Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE  (Jean 17.17)
Cela me suffit...
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Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE
(Jean 17.17)
Cela me suffit...



À l'Image de Christ

IX

Christ et la souffrance.

Matthieu II, 13-18; IV, 1; VIII, 16, 17, 20; IX, 3; XI, 19; XII, 24; XIII, 54-58; XVI, 21; XVII, 22, 23; XX, 17-19; XXVI; XXVII.

Marc
III, 21-22; VIII, 17-21; IX, 19; XIV, 50.

Luc
IV, 28-29; VI, 7; XI, 53-54; XVI, 14.

Jean
VI, 66; VII, 7,12,19-20,32,52; IX, 16,22,29; X, 20; XII, 10, 11, 27; XV, 18; XVII, 14; XVIII, 22.

I

Si un hémisphère de ce monde est éclair& par le soleil du travail, l'autre demeure plongé dans l'ombre de la souffrance.

Non que ces états alternent dans une vie avec la régularité de la nuit et du jour; rien n'est plus mystérieux, au contraire, que l'injustice apparente qui préside à leur distribution dans les différentes destinées! Quelques privilégiés jouissent jusqu'à, la fin de leurs jours d'une heureuse activité et ignorent presque totalement la maladie, les deuils ou l'insuccès. D'autres semblent marqués au sceau de la souffrance. Toute leur vie ils connaissent la douleur; la mort frappe journellement à leur porte et réclame leurs bien-aimés; leur santé est précaire et, si haut que s'envolent leurs rêves de travail soutenu, ils savent aussitôt que l'excitation est tombée, que leur faiblesse physique les rendra incapables de les réaliser.

Enfants gâtés de la fortune, qui connaissez à peine les jours sombres de la maladie, à qui le succès a toujours souri et dont le travail est rémunérateur, approchez-vous du chevet d'un frère atteint d'un mal incurable! Peut-être trouverez-vous là un esprit supérieur au vôtre, un coeur ouvert à l'amour comme le vôtre, mais une chaîne invisible étreint ses membres et, bien que ce martyre puisse durer des années, jamais ce corps ne se redressera de sa propre force. Qu'inspire à votre philosophie un pareil spectacle ? Ce n'est cependant qu'un exemple de ce qui se présente sous vingt formes différentes. Les fils de la douleur sont nombreux et aucun homme ne peut prévoir en combien de temps sa vie de joyeux travail peut être transformée en une vie de souffrance. À chaque instant, un coup de tonnerre retentit dans le ciel bleu et bouleverse une existence; un nuage grand comme la main s'étend et obscurcit le ciel d'un horizon à l'autre. Et sans aller si loin, les années apportent à chaque mortel sa part plus ou moins grande de souffrance.

There is no flock, however watched and tended,
But one dead lamb is there,
There is no fireside, howsoe'er defended,
But has one vacant chair.

(Il n'est aucun troupeau tendrement surveillé et gardé, qui ne compte un agneau mort; aucun foyer si bien défendu qui n'ait sa chaise vide!)

La souffrance est donc un élément qui ne peut être ignoré dans la vie; s'il nous faut un maître pour nous enseigner le travail, à plus forte raison nous faut-il un modèle pour nous apprendre à souffrir. Ici encore, nous trouvons le Fils de l'Homme. Il est le chef de l'armée du travail, appelant à l'initiative et à la lutte la jeunesse et la force, mais il est aussi l'ami de ceux qui souffrent, des faibles, des découragés et des agonisants. Quand il s'écria sur la croix: « Tout est accompli! » il faisait allusion, non seulement à son oeuvre achevée, mais aussi à la coupe de souffrance, vidée jusqu'à la lie.

II

Jésus souffrit des privations communes à une grande partie de l'humanité. Il naquit dans une étable, eut pour berceau une crèche, entrant ainsi dès le début de sa carrière dans l'hémisphère de la souffrance. Nous avons peu de détails sur la condition sociale dans laquelle il fut élevé; nous ne pouvons dire si dans la maison de Marie, il connut la misère ou la douleur. Mais nous savons par lui-même que plus tard, si « les renards ont des tanières et les oiseaux de l'air des nids, le Fils de l'Homme n'eut pas où reposer sa tête ».

