Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE  (Jean 17.17)
Cela me suffit...
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TA PAROLE EST LA VERITE
(Jean 17.17)
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L'APPEL DU GRAND NORD-OUEST CHINOIS
LE KANSU ET LES PROVINCES LOINTAINES

CHAPITRE III
Dimanches en cours de route (suite).

 Avant de quitter Hingping, nous visitâmes l'École des filles en faveur de laquelle Miss Anderson a obtenu de si remarquables exaucements de prières. Bien que le besoin d'écoles chrétiennes se fasse grandement sentir pour les enfants des chrétiens, l'argent nécessaire aux bâtisses et au mobilier n'a cependant pas toujours été fourni par les fonds de la Mission.

Des dons à cet effet nous arrivent des Chinois eux-mêmes ainsi que par des amis d'Angleterre qui comprennent la nécessité de cette oeuvre. Il est encourageant de constater comment le Seigneur a toujours pourvu aux besoins de l'École, quoique souvent d'une manière bien inattendue.

Une fois entre autres Miss Anderson fit une expérience qui lui fut, utile pour tout le reste de sa carrière. Elle avait grand besoin d'argent pour ses orphelins ainsi que pour l'École elle-même et, après avoir beaucoup prié à ce sujet, les fonds n'arrivant pas, il lui sembla qu'il ne lui était plus possible d'attendre davantage.

L'anxiété remplaça la foi et elle écrivit en Amérique à un frère sur lequel elle pouvait toujours compter, lui demandant une certaine somme d'argent. À peine la lettre fut-elle partie qu'elle comprit son erreur. Jusqu'à présent, elle avait fait l'expérience bénie de se confier au Seigneur et de ne laisser connaître ses besoins qu'à Lui seul, mais maintenant elle était entrée dans une voie qu'elle sentait n'être plus à la gloire de Dieu. Il n'y avait rien à faire, semblait-il, car la lettre était partie et, cependant, puisque la fidélité du Seigneur était en jeu, ne trouverait-Il pas un moyen de changer cette erreur même en bénédiction?

C'était en réalité une pensée hardie de sa part que de prier pour que la lettre lui fût renvoyée, et cependant c'est ce qu'elle fit, presque en dépit d'elle-même, et le Seigneur l'exauça d'une manière merveilleuse.

Par le prochain courrier, elle reçut un chèque qui représentait exactement la valeur de la somme demandée à son frère et, trois mois plus tard, la lettre elle-même lui revenait non ouverte. Notons en passant que ce fut la seule fois qu'une missive à sa famille lui fut retournée par la poste. Son frère était en voyage à l'arrivée de la lettre qui, n'étant pas réclamée, fut réexpédiée à son point de départ. Véritablement, nous avons à faire à un Père qui désire à tout prix que nous apprenions à nous confier en Lui. Beaucoup de chrétiens aimaient à donner dans l'église de Hingping; nous fûmes très touchés par la vue d'une vieille lectrice de la Bible qui avait remis toutes ses économies et son petit avoir à M. Bergström pour l'oeuvre. Âgée de plus de soixante-dix ans, elle était aimable et serviable et, depuis dix-huit ans, son ministère parmi les femmes avait été grandement apprécié. Le gain qu'elle recevait à côté de sa nourriture et de son logement n'était guère élevé et cependant elle donnait régulièrement aux collectes et faisait du bien tout autour d'elle. Lorsqu'on lui demandait comment cela était possible, elle répondait joyeusement : « Voyez-vous, je travaille pour Mme Bergström pendant le jour et pour le Seigneur pendant la nuit », ce qui voulait dire qu'elle prenait une partie des heures de la nuit pour filer et lisser sur son petit métier une étoffe ordinaire et que l'argent ainsi gagné était consacré au Seigneur.

Cependant une église, si vivante et généreuse qu'elle le soit, conserve toujours une propension à dégénérer peu à peu si l'on n'y veille pas. M. Bergström avait expérimenté combien rapidement une assemblée aussi bien qu'un individu peut déchoir et retomber dans la tiédeur ou le formalisme. À certaines époques de l'année plus spécialement, il éprouvait un besoin tout particulier de veiller et de prier, car si cette tendance n'était pas réprimée à temps, peu de mois suffiraient pour abaisser le niveau de l'église et lui enlever sa puissance spirituelle. Le temps de la moisson, toujours si fatigant en Chine, est un moment spécialement dangereux pour la vie du chrétien. Les gens sont occupés à leurs, travaux depuis le matin jusqu'au soir, et alors il fait si chaud pour se rendre à la réunion, que même s'ils y viennent, ils s'y endorment bien vite. Le Nouvel An même, avec ses tentations bien connues, est une époque moins dangereuse pour le chrétien chinois que ces mois d'été.

