Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE  (Jean 17.17)
Cela me suffit...
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Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE
(Jean 17.17)
Cela me suffit...



À l'Image de Christ

XII

Christ prédicateur.

Matthieu IV, 16, 23-25; V, 7; IX, 4, 13, 35-38; X, 7,19-20, 27; XIII; XVI, 14.

Marc
I, 38-39; IV, 33; VI, 1-6.

Luc
IV, 16-32; V, 17; VII, 16; VIII, 1-8; XI, 27-28.

Jean
III, 34; VII, 14-16, 26, 40, 45-46; VIII, 1-2.

I

Si nous avons eu le bonheur d'entendre un jour un orateur de premier ordre, si sa parole nous a révélé dans l'Évangile un ferment de vie que nous avions ignoré jusqu'alors, nous lui conserverons à jamais dans nos coeurs un souvenir reconnaissant. Quelle dut être l'impression produite sur les auditeurs de Celui qui parlait comme jamais homme ne parla, sur la foule qui entendit pour la première fois le sermon sur la montagne, ou la parabole du fils prodigue ?

Jésus avait gardé le silence trente ans. Durant cette période, les sources de la pensée et de la conviction s'étaient accumulées dans son esprit et, quand la digue fut rompue, elles se précipitèrent au-dehors en un volume considérable. Il commença à prêcher le jour du sabbat dans les synagogues de Nazareth et de Capernaüm, et son activité s'étendit rapidement aux villes et villages environnants. Les jours de sabbat, l'enceinte des synagogues et les heures accoutumées de dévotion ne suffirent pas longtemps à son zèle; peu à peu, il prêcha chaque jour, non seulement dans les temples, mais dans les rues, les places publiques, au milieu du cadre pittoresque des rives du lac de Génézareth et de ses collines verdoyantes.

L'enthousiasme de ses auditeurs correspondait au sien. Aussitôt qu'il commença à prêcher, sa réputation s'étendit sur le pays entier et de partout on accourait pour l'entendre. Dès ce moment, nous lisons que des multitudes le suivaient; elles le retenaient lorsque, lassé de tant d'efforts, il cherchait à se retirer dans la solitude et quand, à la fin, il réussissait à s'éloigner pour un peu de temps, la foule attendait son retour.

Tous les rangs de la société étaient confondus dans son auditoire. Il arrive souvent que le prédicateur qui réussit à émouvoir le peuple est négligé par les classes cultivées, tandis que celui qui satisfait les intellectuels est au-dessus de la moyenne du public. Mais aux pieds de Jésus on voyait, assis au milieu des masses populaires, des Pharisiens et des docteurs de la loi, venus de toutes les villes de Galilée et de Judée; ceux même qu'un passé plus ou moins respectable tenait à l'écart des synagogues étaient, par exception, poussés vers les assemblées religieuses; tous les publicains et les gens de mauvaise vie venaient l'entendre. Quel pouvait être le secret de cet universel et intense intérêt? Les anciens, dans leurs figurations artistiques, ont représenté l'orateur retenant les hommes à lui avec des chaînes d'or sorties de sa bouche. Quelles étaient donc les chaînes qui servaient à Christ pour captiver tous les hommes?

II

Quand le niveau de la vie religieuse et de la prédication s'est considérablement abaissé dans un pays, l'apparition d'un homme de Dieu qui prêche la Parole avec puissance, devient d'autant plus remarquable par opposition, l'obscurité du fond faisant ressortir la lumière au premier plan.
C'est une nuit pareille qui s'étendait sur toute la Galilée, quand Jésus débuta dans sa carrière de prédicateur.

Matthieu, qui vivait sur les lieux, décrit le contraste produit, en citant ces mots du prophète: « Le peuple qui était assis dans les ténèbres a vu une grande lumière et la lumière a brillé pour ceux qui étaient assis dans la région et l'ombre de la mort. »

De même, le premier jugement porté sur le prédicateur par tous ceux qui l'entendaient fut l'expression de la surprise. Le peuple était étonné de sa doctrine ; car il leur enseignait comme ayant autorité et non comme les scribes.

- C'étaient en effet les scribes qui de semaine en semaine les haranguaient dans les synagogues. Sans doute il y avait entre eux des différences; tous n'étaient pas également mauvais ; mais, pris en masse, c'était bien la réunion d'hommes la moins remarquable qui ait jamais dominé l'esprit d'une nation. Dans la collection de livres juifs appelée le Talmud qui nous est parvenue, nous avons des spécimens de cet enseignement et ceux qui les ont étudiés les considèrent comme les plus stériles produits de l'esprit humain. Leur lecture fait songer à une promenade dans d'interminables galeries de décombres, où l'air est obscurci et les poumons quasi asphyxiés par les poussières suspendues.