Dans la règle, la vie humaine, à l'heure où l'enveloppe mortelle est près de se dissoudre, se termine dans la souffrance; chez le Christ, elle fut intense. Rappelons-nous la sueur de sang de Gethsémané ; la scène de la fustigation; la couronne d'épines, les tortures de la crucifixion! Peu d'hommes souffrirent autant que lui, car l'exquise délicatesse de son organisme devait le rendre plus particulièrement sensible à la douleur physique.

Il souffrit par anticipation. Dans les catastrophes inattendues, la secousse agit comme un calmant; mais la révélation d'un mal incurable qui, en quelques mois ou quelques années, vous terrassera, à la suite d'une intolérable agonie, remplit l'âme d'une horreur pire que la réalité. Jésus prévit ses souffrances et les annonça à ses disciples; mois après mois, ces communications devinrent plus fréquentes et détaillées, comme si elles s'emparaient plus fortement de son imagination. Cette appréhension eut son point culminant à Géthsémané, où elle produisit dans son esprit un abattement et une terreur qui firent monter une sueur de sang à son visage.

Il souffrit d'être pour les autres une cause de souffrance, sentiment qui est une douleur cruelle aux coeurs aimants. À mesure que sa vie approchait de son terme, la conviction que leurs rapports avec lui seraient funestes à ses amis, s'imposa de plus en plus à son esprit. Lors de son arrestation, il chercha à préserver les douze, disant: « Laissez aller ceux-ci ». Mais il prévit trop clairement que le monde qui le haïssait les haïrait aussi et que le temps viendrait où ceux qui les tueraient, croiraient faire l'oeuvre de Dieu. Il vit la douleur transpercer le coeur de sa mère, au moment où il mourait d'une mort plus ignominieuse alors que la potence ou la guillotine à notre époque!

L'humiliation entra pour une large part dans ses souffrances. Rien n'est plus intolérable à un tempérament sensible; cette épreuve est plus dure à supporter même que la douleur physique. Elle poursuivit Jésus sous toutes les formes durant sa vie : la bassesse de sa naissance fut un sujet de raillerie; les prêtres et les rabbins méprisèrent le fils du charpentier qui n'avait jamais étudié et les riches Pharisiens le couvrirent de dédain. Maintes fois, il fut traité de fou; c'est ainsi que Pilate le jugea et, quand il parut devant Hérode, le gai monarque et ses soldats le tournèrent en ridicule. Les soldats romains adoptèrent pendant son procès et son exécution une attitude de sauvage moquerie, le traitant comme des gamins traitent un faible d'esprit. Ils lui crachèrent à la face, lui bandèrent les yeux et, lui donnant des coups, lui demandaient: « Devine qui t'a frappé. » Ils en firent un roi de comédie, le revêtirent d'un manteau de pourpre, avec un roseau pour sceptre et des épines pour couronne. La voix de ses compatriotes lui préféra Barabbas et il fut crucifié entre des voleurs. Une clameur moqueuse salua son agonie; les passants l'insultèrent et un des voleurs crucifiés avec lui joignit son mépris à celui de la foule. Ainsi, celui qui sentait en lui une force divine, dut se soumettre au traitement des insensés et la Sagesse éternelle fut jugée inférieure à l'homme.

Plus douloureuse encore pour lui, le saint de Dieu, fut la honte d'être considéré et traité comme le dernier des pécheurs. Rien n'est plus odieux à celui qui aime le bien que d'être soupçonné d'hypocrisie et accusé de crimes incompatibles avec sa profession publique. On crut qu'il était en relation avec les puissances du mal et qu'il chassait les démons au nom de Beelzébub, prince des démons; il fuit appelé blasphémateur; ses meilleures actions furent mal interprétées et, lorsqu'il chercha ce qui était perdu là seulement où il pouvait le trouver, on le traita de mangeur et de buveur, ami des publicains et des gens de mauvaise vie. La majorité du peuple crut qu'il était un prétendant sans scrupules au titre de Messie et les autorités civiles et ecclésiastiques en décidèrent ainsi dans un jugement solennel. Ses propres disciples l'abandonnèrent, l'un d'eux jura qu'il ne le connaissait pas et il n'y eut peut-être pas, le jour de sa mort, une seule âme qui crût en lui.

