénétrer. En dépit de la foule et du manque de confort, elle resta trois semaines dans une petite auberge, mais bientôt elle s'aperçut qu'elle ne pouvait y faire que très peu de chose.
Une loi verbale de cet endroit semble défendre aux femmes de circuler dans les rues principales.
Celle loi considère que leur présence y est néfaste. non pas tellement pour leur moralité, que pour le trafic des affaires où les commerçants ne les admettent pas. À cause de cela, les femmes ne pouvaient pas venir à l'auberge et Miss Kinahan ne fut qu'une seule, fois à pénétrer dans nue maison privée; mais ses prières ne furent pas vaines. Le temps arriva où le « Loup blanc » et ses brigands prirent possession de la cité. Au milieu des scènes de carnage, une femme riche essayait de protéger son unique fils. Il fut tué dans ses bras et le projectile qui le tua blessa sérieusement la mère.

Le coeur brisé et souffrant beaucoup de sa blessure, elle se traîna l'espace d'une journée jusqu'à Tsinchow, ayant entendu dire que les missionnaires s'occupaient des blessés. Accueillie dans la Maison missionnaire, elle s'y trouva si bien qu'elle y demeura trois mois et y reçut en même temps la guérison de son corps et de soli âme.
Lorsqu'elle retourna à Tsinan, elle pria Mme Rist et Miss Garland de l'accompagner et de demeurer chez elle, invitation qui fut promptement acceptée. Les trois semaines que ces dames y passèrent furent bien différentes de la première visite de Miss Kinahan.

Elles se trouvèrent logées dans une maison agréable, située dans une rue où les femmes pouvaient circuler librement.
Du matin au soir leur chambre était pleine de femmes dont beaucoup prolongeaient les entretiens jusqu'après la tombée de la nuit afin de les écouter plus tranquillement.
Mme Liu recevait très bien ses hôtes, mais celles-ci n'avaient presque pas le temps de faire honneur à ses tant était grand le nombre des visiteuses avides d'entendre l'Évangile. Ces femmes ne perdaient pas leur temps en questions oiseuses, tout leur désir était d'en tendre la merveilleuse histoire de l'Amour Rédempteur, dont elles avaient faim et soif. Beaucoup d'entre elles étaient devenues végétariennes afin d'en obtenir un certain mérite, mais rien dans cette pratique ne parvenait à satisfaire leur coeur craintif et affamé. Elles écoutaient donc avec joie la Bonne Nouvelle, non de leurs mérites mais de ceux d'un Autre, cette justification que l'on ne peut acquérir par de l'or, mais seulement par la foi. Toujours à nouveau les auditrices revenaient vers les deux dames, qui trouvaient ainsi des occasions remarquables de les évangéliser.

Pendant ce temps, le travail avait aussi commencé parmi les hommes. Le docteur Tsao, diacre de l'église de Tsinchow, envoya, pour ouvrir une petite pharmacie, un chrétien qui était en même temps un bon évangéliste. Sa personnalité très attrayante le rendait sympathique à chacun. La pharmacie devenait presque une petite chapelle et le jeune homme, grand et courtois, qui prêchait Christ derrière son comptoir, produisait une forte impression sur le peuple. Des gens désireux de s'instruire commencèrent à se rassembler et des cultes du dimanche qui promettaient beaucoup pour l'avenir eurent lieu. Malheureusement le jeune prédicateur était atteint de la tuberculose, cette maladie qui fait tant de ravages en Chine, et trois ans plus tard il y succombait à son tour.
M. Rist envoya, pour le remplacer, un évangéliste qui fit du bon travail; deux chambres furent louées dans un faubourg très fréquenté de la ville et plusieurs des convertis furent baptisés.