Le peuple, dans son jugement, toucha du doigt le défaut principal de ses directeurs spirituels : « Il enseignait avec autorité et non comme les scribes, » c'est-à-dire que les scribes manquaient d'autorité, et c'est en effet la caractéristique des écrits talmudiques. Aucun d'eux ne parle comme ayant jamais été en relations personnelles avec Dieu; tous citent quelque autorité antérieure à laquelle ils appellent; tous s'appuient les uns sur les autres. Cette manière de prêcher qui a souvent prévalu et s'est orgueilleusement arrogé le nom d'orthodoxe, est toujours fatale.

Elle parle de Dieu comme s'il avait vécu il y a des centaines d'années, au temps de la Bible, et qu'il fût absent de la vie et de l'histoire contemporaines? Elle cite la joie en Dieu, le bonheur du pardon, la plénitude de l'esprit et les hautes expériences de la vie spirituelle, comme si elles s'étaient limitées aux saints de jadis et ne pouvaient se renouveler dans les siècles modernes?

La Bible peut être convertie en une prison où l'on enferme Dieu ou en un musée dans lequel la vie spirituelle est une antiquité conservée. Mais ceux qui s'approchaient de Jésus sentaient qu'il vivait en contact direct avec le monde invisible et leur apportait des nouvelles de ce qu'il avait vu et éprouvé. Ce n'était pas un simple commentateur, faible et lointain écho de voix éteintes depuis longtemps. Il parlait comme venant lui-même de la demeure du Très-Haut ou plutôt comme voyant ce qu'il leur décrivait. Ce n'était pas un scribe, mais un prophète qui pouvait dire : « Ainsi parle le Seigneur. »

Et sa renommée se répandit de Dan à Beersheba; les hommes se disaient l'un à l'autre avec des regards joyeux : « Un grand prophète s'est levé parmi nous; » le berger abandonnait son troupeau dans le désert, l'agriculteur son vignoble, et le pêcheur ses filets au bord du rivage, pour suivre le nouveau prédicateur ; car les hommes savent qu'ils ont besoin d'un message d'En-Haut et, quand ils entendent une voix authentique, ils la reconnaissent instinctivement.

III

La prédication acquiert parfois, grâce à la personnalité du prédicateur, une influence extraordinaire. Une simple lecture, faite dans le silence et la solitude, ne peut en rendre la puissance pour qui ne l'a pas entendu.
Il est bien connu que les discours posthumes de quelques grands orateurs de la chaire ont désappointé le public, une fois imprimés. Leur influence procédait de l'homme même, de son individualité, de la noblesse de ses traits, de son. sérieux profond ou de sa force morale. Nous ne savons rien de l'apparence extérieure de Jésus, ni du charme de sa voix, la tradition qui nous est parvenue étant d'une grande sobriété de détails; mais à quelques égards, nous connaissons l'impression produite sur ceux qui l'approchaient.

Bien que, depuis quelques générations, les prédicateurs eussent été des scribes fossilisés, une des plus glorieuses traditions du peuple juif était le souvenir des orateurs de Dieu dont la voix avait retenti autrefois dans le pays et dont les caractères étaient gravés en traits indélébiles dans la mémoire nationale. Aussitôt que Jésus commença à prêcher, il fut reconnu que le grand ordre des prophètes revivait en lui. On alla plus loin ; on crut un moment que l'un ou l'autre était ressuscité des morts et achevait son oeuvre dans la personne de Jésus: « les uns disaient qu'il était Jérémie, les autres Elie. » Or, tous deux étaient de grands prophètes, les plus hauts peut-être dans l'estime populaire, mais de caractères si parfaitement opposés qu'il semble impossible de les unir dans une même personnalité.

Jérémie était doux et pathétique ; c'était l'homme de coeur qui désirait que « ses yeux fussent une fontaine pour pleurer sur les malheurs de son peuple ». Rien d'étonnant à ce que les auditeurs de Christ aient découvert dès l'abord une ressemblance. Les premières phrases du sermon sur la montagne furent des paroles de compassion pour les pauvres, les affligés et les opprimés; le plus humble parmi la foule put se sentir l'objet de l'intérêt et de la sollicitude de Jésus. Quoiqu'il s'adressât à toutes les classes, il se vantait de prêcher l'Évangile aux pauvres et, tandis que les scribes flattaient les riches et recherchaient les auditoires cultivés, l'homme du peuple avait l'assurance que son âme était aux yeux de Jésus aussi précieuse que celle du plus fortuné des hommes. La vue d'une multitude excitait son émotion. Et comme chez Jérémie, l'amour qu'il portait à son pays et à ses compatriotes était si intense, que le publicain ou la femme de mauvaise vie lui devenaient chers, parce qu'ils étaient aussi des enfants d'Abraham.

