Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE  (Jean 17.17)
Cela me suffit...
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TA PAROLE EST LA VERITE
(Jean 17.17)
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L'APPEL DU GRAND NORD-OUEST CHINOIS
LE KANSU ET LES PROVINCES LOINTAINES

CHAPITRE PREMIER
Quittant la plaine.

Six semaines à peine avant le terrible tremblement de terre du 16 décembre, nous quittions Sian, la capitale du Shensi, située au nord de la Chine, pour aller visiter les régions qui devaient être peu de temps après si cruellement dévastées par le fléau.

Ce mois de novembre 1920 était superbe, l'air pur et vivifiant, surtout à l'heure matinale où nous nous mettions en route, lorsque le soleil se levait dans un ciel sans nuages. Que de fois nous avions déjà vu l'astre du jour paraître et disparaître à l'horizon depuis que nous avions abandonné la voie ferrée pour cheminer sur les routes poudreuses, tantôt franchissant les montagnes, tantôt traversant d'interminables plaines jusqu'à notre arrivée à Sian. Nous avions déjà visité cette ville lors de notre voyage de noces, et nous avions peine à la reconnaître maintenant, tant elle avait changé d'aspect depuis lors et, chose surprenante, il semblait qu'au lieu d'avoir vieilli comme cela avait été notre cas, elle avait plutôt rajeuni.

Combien il nous semblait étrange en effet, en passant sous l'imposante Porte de la Cité, de découvrir, au lieu des vieilles ornières et des terrains boueux d'autrefois, au lieu des bâtisses irrégulières et des écuries encombrées que nous avions connues, une splendide route, bien droite, s'étendant aussi loin que l'oeil pouvait apercevoir. Elle est aussi large qu'un boulevard parisien, unie comme une allée de jardin et bordée de chaque côté de bâtiments à deux étages aussi régulièrement alignés que des pois dans leur cosse.

Des bicyclettes sillonnent cette avenue où l'on aperçoit des poteaux de télégraphe et de téléphone, des lumières électriques et des boutiques modernes, tandis que des soldats en brillants uniformes et des étrangers en voiturettes se rendent à leurs affaires. Combien toutes ces innovations faisaient paraître antiques et surannés notre costume chinois et notre véhicule primitif !

Et puis, que de changements survenus dans le cercle missionnaire qui nous avait accueillis si chaudement trente ans auparavant ! Des visages aimés avaient disparu, et ceux qui restaient de ce premier groupe étaient devenus de respectables vétérans ayant toute une vie derrière eux. La petite poignée de convertis que nous avions laissée, transformée maintenant en une église florissante, ne comptait pas moins de cinq cents membres dans la ville et tout autant dans les stations dépendant de ce poste.

Combien il était réconfortant pour nous de contempler cette jolie chapelle toujours comble le dimanche et d'entendre le choeur des cinquante étudiants de l'École Biblique qui soutenaient le chant ! De nombreux jeunes gens sont maintenant élevés dans une école suédoise-américaine ouverte récemment pour répondre aux besoins du cercle missionnaire. La conversion d'un de ces chers garçons qui passa des ténèbres à la lumière pendant notre visite, événement qui amena un souffle de réveil sur l'école toute entière, fut pour nous une expérience inoubliable. Plusieurs d'entre eux se préparent à travailler plus lard dans ces champs de mission, qui en ont un si urgent besoin.

Mais quoique nous ayons trouvé là en abondance de quoi nous réjouir et nous intéresser, tant dans cette partie de notre oeuvre que dans la branche anglaise de la mission Baptiste, nous ne pûmes y séjourner que le temps strictement nécessaire à la préparation du reste de notre voyage, car le vaste Nord-Ouest chinois se trouvait encore devant nous, s'étendant de cette plaine populeuse jusqu'aux confins solitaires du Kansu, qui se perdent à leur tour dans l'Asie centrale. Nous avions devant nous six jours de voyage avant, d'atteindre la frontière, sans compter les visites aux stations intermédiaires; et lorsque nous pénétrâmes dans cette nouvelle province (à 1.000 milles de Shanghaï) nous avions à parcourir encore une fois la même distance pour atteindre la frontière du Thibet et des populations musulmanes qui forment le centre du continent asiatique.