Parmi ces derniers se trouvait un homme dont le toit de la maison s'était écroulé pendant le tremblement de terre, l'ensevelissant avec huit autres personnes sans les blesser; cet homme était devenu depuis lors une vraie lumière pour son village, situé à dix milles de la ville. Mais l'évangéliste appelé par un travail plus urgent dut abandonner son oeuvre et laisser le petit troupeau sans berger. Cependant le Seigneur travaille dans le district, on y rencontre encore ici ou là des croyants convaincus qui ont entendu l'Évangile chez Mme Liu ou dans la pharmacie du jeune tuberculeux. Mme Liu est maintenant auprès du Seigneur, et n'ayant plus sa maison pour s'y réunir, la situation est devenue plus difficile pour les femmes.

Lors d'une récente visite, Miss Garland étant un peu découragée par cet état de choses, rencontra la soeur de mine Liu qui l'emmena chez elle. Cette femme ainsi que son mari étaient de fervents végétariens, mais avec l'un de leurs fils et leurs quatre belles-filles, ils écoutèrent attentivement la Bonne Nouvelle. Le vieux couple fut si intéressé qu'ils vinrent à. la chapelle et suivirent les cultes du dimanche. Un jour, la missionnaire passait devant leur porte, ils l'arrêtèrent eu lui disant : « Entrez chez nous, même si ce n'était que pour quelques minutes et apprenez-nous à prier ». Ce fut un grand progrès lorsque, pendant cette visite de Miss Garland, les femmes commencèrent à fréquenter les services du dimanche. Très timides au début, il leur fallait un vrai courage pour traverser les rues principales où les marchands les injuriaient au passage. Pendant deux semaines, la salle fut remplie de visiteurs attentifs qui s'entassaient sur le « Kang » pendant les réunions. Et combien tous appréciaient les cantiques et le message ! Ce district au nord de Tsinchow semble prêt pour la moisson. Mais, comme pour tant d'autres endroits, ce n'est que rarement que les missionnaires peuvent entreprendre ce long voyage au travers des montagnes.
Ce serait un admirable centre de travail pour deux dames qui pourraient vivre parmi le peuple et continuer l'oeuvre que l'Esprit de Dieu accomplit d'une manière, si visible dans beaucoup de coeurs.

Il existe encore d'autres villes, à moins de cinquante milles de Tsinchow, où le besoin d'ouvriers se fait également sentir. Dix chapelles ont été ouvertes dans des centres disséminés, quelques-unes de celles-ci comptent une soixantaine de membres baptisés qui font partie de l'église, d'autres n'en possèdent que quelques-uns, mais le nombre de ceux qui désirent s'instruire augmente sans cesse. Prenez, par exemple, la ville du « Monastère de la Fontaine douce », y compris les soixante-dix villages qui y envoient leurs produits. Il n'y a que peu d'années qu'aucun chrétien n'existait dans le voisinage, et maintenant dans les petits hameaux disséminés sur les collines, on rencontre plusieurs groupes de chrétiens. Un village entier semble se tourner vers le Seigneur, et dans la ville même se trouvent déjà vingt-deux membres de l'église.

Les locaux utilisés pour les cultes ont été acquis en grande partie de leurs propres deniers; en plus de la chapelle, il y a des chambres pour les visiteurs. Quand Miss Garland alla pour la première fois à cet endroit, à une journée de voyage à l'est de Tsinchow, elle ne connaissait personne dans cette localité. Elle et la lectrice de la Bible qui l'accompagnait logèrent à l'auberge, et ce fut avec stupéfaction qu'elle lut au-dessus de la porte de leur chambre ces mots écrits en gros caractères :
« Salutations de H.-W. Hunt. » Ce missionnaire ayant passé par là plusieurs années auparavant.

