Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE  (Jean 17.17)
Cela me suffit...
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Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE
(Jean 17.17)
Cela me suffit...



À l'Image de Christ

VIII

Christ et le travail.

Matthieu V, 24; VIII, 16-17; IX, 35; XI, 1, 4, 5, XII, 15; XIII, 2; XIV, 13-14, 35-36 ; XV, 30; XIX, 1-2.

Marc
II, 2; III, 20; VI, 31, 54-56; XIII, 34; XIV, 8.

Luc
VI, 19; X, 2; XII, 1; XIII, 32, 33.

Jean
II, 4; IV, 32-34; VII, 6, 8; IX, 4; XII, 23; XVII, 4; XIX, 30.

Il y a deux conceptions très différentes du travail. L'une, plus généralement attribuée aux orientaux, se contente d'un minimum indispensable. L'idéal occidental au contraire, n'est jamais satisfait s'il n'a exigé un maximum d'efforts.

Le fils de l'Orient, qui vit dans un climat chaud où le mouvement et l'exercice fatiguent vite, considère l'oisiveté comme la jouissance suprême et, s'il le peut, passe sa vie dans un rêve indolent. Son vêtement même, - la tunique flottante, la chaussure lâche, - est un signe de ses goûts.

Le fils de l'Occident, lui, est un être agissant; il aime l'excitation de la lutte et l'enivrement du succès. Son vêtement est le moins élégant du monde, mais possède une vertu qui est à ses yeux une compensation suffisante à la laideur, il convient au mouvement et au travail. Dans ses délassements même, il met de l'ardeur. Tandis que l'Oriental s'étend sur un divan après le travail, l'Anglais consacre ses loisirs au foot-ball ou à la chasse.

Cependant, il y a chez nous de grandes différences individuelles; les hommes de tempérament léthargique sont lents au travail, enclins à la paresse, tandis que certains tempéraments poussent l'enthousiasme pour le mouvement à un degré excessif. Dans certaines classes, le but de l'ambition est de vivre oisif à son gré; c'est ce qu'on appelle être un gentleman. Mais on observe que les plaisirs de cette position une fois atteints, satisfont rarement les aspirations de son possesseur, à moins que, délivré du souci de gagner son pain, il ne se voue à rendre à la société ou à l'Église les services possibles seulement aux hommes de loisir et dont dépend en grande partie le bien-être de notre société moderne.

Telles sont les différences qui règnent parmi les hommes, si leur vie n'est réglée que d'après leurs goûts ou leur tempérament; mais ici comme ailleurs, le Sauveur a placé devant nous, par ses paroles et son exemple, la volonté de Dieu.

I

Le fait que Jésus naquit dans la demeure d'un artisan et passa la plus grande partie de sa vie devant l'établi d'un charpentier de village est très significatif. Les Juifs s'attendaient à ce que le Messie fût un prince, mais Dieu décréta qu'il serait un simple ouvrier. Et ainsi, Jésus construisit les maisons des paysans de Nazareth, les chariots des agriculteurs et répara peut-être les jouets de leurs enfants. Cette circonstance honore à jamais le travail manuel. Les Grecs et les Romains le méprisaient, le jugeaient indigne des hommes libres et cette notion païenne se glisse facilement dans l'esprit humain. Mais l'exemple du Fils de l'homme protège désormais la dignité du travail honnête et l'artisan peut s'enorgueillir au souvenir de Jésus de Nazareth.

Les bienfaits du travail sont multiples. Il frappe du sceau de l'intelligence, image de la Suprême Raison, la terre brute et les rudes matériaux qu'elle fournit. Il contribue au bonheur de la race et fait coopérer l'individu à la prise de possession collective de la terre. Il réagit sur le travailleur et lui est une école quotidienne de patience, de sympathie et d'honnêteté.
L'homme qui fuit le travail se dégrade lui-même.

Notre époque s'est pénétrée de ces vérités parce qu'elles lui ont été exposées par quelques-uns de ses maîtres les plus aimés, et il n'y a pas dans la littérature de notre siècle d'élément plus sain que cet Évangile du travail, comme on l'appelle. Il a enseigné à plus d'un homme à faire sa tâche fidèlement, non seulement parce qu'il est payé pour cela, mais parce qu'il jouit de son oeuvre en elle-même et se respecte trop pour donner comme un travail réel ce qui n'est qu'une indigne contrefaçon.

II

Quoique le travail le plus vulgaire soit honorable, certaines professions qui permettent à l'homme de contribuer plus directement au bien de ses semblables, sont d'un niveau plus élevé au point de vue de la considération qui s'y rattache. C'est ce principe qui fit quitter à Jésus l'établi du charpentier pour se vouer à la prédication et à la guérison des malades. Il n'est pas de vocations plus hautes que celles-là, l'une s'adressant à l'âme et l'autre au corps. En les adoptant, Jésus a conféré une dignité nouvelle au travail du pasteur et du médecin et dès lors, la conscience qu'ils suivaient ses traces, a donné à nombre d'adeptes plus d'enthousiasme dans l'exercice de ces deux professions.