Le milieu du printemps est aussi une période difficile à traverser, c'est le moment où chacun est absorbé par l'entretien des tombes et cette occupation semble amener nue recrudescence du culte des démons et de l'excitation générale. Pendant ces temps spéciaux, M. Bergström sentait que tant les aides indigènes que les missionnaires devaient être particulièrement vigilants à l'égard du reste du troupeau.

Cette tendance à se relâcher lui faisait encore plus éprouver la nécessité d'une effusion sans cesse renouvelée du Saint-Esprit parmi eux.

Maintenir la vie de l'église à son juste niveau par la grâce de Dieu, la prière et le ministère de la parole, voilà ce que ce vrai missionnaire constatait devoir être la partie la plus importante de son oeuvre.

Le verset : « Diversités d'opérations, mais le même Esprit » se présentait fréquemment à notre pensée à mesure que nous avancions dans notre voyage, de station en station. Dans ce même district, par exemple, confié à la Branche scandinave de notre oeuvre, nous fîmes une expérience très précieuse et unique en son genre. Nous passions notre dimanche dans la ville de Pinchow dont les missionnaires étaient justement en congé, mais leur fils aîné et sa femme s'étaient chargés de les remplacer et nous accueillirent avec une cordiale hospitalité. Ils recevaient ce soir-là un groupe de chrétiens de la campagne dut arrivaient de loin pour une réunion supplémentaire. C'étaient des gens du peuple, rudes et mal vêtus, de petits, fermiers et des domestiques habitant des espèces de cavernes dans la montagne. Leur dialecte était difficile à comprendre et leurs figures plutôt apathiques n'attiraient pas la sympathie, mais c'étaient de vrais enfants de Dieu comme nous le comprîmes bientôt.

L'un d'eux, celui qui paraissait peut-être le plus fruste, venait de se relever d'une grave maladie et avait eu de la peine a faire ce long trajet à pied.

Quoique visiblement fatigué, mais rayonnant d'une joie intérieure répandue sur toute sa personne, il nous raconta d'une manière simple et naturelle comment le Seigneur l'avait enseigné et béni.

Il parlait si tranquillement que ce ne rut, que peu à peu que nous réalisâmes quel émouvant témoignage nous avions le privilège d'entendre. De plus en plus, cet éclat intérieur dont j'ai déjà parlé se répandait au-dehors jusqu'à ce que nous nous sentîmes comme perdus dans une grande reconnaissance envers Dieu pour cette merveilleuse manifestation de Sa grâce. Ce rut une heure inoubliable dans laquelle nous primes réaliser (comme c'est fréquemment le cas en Chine) la vraie signification des paroles du Maître : « Les premiers seront les derniers et les derniers seront les premiers ». Il nous raconta comment le Seigneur avait éclairé pour lui la question du péché et de la victoire intérieure; il avait traversé trois graves maladies dont chacune avait marqué un temps de bénédiction tout spécial pour lui.

Pendant la première, il avait commencé à réaliser combien subtil et terrible était le péché dans son propre coeur. À ce moment de son récit, nous étions pour ainsi dire suspendus à ses lèvres. Une conviction de péché toujours plus grande s'était emparée de lui, quoiqu'il fût déjà converti, c'était un sentiment si intense de sa culpabilité envers Dieu qu'il lui semblait que le Sacrifice de Christ n'aurait pas été de trop pour en faire l'expiation, même s'il avait été le seul à en bénéficier. Il nous parla de la résolution prise alors de mener une vie toute différente à l'avenir, ainsi que de l'amour de Christ qui envahit son coeur lorsqu'il comprit de quel abîme il avait été retiré.

Une fois guéri de cette première maladie, il avait vécu une vie plus conséquente qu'auparavant; il était plus sensible que jamais au péché et décidé à, le vaincre; les choses allaient donc mieux qu'auparavant, il était plus vigilant et plus conscient du moindre écart. Mais hélas! il ne pouvait arriver à maîtriser son tempérament emporté et impatient. Il n'avait pas la force de vaincre certaines choses qu'il savait être mauvaises et la surprise de cette découverte ne l'ut pas moins grande que la peine qu'il en ressentit. Pourquoi ne pouvait-il pas vivre la vie qu'Il désirait vivre, celle qu'il savait qu'un chrétien doit réaliser? À ce moment de notre entretien, le crépuscule tombait et nous ne pouvions plus distinguer les visages des laborieux paysans qui nous entouraient; nous oubliions que nous étions venus là pour les enseigner et nous ne pouvions qu'écouter cette voix convaincue qui nous disait en des accents impossibles à rendre ce que Dieu avait fait pour son âme.