Un jour que la lectrice de la Bible était sortie, la pluie se mit à tomber et l'empêcha de rentrer à l'auberge pour la nuit; Miss Garland se demandait si elle allait passer la nuit seule, lorsqu'une vieille dame, venue pour la visiter, lui dit gentiment : « Vous serez bien isolée dans cette sombre chambre, je vais rester avec vous jusqu'au matin ». Les choses étaient ainsi arrangées, les deux femmes s'assirent sur le « Kang », mais bientôt la visiteuse commença à s'agiter. « Je dois retourner à la maison, disait-elle, je dois y retourner. » Miss Garland qui en devinait la raison lui répondit tranquillement : « Il n'est pas nécessaire de retourner à la maison, vous pouvez prier le Seigneur Jésus ici, et Il vous délivrera de votre passion pour l'opium ». « Le fera-t-Il réellement?» « - Oui, si vous croyez en Lui et si vous le Lui demandez ». Elles prièrent ensemble et dormirent paisiblement jusqu'au matin. La vieille dame en était tout étonnée. « Votre Dieu est certainement puissant, s'exclama-t-elle, je crois en Lui et veux devenir Sa servante. » Depuis ce moment elle se mit à étudier l'Évangile et renonça aux voeux de végétarienne qu'elle avait observés depuis plusieurs années. Elle abandonna l'opium sans même avoir besoin d'un grand secours médical.

Elle devint avec le temps non seulement une amie fidèle, mais une aide précieuse pour les missionnaires. Cette femme appartenait à la classe aisée et possédait un grand domaine avec de belles forêts, plusieurs maisons et une auberge située à douze milles au Sud du « Monastère de la Fontaine douce ». Bien ne pouvait satisfaire cette femme, qui désirait ardemment que des missionnaires vinssent s'établir dans ses montagnes, pour rayonner depuis là dans les vallées environnantes et lui aider à y répandre la Bonne Nouvelle de l'Évangile. Miss Garland et sa compagne exécutèrent ce projet dans la belle saison et trouvèrent là, à leur grande surprise, un vrai petit paradis, oui, même au Kansu.

Au haut de ces collines, elles trouvèrent de belles forêts arrosées par des ruisseaux nombreux. Des torrents limpides y coulaient, ombragés de capillaires et de fougères. Des lis sauvages y étalaient leur beauté merveilleuse et exhalaient un parfum exquis, tandis que des fraises, des cerises et des framboises y croissaient en abondance.
Des loups et des léopards habitaient la contrée, mais ils ne se montrèrent pas.
Par contre, elles rencontrèrent plusieurs beaux serpents qui chassaient probablement les faisans sauvages, ils étaient merveilleusement beaux, mais ce fut fort inconfortable pour ces dames d'en découvrir toute une famille installée sous le plancher de leur chambre à coucher et de constater qu'on ne devait en parler qu'avec respect, de crainte de les offenser. Ces serpents sont venimeux, mais s'attaquent rarement à l'homme, les indigènes ne les tuent jamais. Dans cet endroit magnifique, ce t'ut une grande joie pour nos missionnaires de trouver tant d'auditeurs attentifs. Leur temps de repos fut ainsi très occupé, car la vieille Mme Ch'ao, leur amenait toujours de nouvelles personnes désireuses de leur parler ou d'assister aux réunions.

Depuis cette visite, il existe maintenant des croyants baptisés dans plusieurs de ces villages rapprochés de la « Fontaine douce » et le nombre des visiteurs intéressés augmente toujours. Beaucoup d'entre eux ont été amenés au Seigneur en voyant plusieurs des leurs délivrés des mauvais esprits en réponse à la prière.

Les cas de possessions sont malheureusement fréquents dans ces montagnes. Une des premières personnes délivrées fut Mme Chang, de Tao-huei, possédée depuis plusieurs années, et dont l'esprit démoniaque avait longtemps terrorisé sa famille. Ces gens croyaient qu'en s'opposant à cet esprit malin, de grandes calamités fondraient sur eux, tels que le feu, la maladie ou la mort.
Cette femme avait une fille mariée qui vivait à la Fontaine douce » et avait été attirée au Seigneur ainsi que son mari. « Si ma mère pouvait seulement entendre parler du Seigneur Jésus, elle serait délivrée de la puissance du démon », répétait-elle sans cesse. À la fin, son mari partit à travers la montagne pour raconter à ses beaux-parents tout ce qu'il connaissait de l'Évangile. Ces gens n'avaient jamais entendu parler de ces choses et acceptèrent joyeusement tout espoir de délivrance. Le père Chang consentit même à la destruction de ses idoles; puis, cet acte accompli, ils s'agenouillèrent pour se donner au seul Dieu vivant. Ils prièrent avec simplicité, demandant que le mauvais esprit quittât leur maison et ne les troublât plus. Ce fut un véritable cri, un cri jeté au Nom de Celui dont le Nom est au-dessus de tous les noms, et la réponse fut celle qu'ils désiraient.