Le profond isolement de nos stations missionnaires signifiait, un appel pour nous, car la plupart d'entre elles sont éloignées de six à treize Jours de voyage l'une de l'autre et situées à l'extrême limite de la civilisation aussi bien que de la Chine proprement dite.

Ces stations semblent être hors du monde et leurs missionnaires paraissent comme ensevelis dans ces immenses solitudes.

Des chaînes de montagnes et des déserts incultes les séparent du reste des nations, et leurs rivières gelées en hiver semblent à peine plus mortes que le courant d'esprit qui anime leur peuple.

C'est, pourquoi quelle ne fut pas notre surprise, après avoir franchi ces chaînes de montagnes, de trouver là, au lieu de la stagnation morale et sociale à laquelle nous nous attendions, le flot montant et, vivant d'une des plus importantes voies de communication du monde.


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CHAPITRE Il
Dimanches en cours de route.

Notre premier dimanche se passa à Hingping et il en contact avec une église vivante et riche nous mit en dons spirituels, possédant trois pasteurs indigènes et comptant plus de neuf cents membres communiants; ce n'était évidemment pas une église parfaite, mais elle connaissait l'efficacité de la prière et la puissance de Dieu pour susciter de vrais réveils. Le touchant, accueil que nous firent ces chers amis chinois fut une preuve palpable de la réalité de leur esprit d'amour; ils en avaient conçu le plan d'après leur propre initiative, et leur zèle ne fut point refroidi par le fait que nous n'arrivâmes que longtemps après le moment prévu. Voici, du reste, le récit de notre arrivée parmi eux :
Après avoir été, cahotés péniblement pendant, toute une journée, nous nous trouvions encore loin de la ville. Que faire, si les portes en étaient fermées ? Nous ne pouvions nous empêcher de nous rappeler tout ce que l'on nous avait raconté sur les voleurs qui infestent ces régions isolées. Soudain une lumière brilla sur le chemin et une voix s'écria: « Est-ce le docteur Taylor? » À notre réponse affirmative, notre interlocuteur s'éloigna rapidement et bientôt nous pûmes voir des lumières et entendre de nouvelles voix. Un mulet fut attelé à notre véhicule et, entraînés à vive allure, nous partîmes sur mi-chemin aussi inconnu qu'invisible à nos yeux.

Mais qu'importaient les secousses et les cahots comparés à la joie que nous éprouvions à la vue de nos hôtes qui s'empressaient autour de nous. Un peu plus loin, nous aperçûmes de nouvelles lumières et de nouveaux amis qui accouraient avec des expressions heureuses et bienveillantes et des voix cordiales! De fortes mains nous aidèrent à descendre de voiture, puis nous fûmes conduits par une pente assez raide jusqu'à un portail ouvert. « Mais ce n'est pas la ville, puisque nous n'en avons pas franchi les portes? » - « Non, mais vous êtes fatigué, nous vous avons préparé des rafraîchissements ici; ensuite, nous vous conduirons à là Maison de la Mission. » Cet endroit nous parut comme un palais féerique préparé pour nous sur le bord du chemin. À l'intérieur, une lampe brillait au-dessus d'une table couverte de tasses de thé fumant et de pâtisseries. Le tout était si propre et appétissant! Nous nous assîmes avec deux des pasteurs indigènes et quelques membres de l'église et rendîmes grâces ensemble pour cette cordiale bienvenue. Pois nous reprîmes le chemin de la ville dont les portes déjà fermées se rouvrirent pour nous. Entourés d'une joyeuse escorte, avec le pasteur Hwang chevauchant à nos côtés, nous ressemblions à une vraie procession parcourant les rues silencieuses de la cité. C'est ainsi que nous arrivâmes à la Maison missionnaire où nous fûmes accueillis par des chants et où la voix paternelle de M. Bergström nous souhaita la bienvenue au Nom du Seigneur. Les paroles sont impuissantes à rendre la félicité de pareilles rencontres. Après avoir salué un grand nombre de chrétiens, on nous conduisit au logement de M. et Mme Bergström, charmant de simplicité et d'agréable confort. Là, autour de la table du souper, nos amis nous racontèrent le secret si merveilleux développement de cette église de Hingping. Ses premiers missionnaires avaient été des gens très simples, mais animés d'un esprit de foi et d'amour vraiment apostolique. M. et Mme NordIund étaient de jeunes mariés dont les coeurs débordaient du désir d'apporter Christ à ce peuple enténébré; mais ils rencontraient une indifférence et une opposition si grandes qu'ils ne pouvaient faire autre chose que de prier.