Il traversa ensuite de nouvelles semaines de souffrances physiques où il lui semblait qu'il ne se guérirait plus. Pendant cette période de grande faiblesse, il lui devint évident que c'était seulement par là, vie d'un Autre, par la puissance d'un Autre qu'il deviendrait victorieux du péché. En écoutant, nous aurions aimé écrire oc qu'il disait, phrase après phrase, car cela aurait été digne d'être lu à nos grandes conventions de Keswick.

Nous avons regretté de ne pas comprendre toutes les nuances du dialecte dans lequel il nous racontait ces merveilleuses expériences, et comment il était entré par la foi dans cette vie de paix et, de puissance, la vie transformée dans laquelle: «Ce n'est plus moi qui vis, c'est Christ qui vit en moi ».

Vint ensuite le récit de sa troisième maladie dont il se remettait à peine. Les docteurs l'avaient condamné, ainsi que tout son entourage; sa femme pleurait près de son lit, tandis qu'il essayait de lui faire ses dernières recommandations à l'égard de leurs enfants. « Mais ne m'as-tu pas souvent dit, sanglota-t-elle, que ton Jésus guérissait les malades et ressuscitait même les morts? » - « Oui, certainement » - « Eh! bien ! s'Il te guérit, je croirai en Lui et je deviendrai chrétienne comme toi. »

Le pauvre homme était trop faible pour prier à haute voix. mais elle s'agenouilla près de lui et commença à crier au Seigneur, comme un enfant. Elle Lui dit son angoisse et Le pria de Lui pardonner de ne pas s'être décidée depuis longtemps à se donner à Lui. À partir de ce moment, le malade se rétablit de sorte, que la grande bénédiction de cette dernière épreuve fut la conversion de sa femme.

Avant que la semaine se fût écoulée, nous avions dépassé la frontière du Kansu et nous nous avancions vers la ville de Kingchow, par un épais brouillard de décembre qui nous cachait le paysage tout autour de nous. Notre chemin traversait un plateau élevé, surplombant des précipices qui descendaient de chaque côté à des centaines et des milliers de pieds.

De grands arbres bordaient la route, kilomètre après kilomètre, restes séculaires de l'interminable avenue plantée par le vice-roi Fso tout le long du chemin jusqu'à Ti-hwa-fu.

Nous suivions en effet la grande voie de communication usitée depuis des siècles entre les riches plaines de la Chine et les marchés de l'Inde, de la Perse et du Monde Occidental. Depuis plusieurs Jours déjà, nous avions dépassé des caravanes de gens et de chameaux, de, charrettes chargées de sacs de grains ou de ballots de plantes médicinales, des mulets portant du charbon ou du bois, des brouettes encombrées de marchandises hétéroclites, des troupeaux de pores, de moutons et de chèvres conduits par de robustes muletiers, bergers ou autres montagnards. Les chars qui nous accompagnaient étaient d'apparence plus moderne, et transportaient des cigarettes pour le compte d'une Compagnie américaine ; notre propre cocher, Jehu, présentait un aspect des plus bizarres, avec sa chevelure inculte, ses larges pantalons en forme de sacs, ses guêtres jaunes, son habit rapiécé et d'une couleur indéfinissable. La nuit était arrivée et Jehu avait fait entendre son cri perçant d'avertissement avant de pénétrer dans l'étroit défilé par lequel nous allions redescendre des hauteurs.

À mi-chemin de la descente, nous arrivâmes à un groupe de maisons et de boutiques illuminées où nous dûmes attendre le passage d'un convoi lourdement chargé remontant de la plaine.

En dessous de nous, nous entendions les vociférations des conducteurs et les claquements stridents de leurs longs fouets et nous souffrions des souffrances de leurs pauvres bêtes et de celles de toute la création qui attend « avec un ardent désir la révélation des fils de Dieu ». À ce moment, des porteurs de lanternes apparurent, escaladant la colline en demandant où étaient les voyageurs étrangers. De cordiales salutations furent échangées entre nous et dès que la voie fut libre, nous nous remîmes en route. Nous descendions encore au milieu d'épaisses ténèbres, lorsque tout à coup un des faubourgs de la ville se présenta devant nous avec ses auberges bruyantes et ses groupes animés d'acheteurs et de vendeurs.

