Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE  (Jean 17.17)
Cela me suffit...
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Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE
(Jean 17.17)
Cela me suffit...



À l'Image de Christ

V

Christ et la société.

Matthieu XI, 16-19. Luc XV, 1, 2 ; XIX, 5, 7 ; XXIV, 41-43.

Luc
XI, 37-44; XIV, 1-24.

Matthieu
XXVI, 6-13. Luc VII, 36-50. Jean II, 1-11; XII, 1-8.

Matthieu
XIV, 15-21; XXVI, 26-30. Luc XXIV, 29-31; Jean XIII, 1-15.

Au delà du cercle étroit de nos amis, existe un cercle plus large de relations, formées dans des circonstances diverses et que l'on désigne par le terme général de « société ». Nos rapports avec ceux que nous connaissons ainsi soulèvent des questions qui ne sont pas sans difficulté, mais qui s'éclairent par l'étude de la conduite de Jésus.

I

Les vies de Christ et de son précurseur Jean-Baptiste offrent dans ce domaine un grand contraste. Celui-ci fuyait la société et vivait au désert, loin des demeures humaines. Vêtu de poil de chameau, il se contentait de la nourriture d'un ascète. Le Sauveur au contraire, descendit parmi les hommes, sans attendre qu'ils vinssent à lui. Au village et à la ville, dans la rue et sur les places, dans la synagogue et le Temple, partout où deux ou trois se réunissaient, il était là, pour se réjouir avec ceux qui étaient dans la joie et pleurer avec ceux qui pleuraient. Il commença son ministère dans un repas de noces. Matthieu lui offrit une fête et il vint et s'assit au milieu de la foule bigarrée des hôtes du péager. En une autre occasion, il s'invita lui-même dans la maison de Zachée. Bref, ses relations avec les publicains furent remarquées.

Mais quand il fut invité par des hommes haut placés dans l'échelle sociale, il accepta leur hospitalité avec la même simplicité et s'assit à la table des scribes et des Pharisiens aussi naturellement qu'à celle des publicains et des pécheurs. Luc mentionne au moins trois occasions dans lesquelles il dîna avec des Pharisiens. Ainsi « le Fils de l'Homme vint, mangeant et buvant ». Et en vérité, sa conduite fut parfaitement libre sous ce rapport et des critiques aigres et inintelligents purent lui appliquer des épithètes que nul n'eût jamais songé à adresser au Baptiste.

Ce contraste est remarquable entre deux hommes aussi intimement associés. Tous deux enseignaient la religion et avaient fait école, mais leur exemple conduisait à deux directions opposées : les disciples de Jean jeûnaient, ceux de Christ festoyaient. Ces lignes de conduite différentes peuvent-elles être également justifiées ?

Sans doute le Baptiste avait de bonnes raisons pour expliquer sa règle de vie. La société a ses dangers : la convoitise de la chair, la convoitise des yeux et l'orgueil de la vie. La compagnie a été la ruine de plus d'un homme et de plus d'une famille. Il y a des cercles mondains dont la religion est bannie et d'autres dans lesquels les chrétiens sont fortement tentés de cacher leur drapeau. Jean sentit ces influences si prédominantes dans la société de son temps que ni lui ni ses disciples n'auraient pu y résister. Les seules alternatives entre lesquelles ils eussent à choisir étaient : d'un côté, fuir la société et conserver leur religion pure et intacte; de l'autre, rester dans leur milieu et y perdre leur âme: le chemin du devoir était donc nettement tracé.

Jésus, au contraire, vécut dans le monde, non seulement sans renier son drapeau, mais en le déployant au-devant de lui. Son caractère religieux était si parfait, ses principes si fermes et victorieux, qu'il pouvait fréquenter toute compagnie, sans crainte d'obscurcir son témoignage. Et il communiqua à ses disciples la même puissance. Ils se comportaient avec la libre et joyeuse aisance de conviés à une noce; aussi donnaient-ils partout le ton à la société: leur enthousiasme exubérant, loin de s'éteindre au souffle des influences mondaines, leur communiquait sa chaleur.

Il semble que nous trouvions ici la vraie réponse à cette question souvent débattue, à savoir si le peuple de Dieu doit vivre dans le monde et prendre part à ses joies. Quels en seront les effets sur votre vie religieuse? Votre témoignage sera-t-il affaibli, votre zèle refroidi? Deviendrez-vous frivoles et incapables de prier? Si cela devait être, adoptez la ligne de conduite du Baptiste et éloignez-vous du monde ou cherchez une compagnie dans laquelle vos principes soient à l'abri du danger.

