Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE  (Jean 17.17)
Cela me suffit...
REGARD
Bibliothèque chrétienne online
EXAMINEZ toutes choses... RETENEZ CE QUI EST BON
- 1Thess. 5: 21 -
(Notre confession de foi: ici)
Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE
(Jean 17.17)
Cela me suffit...



À l'Image de Christ

VI

Christ et la prière.

Matthieu XI, 25, 26; XIV, 19; XIX, 13; XXI, 12-13; XXVI, 53.

Luc
IX, 18; XI, 1-14. Jean VI, 23; XIV, 13-14; XVII. Matthieu XIV, 23; Marc 1, 35; XIV, 22-23. Luc V, 16.

Matthieu
XXVI, 36-44; Luc VI, 12-13.

Luc
III, 21-22; IX, 28-29; Jean XI, 41-42.

I

Certainement, les prières de Jésus renferment pour nous un grand mystère. Si nous croyons à sa divinité, quel désir non satisfait pouvait-il exister en lui et comment donc un Dieu pouvait-il prier Dieu ?

Une première réponse à cette question est que la prière ne consiste pas uniquement en demandes provenant d'un besoin matériel ou spirituel. En effet, les personnes qui cherchent à ridiculiser cet acte, ont coutume de le représenter comme une série de demandes adressées à Dieu, - pour nous accorder le beau temps, guérir une maladie ou conformer les circonstances extérieures à notre volonté. Mais ceux qui parlent ainsi ne savent de quoi ils parlent. Chez les hommes de prière, les demandes proprement dites n'occupent que peu de place; leurs prières expriment la plénitude de l'âme, c'est la coupe qui déborde. Elles sont, si nous pouvons nous exprimer ainsi, une conversation avec Dieu, la confidence d'un enfant à son père. Les Confessions de saint Augustin nous en offrent un exemple frappant; ce livre est une prière du commencement à la fin et cependant, c'est le récit de la vie de l'auteur, dans lequel il expose les plus importantes de ses doctrines. Évidemment, saint Augustin avait pris l'habitude de donner à ses méditations la forme d'une conversation avec Dieu.

Si c'est bien là la définition de la prière, il n'est plus difficile de comprendre comment le Fils a dû vivre en communion constante avec son Père.

Mais cette explication ne jette qu'une lumière incomplète sur le mystère des prières de Jésus, car beaucoup d'entre elles sont réellement l'expression d'un besoin: « Dans les jours de sa chair, dit l'apôtre Paul, Il présenta avec de grands cris et avec larmes des prières et des supplications à Celui qui pouvait le sauver, et il fut exaucé à cause de sa piété. » (Hébr. V, 7.)

Cet aspect de sa vie ne nous sera compréhensible que si nous acceptons dans son sens littéral le dogme de son humanité. Christ n'a pas été à demi homme et à demi Dieu, mais homme parfait et Dieu parfait. Justice ne peut être rendue à certains faits et à certaines affirmations de lui-même, si nous ne l'appelons franchement Dieu. Nous hésiterons peut-être à faire cette confession, mais la force des choses nous y contraindra.

D'autres traits de sa vie nous obligeront, au contraire, à l'appeler homme dans toute l'étendue du terme et, si nous n'acceptons pas cette vérité dans toutes ses conséquences, nous diminuons son caractère.
Il pria, parce qu'il fut un homme.

L'humanité la plus haute est chose faible et dépendante, elle ne peut se suffire à elle-même. Lui comme nous, fut dépendant de Dieu jour après jour et il exprima ce sentiment par la prière. Ceci ne le rapproche-t-il pas de nous ? N'est-il pas ainsi notre frère?

Mais une plus grave leçon est contenue dans ce fait: Jésus fut un homme sans péché; à chaque phase de son développement, il fut parfait. Aucune faute antérieure ne venait affaiblir en lui l'énergie de l'effort et cependant, il eut besoin de la prière et y recourut constamment. Quel commentaire de notre indifférence ! S'il devait prier, étant ce qu'il était, combien cela nous est-il indispensable, étant ce que nous sommes!

II

La vie de la prière est une vie cachée; chaque homme a ses habitudes, connues de lui seul.

Celles de Jésus ont échappé souvent à l'observation de ses disciples et par conséquent, ne sont pas rapportées dans l'Évangile, mais quelques traits nous en ont été conservés et ils sont extrêmement instructifs et intéressants.

