Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE  (Jean 17.17)
Cela me suffit...
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Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE
(Jean 17.17)
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À l'Image de Christ

XVI

L'influence et l'action de Christ.

Matthieu VII, 28; VIII, 27; IX, 8, 26, 31, 33; XII, 23; XXII, 22, 33. Marc I, 45; Il, 1, 2, 12; VII, 36, 37 IX, 15; XV, 5. Luc II, 47-48; IV, 15, 22, 32, 37.

Matthieu
XIV, 1, 2. Marc IV, 41; X, 32. Luc V, 8, 26. XXIII, 45, 48. Jean XVIII, 6.

Marc
I, 23-27; V, 6-7. Luc VI, 11, XIII, 14.

Matthieu
II, 1-3; III, 13-14; IV, 19-22; XXVII, 19, 55. Marc I, 37; V, 18; XII, 37, Luc I, 41 VIII, 40; XI, 27; XXII, 61, 62; XXIV, 32. Jean VI, 68; VII.

Dans le chapitre précédent, nous avons étudié les impressions produites sur le Christ par les événements et les individus. Dans celui-ci, nous chercherons à discerner les sentiments que sa présence et sa conduite éveillaient dans le coeur des hommes. Si les récits de sa vie accordent une grande attention à la variété et à la profondeur des impressions qu'il recevait de l'extérieur, les remarques sur l'influence qu'il exerçait lui-même ne sont pas moins nombreuses.

Le vieillard Siméon, prenant dans ses bras l'enfant Jésus, avait prophétisé dans le Temple que par lui, les pensées secrètes des coeurs seraient dévoilées. En effet, ceux qui l'approchaient, l'aimaient ou le haïssaient, l'admiraient ou le méprisaient, mais nul ne pouvait rester indifférent. Une légende du Talmud raconte que le roi Salomon possédait une bague sur laquelle était gravé le nom de Dieu; chaque fois que cette inscription était dirigée vers une personne, celle-ci se voyait aussitôt contrainte d'exprimer à haute voix la pensée ensevelie dans les profondeurs de sa conscience. Ainsi, la simple présence de Jésus au milieu des hommes mettait en lumière tous leurs sentiments, bons ou mauvais.

I

L'impression générale qu'il excitait fut, nous dit l'Évangile, l'étonnement: « Ils furent émerveillés. » - « Ils s'étonnèrent. » - « Ils furent saisis d'étonnement. » - Telles sont les phrases qui reviennent continuellement dans ces récits. Quelquefois c'est son enseignement qui les étonnait, - sa grâce, son originalité et sa puissance; - d'autrefois, les connaissances qu'il avait acquises sans avoir jamais étudié. Ses miracles faisaient plus de bruit encore, tous accouraient pour le voir, les malades guéris répandaient au loin sa réputation et, partout sur son passage, une auréole de gloire se formait autour de lui.

Cette vulgaire admiration était pour lui une nécessité pénible ; son âme sensitive craignait les importunités de la foule et mesurait exactement la valeur de cette flatterie superficielle. Le seul avantage qui la lui fit accepter était d'attirer à lui ceux qui le cherchaient réellement et que lui-même était venu chercher. Tel fut le cas de cette femme malade qui toucha un pan de sa robe afin d'être guérie. Pressé de tous côtés par ceux qui le suivaient, Jésus était en contact direct avec plusieurs personnes, sans que rien d'extraordinaire se fût produit; mais lorsqu'elle approcha, humble dans sa misère et sa foi tremblante, une vertu sortit de lui qui la guérit. Sans la foule, elle n'eût pas été là ; c'est l'excitation générale qui l'informa de sa présence et lui fournit cette occasion unique d'aller à lui

C'est peut-être là, en effet, une compensation aux inconvénients du bruit créé autour de certaines formes religieuses. Il faut des cloches pour appeler à l'église ceux qui ont besoin de Christ. Leur son, grave ou joyeux, signale l'apparition des prédicateurs populaires et les multitudes accourent pour les entendre. Quand un orateur distingué surgit ou qu'un réveil se produit, l'étonnement remue la contrée; une grande partie de ce tapage restera sans doute stérile, mais si la majorité du public est entraînée par l'esprit d'imitation, quelques âmes sont réellement touchées; du milieu de la foule bourdonnante qui sort du temple, une personnalité ignorée s'échappe silencieusement, emportant avec elle une bénédiction dans sa solitude.

II

Parfois l'étonnement se changeait en crainte. Lorsqu'il s'éveilla pendant l'orage et calma le vent et les flots, il nous est dit qu' « ils furent effrayés », et, lorsqu'il ressuscita le fils de la veuve de Naïn, « ils furent saisis de crainte ». Cette impression de la présence immédiate du Tout-Puissant saisissait tous les témoins oculaires des miracles.