Depuis ce moment, Mme Chang fut délivrée et put dormir en paix et vaquer à son travail tranquillement.
Au commencement son intelligence était peu développée; mais lorsqu'elle apprit à connaître le Seigneur, sa détresse, ses craintes, les suggestions de l'ennemi et ses accès de fureur disparurent. Bientôt sa mémoire se développa et toute sa personne fut transformée.
Pendant un certain temps l'état spirituel de soit mari la troubla. « Je sais qu'il croit, disait-elle, mais il ne veut pas prier. » Actuellement cet homme progresse aussi et tous deux sont des membres baptisés de l'église.

La première fois que Miss Garland se rendit à leur demeure elle fit une expérience inattendue. Elle trouva cette habitation très bien située parmi les collines, et fut accueillie à bras ouverts; on avait employé toute la journée à préparer la nourriture du repas qui fut un véritable festin, puis ensuite les femmes réclamèrent une réunion. Le local employé était la plus grande de leurs chambres, la bougie apportée par les visiteuses, posée dans un coin de, la chambre y formait un cercle de lumière, tandis que le reste de la pièce était dans l'obscurité. Bientôt le « Kang » fut couvert de femmes qui, penchées en avant, écoutaient avec ardeur. Miss Garland savait que quelques hommes étaient probablement groupés vers la porte, mais elle les oublia tandis qu'elle parlait longuement au milieu d'un grand silence.

Elle avait rarement obtenu une telle attention, aussi l'Histoire merveilleuse put se dérouler dans toute Sa plénitude. Ce ne fut que tard dans la soirée, alors que quelqu'un changea la lumière de place, qu'elle s'aperçut de la présence des hommes. Voyant sa surprise, ils s'approchèrent pour la saluer et la remercier, lui demandant de venir visiter leurs demeures. Plusieurs réclamèrent son aide pour des cas de possessions, et quelques-uns des récits qui lui furent faits, lui inspirèrent une grande pitié. Le lendemain, on l'emmena de maison en maison et elle fut encouragée en constatant déjà quelques guérisons en réponse à la prière des chrétiens.

Dans une vaste pièce pleine de monde, elle eut encore l'occasion de parler de Celui qui est venu pour détruire les oeuvres du diable. « Fais une prière pour nous », lui disaient les gens. Elle alla ainsi de maison en maison, priant avec eux et leur apprenant à prier. C'est ainsi que l'oeuvre se poursuit encore. Le dimanche, les chrétiens se rendent au culte du « Monastère de la Fontaine douce » et apprennent ce qu'ils peuvent, mais les visites des missionnaires sont pour eux des temps de rafraîchissements spéciaux. Et hélas! ces visites sont si rares!

Beaucoup de choses pourraient être racontées sur d'autres localités et sur les difficultés rencontrées par les missionnaires ayant la charge du district. M. et Mme Rist, actuellement en congé après des années d'un service dévoué, sont remplacés par M. et Mme Whitelaw qui, étant des nouveaux venus dans cette province, ont un besoin tout particulier de nos prières. Arrivant d'un district populeux du sud de la Chine dont le climat ne convenait pas à M. Whitelaw, ils sont venus ici se charger du fardeau, car c'est un fardeau, bien que les missionnaires aiment leur travail.
Pensez non seulement à l'église centrale avec ses écoles et ses annexes, mais encore à la population païenne de Tsinchow elle-même, qui est plus semblable à cinq villes réunies qu'à une seule, et au sud-est de la province qui s'étend au loin et qui n'est pas évangélisé.

Quinze grandes villes ne possèdent encore aucun missionnaire et sont cependant chacune la capitale d'un district.