M. Nordlund prêchait et vendait, des portions des Écritures, tandis que Mme NordIund accueillait avec bonté les femmes qui venaient la visiter par curiosité, mais qui ne lui demandaient que bien rarement de pénétrer dans leurs intérieurs; personne ne paraissait, s'intéresser à leur message. Un certain jour cependant les choses arrivèrent à un point culminant. Un Évangile fut trouvé à terre devant leur porte, toutes les pages en avaient été couvertes d'accusations contre les missionnaires et partout où se trouvait le nom de Jésus, d'horribles blasphèmes avaient été écrits contre Lui. Saisis de douleur et d'indignation à cette vue, les NordIund privent le livre et s'agenouillèrent sur le sol, comprenant que le moment était venu de commencer la lutte. Cette fois, l'ennemi avait été trop loin ; et pour l'honneur du précieux Nom blasphémé par les païens, ils s'emparèrent des promesses de la Bible, avec une foi qui réclamait à tout prix un exaucement, miraculeux. C'est ainsi que tout l'après-midi se passa dans la prière et dans les larmes; que pouvaient-ils faire d'autre eu ces jours-là? Un de leurs aides racontait plus tard qu'il les avait souvent vu rester des heures à genoux, priant avec larmes pour qu'une brèche se fasse dans la ville ou pour un cas particulier.

Une des choses que Mme NordIund avait le plus à coeur était que le Seigneur parlât directement à ce peuple qu'ils se trouvaient impuissants à atteindre eux-mêmes, que Dieu se révélât, même par des visions ou des songes, s'il n'y avait pas d'autre moyen, pourvu que d'une manière ou d'une autre Il les attirât à Lui. Elle pria ainsi tout l'été et voici quelle fut la réponse à sa supplication : dans un village de la campagne, une femme vit en songe un être, lumineux qui venait à elle, les mains tendues comme s'il lui apportait un don. Elle ne put oublier ces traits ainsi que l'expression d'amour et de bonheur qui les illuminait, car elle n'avait jamais rencontré un pareil regard et ne pensait jamais le revoir. Quelle ne fut pas sa surprise lorsque venant un jour à la ville et se mêlant à la foule qui écoutait le missionnaire étranger, elle revit ce même regard qui la considérait avec bonté. Rien d'étonnant à ce qu'elle écoutât attentivement la Parole de vie et à ce que la vérité atteignit son coeur. C'était donc là ce merveilleux don qui lui était offert, le don d'un Sauveur mort, afin que ses péchés à elle tussent pardonnés, et qui voulait ensuite lui donner le bonheur éternel avec Lui dans le ciel ! Quelle joie fut la plus grande? celle de la femme entrant par la foi dans cette vie nouvelle en Christ ou celle des missionnaires reconnaissant ainsi l'action directe de Dieu en réponse à leurs prières?

Dix ans plus tard, l'église de Hingping était fondée et comptait déjà cent cinquante membres, mais M. Bergström (qui avait succédé à M. Nordlund, ne se montrait pas encore satisfait, quoique beaucoup de ces convertis fussent ses enfants spirituels et qu'il les aimât comme un père seul peut aimer ses enfants. Il avait également essayé d'atteindre les lettrés du voisinage, et plusieurs s'étaient joints à eux. Ces résultats étaient encourageants, mais il soupirait après une évidence plus grande de la vie spirituelle et de la puissance divine parmi son troupeau. «Je sentais, disait-il plus tard en se remémorant ces jours-là, que nos chrétiens n'étaient pas assez unis, qu'ils manquaient d'amour et de support les uns envers les autres; ils se laissaient trop dominer par les choses terrestres et l'Esprit de Dieu n'avait pas assez libre cours en eux pour les rendre semblables à Christ ». Un urgent besoin d'aides indigènes, d'hommes de foi et de dévouement pour évangéliser cette plaine populeuse se faisait sentir.

L'unique remède à cet état de choses était la prière et M. Bergström s'y consacra d'une manière plus définitive.