Il aimait à s'échapper de la maison et de la ville et à se retirer dans la solitude. Nous lisons: « Il sortit et s'en alla dans un lieu solitaire pour prier », et ailleurs: « Il se retira dans le désert pour prier ».

Il semble avoir aimé tout particulièrement les montagnes. La Palestine est très accidentée; à un kilomètre ou deux de chaque ville ou bourgade, s'élève une colline plus ou moins haute. À peine le voyageur a-t-il quitté les rues, traversé quelques acres de terrain cultivé que déjà ses pieds foulent l'herbe des pâturages solitaires. Quand Jésus arrivait dans une ville, sa première pensée était de chercher le chemin de la montagne, - tout comme les touristes modernes s'informent des points de vue les plus remarquables et du meilleur hôtel.

Il y a une solitude de temps aussi bien qu'une solitude d'espace. Ce que les montagnes et les déserts sont aux villes et aux cités, la nuit et l'aube le sont au jour et à la soirée. Jésus aimait cette solitude pour la prière. Il est dit « qu'il passa la nuit à prier Dieu » ou « qu'il se leva longtemps avant le jour et s'en alla dans un lieu solitaire pour prier. » Peut-être Jésus a-t-il cultivé cette habitude parce que sa pauvreté ne lui permettait pas d'être facilement seul dans les maisons où il logeait, et cet exemple est d'un intérêt spécial pour ceux que les circonstances exposent aux mêmes difficultés. Mais il peut servir à chacun de nous, si nous réalisons combien il est facile de trouver des solitudes naturelles. Il est peu de villes aux abords desquelles ne se trouve une plage, une colline, une prairie ou un bois. La ville est proche et la rumeur de ses multitudes tournant la meule du labeur ou du plaisir parvient encore jusque là, mais le promeneur se sent loin des regards et seul avec Dieu!

Dans cette situation, quelque chose de plus que la simple solitude aide à la prière: la nature calme l'esprit et la dispose aux impressions religieuses (1).

Cependant, il ne recherchait pas toujours la solitude et nous le voyons plus d'une fois prendre avec lui deux ou trois de ses disciples et souvent prier avec eux tous. Les douze étaient pour lui comme une famille avec laquelle il célébrait assidûment le culte domestique. Il fit ressortir la valeur des réunions de prières: « En vérité, en vérité, je vous le dis, si deux d'entre vous s'unissent sur la terre pour demander quelque chose, mon Père qui est dans le ciel le leur accordera. »

La prière en commun agit sur l'âme de la même manière que la conversation sur l'esprit. Plus d'une intelligence, livrée à elle-même, est lente dans ses mouvements et ne produit qu'une maigre moisson d'idées. Mais au contact d'une autre intelligence, elle se transforme: elle devient vive et audacieuse, elle brille d'un éclat nouveau et, de cette rencontre, jaillissent des idées qui sont une surprise pour elle-même.

Ainsi, quand deux ou trois sont réunis, la prière de l'un enflamme l'âme d'un autre, celui-ci à son tour s'élève à de plus pures hauteurs et voici, tandis que leur joie s'accentue, quelqu'un est au milieu d'eux et tous reconnaissent et saluent sa présence. Il était là auparavant, mais ils ne l'ont connu que lorsque « leur coeur a brûlé au dedans d'eux » ; c'est dans le vrai sens du mot que l'on peut dire qu'ils l'ont attiré là: « Quand deux ou trois sont réunis en mon nom, voici je suis au milieu d'eux. »

III

Les occasions de prière sont innombrables et il serait inutile d'essayer de les énumérer. Comme nous, Jésus en avait sans doute chaque jour de nouvelles, mais quelques-unes sont plus spécialement propres à nous servir d'exemple.

Nous le trouvons en prière avant chaque décision grave de sa vie. Une des plus importantes qu'il ait jamais prises, fut le choix des douze apôtres parmi ses nombreux disciples.
De cet acte dépendait l'avenir du christianisme. Que fit-il avant de s'y décider?
« En ce temps-là, Jésus se rendit sur la montagne pour prier et il passa toute la nuit à prier Dieu. Quand le jour parut, il appela ses disciples et il en choisit douze auxquels il donna le nom d'apôtres. » (Luc VI, 12-13.)

C'est à la suite de cette longue veille qu'il procéda au choix qui devait être pour lui, pour eux et pour le monde entier d'une si grande importance. Une fois encore, il nous est dit qu'il fit une préparation semblable; c'est à la veille du jour où il informa ses disciples qu'il devait souffrir et mourir.

