Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE  (Jean 17.17)
Cela me suffit...
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Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE
(Jean 17.17)
Cela me suffit...



À l'Image de Christ

XI

Christ pêcheur d'âmes.

Matthieu I, 21; IV, 18-22, IX, 10; 13.

Luc
IV, 43; VII, 36-50; XV, XIX, 1-10, 41-42; XXII, 39-43

Jean
II, 23; III, IV, VII, 31, 37; lX, 35-38; X, 11; XII, 21, 22.

I

On raconte qu'une des mines de diamant de l'Afrique du sud fut découverte de la manière suivante :
Un voyageur, qui s'était égaré un jour dans une vallée, s'approcha de la demeure d'un colon. Devant la porte, un jeune garçon s'amusait à jeter des pierres. Une d'elles tomba aux pieds de l'étranger qui la ramassa et s'apprêtait à la relancer en riant, quand un point brillant frappa ses yeux, retint subitement sa main et fit battre son coeur. C'était un diamant. L'enfant s'en servait comme d'une pierre vulgaire, le pied du paysan l'avait foulée, les roues des chars avaient passé sur elle, jusqu'au jour où vint un homme, qui la vit et reconnut sa valeur.

Cette anecdote fait songer à l'histoire de l'âme. Ne rencontrait-elle pas même indifférence générale quand Jésus vint au monde et la découvrit? L'âme d'une prostituée plongée dans la boue et la corruption du vice! Jamais un Pharisien n'aurait sali ses doigts pour la relever. L'âme d'un enfant! Les scribes discutaient dans leurs écoles la réalité de son existence.

Aujourd'hui même, il n'est rien de moins important que l'âme aux yeux de la grande majorité. Elle est rejetée, ignorée, foulée aux pieds comme le fut le diamant inconnu. Une âme nouvelle, sortie de l'éternité, fait son entrée dans une demeure terrestre et la famille continue à vivre dans le péché, comme si aucun témoin n'était survenu; la crainte d'une souillure possible ne trouble la conscience d'aucun de ses membres! Peu à peu surviennent les influences multiples de la vie sociale; la pauvre exilée, de plus en plus abandonnée, se heurte à un mépris absolu de sa haute origine et de sa destinée immortelle. Le public ne s'inquiète guère d'un arrêt dans son développement ou même de sa perte; son sort ne le préoccupe pas et il oublie son existence.

Notre langage trahit cette ignorance complète de l'âme! Quand les employés sortent d'une fabrique à l'heure du repas, ne disons-nous pas: « Quelle quantité de mains! » comme si le corps et sa faculté de travail étaient tout ce qui fait l'homme! L'Église même désigne la population de l'East End par le terme de « masses » ; comme si elles n'étaient pas divisibles en unités dont chacune contient un atome de ce qui touche au ciel et à l'enfer.

Quand nous observons la foule dans une rue populeuse, que voyons-nous passer ? Est-ce une succession de figures plus ou moins intéressantes selon leurs traits ou leur costume? ou des esprits, revêtus d'un corps, qui viennent de Dieu et retournent à Dieu ? Si nous avons le pouvoir d'évoquer cette seconde vision, c'est de Christ que nous le tenons. Il ramassa l'âme qui gisait dans la boue, foulée aux pieds, et dit: « Voyez ce diamant! Que servirait-il à un homme de gagner le monde s'il perdait son âme? »

L'humanité croyait cependant, avant lui, à l'existence de l'âme chez les grands hommes, manifestée par une force ou une sagesse supérieures, elle admettait l'âme d'un Socrate ou d'un César. Jésus lui apprit à reconnaître l'âme universelle, celle des enfants, des femmes, des publicains ou des pécheurs; c'est là son immortel enseignement. Dans chaque enfant de la terre, il distingua le diamant. Les haillons du mendiant, la peau colorée du sauvage ou les crimes du malfaiteur ne pouvaient le cacher à ses yeux. Bien que l'âme fût profondément embourbée dans l'ignorance et le mal, son désir de la sauver et de lui rendre son éclat n'en fut que plus ardent. Aux yeux du médecin, ce ne sont pas les bien portants mais les malades qui sont intéressants et, parmi eux, le cas le plus désespéré est celui qui demande le plus prompt secours. Il en est hanté jour et nuit; cette pensée l'obsède; il le visite plusieurs fois par jour et, si le mal est vaincu, c'est le triomphe de son art. C'est ainsi que Jésus expliquait sa conduite et ses propres sentiments.