Certains phénomènes de la nature, tels qu'un coup de tonnerre subit ou un tremblement de terre nous font éprouver une sensation étrange et en dehors du contrôle de notre volonté. C'est le sentiment de l'impuissance humaine sous l'étreinte d'une force inconnue. Ceux qui assistaient aux miracles de Christ reconnaissaient en lui le maître de la nature et des hommes, et cette vague intuition du divin les remplissait d'effroi.

D'autres fois, la crainte qu'il inspirait n'était qu'un hommage rendu à la noblesse de son caractère ; la preuve la plus authentique de la grandeur morale de Jésus se trouve dans l'impression qu'il produisit sur ceux qui l'entouraient aux moments les plus solennels de sa vie. À Géthsémané, quand il rencontra les soldats envoyés pour l'arrêter, son visage portait encore les traces de l'agonie traversée quelques instants auparavant et l'effet en fut extraordinaire. À sa vue, « ils reculèrent et tombèrent sur le sol ». Il semble, du reste, que la pensée constante de l'approche de sa fin l'ait revêtu d'une imposante dignité dans les six derniers mois de sa vie. La grandeur de son but s'imprimait sur sa physionomie, accusaient ses traits, rehaussait sa taille et accélérait son pas ; parfois, tandis qu'il marchait en avant des Douze, absorbé dans ses pensées, « ils étaient étonnés et le suivant, ils s'effrayaient ».

Au début même de son ministère, cette dignité morale s'impose déjà dans plusieurs circonstances. Quand, dans un premier accès d'inspiration prophétique, il chassa du temple les vendeurs et les acheteurs, pourquoi fuirent-ils lâchement devant lui? Ils étaient nombreux; il était seul; ils étaient riches et influents; il n'était qu'un simple artisan. Mais sa personne même prévenait toute résistance et inspirait le respect; devant la majesté de la sainteté indignée, les pécheurs les plus endurcis sont forcés de courber la tête.

III

La crainte que Jésus inspirait était le sentiment qu'éprouve le fini vis-à-vis de l'infini; impuissants dans les mains du Tout-Puissant, ceux qui l'entouraient se sentaient en même temps transpercés par le regard de Celui qui voit tout et qui est pureté.

Comme l'ignorant parle avec aisance dans la compagnie de l'ignorant, mais se met à bégayer et semble avoir peur d'entendre sa propre voix dès qu'il se trouve au milieu d'une société cultivée; comme le mendiant porte sans honte ses haillons troués et rapiécés s'il demeure avec ses égaux, mais devient soudain conscient de cet assemblage disparate s'il est transporté dans un salon rempli d'une foule élégante, ainsi l'âme humaine, mise en contact avec la sainteté, rentre en elle-même et reconnaît toutes ses imperfections. Ce sentiment, lors de la pêche miraculeuse, contraignit Pierre à joindre ses mains suppliantes et à s'écrier: « Seigneur, éloigne-toi de moi, car je suis un homme pécheur! » À la vue du miracle que Jésus avait accompli chez eux, la même raison poussa les Gadaréniens à le prier de quitter leur rivage, tant le péché recule instinctivement devant ce qui est saint.

Dans la tragédie de Faust, Marguerite, type de la pureté virginale, ne peut supporter la vue de Méphistophélès, bien qu'il soit déguisé en chevalier et qu'elle n'ait aucune idée de sa vraie personnalité. Une antipathie irraisonnée l'éloigne de lui: « Rien dans ma vie ne m'a enfoncé le trait plus avant que le repoussant visage de cet homme. »

De même, la présence de Christ éveillait dans les âmes impures une répulsion instinctive et le désir de fuir. Lorsque la femme adultère lui fut amenée, il courba la tête sous cette honte douloureuse et se mit à écrire sur le sol; ses accusateurs, devinant vaguement à la fin ce qui se passait en lui, eurent peur et, « accusés par leur conscience, se retirèrent un à un, depuis les plus âgés jusqu'au dernier, et Jésus resta seul avec la femme qui était là au milieu.
Quand il approchait des possédés, il les jetait dans des paroxysmes d'excitation et ils le suppliaient de partir, car sa vue seule était un tourment pour eux.