Deux années s'écoulèrent ainsi pendant lesquelles le fardeau devint si lourd, que le missionnaire sentit que si le cri de son coeur n'était pas exaucé, il ne pourrait pas continuer plus longtemps. Il ajouta de fréquents temps de jeûnes à ses prières. Un jeune missionnaire qui le rejoignit à ce moment-là fut très frappé de voir le Directeur de la station, malgré sa grande tâche, trouver encore le temps de consacrer des heures à la prière, jeûnant jusqu'à deux fois par semaine. M. Bergström demandait un réveil, un vrai réveil comme il en avait connu en Suède, afin que le Seigneur pût faire surgir du milieu des indigènes, des hommes revêtus de dons spirituels et que toute la contrée s'ouvrit à l'Évangile.
L'exaucement fut merveilleux, comme on put le constater une douzaine d'années plus tard par les résultats obtenus. « Je suis un chaud partisan de Finney, nous disait-il en parlant des écrits du grand Révivaliste, et les temps que nous avons vécu en 1907-1908, avant et pendant le séjour de M. Lutley ici, en furent une vivante illustration. Nos prières étaient exaucées et notre joie parfaite; mais je crois aussi à un réveil continu, je crois au réveil tel qu'il eut lieu dans l'église de Moody où il dura huit ans et où il ne se passait pas de semaines sans que des âmes fussent sauvées et des croyants vivifiés. Si nous nous servions avec fidélité des deux moyens que Dieu met à notre disposition : la prière et la Parole, il en arriverait sûrement de même chez nous et de puissants réveils ne seraient qu'une mesure plus abondante de ce que nous devrions expérimenter en tous temps. Je ne puis pas dire que nous soyons parvenus ici, en tant qu'église, à ce niveau spirituel ; mais il est hors de doute que plusieurs de nos chrétiens sont remplis de l'Esprit, sinon nous ne verrions pas les conversions dont nous sommes témoins par la grâce de Dieu. »

C'est ce dont nous nous rendions compte en assistant aux cultes et dans nos entretiens avec les chrétiens. Quel esprit de prière régnait parmi eux!

Une conférence d'automne avait eu lieu récemment, apportant avec elle de nombreuses bénédictions, mais le peuple était désireux d'en entendre davantage. Le pasteur Wang, de l'Oeuvre de la Tente Missionnaire, assistait à ces réunions ainsi que le pasteur Kuoh et le pasteur Hwang, qui présidait la conférence. L'ardeur des chrétiens à rechercher un secours spirituel fut ce qui nous impressionna le plus, que ce fût pour obtenir la guérison de leurs maladies ou pour la délivrance du pouvoir de Satan, car pour eux Satan est une personnalité aussi réelle que toute autre présence visible. Il était émouvant de constater avec quelle franchise les hommes et, les femmes confessaient leurs péchés et en réclamaient le pardon. Il n'était pas rare, en ces jours-là, de voir le pasteur Hwang s'arrêter au milieu d'un culte ou pendant les prières, pour demander à ceux qui s'avançaient vers l'estrade : « Que désirez-vous? dites-le-moi et nous prierons pour vous », de sorte qu'à la fin de la réunion, bien des gens venus sans y être invités et qui avaient donné leurs coeurs au Seigneur, Lui rendirent grâces pour les bénédictions reçues. Les prières étaient plus définies, plus libres et plus vibrantes que les prières habituelles ! M. Bergström avait l'habitude de dire en commençant chaque réunion : « Maintenant, nous allons consacrer un peu de temps à la prière ». Il énumérait différents cas, fournissant ainsi des sujets déterminés pour la prière qui ne se perdait pas en vaines dissertations, mais allait directement au but. À un certain culte du dimanche matin, après avoir fait chanter un cantique d'actions de grâces, il commença par ces mots : « Et maintenant, prions pour la Venue du Règne de Dieu sur la terre; Notre Seigneur Lui-même nous a enseigné à dire : Que ton Règne vienne ! Depuis dix-neuf cents ans, cette prière a été celle de l'Église et bien des signes nous prouvent actuellement qu'elle sera bientôt exaucée par le Retour de Notre Seigneur; consacrons donc un moment à prier pour l'établissement de ce Règne où tout sera justice, paix et joie par le Saint-Esprit ». Deux des pasteurs répondirent à cet appel par une supplication intelligente et fervente. La voix tranquille de NI. Bergström reprit alors : « Prions maintenant pour notre pays, pour la Chine, pour son gouvernement et sa prospérité ».