Il eut à souffrir de luttes morales. Satan, le tenta dans le désert et, sans doute, renouvela souvent ses attaques. Ses adversaires employèrent toutes leurs ruses pour le mettre hors de lui et lui faire prononcer une parole malheureuse. - « Alors les Pharisiens allèrent se consulter sur les moyens de surprendre Jésus par ses propres paroles. »
Des amis même, auxquels le plan de sa vie restait incompris, cherchèrent à le détourner de l'obéissance à la volonté de Dieu et la tentation fut si forte un jour qu'il repoussa l'un d'eux en s'écriant: « Arrière de moi, Satan! » Une parole si peu conforme à son caractère prouve à quel degré il se sentit touché, et l'horreur qu'éveillait en lui le danger de transgresser de l'épaisseur d'un cheveu les ordres de son Père.

Sa plus profonde souffrance provint enfin du contact journalier et intime avec le péché, dont la hideuse présence s'imposait à lui de tous côtés. Sa pureté faisait remonter à la surface le mal endormi dans les bas-fonds de l'âme humaine. La violence des Pharisiens et des Sadducéens, la lâcheté d'un Pilate et la méchanceté d'un Judas furent intensifiées par la sainteté de sa personne. Sur quel océan de passions mauvaises tombèrent ses regards quand il fut suspendu à la croix! Le péché de la race entière se ruait sur lui et il le fit sien. Lui qui était entré volontairement dans la famille humaine, s'identifiant avec elle, en devint le centre douloureux. Il recueillit dans son coeur la honte de tout le péché qu'il contempla; il en fut brisé et mourut sous ce poids trop lourd. Ainsi cherchons-nous à réaliser dans nos pensées l'agonie de Géthsémané et ce cri d'angoisse de Golgotha : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m'as-tu abandonné ? » Mais le mystère demeure. Qui peut contempler cette figure prosternée sous les oliviers ou entendre le son de cette voix qui retentit sur la croix, sans comprendre qu'il est une douleur que nous ne pouvons sonder. Si près que nous l'approchions une voix intérieure nous dit: « Tu n'iras pas plus loin. » Nous savons seulement que le péché l'écrasa: « Il fut fait péché pour nous, lui qui fut sans péché, afin que nous soyons justifiés en lui. »

III

Les résultats de la souffrance de Christ sont le principal thème de l'Évangile. Nous n'en dirons ici que quelques mots:

L'épître aux Hébreux dit que l'auteur de notre salut fut « rendu parfait par la souffrance » et « qu'il apprit l'obéissance par les choses qu'il souffrit ». Ces paroles sont étranges. Était-il donc imparfait qu'il dût être rendu parfait ou désobéissant qu'il dût apprendre l'obéissance ? Il est peu probable qu'elles impliquent la plus légère ombre sur son caractère. Mais, simplement parce qu'il fut un homme avec une généalogie humaine et un développement humain, il eut à gravir une échelle d'obéissance et de perfection (si nous pouvons nous exprimer ainsi) et, quoique chaque degré fût atteint à l'heure précise et qu'il sortît parfait de cette épreuve, chaque pas en avant requit un nouvel effort et l'introduisit dans une sphère supérieure. Nous voyons clairement à Géthsémané le progrès de cette lutte ; dans l'excès de son agonie, il s'écrie tout d'abord: « Père, s'il est possible, que cette coupe s'éloigne de moi! » - mais à la fin, il devient capable de dire dans l'apaisement: « 0 Père, que ta volonté soit faite et non la mienne. »