Certes, un mystère plane sur cette valeur absolue de l'âme. Se peut-il que l'âme d'un voleur ou celle d'un clown soit plus précieuse que tout l'or de la Californie ou les diamants de Golconde ? Pour la plupart des hommes, s'ils avouent leur pensée intime, cette assertion n'a aucun sens. Et cependant, elle fut faite par Celui qui vivant ici-bas dans le fini, vivait également dans l'éternité, dont le regard pouvait embrasser l'avenir et y suivre la destinée de l'âme, les splendeurs qu'elle peut atteindre et l'abîme où elle peut disparaître. Cette haute estime de l'âme fut le secret de son oeuvre de Sauveur; et cette foi qui embrase l'esprit et le coeur, doit être celle de son disciple. Un homme. n'a aucun droit d'aspirer à gagner les âmes à Dieu, s'il n'est pas animé pour elles d'un amour infini et si leur salut ne lui est pas mille fois plus précieux que toute ambition personnelle.

II

Le sentiment d'un appel divin est encore plus essentiel; celui qui veut gagner les âmes doit avoir conscience qu'il accomplit l'oeuvre de Dieu et transmet aux hommes son message.

L'enthousiasme de l'humanité est une noble passion qui illumine les premiers efforts d'une vie de dévouement. Mais dans les heures de découragement, les hommes nous semblent à peine dignes d'un tel sacrifice; ils sont si bas et ingrats, nous les changeons si peu que la tentation est grande de renoncer à cette tâche. Ceux auxquels nous nous donnons acceptent comme un dû tout ce que nous faisons pour eux; ils feignent de ne pas nous voir s'ils nous rencontrent, ou se retournent et nous traitent en ennemis. Pourquoi continuerions-nous, à imposer nos bienfaits à ceux qui n'en veulent pas? - Plus douloureux encore est le triste sentiment de notre insuffisance; peut-être avons-nous fait erreur sur notre vocation; ce monde est déséquilibré, mais est-ce bien à nous de le redresser? C'est là qu'un motif supérieur à l'amour des hommes nous est nécessaire; notre zèle affaibli demande à être stimulé par l'ordre de Dieu: c'est à son oeuvre que nous travaillons; ces âmes sont siennes; il les a confiées à nos soins et, au jour du jugement, nous aurons à en rendre compte.

Tous les prophètes et les apôtres qui ont lutté pour la cause de Dieu ont été poussés par une force supérieure qui les a soutenus dans les heures de faiblesse et rendus capables de faire face à l'opposition du monde. La plupart d'entre eux ont traversé une crise dans laquelle ils ont entendu un appel qui a clairement orienté leur vie. Moïse fut entraîné hors du désert et lancé dans la vie publique malgré sa résistance; cette conviction lui aida à supporter les épreuves sans nombre de sa carrière future. Ésaïe entendit cette voix impérieuse dans une vision qui éclaira toute sa vie, et elle produisit chez l'apôtre Paul une révolution complète en moins d'une heure. Jérémie sentit le divin message pénétrer comme un glaive dans sa chair et la brûler comme du feu jusqu'à ce qu'il l'eût délivré au peuple.
C'est là ce qui donna à la vie de Christ son irrésistible impulsion, qui le soutint en face de ses adversaires, qui le sauva de l'heure sombre du désespoir.

Jamais il ne se lassa d'affirmer que son oeuvre était l'oeuvre de son Père et non la sienne, que sa parole était la parole même de Dieu. Chaque nouvelle décision était un accomplissement de la volonté divine. Mais sa vie ne fut pas partagée par une crise morale dans laquelle le devoir de vivre pour les autres s'imposa subitement à lui. Cette vocation faisait partie de son être tout entier; l'amour des hommes lui était aussi naturel qu'à Dieu même; son âme était passionnément attachée à leur salut; bien qu'il déclarât que ses paroles et ses actions lui étaient inspirées par Dieu, ses pensées intimes s'identifiaient si bien avec les desseins divins qu'il put dire: « Moi et mon Père ne sommes qu'un. »

Les âmes doivent être gagnées: cette oeuvre demande du tact, de l'intelligence, une grande puissance de sympathie et un don personnel d'attraction chez celui qui l'entreprend.