Elie offrait un parfait contraste avec Jérémie: c'était un homme d'airain, fait pour résister en face aux rois et aux reines et pour tenir tête au monde entier. Malgré ces dissemblances, le peuple reconnut aussi en Jésus un Elie, et il ne s'y trompait pas. C'est une grande erreur de ne voir dans sa personnalité que la douceur et la bienveillance. La sévérité de quelques-uns de ses discours et la hardiesse avec laquelle il dénonça le mal furent l'un des principaux éléments de sa puissance, et jamais il n'y eut de polémique plus implacable que celle qu'il engagea avec les Pharisiens.

En réalité, ces deux traits de son caractère, la douceur et la sévérité, provenaient d'une même racine: si dans le plus pauvre travailleur il voyait et respectait l'homme, le plus riche n'était à ses yeux rien de plus qu'un homme; si les haillons de Lazare ne pouvaient lui cacher la dignité de son âme, la pourpre de l'homme riche ne lui voilait pas sa petitesse. Il savait tout ce qui est dans l'homme, sa hauteur et sa profondeur, ses gloires et ses hontes, ses douleurs et ses abominations; et les hommes sentaient en le voyant que son humanité qui dominait la leur s'abaissait vers eux, les enlaçait et les enveloppait de sympathie.

IV

Un prédicateur qui n' a pas étudié l'art de présenter son message a jamais produit une grande impression. Les commençants ont une tendance à négliger ce travail : l'essentiel étant pour eux de dire de bonnes choses, la manière de dire leur importe peu. Ils ressemblent en cela à une ménagère qui, servant à ses hôtes des mets de première qualité, jugerait inutile de les bien cuire. L'enseignement de Jésus dut et doit encore une grande partie de son charme à sa forme exquise.

Le public populaire se rappelle mieux les remarques exprimées ici et là en quelques phrases énergiques, bien ciselées, frappantes, que la suite logique d'un argument ou d'un long discours. C'est ainsi que Jésus s'adressait à lui en paroles simples et heureuses qui se gravaient aisément dans la mémoire ; et cependant, chacune d'elles était un monde de pensée où la méditation découvre un sens toujours plus profond; on dirait d'une nappe d'eau si limpide et ensoleillée que la tentation vient de toucher avec un bâton les pierres visibles du fond ; mais cette expérience révèle une profondeur bien supérieure à celle que notre oeil avait cru voir.

Les discours de Jésus avaient une qualité plus populaire encore dans la richesse des comparaisons dont il les illustrait. Le même Dieu est le Créateur du monde de l'esprit et de la matière; il les a façonnés de telle sorte que les objets de la nature, vus sous un certain aspect, se transforment en miroirs qui réfléchissent les vérités spirituelles et nous les rendent accessibles.

Le Christ employa constamment cette méthode, si bien que la description du pays qu'il habita est plus complète dans l'Évangile que dans tous les historiens du temps. La vie juive en Galilée se détache avec une clarté lumineuse de l'obscurité environnante. Comme sur la toile d'une lanterne magique, nous voyons défiler les paysages de la Palestine, la vie intime du peuple des campagnes et la vie plus active des villes dans tous leurs détails. À l'intérieur de la maison, nous voyons la coupe et le plat, la lampe et le flambeau; les servantes qui font moudre la farine entre les meules de pierre, ajoutent le levain et pétrissent la pâte; la mère de famille qui coud une pièce à un vieil habit et le père qui recueille le vin dans des outres de cuir; nous voyons, sur le seuil, la poule rassemblant ses poussins sous ses ailes et, dans la rue, les enfants qui Jouent au mariage et aux funérailles. Dans les champs, fleurit le lis dont la beauté surpasse toute la gloire de Salomon; les corbeaux picorent les graines sur les pas du semeur, et les oiseaux font leurs nids au milieu des branches. Quand nous levons les yeux, voici le nuage que chasse le vent du sud, le ciel rouge du soir qui promet le beau temps et l'éclair qui traverse le ciel d'un bout à l'autre. Là, le vignoble avec la tour et le pressoir; le champ, revêtu de la délicate verdure du printemps ou animé par la foule des moissonneurs qui récoltent les blés jaunis de l'automne; plus loin, les troupeaux paissent dans le pâturage et le berger les abandonne pour courir à travers monts et vaux à la recherche de sa brebis perdue.