Mais certains hommes peuvent s'aventurer partout et rester fidèles à leur Sauveur. Ils sont chrétiens aux yeux de tous et chacun respecte leurs convictions; l'énergie de Christ en eux est une force si ardente qu'elle frappe de son empreinte la société dans laquelle ils sont appelés à vivre.

Ce don est d'une acquisition difficile ; mais il est hors de doute que c'est vis-à-vis du monde l'attitude la plus digne des serviteurs du Christ et la plus semblable à la sienne.

II

Nombreux sont les récits où Jésus nous apparaît au milieu d'une fête. Ceci est d'accord avec toute sa conduite, car aucun de ses actes, si trivial qu'il semble, ne fut sans rapport avec la grande mission qu'il devait accomplir en ce monde, à savoir, révéler l'amour d'En haut et faire naître l'amour sur la terre entre les hommes.

Il encouragea l'hospitalité parce qu'elle favorise un de ces buts; elle renverse les barrières et unit les hommes dans les liens de la bonne volonté ; quand ils se réunissent, la lumière dissipe les malentendus ; il arrive qu'une rencontre dans la société nous inspire une grande admiration pour un caractère que nous croyions auparavant fier, frivole ou superficiel. Nos défiances et nos antipathies grandissent à distance, mais s'évanouissent souvent par le contact.

Jésus ne regardait pas les simples lois de la politesse comme indignes de son attention. Celles-ci entretiennent le respect d'homme à homme, elles nous forcent à considérer le prochain comme une personnalité et non comme une quantité négligeable qu'il est loisible d'ignorer. Il fut invité un jour à dîner chez un Pharisien qui crut pouvoir se dispenser envers lui des formes habituelles de la courtoisie orientale. Cet homme n'avait aucune considération réelle pour son hôte et ne l'avait reçu que pour satisfaire sa curiosité en examinant à loisir celui dont parlait tout le pays ; il pensait rehausser sa propre nullité de toute la valeur de l'homme distingué qu'il recevait sous son toit. Mais c'était de sa part une grande condescendance et il le fit sentir en supprimant les politesses qu'il aurait prodiguées à des hôtes de son rang. Jésus souffrit de ce dédain et avant de quitter la table, il mit à nu le coeur mesquin et sec de Simon, énumérant l'une après l'autre toutes ses omissions volontaires. Il ne pouvait jouir d'une fête sans amour.

Là, au contraire, où il le trouvait, il ne voulait pas qu'il fût contrôlé dans son expansion. Dans la maison d'un autre Simon, la douce Marie répandit un jour sur sa tête un parfum précieux et s'attira les reproches des esprits étroits qui blâmaient cette extravagance; Jésus la défendit contre les prétendus champions des pauvres et proclama sa liberté absolue de donner à ses sentiments l'expression qu'elle avait choisie.

Dans ses remarques sur l'hospitalité, Jésus dénonça avec indignation ceux qui ne reçoivent que leurs égaux en richesse, abaissant ainsi cette vertu à une simple transaction commerciale. Ce motif est peut-être encore plus mesquin que le désir d'éblouir par l'étalage du luxe. Le faste encombrant est cependant la mort de la vraie hospitalité; car, si les riches ne peuvent satisfaire que rarement à de telles dépenses, les fortunes plus modestes sont obligées d'y renoncer tout à fait. C'est un des périls croissants de notre temps. Avec l'argent consacré à un seul festin solennellement ennuyeux, une demi-douzaine de repas simples et abondants pourraient être offerts et les occasions d'exercer l'hospitalité en seraient augmentées. Au lieu de nourrir les riches déjà saturés de biens, les hommes d'influence devraient, à l'occasion, ouvrir leur porte à des convives plus jeunes et plus humbles, les parents recevoir à leur table une compagnie convenable pour leurs enfants, plutôt que de chercher des distractions au dehors.

Il reste à créer une mission de bonté sociale pour répandre l'influence du christianisme.

III

Bien qu'une des raisons pour lesquelles Jésus s'assit à la table de ceux qui l'invitaient, fût l'encouragement de l'hospitalité et par là de l'amour, il se proposait un but plus élevé. Quand il entra dans la maison de Zachée, il lui dit : « Aujourd'hui, le salut est entré dans ta maison » et le salut entra en effet avec lui sous plus d'un toit. L'hospitalité offre des occasions uniques de conversation et Jésus en profita pour prononcer des paroles de vie éternelle. Si l'on examine de près ses discours, on est étonné de constater le nombre de ceux qui sont littéralement des « propos de table », adressés aux convives qui dînaient avec lui : quelques-unes de ses plus remarquables pensées furent énoncées dans des circonstances semblables.