Après avoir introduit le sujet, deux des anciens le présentèrent à Dieu. Dans les prières qui suivirent, que de choses nous furent révélées sur la manière d'intercéder habituelle à ces chers chrétiens ! « Maintenant prions encore pour nos familles, nos amis, nos voisins et les réunions de ce jour. » Quelques-uns des anciens prièrent d'une façon persuasive qui fut d'un grand secours à ceux qui allaient parler. C'est ainsi qu'à chaque nouvelle rencontre, qu'ils fussent invités à prier ou non, ces gens aimaient à le faire, attendant à peine que l'un eût fini pour commencer à leur tour et le faisant spontanément comme si chacun d'eux traitait une affaire directe avec son Dieu. Des inconvertis arrivant à ce moment n'auraient pu qu'être impressionnés par le fait que le Dieu de ces chrétiens était bien réellement Celui qui entend les prières et les exauce.

« Mais comment ces convertis, récemment sortis du paganisme, peuvent-ils prier avec tant, de foi et d'a propos? » demandions-nous. La cause n'en était pas difficile à découvrir avec l'homme de Dieu qui vivait au milieu d'eux, répandant autour de lui une atmosphère remplie de la présence de Dieu.

« J'ai commis plusieurs erreurs, nous disait-il un jour, mais le Seigneur a béni, malgré mes manquements quelques-uns m'ont blâmé d'avoir baptisé les gens trop précipitamment, quoique nous ayons toujours recherché en eux les preuves d'une vraie conversion; d'autres ont trouvé que j'avais tort de confier à nos membres une trop grande responsabilité, mais on peut aussi entraver l'oeuvre du Seigneur par trop de prudence et je ne crois pas que les choses seraient mieux allées si j'avais agi autrement. »

Ce ne furent pas seulement les prières qui nous impressionnèrent, mais aussi les témoignages entendus au grand « Endeavour meeting » auquel nous eûmes le privilège d'assister.

Que l'on se représente une vaste église, irrégulièrement construite, avec ses murs décorés d'écriteaux et de tableaux bibliques, peints par un artiste chrétien chinois et, près de l'estrade, le grand choeur qui soutenait le chant. M. Bergström ne chante pas lui-même, de sorte que les deux violons, les guitares et d'autres instruments s'en donnaient à coeur joie, suivant la méthode chinoise. Des centaines de chrétiens assistaient à cette conférence présidée par le pasteur Hwang, Rapportons ici deux ou trois incidents qui se passèrent pendant ces journées mémorables : le premier qui parla fut un fermier d'âge mûr nommé Kuoh, homme de bonne apparence qui, d'une voix vibrante, raconta qu'il avait été converti deux ans sans posséder de joie au service de Dieu, parce qu'il cachait sa lumière sous le boisseau. Il ne pouvait se résoudre à parler aux autres de ce qu'il avait trouvé en Christ. Tout récemment, dans une des réunions itinérantes du pasteur Hwang, il avait réclamé la délivrance sur ce point spécial, demandant au Seigneur d'ouvrir ses lèvres et se confiant en Lui pour lui aider à rendre témoignage à Sa grâce, rédemptrice; puis il était sorti de la salle, décidé à parler au premier homme qu'il rencontrerait. C'est ce qu'il lit. Étant encouragé par ce premier essai, il s'adressa à d'autres personnes ; qu'eIle joie merveilleuse remplit son coeur dès ce moment-là !
Le Seigneur l'avait exaucé et libéré!

Un homme très différent se leva ensuite : c'était un vieillard presque aveugle, mais tout rayonnant de joie.

Son histoire était remarquable. Depuis quelques semaines déjà, il désirait pouvoir assister à la conférence mais il n'avait ni argent pour le voyage, ni moyen de se nourrir pendant les réunions. C'était le second mari d'une femme qui ne l'avait épousé que pour se procurer un bon ouvrier pour l'entretien de sa propriété.