La Bonté, si elle ne subjugue pas le coeur humain, réveille en lui tous ses instincts sauvages et contradictoires. Le mal prenait sa pire forme chez ceux qui s'opposaient à Christ. Pilate, par exemple, se contenta d'appliquer dans le cas de Jésus les principes d'administration qui lui avaient servi maintes fois, principes de l'égoïste et de l'opportuniste revêtu du manteau de la justice; mais toute leur sinistre valeur ne fut réalisée que le jour où il relâcha Barabbas et livra Jésus aux bourreaux. L'inhumanité et le vide des Sadducéens et des Pharisiens n'apparurent jamais sous leurs vraies couleurs avant que la lumière qui rayonnait de Jésus n'exposât toutes les taches et tous les plis de la robe de l'hypocrite. La douceur même de Christ les excita à dédaigner plus profondément ses prétentions; le silence qu'il opposait à leurs accusations faisait grincer leurs dents de méchanceté déçue, la vivacité de sa polémique les cramponnait à leurs erreurs.

Ainsi les coeurs sont endurcis par l'excellence même de ceux avec qui ils entrent en contact. jadis, Achab rencontrant Elie, lui cria d'une voix stridente: « M'as-tu trouvé, ô mon ennemi? » de même, le simple soupçon que sa mère prie pour lui ou que des amis bienveillants préparent son bien-être spirituel exaspère, en tous temps, chez l'homme déterminé à descendre la voie large, le désir de faire le mal. - Les moqueries insultantes que doit subir de la part de ses camarades le jeune chrétien qui ose affirmer ses convictions, sont une preuve que sa présence leur est un vivant reproche et ils rendent ainsi, sans le vouloir, hommage à sa supériorité. «Ne vous étonnez pas si le monde vous hait; vous savez qu'il me hait avant vous. »

IV

Mais si la présence de Jésus repoussait quelques personnalités, il exerçait sur d'autres une puissante attraction et le trait dominant de son caractère était certainement la sympathie morale.
Si profondément enraciné que soit le mal dans l'âme humaine, il est incapable d'étouffer entièrement le principe opposé qui dans chaque homme proteste contre le péché, - qui rappelle au fils prodigue la maison paternelle abandonnée et lui fait sentir la honte de garder les pourceaux, - qui l'avertit aux heures de solitude que le péché est son pire ennemi, et qu'il ne trouvera pas le bonheur s'il ne rompt avec lui.

Ce principe rédempteur de la nature humaine est la conscience, et, sans cette intuition divine, la condition de l'homme serait désespérée. Elle oblige le pécheur le plus endurci à s'incliner involontairement devant certaines manifestations du bien. Des appels tels que ceux de Jean-Baptiste la remuent quelquefois, mais la vue d'une pureté exceptionnelle, de la compassion qui se penche sur l'impie et prie pour lui, la touchent plus sûrement. Voilà qui rappelle à l'homme un bien qu'il a perdu! Ses jouissances perverses lui apparaissent alors dans toute leur vulgarité, et il ressent un malaise et un mécontentement inexpliqués.

Jésus exerçait à un haut degré ce genre d'influence. Partout où existait en germe quelque vague aspiration à une vie supérieure, ce sentiment était stimulé par sa présence. La conscience, enfermée dans sa prison, s'éveillait à sa voix et réclamait sa liberté. Quand il passait, les coeurs chargés allaient à lui. Des mouvements inaccoutumés se produisirent chez les publicains et les pécheurs et même chez les Pharisiens: Nicodème vint le chercher de nuit; Zachée monta sur le sycomore pour le voir; la femme pécheresse tomba à ses pieds et les arrosa de ses larmes.
L'attraction morale peut être active ou passive.
Il y a une bonté qui attire les hommes par sa simple force. Elle ne songe pas à l'effet, car son attention est concentrée sur une vision intérieure et occupée à suivre une loi secrète. Elle ne se targue pas de son influence sur autrui, car elle ne se connaît pas elle-même et l'humilité rehausse toutes ses qualités. C'est souvent le caractère des vertus féminines. « Tantôt nous la voyons à l'oeuvre dans une humble vie, fidèle et dévouée, inspirée dans toute sa conduite par l'amour de Dieu qui brûle en elle. Tantôt c'est, dans une sphère plus élevée., au milieu du luxe, une âme libre de liens, que le rayonnement des biens terrestres n'a pu éblouir et qui passe dans le monde sans être effleurée par le mal, malgré, la sympathie qu'elle accorde ici-bas à tout ce qui est bon et beau et la jouissance qu'elle sait en dégager, une de ces âmes qui nous font pénétrer (autant que petit le faire un caractère humain) dans le royaume de Lumière éternelle.» (Mozley; University Sermons.)