Il est donc évident que lorsque Jésus avait devant lui un devoir difficile à remplir ou une lutte morale à soutenir, il se consacrait entièrement à la prière. Nos difficultés ne seraient-elles pas simplifiées si nous les attaquions de la même manière? Nous augmenterions infiniment la force intellectuelle qui nous permet de pénétrer un problème, ainsi que notre puissance à accomplir une oeuvre. Les rouages de l'existence glisseraient plus aisément, nos désirs arriveraient plus sûrement au but, si nous faisions chaque matin avec Dieu la revue des devoirs de la journée.

Jésus semble s'être voué d'autant plus à la prière dans les moments où sa vie était absorbée par une excitation et un travail inaccoutumés. En tout temps, sa vie fut active et il était presque constamment entouré d'une foule qui s'attachait à lui, si bien qu'il avait parfois à peine le temps de songer à ses besoins matériels. Même alors il priait et ses prières semblent se prolonger davantage ces jours-là.

De nos jours, nous connaissons ce surmenage; beaucoup d'entre nous sont entraînés par des engagements qui ne leur laissent aucun loisir. Nous en faisons une excuse pour négliger la prière. Jésus, lui, en faisait une raison pour prier davantage. Y a-t-il quelque doute quant au meilleur parti à prendre ? Parmi les plus grands hommes, beaucoup ont imité Jésus en cela. Quand Luther avait devant lui une journée difficile, il consacrait plus de temps que de coutume au recueillement avec Dieu.

Un sage a dit un jour qu'il était trop occupé pour être jamais pressé: il voulait dire par là que, s'il se laissait aller à la précipitation, il ne pourrait arriver à la fin de sa tâche; il n'est rien de tel que la prière pour produire cette calme possession de soi-même. - Quand la poussière de vos occupations remplit la chambre au point de vous étouffer, aspergez le sol de l'eau de la prière et vous pourrez balayer facilement! -

Nous trouvons Jésus en prière à l'heure de la tentation. La scène la plus solennelle de sa vie se passa incontestablement à Géthsémané. En entrant avec lui dans ce jardin, un sentiment de crainte nous saisit devant cette agonie, tant elle est surhumaine et dépasse notre entendement; nous tremblons en écoutant les prières qui s'élèvent du sol où il est prosterné. Jamais on n'en entendit de pareilles et nous ne pourrions en sonder la profondeur! - Une grande leçon en ressort et doit nous suffire ici: Il pria en cette occasion avant de rencontrer la tentation car, à la porte du jardin, il dit: « Voici l'heure de la puissance des ténèbres! » C'était le début de sa lutte finale avec le Mal. Mais le Christ s'était armé par la prière et il fut rendu capable de traverser tout ce qui suivit, avec une calme dignité et une force d'âme invincible.

Quel contraste nous est offert dans cette même occasion par la faiblesse des disciples! Pour eux aussi, l'heure de la puissance des ténèbres avait commencé à Géthsémané, mais ce fut une heure de dispersion et de défaite honteuse, par la seule raison qu'ils avaient dormi là où ils auraient dû prier: « Veillez et priez, - avait dit le Maître, - de peur que vous n'entriez en tentation. » Mais ils n'y prirent pas garde et quand l'heure fut venue, ils succombèrent. Hélas ! leur expérience a été souvent la nôtre! La seule armure sous laquelle nous puissions rencontrer victorieusement la tentation est la prière et, si l'ennemi tombe sur nous avant que nous l'ayons revêtue, nous n'avons aucune chance de rester debout.

S'il est une scène de prière dans la vie de notre Seigneur qui soit digne du même intérêt que celle-ci, c'est assurément la dernière. Jésus mourut en priant; l'habitude de toute sa vie fut forte dans la mort. Ce jour aussi viendra pour nous, bien qu'il puisse nous paraître éloigné. Que seront nos dernières paroles? Qui peut le dire ? Ne serait-ce pas beau si notre esprit était si imprégné de l'habitude de la prière qu'elle vint tout naturellement sur nos lèvres? Beaucoup de chrétiens sont morts en répétant les dernières paroles du Christ: « Père, je remets mon esprit entre tes mains! » Qui n'ambitionnerait cette fin ?

IV

Si l'on cherchait à travers la vie du Christ les réponses qu'il obtint à ses prières, il serait facile d'en trouver un grand nombre. Mais pour le moment, nous n'en relèverons que deux, accentuées par l'Évangile lui-même et qui sont particulièrement instructives.