Nous nous acheminâmes à travers une foule compacte jusqu'à la rue tranquille où se trouve la Maison missionnaire. La haute taille de M. Gjelseth apparut sur le seuil et une solide poignée de mains nous fut offerte à la manière scandinave. Il nous semblait nous trouver en Norvège ou en Suisse en voyant ces hautes montagnes qui se profilaient sur le ciel et la silhouette de l'église élevant tout près de nous son clocher élancé. Cette église, bâtie par nos frères norvégiens, avait été le point do, départ d'une ère de prospérité pour la ville et ses habitants, car tandis qu'auparavant le commerce était en majeure partie entre les mains des gens du dehors, actuellement ce sont les habitants de Kingchow qui s'en occupent surtout.

Ces dernières années, les récoltes ont été bonnes, la ville a été épargnée par les brigands et seize de leurs concitoyens occupent un rang honorable comme hauts fonctionnaires dans d'autres villes. C'est ainsi que la présence de cette église, située en dehors des murs, est devenue une source de prospérité pour toute la contrée, aussi les vibrations de sa cloche sonore sont-elles entendues avec plaisir au pré, comme au loin. Parmi les membres de la communauté chrétienne s'élevaient aussi des actions de grâces à notre sujet, car notre arrivée, à ce moment précis, était une vraie réponse à leurs prières. En effet, une convention chrétienne avait été préparée par eux depuis plusieurs mois et devait avoir lieu cette même semaine et ce ne rut, qu'après en avoir fixé la date que M. et Mme Gjelseth entendirent parler de notre visite projetée. Or, ils ne savaient ni le moment de notre passage, ni l'itinéraire de notre voyage, mais de suite les chrétiens s'étaient mis à prier afin que notre séjour coïncidât avec l'ouverture des réunions.
De notre côté, nous ne savions rien de ces prières.

Lorsque nous arrivâmes ce certain mercredi soir, la Maison missionnaire était déjà peuplée de chrétiens joyeux, car la conférence s'ouvrait le vendredi.

Nous ne pouvons pas nous arrêter longuement sur les expériences bénies de ces journées, pendant lesquelles des croyants furent raffermis, des âmes sauvées et où nous recueillîmes de précieux enseignements sur la puissance de Dieu à l'oeuvre dans des vies placées à l'extrême opposé des nôtres dans l'échelle sociale.

Nous avions rarement rencontré une personnalité aussi attrayante que celle d'une vieille dame de soixante-dix ans, qui servait le Seigneur comme concierge de la Maison missionnaire. Elle était veuve d'un haut dignitaire, qui avait été fier de sa beauté remarquable, Ce fit après la mort de son mari qu'elle devint, chrétienne. Voyant alors une petite chambre disponible près de la salle de réception des femmes, elle demanda la permission de s'y établir et de consacrer le reste de sa vie au service du Seigneur. Elle avait soif de gagner des âmes à Christ et quoiqu'elle ne pût faire aucune course d'évangélisation à cause de ses pieds déformés, cependant elle se rendait utile en surveillant la maisonnée pendant les absences de Mme Gjelseth et, en recevant les visiteurs à sa place. C'était délicieux de l'observer tandis qu'elle accueillait avec, une égale courtoisie des visiteurs fortunés, des professeurs de l'École du gouvernement ou de pauvres malades venant chercher des médecines. Les gens de la campagne l'appréciaient également, ils aimaient à s'asseoir auprès d'elle sur le « Kang » (1) et les fillettes de notre école la considéraient comme une mère.

Elle partageait la même nourriture qu'elles, quoique la famille, de son frère lui envoyât souvent des mets plus recherchés. Ses pieds qu'elle avait débandés en devenant chrétienne parlaient encore d'une période de souffrances que le temps n'avait pu effacer. Son père était un mandarin distingué; il aimait si tendrement sa petite fille qu'il ne pouvait supporter l'idée de la faire souffrir en serrant ses pieds dans des liens suivant la coutume du pays.