C'est là que le conduisit la souffrance, à une compréhension complète du but qu'il devait poursuivre et une harmonie absolue avec la volonté de Dieu. C'est là que nous devons atteindre aussi par son moyen. Pour un grand nombre d'entre nous, cette volonté divine serait restée lettre morte si nous n'eussions senti un jour une violente contradiction intérieure. Nous nous sommes étonnés et révoltés; mais quand nous avons appris de Jésus à dire: « Que ta volonté soit faite ! » nous reconnaissons que là est le secret de la vie et la paix qui passe tout entendement remplit nos âmes. Si cette expérience n'a pas été personnelle, nous l'avons au moins observée chez d'autres. Le plus inappréciable de nos souvenirs est celui d'un infirme, aux traits ennoblis par le renoncement à soi-même. Peut-être la lutte a-t-elle un jour existé? Mais elle est terminée et l'acceptation est non seulement passive, mais joyeuse. Tandis que nous contemplons le pur et patient visage qui repose sur l'oreiller, nous sentons qu'une victoire a été obtenue et nous reconnaissons que notre propre vie, dans son déploiement d'activité extérieure, est de moindre valeur aux yeux de Dieu et des hommes que celle qui est là, immobilisée et inutile en apparence.

L'apôtre Paul, dans un des passages les plus confidentiels de ses écrits, parle d'une leçon que lui a enseigné la souffrance: « Béni soit Dieu, dit-il, le Père de toute miséricorde, qui nous réconforte dans nos tribulations, afin que nous soyons rendus capables d'encourager ceux qui sont dans l'affliction par la paix que nous avons obtenue de Dieu. » (2 Cor. I, 3-4).

Il se dit heureux d'avoir souffert, parce qu'il a appris à encourager les affligés. Combien cette parole est digne de son grand coeur! Et combien profondément vraie! La souffrance donne la puissance de consoler et il n'est à la vérité aucun autre moyen d'acquérir ce don. Pour celui qui est dans l'épreuve, il y a un monde entre les paroles de l'homme de coeur qui n'a jamais traversé le feu et la cordiale et chaude étreinte de celui qui a connu personnellement la douleur. C'est pourquoi ceux qui sont dans le deuil ou la souffrance peuvent s'inspirer de cette pensée: « Peut-être est-ce là l'école où j'apprendrai l'art divin de consoler! »

Jésus passa par là: chaque génération à venir qui connaîtra l'épreuve ou la tentation peut s'approcher de lui avec la confiance due à celui qui explora personnellement toutes les sombres retraites de cette expérience : « Nous n'avons pas un sacrificateur qui ne puisse sentir nos infirmités, car il fut en tous points tenté comme nous le sommes, étant cependant sans péché. »

Les résultats des souffrances de Christ pénètrent plus profondément encore son oeuvre de Sauveur. Il les prévit et en parla souvent: « Si le grain de blé ne tombe en terre et ne meurt, il demeure seul, mais s'il meurt, il porte beaucoup de fruit. » - « Quand je serai élevé de la terre, j'attirerai tous les hommes à moi. » - « Comme Moïse éleva le serpent dans le désert, le Fils de l'Homme doit être élevé, afin que quiconque croit en lui ne périsse pas, mais qu'il ait la vie éternelle. »

Quand il mourut, sa cause parut perdue, puisque aucun adhérent ne lui restait. Mais après cette éclipse momentanée, lorsqu'il sortit du tombeau, ses disciples découvrirent qu'ils possédaient en lui un trésor bien supérieur à ce qu'ils avaient cru, et c'est sous la forme de l'homme de souffrance qu'il resplendit dès lors d'une nouvelle gloire.

Il nous donne dans cette acceptation de la douleur humaine la preuve de son amour infini, de son oubli absolu de lui-même et de son inébranlable attachement au principe de la vérité. C'est ainsi que ses souffrances agissent puissamment sur les coeurs et, par elles, nous obtenons le pardon de Dieu offert gratuitement à tous ceux qui veulent le recevoir: « Il a été fait propitiation pour nos péchés, non seulement pour les nôtres, mais pour ceux du monde entier. »


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