Jésus est le couronnement de ces caractères. À travers les siècles, une lueur de sainteté émane de sa figure. C'est pourquoi les regards des hommes, parcourant les champs de l'histoire à la recherche de la perfection se reposent, à la fin, sur Celui qui en fut l'incarnation parfaite et définitive, et ceux même dont l'opposition à la doctrine chrétienne est amère et bruyante, s'apaisent et parlent de Christ avec respect. Aucune plume ne peut rendre l'impression produite sur le lecteur attentif de sa vie dans l'Évangile. Il est aisé de faire une énumération des qualités qui formèrent son caractère humain; mais qui pourrait en exprimer la fusion parfaite, l'harmonie, et le charme subtil? Tout cela cependant, se trouva réuni dans une personnalité unique et ses contemporains le virent de leurs yeux!
L'attraction morale active exerce une influence différente.

Il y a des natures que l'on peut appeler magnétiques. La foule accourt et les suit partout; quelque soit le domaine de leur activité, elles y apportent toutes leurs forces et les autres sont entraînées par le courant. Si c'est le mal qui est leur voie, elles seront souveraines dans le royaume des ténèbres. Mais, comme toutes les forces de la nature, celle-ci petit être conquise et sanctifiée: transformée, elle anime alors l'esprit du missionnaire, de l'apôtre, du précurseur religieux, etc.

Rien n'est plus surprenant dans la vie de Jésus que la facilité apparente avec laquelle les hommes abandonnaient leurs occupations pour le suivre : Jacques et Jean sont dans leur barque, qui raccommodent leurs filets; ils répondent à son appel en laissant là leur travail et leur père Zébédée. Matthieu est au bureau des péages que l'on ne peut quitter à volonté; au premier ordre, il se lève et suit Jésus! Zachée a été toute sa vie un usurier; mais aussitôt que Jésus lui demande l'hospitalité, il lui fait des propositions et des promesses de la plus étonnante générosité.

L'oeuvre magnifique du Christ frappait l'imagination de tous ceux qui étaient capables d'un noble sentiment. Sa personne entière y était consacrée et le dévouement absolu provoque toujours l'imitation. Il était l'auteur et le chef d'un mouvement nouveau qui s'étendait autour de lui et auquel l'enthousiasme de ses disciples attirait chaque jour des adhérents. Cette même puissance se retrouve dans une mesure remarquable chez tous les grands conducteurs spirituels: Saint Paul, Savonarole, Luther, Wesley et nombre d'autres qui, remplis eux-mêmes du Saint-Esprit, ont eu la force de soulever les hommes au-dessus des instincts naturels du plaisir et du confort, et de leur communiquer la volonté du sacrifice à une grande cause. Il n'est pas une vie sérieuse, animée de l'enthousiasme de Christ, qui n'exerce à quelque degré une influence semblable.

Un des faits encourageants de notre époque est la conscience que toute personne qui pense, commence à prendre de sa responsabilité. Pour beaucoup d'âmes, la crainte du péché naît de la conviction du mal qu'elles font à d'autres et leur plus grande joie serait de guider vers le bien ceux avec lesquels la vie les a mis en contact.

Ce sentiment est digne de la solennité de notre existence ici-bas et devrait devenir l'un des principes directeurs de notre conduite. Il n'est cependant pas sans danger. Si nous lui accordions une trop grande place dans nos décisions, il chargerait nos consciences d'un poids intolérable et pourrait tarir la source de notre énergie; il nous induirait facilement à vivre pour l'apparence et à tomber dans l'hypocrisie. L'influence la plus saine est celle qui ne se cherche pas, car ce n'est pas toujours au moment où nous croyons impressionner les autres que nous y arrivons le mieux. Ils évitent nos efforts directs et nous observent lorsque nous n'y pensons guère: un geste inconscient, une parole étourdie leur révèlent le secret que nous gardons. Ils savent fort bien si notre personnalité intérieure répond à notre apparence et ils évaluent le poids de notre caractère avec une curieuse exactitude.

Un homme peut employer toutes ses forces à acquérir de l'influence et manquer le but. Mais, si sa vie intérieure se développe, s'il acquiert de l'empire sur lui-même, s'il grandit en conscience, en pureté, en obéissance, chaque pas en avant le rendra plus digne du monde et des causes qu'il aura à soutenir.

Le chemin qui conduit à l'influence est la grande route du devoir et de la loyauté. Qu'un homme ouvre son coeur à l'énergie de Christ et, consciemment ou inconsciemment, - cette dernière alternative est peut-être la meilleure, - s'accroîtra en lui sa puissance sur les hommes pour Dieu, et sur Dieu pour les hommes!

« Demeurez-en moi et je demeurerai en vous; comme le sarment ne peut porter de fruit s'il ne demeure attaché au cep, ainsi vous ne pourrez porter de fruit si vous ne demeurez en moi. »


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