Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE  (Jean 17.17)
Cela me suffit...
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Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE
(Jean 17.17)
Cela me suffit...



À l'Image de Christ

XV

La vie du sentiment en Christ.

Matthieu VIII, 17; IX, 36; XIV, 14; XV, 32; XX, 34. Marc 1, 41; IV, 33. Luc VII, 11-15.

Matthieu
VIII, 10; IX, XI, 6; XIII, 58; XIV, 31; XV, 28; XXVI, 13, 38. Marc VI, 5, 6; VIII, 12. Luc VII, 9; XVII, 17.

Matthieu
XVI, 23; XVII, 17; XXVI, 50-55. Marc I, 25; III, 5; XV, 3-5. Luc IV, 35, 39-41. Jean XI, 33-38.

Matthieu
XXVII, 34. Marc X, 13-16, 21; XII, 34. Luc X, 21; XIX, 41. Jean VIII, 1-11; XII, 27; XIII, 21; XX, 16-17.

Matthieu
VIII, 4; IX, 30; XII, 16; XIV, 22, 20; XVII, 9. Marc VII, 24, 36; VIII, 26, 30. Jean V, 13; VI, 15.

La vie de Christ a été, de nos jours, si consciencieusement fouillée dans tous ses détails que l'on se demande si l'intelligence y découvrira encore quelque chose de nouveau.

Un vaste champ serait cependant ouvert dans l'étude de la profondeur de sentiment qu'il posséda. Ce don était chez lui aussi délicat que sa parole et son action étaient puissantes; et les mobiles secrets de sa conduite restent incompréhensibles à ceux qui ne partagent pas en quelque mesure sa rare sensibilité. Depuis son apparition, une foule toujours grandissante a appris de lui à s'intéresser au sort de la femme et de l'enfant, des pauvres et des serviteurs, que le monde antique considérait comme négligeables. Les Évangiles citent des traits nombreux qui trahissent les impressions produites sur lui dans des circonstances diverses : un seul incident, - la mort et la résurrection de la fille de Jaïrus, - dans lequel les sentiments de son coeur sont éclairés d'un jour très remarquable, peut servir d'exemple suffisant.

I

C'était le cas d'un homme dont la fille unique était mourante et, - nous dit l'Évangile de Marc, - il supplia Jésus pour elle. Son coeur ne pouvait rester sourd à cet appel et sa compassion fut accrue par le fait que c'était une enfant malade, « ma petite fille », l'appelait son père. Toutes les scènes de la vie du Christ dans lesquelles apparaît l'enfance sont d'une beauté et d'une émotion exquises, grâce au sentiment qu'il y apportait. Il creusa dans le coeur de l'humanité une source nouvelle d'amour. Ruskin a remarqué qu'il n'y a pas d'enfants dans l'art grec, mais qu'ils abondent dans l'art chrétien, - preuve irrécusable que le regard de Christ fut le premier à discerner entièrement le charme de l'enfance.

À la requête de Jaïrus, il se hâtait vers sa demeure quand, en chemin, survient un messager; il annonce au père la mort de son enfant qui rend inutile la présence du Maître. Sur quoi, sans attendre une prière, Jésus se tourne vers lui et lui dit: « Ne crains pas; crois seulement. » Les sentiments de doute ou de confiance qui se manifestaient dans son entourage lui étaient profondément sensibles. La foi de Jaïrus l'avait réjoui et la crainte de la voir s'obscurcir un instant, hâta sa réponse réconfortante. Mainte expérience contraire avait affligé son ministère. S'il eut ici et là à s'émerveiller de la grandeur de la foi, plus souvent il dut souffrir de l'incrédulité ; dans sa ville natale, cette raison restreignit son oeuvre et sa puissance miraculeuse fut comme diminuée par la dépression de son coeur; d'autres fois, c'est l'ingratitude qui répondit à ses bienfaits; lors de la guérison des dix lépreux, un seul vint lui témoigner sa reconnaissance, ce qui lui fit dire tristement: « Où sont donc les neuf que j'ai guéris ? »

II

Quand ils arrivèrent, l'enfant avait cessé de vivre et la demeure était envahie par les entrepreneurs des cérémonies funéraires. La mort, qui est le plus solennel de tous les événements, a revêtu dans certains pays un caractère burlesque, grâce aux coutumes auxquelles on l'a associée; en Palestine, cet abus était poussé à l'extrême. Aussitôt que survenait un deuil, la maison se remplissait de pleureurs professionnels qui poussaient des lamentations Sauvages, en s'accompagnant d'instruments de musique. C'est au milieu de cette cérémonie qu'apparut Jésus. Ce bruit lui fut intolérable; il imposa le silence, et comme il ne l'obtenait pas aussitôt, il chassa de la maison ces sinistres comédiens de la mort.

L'indignation, bien que proche parente de la colère, est une vertu qui révèle une nature honorable et consciente de sa dignité. l'âme qui rêve l'ordre, la justice et la noblesse ne peut que se révolter devant le désordre et la basse duplicité. L'Évangile signale souvent l'indignation de Jésus; tantôt elle est soulevée comme ici par une confusion et un tapage inconvenants, tantôt il réprime les cris des possédés au moment où il chasse les démons. Quand il apaise le vent et les flots pendant l'orage, il nous est représenté dans la même attitude, comme s'il luttait en ce moment avec le prince de la puissance des airs.