Il la laissa donc s'ébattre librement jusqu'à l'âge de dix à onze ans, mais à ce moment elle avait pris des allures si indépendantes, courant et grimpant aux arbres comme ses frères, que ses parents en furent sérieusement alarmés et commencèrent à lui bander les pieds, mais hélas! ce fut bien pire que s'ils avaient commencé plus vite. Les souffrances de la pauvre enfant, étaient si vives que pendant plus d'une année, elle put à peine dormir la nuit; son père se relevait alors et la portait dans ses bras pendant des heures pour calmer les douleurs que l'immobilité rendait intolérables. Mais hélas! tout son amour et tous ses soins ne pouvaient abolir cette coutume barbare. La récompense vint plus tard lorsque sa fille fut une vraie beauté et que ses pieds, aussi bien que toute son attitude, portèrent le cachet d'une vraie distinction. Le seul regret de la chère vieille dame était que ses pauvres pieds difformes l'empêchassent de vaquer au service du Seigneur comme elle l'aurait désiré.

Très différente était la condition de la lectrice de la Bible, un des joyaux de l'église de Kingchow. Adoptée dès soin enfance par Mme Gjelseth, elle fut ainsi préservée d'une vie de misère et de honte, car ses parents étant tous deux fumeurs d'opium, elle aurait pu être vendue au plus offrant. Mais le père entendit parler des missionnaires et par eux il apprit à connaître Celui qui est Tout-Puissant pour sauver les victimes du péché. Il fut délivré de sa passion pour l'opium et devint un chrétien sincère. Trois mois après, se sentant très malade et désirant assurer l'avenir de son enfant, il fit prier Mme Gjelseth de venir le voir. Elle le trouva abandonné, dans une misérable demeure, et lui promit d'élever l'enfant qui avait déjà été remise à ses soins; mais le père avait encore un autre fardeau sur le coeur. « Je crois en Jésus, dit-il avec difficulté, et si j'étais dans votre maison Jésus viendrait certainement me chercher; mais je ne crois pas qu'Il puisse venir ici, dans cette sale et misérable demeure; vous m'avez souvent dit, ajouta-t-il pensivement, que Jésus me prendra au ciel, mais pensez-vous vraiment qu'Il viendra me chercher dans un pareil endroit? » Mme Gjelseth le rassura en lui rappelant que Jésus s'était fait pauvre pour nous, qu'Il était né dans une étable et qu'Il viendrait sûrement le chercher. « Oh! combien j'en suis heureux, reprit le pauvre homme, à mesure que cette pensée pénétrait en lui, je puis donc maintenant mourir en paix. »

Après avoir prié avec lui, Mme Gjelseth partit, en lui promettant de lui amener sa fillette le lendemain, mais, lorsqu'elles revinrent, elles le retrouvèrent dans la même attitude que la veille; sur sa paisible figure errait encore un sourire qui semblait dire : « Jésus est venu me chercher, même dans cet endroit misérable ».

Son enfant est maintenant une chrétienne de valeur, dont le coeur est rempli d'amour pour son Sauveur et pour les âmes, de telle sorte que nous éprouvâmes une vraie bénédiction à passer une heure de prières avec elle.

Notre dernier dimanche en cours de route nous trouva retenus par le mauvais temps dans une petite auberge de campagne. La neige et le grésil nous avaient empêchés d'atteindre le but de notre voyage et l'endroit où nous arrivions pour y passer le dimanche était des plus pauvres. Mais il se trouvait là des âmes affamées et altérées de vérité avec lesquelles nous passâmes la journée à écouter leurs récits et à leur parler de Jésus. Nos paroles tombèrent dans un terrain bien préparé et plusieurs hommes et jeunes gens restèrent longtemps avec nous, ne pouvant se lasser d'entendre répéter encore et toujours la bonne nouvelle du salut. Plusieurs d'entre eux périrent probablement quelques jours plus tard dans le tremblement de terre qui se fit particulièrement sentir dans cette région. Nous entendîmes cependant parler d'un homme qui s'était consacré au Seigneur pendant ce dernier dimanche et dont la conversion remplit nos coeurs de joie.

Que nous importaient en effet les désagréments de cette triste auberge, la crainte des voleurs, crainte qui avait engagé l'hôtelier à pousser des cris toute la nuit à intervalles réguliers, pour prouver aux voleurs que nous ne dormions pas; qu'importait la chambre, si froide et humide que, malgré nos couvertures, nous tremblions de froid sur notre couche, et l'atmosphère si enfumée que nos yeux ne pouvaient s'arrêter de pleurer? Qu'importait tout cela? pourvu que cette précieuse âme fût sauvée pour l'éternité!


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(1) Lit de briques chauffé.

 

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