Quand Jésus appela ses disciples à y participer avec lui, il leur dit: « Suivez-moi et je vous ferai pêcheurs d'hommes. » - Tout pêcheur à la ligne sait quelle connaissance du temps et de l'eau, quel jugement, quelle vue pénétrante et quelle délicatesse de touche sont nécessaires à cet art; et la pêche au filet que Jésus désignait plus particulièrement ne demande pas moins d'expérience et de tact. Toutes ces qualités sont requises pour attirer les âmes. Jésus fut là encore le modèle parfait et le meilleur guide pour qui veut le suivre.

Il employa les miracles comme des jalons pour atteindre les âmes. Tous les actes de bonté et de miséricorde décrits dans le chapitre précédent furent des introductions au but spirituel plus élevé qui remplissait son esprit. Ce ne fut pas sans doute leur but unique, car les miracles eurent beaucoup de sens différents, mais souvent, ils ouvrirent la porte à une action spirituelle qui n'aurait pu se produire sans eux et qui, en dehors du malade guéri, se répercutait sur la famille entière. La bonté ouvre les coeurs et par la porte ouverte, le salut peut entrer.
Cependant, il y a là deux sources de danger: d'un côté la charité peut être dépouillée de toute humanité par le zèle du prosélyte; de l'autre, l'assisté peut se revêtir d'une apparence hypocrite de piété qu'il offre en paiement de l'aumône reçue. Tout en cherchant à éviter ces dangers, il faut reconnaître que le principe lui-même est basé sur la plus haute autorité et reçoit actuellement de très heureuses applications dans l'oeuvre chrétienne. Le zèle pour les âmes éveille souvent l'intérêt le plus éclairé pour les souffrances du corps et donne naissance à des oeuvres philanthropiques de haute valeur.

La prédication fut un des moyens les plus puissants dont se servit le Christ pour ramener les âmes égarées: jamais on n'entendit de parole plus attrayante et imagée que la sienne; il revêtit la vérité de tout le charme de la parabole, bien que cette aimable parure ne lui soit pas habituelle ; elle se présente en effet à ses adeptes simple et dépourvue d'ornements, et ceux qui l'aiment l'acceptent ainsi; mais Jésus avait affaire à un public indifférent; c'est pourquoi il lui décrivit la vérité sous la forme qu'il était capable de comprendre, sachant qu'une fois. gagné il l'accueillerait pour elle-même.
La prédication est encore aujourd'hui un moyen si puissant d'attirer les hommes à Dieu, que le désir de prêcher naît souvent du désir de sauver les âmes, mais il est étrange que les prédicateurs s'exercent aussi peu à présenter leur message comme Jésus le fit, d'une manière esthétique et séduisante.

Il n'est donné qu'à un petit nombre de. chrétiens de prêcher, mais Jésus usa d'une autre méthode plus accessible à tous, - la conversation. Nous avons dans ses entretiens avec Nicodème et la Samaritaine un modèle de ce moyen familier d'attraction. Si nous comparons les deux cas, nous verrons avec quel tact parfait il entrait dans les circonstances de ses interlocuteurs et avec quelle aisance il dirigeait la conversation sur le sujet voulu, s'adressant toujours directement à la conscience.

Ceci est un art difficile; car la conversation religieuse, pour être naturelle, doit jaillir du coeur, ou elle est plus qu'inutile. Cependant, comme elle peut prendre une valeur inestimable, rien ne doit être négligé pour l'acquérir. Nous avons plus besoin encore d'hommes capables de parler religion que de prédicateurs. Les auditeurs d'un sermon appliquent sa morale à leurs voisins et se gardent de se l'adresser; mais la conversation va droit au but. Si elle est appuyée par un caractère conséquent et revêtu d'autorité, celui qui sait s'en servir porte partout avec lui une bénédiction ; dans les demeures qu'il a visitées, son souvenir est vénéré, - car la religion y est apparue comme une réalité, - et son passage en ce monde a laissé derrière lui un sillon lumineux.

Dans beaucoup de cas, les interlocuteurs de Jésus introduisirent d'eux-mêmes le sujet des destinées de l'âme. Les personnes soucieuses de ces questions recherchaient sa présence et sentaient qu'il avait pénétré le grand mystère. Jésus passait à travers le pays comme un aimant sur un sol couvert de fragments de fer; il attirait à lui les âmes qui avaient quelque affinité pour la vie divine.
Dans toutes les communautés chrétiennes se rencontrent quelques personnalités semblables, de près ou de loin. On sait qu'elles possèdent le secret de la vie; ceux qui traversent les crises profondes de l'âme ont la certitude d'être compris par elles; les consciences chargées croient à leur sympathie.

C'est là le précieux privilège du disciple de Christ; jamais il ne cherche plus véritablement les âmes que lorsque les âmes viennent à lui.