Pénétrons par la pensée dans une de ces villes, dans la région populeuse du sud de Tsinchow. Sur les collines qui l'entourent, sont situés plusieurs temples fameux, ce lieu est renommé comme centre du culte des démons.
Le spiritisme maintient le peuple sous la crainte, les associations occultes sont devenues si nombreuses qu'elles furent récemment supprimées par le gouvernement à cause des ravages qu'elles font parmi toutes les classes de la société. C'est dans la ville de Siho que les hommes aussi bien que les femmes se liguent entre eux pour le culte des idoles; dans l'une de ces organisations, quinze mille femmes se sont solennellement engagées à se rendre deux fois par mois dans un certain temple sur les collines pour y brûler de l'encens. Représentez-vous cette scène d'après la description de Miss Garland : des centaines de femmes s'agenouillent à la fois dans le temple ou au dehors, devant la grande idole incrustée d'or, chacune d'elles portant un long bâton d'encens qu'elles élèvent avec respect vers leurs fronts.

Elles restent silencieuses dans cette posture, tandis que lentement, très lentement, l'encens se consume et que des prières sont chantées devant l'idole inconsciente.
Dans cette même ville, un chrétien est mort récemment avec ces paroles sur les lèvres : « Je goûte le parfum de l'Amour parfait de Christ. »

Quel grand nombre de Chinois pourraient encore goûter les bienfaits de ce grand Amour si des missionnaires au coeur aimant venaient vivre au milieu d'eux !


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CHAPITRE XVII

Vers l'Aurore.

Nous sommes en marche vers l'aurore. Le jour commence à poindre sur ces régions éloignées. L'appel de cette grande région du Nord-Ouest, tel que nous le comprenons, se présente à nous sous deux formes : ce n'est pas seulement l'appel de ces contrées en lui-même, mais aussi le fait que Dieu travaille comme jamais auparavant à répondre à cet appel : « Quand tu entendras un bruit de pas dans les cimes des mûriers, alors hâte-toi, car c'est l'Éternel qui marche devant toi » (12 Sam. 5 : 24), avait dit l'Éternel a David. Ce « son » venant d'en haut est actuellement une preuve indiscutable de la marche de Dieu à travers le Kansu. Depuis que ce livre a été écrit, juste avant notre départ de cette province, des transformations se sont accomplies qui ont remarquablement confirmé cette impression.

Si ce livre avait été publié à ce moment, son message aurait certainement perdu de sa valeur, tandis que maintenant, ayant été retardé par notre expérience parmi les brigands de Yunnan et la publication de ces faits, ce livre parait au moment précis où, en réponse aux prières, l'évangélisation du Nord-Ouest lointain a fait un pas décisif en avant.
Était-ce au Caire, dix ans auparavant, que ce changement avait commencé à se produire? Quelque chose de mystérieux se passait là, à ce moment, concernant le Kansu et les Musulmans du nord-ouest de la Chine.

Plein de vie et d'espoir, William Borden, de Chicago, ayant terminé son éducation à Yale et pris ses grades au séminaire de Princeton, s'était mis en route pour sa carrière de missionnaire. En bonne santé, plein d'ardeur, riche en dons et en instruction, il possédait une fortune consacrée également au Sauveur qu'il aimait. Il est rare qu'un jeune homme entre dans la vie avec de telles promesses d'avenir. Borden était missionnaire dans l'âme, fondateur de la Yale Hope Mission, et pêcheur d'hommes qualifié.
Sitôt qu'il eut été accepté à la C. I. M., sa vie fut consacrée aux Musulmans du Kansu, lorsque tout à coup, au milieu de ses études d'arabe au Caire, l'appel divin se fit entendre à lui : « Mon ami, monte plus haut ». Borden était prêt.

Durant sa courte existence de vingt-cinq ans, il avait accompli davantage que plusieurs d'entre nous ne le font souvent dans toute une longue vie. Par dessus toute autre chose, il avait appris à connaître le divin Maître et Ami qu'il aimait d'un coeur non partagé et qu'il servait avec une loyauté à toute épreuve.