Cet arrangement avait bien réussi jusqu'à ce que la vue de cet homme commençât à baisser ; dès lors sa vie avait été difficile. Sa femme et les fils de celle-ci s'étaient montrés d'autant plus durs envers lui qu'il était devenu chrétien. Ils ne pouvaient pas supporter l'idée qu'il désirât assister à la conférence et obtenir de l'argent pour sa nourriture et. pour les collectes; aussi lui dirent-ils qu'il n'était pont eux qu'un fardeau inutile qui n'arrivait plus même à travailler assez pour payer son entretien, etc., etc. Nous n'apprîmes ces détails que plus lard, tout ce que l'homme nous raconta, c'est qu'il avait beaucoup prié pour venir aux réunions, désirant tellement apprendre à mieux connaître la vérité et avoir quelque chose à donner à Dieu comme les autres chrétiens; mais son désir paraissait irréalisable et il n'avait d'autre ressource que de continuer à prier. Peu avant la conférence, sa femme ayant besoin de chanvre pour filer, prit un panier suspendu au-dessus de son lit afin d'eu retirer une poignée, À son grand étonnement, elle sentit dans le chanvre quelque chose de dur qui se trouva être un dollar en argent. Personne n'en connaissait la provenance et la femme et ses fils étaient trop stupéfaits pour oser se l'approprier.

« C'est la réponse à mes prières, fit alors le vieillard, dès qu'il apprit la chose, vous ne vouliez pas me donner de l'argent pour aller adorer mon Dieu, mais Il a entendu mon cri et m'a envoyé ce dollar; nous ne pouvons l'employer que pour Son service. » Sa femme était si étonnée de cet incident qu'elle lui remit la pièce sans plus de résistance, et l'on petit s'imaginer avec quelle joie le pauvre homme accourut aux réunions. « Et maintenant, ajouta-t-il, ma famille désire aussi apprendre à connaître l'Évangile et me traite avec plus d'égards qu'auparavant. »

« Véritablement, lui répondit le pasteur Hwang, le Seigneur a bien des moyens différents à Sa disposition; dans votre cas, Il a eu pitié de Son enfant éprouvé et Il est venu à son secours en lui accordant plus qu'il n'avait demandé et pensé. » Nous passerons sous silence plusieurs autres récits intéressants et instructifs, pour raconter encore un trait merveilleux qui se passa à la dernière réunion.

Une femme dans la force de l'âge et d'un extérieur soigné s'avança de son propre mouvement et vint, s'agenouiller devant l'estrade. « Que désirez-vous que nous demandions à Dieu pour vous? » lui dit un des pasteurs. La réponse fut plutôt surprenante : « Je désire croire au Seigneur avec toute ma famille ». Mais à ce moment et avant qu'elle eût pu ajouter autre chose, le fermier Kuoh avait quitté sa place et s'était élancé vers elle : « Oh ! c'est la mère de mon enfant! s'écria-t-il, elle seule, de toute notre famille se refusait à croire. Mon vieux père a accepté le salut à l'âge de quatre-vingt-cinq ans, ma mère croit aussi, ainsi que mon fils et ma belle-fille, mais ma femme était opposée à nos nouvelles croyances et maintenant, Dieu soit béni, elle désire aussi devenir chrétienne! » Sa figure était rayonnante taudis qu'il s'agenouillait à côté d'elle. Des actions de grâces et des prières s'élevèrent à. Dieu et comme nous nous relevions elle nous dit tranquillement :
Maintenant je crois aussi comme toute ma famille ».

Il ne nous est pas facile de mettre un terme à nos souvenirs de Hingping, pas plus qu'il ne le fut de nous séparer de ces vrais amis. Nous devons omettre bien des conversations intéressantes avec les chers conducteurs de l'oeuvre, de même que nous ne pouvons nous étendre davantage sur le mouvement de réveil que nous avons déjà mentionné; citons cependant encore une remarque de, M. Bergström, concernant une découverte qu'il fit lorsque la puissance du Saint-Esprit se manifesta d'une manière si frappante au milieu deux. Jusqu'alors il s'était toujours senti embarrassé par la langue chinoise, quoiqu'il la possédât à fond, la considérant comme un interprète insuffisant et impropre à exprimer les vérités spirituelles. Mais pendant ces journées merveilleuses qui élevèrent tellement le niveau spirituel de l'église, il fit, une expérience remarquable a ce sujet. «Je découvris alors, nous dit-il, que la langue chinoise s'adapte à nos besoins tout autant que n'importe quel autre dialecte. J'avais toujours pensé que son vocabulaire ne comportait aucun de ces mots vibrants, allant, au coeur, comme nos langues occidentales, mais lorsque le Réveil éclata, oh! quelle intimité s'établit parmi nous ! Les difficultés du langage avaient entièrement disparu. »


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