Ceci est un exemple de la manière dont Christ sut ennoblir la vie et trouver l'occasion de faire le bien, là où nous le croirions souvent inutile. Les conversations et la gaîté de la table sont un piège. Bien souvent, les hommes doués de charme mondain l'emploient à leur préjudice et à celui des autres, et les réunions joyeuses ont été pour beaucoup de jeunes gens le début de leur ruine. Dans le cas même où la sociabilité ne dégénère pas en tentation, les conversations de table tombent trop souvent dans la trivialité et la rencontre d'amis, qui devrait être un stimulant intellectuel et faire naître de nobles aspirations, devient une fatigue et laisse chacun mécontent. C'est un don rare que de sortir la conversation de l'ornière habituelle et de la maintenir sur des sujets humains et profitables.

Quelques serviteurs de Dieu ont cependant suivi de très près sur cette voie les traces de leur Maître. Ils ont fait de la conversation un art délicieux et utile et, dans le libre échange des relations sociales, leur compagnie a été pour les autres une révélation de bonté et de vérité.

Un père ne peut rendre à ses enfants de meilleur service que de faire de sa maison le rendez-vous du savoir et de la bonté; l'esprit pénétrant de leur âge y puisera de nobles leçons. « N'oubliez pas de recevoir les étrangers, dit l'apôtre aux Hébreux, car quelques-uns ont reçu des anges sans le savoir », recommandation qui a été commentée ainsi: « Par la pratique de l'hospitalité, en traitant avec sympathie et un cordial intérêt ceux qui nous sont étrangers, en nous montrant aimables et en leur ouvrant nos maisons à l'occasion, il peut nous arriver aussi de recevoir des anges, c'est-à-dire des hommes en qui nous reconnaissons des messagers de Dieu, ou du monde de l'esprit et des idées, et dont le séjour auprès de nous, la conversation, l'influence sur nos âmes, nous apportera une bénédiction bien supérieure à tout ce que nous, pouvons faire pour eux ».

IV

Nous avons considéré en Jésus l'hôte aimé ou recherché de ses contemporains, mais l'Évangile nous le présente aussi dans le rôle d'amphytrion.

Ce caractère lui était parfaitement naturel, car il lui servait à manifester sa considération pour les besoins matériels de l'homme. Malgré sa hauteur spirituelle et l'ardeur qu'il mettait à sauver les âmes, il ne méprisa jamais le corps. Au contraire, il reconnaissait en lui l'empreinte et la gloire de son Créateur, et savait fort bien que c'est par lui que l'on atteint souvent à l'âme.

La grande majorité de ses convives étaient pauvres et son coeur généreux se réjouissait de leur faire du bien. Au jour de la multiplication des pains il ne leur offrit, il est vrai, qu'une nourriture grossière ; le sol servit de table, le gazon vert de nappe et la voûte du ciel de salle de banquet; mais jamais cette foule ne participa à un meilleur repas, car il était présidé par l'amour qui embellit tout.

Il est impossible à cette vision du Christ rayonnant d'une joie divine devant cette immense multitude, de ne pas songer à ses paroles : « Je suis le pain de vie. - Le pain que je vous donnerai est ma chair que je donnerai pour la vie du monde. »

Dans son enseignement, il aimait à comparer l'Évangile à un festin auquel il invitait tous les fils des hommes avec une large et royale hospitalité.

Ce trait de son caractère se retrouve d'une manière plus frappante dans le symbole qu'il a choisi pour être en mémoire à toutes les générations. Cent autres souvenirs étaient à sa disposition; il aurait pu, par exemple, instituer un jeûne pour ses disciples. Mais c'eût été un symbole indigne de lui, car son Évangile a apporté, l'abondance, la joie et l'union. Il choisit donc ce qui était réellement significatif et ainsi, à travers les âges, le Sauveur nous apparaît, assis à sa propre table comme un maître de maison, le visage radieux de bienveillance et le coeur débordant de générosité ; au-dessus de sa tête, sur le mur où il est appuyé, se lisent ces mots: « Cet homme reçoit les pécheurs et mange avec eux! »


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