Pour lui tout fut joie, bien qu'il eût à traverser les eaux profondes de la souffrance et que tous ses plans d'avenir durent être abandonnés. La nouvelle de sa mort prématurée fut une douloureuse surprise pour bien des coeurs, car il était connu et apprécié de beaucoup. Comment un pareil événement était-il possible? Que signifiait ce brusque arrêt d'une vie si utile et qui s'était offerte spontanément pour les besoins de cette oeuvre si délaissée? Délaissée par les hommes, peut-être, mais non par Dieu.

Lorsque W. Borden mourait au Caire, ne tombait-il pas comme le grain de blé qui meurt pour porter encore plus de fruit ? « Celui qui aime sa vie la perdra et celui qui hait sa vie dans ce monde la conservera pour la vie éternelle. Si quelqu'un Me sert, qu'il Me suive et là où Je serai, là aussi sera Mon serviteur et Mon Père l'honorera. » (Jean 12, v. 24-26.)

Non, il n'y eut point d'erreur, point d'insuccès de la part de Dieu, pas même de perte pour le Kansu, bien que ce tombeau au Caire sembla indiquer que le travail terrestre de Borden était définitivement achevé.

Ceci se passait en avril 1913. Quelle somme de travail aurait accompli le jeune missionnaire pendant ces dix ans s'il était allé en Chine?
Il aurait appris le chinois et l'arabe, aurait entrevu son futur champ d'activité, pris contact avec le peuple, surtout avec les Musulmans et aurait commencé à étudier le problème que ce peuple apporte avec lui.
Il aurait ainsi été prêt pour de plus grandes responsabilités.

Mais que s'est-il accompli là-bas pendant ces dix années en dehors de toute prévision humaine ? Les choses se sont développées lentement et les changements importants survenus nous révèlent qu'une puissance transformatrice est à l'oeuvre. Cela se remarque sur toute la ligne, soit par la construction de la voie ferrée se dirigeant par Ningsia vers les nouvelles stations de la frontière thibétaine, soit par la « Porte occidentale de la Chine » qui fait désormais partie d'un nouveau district missionnaire, jusqu'à l'attitude des mahométans rendus plus accessibles par le tremblement de terre, tout nous redit la même vérité qu'une puissance transformatrice est à l'oeuvre. Le fait le plus encourageant de ces progrès est peut-être l'effort accompli par les évangélistes chinois. C'est une innovation pour le Kansu de recevoir l'Évangile par le moyen de chrétiens indigènes non salariés, non envoyés, et ne dépendant que de l'Esprit de Dieu. Le docteur Kao fut le premier de ces pionniers et c'est une joie profonde pour nous de constater combien son oeuvre à Kanchow grandit et s'approfondit.

En août 1921, les premiers baptêmes eurent lieu et u ne petite église se forma, comprenant dix-sept membres dont deux femmes. Maintenant ils sont plus de quatre-vingts auditeurs réguliers et c'est tout ce que le docteur Kao peut faire que de s'occuper de ce troupeau, tout en se réservant le temps nécessaire pour la prière sans laquelle il ne peut pas exister de puissance spirituelle.
Il écrit dans une de ses dernières lettres qu'il se relève la nuit pour prier et que son ardent désir est que Dieu fasse toujours plus de lui un homme de prière. En attendant la lumière continue à se propager et des chrétiens travaillent maintenant dans treize localités autour de Kanchow.

Un autre fait très différent, mais tout aussi caractéristique, est celui de l'ouverture, à main armée, des portes du Thibet si longtemps fermées du côté du Kansu, car bien que ce fait soit encore peu connu, le Thibet est enfin ouvert. Le gouverneur Musulman Ma-Chi avec ses troupes bien dressées a facilement pu venir à bout des tribus Golok, braves, mais misérablement armées. qui, lorsque nous étions à Sining étaient encore indépendantes de l'Empire chinois. Pendant l'hiver 1921-1922 Ma-Chi envoya une expédition armée de fusils à tir rapide contre ces farouches tribus, gouvernées encore par leurs rois et même parfois par une reine et se rendit maître de leur résistance désespérée. Ces tribus sont désormais assujetties au redouté gouverneur de Sining qui a ouvert leur pays aux Chinois, aux voyageurs, commerçants et marchands et même aux missionnaires.
Ce gouverneur a établi des bureaux de poste dans ce pays des Goloks, il fait construire actuellement trois villes chinoises sur territoire thibétain.