La Transfiguration est notre premier exemple. Voici comment elle est racontée dans l'Évangile de Saint-Luc : « Environ huit jours après qu'il eut dit ces paroles, Jésus prit avec lui Pierre, Jacques et Jean et il monta sur la montagne pour prier. Pendant qu'il priait, l'aspect de son visage changea et son vêtement devint d'une éclatante blancheur. Et voici, deux hommes s'entretenaient avec lui: c'étaient Moïse et Elie qui, apparaissant dans la gloire, parlaient de son départ qu'il allait accomplir à Jérusalem. »

Nous ne voulons pas dire qu'il priait pour obtenir cette altération de son visage et de sa personne, ou même pour le privilège de s'entretenir avec ces esprits sympathiques de l'oeuvre qu'il était près d'accomplir, mais bien que tout cela arriva en réponse à la prière qu'il prononçait en ce moment.

Quelques personnes qui ne croient pas à la vertu directe de la prière, croient à ce qu'elles appellent son influence réflexe; elles conviennent qu'elle peut faire du bien, même si elle reste sans réponse et même s'il n'y a pas de Dieu pour l'entendre. Considérée comme une théorie complète de la prière, cette opinion serait une ironie, mais il faut reconnaître qu'il y a dans cet acte une influence réflexe bénie. Il est impossible de demander à Dieu la pureté et l'amélioration du coeur sans recevoir en quelque mesure ces biens-là, au moment même où la requête est prononcée. L'âme se calme et s'ennoblit en s'élevant vers Dieu. Ce fut ce phénomène intérieur qui se manifesta dans la transfiguration du Christ; la concentration de son esprit et la joie de la communion avec son Père embellit et glorifia son visage et par là, son âme divine se révéla. Bien des siècles auparavant, Moïse, après avoir été quarante jours sur la montagne avec Dieu, resplendissait de cette lumière qui enveloppa le Fils de l'homme aux yeux de ses disciples. Il est accordé plus ou moins à tous les hommes de prière une beauté spirituelle de la même nature, qui est la plus précieuse des réponses à leur adoration. Le caractère se forme à la source profonde de la prière.
C'est au jour de son baptême que fut accordée à Jésus une autre réponse très directe.
Voici le récit de saint Luc (III, 12): « Tout le peuple se faisant baptiser, Jésus fut aussi baptisé; et pendant qu'il priait, le ciel s'ouvrit et le Saint-Esprit descendit sur lui sous une forme corporelle, comme une colombe. »

C'est pendant qu'il priait que l'Esprit lui fut envoyé et selon toute probabilité, c'est ce qu'il demandait à cette heure. Il venait de quitter Nazareth pour commencer son oeuvre et le Saint-Esprit lui était immédiatement nécessaire pour l'entreprendre. C'est une vérité oubliée que Jésus était rempli du Saint-Esprit, mais elle est clairement révélée dans l'Évangile. La nature humaine de Jésus fut du commencement à la fin dépendante du Saint-Esprit, étant par là rendue digne de sa nature divine; et c'est par la force de cette inspiration que toute son oeuvre de prédication, de miracles et d'expiation fut accomplie.

Si notre vie doit être en quelque mesure une reproduction de sa vie, si nous devons concourir à répandre son oeuvre dans le monde ou achever ce qui « manque à ses souffrances », nous devons dépendre de la même influence. Il nous a dit lui-même comment nous pouvions l'obtenir: « Si vous qui êtes méchants, savez donner de bonnes choses à vos enfants, combien plus votre Père céleste donnera-t-il le Saint-Esprit à ceux qui le lui demandent. »

La puissance, comme le caractère, découle de la source de la prière!


Table des matières

Page précédente:

.
(1) J'ai senti fortement un jour, que Jésus avait découvert l'un des grands secrets de la vie. Je gravissais, solitaire, une colline qui domine Inverary (Écosse). Arrivé au sommet, je me couchai sur l'herbe et me mis à rêver par cette belle après-midi d'été. De tous côtés s'étendait un inonde de montagnes et de vallées; en bas, le lac brillait au soleil comme un bouclier d'argent. J'apercevais au pied de la colline la ville que je venais de quitter et je pouvais même discerner les passants qui circulaient dans les rues, mais aucun bruit ne parvenait à la hauteur où j'étais. Le grand ciel bleu s'étendait sur toute la scène et il semblait que Dieu fût là, prêt à entendre chaque parole.
C'est dans des lieux pareils que Jésus aimait à prier.

 

- haut de page -