L'époque à laquelle il vivait offrait à ce sentiment de nombreuses occasions de se manifester. Ce fut le caractère professionnel du deuil de la maison de Jaïrus qui lui déplut. Mais toute la société judaïque n'était alors qu'une vaste hypocrisie; les hommes investis de fonctions sacrées étaient les premiers à l'encourager par leur exemple, et le langage pieux servait le plus souvent de manteau à l'injustice et à l'impureté. Jésus brûlait d'indignation à cette vue et donnait un libre cours à ses sentiments dans les philippiques adressées aux partis et aux individualités du temps; c'était la flamme sainte de la vérité consumant l'erreur, de la justice attaquant le mal, de l'amour détruisant l'égoïsme.

Trop souvent la croisade contre l'hypocrisie a été inspirée par un zèle impie. Des hommes au coeur faux et de vie mauvaise se sont érigés en censeurs et en satiriques, signalant la paille dans l'oeil de leurs frères, tandis qu'une poutre était dans le leur. Ils jouaient une simple mascarade, mais le sérieux et la pureté du caractère de Jésus donnaient à ses manifestations indignées une incomparable dignité : « Êtes-vous venus chercher un voleur? » demandait-il à ceux qui étaient venus l'arrêter à Géthsémané. « Judas », dit-il au traître, « trahiras-tu le Fils de l'Homme par un baiser? » Et devant le grand-prêtre, Pilate et Hérode, son silence fut plus éloquent que les plus cinglantes paroles.

III

Après le départ des pleureurs de profession, Jésus entra dans la chambre où la petite fille morte était couchée sur son lit; ses trois disciples l'accompagnaient, ainsi que le père et la mère, du droit que leur conférait leur relation avec l'enfant. Il prit alors sa main dans la sienne, avant de prononcer les paroles de résurrection, car il craignait qu'elle ne fût effrayée à son réveil et voulait lui faire sentir l'appui de sa présence; plus d'un parmi nous connaît l'influence de la pression d'une main ferme et de la vue d'un visage calme dans une heure d'agitation maladive ou au retour d'un évanouissement. Ainsi, le tact le plus parfait guidait toutes ses actions, et cela sans calcul, grâce à l'instinct délicat qui lui inspirait toujours la seule chose à faire. Il évitait cependant toute recherche de raffinement, cet écueil des natures émotives qui, si souvent dépassent le but. Chez lui, la sensibilité était saine et virile. Son premier acte, après ces traits de douceur exquise, fut d'ordonner « qu'on lui donnât quelque chose à manger ».

De même, après des journées entières de guérison et de prédication dans le désert, pendant lesquels l'enthousiasme prophétique avait soutenu ses forces, il proposa que de la nourriture fût distribuée à la foule avant qu'on ne la dispersât, « de peur qu'ils n'eussent faim en route », idée qui ne serait jamais venue à l'esprit de ses disciples, malgré leurs préoccupations moins hautes.

Il les dépassait autant par ses facultés pratiques et sa considération des besoins matériels de l'homme que par la délicatesse de ses sentiments.

IV

Après cela, « il leur recommanda de n'en parler à personne ». Cette préoccupation se rencontre fréquemment à la suite de ses miracles. « N'en parle à personne, » dit-il à un lépreux qu'il avait nettoyé. « Que nul homme ne le sache, » dit-il encore à deux aveugles auxquels il avait rendu la vue. Et, règle générale, il défendait à ceux chez qui il avait chassé les démons de le faire connaître.

Des exemples pareils abondent dans l'Évangile, et cependant il ne semble pas que la véritable explication en ait jamais été donnée. On a dit qu'il défendit au malade de mentionner sa guérison de peur qu'il ne fût tenté d'exagérer; dans un autre cas, parce que son témoignage ne pouvait avoir aucune valeur ; ailleurs, parce que le temps n'était pas encore venu pour lui de se faire reconnaître comme le Messie, et ainsi de suite. Ce sont des hommes instruits qui ont, donné ces différentes explications, et elles peuvent contenir chacune une parcelle de vérité, mais elles sont trop recherchées ou abstraites.

La raison la plus vraisemblable est plus superficielle : c'est tout simplement parce que ce grand travailleur n'aimait pas à faire connaître ses bonnes actions. Matthieu le dit si clairement qu'il est étrange que cela n'ait pas été remarqué. Après avoir cité une occasion où à la suite de nombreux miracles, il ordonne expressément aux malades guéris de n'en rien dire, l'évangéliste ajoute que ce fut afin d'accomplir cette prophétie: « Il ne contestera point, il ne criera point et personne n'entendra sa voix dans les rues. » Matthieu XII, 19.

Une des souffrances du travail public pour l'oeuvre de Dieu est le bruit qui se fait autour de lui et le retentissement que lui donnent les gens vulgaires. C'est un mal connu, de nos jours où rien ne demeure caché et où les moindres détails de la vie d'un homme qui s'élève au-dessus de la moyenne, sont exposés aux regards de chacun; l'essence même de la bonté en est menacée, le travailleur tenté par là de rechercher la louange des hommes au lieu d'agir humblement sous le regard de Dieu. Jésus abhorrait cela; il eût voulu rester caché, si cela avait été possible, et ce fut pour lui une lourde croix que l'empressement avec lequel ses malades répandaient partout sa réputation.

Telle fut, analysée dans une simple circonstance, la profondeur de sentiment du Christ; nous aurions pu accumuler les exemples et élargir le sujet. Mais une fois saisi, le fil peut être suivi dans l'Évangile, où les traits relatifs aux émotions de son coeur sont beaucoup plus nombreux qu'on ne pourrait le croire à première vue.

Il ne serait guère plus difficile de retracer l'influence qu'il eut à cet égard sur ses disciples et comment il leur apprit graduellement à sentir avec lui. À toute époque, la religion pure a affiné les esprits; partout où l'Évangile est fidèlement prêché et accepté, l'empreinte du Fils de l'Homme se grave sur les visages humains et la vie en Christ engendre la douceur de l'âme.


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