À seize journées de voyage de Sining, la contrée est donc ouverte, attendant que nous soyons prêts à y entrer.
Cependant, dans ce domaine également, un grand pas en avant a été accompli. Depuis des années, les missionnaires dévoués de l'Alliance Chrétienne ont cherché à obtenir un pied-à-terre parmi les peuplades thibétaines de cette frontière. Vingt à trente convertis thibétains sont maintenant rassemblés dans leurs stations et une lamaserie a même été transformée en église chrétienne. Et maintenant, depuis notre passage au Kansu, ces amis ont pu ouvrir trois nouveaux centres dans lesquels l'Évangile sera annoncé et l'oeuvre poursuivie en langue thibétaine. Ces stations sont situées près de la frontière et serviront de marchepied pour une avance future. Dans le Nord aussi, sur la Grande Route de l'Asie Centrale, d'autres missions sont à l 'oeuvre. Des années de prières ont préparé la voie et c'est seulement cet été, 1923, qu'il a été décidé que M. et Mme Mosely occuperaient la ville importante de Suchow, près de la porte occidentale de la Chine. Située à six journées de Kanchow, cette ville est le point de départ des caravanes qui vont traverser le désert de Gobi jusqu'à Tihwafu où les missionnaires Hunter et Mather sont, à l'oeuvre.
Qu'éprouveront-ils en apprenant qu'enfin leurs collègues du Kansu s'apprêtent à suivre leur noble exemple?

Et maintenant, il se trouve que dans une province isolée du nord de la Chine, dans l'une des villes où le pasteur Hsi a travaillé, le Seigneur a préparé pendant de longues années des ouvriers expérimentés pour entreprendre le travail dans ce Kansu si longtemps négligé. Qui aurait supposé en lisant le livre de Miss Cable, la Réalisation d'un rêve, et en visitant la station dont elle parle, que les dames qui dirigeaient cette oeuvre importante seraient appelées a quitter leur « home », leurs écoles et les milliers de chrétiens dont elles s'occupaient, pour aller apporter l'Évangile de la grâce, rédemptrice à ceux qui ne l'avaient jamais entendu ?
Les demoiselles Cable et French ont instruit des centaines d'évangélistes, d'instituteurs et de lectrices de la Bible qui, à leur tour, en atteindront des milliers.
Après des années de travail fructueux dans cette mission d'éducation qui a été couronnée d'un succès peu ordinaire au point de vue spirituel, le désir de leur coeur a été réalisé et elles sont redevenues de simples évangélistes ayant le privilège de pénétrer dans l'une des nombreuses cités du Kansu qui n'ont jamais eu de missionnaires. Bien que leur joie soit mélangée de bien des difficultés, n'éprouverez-vous pas le désir de la partager ?
Nous pouvons à peine réaliser que depuis notre départ du Kansu, l'heure choisie par Dieu pour une bonne avance est arrivée, non seulement dans le nord et l'ouest, mais encore au sud et à l'est de la province. Notre mission vient d'ouvrir deux nouveaux postes qui donneront accès à des districts importants, non encore atteints à la ville de Pingfan sur la « Grande Route » et celle de Hweihsien, au sud de Tsinchow, la plus ancienne station de cette province.

Ceci veut dire qu'une des quarante villes principales, dut n'ont jamais eu de missionnaire, sera bientôt occupée, si Dieu le vent. Maintenant déjà dans mie autre de ces quarante villes, des missionnaires expérimentés, M. et Mme Elliot, de Californie, viennent d'arriver à Chungwei sur le Fleuve Jaune. Non loin d'eux, dans une autre ville commerçante, au sud du fleuve, M. et Mme Jamieson se sont établis, allumant ainsi la première étincelle au sein de cette plaine populeuse. Nous avons également en l'écho d'un véritable travail de l'Esprit de Dieu dans les régions occupées récemment par l'Alliance Scandinave.