Dans nos propres rues, peu de figures nous sont plus familières que celles du pharisien et du péager en prière dans le temple, du prêtre, du lévite et du bon Samaritain sur la route de Jéricho, ou du riche, présidant chez lui à de somptueux banquets tandis que Lazare est couché à sa porte et que les chiens lèchent ses plaies !

D'une manière générale, quand l'intelligence d'un prédicateur est dirigée avec intensité sur la recherche de la vérité, des comparaisons semblables jettent comme autant d'étincelles dans ses discours. Si l'énergie mentale se consume lentement à l'intérieur du sujet, elle produit une exposition endormante et prosaïque ; quand la chaleur augmente et envahit tout, elle dégage un discours clair, fort et impressif ; mais quand le feu s'est emparé de la masse et qu'elle flambe entièrement, les images éclatantes et les paraboles surgissent spontanément et se gravent à jamais dans l'esprit des auditeurs.

V

Quelque importance que puisse avoir la forme de la prédication, le fond en est la qualité primordiale. La forme est l'empreinte de la monnaie, la substance en est le métal. Sera-ce de l'or, de l'argent ou simplement du cuivre ? une monnaie légale ou de la fausse monnaie? C'est la question qui se pose.

À aucune époque, la prédication n'a été plus triviale qu'au temps des scribes juifs; les sujets qu'ils traitaient sont au-dessous de toute critique. Leur religion n'était qu'un vain cérémonial: la largeur convenable des phylactères, la durée des jeûnes, les articles sur lesquels la dîme devait être prélevée, les mille et une vétilles dont chacun pouvait être accusé dans l'accomplissement de ces minuties, voilà ce qui formait le thème de leurs endormantes harangues. Une fois ou deux dans l'histoire de l'Église chrétienne, l'éloquence religieuse faillit descendre à un degré presque aussi bas: en Angleterre, avant la Réforme, et au siècle dernier en Allemagne, quand le rationalisme eut envahi la chaire.

Jésus aborda toujours les sujets les plus vitaux qui puissent être présentés à l'esprit humain. Il parlait de telle manière qu'aux yeux des auditeurs, Pieu devenait lumière et se dégageait de toute obscurité. Quand il prononçait les paraboles de la brebis perdue et du fils prodigue, les portes du ciel semblaient s'ouvrir et la miséricorde descendre sur les pécheurs. Quand il parlait de l'homme, chacun sentait qu'il n'avait connu jusque là ni son propre coeur, ni l'âme de l'humanité; chacun s'éveillait à la conscience d'un trésor intérieur plus précieux que le monde; à la conviction que la vie éphémère qui nous est échue ici-bas atteint par ses conséquences aux splendeurs du ciel et aux profondeurs de l'enfer. Quand il parlait de l'éternité, la vie et l'immortalité que les hommes avaient vaguement pressenties devenaient lumineuses et il décrivait le monde invisible avec le relief et la familiarité expressive d'un témoin.

Est-il surprenant que les foules l'aient suivi, qu'un charme les ait suspendues à ses lèvres et qu'elles ne fussent jamais lasses de l'entendre ? La séduction et les vanités de ce monde semblent envahir les hommes, mais quand se posent ces questions vitales : « D'où suis-je venu ? Que suis-je ? Où vais-je ? » - elles captivent les plus indifférents et, si la prédication n'y peut répondre, il faut que les églises se ferment.

Nous n'entendrons plus, il est vrai, cette voix qui résonna sur la terre de Galilée, annonçant au monde le mystère de la vie; mais le coeur et l'esprit qu'elle révélait sont immortels et brûlent aujourd'hui comme alors. Chaque fois qu'un prédicateur fait vibrer une note juste de la vérité éternelle, c'est Christ qui parle; chaque fois qu'il rend sensible le monde des réalités qui s'élève au-dessus de nous; chaque fois qu'il s'empare des esprits, touche les coeurs, éveille les aspirations, remue la conscience, - c'est Christ lui-même qui cherche à saisir les âmes, à les atteindre par son amour, à les sauver:

« Nous sommes maintenant les ambassadeurs de Christ; car, ainsi que Dieu vous a exhortés par nous, nous vous prions au nom de Jésus d'être réconciliés avec Dieu. »


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