Mais quoique la forme de son activité eût changé, il y apporta la même ardeur qu'auparavant. C'est un thème constant de discussions entre artisans et intellectuels de décider quel est le plus pénible, du travail des mains ou de celui du cerveau. L'ouvrier pense que son voisin en habit noir, qui ne touche aucune matière grossière et ne soulève aucun pesant fardeau, coule des jours faciles; tandis que le professionnel, harassé de soucis et de responsabilités, soupire après les heures régulières, la tâche bien déterminée et la liberté d'esprit de l'ouvrier. Cette controverse n'aura jamais de solution. Mais il est certain que, dans le cas de Jésus au moins, c'est à l'entrée de sa nouvelle carrière que commença le vrai labeur de sa vie.

Ses trois ans de prédication et de guérison des malades furent des années de peine et de travail infatigable. Partout où il allait, des multitudes le suivaient; quand il se retirait dans quelque solitude, le peuple le cherchait dans tout le pays et lui amenait tous ses malades de corps ou d'esprit; les foules grossissaient parfois autour de lui au point que les gens marchaient les uns sur les autres et, souvent, il ne trouvait pas le temps de boire et de manger, tant était grande la pression du travail qui l'assaillait. C'est le genre de vie de beaucoup d'entre nous à notre époque surmenée ; regardons à Jésus et apprenons de lui dans quel esprit nous devons porter notre fardeau!

III

L'enseignement de Christ renferme beaucoup de préceptes sur la responsabilité qui nous incombe, de vouer notre temps et nos forces à l'oeuvre collective.

Nous sommes des serviteurs à qui le divin Maître a distribué une tâche et, quand il reviendra, il demandera un compte exact de ce qui a été fait ou négligé. La parabole des talents est un solennel avertissement: Le Maître, s'en allant dans une contrée éloignée, laisse à chacun de ses serviteurs une somme d'argent de différente valeur, qui doit être bien administrée en son absence: à son retour, il demande compte non seulement du capital par lui confié, mais de l'intérêt qu'il a dû produire. Ceux qui ont fait valoir activement leur dépôt entrent dans la joie de leur Seigneur, mais le serviteur qui a laissé son talent improductif est jeté dans les ténèbres du dehors.

Cette parabole signifie que Dieu attend de nous une oeuvre achevée équivalente à nos talents et aux circonstances dans lesquelles il nous a placés. La condamnation n'atteindra pas ceux-là seuls qui ont perdu leur temps et gaspillé leurs forces, leur argent et leurs dons à faire le mal; la loi, dans sa plus sévère pénalité, sera appliquée à celui qui aura failli au simple devoir de faire valoir ses biens par le travail de sa vie.

Cette conception de la vie est d'une grande austérité, mais ce fut celle que Jésus s'appliqua à lui-même; il ne prêcha que ce qu'il mit en pratique. Sans doute, il était conscient de la grande puissance qu'il possédait et se sentait capable d'exercer une influence considérable, à la fois sur les individus et sur l'histoire, mais il agit avec toute l'ardeur de celui qui a devant lui une grande tâche et peu de temps pour l'accomplir. Chaque heure de sa vie semble avoir été consacrée à quelque fraction de son oeuvre. Lorsqu'on lui demandait de faire quelque chose avant le temps, il répondait: - « Mon heure n'est pas encore venue », - car tout acte avait son heure précise. Cela le rendait hardi en face du danger. Comme il le disait, le jour de la vie humaine est de douze heures et, jusqu'à ce qu'elles soient toutes remplies, l'homme peut marcher en sécurité sous la protection de la Providence.

L'austérité de son esprit s'accentua avec le temps; le but de sa vie se gravait au-dedans de lui en traits de flamme, il avait hâte de l'atteindre. Dans son dernier voyage à Jérusalem, comme il marchait en avant, « ses disciples furent effrayés en le suivant. » - « Je dois accomplir l'oeuvre de Celui qui m'a envoyé pendant qu'il fait jour, » leur disait-il « la nuit vient où nul ne peut travailler. »

IV

L'ouvrage bien fait procure une grande jouissance. Le plus humble ouvrier connaît ce plaisir quand il voit sortir de ses mains un objet parfait; le poète le ressent quand il écrit Finis à la dernière page d'une oeuvre où il a déployé tout son génie. Jésus but profondément à cette source de joie. Son oeuvre bienfaisante fut parfaite dans tous ses détails. En la voyant s'accomplir peu à peu, tandis que les heures de travail se succédaient dans le passé, il se disait en lui-même: - « Ma nourriture est de faire la volonté de Celui qui m'a envoyé et d'accomplir son oeuvre. »

Et au seuil de la mort, quand fut tourné le dernier feuillet du grand dessein divin, il quitta ce monde avec ce cri: - « Tout est accompli. » Il le proféra comme un soldat sur le champ de bataille qui entrevoit, dans un dernier effort de conscience, le triomphe de la cause à laquelle il a sacrifié sa vie ; aujourd'hui, ses résultats se déroulent d'âge en âge, ses paroles pénètrent plus profondément dans l'esprit des hommes, son influence change la face du monde et cette parole se réalise : « Il verra aboutir le travail de son âme et sera satisfait. »

V

Le repos est aussi nécessaire à la vie que le travail; il rend à l'homme la pleine possession de ses forces et permet à ses facultés de s'épanouir librement.