IV

Ces pages traitant de l'imitation du Christ, nous nous bornons aux traits de son caractère et de son oeuvre où notre faiblesse nous permet de le suivre, mais il est essentiel de se rappeler à quelle hauteur il est au-dessus de nous et combien incertains et chancelants sont nos pas!

À quelques égards nous pouvons, comme lui, nous efforcer de gagner les âmes à Dieu; ne perdons pas de vue cependant que, dans ce domaine, il eut une action personnelle à laquelle aucun de nous ne peut prétendre, car il était venu non seulement pour chercher, mais pour sauver ce qui était perdu. Il se comparait lui-même au berger qui abandonne tout pour retrouver sa brebis égarée et la ramène triomphant au bercail. Voilà qui serait de notre ressort! Mais il poussa la comparaison plus loin: « Le bon berger donne sa vie pour ses brebis! » Après avoir suivi les pécheurs dans leurs retraites terrestres, il pénétra dans une région surnaturelle où il remporta la victoire pour nous, expia notre péché et nous ouvrit les portes de l'éternité.

Nous ne pouvons que vaguement percevoir le mystère de cette oeuvre. Mais nous nous inclinons à Golgotha devant la manifestation extérieure et le symbole du plus grand amour qui ait été donné aux hommes. Ici, nous nous contentons d'adorer et tout rêve d'imitation disparaît.

Il nous reste une leçon à en tirer: nul ne peut avoir de puissance sur les hommes, s'il ne possède tout d'abord une grande puissance d'intercession auprès de Dieu pour les hommes; c'est la condition indispensable de la victoire. Christ traversa l'agonie et la mort pour nous assurer le salut et nul n'aidera à sauver une âme sans douleur et sacrifice. Saint Paul disait qu'il achevait dans son corps ce qui manquait aux souffrances de Christ pour l'Église, et chaque disciple, désireux de participer aux joies de la rédemption, doit premièrement partager les souffrances du Maître.

V

Un peintre de portraits distingué tombait régulièrement dans un véritable paroxysme d'excitation, quand le moment était venu de constater s'il n'avait produit qu'une ressemblance banale ou si l'âme et le caractère de son modèle vivaient sur la toile; le succès une fois obtenu, son triomphe se traduisait par une nouvelle crise d'extravagance. Ce doit être en effet une sensation étrange que de créer une image de beauté qui graduellement se spiritualise, jusqu'à ce qu'elle ait atteint la perfection. Mais quelle beauté peut se comparer à celle d'une âme qui sortie de la mort, entre dans la Vie, secouant de ses ailes la hideuse chrysalide de sa condition naturelle, pour s'envoler vers le soleil d'immortalité ?

Dans les merveilleuses paraboles du XVe chapitre de Saint-Lue, nous avons un aperçu des impressions que Jésus ressentait à cette vue: « Réjouissez-vous, s'écrie le berger en réunissant ses amis, » car ma brebis était perdue et je l'ai retrouvée. » Et le père du fils prodigue: « Mangeons, buvons et réjouissons-nous. » Lui-même nous explique le sens de ces réjouissances: « En vérité, je vous le dis, il y a de la joie au ciel parmi les anges pour un seul pécheur qui se repent. Et la joie des anges reflète celle du Seigneur dont ils voient toujours la face!

Dans la vie terrestre de Christ, une occasion nous révèle cette ardente préoccupation de son coeur. Quand il eut amené à Dieu la Samaritaine, ses disciples arrivèrent de la ville avec des provisions et le pressèrent de manger. Mais lui, absorbé dans une vision intérieure, leur dit. « J'ai à manger une nourriture que vous ne connaissez pas, » puis, regardant dans la direction de la ville où la femme était allée chercher d'autres âmes à sauver, il continua dans le même élan extatique: « Ne dites-vous pas qu'il y a quatre mois encore avant la moisson? Voici, je vous dis, levez les yeux et regardez les campagnes; elles sont blanches pour la moisson. » (Jean IV, 35.)
Dans une autre crise de la même profondeur, il pleura sur la cité qu'il avait en vain tenté de sauver et où tant d'âmes périssaient.

Il n'y a pas d'émotion plus noble et plus directement inspirée du Ciel; le plus humble ouvrier chrétien qui souffre réellement du péché des hommes et se réjouit de leur salut, partage le sentiment d'amour qui soutint le Christ à travers ses souffrances et qui anime éternellement Dieu pour l'humanité.


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