À Tsingningchow, les dames qui y avaient porté secours pendant le tremblement de terre trouvent des portes ouvertes de tous côtés, et à Kuyüan, nous apprenons qu'il y a des auditoires de plus de cent personnes. En réalisant que cette population est en majeure partie composée de Musulmans, nous ne pouvons faire autrement que de bénir Dieu pour ce beau résultat. Pendant que j'écris ces lignes, la première conférence chrétienne se tient dans cette ville, au cours de laquelle le premier service de baptêmes aura lieu. « Nous sommes si heureux d'être venus dans ce vaste champ du Kansu qui en a un si urgent besoin, écrit Mme Swenson, le Seigneur nous a ouvert une porte à Kuyüan et dans son grand district, les réunions sont bien fréquentées, beaucoup de femmes y assistent et plusieurs d'entre elles font profession de croire en Jésus comme en leur Sauveur. Quelle joie d'apporter la bonne nouvelle du salut à ceux qui sont assis dans les ténèbres ! Depuis le tremblement de terre beaucoup de Chinois semblent avoir perdu la croyance en leurs idoles et désirent ardemment trouver quelque chose qui puisse les remplacer » ! Quel moment opportun pour cette pauvre province du Kansu ! Et combien ne doit-on pas prier pour les Musulmans de cette vaste contrée ?

Nous espérons pouvoir bientôt tenter une nouvelle offensive dont il est plus sage de ne pas parler encore, sinon pour nous rappeler que le temps est venu de prier pour que des ouvriers préparés par Dieu se lèvent et aillent occuper les centres stratégiques qui, nous l'espérons, s'ouvriront bientôt à nous. Ces dernières nouvelles sont récentes et bien inattendues. Ne semble-t-il pas qu'une nouvelle puissance de prière ait été à l'oeuvre? Car ces événements qui s'étendent à toutes les parties de la province et atteignent toutes les missions qui y sont, n'ont pas été produits par une organisation ou par des plans humains, mais sont avant tout le résultat de la puissance divine.

Discret comme la venue du printemps, ce changement s'opère presque sans que nous nous en apercevions. Et de même que les fleurs du printemps précèdent les fruits de l'été, de même ceci est un avant-goût des récoltes futures. Le Thibet ne tardera pas à ouvrir ses portes et l'Islam, son coeur. Oh ! que dans ce jour spécialement « favorable », nous sachions marcher de l'avant, bénissant Dieu de ce que, bien qu'Il nous ait repris William Borden, Il n'a cependant pas laissé ses prières sans réponse, car Borden était un homme de prières. Pendant toute sa vie d'étudiant, il fut le moyen d'amener, par ses prières, de grandes transformations dans la vie de plusieurs de ses camarades.

La prière était sa vie, il vivait pour prier. Dès lors pouvons-nous mettre en doute que ce rapprochement intime avec le trône de Dieu signifiait pour lui une véritable union avec les intercessions de Christ? La vie de prières de Borden avait pris naissance dans sa communion avec Christ et avait été alimentée par une connaissance toujours plus approfondie de Sa personne et une ressemblance toujours plus complète avec Lui. Cette intercession ne peut-elle pas s'exercer maintenant encore plus librement et pleinement en la présence même de Dieu ? Et n'est-ce pas précisément cette intercession qui est la vraie cause du grand appel actuel du Kansu, du Thibet et de l'Asie Centrale? Dieu est à l'oeuvre. Il condescend même à chercher et à attendre notre coopération. Quelle sera notre réponse?

« Ton peuple sera un peuple de franche volonté au jour de Ta Puissance. » (Ps. 110.)

Des millions d'âmes chargées
Attendent la lumière dont la venue
Fera toutes choses nouvelles.
Christ attend aussi.
Mais les ouvriers sont rares et lents.
Avons-nous fait tout notre possible ?
L'ai-je fait ? L'avez-vous fait ?

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