Jésus se soumit à cette loi salutaire. Quoiqu'il y eut dans sa vie une hâte constante, il évita la précipitation et, au milieu des plus écrasants travaux, aucune confusion ne se produisit jamais. Rien ne fut plus remarquable que sa dignité, son calme et sa possession de lui-même en tous temps et en toute occasion; aucune de ses actions ne fut prématurée, aucune n'arriva après son heure. La moitié du souci et de l'agitation de la vie est due à l'habitude d'agir quand l'esprit est affaibli ou surexcité par les occupations du lendemain, confondues avec celles de la veille. Dieu ne nous demande pas de dépasser la limite de nos forces et le jour sera toujours assez long pour le travail quotidien, s'il n'est pas encombré des soucis passés ou à venir.

Chaque devoir trouvait Jésus prêt à le remplir et fortifié par le parfait accomplissement du devoir précédent. Son stage dans l'atelier du charpentier fut une préparation à son oeuvre de prédicateur. Il l'initia à la nature et à la vie humaines, aux joies et aux souffrances des pauvres, auxquels il devait s'adresser plus tard. Plus d'un prédicateur manque le but parce que, s'il possède la science des livres, il ignore les hommes. Mais Jésus « connut ce qui était dans l'homme et n'eut pas besoin qu'on le lui enseignât ». - Il prolongea son séjour à cette école de l'expérience jusqu'à l'âge de trente ans. Malgré l'ardeur qui devait le pousser à entreprendre sa mission ici-bas, il ne s'y voua pas prématurément, mais vécut ignoré à la campagne, jusqu'à ce qu'il eût acquis sa complète maturité; alors seulement, il s'avança dans toute la plénitude de sa force et apporta dans son oeuvre la promptitude, la précision et la perfection absolues.

Mais au milieu même de son ministère, il se réserva des heures d'indépendance et de liberté d'esprit. Quand les multitudes qui l'entouraient devenaient trop nombreuses et pressantes, il se retirait dans le désert. Ni le désir de poursuivre sa prédication, ni les appels des malades et des mourants, ne pouvaient le retenir quand il sentait faiblir son calme et sa possession de lui-même. Après des journées consacrées à la foule, il disparaissait pour retremper son corps dans le sein de la nature et son âme dans le sein de Dieu. Quand il voyait ses disciples surmenés, il leur disait : « Venez dans un lieu désert pour y reposer ». Dans le travail même le plus sacré, il est possible de se perdre et le chrétien qui se donne complètement aux hommes, oublie parfois de s'accorder le loisir nécessaire à la communion avec Dieu. Le ministre enthousiaste, brûlant de zèle et désireux de plaire à tous, néglige ses études et laisse appauvrir son intelligence; il s'use, devient banal et son action diminue; et ceux qui par leurs importunités ont contribué au sacrifice qu'il a fait de sa propre personnalité, sont les premiers à l'abandonner et à se plaindre d'avoir été déçus.

Pour la grande masse des travailleurs, la meilleure occasion de repos est dans l'observation du Dimanche. Or, Jésus sanctionna cette institution, rappelant qu'elle a été faite pour l'homme et que nul n'a le droit de l'en priver. En son temps, les Pharisiens cherchaient à l'ébranler, et convertissaient le sabbat en un jour semé d'épines douloureuses pour la conscience. Ce danger n'est pas encore passé, mais actuellement les attaques viennent d'autre part, - des Sadducéens plutôt que des Pharisiens! - La majorité des adversaires du Dimanche se compose de riches paresseux qu'une vie enfiévrée de plaisir et de dissipation ne dispose guère au recueillement.

S'ils obéissaient à la première partie du quatrième commandement : « Tu travailleras six jours », ils comprendraient mieux la seconde. Ils font, il est vrai, profession d'agir dans l'intérêt du pauvre; mais ils prennent son nom eu vain, car celui-ci sait par expérience que partout où la sainteté du sabbat est violée, la semaine de travail est de sept jours au lieu de six. Dans tous les pays où prévaut ce point de vue, le bruit du moulin et de l'usine se fait entendre sans relâche et, si jamais les classes laborieuses cèdent à un mouvement destiné à supprimer d'office cette institution divine, elles reconnaîtront tôt ou tard l'erreur où on les aura entraînées.

Cependant, le problème de l'observation du Dimanche demande à être plus sérieusement examiné à mesure que se transforment les conditions de la vie. S'il n'est pas une joie pour l'homme et un hommage au Seigneur, il ne peut être dignement célébré : le seul moyen d'en récolter tous les fruits, est de le passer dans l'esprit et dans la compagnie de Celui qui lui donna son nom de « jour du Seigneur ».


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